Les Liaisons dangereuses/Lettre 162
Je suis instruit, monsieur, de vos procédés envers moi. Je sais aussi que, non content de m’avoir indignement joué, vous ne craignez pas de vous en vanter, de vous en applaudir. J’ai vu la preuve de votre trahison écrite de votre main. J’avoue que mon cœur en a été navré, & que j’ai ressenti quelque honte d’avoir autant aidé moi-même à l’odieux abus que vous avez fait de mon aveugle confiance : pourtant je ne vous envie pas ce honteux avantage ; je suis seulement curieux de savoir si vous les conserverez tous également sur moi. J’en serai instruit, si, comme je l’espère, vous voulez bien vous trouvez demain, entre huit & neuf heures du matin, à la porte du bois de Vincennes, village de Saint-Mandé. J’aurai soin d’y faire trouver tout ce qui sera nécessaire pour les éclaircissements qui me restent à prendre avec vous.