un héros qui éclipsait toujours la gloire de son oisif souverain. L’esprit et la crainte d’un esclave subjuguèrent la noble dignité d’un homme indépendant ; et pour obtenir son pardon et mériter une récompense, le secrétaire de Bélisaire publia les six livres des édifices impériaux. Il avait eu l’habileté de choisir un sujet brillant, dans lequel il pouvait faire ressortir le génie, la magnificence et la piété d’un prince qui, en qualité de conquérant et de législateur, avait surpassé les vertus puériles de Thémistocle et de Cyrus[1]. L’adulateur, trompé dans ses espérances, se laissa peut-être aller au plaisir d’une vengeance secrète, et un coup d’œil de faveur put le déterminer à suspendre ou à supprimer un libelle[2], où le Cyrus romain n’est plus qu’un odieux et méprisable tyran ; où Justinien et sa femme Théodora sont sérieusement représentés comme des démons qui ont
- ↑ Κυρου παιδεια (dit-il, Præfat ad libr. de Ædificiis, περι κτισματων), n’est pas autre chose que Γυρου παιδια, c’est un misérable jeu de mots. Procope affecte dans ces cinq livres le langage d’un chrétien aussi-bien que celui d’un courtisan.
- ↑ Procope se découvre lui-même (Præfat. ad Anecdot., c. 1, 2, 5) ; et Suidas (t. III, p. 186, édit. de Kuster) compte les Anecdotes pour le neuvième livre. Le silence d’Evagrius est une faible objection. Baronius (A. D. 548, no 24) regrette la perte de cette histoire secrète. Elle était alors dans la Bibliothéque du Vatican, dont il avait l’intendance, et elle fut publiée pour la première fois seize ans après sa mort, avec les Notes savantes, mais partiales de Nicolas Alemannus, Lugd. 1623.