Pharmacie
La pharmacie (du grec ancien : φάρμακον / phármakon signifiant à la fois « remède » et « poison ») est la science s'intéressant à la conception, au mode d'action, à la préparation et à la dispensation de médicaments. Cette dispensation prend en compte les interactions médicamenteuses possibles entre les molécules chimiques ou bien encore, les interactions avec des produits comestibles. Elle permet également la vérification des doses et/ou d'éventuelles contre-indications. C'est à la fois une branche de la biologie, de la chimie et de la médecine.
Le terme « pharmacie » désigne également une officine, soit un lieu destiné à l'entreposage et à la dispensation de médicament. Ce lieu est sous la responsabilité d'un pharmacien qui peut y fabriquer des préparations magistrales ordonnées par un médecin pour un patient donné et superviser le travail des préparateurs en pharmacie entre autres en France ou des assistants techniques en pharmacie au Canada. La dispensation des médicaments dans une officine de pharmacie se fait sous l'entière responsabilité du pharmacien, que ce soient des médicaments délivrés sur prescription médicale ou non.
Au sein de l'officine, le pharmacien peut également faire le suivi de la médication du patient, substituer un princeps (ou médicament original) par un générique, adapter les posologies, renouveler les traitements des pathologies chroniques et proposer des modifications de thérapeutique en accord avec le médecin. Un dialogue entre ces deux professionnels de la santé est essentiel à la santé publique.
Histoire de la pharmacie
modifierL'histoire de la pharmacie débute un peu plus tard que celle de la médecine alors que les médecins de l'époque utilisaient des méthodes peu communes de nos jours pour « rétablir les humeurs » présentes dans le corps.
L'ancêtre du pharmacien, l'apothicaire est repéré dès 2600 av. J.-C. à Sumer où des textes médicaux, mêlés à des incantations religieuses[1], sont attestés sur deux tablettes d'argile dont les cunéiformes mentionnent des symptômes, des prescriptions et des conseils pour les combiner. La plus ancienne compilation de substances médicales est le Sushruta Samhita, traité indien ayurvédique écrit par le chirurgien Sushruta au VIIe siècle av. J.-C. Le Papyrus Ebers et le papyrus Edwin Smith de l'Égypte ancienne, écrits autour de 1500 av. J.-C., contiennent une collection de prescriptions et médicaments[2]. En Grèce antique, Dioscoride écrit son traité De materia medica vers 60 apr. J.-C. qui fournit une base scientifique et critique aux pharmacopoles, droguistes qui fabriquent et vendent leurs produits chimiques aux médecins (les plantes médicinales sont quant à elles préparées par des herboristes)[3]. Outre ces pharmacopoles existent de nombreux métiers parapharmaceutiques dans le monde gréco-romain : murépsoï (bouilleur de myrrhe), pèméntarioï (préparateur), rizotomoi (coupeur de racines), pigmentarius (droguiste pigmentaire), aromatarii (parfumeurs ou épiciers), etc.[4].
En Chine ancienne, les alchimistes ont été des pionniers, ils transformaient à l'aide de dosages minutieux des poisons souvent mortels en médicaments soulageant la douleur ou sources de guérison. Shennong, le héros civilisateur de la mythologie chinoise, est réputé avoir goûté de nombreuses substances pour tester leurs vertus médicinales, à la suite de quoi il a écrit une des premières pharmacopées incluant 365 remèdes issus de minéraux, plantes, animaux.
Au cours du Moyen Âge, la profession d'apothicaire prend de l'importance, se constituant en corporations[5]. La déclaration royale du 25 avril 1777 considère la Pharmacie comme « art précieux à l’humanité », lui donnant sa totale indépendance à la corporation des apothicaires sous la forme du « Collège de Pharmacie », futur Académie nationale de pharmacie[6]. Au début du XXe siècle, il n'y avait qu'une douzaine de molécules chimiques avec une centaine de produits naturels alors qu'au début du XXIe siècle, nous avons plusieurs centaines de molécules chimiques et que très peu de remèdes courants de source exclusivement naturelle[3].
Henriette Mazot est la première femme française interne en pharmacie[7].
