Dès l’entrée, on les remarque tout de suite : l’immense misère leur donne un air de parenté. À côté d’eux, les autres blessés semblent heureux et bien portants. Mais, dans ce séjour de la souffrance, ils sont les rois ; leur couche est entourée d’un respect, d’un silence qui conviennent bien à la majesté.
Je m’approche du plus jeune et me penche.
— Comment t’appelles-tu ?
Un murmure traversé d’un regard suppliant me répond. Ce que j’entends est à peu près : Mahihehondo. C’est un soupir avec des modulations.
Il me faudra plus d’une semaine pour comprendre que le nouvel enfant s’appelle Marie Lerondeau.
Le lit d’en face est moins confus. Je vois une petite tête édentée. D’entre les touffes de barbe sort une voix paysanne, au timbre brisé, mais émouvant et presque mélodieux. Il y a là un homme qui s’appelle Carré.
Ils ne sont pas venus du même champ de bataille,