[go: up one dir, main page]

Mytilène

ville de l'île de Lesbos (Grèce)

Mytilène (en grec moderne : Μυτιλήνη / Mytilíni ; en grec ancien : Μυτιλήνη / Mutilếnê ou Μιτυλήνη / Mitulếnê[2] ; en turc : Midilli) est la principale ville de Lesbos, l'île grecque de la mer Égée souvent aussi appelée Mytilène du nom de sa capitale. Elle constitue le siège du dème de Mytilène depuis le programme Clisthène I de 2019[3].

Mytilène
(el) Μυτιλήνη
Mytilène
Administration
Pays Drapeau de la Grèce Grèce
Périphérie Égée-Septentrionale
District régional Lesbos
Dème Mytilène
Démographie
Gentilé Mytilénien
Population 28 879 hab. (2001[1])
Géographie
Coordonnées 39° 06′ nord, 26° 33′ est
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Grèce
Voir sur la carte topographique de Grèce
Mytilène
Géolocalisation sur la carte : Grèce
Voir sur la carte administrative de Grèce
Mytilène

Elle est bâtie sur la pointe sud de l'île, à proximité de la côte turque.

Les habitants sont les Mytiléniens ou, plus rarement, les Mytilènes.

Histoire

modifier

Antiquité : les Grecs

modifier

Mytilène est, dès l'Antiquité, la principale cité de Lesbos. Elle est peuplée d'Éoliens venus de Thessalie et de Béotie au cours du XIe siècle av. J.-C. Avant la fin du VIIIe siècle av. J.-C., elle participe activement à la colonisation grecque, en particulier vers la Troade, l'Hellespont et la Thrace ; elle envoie également des colons à Naucratis[4]. Elle est dominée par deux genoi (clans) aristocratiques, les Penthilides, des Atrides descendants du légendaire roi Penthilos, fils d'Oreste, et les Cléanactides. La cité est d'abord gouvernée par un roi, puis par une assemblée oligarchique. Au VIIe siècle av. J.-C., elle est gouvernée par le tyran Mélanchros, qui finit assassiné, puis par le tyran Myrsilos[4] qui place les autres cités de l'île (Pyrrha, Antissa et Érésos) sous son autorité, sauf Méthymne. Au début du VIe siècle av. J.-C., Pittacos, l'un des Sept Sages, est appelé pour gouverner sa cité natale comme aisymnète[5].

Ville natale d'Alcée, elle est alors l'un des centres majeurs de la poésie lyrique illustrée par la poétesse Sappho.

Au VIe siècle av. J.-C., elle passe sous domination perse. Lors de la révolte de l'Ionie, les citoyens lapident le tyran Kôés et participent à la révolte contre les Perses ; en 493, l'île et la ville sont pillées, systématiquement ratissées par les Perses. Libérée au terme des guerres médiques, elle adhère à la Ligue de Délos. Contrairement aux autres alliés d'Athènes, elle ne verse pas de tribut (phoros), mais équipe ses propres trières et envoie ses propres troupes combattre aux côtés des Athéniens[6]. De ce fait, les Mytiléniens se considèrent comme indépendants[7]. La cité aristocratique se révolte en contre l'impérialisme athénien — Thucydide consacre à cet épisode de la guerre du Péloponnèse les cinquante premiers paragraphes de son livre III. La sécession s'étend rapidement à toute l'île ; après un an de siège, la cité doit capituler devant les Athéniens qui, après avoir décrété, à l'initiative de Cléon, la condamnation à mort de toute la population mâle de l'île[8], rapportent ce premier décret avant son exécution pour conclure une alliance et l'installation de clérouques.

Lors de la guerre du Péloponnèse, la flotte lacédémonienne de Callicratidas bloque la flotte athénienne de Conon dans le port, puis l'oligarchie prend en main le gouvernement de la cité jusqu'en 390 quand la flotte athénienne de Thrasybule soumet l'île. La cité rejoint la confédération, athénienne ().

Vers , le philosophe Aristote s'installe provisoirement à Mytilène où il enseigne. Au début de l'expédition d'Alexandre le Grand, Memnon de Rhodes meurt sous les murs de la ville assiégée pour couper le ravitaillement des troupes macédoniennes ; la ville conquise par les Perses est reprise par l'amiral macédonien Amphotéros (). Après , le philosophe Épicure s'installe un temps et commence à y enseigner.

Liste des tyrans de Mytilène

modifier

Antiquité : les Romains

modifier
 
Vestiges du théâtre de Mytilène (el), qui servit, selon Plutarque, de modèle au théâtre de Pompée à Rome.

Lors de la première guerre du roi du Pont Mithridate VI Eupator, Mytilène capitule devant ses bateaux qui y capturent le consul romain Manius Aquilius Nepos ; en , Lucius Licinius Lucullus emporte la ville d'assaut ; à cette occasion, Jules César y gagne une couronne civique[9]. La ville, dévastée par les Romains, est rebâtie par Pompée qui lui rend sa liberté ; à Rome, Pompée construit le premier théâtre permanent sur le modèle du théâtre hellénistique de la ville (el)[10]. Puis l'empereur Trajan qui adorait la ville, l'embellit. Strabon dit que la ville est « la plus grande de son temps » ; Cicéron et Vitruve retiennent son faste et sa beauté.

