Cinéma islandais
Le cinéma islandais est caractérisé par la nature particulière de sa production qui relève plus de l'artisanat que de l'industrie. Longtemps confié à des passionnés capables d'hypothéquer leurs propriétés pour tourner un film, le cinéma islandais se tourne depuis les années 2000 vers des longs-métrages destinés à l'exportation. Si la figure tutélaire du cinéma islandais reste Friðrik Þór Friðriksson, de nouveaux auteurs tendent à se faire connaître internationalement, comme Baltasar Kormákur ou Dagur Kári.
Histoire du cinéma islandais
modifierLes débuts sous tutelle danoise
modifierLa première pierre du cinéma islandais a été posée en 1906 par un Danois, Alfred Lind, qui a tourné un documentaire de trois minutes dans le pays, l'Islande étant à l'époque une possession de la couronne danoise. L'inauguration de la première salle de cinéma est fêtée cette même année à Reykjavik[1].
C'est cependant avec l'arrivée en 1919 de la compagnie Nordisk Film de Copenhague, pour le long-métrage L'Histoire de la famille Borg, que le cinéma islandais commence à prendre forme sous l'impulsion des productions danoises. Ce film est une adaptation d'un roman de Gunnar Gunnarsson écrit en 1914 et contant un conflit typiquement islandais : le tiraillement entre l'envie d'émigrer à l'étranger et le besoin de rester sur ses terres ancestrales. Le héros du film est joué par un acteur islandais.
Les réalisateurs insulaires restent alors dans l'ombre des cinéastes danois et étrangers, bien mieux équipés techniquement et financièrement. C'est ainsi que Jacques de Baroncelli exploite les paysages de l'île en 1924 pour son adaptation de Pêcheur d'Islande, de Pierre Loti.
Quelques films sont cependant réalisés par des Islandais. Parmi eux, Hadda Padda en 1923, un thriller réalisé par Gunnar Robert Hansen et le metteur en scène de théâtre Gudmundur Kamban, toujours produit par la Nordisk danoise.
L'indépendance politique et artistique de 1944
modifierÀ partir de 1948, Óskar Gíslason marque le point de départ d’une culture cinématographique islandaise avec de nombreux films. Le reportage d’Óskar Björgunarafrekið við Látrabjarg (1949) atteint même les cinémas allemands[1], tandis que Loftur Guðmundsson a sorti le premier film sonore islandais la même année avec le Heimatfilm Zwischen Berg und Strand (Milli fjalls og fjöru). Óskar a présenté son premier long métrage en 1950, le film de conte de fées La dernière propriété dans la vallée (Síðasti bærinn í dalnum), qui reprend des contes populaires islandais. Après avoir mis en scène le sort des pauvres dans un village au 19ème siècle à Déporter (Niðurestningurinn) en 1951, il meurt en 1952.
En 1951, Óskar produit Les Frères Bakka à Reykjavík (Reykjavíkurævintýri Bakkabræðra), une comédie dans le style des Marx Brothers sur trois frères naïfs et leurs aventures. Il reste actif tout au long des années 1950 et réalise les films La Bouteille magique (Töfraflaskan, 1951), basé sur l’histoire d’un diable de bouteille, et le drame Ágirnd (1952), basé sur une pièce de Svöla Jóhannesdóttir. En outre, Óskar a utilisé une nouvelle de Vilhjálm S. Vilhjálmsson dans son film Nouveau rôle (Nýtt hlutverk, 1954), qui traite de la vie quotidienne des personnes âgées. À l’exception des deux courts métrages d’Ásgeir Long, Moon, Moon, Take Me (Tunglið, tunglið, taktu mig, 1955) et Gilitrutt, le « printemps cinématographique » islandais prend fin à cette époque. Bien que la société de production cinématographique de Gúdlaugur Rosinkranz, Edda-Film, fondée en 1949, ait pu participer à un certain nombre de productions, dont l’adaptation cinématographique de 1954 du roman de Halldór Laxness, Salka Valka (1954), 79 af stöðinni (1962) et Hagbard et Signe (Den røde kappe, 1967), qui a également été projeté dans les cinémas allemands, un système de financement du cinéma fonctionnel ne s’est pas produite pendant ces années. De plus, les rôles de ces films étaient principalement internationaux, bien que les films aient été tournés en Islande. En dehors de l’Islande, seuls les documentaires d’Ósvaldur Knudsen ont été connus, dont les films sur l’île ont remporté des prix dans de nombreux festivals, dont Naissance d’une île (Surtur fer Sunnan, 1964) et Feu sur Heimaey (Eldur í Heimaey, 1974). À l’automne 1966, la télévision islandaise est entrée en ondes et les cinéastes nationaux ont uni leurs forces pour former l’association des producteurs de films islandais Félag kvikmyndagerðarmanna, mais d’autres impulsions n’ont pas pu se concrétiser au début. [4] La télévision devait enseigner le métier à au moins certains cinéastes ultérieurs. Cependant, beaucoup d’autres ont étudié dans des écoles de cinéma dans toute l’Europe. Au fil du temps, de plus en plus de grandes productions télévisées ont été réalisées, comme la production en deux parties de la NDR Das Fischkonzert (Brekkukotsannál, 1972) de Rolf Hädrich. La même année, le Conseil culturel islandais a commencé à accorder des subventions à des cinéastes individuels, avec lesquels, par exemple, Reynir Oddson a pu réaliser le drame familial Histoire d’un meurtre (Morðsaga) en 1977. À l’été 1978, le premier festival du film a eu lieu à Reykjavík, qui s’est tenu chaque année à partir de ce moment-là. Dans le cadre du festival d’art Listahátíð í Reykjavík, les films The Farmer (Bóndi), un documentaire de Þorsteinn Jónsson, et Lily (Lija), un court-métrage de Hrafn Gunnlaugsson, ont été récompensés par un financement. Au cours des dix jours du festival, le ministre de la Culture de l’époque, Vilhjálmur Hjálmarsson, a annoncé que les archives cinématographiques de Kvikmyndasafn et les conseils du film de Kvikmyndasjóður seraient créés l’année prochaine.
Œuvres
modifierFilms
modifier- 1967 : La Mante rouge
- 1980 : Brennu-Njálssaga
- 1982 : Rokk í Reykjavík, documentaire
- 1982 : Með allt á hreinu (On Top)
- 1983 : Nýtt Líf
- 1984 : Hrafninn flýgur (When the Raven Flies)
- 1987 : Skytturnar (White Whales)
- 1990 : Quand nous étions sorcières (Einiberjatréð ou The Juniper Tree)
- 1991 : Les Enfants de la nature
- 1992 : Sódóma Reykjavík (Remote Control)
- 1995 : Cold Fever
- 1999 : Fíaskó
- 2000 : Les Anges de l'univers
- 2000 : Dancer in the Dark
- 2000 : Íslenski draumurinn (The Icelandic Dream)
- 2001 : 101 Reykjavík
- 2001 : Régina !
- 2002 : Hafið (The Sea)
- 2002 : Maður eins og ég (A Man Like Me)
- 2002 : Falcons
- 2003 : Stormy Weather
- 2003 : Nói l'albinos
- 2005 : Crime City
- 2005 : Dark Horse (Voksne mennesker)
- 2005 : Knight of the Living Dead
- 2005 : Screaming Masterpiece, documentaire sur la musique islandaise
- 2006 : The Last Winter
- 2006 : Le Direktør
- 2006 : Esprit d'équipe
- 2006 : Heima
- 2006 : Norway of Life
- 2006 : Jar City
- 2006 : Börn (Children)
- 2006 : Wrath of Gods
- 2007 : Foreldrar
- 2007 : Stardust, le mystère de l'étoile
- 2007 : Astrópía
- 2008 : Back Soon
- 2008 : Mariage à l'islandaise
- 2008 : Reykjavík - Rotterdam
- 2008 : Dark Floors
- 2008 : Heiðin (Small Mountain)
- 2009 : The Good Heart
- 2010 : Mamma Gógó
- 2010 : Jitters
- 2011 : Inni
- 2012 : Black's Game
- 2012 : Survivre
- 2013 : Metalhead
- 2013 : Des chevaux et des hommes
- 2014 : Dead Snow 2
- 2015 : Béliers
- 2015 : Everest
- 2015 : L'Histoire du géant timide
- 2015 : Paris of the North
- 2017 : Union of the North[2]
- 2018 : And Breathe Normally (Andið eðlilega)
- 2018 : Arctic
- 2018 : Woman at War
- 2019 : Mjólk, la guerre du lait
- 2020 : Un jour si blanc
- 2021 : Lamb
- 2022 : Godland
Films d'animations
modifierCourts métrages
modifierDocumentaires
modifierPersonnalités du cinéma islandais
modifierActeurs et actrices
modifier- Ágústa Eva Erlendsdóttir
- Baltasar Kormákur
- Berglind Icey
- Björk Guðmundsdóttir (plus connue sous le nom Björk)
- Eyþór Guðjónsson
- Gunnar Hansen
- Hilmir Snær Guðnason
- María Ellingsen
- Peter Ronson
- Stefán Karl Stefánsson
- Hafthór Júlíus Björnsson
- Friðrik Þór Friðriksson
- Jón Gnarr
- Björn Hlynur Haraldsson
- Arnar Jónsson
- Ólafur Darri Ólafsson
- Magnús Scheving
- Ingvar E. Sigurðsson
- Sigurður Sigurjónsson
- Anita Briem
- Didda Jónsdóttir
- Heida Reed
- Ásdís Thoroddsen
- Valgerður Guðnadóttir
Réalisateurs
modifier- Ásdis Thoroddsen
- Baltasar Kormákur
- Dagur Kári
- Hlynur Pálmason
- Einar Þór Gunnlaugsson
- Robert Ingi Douglas
- Friðrik Þór Friðriksson
- Hrafn Gunnlaugsson
- Jon Gustafsson
- Olaf de Fleur
- Sólveig Anspach
- Lárus Ýmir Óskarsson
- Grímur Hákonarson
- Barði Jóhannsson
- Lárus Ýmir Óskarsson
- Ólafur Haukur Símonarson
- Ása Helga Hjörleifsdóttir [3]
Autres
modifier- Scénariste
Notes et références
modifier- (en) Icelandic Films
- « Film - Union of the North - Matthew Barney, Valdimar Jóhannsson et Erna Ómarsdóttir - Regroupement québécois de la danse », sur Regroupement québécois de la danse (consulté le ).
- (en) « Ása Helga Hjörleifsdóttir - Director, Writer, Editor », sur Internet Movie Database, IMDb (consulté le ).
Voir aussi
modifierArticles connexes
modifierListes et catégories
modifier- (en) Films (chronologie)
- (en) Films A-Z
- (en) Réalisateurs, Réalisateurs islandais
- (en) Scénaristes
- (en) Compositeurs
- (en) Acteurs
Bibliographie
modifier- (fr) Peter Cowie, Le cinéma des pays nordiques, Paris, Centre Georges Pompidou, coll. « cinéma/pluriel », , 287 p. (ISBN 2-85850-541-1, ISSN 0980-2673)
- (fr) Élise Devieilhe, Représentation du genre dans le cinéma islandais du XXIe siècle, dans les actes du colloque L'Islande de l'Imaginaire (2008), Presses Universitaires de Caen, p. 59-72.
- (fr) Íris Ellenberger, L'Islande à l'écran. Le conflit de pouvoir derrière l'image, dans les actes du colloque L'Islande de l'Imaginaire (2008), Presses Universitaires de Caen, p. 17-33.
Liens externes
modifier- (fr) Les Givrés d'la Bobine, site consacré au cinéma de genre issu des contrées nordiques