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Jérusalem d'Or

titre de la chanson de l'année 1967 en Israël
(Redirigé depuis Yerushalayim shel zahav)

Jérusalem d'Or (en hébreu : ירושלים של זהב - Yeroushalayim shel zahav) est le titre de la chanson de l'année de 1967 en Israël, écrite par Naomi Shemer et chantée par Shuli Natan.

Jérusalem d'Or
ירושלים של זהב (Yeroushalayim shel zahav)
Description de cette image, également commentée ci-après
Partition originale écrite de la main de Naomi Shemer.
Chanson de Shuli Natan
Sortie 15 mai 1967
Durée 4:48
Langue Hébreu
Genre Musique israélienne
Auteur-compositeur Naomi Shemer
Label Hed Artsi (en)

Remportant un grand succès, elle est ensuite reprise par de nombreux artistes tant israéliens que de par le monde.

Présentation

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Contexte

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La chanson est née lorsque Teddy Kolek, le maire de Jérusalem, décide de commander une chanson spéciale sur Jérusalem en l'honneur du Festival de la chanson se tenant le soir du Jour de l'Indépendance, le 15 mai 1967. Il s'adresse à Gil Adma de Kol Israel lequel contacte l'auteure-compositrice Naomi Shemer[1],[2].

La chanson décrit l'état de Jérusalem à cette époque, avant la guerre des Six Jours, lorsque la ville est encore divisée par un mur séparant le Royaume de Jordanie de l'État d'Israël, et le Mur occidental sous domination hachémite[2]. Ainsi, Les lieux saints du judaïsme à l'est de la ville - le Mont du Temple, le Mur Occidental et l'ancien cimetière juif sur le Mont des Oliviers - sont profanés ou endommagés et ne sont alors pas accessibles aux Juifs qui ont été expulsés de la vieille ville[3].

Références poétiques

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Yerushalaïm shel zahav est tissée de références bibliques et talmudiques.

Son titre Jérusalem d'Or est basé sur un (he)bijou en or représentant la ville de Jérusalem que Rabbi Akiva promet à sa femme Rachel pour l'encourager à étudier la Torah[1],[4],[2],[5].

Le refrain « Jérusalem d'Or, de cuivre et de lumière » en référence à la couleur dorée que prennent les bâtiments de la ville en pierre de Jérusalem au lever et au coucher du soleil, cite un vers du poète juif espagnol du Moyen Âge, Juda Halevi (dans les Chants de Sion) : « De toutes tes chansons, je suis le violon. », marquant ainsi l'influence de la poésie de « l' âge d'or du judaïsme séfarade »[5].

La chanson célèbre également l'air pur des montagnes, la senteur de pins, le tintement des cloches dans la brise du soir et déclare son amour avec flamme à Jérusalem : « ton nom brûle sur nos lèvres telle l'ardeur d'un baiser »[5].

L'expression « tresser des couronnes » est une référence talmudique d'ornement de couronnes dont celle du service de l'ange Sandalphon à Dieu[6].

Comme souvent dans les chansons de Naomi Shemer, on trouve ici plusieurs références bibliques : dans le premier couplet, l'expression « la ville qui est assise solitaire » provient du Livre des Lamentations 1,1 et dans le troisième couplet, du verset du Psaume 137:5 « Si je t'oublie Jérusalem », c'est-à-dire « Sur les bords des fleuves de Babylone, nous étions assis et nous pleurions, en nous souvenant de Sion ». L'expression « assèche les citernes/puits » fait également référence au rouleau des Lamentations, et l'ensemble confère au chant l'écho triste et lugubre d'un éloge funèbre, jusqu'à la version finale avec le dernier couplet (voir infra), apposé en contraste, où le joyeux retour d'exil des enfants d'Israël permet « le baiser d'un Ange/Séraphin », qui est une référence au Livre d'Isaïe 6:7.

Version complétée

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Shlomo Goren entouré de soldats israéliens fait retentir le chofar au pied du mur des Lamentations, quand les FDI viennent de reprendre Jérusalem-Est et la vieille ville aux Jordaniens (7 juin 1967).

