Olivier Blanchard
Olivier Jean Blanchard (Français : [blɑ̃ʃaʁ] ; né le 27 décembre 1948) est un économiste français renommé, principalement connu pour ses contributions à la macroéconomie[1]. Actuellement, il occupe le titre de Professeur émérite Robert M. Solow d’économie au Massachusetts Institute of Technology (MIT), est professeur à l’École d’économie de Paris et Senior Fellow au Peterson Institute for International Economics[2].
Économiste en chef Fonds monétaire international | |
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Société d'économétrie () Académie américaine des arts et des sciences Brookings Papers on Economic Activity (en) |
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Distinctions | Liste détaillée Membre associé de la Société d'économétrie () Prix John-von-Neumann () Lauréats Clarivate des chercheurs les plus cités (en) () Docteur honoris causa de l'université de Gand () Officier de la Légion d'honneur () Commandeur de l'ordre national du Mérite () Membre de l'Académie américaine des arts et des sciences |
Considéré comme l'un des meilleurs macroéconomistes au monde, il est décrit par le Washington Post comme l'un des économistes les plus brillants de sa génération et l'un des plus influents[3].
Éducation et carrière
modifierBlanchard est né à Amiens, en France. Son père était neurologue et sa mère psychiatre. Blanchard affirme qu'il a été attiré par l'économie en raison des protestations étudiantes en France en 1968, qui ont montré l'importance de l'économie pour le bien-être social et l'attrait de traiter les problèmes par des méthodes quantitatives[4].
Il a obtenu un diplôme en économie à l'Université de Nanterre en 1972 et, en 1973, il a déménagé aux États-Unis. Il a obtenu son doctorat au MIT en 1977, sous la direction de Stanley Fischer et Robert Solow. Il a été professeur assistant puis professeur associé à Harvard de 1977 à 1983, année où il est retourné au MIT[5].
En 1985, il est devenu professeur titulaire, en 1994, il a été nommé classe de 1941 professeur jusqu'en 2010, puis Robert Solow professeur de 2010 à 2020. Depuis, il est Robert Solow professeur émérite. Il a également été chef du département d'économie de 1998 à 2003[6].
En 2008, il a pris un congé du MIT pour devenir économiste en chef du Fonds monétaire international, où il est resté jusqu'en 2015. En 2015, il est devenu chercheur principal à l'Institut Peterson pour l'économie internationale. En 2023, il est retourné en France et a rejoint l'École d'économie de Paris, tout en restant chercheur principal à l'Institut Peterson[2].
Tout au long de sa carrière, Blanchard a été le mentor de nombreux étudiants de renom, dont David Laibson, Tobias Adrian, Laurence M. Ball, Roland Bénabou, Ricardo J. Caballero, et Pierre-Olivier Gourinchas[2].
Blanchard est marié à Noelle Blanchard et a trois filles : Marie, Serena et Julia[7].
Contributions à la recherche
modifierFaisant partie des scientifiques français les plus prolifiques avec une quinzaine d'ouvrages et plus de 150 articles, il a notamment écrit, avec Stanley Fischer, un manuel de macroéconomie de référence, Lectures in Macroeconomics. Il a également ecrit une version plus simple, Macroeconomics, qui est le manuel de macroeconomie le plus vendu dans le monde, et dont la version française est cosignée avec Daniel Cohen[4],[8].
Selon RePEc, Olivier Blanchard a publié plus de 150 articles dans des revues à comité de lecture. Il totalise plus de 130 000 citations et son indice h est de 68[9],[10]. La revue dans laquelle il a le plus publié (25 articles) est l'American Economic Review[10]. En 2022, il fait partie des 20 des économistes les plus cités au monde[11].
À la suite de la crise de 2008, Blanchard a été obligé de réviser son jugement sur l'état de la théorie macroéconomique (qu'il jugeait alors bon[12] dans un article devenu célèbre depuis) et a procédé à une certaine autocritique de ses idées et de ses ouvrages passés, en particulier Macroeconomics. Il a notamment critiqué les modèles OG-DG et IS-LM[13].
L'un des problèmes qu'il soulève tient notamment au fait que ces modèles reposent sur l'hypothèse d'une monnaie exogène ce qui est largement contredit par les faits[14]. Il propose ainsi de ne plus enseigner le modèle OG-OD même en licence et de démanteler IS-LM pour n'en garder que la partie pertinente du modèle pour décrire nos économies[15],[16].
Recherche
modifierBlanchard est l’un des chefs de file de la nouvelle économie keynésienne, une approche de la macroéconomie qui reprend et étend la vision générale de Keynes et accorde un rôle majeur aux mouvements de la demande globale dans les fluctuations économiques. Ses travaux couvrent des recherches théoriques, empiriques et politiques[17].
