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Île Renote

île des Côtes-d'Armor, France

L'île Renote (Enez Rennod en breton) est une île de la Manche, appartenant à la commune française de Trégastel, dans le département des Côtes-d'Armor, en Bretagne. Elle est située sur la Côte de granit rose.

Île Renote
Enez Rennod (br)
La « palette du peintre » et sa vasque percée (microforme la plus répandue sur les rochers granitiques)[1] résultent d'une sculpture par l'érosion au sein de diaclases subhorizontales.
La « palette du peintre » et sa vasque percée (microforme la plus répandue sur les rochers granitiques)[1] résultent d'une sculpture par l'érosion au sein de diaclases subhorizontales.
Géographie
Pays Drapeau de la France France
Localisation Manche (océan Atlantique)
Coordonnées 48° 50′ N, 3° 30′ O
Géologie Île continentale
Administration
Région Bretagne
Département Côtes-d'Armor
Commune Trégastel
Autres informations
Fuseau horaire UTC+01:00
Géolocalisation sur la carte : Côtes-d'Armor
(Voir situation sur carte : Côtes-d'Armor)
Île Renote
Île Renote
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Île Renote
Île Renote
Géolocalisation sur la carte : Bretagne (région administrative)
(Voir situation sur carte : Bretagne (région administrative))
Île Renote
Île Renote
Île en France

Géographie

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Historique

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Allée couverte de Ty-al-Lia.

La presqu'île est occupée depuis 150 000 ans, comme en témoignent des éclats levallois et des grattoirs de l’époque moustérienne mis au jour[2]. Un crec'h[3] d'un village troglodyte néolithique est situé sur une propriété dite Crech-Alia[4]. À 80 m au N.E. se trouve l'allée couverte de Ty-al-Lia (ou Ty-ar-Lia) qui n'est pas accessible car se trouvant sur une propriété privée[5]. Elle est orientée est-ouest sur une longueur de 12,75 mètres pour une largeur de 2,5 mètres.

Il s'agissait à l'origine d'une île accessible à marée basse, mais la construction en 1885 d'une chaussée qui la relie au continent, même à marée haute, en a fait une presqu'île. La zone de stationnement de la grève de Toul Drez[6] est installée sur ce pédoncule sablo-rocheux qui le relie au continent[7].

L'île Renote a été classée parmi les « sites pittoresques » au sens de la loi du 2 mai 1930 par un décret du [8].

Curiosités géologiques

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L'île présente un chaos granitique qui borde l'eau sur une centaine de mètres. Les blocs de granite sculptés par les agents météoriques selon des systèmes de diaclases subhorizontaux et subverticaux, donnent des reliefs qui surprennent par leurs arrangements défiant les lois de l'équilibre et leurs formes qui ont fécondé l'imaginaire populaire, d'où leurs microtoponymes locaux : palette du peintre, tête de baleine, champignon[9], etc. Ce chaos constitue un site géologique d'intérêt régional[10].

Le chaos est composé de granite rose à texture grenue (grain plurimillimétrique) qui est en fait un granitoïde de type syéno- ou monzogranite. Sa paragenèse est : quartz, feldspath alcalin rose (microcline), feldspath blanc (plagioclase), rare micas noirs de biotite et hornblende[11]. Son altération donne une arène granitique visible au pied des rochers et nommée localement « perré »[11].

Le sommet de ces rochers est parfois creusé de dépressions. La stagnation pratiquement permanente de l'eau de pluie enrichie du sel des embruns donne ces micromodelés granitiques : des cuvettes, appelées localement « bidets de la Vierge » ou « empreintes du Diable », en forme de microcirques, de taffoni ou de vasques souvent ouverts sur les côtés par des rigoles, cannelures (comparables aux lapiez), issues de l'écoulement de l'eau qui en déborde[12] et où s'installent des lichens (Xanthoria parietina)[13]. Le creusement peut être tel qu'il perce la roche, comme dans la « palette du peintre »[11]. Ce rocher percé repose sur un bloc inférieur recouvert de lichens lui donnant une teinte grise. L'érosion mécanique de ce granite se matérialise par la zone de contact entre ces deux blocs qui correspond vraisemblablement à une ancienne diaclase sub-horizontale très peu altérée sur quelques dm2 alors que l'altération a arénisé tout le reste de cette fracture[14].

