faire la part du feu
Étymologie
modifierLocution verbale
modifierfaire la part du feu \fɛʁ la paʁ dy fø\ intransitif (se conjugue → voir la conjugaison de faire)
- Sacrifier une partie de ce qui est menacé par un incendie pour sauver le reste.
Les femmes, les enfants, le charpentier du village pour faire la part du feu, où est-il ? à la ville ? Eh bien ! conduisez-moi à son cafornion que je prenne sa hache.
— (George Sand, Jeanne, 1844)Démolir des bâtiments voisins de ceux où vient d’éclater un incendie afin de concentrer le foyer de cet incendie dans les limites les plus étroites, c’est ce qu’on appelle faire la part du feu. Il appartient à l’autorité municipale investie du droit de veiller à la sûreté publique de faire abattre une maison pour couper la communication du feu.
— (Émile Agnel, Manuel général des assurances, ou Guide pratique des assureurs et des assurés, Cosse et Marchal, Paris, 1861, page 87)Il n’y avait pas, d’ailleurs, à faire la part du feu. Le musée des modèles était isolé dans le parc, et il était maintenant certain qu’il serait consumé tout entier.
— (Jules Verne, Les Cinq Cents Millions de la Bégum, Hetzel, 1879, chapitre IX)
- (Par extension) (Sens figuré) Faire un compromis, laisser tomber l’accessoire afin de préserver l’essentiel.
— Eh ! monsieur, la République coule à pleins bords. La digue contre ce torrent qui emporterait nos têtes et incendierait nos maisons, c’est le Roi, monsieur, uniquement le Roi. Il faut fortifier l’autorité et faire la part au feu. Tant pis pour la maison qu’il faut abattre afin de sauver toutes les autres !
— (Stendhal, Lucien Leuwen, 1834)Toutes les fois que Sainte-Austreberthe s’était trouvé dans des circonstances périlleuses, et cela lui était arrivé souvent, il avait toujours su prendre une prompte résolution, en faisant la part du feu.
— (Hector Malot, Un mariage sous le Second Empire, 1873)Restait un échevin, Racquin, qui se trouvant seul en face de ces animaux déchaînés, par peur, par faiblesse, par ruse, au lieu de leur tenir tête, crut plus sage de céder, en faisant la part du feu.
— (Romain Rolland, Colas Breugnon, 1919)Que veux-tu ? Ce n’était pas un homme à faire la part du feu. Il m’a répété cent fois que la lutte contre ce qu’il appelait la férocité des hommes et la bêtise du sort était menée en dépit du bon sens, qu’on ne guérirait pas la société de l’injustice — qui tuerait l’une tuerait l’autre.
— (Georges Bernanos, Journal d’un curé de campagne, 1936, page 101)Il peut s'agir aussi d'un mode d’action magique : conjurer le mauvais sort, écarter la sale histoire qui nous menace en exécutant cette sale histoire en petit et exprès, tout comme s'il s'agissait de régler une facture à bon compte, de sacrifier la partie pour être quitte du tout, de faire la part du feu et de laisser joyeusement flamber les écuries.
— (Michel Leiris, L’âge d’homme, 1939, réédition Folio, page 87)La mort n’arrivait pas dans l’intimité de la famille où il est possible et permis d’être soi-même ; où, la part du feu une fois faite, il faut songer à sauver les meubles.
— (Jean Giono, Le hussard sur le toit, 1951, réédition Folio Plus, page 376)
Vocabulaire apparenté par le sens
modifierTraductions
modifierPrononciation
modifier- France (Lyon) : écouter « faire la part du feu [Prononciation ?] »
- Somain (France) : écouter « faire la part du feu [Prononciation ?] »