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Congrégation de Notre-Dame de Sion

congrégation religieuse féminine

Notre-Dame de Sion, couramment abrégé en NDS, est une congrégation religieuse catholique fondée en 1843 par les Français Théodore et Alphonse Ratisbonne. Plusieurs communautés ainsi que de nombreux établissements scolaires portent actuellement le nom de « Notre-Dame de Sion » dans le monde. Sœur Emmanuelle, Paul Démann et Pierre Lenhardt y ont prononcé leurs vœux.

Les symboles de la congrégation Notre-Dame de Sion.

L'histoire de Notre-Dame de Sion se confond avec celle des relations entre judaïsme et christianisme. D'abord fondée dans le but de convertir les Juifs au christianisme et s'y activant sans relâche, la congrégation change radicalement d'orientation à partir du concile Vatican II (1962-1965) et de la déclaration Nostra Ætate. Dans le monde catholique, elle devient alors l'un des principaux acteurs du dialogue avec le judaïsme, dans le respect de cette religion et en excluant toute volonté de conversion.

Histoire

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Les pères Théodore et Marie-Alphonse Ratisbonne, fondateurs de la congrégation de Notre-Dame de Sion, XIXe siècle.

Fondation

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La congrégation Notre-Dame de Sion est issue d'un pacte de prières scellé par Joseph Ludwig Colmar, Louise Humann et Madame Breck dans les ruines du château de Turquestein en 1797.

Notre-Dame de Sion est liée au charisme de son fondateur, Théodore Ratisbonne, auquel s'est associé dès l'origine son frère Alphonse. Issus d'une famille juive assimilée de Strasbourg[1], ils se sont convertis au catholicisme, le premier en 1827, le second en 1842[2].

Vocation

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La congrégation se caractérise par une conscience de l’enracinement de la foi chrétienne dans le peuple juif. D'après son texte fondateur, « La Congrégation a été fondée pour témoigner, dans l’Église et dans le monde, de la fidélité de Dieu à son amour pour le peuple juif et pour travailler à l’accomplissement des promesses bibliques, révélées aux patriarches et aux prophètes d’Israël pour toute l’humanité » (Const. 2)[2].

 
Le monastère Ratisbonne à Jérusalem.

Cette spiritualité va de pair avec la volonté de convertir les Juifs au christianisme.

En 1845, la Société pour la propagation de la foi ouvre une sorte de bureau de nourrices 4 rue Plumet (actuellement rue Oudinot) à Paris, que l'abbé Ratisbonne baptise Notre-Dame de Sion. Elle est dirigée par « des dames chrétiennes qui se chargent de l'éducation des enfants israélites » qui, avec - et quelquefois sans - l'assentiment de leurs parents, sont élevés dans la foi catholique[3].

On peut citer notamment l'affaire Sarah Linnerviel en 1860 ou l'affaire Bluth-Mallet, « qui mit en cause les congrégations de Notre-Dame de Sion et de la Sainte-Union, ainsi que plusieurs ecclésiastiques de Cambrai, dont le chanoine Mallet. Ce dernier aux mœurs dissolues fut seul jugé et condamné en 1861, pour avoir soustrait à leurs parents deux des jeunes sœurs de sa maîtresse, Anna Bluth, une jeune femme juive de 22 ans, baptisée en 1847 sous le nom de Marie-Siona ; une troisième sœur, mineure elle aussi, ne fut jamais retrouvée », certaines filles de cette famille perdirent la raison[4],[5],[6].

Pensant se disculper, Ratisbonne participe de l'antijudaïsme en écrivant le 11 mars 1861 aux sœurs de Sion : « Je crois devoir éclairer le Gouvernement sur les manœuvres des Juifs et des impies...»[7].

Pendant la Seconde guerre mondiale, Notre-Dame de Sion cache des enfants juifs mais parfois, les baptise puis refuse de les rendre à leur famille[8]. Cette politique prosélyte dure jusqu'aux années 1950[9]. C’est dans ce contexte qu’a lieu après la Shoah l’affaire Finaly (1948-1953) dans laquelle sont impliquées des religieuses de la congrégation dans le « sauvetage » de deux jeunes frères juifs qui bataillèrent de longues années pour avoir droit de vivre à nouveau dans leur famille juive[8]. Cette affaire provoqua d’ailleurs une sorte « d’électrochoc » dans la congrégation, selon le mot de Mère Marie Félix, alors supérieure générale, et l’aida à lui faire prendre un tournant radical dans son attitude vis-à-vis du peuple juif[10].

Évolution

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La vocation de Notre-Dame de Sion évolue alors, à la suite du concile Vatican II et de la déclaration Nostra Ætate. Les pères et sœurs de Sion changent diamétralement leur mission. Il s'agit désormais de connaître les Juifs et le judaïsme, de dénoncer tout prosélytisme et tout antisémitisme chez les catholiques, de se rapprocher dans l'estime et l'amitié, en étudiant particulièrement les racines juives du Nouveau Testament ainsi que l'hébreu biblique, l'hébreu rabbinique et le Talmud.

