Ballon monté
Un ballon monté désigne à la fois un aérostat de type ballon à gaz et un courrier ayant été envoyé par ce moyen lors du siège de Paris durant la guerre franco-prussienne de 1870.
L'histoire des ballons montés ne dure que quatre mois et demi, entre le et le , durant lesquels 67 ballons s'échappent de la capitale encerclée. Les départs se font de jour comme de nuit, essuyant les tirs de barrage des troupes prussiennes. On estime à 2 500 000-3 000 000, le nombre de plis, lettres et dépêches qui ont été transportés.
Conception
modifierLes ballons sont gonflés au gaz d'éclairage, de l'hydrogène bicarboné provenant de la décomposition de la houille, gaz environ deux fois plus léger que l'air. Ils sont dits montés car équipés d'une nacelle où prennent place le pilote, le courrier, et éventuellement des passagers. Ils ne disposent pas d'équipement pour les diriger, se déplaçant dans le sens du vent.
Historique
modifierNadar constitue de son propre chef la « Compagnie des aérostiers militaires » avec des bénévoles dont Camille Legrand (dit « Dartois ») et Claude-Jules Duruof, dont le but est la construction de ballons militaires pour les mettre à la disposition du gouvernement. Elle est l'héritière des deux premières Compagnies d'aérostiers créées à la Révolution française. Leur première volonté était d'utiliser des ballons captifs (attachés au sol) pour l'observation des mouvements de l'ennemi. Germain Rampont, directeur général des Postes, se range à l'idée d'organiser des communications avec l'extérieur de Paris. Ils établissent un campement sur la place Saint-Pierre, au pied de la butte Montmartre, où naît la poste aérienne du siège.
Cette première fabrication en série d'aéronefs, marque le début de l'industrie aéronautique. Les trains ne circulant plus, deux ateliers de construction de ballons sont installés dans les gares de chemin de fer réquisitionnées : les frères Godard à la gare d'Austerlitz et Camille Dartois et Gabriel Yon, associés de Nadar, à la gare du Nord. Ils fabriquent des ballons captifs permettant de surveiller l’ennemi, d’établir des relevés des positions et des ballons libres permettant d’acheminer du courrier et des passagers hors de la ville assiégée. Nadar baptise ses ballons : le George-Sand, l'Armand-Barbès, le Louis-Blanc, etc.[1]
Le , Duruof décolle à bord du Neptune et franchit les lignes ennemies.
Deux décrets du 27 septembre 1870 de l'Administration des Postes du Gouvernement de la Défense Nationale autorisent officiellement l'expédition du courrier par voie d'aérostats, applicables dès le lendemain. Ces deux décrets marquent la naissance de la Poste aérienne[2]. L'administration imposait d'écrire sur du papier très mince et de plier la lettre en la cachetant de façon qu'il ne soit pas nécessaire d'utiliser d'enveloppe. Les plis ne devaient pas excéder 3 ou 4 grammes.
Rapidement, faute d'aéronautes disponibles dans Paris, on recruta des marins et des gymnastes volontaires. Ceux-ci n'ayant aucune expérience, on les forma d'une manière expéditive, leur apprenant au sol les rudiments de l'aérostation. Cela ne fut pas sans conséquence quant à la qualité de la navigation et des atterrissages, avec en conséquence plusieurs blessés et des disparitions. L'installation d'un anticyclone sur le Nord-Est de l'Europe à partir de la fin novembre, poussant les ballons vers l'Ouest portés par des vents forts du Nord-Est et apportant sur Paris un temps très froid avec des records de températures négatives à l'époque, est la principale cause des pertes dans l'océan Atlantique.
Germain Rampont rationalise la fabrication des ballons postaux : ils devaient cuber 2 000 mètres, être en percaline à l'huile de lin, les nacelles en osier devaient avoir 1,30 m de large et 1,50 m de haut ; les sacs postaux, les sacs de lest et les cages de pigeons voyageurs pouvaient être suspendus à l'extérieur pour faciliter les mouvements lors des manœuvres.
Sollicité pour trouver une riposte, l'industriel allemand Krupp construisit plusieurs mousquets anti-ballons. Ce furent les premiers canons antiaériens. Ils furent peu efficaces, en raison de l'altitude prise par les ballons. Seul le ballon Daguerre fut mitraillé le 12 novembre 1870 : ses deux passagers furent faits prisonniers[3]. Les Prussiens renvoyèrent les pigeons vers Paris avec de faux messages faisant état de prétendues défaites des armées françaises, mais les dépêches étaient signées du nom d'un secrétaire du gouvernement qui était resté à Paris.
