Coteaux-du-giennois
Le coteaux-du-giennois[1] est un vin français d'appellation d'origine contrôlée produit de Gien à Cosne-Cours-sur-Loire, à la limite entre les départements du Loiret au nord et de la Nièvre au sud.
Coteaux-du-giennois | |
Désignation(s) | Coteaux-du-giennois |
---|---|
Appellation(s) principale(s) | coteaux-du-giennois[1] |
Type d'appellation(s) | AOC-AOP |
Reconnue depuis | 1998 |
Pays | France |
Région parente | vallée de la Loire |
Sous-région(s) | vignoble du Centre |
Localisation | Loiret et Nièvre |
Climat | tempéré océanique dégradé |
Ensoleillement (moyenne annuelle) |
1 804 heures par an[2] |
Sol | siliceux, graveleux et calcaires |
Superficie plantée | 190 hectares en 2009[3] |
Nombre de domaines viticoles | 49 viticulteurs et 55 vinificateurs |
Cépages dominants | pinot noir N, gamay N et sauvignon B[4] |
Vins produits | 55 % rouges, 45 % de rosés et de blancs |
Production | 7 370 hectolitres en 2009[3] |
Pieds à l'hectare | minimum de 5 700 pieds par hectare[5] |
Rendement moyen à l'hectare | maximum 59 à 69 hectolitres par hectare en rouge, 63 à 69 hectolitres par hectare en rosé, 65 à 75 hectolitres par hectare en blanc[5] |
modifier |
L'appellation, obtenue en 1998, se situe dans l'ancienne province de l'Orléanais, dans les régions naturelles du Giennois et de la Puisaye, à proximité des deux autres AOC viticoles du Loiret que sont les appellations orléans et orléans-cléry.
Histoire
modifierLa viticulture est mentionnée dans le Giennois et le Sancerrois dès le Bas Moyen Âge (notamment dans les écrits de Grégoire de Tours au VIe siècle)[6]. La proximité avec plusieurs abbayes explique en partie son développement à partir du XIIe siècle : bénédictins de l'abbaye de Fleury à Saint-Benoît-sur-Loire et de l'abbaye de la Charité à La Charité-sur-Loire, ainsi que cisterciens de l'abbaye des Roches à Myennes. Elle fait partie du vignoble de l'Orléanais, qui fournit en vin la table royale et celles de l'aristocratie jusqu'au XVIe siècle.
Gien-le-Vieux est possession de l'abbaye de Fleury, Gien fait partie du domaine royal à partir du XIIIe siècle, tandis que Cosne est une possession seigneuriale de l'évêque d'Auxerre, qui y possède un château équipé de cuves construit au XIIIe siècle.
L'appellation est reconnue par l'INAO comme appellation d'origine contrôlée par le décret du . Le décret du [5] augmente un peu les rendements.
La promotion est à la charge de l'Association viticole des coteaux du Giennois, basée à Saint-Père et fondée en 2007. Une association folklorique existe aussi, il s'agit de la « confrérie des Hotteux du Giennois ».
Étymologie
modifierLe nom de « Giennois » est formé à partir du nom de la petite ville de Gien, déformation de son ancien nom Giemus.
Situation géographique
modifierLe coteaux-du-giennois est produit en France, dans les régions Centre-Val de Loire et Bourgogne, plus précisément à la limite entre les départements de la Nièvre et du Loiret.
Géologie et orographie
modifierLe Giennois est un rebord de plateau se raccordant aux collines du Sancerrois, le tout correspondant à des roches du Crétacé au nord et du Jurassique au sud de l'aire d'appellation. Ces couches sont entaillées par la fosse tectonique de la Loire, qui a recouvert sa vallée mais aussi les plateaux d'alluvions descendues du Massif central pendant tout le Cénozoïque.
Les parcelles exploitées les plus au nord, sur la commune de Briare (près du hameau de La Thiau, en bordure de la route D 952), sont plantées au-dessus d'une couche de craie datant du Cénomanien (milieu du Crétacé)[7].