Avec Nobu Kiyotaki, il a développé des fondements microéconomiques pour le rôle des rigidités des prix nominaux dans un modèle d’équilibre général avec concurrence monopolistique, un cadre qui a influencé de nombreux modèles ultérieurs[18]. Il a également collaboré avec Charles Kahn pour dériver des solutions aux modèles linéaires avec anticipations rationnelles[19]. Parmi ses contributions, on note l'analyse des co-mouvements entre les prix des actifs et l’activité économique sous anticipations rationnelles[20], et l’identification des chocs d’offre et de demande, avec Danny Quah, via des restrictions à long terme dans une représentation VAR[21]. Il a aussi exploré les bulles financières et leur impact sur les marchés, avec Mark Watson[22].
Politique monétaire
modifierBlanchard est reconnu pour ses études sur la politique monétaire et fiscale, notamment les implications des rigidités salariales sur les fluctuations économiques, en collaboration avec Jordi Galí[23]. Il a plaidé pour un objectif d’inflation plus élevé afin d’éviter les limites imposées par les taux d’intérêt proches de zéro[24].
Politique budgétaire
modifierIl a étudié les effets des variations des dépenses publiques et des impôts sur la production, en collaboration avec Roberto Perotti[25], et exploré les effets des faibles taux d'intérêt sur la dette publique[26].
Marchés du travail
modifierDans le domaine des marchés du travail, il a analysé l'hystérèse en collaboration avec Lawrence Summers[27], et étudié la courbe de Beveridge avec Peter Diamond[28].
Changement structurel et transition économique
modifierBlanchard a examiné les transformations économiques de moyen terme et participé à la transition des économies post-communistes vers le marché[29].
Sur l’évolution de la théorie et de la politique macroéconomiques
modifierBlanchard a publié plusieurs travaux évaluant les progrès et limites de la macroéconomie moderne, en particulier après la Crise financière mondiale de 2007-2008[30].
Fonds monétaire international
modifierBlanchard a rejoint le FMI en tant qu'économiste en chef en septembre 2008, juste avant la crise financière mondiale. Pendant son mandat, il s'est concentré sur la crise financière mondiale et la crise de l'euro, et a soutenu l'adoption de politiques de stimulation fiscale mondiale et de politiques monétaires non conventionnelles telles que l'assouplissement quantitatif. De plus, il a révisé la position du FMI sur les contrôles de capitaux et l'impact de l'inégalité sur la croissance soutenue.(IMF WP/13/1)[31],[32]
Membre
modifierIl a été membre du Conseil d'analyse économique, de 1997 à 2008, auprès de l'ancien Premier ministre français, Lionel Jospin[33].
Blanchard a été vice-président (1995/1996), puis President (2019/2019) de la plus importante association d'économistes en Amérique du Nord, l'American Economic Association.[réf. nécessaire][34]. Il est membre de la Société d'économétrie et de l'Académie américaine des arts et des sciences. Il Il a agi à titre de conseiller économique pour de nombreux s pays et organismes nationaux et internationaux[35].
Il est Senior Fellow au Peterson Institute for International Economics, depuis son départ du FMI en octobre 2015
En mai 2020, il a ete choisi par le président de la république pour réunir avec Jean Tirole une commission de 26 économistes chargés de faire des propositions concernant le Climat, les inégalités et la démographie[36].
Prises de position dans le débat public
modifierEn 2003, il propose avec Jean Tirole une taxe sur les licenciements consistant à moduler les contributions des entreprises à l'assurance chômage en fonction du taux de licenciement afin de responsabiliser les entreprises. Parallèlement, les auteurs proposent de supprimer le CDD et le CDI pour les remplacer par un contrat de travail unique avec une augmentation progressive des droits des salariés en fonction de l'ancienneté[37].
En juin 2021, avec Jean Tirole, il remet un rapport à Emmanuel Macron qui soutient que la taxation de l’héritage en France ne contribue pas suffisamment à la réduction des inégalités. Le rapport est suivi par une proposition de réforme. L'Obs rappelle par ailleurs que cet impôt est déjà le plus impopulaire de tous les impôts[38].
Orientation politique
modifierProche du Parti socialiste français, il se définissait en 2008 « très à gauche en 1968 avant de devenir social démocrate en apprenant l'économie et attendu 20 ans que le Parti socialiste ne le devienne[4] ».