Pour éviter la détection des ballons par les observateurs prussiens, ce qui pouvait aboutir à leur capture, on décida de partir de nuit à partir du 18 novembre. Cela rendait les vols encore plus dangereux, car il était impossible de connaître la direction initiale prise par le ballon.
Les frères Albert Tissandier (1839 - 1906) et Gaston Tissandier (1843 - 1899) tentèrent de faire le voyage retour par le même moyen avec le ballon Jean Bart, et organisèrent plusieurs points de départ des villes non occupées par les troupes prussiennes avec l'aide d'aérostiers ayant fait eux aussi une sortie. Les tentatives, avant que les troupes prussiennes n'étendent leur zone d'occupation, furent des échecs.
Des expériences faites par l'armée française après la guerre indiquent qu'un ballon-poste de taille ordinaire est vulnérable aux tirs d'un fusil Chassepot jusqu'à 400 mètres d'altitude[3].
L'histoire retiendra le nom « ballon monté » à la fois pour ces ballon à gaz et pour les lettres envoyées par ce moyen lors du siège de Paris entre le et le [4].
Types de missions
modifierLa plupart des vols ont eu des missions multiples.
Transport de courriers
modifierPresque tous ont eu une mission de courrier, le plus souvent double, puisque le ballon en transportait des grosses quantités, mais il emmenait aussi des pigeons voyageurs destinés à ramener des informations en sens inverse. Ces lettres, sur papier extrêmement léger, et soigneusement pliées, ne devaient pas dépasser quelques grammes. Si quelques ballons n'ont pas été affrétés officiellement pour le transport de courriers, il semble que quasi tous les aéronautes (conducteurs et/ou passagers) ont transporté quelques « plis confiés » à déposer à leur arrivée dans le premier bureau de Poste en fonctionnement rencontré[5].
Plusieurs des missions ont aussi transporté des personnes chargées d'organiser des opérations de transport de courrier de la province vers Paris (microfilms, Boules de Moulins, scaphandres, chiens, etc.)
Missions militaires
modifierBeaucoup de missions ont transporté des militaires de haut rang ou des estafettes, parfois de la dynamite.
Missions politiques et diplomatiques
modifierPlusieurs hommes politiques de haut rang ont pu échapper au siège pour rejoindre la délégation en province[6].
L'information de la capitulation a aussi été transmise par cette voie.
Missions scientifiques
modifierLe transport de l'astronome Janssen n'a eu qu'un but scientifique.
Résultats aéronautiques
modifierOn peut être étonné par la réussite des missions, compte tenu des conditions (ville assiégée, pilotes inexpérimentés, vols de nuit, transport de dynamite, etc.).
En effet, aucun des ballons lancés n'a connu de défaillance ni provoqué directement la mort des aéronautes.
Les deux disparitions en mer ont été provoquées par l'absence de moyen efficace de navigation, le pilote n'ayant pas estimé correctement la distance parcourue pour entamer sa descente.
Les accidents d'atterrissage ont été provoqués surtout par l'inexpérience des pilotes et par la présence des uhlans proches du point de chute.
Des records ont été battus (de vitesse et de distance). Certains vols ont atteint une grande altitude (peut-être 5 à 7 000 m).
Des tentatives d'améliorations techniques (direction par hélice et gouvernail) ont été faites, sans résultat.
Cette série de vols a, pour la première fois, démontré que la voie aérienne pouvait avoir une utilité stratégique, pratique et exploitable à grande échelle.
Bilan
modifierPendant le siège, 66[7] ballons montés transportèrent 164 passagers, 381 pigeons, 5 chiens et plus de 2 millions de lettres[8], soit environ onze tonnes de courrier[4].
Selon les vents dominants, et la nécessité de départs ne pouvant attendre des vents favorables, certains ballons arrivèrent en Norvège, en Allemagne ou tombèrent dans l'Atlantique (deux disparitions), mais la plupart atterrirent en province. Cinq des ballons seront capturés par l'ennemi.
Notons que les ballons étaient la seule manière de communiquer avec la province, toutes les autres méthodes ayant échoué (piétons, bateaux, sous-marins, scaphandres, électricité, etc.).
Le seul autre moyen qui ait fonctionné était le retour des pigeons voyageurs, qui transportaient des quantités importantes d'informations, grâce aux microfilms qu'ils emportaient. Malheureusement, beaucoup d'entre eux n'arrivèrent jamais.
Aucun des chiens supposés ramener les dépêches grâce à leur sens de l'orientation n'arriva à destination.
Accidents
modifierDeux ballons furent perdus corps et biens pour avoir atteint la mer[9].
- Le Jacquart, piloté par Alexandre Prince (seul passager), ayant décollé de la Gare d'Orléans le . Il portait des duplicata des ordres perdus par le Ville d'Orléans. Il a disparu au-delà du cap Lizard, dans la Mer d'Irlande.
- Le Richard Wallace, piloté par Émile Lacaze (seul passager), disparu au large de La Rochelle ou d'Arcachon selon les auteurs, le [10]. Il portait la capitulation à la Délégation.
Anecdotes
modifierJules Duruof, pilote du Neptune, fut poursuivi mais acquitté par la suite par un tribunal militaire pour avoir accepté de collaborer ensuite avec la Commune[11].
Le Montgolfier se pose à Heiligenberg, en Alsace. La région est déjà occupée par les Prussiens. les 3 aérostiers bénéficieront d'un formidable élan de patriotisme des habitants qui, au péril de leur vie, les aident à rejoindre les troupes françaises. L'équipage quitte le village déguisé en bucherons et atteint les lignes françaises en traversant les Vosges. Il marche pendant près de 4 jours dans la montagne et rejoint les troupes françaises après 160 kilomètres à pied.
Devenir des ballons
modifierLes ballons — ceux qui n'ont pas été détruits ou perdus — ont été récupérés par l'armée et restaurés en 1875[12].
Liste des ballons montés
modifierLe tableau ci-dessous reporte les ascensions humaines selon les travaux de J. le Pileur et G. l'Héritier. Il y a quelques discordances entre les listes, particulièrement avec celle établie par Gaston Tissandier[13]. Une révision, à la suite de l'ouverture des archives de l'administration des Postes, et de celles de l'armée, a notamment modifié les dates, donc l'ordre des envois[14]. La transcription des noms des sites d'atterrissages, et des noms de familles des passagers et des pilotes, a été indiquée de manière phonétique ou approximative par certains auteurs (Gaston Tissandier notamment), les archives de la Compagnies des aérostiers, et celle de l'Armée, ont permis de rétablir l'orthographe en usage à l'époque.
Trois compagnies affrètent des ballons : la Compagnies des aérostiers militaires, la Compagnies des aéronautes et l'Administration des Postes de Paris.
Listes des expéditions | |||||||||||
N° | Date | Nom | Volume | Constructeur | Pilote | Passagers | Départ | Arrivée | Distance | Fret | Notes |
1 | Le Neptune | 1 300 m3 | Godard, enveloppe récupérée dans Paris | Jules Duruof | sans | Place St Pierre | Cracouville | 104 km | 125 kg de courrier, très peu de lettres de particuliers | ||
2 | La Ville de Florence | 1 400 m3 | Godard, affrèté par la Poste | Gabriel Mangin | M.Lutz | Boulevard d'Italie (champ de « La Glacière ») | Vernouillet | 30 km | 120 kg de courrier, 30 kg de tracts lâchés sur les Prussiens, 3 pigeons | Premier ballon affrété par l'administration des Postes, premiers pigeons voyageurs, utilisés à l'atterrissage pour confirmer la réussite de la mission, 1 seul reviendra à Paris. | |
3 | Les États-Unis (= Le Napoléon + l'Hirondelle) | 800 m3+500 m3 | Louis Godard | J.G. Courtin | Usine à gaz de La Villette | Mantes | 58 km | 83 kg de courrier, 1 paquet de journaux, des tracts écrits par V. Hugo lâchés au-dessus des lignes ennemies, 6 pigeons | Ballon constitué de deux enveloppes d'anciens ballons reliées par une passerelle. | ||
4 | Le Céleste | 750 m3 | Giffard | Gaston Tissandier | Parc de Vaugirard | Dreux | 81 km | 80 kg de courrier, 3 pigeons, des tracts lâchés sur les Prussiens | |||
5 | Non dénommé no 1 | 125 m3 | sans | ballon non monté | sans | Boulevard d'Italie | Ville-d'Avray | 15 km | environ 2000 cartes-poste (4 kg) | Premier essai de « ballon perdu ». Abattu par les Prussiens, atterrissage dans les lignes ennemies, une partie des cartes sera acheminée après le Siège. | |
sans | Le National | ? | Tissandier Frères | Albert Bertaux | sans | Échec au décollage | Échec | non connu | Ancien ballon dénommé « l'Impérial », l'enveloppe, trop vieille, n'a pu se gonfler suffisamment. | ||
6 | L'Armand Barbès | 1 200 m3 | Cie des Aérostiers | Alexandre Jacques Trichet | Eugène Spuller, Léon Gambetta | Place St Pierre | Épineuse (Oise) | 98 km | "gros volume" de courrier, 16 pigeons | Les deux ballons : l'Armand Barbès et le George Sand partent à la même heure (11 h 10 ), selon les listes, ils sont donc en 7e ou 6e position. Ces deux ballons sont les premiers sortis des chaînes de fabrication improvisées dans Paris. Ils sont donc neuf, contrairement aux précédents construits avant le siège. | |
7 | Le George Sand | 1 200 m3 | Joseph Revillod (coéquipier de Nadar) | Charles May, M.Raynold, Étienne Cuzon | Place St Pierre | Crémery | 120 km | pas de courrier, 18 pigeons | MM. May et Reynolds sont américains, affréteurs du ballon précédent, mais ils laissent leur place à Gambetta, E. Cuzon est le nouveau Sous-Préfet de Redon. Finalement, les deux ballons sont prêts à l'envol au même moment et quittent Paris à quelques minutes d'intervalle. | ||
8 | Non dénommé no 2, ou Piper no 1 | 1 200 m3 | - | « Racine » | Piper, et son secrétaire : Friedman | Usine de La Vilette | Stains | 12 km | Cartes-poste (70 kg environ) en 2 sacs, 2 pigeons | Échec, atterrissage avant les lignes ennemies, à la suite d'une erreur de manœuvre, les sacs de courrier sont récupérés et ramenés dans Paris. « Le vol le plus court ! ». | |
9 | Le Washington | 2 045 m3 | Godard | Albert Bertaux | Louis Von Roosebecke, le Comte Albert Lefebvre de Béhaine | Gare d'Orléans | Carnières | 204 km | 300 kg de courrier en 5 sacs, 25 pigeons | L. v. Roosebecke est vice-président de l'association colombophile de Paris, le Comte de Béhaine est consul-général de France à Vienne, chargé de mission diplomatique. | |
10 | Le Louis Blanc | 1 200 m3 | Cie des Aérostiers | Eugène Farcot | Auguste Traclet | Place St Pierre | Béclers (Belgique) | 290 km | 128 kg de courrier en 4 sacs, 8 pigeons | A. Traclet est trésorier de l'Assoc. Colombophile de Paris, deux pigeons seulement arriveront à Tours, mais ils ne revinrent jamais à Paris. | |
11 | Le Godefroy Cavaignac | 2 045 m3 | Godard | Edmée Godard, père (68 ans) | Comte Émile de Kératry et son chef de cabinet M. Jay, et M. du Quesneau. | Gare d'Orléans | Brillon-en-Barrois (Meuse) | 257 km | 170 kg de courrier en 4 sacs, 6 pigeons | La liste des passagers varie d'un auteur à l'autre. | |
12 | le Jean-Bart no 1 | 2 045 m3 | Godard | Albert Tissandier | Arthur Ranc, Victor Ferrand | Gare d'Orléans | Nogent-sur-Seine | 114 km | 400 kg de courrier, 5 pigeons | ||
13 | Le Jules Favre no 1 | 2 045 m3 | Godard | Louis Godard | Maître Malapert-Ribot, Charles Bureau | Gare d'Orléans | Froid-Chapelle (Belgique) | 298 km | 195 kg de courrier, 6 pigeons | ||
14 | le Jean Bart no 2 | 2 000 m3 | Godard | Henri Labadie | M. Daru, M.Barthélémy | Gare d'Orléans | Dinant (Belgique) | 328 km | 270 kg de courrier, 4 pigeons | Reprend du courrier du « non-dénommé no 2 » (ballon no 8). | |
15 | Le Victor-Hugo | 1 200 m3 | Cie des Aérostiers | Jean-Pierre Nadal | sans | Jardin des Tuileries | Bar-le-duc | 117 km | 450 kg de courrier, 6 pigeons | Victor Hugo était attendu au départ du ballon portant son nom (avec son accord), mais l'invitation arrivera deux jours après. | |
16 | La république universelle ou La Fayette | 2 000 m3 | Louis Jossec | Henri-Antoine Dubost, Gaston Prunières | Gare d'Orléans | Mézières | 256 km | 450 kg de courrier, 6 pigeons, 75 kg d'imprimés jetés sur les Prussiens | M. Dubost est secrétaire-général de la Préfecture de Police de Paris (à 26 ans), futur président du Sénat et G. Prunière son secrétaire. | ||
