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Roxelane

épouse du sultan Soliman le Magnifique après en avoir été esclave

La sultane Hürrem ou Khürrem Sultan, connue aussi sous le nom de Roxelane (la Ruthène) (v. 1500) fut l'épouse du sultan Soliman le Magnifique après en avoir été l'esclave.

Roxelane
Hürrem Sultan
Description de l'image Haseki Huerrem Sultan Roxelane.jpg.

Titre

Favorite puis épouse du Sultan ottoman

en 1521 (favorite) - juin 1534 (épouse) –

Biographie
Dynastie ottomane
Nom de naissance Aleksandra Lisovska
Naissance Vers 1500
Ruthénie (Royaume de Pologne) (actuelle Ukraine)
Décès
Palais de Topkapı, Constantinople (Empire Ottoman)
Père Lisowski(?)
Conjoint Soliman le Magnifique
Enfants Şehzade Mehmed
Mihrimah Sultan
Sélim II
Şehzade Abdullah
Şehzade Bayezid
Şehzade Cihangir
Résidence Palais de Topkapı
Religion Christianisme orthodoxe avant de rencontrer le sultan
Islam après être devenue sa concubine

Biographie

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Origines

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Si les sources du XVIe siècle sont muettes à ce sujet, la tradition ruthène lui donne comme nom de naissance Anastasia ou Alexandra Lisovska (en version polonaise) née à Rohatyn ; il pourrait cependant s'agir d'une création littéraire d'écrivains ukrainiens du XIXe siècle[1]. Stanisław Rzewuski (pl) (1806-1831), fils de l'explorateur Wenceslas Séverin Rzewuski, est un des premiers auteurs à la dire originaire de cette localité[2]. Le poète Samuel Twardowski (en) qui fit partie d'une ambassade dans l'Empire ottoman au tournant des XVIe et XVIIe siècles rapporte avoir appris à la cour de Constantinople qu'Hürrem — ou Khürrem[3] — était la fille d'un pope probablement ruthène de Galicie, alors partie du royaume polonais. Elle aurait été capturée par des Tatars de Crimée lors d'un de leurs raids et emmenée comme esclave, probablement d'abord à Kaffa, en Crimée, puis vendue à Constantinople.

Entrée au harem

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La date précise de son entrée au harem du sultan Soliman n'est pas connue mais se situe aux alentours de l'accession au trône du prince en (il est possible qu'elle ait été un présent fait au souverain à cette occasion)[4]. Elle lui donne un premier fils en 1521, Mehmed. Elle devient rapidement la favorite (haseki) du sultan, qui délaisse ses autres concubines (dont Mahidevran, mère de son fils aîné Mustafa) et entretient avec Hürrem (« La rieuse »)[5] une relation exclusive.

Probablement vers , elle devient l'épouse légitime de Soliman, ce qui constitue une rupture avec la tradition ottomane[6] ; par son insistance, cela lui vaut aussi son affranchissement. Selon une anecdote répandue par des sources occidentales dès la seconde moitié du XVIe siècle, elle aurait obtenu le mariage grâce à un stratagème : après s'être convertie à l'islam, elle se serait ainsi refusée à Soliman au motif qu'une musulmane ne pouvait avoir de relations avec un homme hors du mariage[7].

Sultane

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Mausolée de Roxelane, mosquée Süleymaniye, Istanbul.

Au cours des années 1530, elle quitte l'« ancien palais », résidence habituelle de la famille du sultan, et s'installe dans le « nouveau palais » (Topkapı) où elle se retrouve plus proche du Sultan[8].

Roxelane est parfois considérée comme ayant joué un rôle plus ou moins actif dans l'élimination de Pargali Ibrahim Pacha, un favori de Soliman, en 1536.

Le principal prétendant à la succession au trône était alors Sehzade Mustafa, fils aîné de Soliman (de Mahidevran). En 1553, une fausse lettre du prince héritier Mustafa au chah d’Iran lui demandant son aide pour renverser Soliman est interceptée. Mustafa se précipite chez son père pour se justifier, seul et sans arme. Soliman tue son fils le , tout en le pleurant.

 
Intérieur du mausolée de Roxelane, mosquée Süleymaniye, Istanbul.

À sa mort le , Roxelane est enterrée dans un mausolée décoré en tuiles d'İznik décrivant le jardin du paradis, en hommage à sa nature joyeuse et souriante. Son mausolée est adjacent à celui de Soliman, structure séparée et plus sombre située dans la mosquée Süleymaniye.

Influence

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Elle est aussi la conseillère de Soliman et semble avoir eu une influence considérable sur la politique étrangère de ce dernier. Deux de ses lettres au roi de Pologne Sigismond II Auguste ont ainsi été conservées, et, de son vivant, l'Empire ottoman conserve des relations généralement pacifiques avec cet État. Les ambassadeurs de l'Europe entière s'adressent à elle et lui font parvenir des cadeaux. Elle est en effet chargée de missions diplomatiques auprès des diplomates venus de pays chrétiens[9]. Certains historiens pensent aussi qu'elle est intervenue auprès de son époux pour contrôler le trafic d'esclaves organisé par les Criméens sur sa terre natale.

À côté des affaires politiques, Roxelane s'engage aussi dans un certain nombre de grands travaux, de La Mecque à Jérusalem, peut-être en s'inspirant du modèle des fondations caritatives créées par Zubaida, femme du calife Haroun ar-Rachid. Parmi ces premières fondations se trouvent une mosquée, deux écoles coraniques, une fontaine et un hôpital pour femmes à côté du marché aux femmes esclaves de Constantinople[9].

