114 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
descriptives coupées çà et là par des périodes d'un tour oratoire.
Il y a des morceaux bien venus, dans le genre du croquis à la plume :
Et depuis quatre années
La charrue et la herse
Par les champ-i, sous l'averse
Gisent abandonnées.
La terre jadis brune
Est pareille au talus,
L antique sol n'a plus
La couleur de la lune.
Mais ferraille et broussaille,
Nuages pluvieux,
Tout est même grisaille.
Le corbeau qui vit vieux
Vole d'une aile lasse
Et, sans cesse à ce deuil
De ce qui fut orgueil
jette une injure basse.
Nous voici loin du ton de l'épopée ! Mais du moins cette description pure et méticuleuse laisse-t-elle paraître le talent et la sensibilité de M. Porche, tandis qu'ailleurs, visant à l'élo- quence sa poésie n'a même pas la noblesse du lieu commun et verse dans le pathos et l'extravagance. Il s'adresse à la France :
Te revoici, fidèle à ta splendeur passée, A tes morts glorieux, à ton illustre nom, Empoignant ton cheval aux crinSy sautant en selle, Ou, calme, le front haut, serrant sous ton aisselle La gueule noire du canon.
Pénible effort d'un poète qui pour relever les trois premiers vers d'une stance pour distributions de prix, dresse cette image ridicule de la France qui porte un canon sous son bras.
Plus loin c'est la France encore criant justice pour les êtres
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