17 | Le Garibaldi | 2 000 m3 | Cie des Aérostiers | Iglesia | Paul de Jouvencel | Tuileries | Quincy près de Meaux | 40 km | 75 kg de tracts lâchés sur les Prussiens, 300 kg de courrier, 6 pigeons | Le hasard fit atterrir P. de Jouvencel, député d'opposition en mission, à un ou deux kilomètres de sa maison près de Meaux. | |
18 | Le Montgolfier | 2 000 m3 | Godard | Hervé Sené | colonel Delapierre et le commandant Joseph-Marie Le Bouedec[15] | Gare d'Orléans | Heiligenberg | 503 km | 220 kg de courrier, 2 pigeons | Parvenant à s'échapper grâce à la population locale[16], les passagers et l'aéronaute rejoignent à pied le front puis Tours. | |
19 | Le Vauban | 1 200 m3 | Godard | Guillaume | Frédéric Rethinger, Édouard Cassiers | Gare d'Orléans | Vigneulles-lès-Hattonchâtel | 370 km | 290 kg de courrier en 5 sacs, 23 pigeons | E. Cassiers est le Président de l'Assoc. Colombophile de Paris « L'espérance », E. Rethinger est Allemand et est chargé de mission diplomatique auprès de l'Angleterre et de l'Autriche. | |
20 | La Bretagne (ou Le Normandie) | 2 000 m3 | Godard | René Cuzon | Wœrth, Manceau, Hudin | La Villette | Fresnes-en-Woëvre-Hennemont | 200 km | pas de courrier, billets et des valeurs financières (7 millions de Francs Or), 7 pigeons | Capturé, passagers blessés. Premier transport de fonds aérien ! (pour l'achat d'armes). Le courrier et les fonds arriveront à destination, pas les passagers qui seront libérés après la guerre après un internement en Allemagne. | |
21 | Le Colonel Charras | 2 000 m3 | Cie des Aérostiers | Ferdinand Gilles | sans | Gare du Nord | Montigny-le-Roi (Haute-Marne) | 308 km | 460 kg de courrier, 6 pigeons, 5 paquets de journaux | Fret au maximum possible, la charge étant de 500 kg environ. | |
22 | Le Fulton | 2 000 m3 | Godard | Le Gloannec | Ernest Cézanne | Gare d'Orléans | Angers | 345 km | 350 kg de courrier, 6 pigeons | ||
23 | Le Ferdinand Flocon | 2 000 m3 | Cie des Aérostiers | Vidal | Abel Lemercier de Jauvelle | Gare de Nord | Châteaubriant | 392 km | 150 kg de courrier, 6 pigeons | Tentative pour rétablir le télégraphe Paris-Province, A. Lemercier étant spécialiste des lignes télégraphiques. | |
24 | La Galilée | 2 000 m3 | Godard | Jean Husson | Étienne Antonin | Gare de Nord | Chartres | 88 km | 420 kg de courrier, 6 pigeons | Capturé, mais un sac de courrier échappe aux Prussiens. | |
25 | La Ville de Châteaudun | 2 000 m3 | Cie des Aérostiers | Philippe Bosc | sans | Gare de Nord | Reclainville | 106 km | 455 kg de courrier, 6 pigeons | ||
26 | Non-dénommé no 3 (ou Piper 2) | 2 000 m3 | - | Piper | Friedman, Juteau | Usine de La Vilette | Combs-la-Ville | 28 km | ? | Échec mais courriers et passagers échappent aux Prussiens. | |
27 | La Gironde | 2 045 m3 | Godard | Gallay | Herbaut, Gambès, Barry | Gare d'Orléans | Gaudreville | 117 km | 60 kg de courrier | 2 bouteilles de Château-Giscours bues en cours de route et jetées avec un message sur les Prussiens. Surnommé « le ballon à nacelle Première Classe ». | |
28 | Le Daguerre | 2 000 m3 | Godard | Jubert | Louis Pierron, Ernest Nobécourt et son chien | Gare d'Orléans | Ferrières-en-Brie | 42 km | 270 kg de courrier, 30 pigeons, matériel pour la fabrication de pellicules photographiques (Ernest Nobécourt est chimiste) | Capturé, 1 sac de courriers sera lâché avant la capture et acheminé. | |
29 | Le Niepce | 2 000 m3 | Godard | Pagano | René Dagron, Albert Fernique, Poisot, Gnochi[17] | gare d'Orléans | Coole (Marne) | 196 km | matériel photographique pour microfilms | R. Dagron est spécialiste des microfilms. | |
30 | Le général Uhrich | 2 000 m3 | Émile Lemoine (père) | Thomas + 2 | Gare de Nord | Luzarches | 36 km | 80 kg de courrier, 34 pigeons | Premier vol de nuit. | ||
31 | L'Archimède | 2 000 m3 | Godard | Jules Buffet | Gaston de Saint-Valéry, Albert de Jaudas | Gare d'Orléans | Castelré (Pays-Bas) | 400 km | 290 kg de courrier, 21 pigeons | 9 pigeons seulement arriveront à Tours. | |