Sur la côte est, plusieurs rochers montrent à leur base des enclaves (xénolithes) métriques sombres, litées, qui sont des débris de roches sédimentaires encaissantes englobées. Entre Castel Menguy et Le Gouffre, des petits filons de quartz blanc et d'aplite sillonnent le granite[11].

Au niveau de la plage du Coz Pors près de la pointe de Beg ar Vir[15], le rocher ayant la forme d'un gros cube est surnommé « Le Dé ». Il montre des cavités d'affouillement dues au vent et aux embruns qui sculptent sa base[11].

La boule se trouve dans un amas de rochers à l'extrémité est de l'île Renote face aux Sept-Îles. L'accès est peu aisé et se fait uniquement à marée basse. Ce phénomène géologique s'explique par l'érosion marine dans une zone non abritée des vagues et des marées. Les boules granitiques sont alors démantelées en blocs de plus petite taille et peuvent donner des galets aux formes ovoïdes parfois presque parfaites. La taille de ces galets dépend principalement de deux facteurs, la maille du réseau de diaclases et la force des vagues[16].

Galerie

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Panorama du côté sud de l'Île Renote

Références

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  1. Alain Godard, Pays et paysages du granite : introduction à une géographie des domaines granitiques, Presses universitaires de France, , p. 114
  2. Pierre-Roland Giot, Michel Le Goffic, Jean-Laurent Monnier, « Le Paléolithique du Trégor (Bretagne) du Jaudy à la rivière de Morlaix », Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 74, no 1,‎ , p. 336.
  3. Toponyme celte désignant une hauteur, une colline.
  4. Max Gilbert, Menhirs et dolmens dans le Nord-Est de la Bretagne, Guernsey Press, , p. 184.
  5. « Allée couverte de Ty-al-Lia (à Trégastel - Île-Renote) », sur tregor.fr.
  6. Littéralement le « trou aux ronces ».
  7. Élisabeth Justome, « Quartier de l'Île-Renote », pour l'Inventaire général du patrimoine culturel, 1999, dans la base Mérimée, ministère de la Culture, notice no IA22000334.
  8. Décret du 11 février 1977 portant classement d'un site pittoresque, JORF no 38 du 15 février 1977, p. 921, sur Légifrance.
  9. François de Beaulieu, La Bretagne. La géologie, les milieux, la faune, la flore, les hommes, Delachaux et Niestlé, , p. 20.
  10. « Les géotopes et les ensembles géologiques en Bretagne », sur bretagne-environnement.org (consulté le ).
  11. a b c d et e Jean Plaine, « Joyau du Trégor, le magmatisme composite du complexe granitique de Ploumanac'h », sur sgmb.univ-rennes1.fr, .
  12. Yannick Lageat, Julie Nicolazo, « L'invention de la Côte de Granite rose (Bretagne) et les étapes de la valorisation d'un géomorphosite », Bulletin de l'Association de géographes français, vol. 86, no 1,‎ , p. 133 (lire en ligne).
  13. Pierrick Graviou et Christophe Noble, Curiosités géologiques du Trégor et du Goëlo, éditions Apogée, , p. 61.
  14. Pierre Thomas, « Les chaos de granite rose de Ploumanac'h et de Trégastel (Côtes d'Armor) », sur planet-terre.ens-lyon.fr, (consulté le ).
  15. Vir est employé en Bretagne au sens de flèche, Beg ar Vir signifiant littéralement « pointe de la flèche ».
  16. Bruno Cabanis, Découverte géologique de la Bretagne, Cid éditions, , p. 23.

Voir aussi

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Bibliographie

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  • Pierrick Graviou et Odile Guérin, Guide des curiosités géologiques de la Côte de Granit Rose, Éditions du BRGM, , 118 p.

Articles connexes

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