La chanson est écrite à la veille de la guerre des Six Jours[7] et de la conquête par Tsahal de Jérusalem-Est, qui était un territoire jordanien depuis la guerre de 1948-1949. Ainsi, les paroles initiales de la chanson déploraient-elles une Jérusalem aux « marchés déserts », dans laquelle « personne ne visite le Mont du Temple ; personne ne descend à la mer Morte par la route de Jericho ». C'est un chant qui motiva les soldats israéliens au cours du conflit[8]. Après la guerre, Naomi Shemer ajoute un quatrième couplet à son poème, pour célébrer l'unification de Jérusalem sous contrôle israélien et se réjouir du retour des Juifs au Mur occidental de la vieille ville[9].

Le vers sur le son du shofar retentissant enfin depuis le mont du Temple fait expressément référence au fait que l'aumônier de l'armée, le rabbin Shlomo Goren, a soufflé dans le shofar immédiatement après la prise du Mur occidental[10].

Inspiration

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Alors que la mélodie de la chanson est reconnue basée sur la cantillation biblique (teamim), Naomi Shemer révèle peu avant sa mort qu'elle s'est inspirée inconsciemment de la vieille berceuse basque Pello Joxepe (eu)[11] (évoquant un refus de paternité pour un nouveau-né), qu'elle avait entendue lors d'un concert donné par le chanteur espagnol Paco Ibáñez en Israël en 1962 pour composer sa chanson en l'honneur de Jérusalem[5].

Bien que les deux chansons n'aient en commun aucune parole, aucun thème et seulement quelques mesures, Shemer se sentait mal à propos de ce rapprochement[12],[5]. « Je ne considère pas qu'il s'agissait de plagiat », déclare toutefois Ibáñez peu après cette annonce, ajoutant : « je suis heureux que ça l'ait aidée d'une certaine façon »[12].

Hymne officieux

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Yerushalaïm shel zahav (Jérusalem d'Or) est élue « chanson de l'année » de 1967 en Israël, et apparaît ensuite comme un phénomène culturel exceptionnel dans le pays, au croisement de la politique, de l'identité nationale et la culture populaire. Depuis sa création, elle est devenue une déclaration internationale sur la réunification de Jérusalem et est élevée de fait au rang de symbole et hymne national officieux, très fréquemment jouée lors de cérémonies officielles[13].

Interprétations

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Outre l'interprète originale de 1967 Shuli Natan[14], Naomi Shemer a également chanté Yerushalaïm shel zahav[15], et rapidement, son œuvre est enregistrée par de nombreux autres chanteurs dont la chanteuse finlandaise Carola Standertskjöld, l'Israélienne Ofra Haza qui la chante lors de la cérémonie du Jubilé du 50e anniversaire de l'État d'Israël en 1998[16], Yaffe Yarkoni (en espagnol), Rita[17], Ran Eliran, David Eshet (en yiddish), les chanteurs américains hassidiques Avraham Fried et (en)Belz Shulem Lemmer, Dudu Fisher (en hébreu et en anglais) et bien d'autres comme Rika Zaraï, le chanteur grec Demis Roussos[18] ou le groupe de rock américain Phish, Klaus Meine du groupe de rock allemand Scorpions, le chanteur brésilien Roberto Carlos[19], la Française Hélène Ségara[20], etc.

Selon les données d'(en)ACUM (Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique en Israël), il existe plus de 300 versions différentes de la chanson[21]. Elle a été traduite dans de nombreuses langues dont l'espéranto. La chanson est également devenue une chanson pour enfants interprétée par Esnat Paz sur le disque My Land of Israel.

On entend également Jérusalem d'Or interprétée par une chorale à la fin du film en version originale La Liste de Schindler de Steven Spielberg (sauf dans la version israélienne), ainsi que dans le film Pour Sacha d’Alexandre Arcady.

« Dans de nombreux services du mouvement réformé et parmi  les congrégations ashkénazes  et séfarades en Israël et dans la diaspora, la chanson a été introduite dans la liturgie pour des occasions spéciales, telles que le vendredi soir, la dernière hakkafah à Simchat Torah et le service de la synagogue le jour de l'indépendance d'Israël »[2].

Paroles

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Français Phonétique Hébreu
Jérusalem d'or Yerushalayim shel zahav ירושלים של זהב
L’air des montagnes est limpide comme le vin,

Et l’odeur des pins

Est portée par le vent du soir

Avec le son des cloches.

