Bataille du pont d'Émagny
La bataille du pont d'Émagny a lieu le pendant la guerre de Succession de Bourgogne sur les communes actuelles de Pin et d'Émagny. Elle oppose les troupes françaises de Georges de La Trémoille aux troupes rebelles du comté de Bourgogne de Hugues de Chalon, qui refusent leur soumission à Louis XI.
Date | 25 juin 1477 |
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Lieu |
Pin - Émagny Comté de Bourgogne |
Issue | Victoire tactique française |
Royaume de France | État bourguignon Comté de Bourgogne |
Georges de La Trémoille de Craon Gaston du Lion |
Hugues de Chalon Claude de Vaudrey |
Entre 10 000 et 12000 hommes | Entre 3000 et 4000 mercenaires Entre 1000 et 1500 hommes |
Plus de 3000 morts ou blessés | Entre 800 et 1500 morts 1200 prisonniers |
Guerre de Succession de Bourgogne
Batailles
Siège de Vesoul (1477), Bataille du pont d'Emagny (1477), Siège de Gray (1477), Siège de Dole (1477), Bataille de Guinegatte (1479), Siège de Dole (1479), Siège de Vesoul (1479)
Coordonnées | 47° 18′ 59″ nord, 5° 51′ 58″ est | |
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Appellations et dates différentes
modifierCette bataille est abordée dans les différents ouvrages qui la traitent, sous des noms qui différent parfois. Ainsi on peut la trouver également nommée :
- Bataille de Pin l'Émagny
- Bataille du pont de Magny
- Bataille du pont du Magny
Les dates varient selon les sources et on peut trouver également les dates de la bataille fixées au 17, 19 ou 25 juin. Mais la date du 25 semble la plus fiable car recoupée avec d'autres informations comme l'arrivée des troupes alsaciennes à Besançon le 23 juin, ce qui rend impossibles les dates des 17 et 19 juin.
Contexte de 1477
modifierLe , les états du comté de Bourgogne reconnaissent leur soumission à la couronne française, bien que la province soit terre d'empire. Cependant, les promesses non tenues et la tyrannie du roi de France Louis XI commencent à échauffer les esprits. Quelques jours après, lorsque les Français tentent d'installer leur garnison à Dole, la population « Inaccoutumée aux écharpes blanches » des troupes françaises, se révolta aux cris de « Bourgogne et Dole ! Vive dame Marie de Bourgogne ! » se ruant sur les Français, tuant ceux qui résistaient et forçant les autres à quitter la cité[1]. Le mouvement se propage dans toute la Franche-Comté et déjà en mars un soulèvement général, dirigé par le prince d'Orange, Guillaume de Vaudrey et Simon de Quingey, commence dans le pays. Après une série de revers et notamment à Vesoul, le gouverneur français Georges II de La Trémoille, Sire de Craon, décide d'intervenir en force pour empêcher la jonction des troupes comtoises avec des renforts suisses et alsaciens et forcer l'accès à Besançon[2].
À partir du 22 avril, les Français reçoivent des renforts conséquents et commencent la conquête du comté en prenant la route de Besançon. Ils prennent Marnay, Corcondray, Ougney, Gendrey, Balançon et Pesmes. Pendant ce temps, Jean de Chalon-Arlay, gouverneur de Franche-Comté et commandant en chef des troupes comtoises, est enfermé à Gy préparant une attaque et tenant également cette position. Les Français enhardis continuent leur avance et après avoir pris Fraisans et Bucey les Gy, ils menacent à présent le quartier-général comtois du prince d'Orange. Son oncle Hugues de Chalon de Châtel-Guyon, rassemble les grands seigneurs comtois comme Guillaume de Vergy ou Claude de Vaudrey, et les garnisons locales, sous son commandement pour rejoindre et fortifier son neveu[3].
Le 23 juin, 3000 à 4000 mercenaires suisses et alsaciens revenant de Lorraine et commandés par le brutal Ulrich Traber, de Mulhouse, arrivent devant Besançon et campent à la Mouillère[4].
