moine
Étymologie
modifier- (Vers 1100) Du latin monachus, du grec μοναχός, monachos (« homme solitaire ») [1], dérivé de μόνος, monos (« seul »). Terme général pour un homme qui mène une vie monastique dans un monastère. À l’origine : hermite qui vit seul, isolé. Plus tard, désigne aussi celui qui partage la vie des « frères » qui ont choisi, eux aussi, de vivre retirés du monde, en communauté, dans un monastère.
Nom commun
modifierSingulier | Pluriel |
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moine | moines |
\mwan\ |
moine \mwan\ masculin (pour une femme, on dit : moniale)
- (Religion) Religieux faisant partie d’un ordre dont les membres vivent sous une règle commune et séparés du monde.
Victorin examina d’un œil défiant ce soi-disant ermite en pèlerinage, et vit un superbe modèle de ces moines napolitains dont les robes sont sœurs des guenilles du lazzarone, dont les sandales sont les haillons de cuir, comme le moine est lui-même un haillon humain.
— (Honoré de Balzac, La Cousine Bette, 1846)Aussi à Lima, tous les étrangers vont-ils à l’église, non pour entendre chanter aux moines l’office divin, mais pour admirer, sous leur costume national, ces femmes d’une nature à part.
— (Flora Tristan, Les Femmes de Lima, in Revue de Paris, tome 32, 1836)Vous avez, docteur, de bien curieuses fréquentations, dit-il d’un ton un peu méprisant, un représentant de ces mauvais moines adorateurs du démon ! Que les Chinois sérieux estiment un peu plus qu’un soldat, mais un peu moins qu’une prostituée !
— (Albert Gervais, Æsculape dans la Chine en révolte, Gallimard, 1953, page 30)L’église chrétienne va transformer les fantômes et les revenants en âmes en peine en même temps qu’elle met en place le Purgatoire entre l’Enfer et le Paradis. Les morts ont besoin des vivants et les moines de Cluny mettent en place la fête des morts.
— (Claude Nachin, Les Fantômes de l’âme : à propos des héritages psychiques, 1993, page 21)Cette association du politique et du religieux perpétua, jusqu’au milieu du xxe siècle, un système féodal abusif entretenu par la noblesse et les moines.
— (Louis Dubé, La Sagesse du dalaï-lama : Préceptes et pratique du bouddhisme tibétain, in Le Québec sceptique, no 66, été 2008, page 5)
- (Par extension) N’importe quel religieux.
- Exemple d’utilisation manquant. (Ajouter)
- Celui qui vit comme un moine, une vie chaste et frugale.
Serais-je donc sans belles et folles amours ? […] Vivrais-je sans éprouver ces rages de cœur qui grandissent la puissance de l’homme ? Serais-je un moine conjugal ?
— (Honoré de Balzac, Béatrix, 1839-45, page 118)Les terribles prêcheurs de Seize, les moines qui portaient le mousquet aux processions de la Ligue, s’humanisent tout à coup ; les voilà devenus bénins. C’est qu’il faut bien essayer d’endormir ceux qu’on n’a pas pu tuer.
— (Jules Michelet, Le prêtre, la femme, la famille, Paris : Chamerot, 1862, 8e édition, page 17)
- Appareil destiné à chauffer les lits.
Lit que bassinait en votre absence un « moine » — c’est ainsi qu’on appelle là-bas [à Lamalou-le-Haut] un réchaud qu’un ingénieux système d’arceaux suspend entre les draps écartés.
— (Gide, Si le grain, 1924, page 428)
- (Mobilier) (Par extension) Objet quelconque servant à chauffer les lits, bouillotte.
Après […] la femme dessert, fait son petit train train, la couverture, le moine, et quand elle est couchée, la place chaude, on tombe dans le tas.
— (Alphonse Daudet, Sapho, 1884, page 189)Y a, dit la nièce, d’une voix aussi blafarde que sa peau, monsieur Jérôme, que ma tante Marta peut pas monter les escaliers, rapport à son lumbago qui la paralyse ; elle s’a frotté d’onguent et couchée avec un moine sur les reins.
— (Alexandre Arnoux, Le Seigneur de l’heure, Gallimard, 1955, page 46)
- (Imprimerie) Blanc dû à un défaut d’impression, feuille mal imprimée.
On lit encore aisément une feinte, tandis qu’on ne peut pas lire un moine, puisqu’il ne marque absolument pas.
- Grosse toupie.
Différent était le moine, grosse toupie qui aurait pris le nom du clou sans tête fiché à son sommet, auquel on accrochait la ficelle destinée à donner l’impulsion.
— (Vie Lang., no 255, 1973, page 348)
- (Québec) (Familier) (Technique) Perceuse.
- Exemple d’utilisation manquant. (Ajouter)
- Équipement d’un étang ou d’un bassin d’aquaculture.
Le moine est l’équipement le plus facile à réaliser. Il permet à la fois une vidange et un trop-plein […]
— (Cirad/Gret/MAE, Mémento de l’agronome, Cirad/Gret/Ministère des Affaires Étrangères, Paris, 2002, page 1606)
- (Ichtyologie) (Vieilli) Sorte de requin.
Dans la nuit du 27 au 28 décembre, le patron du bateau le Saint-André, de Nice, a capturé, au moyen du palangre, quatre moines ou monges, squales de la famille des requins : deux de 3m,50 de long, et deux de 2m,50.
— (Revue maritime et coloniale, 1895, vol. 124, page 469)
Dérivés
modifier- appareil des moines (Maçonnerie)
- gras comme un moine
- hiéromoine
- moinaille
- moine bourru
- moine de Saxe (Race de pigeons)
- moine-soldat
- moineau
- moinerie
- moinesse
- moineton
- moinifier
- moiniller
- moinillon
- monacaille
- moniage
- perruche moine
- phoque moine
- phoque moine de Méditerranée
- poivre des moines
- souper comme trois moines
- travail de moine
- vautour moine
Apparentés étymologiques
modifierVocabulaire apparenté par le sens
modifier- moine figure dans les recueils de vocabulaire en français ayant pour thème : couvent, pénis, religion chrétienne.
- abbaye
- bassinoire
Proverbes et phrases toutes faites
modifier- attendre quelqu’un comme les moines l’abbé [1] (ne pas l’attendre, surtout pour le repas)
- avoir un appétit de moine (manger beaucoup)
- il n’y a point de plus sage abbé que celui qui a été moine [1] (celui qui a pratiqué l’obéissance pratique le mieux le commandement)
- le moine répond comme l’abbé chante [1] (les subordonnés tiennent le même langage que leurs supérieurs)
- l’habit ne fait pas le moine [1]
- mieux vaut gaudir de son patrimoine que le laisser à ribaud moine [1] (il vaut mieux dépenser son bien dans les plaisirs que de le laisser à quelque monastère, où il ne servirait qu’à entretenir les excès des moines)
- nous l’attendrons comme les moines font l’abbé
- pour un moine l’abbaye ne faut pas (Vieilli) (Variante)
- pour un moine l’abbaye ne faut point (Vieilli) [1] (ici faut est du verbe faillir)
- pour un moine on ne laisse pas de faire un abbé [1] (l’absence ou l’opposition d’un individu n’empêche ni la délibération, ni la décision)
- se faire moine après sa mort [1] (allusion à la pratique, courante du xiiie au xvie siècle, de se faire enterrer en habit de moine dans le but d’échapper au diable)
Hyponymes
modifierTraductions
modifierReligieux (1)
- Afrikaans : monnik (af)
- Albanais : murg (sq)
- Allemand : Mönch (de)
- Anglais : monk (en)
- Vieil anglais : munuc (ang)
- Arabe : راهب (ar) rāhib, رَاهِب (جمع رُهْبَان) (ar)
- Arménien : վանական (hy) vanakan, աբեղա (hy) abeła, աբեղայ (hy) apéGha
- Asturien : monxu (ast) masculin
- Azéri : rahib (az)
- Basque : lekaide (eu), fraide (eu)
- Biélorusse : манах (be) manakh
- Breton : lean (br) masculin, manac’h (br) masculin
- Bulgare : монах (bg) monakh, калугер (bg) kalúger
- Catalan : monjo (ca)