32 | L'Égalité | 3 000 m3 | Wilfried De Fonvielle | de Villoutray, Brunel, Rouzé, Dulud (ou Dubreuil) | Vaugirard | Louvain (Belgique)[18] | 225 km | 12 pigeons | L'administration refuse de confier du courrier. | ||
33 | La Ville d'Orléans | 2 030 m3 | Cie des Aérostiers | Paul Rolier | Léonard Béziers | Gare de Nord | Lifjell (Norvège) | 1 246 km | 100 kg de courrier, 6 pigeons | Record de distance. | |
34 | Le Jacquart | 2 000 m3 | Godard | Alexandre Prince | sans | Gare d'Orléans | Disparu en Mer d'Irlande | ? | 250 kg de courrier | Première disparition, localisée vers les Iles Scilly. Du courrier a été récupéré près du Cap Lizard. | |
35 | Le Jules Favre no 2 | 2 000 m3 | Cie des Aérostiers | Alfred Martin | Paul du Courroy | Gare d'Orléans | Belle-Île-en-Mer | 548 km | 100 kg de courrier | Passagers blessés. | |
36 | La bataille de Paris | 2 000 m3 | - | Poirrier | Jules Antoine Lissajous, Jules Maurat | Gare du Nord | Grand-Champ | 460 km | pas de courrier, matériel pour construire un télégraphe optique | les deux passagers sont professeurs de physique du Lycée Saint-Louis spécialistes d'optique. | |
37 | Le Volta | 2 045 m3 | Godard | Chapelain | Jules Janssen | Gare d'Orléans | Bouvron | 466 km | pas de courrier | Voyage scientifique, pour aller observer l'éclipse à Oran. | |
38 | Le Franklin | 2 050 m3 | Godard | Pierre Marcia | d'Andrecourt | Gare d'Orléans | Saint-Aignan-Grandlieu | 403 km | 100 kg de courrier, 6 pigeons | Le Comte d'Andrécourt est chargé de porter des documents secrets à la délégation de Bordeaux. | |
39 | L'armée de Bretagne | 2 000 m3 | Cie des Aérostiers | Surrel | Lavoine | Gare du Nord | Bouillet | 355 km | pas de courrier | Surrel gravement blessé. | |
40 | Le Denis Papin | 2 000 m3 | Godard | Jean Louis Domalain | Pierre de Montgaillard, Delort, Robert | Gare d'Orléans | Le Mans | 170 km | 55 kg de courrier, 6 pigeons | Robert et Delort sont deux des inventeurs des Boules de Moulins. | |
41 | Le général Renault | 2 000 m3 | Cie des Aérostiers | Joignerey | Wolff, Lermanjat | Gare du Nord | Rouen | 143 km | 120 kg de courrier (en 2 sacs), 12 pigeons | - | |
42 | La Ville de Paris | 2 000 m3 | Cie des Aérostiers | Delamarne | Morel, Billebault | Gare d'Orléans | Wetzlar (Rhénanie prussienne) | 510 km | 65 kg de courrier, 12 pigeons | Capturé, les plans secrets du Général Trochu destinés à Gambetta pour coordonner les actions sont pris par l'ennemi. Le courrier sera restitué en aux destinataires. | |
43 | Le Parmentier | 2 045 m3 | Godard | Paul | Desdouet, Lepère | Gare d'Orléans | Gourgançon | 150 km | 160 kg de courrier, 4 pigeons | Desdouet est photographe. | |
44 | Le Gutenberg | 2 000 m3 | Godard | Joseph Perruchon | Charles d'Almeida, Isaac-Georges Levy, Louisy | Gare d'Orléans | Montépreux | 200 km | pas de courrier, 6 pigeons, matériel pour correspondre avec Paris La Science illustrée. Journal hebdomadaire... | Capturé par l'armée française, passagers et pilote sont jugés comme espions par un général français ... puis libérés. | |
45 | Le Davy | 1 200 m3 | Godard | Chaumont | Pierre Deschamps | Gare d'Orléans | Fussey | 331 km | 70 kg de courrier en 2 sacs | L'oriflamme du ballon, donnée par les aéronautes, est toujours dans la Mairie de Fussey. | |
46 | Le général Chanzy | 2 000 m3 | Cie des Aérostiers | Léopold Werrecke | Alfonse de l'Épinay, Juliac, F. Jouffryon | Gare du Nord | Rotembery ou Rottenberg[Où ?] (Bavière) | 760 km | 25 kg de courrier, 4 pigeons, 1 scaphandre sous-marin conçu par Juliac & Jouffryon | Capturé, le scaphandre était prévu pour une tentative de retour dans Paris par la Seine. | |
47 | Le Lavoisier | 2 045 m3 | Godard | Charles Sauveur Ledret | Raoul Le Mouton de Boisdeffre | Gare d'Orléans | Beaufort-en-Vallée | 290 km | 175 kg de courrier, 6 pigeons | - | |
