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Ultraconservatisme

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L'ultraconservatisme est un ensemble de courants religieux ou politiques caractérisés par une posture extrêmement conservatrice[1]. Dans la politique contemporaine, le terme d'« ultraconservateur » fait généralement référence aux conservateurs situés à l'extrême droite de l'échiquier politique. L'ultraconservatisme englobe à droite les sensibilités de ceux refusant de transiger même de façon circonstancielle avec une politique modérée, jusqu'aux partis ou groupuscules les plus marginaux[2].

Les doctrines de l’ultraconservatisme sont en général en résonance avec une crise culturelle ; ils soutiennent fréquemment l'anti-mondialisme — en revendiquant des positions anti-immigration, nationalistes et souverainistes —, tiennent un discours populiste et fomentent la polarisation politique en jouant sur l'opposition identitaire endogroupe contre exogroupe[3],[4],[5],[6]. L'idéologie économique de la plupart des ultraconservateurs est le néolibéralisme[6]. Le recours fréquent aux théories du complot est également une caractéristique de l'ultraconservatisme[4].

Histoire par pays

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Le président Jair Bolsonaro a été décrit comme un ultraconservateur au cours de son mandat, adoptant une posture souvent alignée sur celles du président des États-Unis Donald Trump[5],[7]. Dès son entrée en fonction, Bolsonaro nomma l'ultraconservateur Damares Alves à la tête du ministère des Droits de l'Homme et de la Citoyenneté[7],[8]. Son gouvernement fut dirigé par des élites qui élargirent les activités extractivistes dans la forêt amazonienne tout en affrontant les peuples autochtones du Brésil[9].

États-Unis

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Aux États-Unis, l’ultraconservatisme apparut pour la première fois lorsque des hommes politiques et des entreprises de droite se sont opposés au New Deal du président Franklin D. Roosevelt[4]. À partir des années 1960, pendant la guerre froide, l'ultraconservatisme commença à prendre de l'importance, notamment auprès de la John Birch Society, organisation de droite radicale (en) [10],[11],[12] [13]. Les ultraconservateurs d'alors étaient anticommunistes et opposés au mouvement des droits civiques, aux syndicats et aux programmes sociaux[10],[11]. Les membres de la John Birch Society pensaient que le mouvement des droits civiques conduirait à la création d’une « République soviétique noire (en) » dans le sud des États-Unis[11],[12] [14]. En 1961, Jacob Javits déclara que l'ultraconservatisme « représent[ait] un danger pour le Parti républicain » « en déplaçant le parti plus à droite… [ce qui] transformerait le Parti républicain en un parti marginal[15] ». À partir des années 1970, les ultraconservateurs tentèrent de mettre leur crédo en application dans le gouvernement et la culture des États-Unis en faisant appel à des groupes de réflexion, des comités d'action politique et des groupes de pression[6]. Ces groupes étaient généralement soutenus par des individus fortunés, notamment les frères Koch, les familles de Richard (en) et Dick DeVos (en), la famille Walton (en) et Richard Mellon Scaife[6]. Les ultraconservateurs désignèrent alors certains groupes, visiblement sur la base de leur appartenance raciale, de leur classe sociale et de leur statut d'immigré dans le but de polariser l'opinion publique, affirmant que certains groupes étaient « parasites » de l'économie et privaient les individus riches de leurs ressources, susceptibles d'améliorer l'économie[6].

Au XXIe siècle, la deuxième nouvelle droite devint, en particulier pendant le mandat de George W. Bush, plus ultraconservatrice et adopta quelques éléments de néofascisme, en supportant des idées très strictes concernant le maintien de l'ordre public, la défense de la propriété privée et le nationalisme pour décrire un mythe de la « gloire du passé national[16] ». Après l' élection de Barack Obama en 2008, les ultraconservateurs firent des déclarations alarmistes sur le plafond de la dette américaine, appelant à des coupes dans les dépenses sociales[6]. Sous l'administration Obama, les ultraconservateurs organisèrent le mouvement du Tea Party, diffusèrent un message défendant la nécessité de « reprendre notre pays » à Obama et fut à l'origine du mouvement des birthers[6].

Le terme d'« ultra-conservatisme » a parfois été utilisé de manière interchangeable avec ceux de « fascisme », d'«ultranationalisme » et de « populisme de droite » pour décrire la droite radicale en Europe[17].

En France, les ultra-royalistes étaient une faction ultra-conservatrice active de 1815 à 1830, sous la Restauration des Bourbons[18]. Les « ultras » était typiquement des membres de la haute noblesse qui soutenaient vigoureusement le catholicisme romain comme religion d'État et unique religion légale de France, la monarchie des Bourbons[19], les classes traditionnelles de l'Ancien Régime et le suffrage censitaire et s'opposaient à la volonté du peuple, aux intérêts de la bourgeoisie et leurs tendances libérales et démocratiques[20].

Action Française est un mouvement politique monarchiste ultraconservateur français[21]. Son idéologie était dominée par les préceptes de Charles Maurras, à la suite de son adhésion et de sa conversion des fondateurs du mouvement au royalisme. Le mouvement soutenait la restauration de la Maison de Bourbon et, après la loi de 1905 sur la séparation de l'Église et de l'État, la restauration du catholicisme romain comme religion d'État, autant de points de ralliement qui l'opposait à la Troisième République, considérée comme corrompue et athée par nombre de ses opposants[22].

