[go: up one dir, main page]

Sphère de Brieskorn

sphère exotique

En géométrie, une sphère de Brieskorn est une sphère exotique, issue d'une construction explicite due au mathématicien allemand Egbert Brieskorn en 1966[1] qui étudiait les singularités à l'origine des hypersurfaces de définies par une équation de la forme , avec des entiers supérieurs ou égaux à 2. En calculant l'intersection de l'hypersurface avec une petite sphère centrée sur l'origine, on obtient des variétés lisses[2] appelées les « bords singuliers » ou singularités de Pham-Brieksorn[3],[4]. Les résultats de Brieskorn montrent que sous certaines conditions, ces bords sont homéomorphes à la sphère standard, mais sans y être nécessairement difféomorphes, ce qui en fait des sphères exotiques.

Histoire

modifier

Brieskorn[5] raconte comment Mumford[6] s'est intéressé à la singularité en zéro de la surface  , dont il montre qu'elle est rationnelle et qu'elle a l'homologie d'une 3-sphère. La conjecture qu'il s'agit d'un résultat plus général est discutée entre John Milnor, John Nash, et Egbert Brieskorn. Ce dernier a trouvé l'article de Frédéric Pham[4], un physicien dont les préoccupations étaient de comprendre les singularités des intégrales de Feynman, dans lequel est prouvée une version plus générale du théorème de Picard-Lefschetz. Ce théorème, qui donne la monodromie aux points critiques, a été étendu par Pham précisément aux singularités du type considéré par Brieskorn. C'est par ce moyen que Brieskorn a pu calculer l'homologie, et ainsi prouver la conjecture.

3-sphères de Brieskorn

modifier

On se place en dimension  . Pour tous entiers   premiers entre eux et supérieurs à 2, la 3-sphère de Brieksorn   est définie comme l'intersection de la 5-sphère   avec l'hypersurface d'équation   dans  .

Homologie

modifier

Une des propriétés remarquables de cette construction est que chaque 3-sphère de Brieskorn est une sphère d'homologie, c'est-à-dire que l'homologie de toute 3-sphère de Brieskorn est identique à celle de la 3-sphère standard :  . Comme il s'agit d'une surface orientable, on a en outre par dualité de Poincaré que  .

Homéomorphismes

modifier

Dans un article de 1975, John Milnor a calculé les homéomorphismes des 3-sphères de Brieskorn[7] :   est un quotient d'un groupe de Lie de dimension 3 par un sous-groupe discret co-compact, et donc est homéomorphe à

  • un quotient de   par un sous-groupe fini si   ;
  • un quotient du groupe de Heisenberg par un réseau si   ;
  • un quotient de   par un réseau si  .

Milnor montre également dans cet article que   est en fait la sphère d'homologie de Poincaré.

Notes et références

modifier
  1. (de) Egbert Brieskorn, « Beispiele zur Differentialtopologie von Singularitäten », Inventiones mathematicae, vol. 2, no 1,‎ , p. 1–14 (ISSN 0020-9910 et 1432-1297, DOI 10.1007/bf01403388, lire en ligne, consulté le )
  2. (en) Egbert Brieskorn, « Examples of singular normal complex spaces which are topological manifolds », Proceedings of the National Academy of Sciences, vol. 55, no 6,‎ , p. 1395–1397 (DOI 10.1073/pnas.55.6.1395, lire en ligne, consulté le )
  3. L'article de Brieskhorn (Brieskhorn 1966) s'appuie de manière essentielle sur l'étude de la monodromie développée dans (Pham 1965).
  4. a et b Frédéric Pham, « Formules de Picard-Lefschetz généralisées et ramification des intégrales », Bulletin de la Société mathématique de France, vol. 79,‎ , p. 333–367 (DOI 10.24033/bsmf.1628, lire en ligne, consulté le )
  5. (en) Egbert Brieskorn, Surveys in differential geometry. : Papers dedicated to Atiyah, Bott, Hirzebruch, and Singer, vol. VII, International Press, , 710 p. (ISBN 9781571461780, OCLC 934002375, lire en ligne), p. 17-60
  6. (en) David Mumford, « The topology of normal singularities of an algebraic surface and a criterion for simplicity », Publications Mathématiques de l'Institut des Hautes Études Scientifiques, vol. 9, no 1,‎ , p. 5–22 (ISSN 0073-8301 et 1618-1913, DOI 10.1007/bf02698717, lire en ligne, consulté le )
  7. (en) John Milnor, « On the 3-dimensional Brieskorn manifolds   », Ann. Math. Studies 84,‎ , p. 175-225 (lire en ligne)