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- Le béguinage de Bruges (appelé enclos de la Vigne, ou en néerlandais De Wijngaard) est situé dans la partie méridionale du centre historique de Bruges, en Belgique. Il constitue encore aujourd’hui un espace clos que sépare de la ville un mur d'enceinte encore partiellement doublé de douves. À l'origine, en 1225, un groupe de jeunes femmes sans ressources, qui avaient fondé une association pieuse de béguines, décida de s’installer près d’un cours d’eau, dans un endroit isolé appelé « La Vigne » (De Wijngaard, en réalité de widen, les prés, devenu wine par étymologie populaire), un peu à l’extérieur de la ville, et d’y gagner leur vie en travaillant la laine pour les tisserands. Avec leurs consœurs des autres villes flamandes, les béguines brugeoises ont bouleversé l’ordre moral de l’Église, révolutionné les mentalités et modifié le paysage de nombreuses villes de Flandre. La comtesse de Flandre, Marguerite de Constantinople, les prit sous sa protection en 1245 : son intervention obtint de l’évêque de Tournai, Gauthier de Marvis, que l’enclos fût érigé en paroisse indépendante. Son autonomie est confortée par un privilège accordé par le roi Philippe le Bel, en vertu duquel le béguinage relevait désormais uniquement du tribunal royal. Par ailleurs la dimension contemplative fut renforcée par une nouvelle règle de vie. En 1275, par suite de la construction de la nouvelle muraille d’enceinte de Bruges, le béguinage se retrouva au-dedans du périmètre de la ville. Au XVe siècle, il connut une période de prospérité ; le béguinage était riche et s’étendait sur une surface égale à plusieurs fois celle qu’il occupe aujourd’hui : c’est une vraie cité dans la ville. Son église était très fréquentée et la paroisse était desservie par un curé assisté de cinq vicaires. Les troubles religieux au XVIe siècle sont à l’origine de l’incendie accidentel (survenu en 1584) de l’ancienne église du XIIIe siècle. Elle fut reconstruite à l’identique (en style gothique) en 1604, mais sera remaniée et agrandie vers 1700. Le béguinage connut un nouvel essor au XVIIe et XVIIIe siècle. Cependant sa population changea socialement : si l’orientation restait religieuse et contemplative, les béguines étaient désormais d’origine aristocratique et leur genre de vie s’apparentait davantage à celui de chanoinesses. Le recrutement tendit à devenir socialement sélectif, même si une ouverture demeurait aux « béguines pauvres ». Le monumental portail d’entrée fut édifié en 1776. Le béguinage de Bruges, à l’instar des autres institutions religieuses, fut supprimé par l’administration révolutionnaire française de la fin du XVIIIe siècle et en 1798, ses biens furent dévolus à la « Commission des hospices publics ». En 1803, à la suite du Concordat de 1801, quelques béguines purent péniblement reprendre la vie commune, mais le ressort était brisé et le style de vie n’était plus guère adapté à la mentalité moderne des XIXe et XXe siècles. Le béguinage cependant survécut pendant encore un siècle, mais le déclin semblait inéluctable. Le chanoine Rodolphe Hoornaert, dernier curé du béguinage, s’employa d’une part à restaurer le patrimoine bâti de sa paroisse, mais d’autre part, désespérant de ressusciter le béguinisme, prit, au terme de nombreux déboires, l’initiative au milieu des années 1920 de fonder une nouvelle communauté religieuse, les « Filles de l’Église », qui adopta la règle de Saint-Benoît et s’installa dans un couvent nouvellement construit dans le périmètre du béguinage, le « monastère bénédictin de la Vigne ». Avec la plupart des autres béguinages de Flandre, celui de Bruges est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. Son paisible enclos central, bordé d’une trentaine de maisons béguinales (certaines datant du XVe siècle), et planté au centre d’arbres longilignes, est un des endroits les plus célèbres de la ville. Le patrimoine architectural du site comprend :
* Un portail monumental, auquel mène un pont à dos d’âne (de trois arches) jeté sur la Reie : daté de 1776, orné notamment d’une statue de sainte Élisabeth de Hongrie, patronne de plusieurs béguinages, il est la principale voie d’accès à l’enclos.
* Une trentaine de maisons béguinales : de couleur blanche, la plupart remontant aux XVIe, XVIIe ou XVIIIe siècle, elles entourent une vaste pelouse plantée d’arbres ou bordent une petite rue, dernier vestige d’une extension vers le sud. Près du portail d’entrée une maisonnette a été aménagée en musée qui fait revivre la vie quotidienne des béguines ; on peut y voir quelques tableaux des XVIIe et XVIIIe siècles ainsi qu’un mobilier d’époque, y compris les instruments de travail des béguines (surtout broderie et dentelle).
* L’église Sainte-Élisabeth : de style gothique à l’origine, elle doit son aspect actuel aux remaniements effectués vers 1700. Le mobilier, dont les stalles, est en grande partie de style baroque et date du XVIIe siècle, mais l’église garde quelques objets de l’époque gothique, notamment des statues de la madone. La récitation ou le chant de l’office divin occupait une place importante dans la vie quotidienne des béguines (comme des moniales bénédictines d’aujourd’hui).
* La maison de la Grande Dame (supérieure de la communauté) : immédiatement reconnaissable, car plus vaste et plus élaborée dans son architecture, datant du XVIIe siècle, elle est flanquée d’une petite chapelle plus ancienne (XVe siècle). La maison attenante, qui faisait autrefois office d’infirmerie, fait partie du même complexe de bâtiments. À proximité, un ensemble de six maisonnettes alignées plus petites (le Dopsconvent) était réservé aux béguines financièrement démunies. (fr)
- Le béguinage de Bruges (appelé enclos de la Vigne, ou en néerlandais De Wijngaard) est situé dans la partie méridionale du centre historique de Bruges, en Belgique. Il constitue encore aujourd’hui un espace clos que sépare de la ville un mur d'enceinte encore partiellement doublé de douves. À l'origine, en 1225, un groupe de jeunes femmes sans ressources, qui avaient fondé une association pieuse de béguines, décida de s’installer près d’un cours d’eau, dans un endroit isolé appelé « La Vigne » (De Wijngaard, en réalité de widen, les prés, devenu wine par étymologie populaire), un peu à l’extérieur de la ville, et d’y gagner leur vie en travaillant la laine pour les tisserands. Avec leurs consœurs des autres villes flamandes, les béguines brugeoises ont bouleversé l’ordre moral de l’Église, révolutionné les mentalités et modifié le paysage de nombreuses villes de Flandre. La comtesse de Flandre, Marguerite de Constantinople, les prit sous sa protection en 1245 : son intervention obtint de l’évêque de Tournai, Gauthier de Marvis, que l’enclos fût érigé en paroisse indépendante. Son autonomie est confortée par un privilège accordé par le roi Philippe le Bel, en vertu duquel le béguinage relevait désormais uniquement du tribunal royal. Par ailleurs la dimension contemplative fut renforcée par une nouvelle règle de vie. En 1275, par suite de la construction de la nouvelle muraille d’enceinte de Bruges, le béguinage se retrouva au-dedans du périmètre de la ville. Au XVe siècle, il connut une période de prospérité ; le béguinage était riche et s’étendait sur une surface égale à plusieurs fois celle qu’il occupe aujourd’hui : c’est une vraie cité dans la ville. Son église était très fréquentée et la paroisse était desservie par un curé assisté de cinq vicaires. Les troubles religieux au XVIe siècle sont à l’origine de l’incendie accidentel (survenu en 1584) de l’ancienne église du XIIIe siècle. Elle fut reconstruite à l’identique (en style gothique) en 1604, mais sera remaniée et agrandie vers 1700. Le béguinage connut un nouvel essor au XVIIe et XVIIIe siècle. Cependant sa population changea socialement : si l’orientation restait religieuse et contemplative, les béguines étaient désormais d’origine aristocratique et leur genre de vie s’apparentait davantage à celui de chanoinesses. Le recrutement tendit à devenir socialement sélectif, même si une ouverture demeurait aux « béguines pauvres ». Le monumental portail d’entrée fut édifié en 1776. Le béguinage de Bruges, à l’instar des autres institutions religieuses, fut supprimé par l’administration révolutionnaire française de la fin du XVIIIe siècle et en 1798, ses biens furent dévolus à la « Commission des hospices publics ». En 1803, à la suite du Concordat de 1801, quelques béguines purent péniblement reprendre la vie commune, mais le ressort était brisé et le style de vie n’était plus guère adapté à la mentalité moderne des XIXe et XXe siècles. Le béguinage cependant survécut pendant encore un siècle, mais le déclin semblait inéluctable. Le chanoine Rodolphe Hoornaert, dernier curé du béguinage, s’employa d’une part à restaurer le patrimoine bâti de sa paroisse, mais d’autre part, désespérant de ressusciter le béguinisme, prit, au terme de nombreux déboires, l’initiative au milieu des années 1920 de fonder une nouvelle communauté religieuse, les « Filles de l’Église », qui adopta la règle de Saint-Benoît et s’installa dans un couvent nouvellement construit dans le périmètre du béguinage, le « monastère bénédictin de la Vigne ». Avec la plupart des autres béguinages de Flandre, celui de Bruges est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. Son paisible enclos central, bordé d’une trentaine de maisons béguinales (certaines datant du XVe siècle), et planté au centre d’arbres longilignes, est un des endroits les plus célèbres de la ville. Le patrimoine architectural du site comprend :
* Un portail monumental, auquel mène un pont à dos d’âne (de trois arches) jeté sur la Reie : daté de 1776, orné notamment d’une statue de sainte Élisabeth de Hongrie, patronne de plusieurs béguinages, il est la principale voie d’accès à l’enclos.
* Une trentaine de maisons béguinales : de couleur blanche, la plupart remontant aux XVIe, XVIIe ou XVIIIe siècle, elles entourent une vaste pelouse plantée d’arbres ou bordent une petite rue, dernier vestige d’une extension vers le sud. Près du portail d’entrée une maisonnette a été aménagée en musée qui fait revivre la vie quotidienne des béguines ; on peut y voir quelques tableaux des XVIIe et XVIIIe siècles ainsi qu’un mobilier d’époque, y compris les instruments de travail des béguines (surtout broderie et dentelle).
* L’église Sainte-Élisabeth : de style gothique à l’origine, elle doit son aspect actuel aux remaniements effectués vers 1700. Le mobilier, dont les stalles, est en grande partie de style baroque et date du XVIIe siècle, mais l’église garde quelques objets de l’époque gothique, notamment des statues de la madone. La récitation ou le chant de l’office divin occupait une place importante dans la vie quotidienne des béguines (comme des moniales bénédictines d’aujourd’hui).
* La maison de la Grande Dame (supérieure de la communauté) : immédiatement reconnaissable, car plus vaste et plus élaborée dans son architecture, datant du XVIIe siècle, elle est flanquée d’une petite chapelle plus ancienne (XVe siècle). La maison attenante, qui faisait autrefois office d’infirmerie, fait partie du même complexe de bâtiments. À proximité, un ensemble de six maisonnettes alignées plus petites (le Dopsconvent) était réservé aux béguines financièrement démunies. (fr)
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