En 52 de l'ère chrétienne, Paul de Tarse passe une nuit dans la ville sur le chemin de retour de la Grèce vers la Syrie.

Vers 200 apr. J.-C. a été construit l'aqueduc romain de Mytilène, dont on peut visiter plusieurs sections.

Une partie du roman pastoral Daphnis et Chloé de Longus se déroule dans la campagne autour de la ville.

Moyen Âge : les Byzantins et les Latins

modifier

Au IXe siècle de l'ère chrétienne, l'impératrice Irène l'Athénienne en exil sur l'île, meurt (803) higoumène d'un monastère de la ville qui reçoit de nombreux exilés des empereurs byzantins dont Constantin Monomaque en 1035. Les habitants quittent l'île pour fuir les raids des Sarrasins.

L'île est occupée quelque temps par les Seldjoukides de l'émir Tzachas d’Izmir (1085).

Le périple du rabbin espagnol Benjamin de Tudèle (vers 1161) passe par Mytilène. En 1198, les commerçants de Venise reçoivent l'autorisation impériale de négocier dans le port de la ville ; l'île passe bientôt sous le contrôle économique de la république de Venise.

Au XIIIe siècle, le basileus de Nicée Théodore Lascaris (ou son successeur Jean III Doukas Vatatzès) reprend aux Latins l'île occupée depuis la chute de Constantinople ; à la fin du siècle, l'île est dévastée par les mercenaires catalans.

En 1335, des Turcs aident les Grecs à reprendre (siège de la ville) l'île, propriété de Dominique Cattaneo de Gênes. C'est en 1354 que le basileus Jean V Paléologue cède l'île à son gendre, l'aventurier génois Francisco Gattilusio qui rénove (1373) la forteresse de la ville, la plus grande de l’île.

Époque moderne : les Ottomans

modifier

Le sultan Mehmet II occupe (1462) l'île, dernière possession de la famille génoise, qui reçoit le nom de Mételin. L'année suivante, trois habitants de la bourgade, un prêtre, un moine et la fille du maire âgée de 12 ans, sont martyrisés par les turcs.

En 1501, Venise, les chevaliers de Rhodes et une flotte française de 20 galères sous le commandement de Philippe de Clèves tentèrent, sans succès, de reconquérir l’île[11].

Map of russian navy attack on Mytilene 2-4 november 1771 year. 
Carte de l'attaque navale russe de 1771

Au XVIIIe siècle, Mételin abrite des chantiers navals ottomans. Lors de la révolution d'Orloff, épisode de la guerre russo-turque de 1768-1774, le port est bombardé par la flotte d'Alexeï Orlov (2-4 novembre 1771).

En 1821, la guerre d'indépendance grecque ne nuit pas à sa prospérité, soutenue par de nombreux privilèges ; elle reste sous l'autorité du sultan et sert de base à la flotte ottomane. Elle est le théâtre de la première action navale de la guerre, l'incendie d'un navire turc par un brûlot en baie d'Eressos.

Époque contemporaine : la Grèce moderne

modifier

Le , le croiseur cuirassé grec Georgios Averoff assure le débarquement dans le port d'un millier d'hommes qui repousse la garnison ottomane à l'intérieur de l'île. Après les guerres balkaniques (1916), la ville et l'île rejoignent le royaume indépendant de Grèce.

Le , l'île est occupée par une division d’infanterie allemande.

Personnalités

modifier

Notes et références

modifier
  1. (el + en) « Résultats du recensement de la population en 2001 », 793 ko [PDF]
  2. D'où les deux graphies latines attestées Mytilène ou Mitylène ; la première est préférable et majoritaire dans les éditions ; cf. Gaffiot, Dictionnaire latin-français, 2016 ; Library of latin texts, base Brepolis, consultation du 4.7.2018 ; .
  3. (el) « NOMOΣ ΥΠ’ ΑΡΙΘΜ. 4555 ΦΕΚ Α’ 133/19.07.2018 » [« Loi 4555 FEK A' 133/19.07.2018 »], sur le site kodiko.gr,‎ (consulté le ).
  4. a et b Claude Mossé, La Tyrannie dans la Grèce antique, PUF, coll. « Quadrige », 2004 (1re édition 1969), p. 14.
  5. Aristote, Politique (lire en ligne), III, 1285 a 35 et 38-40.
  6. Thucydide, La Guerre du Péloponnèse [détail des éditions] [lire en ligne], I, 19 et II, 9, 5.
  7. Thucydide, III, 11, 2.
  8. Thucydide, La Guerre du Péloponnèse [détail des éditions] [lire en ligne], III, 35 à 50.
  9. Suétone, Vie de César, II
  10. Plutarque, Vie de Pompée, 42, 9
  11. Pierre Gringore, Ouvrages polémiques rédigés sous le règne de Louis XII, Librairie Droz, 2003

Liens externes

modifier

Sur les autres projets Wikimedia :