À Myennes, les parcelles cultivées (au lieu-dit le Chétif Bois, en bordure de la tranchée de l'autoroute A 77) sont sur un lambeau de poudingue de Gien (équivalent au poudingue de Nemours) datant de l'Yprésien (Éocène inférieur). Cette formation d'origine fluviatile est composée de galets de silex roulés, de sables et d'argiles, le tout déposé par la paléo-Loire.
Enfin à l'est de Cosne-Cours-sur-Loire, sur la commune de Saint-Père, les vignes sont sur la formation des calcaires du Barrois datant du Tithonien et des marnes à Nanogyra virgula du Kimméridgien (on passe des uns aux autres progressivement), le tout recouvert de colluvions (argiles et galets de silex)[8],[9].
Climatologie
modifierLe climat est tempéré océanique à influence continentale.
La station météo la plus proche du vignoble est celle de Bricy située à 125 mètres d'altitude, à 14 km au nord-ouest d'Orléans :
Mois | Janv. | Fév. | Mars | Avr. | Mai | Juin | Juil. | Août | Sept. | Oct. | Nov. | Déc. | Année |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Températures minimales moyennes (°C) | 0,3 | 0,8 | 2,2 | 4,3 | 7,8 | 10,7 | 12,6 | 12,3 | 10,3 | 7,3 | 3,3 | 1,1 | 6,1 |
Températures moyennes (°C) | 3,1 | 4,2 | 6,6 | 9,3 | 12,9 | 16,2 | 18,5 | 18,2 | 15,8 | 11,7 | 6,6 | 3,8 | 10,6 |
Températures maximales moyennes (°C) | 5,9 | 7,6 | 10,9 | 14,3 | 18,1 | 21,6 | 24,4 | 24,0 | 21,2 | 16,2 | 9,9 | 6,5 | 15,1 |
Mois | Janv. | Fév. | Mars | Avr. | Mai | Juin | Juil. | Août | Sept. | Oct. | Nov. | Déc. | Année |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Cumuls mensuels de précipitations (mm) | 55,2 | 49,7 | 51,8 | 47,9 | 65,8 | 47,5 | 52,4 | 45,3 | 49,3 | 57,9 | 60,1 | 54,3 | 637,2 |
Humidité relative (%) | 89 | 85 | 79 | 74 | 76 | 74 | 72 | 72 | 77 | 84 | 89 | 90 | 80 |
Durée totale d'insolation (h) | 58,5 | 85,2 | 134,7 | 176,6 | 206,7 | 230,4 | 252,2 | 225 | 180,3 | 129,5 | 74,6 | 50,7 | 1804,5 |
Vignoble
modifierLe vignoble est situé sur les coteaux de la Loire de Gien au nord à Cosne-sur-Loire au sud, sur la rive droite (mis à part la commune de Beaulieu-sur-Loire, sur la rive gauche) le long de la nationale 7. Il couvre environ 130 hectares.
Présentation
modifierLe vignoble s'étend sur quatorze communes :
- dans le Loiret ce sont Beaulieu, Bonny-sur-Loire, Gien, Briare-le-Canal, Ousson-sur-Loire et Thou ;
- dans la Nièvre ce sont La Celle-sur-Loire, Cosne-Cours-sur-Loire, Cours, Myennes, Neuvy-sur-Loire, Pougny, Saint-Loup et Saint-Père.
Encépagement
modifierLes cépages sont le sauvignon B pour le blanc, le pinot noir N et le gamay N pour les rouges ; les rosés sont obligatoirement faits par assemblage du pinot noir et du gamay.
La proportion de chacun des deux cépages noirs, le gamay N et le pinot noir N, ne peut être supérieure à 80 % de l'encépagement.
À titre transitoire, les parcelles plantées en cépage sauvignon gris G avant 1998 (date d'homologation du cahier des charges de l'appellation) continuent à bénéficier, pour leur récolte, du droit à l'appellation d'origine contrôlée jusqu'à leur arrachage[5].
-
Grappe de sauvignon B.
-
Grappes de gamay N.
-
Rang de pinot noir N.
