Affaire Jean-Yves Morel
L'affaire Jean-Yves Morel est une affaire criminelle française dans laquelle Jean-Yves Morel, technicien de laboratoire, a assassiné sa belle-sœur Marylène Roussey de 17 ans, le , chez lui, à La Frénaye. Il a ensuite, le , assassiné Elizabeth Griffin, étudiante en chimie, stagiaire dans l'entreprise où il est employé.
Affaire Morel | |
Titre | Affaire Jean-Yves Morel |
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Fait reproché | Homicide |
Chefs d'accusation | Assassinats |
Pays | France |
Date | et |
Nombre de victimes | 2 : Marylène RousseyElizabeth Griffin |
Jugement | |
Statut | Affaire jugée |
Date du jugement | |
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Détails sur les faits
modifierEn Normandie, en avril 1996, Marylène Roussey, une lycéenne de 17 ans, disparaît près du Havre. Elle est décrite comme toujours souriante, joviale, mais également en conflit avec ses parents.
Le père met 4 jours avant de déclarer sa disparition aux gendarmes de Notre-Dame-de-Gravenchon, pensant au départ à une fugue. Il apparaît que le vendredi, elle est allée déjeuner chez sa sœur, Nadine, près de son lycée ; d'après Nadine, elle allait bien… Nadine s'est rendue à son travail et a laissé sa sœur faire la vaisselle. Depuis, plus personne ne l'a vue.
En revanche, elle laisse un mot sur la table. « Je pars, ne vous occupez pas de moi, on se reverra bientôt mais pas avant mardi ».
Un graphologue indiquera que le mot vient bien d'elle.
En décembre, huit mois plus tard, Marylène, toujours disparue, ayant atteint l'âge légal de la majorité, l'enquête est classée.
En juin 1997, une étudiante en chimie de Rouen disparaît à son tour. Il s'agit d'Élizabeth Griffin décrite comme une étudiante modèle, qui aurait disparu en pleine période de partiels. Cette disparition est considérée comme inquiétante et les gendarmes de la section de recherche du Havre sont chargés de l'affaire.
Le , dix jours après sa disparition, sa voiture est retrouvée sur un parking de Lillebonne entre deux barres HLM, ouverte, clé sur le contact, avec son sac à main à l'intérieur.
La similitude entre ces deux disparitions réside dans le fait qu'elles ont toutes les deux été en contact avec Jean-Yves Morel, l'une parce qu'il s'agissait de son beau-frère, l'autre avait fait un stage dans le laboratoire pharmaceutique Bayer, à Lillebonne où travaillait Jean-Yves Morel. Enfin, il y avait une ressemblance frappante entre les deux jeunes filles, ce qui attiré l'attention des enquêteurs[1],[2].
Profil psychologique du tueur
modifierJean-Yves Morel est d'apparence un Monsieur Tout-Le-Monde ; marié, habitant d'une petite bourgade de 1 600 habitants, travailleur employé chez Bayer en tant qu'aide-chimiste. La façade affichée par cet individu est presque parfaite, sa vie sans histoire, sa femme, ses enfants, son chien et ses rapports amicaux avec ses voisins sur des sujets banals, aussi bien d'automobile que de sport (planche à voile, tennis…). Il n'est pas, de plus, de type colérique, il est une personne au naturel calme, posé, réfléchi. Ses voisins et connaissances, après avoir pris connaissance des crimes de Morel, furent surpris, et le dépeignent comme une personne intelligente et entourée. Son analyse psychologique s'avère plus complexe, d'autres de ses voisins le décrivent tantôt comme une personne intelligente et fière, tantôt comme un homme froid et solitaire[3]. Ses plus proches amis le surnomment « Janus (mythologie), le garçon plein d'astuces ».
Cependant, sous cette façade d'homme sans histoire était dissimulé un meurtrier, doublé d'un adorateur de la pornographie, sa collection étant riche de nombreux magazines que l'on ne peut trouver qu'en sex shop, et de plus d'une centaine de cassettes. Il s'est avéré être au cours de l'enquête un individu manipulateur, où il tendait à s'attribuer le rôle de la victime, s'étant retrouvé acculé par deux femmes agressives et dont la seule issue était leur mort[4]. L'enquête révèle également, qu'à l'époque de son interpellation, Jean Yves Morel a contracté de nombreux crédits et est couvert de dettes.
Nonobstant, les avocats ont cherché une justification à ses crimes, un moyen d'attendrir les magistrats, l'enfance de Morel étant particulièrement évoquée. Lui-même et ses deux sœurs décrivent une enfance tourmentée par un père violent, dont l'épisode le plus marquant est celui où le père, faisant réviser un exercice de mathématiques à son enfant, sort, à chaque erreur de son fils, une tortue d'eau de l'aquarium, et l'écrase[4],[5].
Enquête
modifierÀ la suite de la disparition des deux jeunes filles, dont la ressemblance physique est frappante, une enquête est lancée par les autorités de police de Seine-Maritime.
