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Byssus

ensemble de fibres sécrétées par certains mollusques bivalves et qui leur permet d'adhérer au substrat

Le byssus (du grec βύσσος / bússos, « lin fin ») est un ensemble de fibres sécrétées par certains mollusques bivalves et qui leur permet d'adhérer au substrat. Pour les mollusques comestibles (comme les moules), ce byssus est appelé barbe et est enlevé (ébarbé) avant la cuisson (en technique culinaire, on parle d'ébarbage).

Une moule et son byssus. Ocean Beach, à San Francisco (Californie, États-Unis).
Byssus de la Moule zébrée (Dreissena polymorpha).

Bien qu'une forte adhérence des moules aux récifs rocheux soit nécessaire à leur survie, ces organismes sessiles peuvent se libérer du substrat pour retrouver leur mobilité lorsqu'ils rencontrent des prédateurs ou un environnement difficile[1],[2],[3].

Byssogénèse

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Les fibres du byssus sont produites par une glande dite glande byssogène, caractéristique de certaines espèces des familles Mytilidae, Arcidae, Anomiidae, Pinnidae, Pectinidae, Dreissenidae et Unionidae.

Le byssus est formé de deux constituants sécrétés indépendamment et circulant dans des microvaisseaux, d'une part une solution riche en protéines adhésives et d'autre part une solution ionique riche en Fe3+ et V3+. Les deux liquides se rencontrent à proximité immédiate de l'eau de mer et réagissent sous l'effet du pH qui passe de 2 à 8, formant alors un réseau très robuste et de forte adhérence[4]. Quand une moule rencontre une crevasse, elle y crée une chambre à vide, à la manière d'un plombier avec sa ventouse. Le byssus est déversé dans cette chambre sous la forme d'une mousse liquide collante. Le pied du mollusque pompe alors cette mousse, ce qui produit des filaments de la taille d'un cheveu humain[5].

Les fibres, à base de protéines quinone et de kératine, ont une cuticule extérieure riche en tyrosine, un acide aminé particulier très adhésif même sous l'eau. Elles s'associent avec des ions ferriques, ce qui donne un complexe très résistant à l'usure et une grande capacité d'extension[6].

 
Certaines moules produisent un byssus très fin, apte à être cardé puis tissé.
 
Gant tricoté en soie marine. Golfe de Tarente (Italie).

En Méditerranée, le mollusque bivalve Pinna nobilis produit un byssus pouvant dépasser 6 cm que l'on transforme en un textile appelé soie de mer (en) ou laine de poisson. Cette matière, sorte de soie brune aux reflets dorés, était connue de certains peuples antiques du bassin méditerranéen. De nombreux textes grecs anciens tels que la version grecque du texte de la pierre de Rosette, mentionnent un textile fort onéreux sous le terme de byssus mais on sait aujourd'hui qu'il s'agissait non pas du byssus de mollusque mais de tissu de lin[7]. La Toison d'or de la mythologie aurait été selon certains historiens une référence au véritable byssus de la grande nacre[8].

Des textes du IXe siècle évoquent déjà la récolte de byssus et les qualités exceptionnelles de cette matière[9]. Cette activité a duré jusqu'au milieu du XXe siècle dans le golfe de Tarente et en Sardaigne. Chaque coquillage donne moins de deux grammes de fibres[8]. Le byssus est alors lavé, éclairci par un procédé chimique, puis cardé.

On utilise notamment le byssus pour confectionner des gants, des bonnets, mais toujours des objets luxueux.

La soie de mer n'est plus produite qu'en Sardaigne et uniquement par quelques rares femmes de Sant'Antioco, comme Chiara Vigo, qui en maîtrisent l'art[10],[11],[12], sinon le prélèvement de byssus n'a cours que pour réparer d'anciens habits[8]. Le byssus d'Atrina pectinata, un coquillage de la même famille, a été utilisé près de Sant'Antioco pour tisser de la soie de mer comme substitut de Pinna nobilis, espèce en danger critique d'extinction[12].

Attestations archéologiques

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Bioinspiration

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En 2007 des chercheurs ont synthétisé un polymère de la dopamine, dit polydopamine, qui pourrait servir de colle biologique fine en chirurgie et sur certaines prothèses délivrant des médicaments encapsulés dans des nanostructures[13],[14].

Les propriétés remarquables du byssus ont donné l'idée à des chercheurs en génie génétique d'insérer de l'ADN de moule dans des cellules de levure[réf. nécessaire].

Notes et références

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  1. (en) Guoqing Pan et Bin Li, « A dynamic biointerface controls mussel adhesion », Science, vol. 382, no 6672,‎ , p. 763-764 (DOI 10.1126/science.adl2002).
  2. (en) Jenaes Sivasundarampillai, Lucia Youssef, Tobias Priemel, Sydney Mikulin, E. Deniz Eren et al., « A strong quick-release biointerface in mussels mediated by serotonergic cilia-based adhesion », Science, vol. 382, no 6672,‎ , p. 829-834 (DOI 10.1126/science.adi74).
  3. (en) Laura Fattaruso, « How mussels quickly release their tethers to the shore », Physics Today,‎ (DOI 10.1063/PT.6.1.20231206a).
  4. (en) Tobias Priemel, Gurveer Palia, Frank Förste, Franziska Jehle, Sanja Sviben et al., « Microfluidic-like fabrication of metal ion-cured bioadhesives by mussels », Science, vol. 374, no 6564,‎ , p. 206-211 (DOI 10.1126/science.abi9702).
  5. Jose Babarro, Journal of the Marine Biological Association of the United Kingdom , 2008, vol. 88, n°4, pp. 783-791
  6. Harrington et al, Iron-clad fibers: a metal-based biological strategy for hard flexible coatings, Revue Science, mars 2010
  7. La version égyptienne du texte, quant à elle, parle simplement de "fin tissu" (fine linen), cf. http://www.reshafim.org.il/ad/egypt/texts/rosettastone1.htm.
  8. a b et c Louise Marquez, « De la soie de mer aux tissus d'or », Pour la Science, no 393,‎ (lire en ligne)
  9. "La Sardaigne productrice de matières précieuses au Moyen Âge : état des questions et projets d’enquêtes", Jean-Michel Poisson, Mélanges de l'école française de Rome, 2008, 120-1, pp. 159-171 [1]
  10. « Due tessitrici di Sant’Antioco hanno realizzato, in bisso marino, un arazzo per il Papa ed una tovaglia per la Basilica. », sur La Provincia del Sulcis Iglesiente (consulté le ).
  11. Projet de Soie Marine du musée d'Histoire Naturelle de Bâle (Suisse) http://www.muschelseide.ch/en/geschichte/20--Jahrhundert.html
  12. a et b Stefania Cubello, « Au fil de l'eau », Magazine International Patek Philippe,‎ , p. 35-39 (lire en ligne, consulté le ).
  13. Mussel-Inspired Surface Chemistry for Multifunctional Coatings Haeshin Lee, Shara M. Dellatore, William M. Miller, Phillip B. Messersmith Science 19 October 2007: vol. 318 no 5849 p. 426–430 DOI 10.1126/science.1147241
  14. Perspectives on poly(dopamine) Daniel R. Dreyer, Daniel J. Miller, Benny D. Freeman, Donald R. Paul et Christopher W. Bielawski Chem" Sci 2013, Advance Article DOI 10.1039/C3SC51501J

Voir aussi

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Bibliographie

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À propos de l'ultrastructure du byssus

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Articles connexes

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