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Étymologie

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(1842) Confusion entre les mots anglais tweed et twine (dans le sens d’ « entortiller, enrouler autour »), apparemment répandue par le journal Le Siècle suite à une méprise (ou à un canular ?).
En octobre 1842, ce journal fait découvrir le « twine » à son lectorat :
  • Nos merveilleux viennent d'adopter une nouvelle espèce de paletot sans forme et d’une couleur gris mêlé très désagréable à l’œil. Ces paletots sont exactement semblables aux capotes d'uniforme que portent les vétérans. [...] Vous savez combien les élégants d’une certaine classe aiment à se servir de locutions empruntées à la langue anglaise. C’est pour eux le suprême bon genre, le nec plus ultra de la distinction. Grâce à ces messieurs, le nouveau paletot a introduit dans le langage à la mode un nouveau mot. On appelle l’enveloppe des vétérans un twine. Les introducteurs du mot l’ont emprunté, disent-ils, à un verbe anglais qui signifie envelopper. Ils sont très fiers de leur découverte et de la manière expressive dont ils prononcent le mot twine avec un petit sifflement britannique. — (Pierre Durand, Revue de Paris, Le Siècle, 27/10/1842, page 2)
S’ensuit une anecdote farfelue imputant la mode londonienne du tweed alias « twine » au dandy Alfred d'Orsay : celui-ci aurait acheté son « twine » à un invalide de la marine anglaise pour se protéger de la pluie dans les environs de Londres, et c’est revêtu de ce « surtout grossier » qu’il aurait fait sensation en déambulant ensuite dans Regent Street...
Six mois plus tard, le même journal publie cet erratum :
  • Lorsque cette mode parut, l’automne dernier, nous avons donné à ces paletots d’origine anglaise le nom de twine, qui représentait une étymologie satisfaisante et que nous recommandaient diverses autorités très respectables. La chose et le mot étaient nouveaux, il était permis de se tromper ; peut-être même les philologues de la Grande-Bretagne n’étaient-ils pas encore bien fixés sur ce substantif. Aujourd’hui, des renseignements plus sûrs nous arrivent ; ils nous sont fournis par un dandy qui est en même temps membre de plusieurs académies et société littéraires de Londres et d’Édimbourg. — Ce n’est pas twine qu’il faut dire ; rayez ce mot du dictionnaire fashionable ; le véritable nom du paletot gris est tweed. — (Pierre Durand, Revue de Paris, Le Siècle, 21/04/1843, page 1)
L’erratum et quelques correctifs d’autres journaux arrivent trop tard : entretemps, plusieurs titre de la presse française (La Quotidienne, Le Globe ...) se sont emparés du mot, qui a commencé à se répandre dans les boutiques vestimentaires. Bientôt, le Tintamarre s’amuse à caricaturer ses confrères, très indécis entre les deux termes, en truffant ses articles de « tweed ou twine »[1]. Le twine, référencé par quelques rares dictionnaires[2], ne cédera définitivement la place au tweed qu’au cours des années 1900, après plus d’un demi-siècle de résistance.

Nom commun

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Singulier Pluriel
twine twines
\twin\
 
Twine, en anglais, veut dire entortiller. D’où il résulte que M. Nestor Roqueplan, le premier qui porta une twine, s’était fait entortiller par son tailleur, et vice versa. Ceci vous représente M.Roqueplan, orné d’une twine, avant son avènement à l’Opéra. — (Le Tintamarre, 14/11/1847)

twine \twin\ masculin ou féminin (l’usage hésite)