La congrégation fonde à Rome un Service international de documentation judéo-chrétienne, le SIDIC[11] en 1966, suivi de celui de Paris en 1968, auxquels s’ajoutèrent ensuite Londres, Vienne, Madrid, Montréal et Sao Paulo. Le SIDIC travaille en étroite collaboration avec des personnes de confession juive. C'est le cas, par exemple, du grand-rabbin Jacob Kaplan, qui fut l'un des principaux intervenants de la conférence de Seelisberg (1947), avec l'historien Jules Isaac, et qui fut par la suite l'une des personnalités proches du SIDIC. L'AJCF (Amitié judéo-chrétienne de France), fondée par Jules Isaac, décerne chaque année un prix dont le lauréat a été plusieurs fois un religieux ou une religieuse de NDS. Enfin, le SIDIC-Paris a travaillé en partenariat avec l'École cathédrale de Paris, où différents cours étaient assurés par des religieux de NDS : hébreu, tradition juive, judaïsme. Le SIDIC-Rome a définitivement fermé ses portes en 2007, non sans avoir remis sa documentation à l’université de la Grégorienne. Celui de Paris a fermé également, en 2015, le CIRDIC[12] a pris sa suite.

Justes parmi les nations

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Le mémorial de Yad Vashem reconnaît sept sœurs de Notre-Dame de Sion et un père de Sion comme « Justes » pour leur sauvetage de Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale[8], à Paris, Grenoble, Anvers et Rome.

Provinces

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Inscription à la porte de Notre-Dame de Sion, Ein Kerem, Jérusalem.
 
Notre-Dame de Sion, Ein Kerem.

C'est en 1956 que la congrégation a été constituée en provinces, devenues récemment des « régions ».

La maison généralice où réside la supérieure générale de la congrégation, se trouve à Rome.

Communautés religieuses

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Le quartier de l'école Notre-Dame de Sion à Paris au tournant du siècle.

On distingue deux types de communautés :

  • Des communautés de sœurs apostoliques, fondées en 1843. Ces communautés fondent leur engagement sur le travail en dehors de la communauté et l'ouverture au monde : enseignement, animation de groupes, activités caritatives et sociales (particulièrement au Brésil et aux Philippines) ;
  • Des communautés de sœurs contemplatives Notre Dame de Sion - La Solitude, fondées en 1926. Il y en a aujourd'hui trois, en France et au Brésil. Ces communautés fondent leur engagement sur la prière et le travail artisanal et ont peu de contacts avec l'extérieur.

Une autre branche de la congrégation a existé de 1936 à 1964[13], celle des Ancelles de Notre-Dame de Sion. Cette branche est née après le rattachement d’une petite congrégation, celle des Ancelles de Notre-Dame Reine de Palestine (qui avait vu le jour en 1927), à la congrégation de Notre-Dame de Sion. Les religieuses issues de cette branche avaient pour mission de travailler à « l’apostolat direct » envers les juifs et ont tenu un rôle important au moment de la Deuxième Guerre mondiale dans le sauvetage des juifs persécutés. La branche s’est séparée de la congrégation en 1964 et a pris le nom de Pax Nostra.

Il existe une congrégation masculine portant le même charisme que la congrégation féminine et fondée par le même homme, Théodore Ratisbonne, en 1855 : la congrégation des religieux de Notre-Dame de Sion. Ils sont implantés principalement au Brésil[14], où se trouve leur maison généralice, en Israël et en France.

Établissements scolaires en France

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Collège et lycée privé Notre-Dame de Sion de Grand-bourg à Évry-Courcouronnes.

On compte en France six établissements scolaires portant le nom de « Notre-Dame de Sion » dont quatre sont sous la tutelle de la congrégation, à Évry-Courcouronnes, Grenoble, Marseille et Strasbourg. Deux autres établissements, à Paris et à Saint-Omer, portent également le nom de Notre-Dame de Sion, et sont sous tutelle diocésaine. Tous ces établissements, qui couvrent tous les niveaux d'enseignement du premier degré au supérieur selon les établissements, ont signé un contrat d'association avec l'État.

À Paris, le groupe scolaire Notre-Dame de Sion, dont l'accès principal est situé rue Notre-Dame-des-Champs (6e arrondissement)[15],[16], comprend un foyer de jeunes étudiantes, lycéennes pour la plupart.

