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Madonna del Sasso (sanctuaire suisse)

Sanctuaire religieux à Orselina & Muralto, en Suisse.

Le Mont Sacré de la Madonna del Sasso (Sacro Monte della Madonna del Sasso en italien) est un sanctuaire marial de culte catholique romain tenu par les frères mineurs capucins se trouvant entre les communes tessinoises d'Orselina et de Muralto, en Suisse.

Madonna del Sasso
Vue générale du sanctuaire avec l'église Sainte Marie de l'Assomption.
Présentation
Type
Sanctuaire catholique et lieu de pèlerinage comprenant des églises et chapelles, un calvaire, un monastère et un musée.
Partie de
Liste des biens culturels de Orselina (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Culte
Fondation
Diocèse
Style
Religion
Ordre religieux
Occupant
Madonna del Sasso Museum (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Patrimonialité
Site web
Localisation
Pays
District
Commune
Coordonnées
Carte

Le sanctuaire comprend un monastère, deux églises, cinq chapelles, un chemin de croix, un musée et plusieurs autres bâtiments.

Le sanctuaire est le point d'arrivée de l'itinéraire Au cœur des chemins d'Europe, qui relie la Via Francigena et la Via delle Genti.

Localisation

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Le sanctuaire s'étend sur un éperon rocheux de la falaise d'Orselaina au-dessus de la petite vallée creusée par le torrent Ramogna. Son point culminant est la chapelle de la Résurrection, située à 404 mètres d'altitude, et son point le plus bas la chapelle de l'Annonciation, située à 285 mètres d'altitude.

Depuis le contrebas, on accède au sanctuaire par deux chemin partant de la Via al Sasso. C'est ici que se trouve l'église de l'Annonciation, sa sacristie ainsi que le mausolée du frère Bartolomeo Piatti. L'un des chemins devient ensuite un chemin de croix composé de quatorze stations protégées par de petites chapelles. Arrivé au sommet, le chemin de croix passe par un tunnel présent dans le mur de soutènement afin d'arriver au monastère et au musée ainsi qu'à l'église Sainte Marie de l'Assomption[1].

Histoire

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Ordre franciscain

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Premières chapelles

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À la fin du XVe siècle, le moine franciscain du couvent de San Francesco à Locarno[2], Bartolomeo Piatti (1450-1511/1514), décide de s'installer comme ermite au pied de la falaise de la vallée du torrent Ramogna[3]. En 1480, Bartolomeo Piatti ayant vu une apparition de la Vierge Marie à cet endroit, désire y construire un lieu de culte et un sanctuaire[4]. Après l'accord du supérieur général, Francesco Sansone, Bartolomeo Piatti habita sur le lieu de sa vision et y construisit deux chapelles au sommet de la falaise : la Santa Maria Avvocata et la Pietà (cette dernière fut ensuite intégrée au couvent) consacrées en 1487 par Rolando, évêque d'Antarado[5].

En 1497, la falaise d'Orselina est offerte, en donation, aux frères mineurs par la famille Masina del Monte. Cette donation est confirmée le 16 février 1498 par le pape Alexandre VI afin d'y ériger un sanctuaire nommé dès lors Mont Sacré de la Madonna del Sasso (Sacro Monte della Madonna del Sasso)[6].

L'église de l'Annonciation (Santa Maria Annunciata) y est construit entre 1497 et 1499 et est consacrée en 1502[3],[N 1]. Les trois édifices religieux sont alors confiés au couvent franciscain San Francesco de Locarno, et en particulier au frère Bartolomeo Piatti.

Le 10 janvier 1514, le pape Léon X exempte la montagne sur laquelle se trouve le sanctuaire de toute servitude et juridiction[7].

En 1522, les murs de l'église de l'Annonciation sont embellis par plusieurs fresques, dont celle du mur nord dans le chœur, représentant la Vierge à l'Enfant, peint par Domenico Pezzi (it)[8] ; sur le mur sud de la nef,représentant Jésus parmi les docteurs, attribué aux frères Giovanni Battista della Rovere et Giovanni Mauro della Rovere. À la mort de Bartolomeo Piatti, celui-ci est enterré dans cette église.

