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La Flandre des États était un des pays de la Généralité des Provinces-Unies. Elle comprenait à peu près le territoire de l'actuelle Flandre zélandaise; la carte montre cependant combien la région était différente de celle du XXIe siècle, car il y avait beaucoup plus d'eau : le Braakman partageait la zone en deux et des terres le long de l'Escaut occidental n'étaient pas encore polderisées.

Flandre des États
(nl) Staats-Vlaanderen

1648–1795

Description de cette image, également commentée ci-après
1773; Flandre des États en bas à gauche, entouré de jaune, l'Escaut constitue la frontière orientale
Informations générales
Statut Pays de la Généralité des Provinces-Unies
Langue(s) néerlandais
Religion Protestantisme, Église catholique romaine

Entités précédentes :

Guerre de Quatre-Vingts Ans

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La guerre de Quatre-Vingts Ans entraîna des inondations à objectif militaire, les plus radicales depuis 1583. La mer s'avançait à plus de 10 km dans les terres. La plupart des polders furent touchés et seules quelques îles restèrent habitables. Les lignes de fortifications entre les États de la Généralité et l'Espagne (nl) furent alors érigées, ce qui délimita ensuite la frontière entre la Flandre des États et la Flandre espagnole. En 1604, la Flandre zélandaise occidentale actuelle devint en grande partie État de la Généralité, suivie quelques années plus tard par la Flandre zélandaise orientale.

La frontière avec les Rois d'Espagne et plus tard les Habsbourg d'Autriche qui délimitait les Pays-Bas méridionaux courait à peu près le long de la frontière actuelle entre la Flandre zélandaise et la Flandre-Orientale. La frontière fut alors fortifiée des deux côtés conformément aux stratégies militaires de l'époque.

Situation religieuse

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L'objectif principal des Néerlandais pendant la guerre de Quatre-Vingts Ans était tout d'abord de contrôler la moitié ouest, qui tomba entre les mains de la Généralité en 1604. L'île d'Axel était déjà occupée auparavant. Les localités de cette île, comme Zaamslag, Axel et Hoek (Terneuzen) sont alors majoritairement protestantes. Le Pays de Hulst, à majorité catholique, passera plus tard sous le contrôle de la Généralité.La situation est plus compliquée en Flandre zélandaise occidentale. La région frontalière de la Belgique, au Sud, est majoritairement catholique, alors que les localités côtières de Cadzand, Zuidzande, Nieuwvliet, Retranchement et Breskens sont en majorité protestantes. Les localités intermédiaires, comme Oostburg sont mélangées. L'arrivée de réfugiés calvinistes et luthérien joue un rôle important, tels les huguenots en 1689 et les Émigrants de Salzbourg en 1733. Aardenburg était un refuge pour les réformés de Flandre. Cela concernait particulièrement les baptistes mennonites (Algemene Doopsgezinde Sociëteit (de)) qui ont dû fuir la Flandre en 1629. En 1650, une église « d'admonition » est construite à Aardenburg.

Les catholiques s'installèrent aussi en Flandre zélandaise, en particulier les diguiers flamands employés dans la construction du polder de Hoofdplaat à la fin du XVIIIe siècle. Ils constituèrent ainsi à leur tour des enclaves catholiques.

Pays de la Généralité

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La prise de la Flandre des États permit de faire le blocus de l'Escaut occidental rendant le port d'Anvers inutilisable pour la marine espagnole et le commerce anversois. Ce blocus, effectif dès 1585, fut confirmé en 1648, dans le cadre du traité de Münster. La Flandre zélandaise devient alors Pays de la Généralité sans droit de vote dans le gouvernement de la république des Provinces-Unies

Époque française

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À la suite de la prise de L'Écluse en 1794 par les Français, la Flandre des États est intégrée à la Flandre-Orientale. Certaines sources néerlandaises mentionnent la création en 1795 d'un "département du Sas-de-Gand", composé des arrondissements d'Oostburg, L'Écluse, Ysendyck, Sas-de-Gand et Hulst. En 1796, le département de l'Escaut est instauré, comprenant la Flandre des États[1].