Et dans la torpeur de l’arbre et de la pierre,

Prisonnière de son rêve,

la cité solitaire demeure,

Une muraille en son cœur.

Jérusalem d’or,

De cuivre et de lumière,

De tous tes chants

Ne suis-je pas la lyre ?

Comment ont pu s’assécher les puits/citernes ?

La place du marché est déserte,

Et l’on ne visite plus le Mont du Temple

Dans la Vieille Ville.

Et dans les grottes des rochers

Gémissent les vents,

Et l’on ne descend plus vers la Mer Morte

Par la route de Jéricho.

Nous sommes revenus aux puits,

Au marché et sur la place.

Le chofar appelle/retentit sur le Mont du Temple

Dans la Vieille Ville.

Et dans les grottes des rochers,

Mille soleils resplendissent.

À nouveau nous descendrons vers la Mer Morte

Par la route de Jéricho.

Mais alors qu’aujourd’hui je viens chanter pour toi

Et te tresser des couronnes,

Je suis moins que le plus jeune de tes enfants

Ou que le dernier de tes poètes.

Car ton nom brûle les lèvres

Comme le baiser d’un Ange de feu

Si je t’oublie, Jérusalem,

Qui es toute d’or !

’Avir harim tsalul ka-yayin,

Ve-réyah ’oranim

Nisa be-ruah ha-‘arbayim

‘Im qol pa‘amonim.

U-ve-tardémat ’ilan va-’èven,

Shevuya be-halomah,

Ha-‘ir ’asher badad yoshèvèt

U-ve-libah homa.

Yerushalayim shèl zahav,

Ve-shèl nehoshèt ve-shèl ’or,

Ha-lo le-khol shirayikh

’Ani kinor ?

’Éykha yavshu borot ha-mayim ?

Kikar ha-shuq réqa,

Ve-’éyn pokèd ’èt Har ha-Bayit

Ba-‘ir ha-‘atiqa.

U-va-me‘arot ’asher ba-sèla‘

Meyalelot ruhot,

Ve-’éyn yoréd ’èl Yam ha-Mèlah

Be-dèrèkh Yeriho.

Hazarnu ’èl borot ha-mayim,

La-shuq ve-la-kikar.

Shofar koré be-Har ha-Bayit

Ba-‘ir ha-‘atiqa.

U-va-me‘arot ’ashèr ba-sèla‘,

’Alfé shmashot zorhot,

Nashuv néréd le-Yam ha-Mèlah


Be-dèrèkh Yeriho.

’Akh be-vo’i ha-yom la-shir lakh

Ve-lakh li-qshor ktarim,

Qatonti mi-tse‘ir banayikh

U- me-’aharon ha-meshorerim.

Ki shmékh tsorév ’èt ha-sefatayim

Ki-neshiqat saraf,

’Im ’eshkahékh Yerushalayim,

’Asher kulah zahav !

,אֲוִיר הָרִים צָלוּל כַּיַּיִן

וְרֵיחַ אֳרָנִים

נִשָּׂא בְּרוּחַ הָעַרְבַּיִם,

עִם קוֹל פַּעֲמוֹנִים.

וּבְתַרְדֵּמַת אִילָן וָאֶבֶן,

שְׁבוּיָה בְּחֲלוֹמָהּ,

הָעִיר אֲשֶׁר בָּדָד יוֹשֶׁבֶת,

וּבְלִבָּהּ חוֹמָה.

יְרוּשָׁלַיִם שֶׁל זָהָב,

וְשֶׁל נְחֹשֶׁת וְשֶׁל אוֹר,

הֲלֹא לְכָל שִׁירַיִךְ

אֲנִי כִּנּוֹר?

אֵיכָה יָבְשׁוּ בּוֹרוֹת הַמַּיִם?

כִּכָּר הַשּׁוּק רֵיקָה,

וְאֵין פּוֹקֵד אֶת הַר הַבַּיִת

בָּעִיר הָעַתִּיקָה.

וּבַמְּעָרוֹת אֲשֶׁר בַּסֶּלַע

מְיַלְּלוֹת רוּחוֹת,

וְאֵין יוֹרֵד אֶל יָם הַמֶּלַח

בְּדֶרֶךְ יְרִיחוֹ.