48 | La Délivrance | 2 050 m3 | Cie des Aérostiers | Édouard Gauchet | Reboul | Gare du Nord | La Boissière-des-Landes (Vendée) | 450 km | 140 kg de courrier, 4 pigeons | - | |
49 | Le Rouget de l'Isle | 2 050 m3 | Godard | François Jahn | Garnier, Glachant | Gare d'Orléans | Alençon | 240 km | pas de courrier, 4 pigeons | ||
50 | Le Tourville | 2 050 m3 | Godard | Abel Mouttet | Miége, S. Delaleu | Gare d'Orléans | Eymoutiers | 433 km | 160 kg de courrier, 4 pigeons | - | |
51 | Le Merlin de Douai | 2 000 m3 | Aéronautes | L.Griseaux | E.Tarbé | Gare du Nord | Massay | 211 km | pas de courrier | Quelques plis confiés. | |
52 | Le Bayard | 2 045 m3 | ? | Paul Réginence (ou Reginensi) | Ducoux | Gare d'Orléans | La Mothe-Achard | 377 km | 110 kg de courrier, 4 pigeons | ||
53 | L'armée de la Loire | 2 000 m3 | Cie des Aérostiers | E. Lemoine (fils) | sans | Gare d'Orléans | Montbizot | 231 km | 230 kg de courrier | ||
54 | Le Newton | Aimé Ours | Amable Brousseau | Gare du Nord | Digny | 110 km | 310 kg de courrier, 4 pigeons | ||||
55 | Le Duquesne | 2 000 m3 | Godard | Charles Richard | Aymand, Chemin, Lallemagne | Gare d'Orléans | Berzieux | 167 km | 150 kg de courrier, 4 pigeons | Tentative de direction avec une hélice. | |
56 | Le Gambetta | 2 000 m3 | Cie des Aérostiers | Charles Duvivier | Lefébure de Fourcy | Gare du Nord | Clamecy | 200 km | 240 kg de courrier, 3 pigeons | - | |
57 | Le Kepler | 2 000 m3 | Godard | Achille Félix Roux | Camille Dupuy | Gare d'Orléans | Montigné-le-Brillant | 283 km | 160 kg de courrier, 3 pigeons | - | |
58 | Le Monge | 2 000 m3 | Godard | Raoul | Guigné | Gare d'Orléans | Arpheuilles | 293 km | pas de courrier | ||
59 | Le général Faidherbe | 2 000 m3 | Cie des Aérostiers | Van Seymortier | Hurel, Maréchal, Nicolas, Petit-Clair | Gare du Nord | Saint-Avit-de-Soulège (Gironde) | 577 km | 60 kg de courrier, 2 pigeons, 5 chiens | Transport de chiens pour les utiliser comme passeur de messages (dans leur collier) : aucun des chiens n'est revenu dans Paris. | |
60 | Le Vaucanson | 2 045 m3 | Godard | André Clariot | Valade, Delente | Gare d'Orléans | Armentières (Belgique) | 240 km | 75 kg de courriers, 3 pigeons | - | |
61 | Le Steenackers | 2 000 m3 | Vibert | Gustave Gobron | Gare du Nord | Hierden, près d'Harderwijk (Pays-Bas)[19] | 552 km | pas de courrier, 2 caisses de dynamite | Record de vitesse et d'altitude. | ||
62 | La Poste de Paris | 2 000 m3 | Cie des Aérostiers | Turbiaux | Cleray, Cavailhon | Gare du Nord | Merselo près de Venray (Pays-Bas)[20] | 400 km | 70 kg de courrier, 3 pigeons | - | |
63 | Le général Bourbaki | 2 000 m3 | Cie des Aérostiers | Théodore Mangin | Boisenfrey | Gare du Nord | Auménancourt-le-Grand | 162 km | 180 kg de courrier, 3 pigeons | Tombé en zone ennemie, mais non capturé. | |
64 | Le général Daumesnil | 2 045 m3 | Godard | Robin | sans | Gare de l'Est | Charleroi (Belgique) | 277 km | 280 kg de courrier, 3 pigeons | - | |
65 | Le Torricelli | 2 045 m3 | Godard | Bely | sans | Gare de l'Est | Catillon-Fumechon | 193 km | 230 kg de courrier, 3 pigeons | - | |
66 | Le Richard Wallace | 2 000 m3 | Cie des Aérostiers | Inconnu | Émile Lacaze | Gare de l'Est | Disparu dans l'Atlantique, au large d'Arcachon | ? | 220 kg de courrier, 3 pigeons | Du courrier est retrouvé sur la plage à Saint-Gilles-Croix-de-Vie et aux Sables-d'Olonne, puis à l'Ile de Ré. | |
67 | Le général Cambronne | 2 045 m3 | Godard | Auguste Tristan | sans | Gare de l'Est | Sougé-le-Ganelon (Sarthe) | 253 km | 20 kg de courrier | Dernier ballon, portant haut le mot de Cambronne ! |
Notes et références
modifier- Jules Clarétie, Histoire de la révolution de 1870-71, Paris, p. 389
- Première poste aérienne mondiale.