Mise en place du sanctuaire

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Vers la fin du XVIe siècle, le sanctuaire vécut une période de déclin avant de subir d'importants travaux. Les travaux de construction d'une deuxième église, plus grande que la première, ont alors commencé au sommet de la falaise. Cette nouvelle église, issue de l'agrandissement de la chapelle Santa Maria Avvocata, est dédiée à la Sainte Marie de l'Assomption (Santa Maria Assunta) et est consacrée par Filippo Archinti, évêque de Côme, le [5]. En 1617, un couvent est édifié, sur le modèle lombard, à partir d'un premier bâtiment du XVe siècle (dit casa del padre) et l'accès au sanctuaire est élargi. L'année suivante, une tourelle, par laquelle on accéde à l'église Sainte Marie de l'Assomption, est érigée avec des chambres d'hôtes dans sa partie inférieure[5]. En 1619, une nouvelle voie est ouverte afin de rejoindre le sanctuaire directement par le bas de la vallée en passant par l'église de l'Annonciation. Tout le long de ce chemin sont édifiées plusieurs chapelles dédiées au Rosaire qui abriteront plus tard les chapelles du Chemin de Croix, encore présentes de nos jours. En 1620, la chapelle du Calvaire est construite au-dessus du sanctuaire, en 1625 celle de la Véronique, et en 1670 celle de la Résurrection (près de la chapelle du Calvaire). Les travaux se sont achevés en 1677 avec la chapelle de l'Ascension. C'est également de cette époque que datent les sculptures en argile. La sculpture de la Cène, peuplée de statues en terre cuite, est réalisée par Francesco Silva (1580-1643), sculpteur également actif au Mont Sacré de Varèse. Le sanctuaire, alors à son apogée est alors marqué par de nouvelles constructions, des rénovations et des signes de dévotion en constante augmentation[5].

 
Le sanctuaire en 1838 par Johann Friedrich Wagner (de).

Déclin

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Cependant, à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle, la faiblesse des effectifs et des ressources, ainsi que l'état de ruine des bâtiments, provoquèrent une grave crise au sein du sanctuaire, qui aboutit, le 25 juillet 1848, à la suppression du couvent et à la sécularisation de ses biens par les autorités tessinoises. Les frères franciscains sont expulsés du canton et un père capucin, Alessandro da Giornico, est alors appelé pour garder le sanctuaire. Le domaine devient dès lors propriété cantonale, tandis que les capucins en assurent la garde, l'aspect religieux et l'administration dès 1852[9].

Ordre capucin

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Importants travaux

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Le sanctuaire photographié par Jenny Bergensten entre 1876 et 1890.

Entre 1890 et 1912, les frères capucins entreprirent d'importants travaux qui altérèrent les structures anciennes. Les bâtiments sont principalement agrandis et remodelés : en 1892, le bâtiment du couvent est agrandi, la façade est reconstruite dans le style néo-Renaissance et en 1895, des loggias et des terrasses sont ajoutées sur le côté est du sanctuaire. Dans l'église Sainte-Marie de l'Assomption, le clocher est reconstruit, le chœur est agrandi, un mur de mur de soutènement recouvrant entièrement l'éperon rocheux sur lequel repose l'église est réalisé en 1903. Finalement, le côté nord est réaménagé avec la construction d'une loggia, permettant d'accéder au chœur de l'église directement depuis le couvent[N 2].

De nos jours

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En 1919, l'église Sainte-Marie de l'Assomption est élevée au rang de basilique mineure[5]. En 1949, le sanctuaire fit l'objet d'une importante célébration avec la "grande visite de la Vierge Pèlerine".

Du 5 au 16 octobre 1925, se tient la conférence internationale sur la paix au Palazzo del Pretorio de Locarno (it). Cette conférence entre les représentants des puissances victorieuses et des puissances perdantes de la Première Guerre mondiale a ouvert la voie à l'Allemagne dans la Société des Nations, l’interdiction d’utiliser la guerre pour régler les conflits ou encore l'arbitrage obligatoire la la signatures des accords de Locarno le 25 octobre. Pendant toute la durée de la conférence, la façade du sanctuaire fut éclairée d'une guirlande de lampes formant le mot « PAX »[10].

Des restaurations ont encore été effectuées entre 1977 et 1984 sous la direction de l'architecte Luigi Snozzi.

Composition

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Le sanctuaire vu depuis Muralto.

Le sanctuaire du Mont Sacré de la Madonna del Sasso comprend plusieurs bâtiments et édifices dont l'église de l'Annonciation, les chapelles situées le long de l'ancienne route d'accès à la vallée avec le portique de la croix, le chemin de croix et ses stations dans les édicules, la chapelle de la Pietà dans la cour, la chapelle de la Lamentation sur le Christ mort, la Cène et le Saint-Esprit sous le portique du sanctuaire, l'escalier, la croix du cimetière, le cimetière et enfin l'église de Santa Maria Assunta (connue sous le nom de Madonna del Sasso).

Église de l'Annonciation

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Construite entre 1497 et 1499, l'église de l'Annonciation (Santa Maria Annunciata) est consacrée en 1502. En 1814, la nef est réduite de moitié environ afin d'agrandir l'espace extérieur pour former la place de la procession. La façade néogothique date de 1885, date à laquelle l'église a été restaurée.

L'église a un plan à nef unique, divisé en deux travées et surmonté d'une voûte d'arêtes. Le chœur, légèrement surélevé, est couvert d'une coupole. L'intérieur est décoré de fresques du XVIe siècle, redécouvertes lors de la restauration de 2010.

La sacristie, accolée à l'église est probablement plus tardive, bien qu'elle soit mentionnée dès 1578.

Église Sainte-Marie de l'Assomption

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L'église Sainte Marie de l'Assomption (Santa Maria Assunta).

En 1487, deux petites chapelles, situées au sommet de la falaise, sont consacrées : la Santa Maria Avvocata et la Pietà. La première sera agrandie vers la fin du XVIe siècle pour former l'église Sainte-Marie de l'Assomption (Santa Maria Assunta) qui est consacrée par Filippo Archinti, évêque de Côme, le . L'église sera à nouveau agrandie au XVIIe siècle. Au milieu du XIXe siècle, le sol de l'église et de l'avant-cour a été abaissé de 70 centimètres.

L'église se présente à un plan à trois nefs, surmontées d'une voûte d'arêtes.

L'église comporte également la statue miraculeuse de la Madone du Sasso, œuvre en bois de la fin du XVe siècle attribué à l'artiste Merzagora. La statue de la Vierge Marie, composée d'un ensemble en bois récemment restauré de la Déposition attribué à l'atelier des frères De Donati. Selon certains historiens, Martino Benzoni est l'auteur de la morgue avec les huit statues en bois de la "Lamentation du Christ" réalisée pour la chapelle du Saint-Sépulcre de l'église conventuelle Saint-François de Locarno et transférée par la suite au sanctuaire. Dans la nef sud se trouve le retable de la Fuite en Égypte, de Bramantino datant de 1520, tandis que dans la troisième chapelle de la nef nord se trouve le retable du Transport du Christ au Sépulcre, d'Antonio Ciseri et datant de 1870. À l'intérieur du complexe, on trouve également de nombreuses offrandes votives de différentes époques.

Le sanctuaire comprend également un musée où de nombreux ex-voto sont exposés, une bibliothèque et des archives.

Art contemporain

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  • Simona Ertan a visité le sanctuaire en 1966 et a peint une toile intitulée Madonna del Sasso.

La scène de la Cène du sanctuaire est une représentation du dernier repas du Christ fait statues de terre cuite par Francesco Silva.

Protection

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Le sanctuaire ainsi que la collection du musée sont classés comme « bien culturel d'importance nationale » par l'Office fédéral de la protection de la population[11],[12].

Bibliographie

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  • Laura Pedrioli, « Il Sacro Monte della Madonna del Sasso. Sul cammino ticinese da Orsellina porta a Santiago di Compostela », Art+Architecture, no 2,‎ , p. 46-53 (ISBN 978-3-03797-834-4).

Notes et références

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  1. Pour la construction de l'église de l'Annonciation, le terrain a été donné par Antonio Guido Orelli. Dans l'acte notarié de donation, le nom "Madonna del Sasso" apparaît pour la première fois avec les mots "Santa Maria del Saxo".
  2. Ces importants travaux ont été entrepris à l'initiative des frères capucin, bien qu'une forte opposition était présente au sein même de la communauté, notamment de la part du père Agostino da Vezia, supérieur des capucins du Tessin, et du frère Bernardo d'Andermatt, alors gardien du couvent. Le planificateur et le concepteur de ces interventions était le frère Angelo Osio de Pesaro.

Références

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  1. (it) « Storia della Madonna del Sasso a Locarno » Accès libre , sur www.madonna-del-sasso.ch (consulté le )
  2. Agenzia turistica ticinese SA, « Église de S. Francesco, Locarno » Accès libre , sur www.ticino.ch (consulté le )
  3. a et b Urban Fink, « Piatti, Bartolomeo » Accès libre , sur hls-dhs-dss.ch, (consulté le )
  4. Agenzia turistica ticinese, « Mont Sacré de la Madonna del Sasso » Accès libre , sur www.ticino.ch (consulté le )
  5. a b c d et e Daniela Pauli Falconi, « Madonna del Sasso » Accès libre , sur hls-dhs-dss.ch (consulté le )
  6. (it) Emilio Motta, Effemeridi ticinesi, Giubiasco, Edizioni Metà Luna, , 360 p. (ISBN 88-7967-006-9), p. 19
  7. (it) Emilio Motta, Effemeridi ticinesi, Giubiasco, Edizioni Mèta Luna, , 360 p. (ISBN 88-7967-006-9), p. 8
  8. (it) Silvia Valle Parri,, Intorno a Furgnicus: Domenico Pezzi tra letteratura critica e nuovi documenti, Bellinzona, Université de Milan, 2007/2008, p. 247-268
  9. (it) Siro Borrani, Il Ticino Sacro. Memorie religiose della Svizzera Italiana raccolte dal sacerdote Siro Borrani prevosto di Losone, Lugano, Libreria Cattolica di Giovanni Grassi, , p. 337-338
  10. Panneau d'informations no 9 sur la conférence internationale sur la paix
  11. Office fédéral de la protection de la population, « Inventaire des biens culturels d'importance nationale : Sacro Monte, chiesa dell'Annunziata, convento, via crucis e chiesa della Madonna del Sasso » Accès libre , sur api3.geo.admin.ch (consulté le ).
  12. Office fédéral de la protection de la population, « Inventaire des biens culturels d'importance nationale : Sacro Monte, museo » Accès libre , sur api3.geo.admin.ch (consulté le ).

Voir aussi

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