Circuit des Boucles de la Seine
Le Circuit des Boucles de la Seine est une ancienne épreuve cycliste sur route créée en 1945. Disputée en région parisienne, elle est courue pour la dernière fois en 1973.
Sport | Cyclisme sur route |
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Création | 1945 |
Disparition | 1973 |
Organisateur(s) |
Ce Soir (1945-1953) L'Humanité Dimanche (1948-1973) |
Éditions | 26 |
Catégorie | Calendrier UCI / FFC |
Type / Format | Course classique |
Périodicité | Annuelle (juin) |
Lieu(x) | France (Île-de-France) |
Statut des participants | Professionnels français |
Tenant du titre | Robert Mintkiewicz (1973) |
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Plus titré(s) |
Joseph Groussard (3 titres) |
Histoire
modifierPlus communément appelée Boucles de la Seine, cette course cycliste fut créée en 1945 par le journaliste Georges Pagnoud, avec l'aide de Albert Baker d'Isy, pour le compte du quotidien Ce Soir[1]. Ce journal du soir "grand public", dirigé par les écrivains Louis Aragon et Jean-Richard Bloch tentait là sa première expérience d'organisateur d'épreuves cyclistes. Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, les sportifs avaient hâte de voir relancer des compétitions cyclistes dont beaucoup ne furent pas organisées pendant l'Occupation allemande. Certains journaux, organisateurs traditionnels de compétitions cyclistes furent interdits de publication après la Libération de la France. Ce soir, financé par le Parti communiste français se lançait dans l'aventure, qu'il poursuivait l'année suivante en créant la Ronde de France.
À partir de 1948, L'Humanité et L'Humanité Dimanche se joignaient à Ce soir dans l'organisation des Boucles de la Seine. Ils demeurèrent seuls après la disparition du quotidien du soir en 1953. C'était plus particulièrement l'hebdomadaire du dimanche matin qui assumait la logistique de la course.
La course connait une fin d'existence chaotique. Non organisée en 1968, elle était annulée en 1972. Perdant sa place de dernière classique disputée, traditionnellement en juin, avant le Tour de France, elle fut disputée en 1973 à l'automne, désorientant public et coureurs. L'Humanité Dimanche renonçait alors à l'organiser. Plusieurs autres paramètres intervenaient dans cette décision :
- les contraintes financières pesant sur le journal restreignaient cette forme coûteuse de promotion du journal.
- les difficultés d'obtenir les autorisations nécessaires pour disposer de routes dans une région à forte circulation automobile étaient une contrainte qui faisait et avait fait disparaître la plupart des autres courses.
- la vocation nationale du journal, comme son lectorat, limitait un investissement régional plus fort.
1947, Bobet accède à la célébrité
modifierLa première édition des Boucles de la Seine était ouverte à tous les coureurs, quelle que soit leur nationalité. Ce fut un français qui triompha néanmoins. Dès 1946, l'épreuve fut réservée aux seuls français, comme le Critérium national. En 1947, le dimanche , le Circuit des Boucles offrait à un jeune espoir breton l'occasion de son premier grand succès. Lorsqu'en 1959, les éditions Hachette publient dans la célèbre collection bibliothèque verte le livre signé par Louison Bobet, Champion cycliste, celui-ci commence sa narration par cinquante pages (sur 188 que comporte l'ouvrage) de récit épique sur sa « première grande course ».
En cette année 1947, le tracé du circuit sur les routes de la banlieue parisienne et de l'Île-de-France que livre Champion cycliste donne une idée de cette course disparue. Longue de 280 kilomètres, la boucle autour de la vallée de la Seine prenait son départ à Maisons-Alfort et se terminait à Montrouge, au vélodrome Buffalo[2]. Celui-ci n'existe plus. Mais la route est buissonière entre ces deux communes de la banlieue sud de Paris. La voici: Villeneuve-Saint-Georges, Brunoy, Melun, Corbeil, Fresnes, Versailles, Saint-Germain-en-Laye, Mantes, Bonnières, Vernon au km 170 où s'effectue le retour en passant par Gasny, Vétheuil, Meulan, Pontoise km 225, Bezons, Porte Maillot km 260, et le Vélodrome Buffalo. Bobet termine la course, détaché avec près de 6 minutes[3] d'avance sur le second : « tout se passa comme dans un rêve. J'entrai sur le vélodrome et les cris de la foule m'électrisaient au point que je fis l'ultime tour de piste au sprint pour bien montrer que je n'étais pas au bout de mes forces.»
- Le reste est demeuré dans ma mémoire comme un beau rêve bleu un peu brumeux. Je revois mon père en larmes me serrant dans ses bras, je me revois bafouillant bêtement dans un micro « je suis bien content d'avoir gagné », (...)[4]
1960, Poulidor déjà qualifié "éternel second !"
modifierLa position des Boucles de la Seine dans le calendrier des courses cyclistes lui assurait un rôle de choix : permettre les dernières sélections dans les équipes nationales et régionales du Tour de France avant 1962. Ainsi en 1960[5] le sélectionneur Marcel Bidot a laissé une place à pourvoir dans l'équipe de France, qu'il attribue après les "Boucles". 3 hommes se détachent en fin de course dans la côte de "Cœur-volant", puis se disputent au sprint la victoire sur la piste d'un Parc-des-Princes comble. Au terme de 282 kilomètres, parcourus en 7 h 8 min 59 s (moyenne : 39,442 km/h), Marcel Rohrbach (équipe Peugeot) l'emporte devant Raymond Poulidor (équipe Mercier) et René Pavard (équipe Helyett-Leroux). Rohrbach, déjà sélectionné dans l'équipe régionale "Centre-Midi", Poulidor[6] que le directeur sportif Antonin Magne dissuade de participer au Tour, c'est le 3e, Pavard, qui se voit attribuer de la 14e place dans l'équipe de France. L'hebdomadaire sportif publie une photo montrant Poulidor après la course et la titre: « Poulidor, éternel second ! » Cette réputation va le suivre durant sa carrière.
Palmarès des Boucles de la Seine
modifierSources
modifier- Louison Bobet : Champion cycliste, « Bibliothèque verte », Hachette, Paris, 1959.(190 pages)
- Robert Descamps :
- Palmarès des 10 premiers de chaque édition des Boucles de la Seine, dans L'armoire aux souvenirs, Miroir du cyclisme, numéro 155, , page 33.
- notice Boucles de la Seine dans Le cyclisme de A à Z, encyclopédie Miroir du cyclisme, Miroir du cyclisme numéro 161, .
- Claude Sudres : notice "Boucles de la Seine", dans Dictionnaire international du cyclisme, 1993, p. 50.
Notes et références
modifier- Ce soir, 8 juillet 1945 Présentation du parcours et des participants au 1er circuit des Boucles de la Seine
- Ce vélodrome fut détruit au début des années 1950. L'arrivée du Circuit des Boucles de la Seine s'effectuait ensuite au Vélodrome du "Parc-des-Princes" à Paris.
- L'Humanité, 27 mai 1947 : « La victoire du rennais Bobet lui ouvre sa place dans l'équipe de France pour le Tour de France ».
- Louison Bobet, Champion cycliste, page 50, opus cité en sources.
- Miroir sprint, numéro 733, 20 juin 1960 : 7 pages (pages 16-24) sur les 40 que compte l'hebdomadaire, qui se proclame « le maillot jaune des hebdomadaires sportifs », sont consacrées à rendre compte par le texte et la photo du déroulement de la course. Deux articles signés Robert Barran et Robert Chapatte, et 11 photos occupant trois pleines pages offrent un reportage le plus vivant possible sur la course disputée le dimanche 19 juin.
- Poulidor… qui ne sprinte pas car il croyait qu'il y avait encore un tour de piste à faire, selon Robert Barran.
- La 1re édition des Boucles de la Seine, 265 km, remportée en 7 h 23 min 16 s, est la seule qui ait été internationale. Le coureur classé 4e est le Belge Brick Schotte.
- Bobet revint plusieurs fois disputer les Boucles de la Seine : il fut 4e en 1948; 2e en 1956; 4e en 1958. En 1947, son second était à 5 min 59 s. C'est le plus important écart enregistré dans l'histoire des "Boucles".
- Les éditions de 1956 et 1957 sont les plus longues en kilométrage : 298 km sont parcourus. René Privat les accomplissait en 7 h 28 min 27 s. René Privat terminait 6e en 1959; 4e en 1960; 5e en 1961.
- 298 km en 1957, Jacques Dupont les parcourait en 7 h 49 min 16 s. C'est en temps aussi la course la plus longue.
- Jacques Anquetil avait terminé 4e des "Boucles de la Seine" en 1957.
- Jean-Louis Bodin, effectuait les 259 km en 6 h 05 min 49 s. Il établissait la moyenne record des Boucles de la Seine : 42, 680 km/h.
- 4e des "Boucles de la Seine" en 1967, Roger Pingeon remportait le Tour de France 4 semaines plus tard.
- L'édition de 1971 comportait 259 km.
- Disputée le 28 octobre 1973, dernière course de la saison, après même le Trophée Baracchi, la course ne pouvait survivre… Robert Mintkiewicz effectuait les 216 km de la Boucle en région parisienne en 5 h 29 min 7 s