- Gaston Tissandier, Le Mousquet à ballons de M. Krupp in La Nature, Revue des sciences et de leur application aux arts et à l'industrie, G. Masson, Paris, n°39, 23 janvier 1876, p. 129-130.
- Stéphanie Guillot, « Passionné, il consacre un livre à la fabuleuse histoire des ballons montés », sur www.ledauphine.com, (consulté le ).
- Les plis confiés, très rares, sont connus pour tous les vols sauf exception. Mais leur absence, pour ces exceptions, ne signifie pas qu'il n'y en avait pas, mais peut-être qu'ils n'ont pas été trouvés ou conservés.
- voir Léon Gambetta.
- Le nombre retenu est 67 mais, voir tableau plus bas, le non-dénommé no 1 est en fait un ballon libre. Il est retenu par les philatélistes car son courrier récupéré (donc oblitéré et daté) est renvoyé par un des ballons-montés suivants. Il s'agit donc indirectement du premier courrier accidenté de l'Aéropostale et parvenu ensuite aux destinataires.
- cité dans La grande histoire de la Commune édition du centenaire - Robert Laffont 1970
- « Les deux aéronautes engloutis dans l'ocean », La nature, no 46, , p. 305 (lire en ligne, consulté le ).
- Le site est estimé d'après les courants marins qui ont ramené des courriers sur la côte.
- « Chroniques : Le premier aéronaute du siège de Paris », La nature, no 34, , p. 127 (lire en ligne, consulté le ).
- Devenir des ballons
- En effet, Gaston Tissandier avait quitté Paris le 30 septembre 1870, il a établi sa liste à partir de témoignages recueillis après le siège. Cette Liste initiale a été revue par les frères Mangin, reprise par Arthur Maury, revue par J. Le Pileur, puis dernièrement par Gérard l'Héritier. Cette dernière étude fait actuellement référence.
- Se référer aux catalogues établis par Gérard l'Héritier, dont la dernière édition en 2008.
- L‘exploit de Joseph Marie Le Bouédec.
- Atterrissage du ballon « Le Montgolfier », le 25 octobre 1870.
- NOTICE SUR LE VOYAGE DU BALLON LE NIEPCE.
- Ballon N° 32 : « L'Égalité ».
- Ballon monté - Philatelie, Wissen was Sache ist. Ligne 61 Le Steenackers [1] - consulté le 27 janvier 2018.
- Ballon N° 62 : « La Poste-de-Paris ».
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- J. le Pileur, « La poste par ballons montés », 1e édition 1943, et édition revue et complétée 1953.
- Collectif, Revue « Icare », no 56, 1971 : Guerre 1870-1871, Volume I, (208 pages) plusieurs articles sur le sujet, dont : Les ballons du sièges, par Charles Dollfus et Paul Maincent, p. 67–156. Très riche article, rédigé par un aérophilatéliste (P. Maincent) et un historien spécialiste de l'aéronautique (C. Dollfus, 1893-1981, Conservateur du Musée de l'Aéronautique) qui a rencontré les derniers aéronautes du siège.
- Gérard Lhéritier, « Les ballons montés », édition Valeurs Philatéliques, Tome 1 : 1990, tome 2 : 1992, tome 3 : 1994, tome 4 : 2000.
- Jean-Claude Lettre, « La fabuleuse histoire des Boules et ballons monté de la délivrance, Le siège de Paris », édition Aramis, 2006.
- Christian Laroze, Valéry Paul Rolier - un curtinien au destin exceptionnel, Chatillon Coligny (Loiret), éd. de l’Écluse,
- Gérard Lhéritier, « Livre des valeurs et cotations (1870-1871)», éditions Plume, 2008
- Gaston Tissandier, Le Mousquet à ballons de M. Krupp in La Nature, Revue des sciences et de leur application aux arts et à l'industrie, G. Masson, Paris, n°39, 23 janvier 1876, p. 129-130 [2]
Articles connexes
modifier- Timbres de France 1870
- Siège de Paris (1870-1871)
- Chronologie du siège de Paris (1870-1871)
- Boules de Moulins