Méthodes culturales
modifierTravail manuel
modifierCe travail commence par la taille, soit en taille guyot simple (c'est le système le plus répandu dans l'appellation[11]), avec un maximum de 10 yeux francs par pied (8 pour le gamay) dont 8 yeux francs maximum sur le long bois, et un ou deux coursons à 2 yeux francs maximum, soit en taille cordon de Royat, avec un maximum de 12 yeux francs par pied (10 pour le gamay), une charpente simple ou double, portant des coursons à 2 yeux francs maximum[5].
Le tirage des sarments suit la taille. Les sarments sont enlevés et peuvent être brûlés ou mis au milieu du rang pour être broyés. On passe ensuite aux réparations ou éventuellement des plantations de greffes. L'ébourgeonnage peut débuter dès que la vigne a commencé à pousser. Cette méthode permet, en partie, de réguler les rendements[12]. Le relevage est pratiqué lorsque la vigne commence à avoir bien poussé. En général, deux à trois relevages sont pratiqués. Pour finir avec le travail manuel à la vigne, se réalise l'étape importante des vendanges.
Travail mécanique
modifierL'enjambeur est d'une aide précieuse. Les différents travaux se composent du broyage des sarments ; de trou fait à la tarière, là où les pieds de vignes sont manquants ; de labourage ou « griffage », réalisé dans le but d'aérer les sols et de supprimer des mauvaises herbes[12] ; de désherbage ; de plusieurs traitements des vignes, réalisés dans le but de les protéger contre certaines maladies cryptogamiques (dues à des champignons : mildiou, oïdium et pourriture grise)[12] ; de plusieurs rognages consistant à « reciper » ou couper les branches de vignes (rameaux) qui dépassent du système de palissage ; des vendanges mécaniques se réalisant avec une machine à vendanger ou une tête de récolte montée sur un enjambeur.
Rendements
modifierLe rendement est limité à 59 hectolitres par hectare pour le vin rouge, 63 hectolitres par hectare en vin rosé et 65 hectolitres par hectare en vin blanc. Le rendement butoir permet de monter jusqu'à 69 hectolitres par hectare en rouge ou rosé, et à 75 hectolitres par hectare en blanc[5].
Le rendement réel est de 38 hectolitres par hectare en moyenne pour 2009 et l'ensemble de l'appellation[13].
Vins
modifierVinification et élevage
modifierLes vins rouges et rosés ne peuvent être issus d'un seul cépage, ce sont obligatoirement des assemblages de pinot noir N et de gamay N (au minimum 20 %). Toute technique de thermotraitement de la vendange et la thermovinification sont interdites. L'utilisation de morceaux de bois de chêne est interdite[5].
En rouge
modifierLa récolte des raisins se fait à maturité et de façon manuelle ou mécanique. La vendange manuelle est parfois triée, soit à la vigne soit à la cave avec une table de tri, ce qui permet d'enlever les grappes pourries ou insuffisamment mûres[12]. La vendange manuelle est généralement éraflée puis mise en cuve.
Une macération pré-fermentaire à froid est quelquefois pratiquée. La fermentation alcoolique peut démarrer, le plus souvent après un levurage. Commence alors le travail d'extraction des polyphénols (tanins, anthocyanes) et autres éléments du raisin. L'extraction se faisait par pigeage, opération qui consiste à enfoncer le chapeau de marc dans le jus en fermentation. Plus couramment, l'extraction est conduite aussi par des remontages, opération qui consiste à pomper le jus depuis le bas de la cuve pour arroser le chapeau de marc et ainsi lessiver les composants qualitatifs du raisin.
Les températures de fermentation alcoolique peuvent être plus ou moins élevées, avec une moyenne générale de 28 à 35 °C au maximum de la fermentation. La chaptalisation est réalisée si le degré naturel est insuffisant : cette pratique est réglementée. À l'issue de la fermentation alcoolique suit l'opération de décuvage qui donne le vin de goutte et le vin de presse. La fermentation malolactique se déroule après mais est dépendante de la température. Le vin est soutiré et mis en fût ou cuve pour son élevage. L'élevage se poursuit jusqu'au 1er mars au plus tôt, puis le vin est collé, filtré et mis en bouteilles[12].