Différents types de pratique de la pharmacie
modifierIl existe de nombreuses spécialisations possibles pour le pharmacien, à titre d'exemple :
Liste des disciplines des sciences pharmaceutiques
modifierÉconomie des officines de pharmacie en France
modifierLa France compte 22 094 officines pharmaceutiques[8] et selon le dernier recensement de la Drees (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques), au 1er janvier 2014, la France compterait 73 598 pharmaciens (tous secteurs), dont 1 668 dans les départements d'outre-mer. La Drees comptabilise ainsi 53 822 pharmaciens d’officine. C'est en Île-de-France que l’on trouve le plus grand nombre d’officinaux : 4 467 titulaires ou gérants d’officine et 5 099 adjoints et remplaçants d’officine[9].
En 2008, le monopole de la vente de médicament dont bénéficient les officines est de plus en plus attaqué, mais la vente de médicaments en dehors d'une pharmacie reste interdite et passible de poursuites pour exercice illégal de la pharmacie. En France, le rapport Attali recommande en 2008 la vente de médicaments sans ordonnance en dehors des pharmacies, une recommandation qui ne devrait toutefois pas être appliquée[9] (cf sur ce site : l'exemple du paracétamol - en pharmacie en France, en libre accès en Grande-Bretagne - 6 morts par an en France par surdosage, 200 à 300 morts par an en Grande-Bretagne).
Les pharmaciens souhaitent étendre le champ de leurs activités. Ils réclament ainsi une reconnaissance de leur fonction de conseil aux patients et une rémunération pour certains actes, à l'instar de ce qui se passe en Allemagne et en Grande-Bretagne[9]. C'est le cas en France dans le cadre de pilotes limités géographiquement et dans le temps[10],[11], et dans certains cas de manière généralisée (entretiens pharmaceutiques AVK[12], asthme, AOD).
Le chiffre d'affaires moyen d'une officine s'établit à 1,5 million d'euros, en 2008 selon un cabinet d'étude spécialisé[13]. La marge brute d'une officine se répartit en moyenne comme suit[13] :
- vente de médicaments remboursables sous brevet : 67 % des recettes ;
- vente de médicaments remboursables génériques : 13 % des recettes ;
- vente de médicaments sans ordonnance : 6 % ;
- vente de produits de parapharmacie et autres : 14 %.
Législation
modifierEn Europe
modifierL'industrie pharmaceutique laisse progressivement place à une industrie à bas prix. Les autorités publiques européennes offrent désormais des avantages financiers aux médecins, pour inciter la prescription de médicaments moins chers et, ce, sans être en opposition avec la directive 2001/83/CE relative aux médicaments à usage humain. La Cour de justice de l'Union européenne juge dans son arrêt du 22 avril (affaire C-62/09) que « la politique de santé définie par un État membre et les dépenses publiques dans ce domaine ne poursuivent aucun but lucratif ou commercial »[14].
Dans un arrêt de principe rendu le , la Cour de Justice de l'Union européenne a validé le droit des États membres de réserver la propriété des pharmacies aux seuls pharmaciens diplômés et à en restreindre l'implantation (quorum de pharmacies en fonction du nombre d'habitants). Elle estime que cette mesure constitue une restriction au principe de libre-entreprise, mais que « cette restriction peut néanmoins être justifiée par l’objectif visant à assurer un approvisionnement en médicaments de la population sûr et de qualité[15]. »
En France
modifierDepuis 2001 et la loi MURCEF[16], le titulaire d'une pharmacie en France peut ne détenir que 51 % des parts de sa pharmacie montée alors sous la forme juridique SEL (société d’exercice libéral), les 49 % autres détenues par un ou plusieurs pharmaciens déjà installés. Le capital de toute pharmacie en France étant toujours détenu par un ou plusieurs pharmaciens diplômés, jamais par des capitaux extérieurs: investisseurs, fonds de pension, etc.
Illustrations
modifier-
Enseigne en faïence d'une pharmacie en Espagne.
-
Devanture d'une pharmacie à Olomouc, République tchèque.
En raison de sa symbolique, il est courant de voir le serpent représenté dans le logo d'une pharmacie :
- Le serpent est le symbole chthonien par excellence. Il symbolise l'image de la rénovation, puisque cet animal change de peau chaque année.