Flandre zélandaise

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Après le départ des Français, la région est redevenue néerlandaise le . Le , elle est attribuée à la nouvelle province de Brabant. Pour des raisons pratiques, cela fut de courte durée : le la Flandre des États devient formellement un territoire de la province de Zélande et est renommée Flandre zélandaise (Zeeuwsch-Vlaanderen orthographié Zeeuws-Vlaanderen de nos jours).

En 1830 et 1831, pendant la révolution belge, la tactique éprouvée du blocus du port d'Anvers est appliquée pour contrecarrer les rebelles belges sur les plans économique et militaire. À cette fin, les forts napoléoniens le long de l'Escaut occidental, comme le fort Frederik Hendrik sont réactivés. Après la reconnaissance de l'indépendance de la Belgique en 1839, il fallut encore attendre 1841 pour que le canal Gand-Terneuzen puisse être de nouveau navigable. Les relations avec la Belgique s'étant normalisées, la population flamandozélandaise avait simplement plus de contacts avec les Belges, et pas simplement à cause de la contrebande.

Pendant la Première Guerre mondiale, c'est la période noire du Draad, (le "Fil") quand la Flandre zélandaise fut séparée de la Belgique par une clôture à haute tension létale décidée par le Gouvernement général allemand de Bruxelles.

La Belgique émet des prétentions sur le territoire en 1919 et 1920 (aussi sur le Limbourg néerlandais) du fait que les Pays-Bas avaient donné asile à l'empereur d'Allemagne Guillaume II et avaient permis aux troupes allemandes en retraite de transiter par le sud du Limbourg néerlandais Elle présente sa requête pendant la conférence de Versailles auprès des Alliés qui devaient en discuter parallèlement aux conditions de paix détaillées imposées à l'Allemagne. Les velléités d'annexion de la Belgique furent repoussées. Une série de manifestations « spontanées » furent organisées pour montrer l'attachement de la population aux Pays-Bas et à la dynastie néerlandaise. Cette fidélité de la population flamandozélandaise fut récompensée par la construction du lycée Reine-Wilhelmina à Oostburg, tandis que les services de bacs transbordeurs restèrent pendant longtemps gratuits.

Époque contemporaine

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En 1944, les Allemands tentèrent de la même manière de rendre le port d'Anvers inutilisable pour le ravitaillement des troupes alliées. La possession ou l'occupation de la Flandre zélandaise a toujours permis de contrôler militairement l'Escaut occidental. C'est la raison pour laquelle la libération de la Flandre zélandaise s'est accompagnée de bombardements aussi intenses qu'inutiles : Breskens, Schoondijke, Oostburg et L'Écluse furent bombardées par l'armée de libération canadienne. On compta 600 morts et des dégâts matériels énormes.

Vinrent ensuite la fermeture du Braakman, les inondations catastrophiques de 1953, une industrialisation rampante, comme à Terneuzen, y compris la construction d'écluses maritimes.

Le traité du Benelux rendit la traversée de la frontière belgonéerlandaise plus aisée que d'autres frontières européennes : les cyclistes furent autorisés, en possession d'un passeport, de prendre les petites routes intérieures. Les automobilistes utilisaient les postes-frontières officiels munis d'une barrière de chaque côté de la frontière, alors que les camionneurs devaient s'y arrêter pour accomplir les formalités nécessaires. L'intégration européenne rendit progressivement ces frontières inutiles.

L'ouverture du tunnel de l'Escaut occidental sonna le glas des bacs transbordeurs, jadis importants, et entraîna des hausses des prix substantiels de ceux qui subsistaient. Pour une grande partie de la population flamandozélandaise, le reste de la Zélande est devenue désormais difficile à atteindre, y compris les villes importantes de Flessingue et Middelbourg.

Anecdote

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Dans les milieux nationalistes flamands, on utilise le terme Flandre zélandaise avec sarcasme, car contrairement à la Flandre française, elle est considérée comme terre irredente qui devrait revenir à la Flandre (actuellement Flandre (Belgique)) si elle devenait indépendante.

Notes et références

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  1. (en) « Ancestry® / Genealogy, Family Trees & Family History Records », sur ancestry.com (consulté le ).