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Page 167

Brest au XVIIIe siècle

par Yves LE GALLO

Le Père jésuite Boschet, biographe de son confrère Julien Mau- noir, qui fut le grand apôtre des missions bretonnes au xvne siècle, raconte que son héros flotta longtemps entre deux vocations : baptiser les Hurons ou évangéliser les bas Bretons : « Le danger des Canadois, écrit-il, lui paroissoit plus grand que celui des Bas- Bretons, et l'ignorance crasse de ceux-ci piquoit beaucoup moins son zèle que l'idolâtrie de ceux-là. » Toutefois, avec l'aide de Dieu qui le favorisa de quelques songes au symbolisme impératif, le saint homme préféra aux Hurons les bas Bretons, ce qui valut à ceux-ci de se mettre, pour des siècles, à l'école de la piété et de la mystique des jésuites. Deux siècles plus tard, le phalanstérien Louis Rousseau (1787-1856), regrettant « chaque jour de sa vie (...) de n'être pas né huron ou iroquois », balançait pareillement entre les sauvages de l'Amérique et ceux de la basse Bretagne. Ce fut finalement parmi ceux-ci qu'il décida de s'établir : il opéra de vastes assèchements sur le littoral le plus austère du Léon et y posa les bases de son utopique « tribu chrétienne ». Entre les deux, Voltaire, pour qui la Rance coule en basse Bretagne, y avait fait débarquer son Ingénu « en l'année 1689, le 15 juillet au soir » — l'incertitude de la géographie à l'égard des terrae incognitae n'excluant pas la précision de la chronologie. Ce Huron venait, tout naturellement, encore que par des voies providentielles, retrouver sur ces rivages le pays de ses ancêtres, les Kerkabon. Toutes références, et j'en passe, qui attestent que pour les Français, la basse Bretagne, d'ailleurs mal distinguée de la haute et le plus souvent confondue avec elle, était terre exotique et qu'il n'était pas besoin de franchir l'océan pour se frotter à l'ingénuité des enfants de la nature.

Dès lors, Brest est en quelque sorte la France établie chez les Hurons armoricains et faisant, à l'occasion des grands voyages atlantiques suscités par le commerce, la guerre ou la course, naviguer ses vaisseaux entre deux sauvageries littorales symétriques. On conçoit donc la puissante originalité de Brest au xviip siècle, qui est en fait le premier de son existence urbaine. C'est, en effet, seulement en 1681 — à l'époque où se fondent la Pennsylvanie et

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