En rosé
modifierLa vendange est manuelle ou mécanique. Deux méthodes sont utilisées avec soit le pressurage (rosé de pressurage), soit une mise en cuve de la vendange pour un début de macération : c'est la saignée (rosé de saignée), effectuée avec le tirage du jus de la cuve[12]. La fermentation alcoolique se passe en cuve comme pour le blanc avec suivi de température, chaptalisation, etc. La fermentation malolactique suit généralement. L'élevage se passe en cuve, parfois en fût. Enfin, le vin est filtré et mis en bouteille.
En blanc
modifierComme pour le rouge, la vendange est manuelle ou mécanique et peut être triée. Les raisins sont ensuite transférés dans un pressoir pour le pressurage. Une fois le moût en cuve, le débourbage est pratiqué généralement après un enzymage. À ce stade, une stabulation préfermentaire à froid (environ 10 à 12 degrés pendant plusieurs jours) peut être recherchée pour favoriser l'extraction des arômes[12]. Mais le plus souvent, après 12 à 48 heures, le jus clair est soutiré et mis à fermenter[12]. La fermentation alcoolique se déroule avec un suivi tout particulier pour les températures qui doivent rester à peu près stables (18 à 24 degrés Celsius)[12]. La chaptalisation est aussi pratiquée pour augmenter le titre alcoométrique volumique si nécessaire. La fermentation malolactique puis l'élevage sont réalisés en fûts ou en cuves. À la fin, la filtration du vin est pratiquée pour rendre les vins plus limpides[12]. La mise en bouteille clôture l'opération.
Gastronomie
modifierLes coteaux-du-giennois blancs sont légers, exprimant des notes minérales et fruités.
Les rouges sont des vins légers, peu tanniques, fruités et friands dans leur jeunesse, d'une belle couleur rubis.
Les rosés expriment des arômes de fruits blancs et sont légèrement poivrés.
Économie
modifierStructure des exploitations
modifierL'appellation compte en 2005 49 viticulteurs et 55 vinificateurs. La vinification est assurée par 46 exploitations particulières (de petites tailles), 2 caves coopératives (qui regroupent quelques producteurs qui leur confient leurs récoltes) et 7 négociants[11].
Commercialisation
modifierLa commercialisation de l'appellation se fait directement chez les viticulteurs, dont les ventes sont complétées par les foires, cafés, hôtels, restaurants et supermarchés locaux. Cette appellation est également présente à l'export dans plus d'une dizaine de pays.
Notes et références
modifier- Références sur la façon d'orthographier les appellations d'origine.
- Moyenne de l'insolation à Orléans entre 1961 et 1990, disponible sur infoclimat.fr.
- Le Guide Hachette des vins 2011, éd. Hachette, Paris, 2010 (ISBN 978-2-01-237681-6).
- Le code international d'écriture des cépages mentionne de signaler la couleur du raisin : B = blanc, N = noir, Rs = rose, G = gris.
- [PDF] « Cahier des charges de l'appellation »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur agriculture.gouv.fr, homologué par le « décret no 2011-1362 du 24 octobre 2011 relatif à l'appellation d'origine contrôlée « Coteaux du Giennois » », JORF, no 0250, , p. 18149.
- Chapitre « Un peu d'histoire », sur coteauxdugiennois-jcmellot.com.
- Notice de la carte BRGM [PDF]no 432 (Gien).
- Notice de la carte BRGM [PDF]no 464 (Cosne-sur-Loire, disponible sur infoterre.brgm.fr.
- « Carte géologique centrée sur Saint-Père » sur Géoportail.
- « Relevés Orléans-Bricy 1961-1990 », sur infoclimat.fr, Association Infoclimat (consulté le ).
- Fiche INAO, disponible sur inao.gouv.fr.
- Conduite et gestion de l'exploitation agricole, cours de viticulture du lycée viticole de Beaune (1999-2001), Baccalauréat professionnel option viticulture-œnologie.
- Le rendement est obtenu en divisant le volume produit par la surface exploitée, soit 7 370 / 190 = 38,78 hectolitres par hectare.
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Michel Mastrojanni, Les Vins de France, éd. Solar, Paris, 1998 (ISBN 2-263-02796-3).