La bataille
modifierHugues de Châtel-Guyon après avoir rallié Suisses et Alsaciens, quitte Besançon avec son armée le 25 au matin. Il se dirige sur Moncley afin de rallier la garnison comtoise de 400 hommes qui tenait le château[5]. Il apprend en chemin que l'armée française arrive à sa rencontre et compte s'emparer du pont, objectif stratégique indispensable pour accéder à Besançon[6]. Le commandant comtois décide de presser le pas et arrive le premier à Émagny ou ses hommes tiennent la berge sud de l'Ognon et une partie du pont. Les Français ne réagissent pas, ils sont de l'autre coté, occupés à prendre le village de Pin et son château, qu'ils détruisent en grande partie[7].
Une fois la prise terminée, le sieur de Craon envoie son armée à l'assaut du pont. Les soldats français sont reçus par une pluie de flèches meurtrière. Ceux qui en réchappent se voient assaillis par les combattants comtois. Les pertes françaises sont sévères[8]. Le pont va être ensuite disputé tout au long de la journée et va être pris, perdu, puis repris, le tout de nombreuses fois[3]. Les cadavres s'entassent sur le pont, la rivière devient rouge, mais progressivement les Français parviennent à prendre pied sur la rive sud du côté d'Émagny. Les lignes comtoises, inférieures en nombre, reculent progressivement en s'éloignant de la rivière. Hugues de Chatel-Guyon avec le contingent comtois, tente une vigoureuse contre-attaque. Mais ce dernier se coupe progressivement de ses lignes qui continuent leur recul. Encerclé, il est fait prisonnier par les Français et par le sénéchal de Toulouse, Gaston du Lion[5],[9].
À la fin de la journée, les lignes comtoises sont enfoncées puis s’effondrent complètement. Les troupes s'enfuient et battent en retraite sur Besançon. Les Français quant à eux ont réussi à faire passer la rivière à leur armée mais au prix de lourdes pertes (supérieures à celles des Comtois), dont leurs meilleures troupes. Les Comtois ont perdu à peu près la moitié de leurs effectifs.
Conséquences
modifierLes Français poursuivent les Comtois jusqu'aux abords de Besançon. Mais cette victoire sera sans lendemain. Avant d'atteindre Besançon, le sieur de Craon est averti que des émeutes éclatent dans le duché de Bourgogne où il est rappelé par Louis XI.
Jean de Chalon-Arlay peut sortir de Gy pour faire sa jonction avec les troupes défaites à Émagny. Mais la garnison allemande qu'il avait laissée à Gy dans la crainte d'une attaque française, prit panique et abandonna la ville, non sans l'avoir auparavant pillée.
Le sieur de Craon reviendra en août suivant pour tenter de prendre notamment Dole mais sans succès.
Cette victoire française fut tellement inexploitée qu'elle fut même considérée comme une victoire stratégique comtoise par certains historiens comme Armand Marquiset[3]. Entre autres parce que la résistance comtoise n'y a pas été abattue et parce que Besançon sera de fait épargnée.
Hugues de Chatel-Guyon, le commandant comtois, est envoyé en détention à Chalon puis il est libéré et épouse la nièce de Louis XI, Louise de Savoie[10]. Il se retire ensuite sur ses terres de Nozeroy où il finit sa vie.
Notes et références
modifier- Histoire de Dole 1882, p. 112.
- Histoire des ducs de Bourgogne de la maison de Valois, 1364-1477, Vedova di A. F. Stella e Giacomo figlio, (lire en ligne)
- Armand Marquiset, Statistique historique de l'arrondissement de Dole, C. Deis, (lire en ligne)
- Jean-Louis Clade, Si la comté m'était contée, Le Coteau, Horvath, , 173 p. (ISBN 2-7171-0687-1), p. 63
- Duronzier, Mémoire historiques sur la Franche-Comté pendant la domination des ducs de Bourgogne de la Maison de Valois..., Charles Deis, (lire en ligne)
- Eugène Rougebief, Histoire de la Franche-Comté ancienne et moderne: précédée d'une description de cette province, C. Stèvenard, (lire en ligne)
- « Le Château de Pin », sur Commune de Pin (consulté le )
- Robert Monnet, Histoire de Brussey, village comtois de la vallée de l'Ognon, l'auteur, (lire en ligne)
- Revue de Fribourg, (lire en ligne)
- Comptes-rendus, (lire en ligne)