Descendance

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Roxelane a six enfants :

  • Cinq fils :
    • le premier, Mehmet (1521-1543), mourut jeune de maladie,
    • le second, Abdullah (1523-1526), mourut très jeune de maladie,
    • Selim (le futur Selim II) (1524-1574), le troisième, était son élu, car Roxelane pensait qu’il ne devrait pas assassiner ses frères, étant d'un naturel plutôt doux. Morte avant son époux, elle ne verra pas ses plans s'accomplir,
    • le quatrième, Bayezid, (1525-1561),
    • le cinquième, Cihangir (1531-1553), bien que brillant était atteint d’épilepsie ;
  • Une fille, Mihrimah (1522-1578), épouse du grand vizir Rüstem Pacha.

Bayezid et Selim s’affrontèrent contrairement à ce qu’avait supposé leur mère, ce qui amena Bayezid à se réfugier en Perse auprès du Chah. Selim parvient à le faire extrader pour l'assassiner rapidement.

Évocations artistiques

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Roxelane a inspiré aussi bien des peintures qu'une symphonie de Joseph Haydn, un opéra de Denys Sichynsky, un ballet, des pièces de théâtre, des romans, principalement en ukrainien, mais aussi en anglais, français ou allemand.

Littérature

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Dans son Dialogue des morts publié en 1683, Fontenelle imagine une conversation entre Roxelane et Agnès Sorel au cours de laquelle elles comparent leurs stratégies sentimentales et maritales respectives[10].

Robert E. Howard se sert de Roxelane comme MacGuffin motivant le personnage de Sonya la Rousse dans sa nouvelle L'Ombre du Vautour, publiée dans The Magic Carpet Magazine en 1934[11].

Elle a inspiré le roman de Catherine Clément La Sultane, Paris, Grasset, 1981.

Isaure de Saint Pierre a écrit la biographie de Roxelane, dans La Magnifique (Albin Michel, 2002)

Elle est le personnage principal d'une série de manga, Yume no Shizuku, Ougon no Torikago de Shogakukan, sortie en 2010.

Bande dessinée

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  1. volume 1, 2020 (ISBN 978-2-413-01030-2) (BNF 46546030)
  2. volume 2, 2021 (ISBN 978-2-413-01029-6) (BNF 46729511)

Cinéma

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L'actrice Megan Gale incarne Roxelane dans Trois mille ans à t'attendre.

En 2022, Roxelane apparaît dans le film fantastique Trois mille ans à t'attendre. Dans ce dernier, Roxelane est incarnée par l'actrice australienne Megan Gale[12],[13].

Télévision

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Roxelane fait partie des personnages principaux de la série télévisée Muhteşem Yüzyıl (« Le Siècle magnifique ») qui se déroule à la cour du sultan Soliman le Magnifique[14].

Ludovica Tua de la chaîne suisse RTS décrit la série comme une sorte de « soap opera » historique axée sur les relations sentimentales et les intrigues de la cour, et notamment sur la relation entre Soliman et Roxelane[14].

Dans la série, Roxelane est interprétée par l'actrice turco-allemande Meriem Uzerli[15].

Hommages

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Le bain turc Bains Sainte-Sophie Hurrem Sultan qu'elle a fondé est nommé en son honneur.

Bibliographie

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  • Frédéric Hitzel, « Roxelane, le grand amour du sultan Soliman », Histoire & civilisations,‎ , p. 66-79.
  • Renaud K., Les 101 grandes femmes de l'Islam, Paris, Sarrazins, , 397 p. (ISBN 2262024812), p. 245-247.

Notes et références

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  1. Galina Yarmolenko, « Roxolana in Europe » dans Roxolana in European Literature, History and Culture, 2010, p. 49.
  2. J. de Hammer, Histoire de l'Empire ottoman depuis son origine jusqu’à nos jours, vol. 5, Paris, 1836, p. 487.
  3. (en) Christine Woodhead, « Selīm II », dans C.E. Bosworth, E. van Donzel and W.P. Heinrichs (éds.), Encyclopædia of Islam, vol. IX, Leiden, Brill, (ISBN 90 04 10422 4), p. 131
  4. Peirce 1993, p. 58.
  5. Du persan خرم - Khurram, « La Joyeuse ».
  6. Peirce 1993, p. 61-62.
  7. Galina Yarmolenko, « Roxolana in Europe » dans Roxolana in European Literature, History and Culture, 2010, p. 25.
  8. Peirce 1993, p. 62.
  9. a et b Jean-Michel Normand, « « Sexe et pouvoir » : Roxelane, l’esclave chrétienne devenue diplomate de l’Empire ottoman », sur Le Monde, (consulté le )
  10. Œuvres de Fontenelle : des Académies française, des Sciences, des Belles-Lettres, de Londres, de Nancy, de Berlin et de Rome, De Fontenelle (Bernard Le Bovier), publié par Jean-François Bastien, 1790, pages 180-185.
  11. Sonya y affirme que Roxelane est sa sœur.
  12. « Trois mille ans à t'attendre », sur Internet movie database (consulté le )
  13. « Trois mille ans à t'attendre », sur Télé Poche (consulté le )
  14. a et b Ludovica Tua, « "Le Siècle magnifique", soap opera inspiré par la vie de Soliman Ier - Décryptage d'une série turque culte », sur RTS,
  15. « Muhtesem Yüzyil », sur Internet movie database (consulté le )

Voir aussi

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Sur les autres projets Wikimedia :

  • David Chataignier, « Roxelane on the French Tragic Stage (1561-1681) », dans Fortune and Fatality: Performing the Tragic in Early Modern France, éd. Desmond Hosford and Charles Wrightington (Newcastle-Upon-Tyne: Cambridge Scholars Publishing, 2008), p. 95-117.

Article connexe

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Liens externes

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