Les prémices de l'enquête
modifierJean-Yves Morel, qui est le seul lien entre les deux disparues, est mis en garde à vue afin de permettre aux enquêteurs d'obtenir des informations sur ces disparitions. Ce dernier relate des faits peu probants, jusqu'à ce qu'il déclare avoir vu l'une des deux victimes trois jours après sa disparition déclarée. Les enquêteurs sont dépourvus face à cette déclaration qui semble jusqu'alors improbable. Il sera révélé quelque temps plus tard que Jean-Yves Morel avait, par le biais de cette fausse déclaration, tenté de gagner du temps sur sa garde à vue afin de troubler les officiers de police. Par conséquent, face à peu d'éléments qui auraient permis son arrestation et sa détention, les enquêteurs sont contraints de relâcher Jean Yves Morel, alors qu'ils sont persuadés de sa culpabilité. Ils décident donc de continuer l'enquête dans le plus grand silence et la plus grande discrétion possible dans l'attente d'une erreur du suspect présumé. Les investigations se poursuivent sans grand résultat.
Le tournant de l'enquête
modifierAlors que l'enquête dure depuis sept mois déjà, les policiers interrogent le voisin de Jean-Yves Morel qui leur décrit un homme calme, simple. Aucun caractère particulier ne peut donc l'incriminer jusqu'alors. Nonobstant, les enquêteurs vont s'intéresser au lopin de gazon puisque d'après des sources sûres, Jean-Yves Morel aurait effectué des travaux peu de temps après la disparition des deux jeunes femmes[6].
Les aveux
modifierFin avril, les gendarmes « à l'aide d'une sonde géo radar vont faire la découverte de deux corps correspondant à l'identité des deux jeunes femmes » disparues quelques mois auparavant[7]. Il est donc placé en détention dans l'attente de son jugement. Il fera des aveux en prison après une tentative de suicide[3].
Procès
modifierLa décision de justice
modifierJugé pour plusieurs chefs d'accusations dont le viol et l'homicide avec préméditation par la cour d'assises, Jean-Yves Morel est condamné en février 2000 à la prison à perpétuité pour les viols et les meurtres d'Elisabeth Griffin, étudiante de 23 ans et Marylène Roussey, sa belle-sœur de 17 ans[8].
Le témoignage de Nadine Morel
modifierLe procès Morel est particulièrement marqué par le témoignage de Nadine Morel, épouse du prévenu qui lors de son passage à la barre explicite qu'elle se sent « trahie » et « manipulée ». Elle mentionne notamment l'existence d'une enfant dont Jean-Yves Morel est le père : « La personne qui a tué ma sœur est mon mari. C'est quelque chose de tout à fait particulier. De cette union, j'ai une petite fille qui a trois ans. Elle a vécu cette situation comme nous (…) Je ne sais pas ce que sera l'avenir pour elle (…) Mais je souhaite que, dans sa petite tête, tout soit clair »[1].
La libération de Morel
modifierJean-Yves Morel est libéré au cours de l'été 2022 après 24 années passées en prison, son contrôle judiciaire stipule qu'il lui est interdit de se rendre dans la région de Rouen, lieux des crimes sous peine de retourner en prison.
Notes et références
modifier- « Procès Morel : la détresse d'une épouse « trahie » et « manipulée », sur Le Telegramme, (consulté le )
- « Hondelatte Raconte : L'affaire Jean-Yves Morel (Récit intégral) » (consulté le )
- « Monsieur Tout-le-monde enterrait ses victimes dans le jardin », sur L'Humanité, (consulté le )
- « Enquêtes criminelles - jeudi 7 juin 2018 - page 4 sur 11 », sur www.telescoop.tv (consulté le )
- Alain Lemaître, « Un homme froid et solitaire », sur leparisien.fr, (consulté le )
- Alain Lemaître, « Un deuxième corps enterré dans le jardin », sur leparisien.fr, (consulté le )
- JulienJamesVachon, « Affaire Jean-Yves Morel », sur Direct-Actu, (consulté le )
- « Mardi 21 janvier 2014 : L'affaire Jean-Yves Morel, la maison de l'horreur », sur RTL.fr (consulté le )
Documentaires télévisés
modifier- « L'affaire Morel, l'homme aux deux visages » le dans Enquêtes criminelles : le magazine des faits divers sur W9.
- « La maison de l'horreur » le 18 janvier 2013 dans Suspect no 1 sur TMC.
- « La maison de l'horreur » (deuxième reportage) le dans Chroniques criminelles sur NT1.
- « Affaire Morel, un gendre un peu trop idéal » le dans Au bout de l'enquête, la fin du crime parfait ? sur France 2.
Émission radiophonique
modifier- « L'affaire Jean-Yves Morel, la maison de l'horreur » le 21 janvier 2014 dans L'Heure du crime de Jacques Pradel sur RTL.
- « Jean Yves Morel, Mr tout le monde et tueur en série » le dans Hondelatte raconte de Christophe Hondelatte sur Europe 1.
- L'Heure du crime le 8 février 2022, de Jean-Alphonse Richard sur RTL.
- « Le tueur qui allait à la messe » le 10 février 2022 dans Hondelatte raconte de Christophe Hondelatte sur Europe 1 [écouter en ligne].