- Chinois : 和尚 (zh) héshàng, 僧侣 (zh) sēnglǚ, 僧 (zh) sēng, 修士 (zh) xiūshì
- Coréen : 수도사 (ko) sudosa
- Cornique : managh (kw)
- Corse : frate (co), monacu (co)
- Croate : monah (hr), redovnik (hr)
- Danois : munk (da) commun
- Espagnol : monje (es), fraile (es)
- Espéranto : monaĥo (eo)
- Estonien : munk (et)
- Féroïen : munkur (fo)
- Finnois : munkki (fi)
- Frison : muonts (fy)
- Gaélique écossais : manach (gd)
- Gaélique irlandais : manach (ga)
- Galicien : monxe (gl)
- Gallois : mynach (cy)
- Géorgien : ბერი (ka) beri
- Grec : μοναχός (el) monakhós
- Hébreu : נזיר (he) nazír masculin
- Hongrois : szerzetes (hu), barát (hu)
- Ido : monako (io)
- Indonésien : biarawan (id), rahib (id)
- Islandais : munkur (is)
- Italien : monaco (it), frate (it)
- Japonais : 僧侶 (ja) sōryo, 坊さん (ja) bōsan, 修道士 (ja) shūdōshi, 僧 (ja) sō
- Kurde : abon (ku)
- Latin : monachus (la), coenobita (la), nonnus (la)
- Letton : mūks (lv)
- Lituanien : vienuolis (lt)
- Macédonien : калуѓер (mk) kaluger, монах (mk) monakh
- Malais : rahib (ms)
- Néerlandais : monnik (nl), kloosterbroeder (nl), kloosterling (nl)
- Norvégien : munk (no)
- Occitan : monge (oc)
- Persan : راهب (fa) râheb
- Polonais : mnich (pl), zakonnik (pl)
- Portugais : frei (pt), monge (pt)
- Romanche : montg (rm) masculin
- Roumain : călugăr (ro), monah (ro)
- Russe : монах (ru) monakh masculin, инок (ru) inok masculin, чернец (ru) černets
- Same du Nord : muŋka (*)
- Serbe : монах (sr), редовник (sr)
- Vieux slave : калѹгєръ (*) masculin
- Slovaque : mních (sk), rehoľník (sk)
- Slovène : menih (sl), redovnik (sl)
- Suédois : munk (sv), pater (sv)
- Tagalog : monghe (tl)
- Tchèque : mnich (cs)
- Thaï : พระ (th) prá, นักพรต (th) nák prót
- Turc : keşiş (tr), rahip (tr)
- Ukrainien : монах (uk) monakh
- Vietnamien : tu sĩ (vi)
- Wallon : moenne (wa)
Appareil destiné à chauffer les lits (4)
- Allemand : Bettvorwärmer (de) masculin, Bettwärmer (de) masculin
- Anglais : bed warmer (en)
- Catalan : burro (ca) masculin
- Espéranto : litvarmigilo (eo)
Prononciation
modifier- La prononciation \mwan\ rime avec les mots qui finissent en \an\.
- France : écouter « un moine [ɛ̃ mwan] »
- Canada (Gaspésie) : écouter « moine [mwɛn] »
- Canada (Shawinigan) : écouter « moine [mwɛnə̆] »
- Cornimont (France) : écouter « moine [mwɑn] »
Anagrammes
modifier→ Modifier la liste d’anagrammes
Voir aussi
modifier- L’annexe Glossaire de l’Église catholique en français
- Chaufferette sur l’encyclopédie Wikipédia
- Moine sur l’encyclopédie Wikipédia
Références
modifierSources
modifier- [1] « moine », dans TLFi, Le Trésor de la langue française informatisé, 1971–1994 → consulter cet ouvrage
- [1] : Pierre-Marie Quitard, Dictionnaire étymologique, historique et anecdotique des proverbes, Slatkine Reprints, Genève, 1968.
Bibliographie
modifier- Tout ou partie de cet article a été extrait du Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition, 1932-1935 (moine), mais l’article a pu être modifié depuis.
- « moine », dans Émile Littré, Dictionnaire de la langue française, 1872–1877 → consulter cet ouvrage
Étymologie
modifier- Du latin, voir ci-dessus.
Nom commun
modifiermoine *\Prononciation ?\ masculin
Dérivés dans d’autres langues
modifier- Français : moine
Références
modifier- Frédéric Godefroy, Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au XVe siècle, édition de F. Vieweg, Paris, 1881–1902 → consulter cet ouvrage