- Le serpent mais également le bâton d'Asclépios, sont les emblèmes principaux d'Asclépios, dieu de la Médecine. Ce dieu fut foudroyé par Zeus, courroucé d'apprendre que le dieu réussissait à guérir les malades, mais également à ressusciter les morts (Tyndare, Hippolyte, Glocos, en particulier, lui doivent le retour à la vie). Après avoir pris conscience des bienfaits qu'Asclépios avait apportés aux humains, Zeus le plaça parmi les étoiles sous la forme de la constellation du Serpentaire[17].
- Le serpent fait référence à la déesse Hygie, la déesse de la Santé. Or, les œuvres d'art représentent souvent Hygie en train de tenir un serpent. Son rôle est de seconder son père Asclépios dans le but de soulager et de guérir les humains et les animaux. À cette fin, elle leur conseille les régimes et médicaments appropriés à leurs maux[18].
Bibliographie
modifier- Roland Pagès, De l’apothicaire au pharmacien : notes sur l’histoire de la pharmacie en Haute-Loire du XVIe siècle au milieu du XIXe siècle : in Cahiers de la Haute-Loire 1984, Le Puy-en-Velay, Cahiers de la Haute-Loire, .
Notes et références
modifier- Il faut attendre Hippocrate pour que les médicaments soient dissociés du domaine religieux.
- T. Bardinet, Les papyrus médicaux de l’Égypte pharaonique, Fayard, 1995
- Yvan Brohard, Remèdes, onguents, poisons : Une histoire de la pharmacie, éditions de la Martinière, , 220 p. (ISBN 978-2-7324-4993-7 et 2-7324-4993-8)
- Eugène-Humbert Guitard, « Les aspects contrastés du haut Moyen Âge (du IVe – XIe siècles après Jésus-Christ) », Revue d'histoire de la pharmacie, vol. 56, no 195, , p. 13-26
- Mathieu Guerriaud (préf. Pr Eric Fouassier), Droit Pharmaceutique, Issy-les-Moulineaux, Elsevier-Masson, , 264 p. (ISBN 978-2-294-74756-4, présentation en ligne)
- Les origines de l'Académie nationale de pharmacie
- Françoise Salaün, Accueillir et soigner : l'AP-HP, 150 ans d'histoire, Doin, (lire en ligne), p. 252
- « Nombre d'officines », (consulté le )
- Les Echos, 20 février 2008, page 22
- Bernard Virel, « Les pharmaciens veulent dépister vos problèmes de cœur », La voix du nord, , p. 3
- « Risque cardio-vasculaire : 44 pharmacies du Pas-de-Calais offrent un dépistage gratuit », sur www.jim.fr, (consulté le )
- « Avenant n° 1 à la convention nationale pharmaceutique », sur ameli.fr, (consulté le )
- Selon Smart Pharma Consulting in Les Échos, 20 février 2008, page 22
- Pharmacie : Les incitations financières à prescrire des génériques autorisées par la Cour de justice de l'Union européenne
- Communiqué de presse de la Cour de Justice
- MURCEF sur www .legifrance.gouv.fr
- « Asclépios, le symbole du serpentaire »
- Joël Schmidt, Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, Paris, Larousse, , 366 p. (ISBN 9-782035-936318), p. 177
Voir aussi
modifierArticles connexes
modifier- Société d'histoire de la pharmacie
- Pharmacien
- Préparateur en pharmacie
- Pharmacie en ligne
- Apothicaire
- Industrie pharmaceutique
- Médicament
- Pharmacologie
- Fédération internationale pharmaceutique
- Fédération internationale des étudiants en pharmacie
- Liste de pharmaciens célèbres
- croix verte
- Sukunahikona-jinja
Liens externes
modifier
- Ressources relatives à la santé :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
Sites au contenu encyclopédiques
modifierSites institutionnels
modifierFrance
modifier- Académie nationale de Pharmacie.
- Ordre National des Pharmaciens.
- Association pour le Développement de l'Internet en Pharmacie (ADIPh).
- Association Nationale des Étudiants en Pharmacie de France (ANEPF)
Belgique
modifierQuébec
modifier- Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ).
- Association des Pharmaciens en Établissements de Santé du Québec (APES).
- Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP).