[go: up one dir, main page]

Bernardo Bertolucci

scénariste et réalisateur italien

Bernardo Bertolucci [berˈnardo bertoˈlutt͡ʃi][N 1] (né le à Casarola et mort le à Rome) est un scénariste et réalisateur italien dont la carrière s'étend sur 50 ans. Considéré comme l'un des plus grands réalisateurs du cinéma italien, le travail de Bertolucci a acquis une renommée internationale. Avec Le Dernier Empereur (1987), il devient le premier cinéaste italien à remporter l'Oscar du meilleur réalisateur, et il a reçu de nombreuses autres distinctions durant sa carrière dont un BAFTA, un César, deux Golden Globes, un Lion d'or en 2007, et une Palme d'Or honorifique au Festival de Cannes 2011[1].

Bernardo Bertolucci
Description de cette image, également commentée ci-après
Bernardo Bertolucci en 2011.
Naissance
Casarola (province de Parme,
Italie)
Nationalité Italienne
Décès (à 77 ans)
Rome (Italie)
Profession Réalisateur, scénariste
Films notables Le Dernier Empereur
1900
Le Dernier Tango à Paris
Le Conformiste
Il était une fois dans l'Ouest (scénariste)

Protégé de Pier Paolo Pasolini[2], Bertolucci fait ses débuts en tant que réalisateur à 22 ans. Son deuxième film, Prima della rivoluzione (1964), reçoit de solides critiques internationales et a depuis acquis un statut de classique, étant qualifié de « chef-d'œuvre du cinéma italien » par Film4. Son film Le Conformiste (1970), une adaptation du roman d'Alberto Moravia, est considéré comme un classique du cinéma international[3], et est nommé à l'Oscar du meilleur scénario adapté et au prestigieux Ours d'or. Son drame érotique Le Dernier Tango à Paris (1972) est controversé en raison de sa scène de viol et des commentaires de l'actrice Maria Schneider sur son traitement sur le plateau[4]. Ses films ultérieurs tels que l'épopée historique 1900 (1976), le drame familial La Luna (1979), et la comédie noire La Tragédie d'un homme ridicule (1981), sont également controversés mais acclamés.

Son film Le Dernier Empereur (1987), un biopic du monarque chinois Puyi, est un succès critique et commercial, gagnant des critiques élogieuses et dominant la 60e cérémonie des Oscars (avec notamment l'Oscar du meilleur film et du meilleur réalisateur). Il poursuit son succès avec deux autres films dans sa « Trilogie orientale[5] » : Un thé au Sahara, l'adaptation du roman éponyme, et Little Buddha, une épopée religieuse bouddhiste. Son film Beauté volée (1996) lui vaut une deuxième nomination à la Palme d'Or. Il continue à réaliser jusqu'au 21e siècle, réalisant son dernier film, Moi et toi, en 2012.

Les films de Bertolucci abordent souvent les thèmes de la politique, de la sexualité, de l'histoire, de la lutte des classes, et des tabous sociaux[6],[7], et son style a influencé plusieurs autres cinéastes. Plusieurs de ses films sont apparus sur les listes des plus grands films de tous les temps.

Biographie

modifier

Bernardo Bertolucci est le fils aîné du poète Attilio Bertolucci et le frère de Giuseppe Bertolucci. Il commence à écrire dès l'âge de 15 ans et est récompensé pour son travail peu de temps après. Il reçoit notamment le Premio Viareggio. Il se rend ensuite à Rome pour ses études et devient l'assistant de Pier Paolo Pasolini sur Accattone[8]. Il travaille aussi plus tard avec Sergio Leone et Dario Argento sur le scénario d'Il était une fois dans l'Ouest. Son second film, Prima della rivoluzione, inspiré de La Chartreuse de Parme de Stendhal, est acclamé par la critique et marque le renouvellement du cinéma d'auteur italien des années 1960. Le thème de l'ambiguïté politique et sexuelle est illustré par une mise en scène revendiquant un certain gongorisme dans sa sophistication visuelle et son style chorégraphié.

Dans les années 1970, il tourne pour la télévision La Stratégie de l'araignée, d'après Borges. Le Dernier Tango à Paris, interprété par Marlon Brando et Maria Schneider, provoque un scandale en Italie[9] à cause d'une relation très sulfureuse entre un homme mûr et une jeune femme, incluant une scène de sodomie et une séquence où le héros insulte le corps de sa femme défunte.