Notes et références

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  1. Angus Stevenson et Christine A. Lindberg, New Oxford American Dictionary, 3rd, (ISBN 9780199891535, DOI 10.1093/acref/9780195392883.001.0001), « Ultraconservative »
  2. Huntington 2021, Ultraconservatives occupy a broad section of the right-wing continuum, wedged between conservative pragmatists, those willing to moderate their views and work with the political center, and fringe extremists. ... When viewed in this light, the far right shifts from the periphery to the core of the conservative typology., p. 4.
  3. (es) Barreiros, « ¿Qué es el neoconservadurismo? », El Orden Mundial, (consulté le )
  4. a b et c Huntington 2021, p. 4.
  5. a et b De Sá Guimarães et De Oliveira E Silva, « Far-right populism and foreign policy identity: Jair Bolsonaro's ultra-conservatism and the new politics of alignment », International Affairs, Oxford University Press, vol. 97, no 2,‎ , p. 345–346 (DOI 10.1093/ia/iiaa220) :

    « ultraconservative governments. This deep conservative identity-set emphasizes three interrelated national role conceptions: (1) an anti-globalist role, composed of narratives in opposition to international institutions; (2) a nationalist role, composed of pro-sovereignty narratives; and (3) an anti-foe role, composed of friend/foe narratives. »

  6. a b c d e f et g Nelson et Robison, « Which Americans Are More Equal and Why: The Linguistic Construction of Inequality in America », Race, Gender & Class, vol. 20, nos 1/2,‎ , p. 294–306
  7. a et b (en) Polimédio, « Brazil's Fiery Far-Right Presidential Favorite Channels Trump », The Atlantic, (consulté le )
  8. (en) Kirby, « What you need to know about Jair Bolsonaro, Brazil's new far-right president », Vox, (consulté le )
  9. Neto Manuel et Moreira Luis Gustavo, « Bolsonaro, the Last Colonizer », Latin American Perspectives, vol. 50, no 1,‎ , p. 47–63 (DOI 10.1177/0094582X221147598 , S2CID 255915580 ) :

    « Under the ultraconservative Bolsonaro government, the state has been taken over by elites with rural and extractive capital who plan on exploiting the Amazon rain forest at any cost and see indigenous peoples as an obstacle to their goal. »

  10. a et b Jason H. Gart, « The Defense Establishment in Cold War Arizona, 1945–1968 », The Journal of Arizona History, vol. 60, no 3,‎ , p. 301–332 :

    « Ultraconservatism, which combined traditional anticommunist rhetoric with fresh acrimony toward civil rights legislation, welfare programs, organized labor, and taxation »

  11. a b et c |(en) Randall J. Stephens, « Tracing the origins of today's ultraconservatives », The Washington Post,‎ (lire en ligne)
  12. a et b « Congressional Record: Proceedings and Debates of the 89th Congress, First Session », United States Congress,  : « a recent meeting in Chicago attended by the apostles of rightwing extremism and ultraconservatism, Mr. Robert Welch, ... founder and titular head of the John Birch Society, ... charged that the civil rights movement is being guided by Communists to dismember American society. He said that the Communist master plan calls for an in- dependent Negro-Soviet republic »
  13. Huntington 2021, p. 180.
  14. Huntington 2021, p. 136.
  15. (en) « Javits Warns G.O.P.: Says Ultra-Conservatism Is a Danger to the Party », The New York Times,‎ , p. 26 (lire en ligne)
  16. (en) Henry A. Giroux, « The Emerging Authoritarianism in the United States: Political Culture under the Bush/Cheney Administration », Symplokē, University of Nebraska Press, vol. 14, nos 1/2,‎ , p. 103 (DOI 10.1353/sym.2007.0021, S2CID 144244630)
  17. Cerny, « The Radical Right in Central and Eastern Europe since 1989 », Perspectives on Political Science, vol. 29, no 2,‎ , p. 110 :

    « the ideological manifestations of the radical right after 1989 may be called ultranationalism, clericalism, fascism, ultraconservatism, or radical populism »

  18. Emma Rothschild, « Condorcet and Adam Smith on education and instruction », dans Angus Stevenson et Christine A. Lindberg (ed.), Philosophers on Education, Routledge, (ISBN 9780415191319, DOI 10.1093/acref/9780195392883.001.0001), p. 220 :

    « In fact, the ideological claims of these Catholic 'ultraroyalists' seeped into public discourse on a regular basis as early as 1818 […] Like their counterparts in Germany or Austria, ultraconservatives were profoundly influenced by Edmund Burke's Reflections on the Revolution in France (1790). »

  19. (en) « Ultraroyalist », dans Dictionary of Politics and Government, , p. 250.
  20. "Ultra". Encyclopaedia Britannica. « The ultras represented the interests of the large landowners, the aristocracy, clericalists, and former émigrés. They were opposed to the egalitarian and secularizing principles of the Revolution, but they did not aim at restoring the ancien régime; rather, they were concerned with manipulating France's new constitutional machinery in order to regain the assured political and social predominance of the interests they represented. »
  21. (en) Swart, K. W., The Sense of Decadence in Nineteenth-Century France, Springer, , p. 19 :

    « The ultraconservatives of the Action Française felt greatly encouraged by the new nationalistic spirit and the increasing discredit of Leftist ideology. »

  22. (en) Jean-Marie Mayeur, The Third Republic from Its Origins to the Great War, 1871–1914, Cambridge University Press, , p. 298

Articles connexes

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Bibliographie

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Liens externes

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