Nymphée
Un nymphée (en grec ancien : νυμφαῖον / nymphaîon ; en latin : nymphēum) est un bassin recevant une source considérée à l'origine comme sacrée. Elle devient une fontaine publique monumentale dans la Rome antique, où elle se distingue de la « fontaine à bouche »[Note 1] qui n'a pas de dimension décorative[1].
Époque pré-romaine
modifierÀ l'origine, c'est un sanctuaire dédié aux nymphes. Les nymphes étaient des créatures mythologiques subalternes associées aux sources, aux bois, aux montagnes et autres éléments naturels. À cette époque, le nymphée prenait généralement la forme d'une grotte naturelle ou artificielle (dans ce cas construite et ornée d'un décor de rocailles) abritant une source.
Plus tard, mais toujours dans un contexte cultuel, le nymphée désigne spécifiquement le bassin accueillant une source sacrée, localisé dans une construction appelée le sanctuaire de source et associée ou non à un nemeton pour le monde celte ou un fanum pour le monde romain. Ces établissements se développent souvent autour d'une source présentant des qualités thérapeutiques.
Ces nymphées reçoivent fréquemment des offrandes votives ou des ex-votos de formes diverses dont au moins un élément rappelle le souhait de la personne qui l'offre. Ces offrandes peuvent nous renseigner sur le site lui-même. Ainsi dans le nymphée polylobé[3],[Note 3] de la ville d'eau antique Aquis Segeste, dont l'eau était ferrugineuse[4] (la source a depuis été comblée), on a retrouvé un ex-voto fait d'une plaque de marbre gravée, dont le texte indiquait le nom de la divinité remerciée, ce qui a permis de clore le long débat sur la double question à la fois de la localisation de l'Aquis Segeste sénone et sur la forme à donner au nom de la ville, qui avait agité les spécialistes de la question pendant plus de cent cinquante ans.
Époque romaine
modifierÀ l'époque romaine, le nymphée devient une fontaine publique monumentale, ornée de sculptures et de jeux d'eau. Il se compose d'un ou plusieurs bassins entourés d'une façade ornementale à étages multiples. On retrouve également des nymphées en contexte privé, à Pompéi et à Herculanum notamment.
Les nymphées de la Renaissance
modifierLa Renaissance voit un regain d’intérêt culturel pour l'Antiquité. Les villas de Toscane (en Italie) agrémentent leurs parcs de grottes artificielles décorées, comme à l’origine, de rocaille. On y place des statues de nymphes (d'autres grottes sont dédiées à d'autres divinités), des bassins et des jets d'eau. Cette mode essaime dans toute l'Europe pendant deux siècles[5].
Quelques nymphées célèbres
modifier- Un nymphée public antique, le Septizodium à Rome.
- Nymphée antique de la fontaine de Nîmes, réaménagé au XVIIIe siècle.
- Un nymphée gallo-romain dans la cour d'honneur du château de Cazeneuve à Préchac, auquel on accède par le puits au milieu de la cour d'honneur, qui est relié par un escalier à 14 mètres de profondeur.
- Un nymphée Renaissance, celui de la villa Giulia de Rome.
- La villa Visconti Borromeo Arese Litta (it), dans la banlieue de Milan, possède un nymphée monumental conçu par l'architecte Martino Bassi et construit entre 1585 et 1589 pour Pirro I Visconti Borromeo (it). L'édifice est orné de statues, de mosaïques, de grotesques et d'autres œuvres rappelant le classicisme romain, rempli de fontaines et d'inventions du génie hydraulique capables de surprendre et de divertir les invités.
- Un nymphée XVIIe : celui du château de Gerbéviller, qui fait actuellement l'objet d'une campagne de restauration. Un autre à Viry-Châtillon dans l'Essonne.
- Un nymphée XVIIIe : dans le parc de Reynerie à Toulouse.
- Un nymphée XVIIIe : propriété communale depuis le 9 novembre 2021 à Chatou (Yvelines), daté de 1777 et conçu par Soufflot. Monument historique depuis 1952, vestige du décor du parc du ministre Henri Léonard Jean Baptiste Bertin.
- Un nymphée moderne : la fontaine de Trevi à Rome.
Galerie
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Nymphée privé, triclinium d'été de la maison de Neptune et Amphitrite, Herculanum, Italie.
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Nymphée dans un jardin renaissance, villa d'Este, Tivoli, Italie.
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Nymphée Renaissance, château de Tanlay, France.
Notes et références
modifierNotes
modifier- Appelée aussi « fontaine à gargouille » ou lacus en latin, il s'agit d'un simple bassin quadrangulaire alimenté par une bouche.
- À l'auguste déesse Segeta, T. Marius Priscinus s'est acquitté de son vœu de bonne grâce : Maria Sacra, sa fille, a pris soin de le réaliser.
- Le nymphée d'Aquis Segeste est le seul nymphée polylobé antique en France.
Références
modifier- Sandrine Agusta-Boularot, « Le lacus de la rue romaine : un exemple de "mobilier urbain" antique ? », dans Pascale Ballet, Nadine Dieudonné-Glad, Catherine Saliou, La rue dans l'antiquité, Presses universitaires de Rennes, , p. 93-95
- Segeta (‘Victory’), thèse universitaire Lyon II. Inscription complétée : Aug(ustae) deae Segetae T(itus) Marius Priscinus v(otum) s(olvit) l(ibens) m(erito) efficiendum curau(i)t Maria Sacra fil(ia). Le donateur porte le tria nomina (trois noms) des citoyens de Rome ; et sa fille porte des noms latins.
- J.-F. Bradu, professeur agrégé histoire-géographie (Orléans), « Aquis Segeste : le sanctuaire de l'eau : le nymphée », sur jfbradu.free.fr (consulté le ).
- F. Dumasy, « Les théâtres ruraux des Carnutes et des Sénons : leur implantation et leurs rapports avec la Civitas », Revue archéologique du Centre de la France, vol. 13, nos 13-3-4, , p. 202 (lire en ligne).
- Hervé Brunon, L'Imaginaire des grottes dans les jardins européens, Paris, Hazan, , 400 p. (ISBN 9782754104890).
Annexes
modifierArticles connexes
modifierLiens externes
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- Ressource relative aux beaux-arts :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :