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Le Musée de poche

(Redirigé depuis Le Musée de Poche)

Le Musée de Poche est une collection, fondée et dirigée de 1955 à 1965 par l'éditeur Georges Fall, d'ouvrages consacrés aux peintres et sculpteurs du XXe siècle, principalement de la nouvelle école de Paris.

Historique

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Le projet de Georges Fall est « de mettre entre toutes les mains et surtout des jeunes, des ouvrages en couleur sur la peinture moderne qui pour la première fois seraient offerts à des prix abordables »[1]. « Quand fin 1954, je passai à la réalisation de ce projet tenu longtemps en réserve, je m'inspirai de la prestigieuse collection de livres en couleurs publiée par Albert Skira, l'éditeur du « Minotaure », et consacrée à la peinture classique à travers l'histoire », se souvient-il[2]. Il décide ainsi d'opter « pour des images « collées en-tête » qui avaient l'avantage d'être imprimées groupées et donc plus économiques. Les textes présentés sur un papier épais pouvaient donner aux volumes une main flatteuse ». Le format des ouvrages serait de 18,5 x 14 cm. Georges Fall doit à un ami collectionneur, John Lefevre, le titre Le Musée de Poche, qu'il juge d'abord racoleur mais qui « fonctionna à merveille » et assura aux ouvrages une part de leur succès.

Jean-Clarence Lambert joue pour les premiers titres « le rôle d'animateur » chargé des « relations publiques », réussissant à intéresser au projet Myriam Prévot de la Galerie de France pour le premier ouvrage, sur Manessier, et Jean-François Jaeger de la galerie Jeanne Bucher pour le deuxième sur Bissière. À partir de 1957 Georges Fall collabore pour la fabrication avec les Edizioni del Milione de Milan. De 6 à 8 volumes sont bientôt réalisés chaque année. Une centaine d'exemplaires de l'édition des premiers ouvrages est accompagnée d'une gravure ou d'une lithographie originale de l'artiste.

La réalisation des deux premiers numéros rencontre d'importantes difficultés. « Les proportions des œuvres reproduites n'étaient pas respectées. S'agissant d'œuvres abstraites les techniciens avaient naïvement pris la liberté d'en supprimer des parties entières ». Manessier, « homme délicieusement affable et patient » ne pouvant que refuser de donner son « bon à graver », de nouveaux clichés doivent être fabriqués[3] et l'éditeur en revient par la suite à des procédés plus traditionnels. À l'occasion de la préparation de ces ouvrages Georges Fall noue des relations amicales avec les artistes, notamment Fautrier, Dubuffet, Bissière, Atlan rencontré dès 1947 et qui devait faire l'objet du premier ouvrage, Vieira da silva, Lam ou Hartung.

Pour nombre des artistes, dont à l'époque « le succès n'était pas encore confirmé », il s'agit de la première monographie qui leur est consacrée et il est vraisemblable que les volumes de Georges Fall aient eu un impact sur leur carrière. Jean Arp lui confie ainsi : « De nombreux livres ont déjà été édités hors de France, vous êtes le premier éditeur français d'un livre sur mon travail et je m'en réjouis grandement »[4].

Première collection (liste chronologique)

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Georges Fall publie dans sa collection (58 rue du Montparnasse, puis 7 rue de l'Odéon et 15 Rue du Parc-de-Montsouris) 52 ouvrages :

Seront inclus dans cette première collection :

Plusieurs ouvrages sont par ailleurs publiés en langue anglaise, chez Golden Griffin (Fautrier, La jeune école de Paris, I, Poliakoff, puis en une traduction littérale du titre, dans The Pocket Museum :

Les cahiers du Musée de poche

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« La collection du Musée de poche avait trouvé son public », écrit Georges Fall, « et les ventes régulières prouvaient son succès auprès des étudiants des écoles d'art et des collectionneurs ». Observant ensuite qu'elles fléchissaient, il prend conscience qu'il a « en fait à peu près épuisé le vivier du nouveau courant abstrait » et qu'il lui faudrait se rabattre « sur des artistes de moindre envergure »[5]. Il lui apparaît « qu'une revue trimestrielle appareillée à la collection du Musée de poche serait à même de refléter une image qui se situerait plus près de la création contemporaine et qui s'ouvrirait à des champs autres que la peinture proprement dite et aussi aux œuvres de l'étranger.(…) Le titre devait être le corollaire de la collection et les Cahiers étaient censés apporter un caractère d'actualité internationale »[5]. Jean Clarence-Lambert et Sylvie Joubert s'associent à l'entreprise, soutenue par Jean-François Jaeger et Myriam Prévôt mais aussi Daniel Cordier.

Le premier numéro des Cahiers sort en , en même temps que l'inauguration des nouveaux locaux de Georges Fall au 7 rue de l'Odéon, dans l'ancienne librairie d'Adrienne Monnier. Sous une couverture de Soulages, il présente des dessins de Nicolas de Staël, des articles sur Tamayo, Tobey, Hayter, César et les précurseurs catalans de la sculpture sur métal, ainsi qu'un carnet de voyage de Corneille en Abyssinie.

Le deuxième numéro (« couverture de Bissière, gravée sur bois par Fiorini ») contient notamment des textes sur Gavrinis (Jean Markale), Hans Reichel (Henry Miller), Bissière (Jean-François Jaeger), Jean Dubuffet (André Pieyre de Mandiargues), Arshile Gorky (Alain Jouffroy), Germaine Richier (René de Solier), Jackson Pollock et la nouvelle peinture américaine (Jean-Clarence Lambert). Soudainement privé de la collaboration annoncée des éditeurs américains Barney Rosset, fondateur de Evergreen Review, et Léo Castelli, « symptôme de la crise grave qui couvait entre le France et New York pour l'hégémonie du marché artistique pictural »[6], Georges Fall doit interrompre la publication en au quatrième numéro.

Nouvelle collection (liste chronologique)

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Georges Fall décide en 1965 « de céder le reliquat des stocks des ouvrages du Musée de Poche, ainsi que les droits d'exploitation du titre, à Jacques Golschmidt, marchand d'art expérimenté, pour le montant de 120 000 francs (environ 20 000 euros) »[7] pour commencer en 1967 la publication de la revue Opus International. Sous la direction de Jacques Golschmidt une nouvelle collection (11 rue de Vaugirard, Paris 6e, puis 122 boulevard Raspail, Paris 6e) sera éditée sous une maquette légèrement différente :

Postérité

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Le projet d'une collection de poche consacrée aux artistes contemporains est renouvelé à partir de la fin des années 1990 par la collection Polychrome publiée par les éditions Ides et Calendes de Neuchâtel. De format légèrement plus réduit (17 x 12 cm), une cinquantaine de volumes, non massicotés, d'un plus grand nombre de pages et de reproductions, y est publiée dans la décennie suivante.

Abordant les artistes apparus dans la seconde moitié du XXe siècle, quelques ouvrages portent, à travers de nouvelles études, sur des peintres qui avaient déjà fait l'objet de publications dans Le Musée de poche : Pierre Alechinsky par Pierre Daix, Jean Bertholle par Philippe Leburgue, Roger Bissière par Serge Lemoine, Walter Lewino et Jean-François Jaeger, Corneille par Jean-Jacques Lévêque, Alfred Manessier par J.P. Hodin, Henri Michaux par Odile Felgine, Jean Le Moal par Michel-Georges Bernard, Édouard Pignon par Philippe Bouchet, Serge Poliakoff par Françoise Brütsch, Gustave Singier par Philippe Leburgue, Pierre Soulages par Pierre Daix et Zao Wou-Ki par Pierre Daix.

Notes et références

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  1. Georges Fall, Chroniques nomades, Archibooks, Sautereau éditeur, Paris, 2007, p. 68
  2. Georges Fall, Chroniques nomades, Archibooks, Sautereau éditeur, Paris, 2007, p. 65
  3. Georges Fall, Chroniques nomades, Archibooks, Sautereau éditeur, Paris, 2007, p. 67
  4. Georges Fall, Chroniques nomades, Archibooks, Sautereau éditeur, Paris, 2007, p. 88
  5. a et b Georges Fall, Chroniques nomades, Archibooks, Sautereau éditeur, Paris, 2007, p. 103
  6. Georges Fall, Chroniques nomades, Archibooks, Sautereau éditeur, Paris, 2007, p. 105
  7. Georges Fall, Chroniques nomades, Archibooks, Sautereau éditeur, Paris, 2007, p. 126

Bibliographie

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  • Georges Fall, Chroniques nomades, Archibooks, Sautereau éditeur, Paris, 2007