papelard
Apparence
Étymologie
[modifier le wikicode]- (Adjectif et Nom 1) (1190) Faire le papelart — (Roman de Renart, éd. M. Roques, 8699). De *papeler (« marmonner ») avec suffixe -ard. Non attesté, *papeler est probablement[1] le dérivé en -eler de l’ancien français papier (« babiller, bégayer »), soit une variante de babillard qui aurait pris le sens péjoratif de « (beau ou mal) parleur, radoteur ». Ce *papeler correspond à papoter → voir grognard et grogner pour une autre dérivation sémantique similaire sur un verbe différent.
- Une dérivation[2] de paper (« manger ») est aussi possible bien qu’elle semble fondée sur un jeu de mot nécessité par une rime poétique :
- La dérivation sémantique est alors celle du mouvement des lèvres marmonnant étant assimilé à celui de la mastication. L’italien[2] a pappalardo (« goinfre, bâfreur ») et pappalardiello (« sorte de mets napolitain »).
- On écarte[1] une dérivation de papel, papal, cet adjectif n’étant pas attesté avant le quatorzième siècle.
- (Nom 2) De papier avec suffixe -ard.
Adjectif
[modifier le wikicode]Singulier | Pluriel | |
---|---|---|
Masculin | papelard \pap.laʁ\
|
papelards \pap.laʁ\ |
Féminin | papelarde \pap.laʁd\ |
papelardes \pap.laʁd\ |
papelard \pap.laʁ\
- (Vieilli) Hypocrite, faussement dévot.
Dès qu'il [le loup] la voit partie [la chèvre], il contrefait son ton ;
— (La Fontaine, Fables, IV, 15)
Et d'une voix papelarde
Il demande qu'on ouvre, en disant foin du loup.Tout doucement venait Lamotte-Houdard,
— (Voltaire, Temple du Goût)
Lequel disait d'un ton de papelard :
Ouvrez, messieurs, c'est mon Œdipe en prose.Les patrons, malgré leur avarice, malgré leur haine cynique ou papelarde, consentent néanmoins à payer peu ou prou.
— (Laurent Tailhade, Discours pour la Paix, Lettre aux conscrits, L’Idée libre, 1928, pages 21-30)Ceux-ci [les serviteurs], presque tous assez âgés, offraient des types extraordinairement laids et accusés de curés hypocrites, de confesseurs papelards, plus souvent d'anciens acteurs comiques dont on ne retrouve plus guère le front en pain de sucre que dans les collections de portraits exposés dans le foyer humblement historique de petits théâtres désuets où ils sont représentés jouant des rôles de valets de chambre ou de grands pontifes, et dont ce restaurant semblait, grâce à un recrutement sélectionné et peut-être à un mode de nomination héréditaire, conserver le type solennel en une sorte de collège augural.
— (Marcel Proust, Le Côté de Guermantes, 1921)Serions-nous ensorcelés par le ton papelard des Raminagrobis, par la traîtrise de ce langage melliflue qui, parfois, nous arrive sur les ondes ? Un récent ouvrage, au titre fallacieux, fait mesurer toute l'illusion de ceux qui rêvent une prochaine réconciliation entre l’Église et les Fils de la Veuve.
— (Jacques d'Arnoux, Les sectes maçonniques, dans Nouvelles paroles d'un revenant (justice pour Dieu), Nouvelles Éditions Latines, 1965, page 55)Je sais comme vous soupirez, d’un ton papelard, « la pauvre enfant ! » et en même temps êtes hautement satisfait de vous parce que vous avez sacrifié une heure ou deux à la « pauvre malade ».
— (Stefan Zweig, traduit par Alzir Hella (2002), La pitié dangereuse, Grasset, Paris, 1939, page 82)
Traductions
[modifier le wikicode]Nom commun 1
[modifier le wikicode]Singulier | Pluriel |
---|---|
papelard | papelards |
\pap.laʁ\ |
papelard \pap.laʁ\ masculin (pour une femme, on dit : papelarde)
- (Vieilli) Hypocrite, dévot en apparence seulement, mauvais chrétien, tartufe.
Ô papelards, qu'on se trompe à vos mines !
— (La Fontaine, L’Ermite, 1666)- Grattant avec ferveur les cordes sous mes doigts,
J'entonnai "le Gorille" avec "Putain de toi".
Criant à l'imposteur, au traître, au papelard ,
Elles veulent me faire subir le supplice d'Abélard. — (Georges Brassens, Le mécréant, 1960) Tous ces papelards ne me disent rien qui vaille.
Dérivés
[modifier le wikicode]Traductions
[modifier le wikicode]Nom commun 2
[modifier le wikicode]Singulier | Pluriel |
---|---|
papelard | papelards |
\pap.laʁ\ |
papelard \pap.laʁ\ masculin
- (Populaire) Papier.
Si ce n’est pas toi qui écris les papelards, ce sera un autre et ça me coûtera moins cher.
— (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 63)— On pourrait foutre le feu à ses papelards ? proposa Maillat.
— (Robert Merle, Week-end à Zuydcoote, 1949, réédition Le Livre de Poche, page 59)« Je me fous de vos billettes comme de l’an quarante, disait l’officier. Je sais comment on fait ces papelards. Ce n’est pas à un vieux singe qu’on apprend à faire la grimace ».
— (Jean Giono, Le hussard sur le toit, 1951, réédition Folio Plus, pages 297-298)Mais avec votre papelard à dix sacs la rame, vous pourrez toujours vous établir marchand de papier, ou vous en servir à ce que je pense, comme ça vous liquiderez votre stock !
— (Michel Audiard, Le cave se rebiffe, 1962)Nous eûmes droit à de pesants papelards, à d'indigestes tartines démagogiques qui puaient le pernod, le vieux cigare et le fond de culotte.
— (Henri Jeanson, Soixante-dix ans d'adolescence, Stock, Le Livre de Poche, 1971, page 155)
- (En particulier) Papier d’identité.
Traductions
[modifier le wikicode]- Allemand : Papierkram (de) masculin
Prononciation
[modifier le wikicode]- Canada (Shawinigan) : écouter « papelard [Prononciation ?] »
Références
[modifier le wikicode]- Tout ou partie de cet article a été extrait du Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition, 1932-1935 (papelard), mais l’article a pu être modifié depuis.
- ↑ a et b « papelard », dans TLFi, Le Trésor de la langue française informatisé, 1971–1994 → consulter cet ouvrage
- ↑ a et b « papelard », dans Émile Littré, Dictionnaire de la langue française, 1872–1877 → consulter cet ouvrage