  1. (Faux anglicisme) (Désuet) Tweed (costume en tweed, généralement paletot ou pardessus).
    • D’autres disent, d’après Walter Scott, la Tweed, donnant pour origine au nom du vêtement, le nom géogràphique d’une rivière de l’Écosse dont le célèbre romancier parle souvent dans ses ouvrages ; mais le commerce a adopté le mot Twine, abusivement peut-être, comme tant d’autres locutions. — (Modes, L’Élégant : journal des tailleurs, chapeliers etc., 01/06/1843, page 3)
    • Le vénérable père Parain reste avec nous jusqu’à dimanche matin. Vous le verrez dimanche soir; revêtu du twine anglais, il se promène sur la jetée d’un air maritime, interroge les pêcheurs, assiste à la vente du poisson et rêve à faire de l’effet quand il sera de retour à Nogent. — (Gustave Flaubert, Lettre à Achille Flaubert du 26 avril 1844, in Oeuvres complètes de Gustave Flaubert, volume 12, Club de l’honnête homme, 1974)
    • – Allons, je reste, se dit-il en se déshabillant, quand Rudolph saura cela, c’est pour le coup qu’il se moquera de moi, mais je penserai à Calixte et ses plaisanteries glisseront sur moi comme la pluie sur une twine imperméable. — (Théophile Gautier, Les roués innocents, chapitre 4, La Presse, 23/05/1846)
    • Cachez votre beau sein dans un gilet bien juste.
      Ce frac va déguiser tous les trésors du buste.
      Bien. Maintenant, prenez, comme les plus ardents,
      Le twine sur le bras et le cigare aux dents [...]
      — (Théodore de Banville, Odes funambulesques, Poulet-Malassis, 1857, page 86)
    • Les maisons anglaises sont revêtues du haut en bas comme un gentleman prudent qui relève le collet de son twine, un jour de brouillard. — (Paul Féval, Aimée, E. Dentu, 1862, page 107)
    • « Il me reconnaît sans doute », pensai-je ; et m’étant avancé, je lui tendis un morceau de sucre qu’à mon insu j’avais peut-être apporté de la capitale en l’une des poches de ma twine. — (Léon Cladel, Quelques sires, P. Ollendorff, 1885, page 217)
    • Le parent était très long et revêtu d’une souquenille verte qu’il appelait un twine, et qui, quoique longue, paraissait courte à cause de l’infinité des jambes ; il avait une espèce de sombrero gris que les ans et les voyages avaient déformé ; mais ce qui frappa le plus Emile, ce furent d’ignobles savates éculées et vertes comme le twine, dans lesquelles nageaient les pieds de son cousin. — (Hector Malot, Les amours de Jacques, Flammarion, 1888, pages 112-113)
  2. Tweed (tissu).
    • Humann doit regarder avec orgueil les lions que Paris possède encore ; tous portent le paletot de twine ou de tweed, qu’il a inventé[sic] ; c’est un succès européen ! Londres, Vienne, Saint-Pétersbourg, Berlin, Spa, Bade et Ems semblent voués a ce drap mélangé, à cette étoffe moelleuse, légère et allant merveilleusement avec l’été de 1843. — (Modes et magasins, La Mode, 05/04/1843, page 472)
    • Adressez-vous donc, mes chères lectrices, à M. Lavigne, tailleur pour dames, 15, rue Richelieu, bien connu du high-life ; il vous fournira une élégante amazone en twine anglais ou en drap bleu marin ou vert bouteille avec revers en velours, dont la coupe sera irréprochable. — (Jeanne d’Oviédo, Courrier de la mode, La Fantaisie parisienne, 01/10/1872, page 14)

Dérivés

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Anagrammes

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Modifier la liste d’anagrammes

Références

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  1. Résurrection de la galanterie française, Le Tintamarre, 14/04/1844, page 3
  2. Collectif, Complément du Dictionnaire de l'Académie française, Firmin-Didot, 1881, page 1234

Étymologie

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Du vieil anglais twin.

Nom commun

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Singulier Pluriel
twine
\twaɪn\
twines
\twaɪnz\

twine \twaɪn\

  1. Torsion, convolution.
  2. Ficelle.
  3. Action de ficeler.

Vocabulaire apparenté par le sens

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Temps Forme
Infinitif to twine
\twaɪn\
Présent simple,
3e pers. sing.
twines
\twaɪnz\
Prétérit twined
\twaɪnd\
Participe passé twined
\twaɪnd\
Participe présent twining
\twaɪn.ɪŋ\
voir conjugaison anglaise

twine \twaɪn\

  1. Tresser, tisser.

Synonymes

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Dérivés

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Prononciation

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Voir aussi

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  • twine sur l’encyclopédie Wikipédia (en anglais)