Bertolucci apparaît dans un documentaire en trois parties, Les Écrivains italiens et l'Italie des écrivains : ombres et questions, dans l'émission Italiques pour parler des relations entre le cinéma et la littérature en 1973 et 1974[10]. Son cinéma à venir se veut fidèle à un certain regard politique. Il reflète en ce sens une vision épique et romanesque mais sans concession de l'histoire italienne (1900, Le Conformiste). La Luna évoque une relation difficile entre une cantatrice et son fils et La Tragédie d'un homme ridicule est une fable pessimiste qui vaut à Ugo Tognazzi le prix d'interprétation masculine à Cannes en 1981.

Il est l'invité de l'Été Cinéma des Rencontres cinématographiques de Digne-les-Bains, à l'initiative de Jean-Pierre Castagna, en 1988[11].

Le Dernier Empereur, tourné en grande partie dans la Cité interdite à Pékin, évoque le destin tragique du tout dernier empereur chinois issu de la dynastie mandchoue : Pu Yi, placé sur le trône à l'âge de trois ans. Triomphe international, le film obtient neuf Oscars, dont ceux du meilleur film et du meilleur réalisateur en 1988. Il est le premier volet d'une trilogie spirituelle et orientale complétée par Un thé au Sahara[12] et Little Buddha.

En 2011, il reçoit, des mains de Gilles Jacob, la Palme d'honneur à Cannes pour l'ensemble de son œuvre.

Bertolucci meurt d'un cancer du poumon le à Rome[13], à l'âge de 77 ans. Il est incinéré, puis ses cendres sont dispersées[14].

Participation à des jurys

modifier
 
Bertolucci en 1971.

En 1985, Bertolucci est membre du jury du 1re Festival international du film de Tokyo.

Il préside en 1990 le 43e festival de Cannes où le jury décerne la Palme d'or à Sailor et Lula de David Lynch[15].

Il est également président du jury de la Mostra de Venise à deux reprises : la première fois en 1983 (sous sa présidence, le Lion d'or fut attribué à Prénom Carmen de Jean-Luc Godard), et la seconde, en 2013 (son jury couronna du Lion d'or le documentaire Sacro GRA de Gianfranco Rosi).

Décorations

modifier

Croyances et convictions politiques

modifier

Bertolucci était athée[17].

La politique a une place importante dans ses films. Il était un marxiste avoué. Comme Luchino Visconti, qui engageait les acteurs étrangers à la fin des années 1960, Bertolucci exprimait ses vues politiques à travers ses films ; ces derniers sont souvent autobiographiques et très controversés[18].

Avant de réaliser ses films politiques, il s'est intéressé au sujet de réévaluation de l’histoire. Son film Le Conformiste (1970) critique l’idéologie fasciste, évoque les thèmes de la nation et du nationalisme, les questions de la culture populaire et de mémoire collective[19]. Le film 1900 évoque, de manière théâtralisée, la bataille entre les gauches et les droites[20].

Le , Bertolucci fait partie des signataires de l'appel au gouvernement suisse pour libérer Roman Polanski, qui était détenu en attente d'extradition vers les États-Unis[21].

Sur Twitter le , Bertolucci a participé à #whomademyclothes, la campagne de Fashion Revolution qui lutte contre les ateliers de misère, commémorant l'effondrement du Rana Plaza en 2013, l'accident le plus meurtrier dans l'histoire de l'industrie du vêtement[22].

Polémique concernant Le Dernier Tango

modifier

En 2013, Bertolucci reconnaît dans une entrevue vidéo ne pas avoir prévenu Maria Schneider, lors du tournage du Dernier Tango à Paris, du déroulement de la scène qui ferait scandale, parce qu'il voulait capturer sa réaction « en tant que fille et non en tant qu'actrice »[23],[24].

Elle assimila cette scène à un viol, précisant qu'elle n'avait jamais pardonné à Bertolucci[25].

Filmographie

modifier

Réalisateur

modifier

Scénariste

modifier

Sauf mention contraire, la réalisation était également de Bernardo Bertolucci.

Producteur

modifier

Distinctions

modifier

Publication

modifier

Notes et références

modifier
  1. Prononciation en italien standard retranscrite selon la norme API.
  2. Reçu à Rome sur proposition de la présidence du Conseil des ministres.
  3. Réalisation collective d'Ugo Adilardi, Silvano Agosti, Gianni Amico, Alfredo Angeli, Giorgio Arlorio, Gioia Benelli, Roberto Benigni, Bernardo Bertolucci, Giuseppe Bertolucci, Paolo Bianchini, Libero Bizzarri, Carlo Di Palma, Luigi Faccini, Giorgio Ferrara, Nicolò Ferrari, Andrea Frezza, Ansano Giannarelli, Franco Giraldi, Francesco Laudadio, Carlo Lizzani, Luigi Magni, Massimo Manuelli, Francesco Maselli, Giuliano Montaldo, Riccardo Napolitano, Piero Nelli, Renato Parascandolo, Luigi Perelli, Paolo Pietrangeli, Gillo Pontecorvo, Faliero Rosati, Roberto Russo, Massimo Sani, Ettore Scola, Raffaele Siniscalchi, Sergio Spina, Gabriele Tanferna, Anna Maria Tatò, Gianni Toti et Piero Vivarelli.

Références

modifier
  1. « Bernardo Bertolucci to receive Palme d'Or honour », BBC News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. « A director outgrowing the influence: Bernardo Bertolucci in the 1960s | Sight & Sound », sur British Film Institute, (consulté le )
  3. « Bernardo Bertolucci obituary: extraordinary director of visually outstanding cinema | Sight & Sound », sur British Film Institute, (consulté le )
  4. (en-US) Anna North, « The disturbing story behind the rape scene in Bernardo Bertolucci’s Last Tango in Paris, explained », sur Vox, (consulté le )
  5. (en-US) Elisa Leonelli, « Remembering Bernardo Bertolucci », sur Cultural Weekly, (consulté le )
  6. (en-US) Bilge Ebiri, « Bertolucci, Bernardo – Senses of Cinema », (consulté le )
  7. (en-US) Ann Hornaday, « More than anyone, Bernardo Bertolucci exemplified the pain and pleasure of the male gaze », The Washington Post,‎ (ISSN 0190-8286, lire en ligne, consulté le )
  8. « Bernardo Bertolucci évoque le tournage d'Accatone de Pasolini » sur INA.fr.
  9. « Censure du cinéma en Italie » sur INA.fr.
  10. Italiques, deuxième chaîne de l'ORTF, 24 août 1973, 16 août 1974.
  11. « Flash back » sur unautrecinema.com.
  12. Reportage et interview de Bertolucci sur Un thé au Sahara sur INA.fr.
  13. (it) Irene Bignardi, « È morto Bernardo Bertolucci, l'ultimo grande maestro », sur Repubblica.it, Repubblica, (consulté le ).
  14. Find a grave
  15. « Palme d'or à Cannes (1990) pour Sailor et Lula (Wild at Heart) de David Lynch » sur Youtube.com.
  16. (es) « Relación de premiados del año 2006 », sur Ministère de la Culture, (consulté le ) [PDF].
  17. « Rassegna stampa Bernardo Bertolucci », sur mymovies.it (consulté le ).
  18. (en) Yosefa Loshitzky, The Radical Faces of Godard and Bertolucci, Wayne State University Press, , 286 p. (ISBN 978-0-8143-2446-2, lire en ligne).
  19. (en-GB) Shane Danielsen, « The Conformist returns to remind us of the banality of evil », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le ).
  20. (en) « 1900 », sur TVGuide.com (consulté le ).
  21. (en-US) Alt Film Guide, « Penélope Cruz, Bernardo Bertolucci, Gael García Bernal Sign Roman Polanski Petition », sur Alt Film Guide (consulté le ).
  22. « Fashion Revolution: who made your clothes? », sur MINDFOOD (consulté le ).
  23. Didier Péron, « Bertolucci sur Le Dernier Tango à Paris : “J’ai été horrible avec Maria” », Libération,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  24. (en-GB) Hannah Summers, « Actors voice disgust over Last Tango in Paris rape scene confession », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le ).
  25. Le Dernier Tango à Paris, Allociné.

Voir aussi

modifier

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie

modifier
  • Bernardo Bertolucci, études cinématographiques, no 122-126, Paris, Lettres Modernes, Minard, 1979
  • Bertolucci par Bertolucci, entretiens avec Enzo Ungari et Donald Ranvaud, Paris, Calmann-Lévy, 1987
  • Sur Bertolucci, Pierre Pitiot et Jean-Claude Mirabella, Castelnau-le Lez, Climats, 1991
  • Olivier Maillart, « D’une maladie l’autre : Bernardo Bertolucci entre deux idées d’un cinéma révolutionnaire », in Christian Biet et Olivier Neveux (sous la direction de), Une histoire du spectacle militant. Théâtre et cinéma militants 1966-1981, Montpellier, L'Entretemps, 2007
  • Christian Berger, « Nécrologie des personnalités disparues en 2018 : Bernardo Bertolucci », L'Annuel du Cinéma 2019, Éditions Les Fiches du cinéma, Paris, 2018, 800 p., p. 756 (ISBN 978-2-902-51633-9)

Liens externes

modifier