fidélité avec laquelle on exécuta le traité sur lequel il avait engagé son honneur au roi des Vandales. Les scrupules religieux de Gelimer, attaché à l’hérésie d’Arius, se trouvant incompatibles avec la dignité de sénateur et de patricien, l’empereur lui donna un vaste domaine dans la province de Galatie, où le monarque détrôné se retira avec sa famille et ses amis, et où il trouva la paix, l’abondance, et peut-être le contentement[1]. On eut pour les filles d’Hilderic les égards et la tendresse qu’on devait à leur âge et à leur malheur ; Justinien et Théodora se chargèrent de l’honneur d’élever et d’enrichir les descendantes du grand Théodose. Les plus grands des jeunes Vandales formèrent cinq escadrons de cavalerie qui adoptèrent le nom de leur bienfaiteur, et qui dans les guerres de Perse soutinrent la gloire de leurs aïeux. Mais ces exceptions en petit nombre, et déterminées en faveur de la naissance et du courage, ne suffisent pas pour éclaircir le sort d’une nation qui, avant l’expédition si courte et si peu meurtrière de Bélisaire, comptait plus de six cent mille personnes. Il est vraisemblable qu’après l’exil de leur roi et de leur noblesse, les restes de la peuplade payèrent leur sûreté du sacrifice de leur carac-
- ↑ Dans le Bélisaire de M. Marmontel, le roi et le conquérant de l’Afrique soupent et causent ensemble sans se reconnaître. C’est une faute de ce roman de supposer que non-seulement le héros, mais encore tous ceux qui l’avaient si bien vu et si bien connu, eussent perdu les yeux et la mémoire.