חָזַרְנוּ אֶל בּוֹרוֹת הַמַּיִם,

לַשּׁוּק וְלַכִּכָּר.

שׁוֹפָר קוֹרֵא בְּהַר הַבַּיִת

בָּעִיר הָעַתִּיקָה.

וּבַמְּעָרוֹת אֲשֶׁר בַּסֶּלַע,,

אַלְפֵי שְׁמָשׁוֹת זוֹרְחוֹת.

נָשׁוּב נֵרֵד אֶל יָם הַמֶּלַח

בְּדֶרֶךְ יְרִיחוֹ.

אַךְ בְּבוֹאִי הַיּוֹם לָשִׁיר לָךְ

וְלָךְ לִקְשֹׁר כְּתָרִים,

קָטֹנְתִּי מִצְּעִיר בָּנַיִךְ

וּמֵאַחֲרוֹן הַמְּשׁוֹרְרִים.

כִּי שְׁמֵךְ צוֹרֵב אֶת הַשְּׂפָתַיִם

כִּנְשִׁיקַת שָׂרָף

אִם אֶשְׁכָּחֵךְ יְרוּשָׁלַיִם,

אֲשֶׁר כֻּלָּהּ זָהָב!

Notes et références

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  1. a et b (he) « חשיפה: "ירושלים של זהב" שלא הכרתם », sur הספרנים,‎ (consulté le )
  2. a b c et d « Naomi Shemer », sur www.jewishvirtuallibrary.org (consulté le )
  3. (en) Raphael Israeli, Jerusalem divided : the armistice regime, 1947-1967, Frank Cass, (ISBN 0-7146-5266-0, 978-0-7146-5266-5 et 0-7146-8241-1, OCLC 48475176, lire en ligne), p. 23
  4. Yerushalmi, Sota 9, 15 (Vilna). Cité dans le commentaire du rabbin Nissim Gaon imprimé sur la question du Talmud sur Shabbat Net 2.
  5. a b c d et e (he) זאב גלילי, « מקור המנגינה ל"ירושלים של זהב" », sur היגיון בשיגעון,‎ (consulté le )
  6. « Chagigah 13b:4 », sur www.sefaria.org (consulté le )
  7. Trois semaines avant que la guerre de 1967 n'éclate.
  8. Dalia Gavriely-Nuri, « The Social Construction of "Jerusalem of Gold" as Israel's Unofficial National Anthem », Israel Studies, vol. 12, no 2,‎ , p. 104–120 (ISSN 1084-9513, lire en ligne, consulté le )
  9. Yedia, « Poésie : Yerushalayim shel zahav - Yedia.org », (consulté le )
  10. (en) « 1994: First Chief Rabbi of the Israeli Army Dies », Haaretz,‎ (lire en ligne, consulté le )
  11. « Pello Joxepe » (consulté le )
  12. a et b (en) Idit Avrahami et Nurit Wurgaft, « Naomi Shemer Had No Reason to Feel Bad, Says Basque Singer », Haaretz,‎ (lire en ligne).
  13. Dalia Gavriely-Nuri The social construction of "Jerusalem of Gold" as Israel's unofficial national anthem, Israel studies : Vol. 12, no. 2 (été 2007) pp. 104-120
  14. « Naomi Shemer - Shuli Nathan - "Yeroushalayim shel zahav " - ירושלים של זהב » (consulté le )
  15. « NAOMI SHEMER ; YERUSHALAYIM SHEL ZAHAV with the GYPSY SYMPHONIC orch. of BUDAPEST in JERUSALEM. 2019 » (consulté le )
  16. « עפרה חזה - ירושלים של זהב » (consulté le )
  17. « ריטה - ירושלים של זהב | מופע פסנתר 2004 | אמפי שוני » (consulté le )
  18. « - YouTube », sur www.youtube.com (consulté le )
  19. « - YouTube », sur www.youtube.com (consulté le )
  20. « Jérusalem en or Hélène Ségara » (consulté le )
  21. (he) « אוהבים מוסיקה. שומרים על המוסיקה », sur אקו"ם (consulté le )

Liens externes

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