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636 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

de la situation générale pour retenir son ardeur et con- naître exactement les rares instants propres à une action décisive. Mais, pour cela, le Président était et trop per- plexe et trop lent.

Il ne remédia pas à ces défauts en ayant recours à la sagesse collective de ses lieutenants. Il avait réuni autour de lui, pour les clauses économiques du traité, un groupe d'hommes d'affaires très capables. Mais ils avaient peu l'expérience des affaires publiques et, à une ou deux exceptions près, ignoraient l'Europe autantque lui-même. Le Président ne leur faisait appel qu'irrégulièrement, lorsqu'il avait besoin d'eux pour une question spéciale. Ainsi le Président resta isolé comme il l'avait utilement été à Washington. Sa froideur anormale ne tolérait au- près de lui nul homme qui désirât être moralement son égal ou exercer une influence durable. Les autres pléni- potentiaires américains étaient des muets. Bien qu'il eût la confiance du Président et une beaucoup plus vaste connaissance des hommes et de l'Europe, bien que sa vivacité soit souvent venue en aide à sa lenteur, le colo- nel House lui-même passa peu à peu à l'arrière-plan. Tout cela était favorisé par les membres du Conseil des Quatre, qui complétèrent par la dissolution du Conseil des Dix l'isolement qui avait pour origine le propre caractère du Président. Ainsi, jour après jour, semaine après semaine, il se laissa enfermer, sans aucun secours, sans aucun conseil. Il resta seul, avec des hommes plus fins que lui, dans des circonstances infiniment difficiles où il avait besoin pour réussir de moyens, d'imagina- tion, de connaissances de toute sorte. Empoisonné par cette atmosphère, il se laissa aller à discuter leurs

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