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Yeísmo

phénomène linguistique

Le yeísmo, quelquefois francisé en yéisme, est un phénomène linguistique consistant en la disparition de l'opposition entre les phonèmes /ʎ/ (consonne palatale latérale) et /j/ (semi-consonne palatale). C'est un trait caractéristique de nombreux dialectes de l'espagnol, mais on le trouve également dans d'autres langues comme le catalan dont le système phonologique contient une consonne palatale latérale.

En espagnol

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Les phonèmes /ʎ/ et /j/ en espagnol sont graphiés respectivement ‹ ll › et ‹ y ›, mais la distinction n’est plus pratiquée par la plupart des locuteurs.

Extension et traitement

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En Espagne, le phénomène est communément considéré comme typiquement andalou[1], mais dans la plus grande partie des dialectes de l'espagnol actuel, y compris péninsulaires, les deux phonèmes ont fusionné en un seul, réalisé sous la forme d'un son palatal généralement non latéral qui varie selon le dialecte et le contexte d'une fricative [ʝ] (on parle dans ce dernier cas de yodisation du /ʎ/) à une fricative [ʒ], très souvent simplement [j].

Contrairement à une opinion très répandue, le yeísmo n'est pas généralisé en Amérique et il existe de nombreuses régions où l'on pratique encore la distinction[2], notamment la plus grande partie des régions andines[3].

Dans les zones yeístes, le phonème unique est réalisé selon des articulations variées. Dans les zones du Río de la Plata (Uruguay et Argentine), il est réalisé comme une fricative post-alvéolaire sourde ou légèrement voisée (entre [ʃ] et [ʒ]). Au Mexique, il donne couramment [ɟʝ]. Ce phénomène implique l'apparition d'homophones (calló/cayó…)[4],[5],[6].

Certaines zones n'ayant pas adopté la simplification sont des aires où le castillan cohabite avec une langue autochtone qui connaît le phonème /ʎ/, comme le quechua, le guarani ou d'autres langues amérindiennes au Pérou, en Bolivie et tout particulièrement au Paraguay, en plus des régions catalanophones ou bascophones d'Espagne. La distinction est toujours opérée en ladino ainsi que, d'une certaine manière, dans des mots cebuanos et tagalogs d'origine espagnole comme kordilyera (/koɾdilˈjɛɾa/), /ʎ/ étant rendu phonétiquement par [l'j].[réf. nécessaire]

Dans les zones non yeístes, on parle parfois de lleísmo.

Diachronie

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On trouve des traces sporadiques d'apparition du yeísmo à partir du XVe siècle. Il est largement attesté en Andalousie au siècle suivant. Le trait semble être introduit en Castille vers le milieu du XVIIIe siècle mais n'a commencé à se propager grandement qu'au cours du siècle suivant[7].

En Espagne, la domination du yeísmo est de façon générale toute récente. Le phénomène a connu une extension très rapide puisque dans les années 1930, la distinction était encore omniprésente dans la péninsule hors Andalousie[8].

En catalan

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En catalan, le phénomène, nommé iodització ou ieisme històric, est propre aux dialectes central et baléare[9]. Son aire d'extension est néanmoins délicate à établir précisément. Ainsi, le phénomène catalan est socialement peu valorisé et tend à se circonscrire aux zones rurales. Il est peu présent en barcelonais. En revanche, dans les Baléares, le trait est pratiquement généralisé et n'est pas socialement déprécié. De plus, l'absence de distinction est susceptible de varier en fonction du contexte phonétique à l'intérieur des mots[10].

Notes et références

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  1. Zamora Vicente 1967, p. 74
  2. Zamora Vicente 1967, p. 76
  3. Pierre Bec, Manuel pratique de philologie romane, t. 1, Paris, Picard, coll. « Connaissance des langues », , 568 p., p. 565 (carte n° 7)
  4. Hammond 2001
  5. Lloyd 1987, p. 344–347
  6. Penny 2002, p. 93
  7. Zamora Vicente 1967, p. 309-310
  8. (en) Isogloss map for /y/ and /ll/ distinction in Iberian Peninsula Spanish, according to ALPI.
  9. (ca) Joan Veny, Petit atles lingüístic del domini català, Barcelone, Institut d'Estudis Catalans, , 182 p. (ISBN 978-84-7283-942-7), p. 58
  10. (ca) Joan Veny, Els parlars catalans : Síntesi de dialectologia, Palma de Majorque, editorial Moll, , 13e éd. (1re éd. 1982), 173 p. (ISBN 84-273-1038-2), p. 32

Annexes

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Bibliographie

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Articles connexes

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Lien externe

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