Il a néanmoins apporté son soutien à Nicolas Sarkozy (UMP) dans la campagne présidentielle de 2007 en France[39], mais a critiqué par la suite certaines mesures du paquet fiscal[40].
En , il se déclare « macroniste », saluant les premières réformes du président français[41].
En juin 2024, en amont des élections législatives françaises anticipées, Olivier Blanchard publie une tribune dans Le Point avec Jean Tirole, dans laquelle ils relèvent trois incohérences dans le programme économique du Rassemblement national : (1) baisse des recettes et hausse des dépenses alors que le déficit public de la France est déjà trop élevé, (2) politique économique protectionniste à l'échelle nationale et européenne, et (3) absence de proposition pour relancer la croissance[42]. Cependant, Olivier Blanchard estime que le programme économique de la coalition des gauches (Nouveau Front populaire) est encore plus dangereux que celui du RN[43]. Olivier Blanchard publie une seconde tribune en juin 2024 dans le magazine Challenges où il qualifie le programme du NFP de « cohérent mais très dangereux ». Il en attaque en particulier l'augmentation du SMIC prévue dans le programme du NFP qui « détériorerait la compétitivité » de la France[44],[45].
Œuvres
modifierLivres
modifier- avec Daniel Cohen, Macroéconomie, Pearson, 8e édition, 2020
- avec Charles Wyplosz et Jean Pisani-Ferry, L'Europe déclassée, Flammarion, 2005
- The Economics of Post Communist Transition, 1997, ed. Oxford University Press
- Macroeconomics, Global Edition, Pearson, 2020 (8e édition)
- La desinflation competitive, le mark et les politiques budgetaires en Europe, éditions du Seuil, 1991
- avec Stanley Fischer, Lectures On Macroeconomics, The Mit Press, 1989
Rapports
modifier- avec Jean Tirole, rapport pour le Conseil d’Analyse Economique : La Protection de l’Emploi, La Documentation française, 2003
- avec Jean-Paul Fitoussi, Rapport au Conseil d’Analyse Economique : Croissance et Chômage, La Documentation Française, 1998
- (Rapport Camdessus) « Le Sursaut. Vers une nouvelle croissance pour la France », La Documentation Française, 2004
- Avec Dani Rodrik, Jean Tirole, Rapport sur les grands défis économiques de la Commission sur les grands défis économiques, remis à Emmanuel Macron en juin 2021.
Préfaces
modifier- Préface du livre de Pierre Cahuc et Andre Zylberberg, Chômage: Fatalité ou nécessité ?”, Livre de Poche, 2005
- Préface du livre de Agnès Benassy-Quéré, Benoît Cœuré, Pierre Jacquet, Jean Pisani-Ferry, Politique Economique, Éditions De Boeck et Larcier, 2004
Commentaires sur des rapports
modifier- Commentaire sur le rapport de J.P. Fitoussi, Olivier Passet et Jacques Freyssinet, Réduction du chômage : les réussites en Europe, Conseil d’Analyse Economique, La documentation française, 2000
- Commentaire sur le rapport de Jean Pisani-Ferry, Le retour au plein emploi, Conseil d'Analyse economique, La documentation française, 2000
Distinctions
modifier- Nombreux doctorats honorifiques
- Tjalling Koopmans Efact Award, 2006
Décorations
modifier- Officier de la Légion d'honneur , le 21 mai 2021[46].
Notes et références
modifier- « FMI: Résultats de la collection en langue française ».
- (en) « Olivier Blanchard », sur PIIE, (consulté le ).
- Steven Pearlstein, The smartest economist you’ve never heard of, washingtonpost.com, 3 octobre 2015.
- Alain Faujas, « Olivier Blanchard, un pédagogue de l'économie mondiale », Le Monde, (lire en ligne)
- ESCP Europe Alumni, « ESCP Europe Alumni - Hall of Fame », sur www.escpeuropealumni.org (consulté le ).
- « Olivier Blanchard, professeur d'économie au MIT - EuropUSA », EuropUSA, (lire en ligne, consulté le )
- Source :CV d'Olivier Blanchard sur sa page personnelle au MIT.
- Olivier Blanchard et Lawrence Summers, Hysteresis and European Unemployment, dans Stanley Fischer (éditeur), NBER Macroeconomics Annual, MIT Press, septembre 1986, pp. 15-77.
- « Olivier Blanchard on RePEc/IDEAS », sur repec.org (consulté le ).
- http://citec.repec.org/p/b/pbl2.html.
- « Economist Rankings », sur repec.org (consulté le ).
- (en) Olivier J. Blanchard, « The State of Macro », NBER Working Paper, (lire en ligne).
- (en) « How to Teach Intermediate Macroeconomics after the Crisis? », sur The Peterson Institute for International Economics, (consulté le ).
- « Banques, monnaie et activité économique : les idées de base », sur autisme-économie, (consulté le ).
- « IS-LM et OG-DG : Blanchard se rebiffe… », sur autisme-économie, (consulté le ).
- Entretien avec EUROPUSA, septembre 2002
- « Press Release: IMF Managing Director Christine Lagarde Appoints Maurice Obstfeld as Economic Counsellor and Director of the IMF’s Research Department », sur www.imf.org (consulté le )
- Olivier Jean Blanchard et Nobuhiro Kiyotaki, « Monopolistic Competition and the Effects of Aggregate Demand », The American Economic Review, vol. 77, no 4, , p. 647–666 (ISSN 0002-8282, lire en ligne, consulté le )
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- Olivier J. Blanchard, « Output, the Stock Market, and Interest Rates », The American Economic Review, vol. 71, no 1, , p. 132–143 (ISSN 0002-8282, lire en ligne, consulté le )
- (en) Olivier Jean Blanchard et Danny Quah, « The Dynamic Effects of Aggregate Demand and Supply Disturbances », American Economic Review, vol. 79, no 4, , p. 655–673 (lire en ligne, consulté le )
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- Olivier Blanchard et Roberto Perotti, « An Empirical Characterization of the Dynamic Effects of Changes in Government Spending and Taxes on Output », The Quarterly Journal of Economics, vol. 117, no 4, , p. 1329–1368 (ISSN 0033-5533, lire en ligne, consulté le )
- (en) Olivier Blanchard, « Public Debt and Low Interest Rates », American Economic Review, vol. 109, no 4, , p. 1197–1229 (ISSN 0002-8282, DOI 10.1257/aer.109.4.1197, lire en ligne, consulté le )
- "Hysteresis and the European Unemployment Problem"
- Olivier Jean Blanchard et Peter Diamond, « The Flow Approach to Labor Markets », The American Economic Review, vol. 82, no 2, , p. 354–359 (ISSN 0002-8282, lire en ligne, consulté le )
- « The Economics of Post-Communist Transition », sur global.oup.com (consulté le )
- (en-US) « What Have We Learned? », sur MIT Press (consulté le )
- « Olivier Blanchard -- Biographical Information », sur www.imf.org (consulté le )
- (en-US) Prakash Loungani, « The Frenchman Who Reshaped the IMF », sur The Globalist, (consulté le )
- Site du Conseil d'analyse économique.
- (en) American Economic Association, « Past Vice-Presidents », sur American Economic Association (consulté le ).
- Alain Faujas, « La "vraie-fausse erreur" du FMI », Le Monde, (lire en ligne).
- « The major future economic challenges, by Olivier Blanchard and Jean Tirole », sur www.strategie.gouv.fr (consulté le )
- Jean Tirole et Olivier Blanchard, Protection de l’emploi et procédures de licenciement, La Documentation Française, (lire en ligne).
- Sophie Fay, Mieux taxer l’héritage : la proposition phare de Tirole et Blanchard pour réduire les inégalités, nouvelobs.com, 23 juin 2021.
- Olivier Blanchard, « Pourquoi je voterai Sarkozy », sur Telos, (consulté le ) .
- Olivier Blanchard, Pierre Cahuc et André Zylberberg, « Détaxation coûteuse et aléatoire », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
- Olivier Blanchard, interviewé par Bertille Bayart et Fabrice Nodé-Langlois, « Olivier Blanchard : "La crise de 2008 a été un coup de massue" », Le Figaro, encart « Économie », samedi 18 / dimanche 19 novembre 2017, page 24.
- Olivier Blanchard et Jean Tirole, « Les trois impostures économiques du RN », sur Le Point, (consulté le )
- « Législatives 2024 : le ton commence à monter aussi entre les économistes », sur Les Echos, (consulté le ) : « L'ancien chef économiste du FMI, Olivier Blanchard, a jugé sur X que le programme du Nouveau Front populaire était « plus dangereux » que celui du Rassemblement national , avec un long développement à la clef. Olivier Blanchard, qui se revendique social-démocrate, souligne l'aspect confiscatoire des mesures proposées, à la différence d'un programme de gauche qui viserait la redistribution tout en préservant les incitations à la création de richesse. »
- « Nouveau Front Populaire : l'économiste Olivier Blanchard dénonce un programme « dangereux » », sur Challenges, (consulté le )
- « Non, l'austérité n'est pas une "erreur de calcul" du FMI », sur Classe éco, (consulté le ).
- https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000043522969.
Liens externes
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