Galerie

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Notes et références

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  1. Théodore et Marie-Alphonse Rastibonne appartiennent à la famille de Cerf Beer, l’artisan de l’émancipation des Juifs sous la Révolution, « famille pétrie d’une grande tradition spirituelle et assez détachée des observances rituelles ». Lire en ligne sur Caim.info
  2. a et b Melanie Lidman, « A Notre Dame de Sion, le Nouveau Testament est enseigné par des Juifs : L'objectif de la congrégation des sœurs n'est plus la conversion mais le développement du dialogue interreligieux dans un lieu fondé par un Français en 1843 », Time of Israel,‎ (lire en ligne)
  3. G. Ben-Lévi, Archives israélites de France, Bureau des Archives Israélites de France, (lire en ligne), p. 574-681
  4. Georges Jonas Weill, « L'Affaire Mortara et l'anticléricalisme en Europe à l'époque du Risorgimento », Aspects de l'anticléricalisme du Moyen Âge à nos jours (ULB),‎ , p. 103-134 (lire en ligne [PDF])
  5. Danielle Delmaire, « L'intégration par la liberté des consciences et l'égalité des cultes. », Archives Juives, vol. 35, no 1,‎ , p. 44-59 (ISSN 0003-9837 et 1965-0531, DOI 10.3917/aj.351.0044, lire en ligne, consulté le )
  6. « L’affaire du chanoine Mallet et l’abbé Ratisbonne », La Vérité israélite, publication hebdomadaire par des rabbins et des publicistes, t. 4, année 1861, pp. 193-199
  7. Lettre du 11 mars 1861 aux sœurs de Sion, de la maison de Grandbourg ; citée par mère Bénédicta de Sion, Le T. R. Père Marie-Théodore Ratisbonne, fondateur de la Société des Prêtres et de la Congrégation des Religieuses de Notre-Dame de Sion, Paris, Libr. Poussielgue, 1905, t. 2, p. 129.
  8. a b et c Par Melanie Lidman, « A Notre Dame de Sion, le Nouveau Testament est enseigné par des Juifs », sur The Times of Israël, (consulté le )
  9. En 1937, la congrégation intègre une branche nouvelle de religieuses (appelées les « demoiselles ») exerçant un métier à l'extérieur du couvent, habillées en civil mais vouées spécialement à l’aide et l’apostolat auprès des Juifs. Lire en ligne
  10. « Gilbert Dahan. Les intellectuels chrétiens et les Juifs au Moyen Age. (Patrimoines: Judaïsme) Paris: Cerf, with the cooperation of Centre National de la Recherche Scientifique, Soeurs de Notre-Dame de Sion, and Fondation du Judaïsme Français. 1990. Pp. 637. 240 fr », The American Historical Review,‎ (ISSN 1937-5239, DOI 10.1086/ahr/97.2.535, lire en ligne, consulté le )
  11. Jean Daniélou, « Études d'exégèse judéo-chrétienne : les testimonia », collection Théologie historique, n°5, 1er janvier 1966,‎ (DOI 10.14375/np.9782701000398, lire en ligne, consulté le )
  12. John T. Pawlikowski, « Le pape Jean-Paul II et les relations entre les chrétiens et les juifs », Théologiques, vol. 20, nos 1-2,‎ , p. 511 (ISSN 1188-7109 et 1492-1413, DOI 10.7202/1018870ar, lire en ligne, consulté le )
  13. Jean-Noël Chopart, « Les collectivités de travail en milieu portuaire : Une recherche sur l'histoire de la mutualité ouvrière », Les Annales de la recherche urbaine, vol. 55, no 1,‎ , p. 141–147 (ISSN 0180-930X, DOI 10.3406/aru.1992.1682, lire en ligne, consulté le )
  14. (pt-BR) « início », sur Nossa Senhora de Sion (consulté le )
  15. « Historique », sur sion-paris.fr (consulté le ).
  16. « Historique collège-lycée Notre-Dame de Sion », sur sion-paris.fr (consulté le ).

Voir aussi

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Bibliographie

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  • Angela Xavier De Brito, « Comment devient-on une congrégation enseignante ? Le cas de Notre-Dame de Sion », Chrétiens et sociétés, no 25,‎ (ISSN 1257-127X, DOI 10.4000/chretienssocietes.4556, lire en ligne).
  • Claude Mondésert, s.j., Les Religieuses de Notre-Dame de Sion, Lescuyer, Lyon, .
  • Madeleine Comte, Sauvetages et baptêmes, les religieuses de Notre-Dame de Sion face à la persécution des juifs en France (1940-1944), L'Harmattan, .
  • Madeleine Comte, « De la conversion à la rencontre », Archives Juives - revue d'histoire des Juifs de France, vol. 35, no 1,‎ (DOI 10.3917/aj.351.0102, lire en ligne, consulté le ).
  • Olivier Rota et Danielle Delmaire (dir.), « Activités apostoliques et culturelles en Europe et au Levant. Notre-Dame de Sion (milieu XIXe siècle – milieu XXe siècle) », Journée d’étude organisée le 5 mai 2006 à l’Université Lille III, Université Lille III, Villeneuve d’Ascq, Travaux & Recherches,‎ .
  • Olivier Rota, Les Pères de Sion. Une vocation spécifique assumée avec difficulté (1925-1970), Sens, , p. 184-196.
  • Olivier Rota, Une double fidélité. Évolution générale de la congrégation féminine de Notre-Dame de Sion dans sa relation aux Juifs (1946-1969), Sens, , p. 67-77.
  • Limore Yagil, Chrétiens et Juifs sous Vichy sauvetage et désobéissance civile, Cerf,
  • Limore Yagil, La France terre de refuge et de désobéissance civile 1936-1944: sauvetage des Juifs, Cerf, 2010-2011
    3 tomes
  • Limore Yagil, Des catholiques au secours des Juifs sous l'Occupation, Bayard,

Articles connexes

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Liens externes

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