Trabulsiella guamensis
Domaine | Bacteria |
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Phylum | Pseudomonadota |
Classe | Gammaproteobacteria |
Ordre | Enterobacterales |
Famille | Enterobacteriaceae |
Genre | Trabulsiella |
Trabulsiella guamensis est une espèce de bactéries de la famille des Enterobacteriaceae ressemblant phénotypiquement aux Salmonella enterica.
Historique
[modifier | modifier le code]Les bactéries de l'espèce Trabulsiella guamensis sont issues d'un groupe bactérien du nom vernaculaire de « groupe entérique 90 ». En , des bactéries de ce groupe sont identifiées comme de probables Salmonella par les caractéristiques des tests biochimiques similaires à celles des Salmonella des groupes 4 et 5 mais elles ne réagissent pas aux antisérum de typage spécifiques de ce genre[1]. Six souches sur huit ont été isolées de prélèvements provenant de l'île de Guam (dont quatre de la bibliothèque Flores Memorial Libaray du village d'Agana)[2]. Les deux dernières souches proviennent de New York et d'Allemagne[3].
Description
[modifier | modifier le code]Les bactéries de l'espèce Trabulsiella guamensis sont des bacilles Gram négatifs. Elles sont mobiles. Elles peuvent croître à 36 °C et sur milieu KCN[1]. Ces bactéries sont non pigmentées, oxydase négatives et capables de fermentation[4]. Elles fermentent particulièrement le D-glucose avec production de gaz et aussi le L-arabinose, la cellobiose, le D-galactose, le D-galacturonate, le maltose, le D-mannitol, le D-mannose, le L-rhamnose, le D-sorbitol, le tréhalose, et le D-xylose[1]. Elles ne produisent pas d'acide à partir d'adonitol, de D-arabitol, de dulcitol, d'érythritol, de myo-inositol, de mélibiose, d'α-méthyl-D-glucoside, de raffinose, et de sucrose[1],[5].
Ces bactéries partagent les caractéristiques générales des autres membres de la famille des Enterobacteriaceae[4]. Les tests du rouge de méthyl et d'utilisation du citrate sont positifs. Les réactions sont positives aussi pour les tests de la Lysine décarboxylase, de l'arginine dihydrolase, de l'ornithine décarboxylase. Elles réduisent le nitrate en nitrite et hydrolyser faiblement la tyrosine. Elles sont positives aussi pour le tests de l'ONPG[1]. Elles peuvent liquéfier la gélatine et l'esculine mais dans une réaction très lente[1]. Elles ont une réaction négative aux tests de Voges-Proskauer et à l'hydrolyse de l'urée. Elles sont négatives aussi pour les tests Phénylalanine désaminase, lipase, DNase et de l'utilisation de malonate. Les premières souches identifiées sont indoles négatives[1]. Les T. guamensis sont aussi capables de produire des protéases capables de dégrader des détergents industriels[6].
Antibiorésistance
[modifier | modifier le code]Les T. guamensis sont sensibles à la colistine, à l'acide nalidixique, la gentamicine, la streptomycine, la kanamycine, au chloramphénicol, et au sulfaméthoxazole. Par contre, elles sont résistantes aux antibiotiques suivants : penicilline, céphalothine et à l'ampicilline[4].
Production d'hydrogène
[modifier | modifier le code]Dans le cadre de la recherche de production d'hydrogène comme alternative aux carburants fossiles, le complexe FHL-2 (Formate hydrogenlyase 2) de cette espèce a été le premier complexe FHL-2 bactérien caractérisé[7].
Taxonomie
[modifier | modifier le code]Le nom correct complet (avec auteur) de ce taxon est Trabulsiella guamensis McWhorter et al. 1992[8]. Le nom de cette espèce a été validé par l'ICSP et publié la même année que sa description. La souche type de cette espèce est la souche CDC0370-85 déposée à l'ATCC sous le numéro ATCC49490[1].
Étymologie
[modifier | modifier le code]L'étymologie de cette espèce est la suivante : guam.en’sis. N.L. masc./fem. adj. guamensis, appartenant à Guam, l'île la plus large du groupe d'île de Micronésie dans l'Océan Pacifique où la première souche a été isolée[8],[5].
Phylogénie
[modifier | modifier le code]Les hybridations ADN-ADN totales entre les bactéries de ce groupe ont permis de confirmer qu'elles appartiennent à une même espèce. Les hybridations entre ces bactéries et des souches de références d'espèces connues parmi les Enterobacteriaceae ont révélé que les bactéries du groupe entérique 90 forment une nouvelle espèce et un nouveau genre bactérien[1]. Les genres bactériens les plus proches par cette technique d'hybridation d'ADN total sont les genres Salmonella (41 %), Kluyvera (39 %), Shigella (38 %), Klebsiella, Enterobacter, et Citrobacter[1].
Les souches isolées de Guam et des États-Unis se différencient de celles isolées en Malaisie et en Allemagne par l'absence de production d'indoles chez les souches américaines[5].
En 2007, l'espèce T. odontotermitis est caractérisée comme l'espèce la plus proche de T. guamensis avec près de 48 % d'hybridation ADN-ADN totale et 98,1 % de similarité entre les séquences de l'ARNr 16S des deux espèces[9]. Les études phylogénétiques basées sur le génome complet placent cette espèce ainsi que son genre dans la nouvelle délimitation de la famille des Enterobacteriaceae[10].
Pathogénicité
[modifier | modifier le code]Bien que présentant des caractéristiques biochimiques proches des Salmonella et notamment Salmonella enterica, les T. guamensis ont parfois été isolées de selles humaines mais sans liens avec une diarrhée ou un état fébrile[11],[5]. Des souches de cette espèce ont été isolées de prélèvements environnementaux, de selles, de nourritures[5] et de vésicules biliaires de porcs[12].
Références
[modifier | modifier le code]- McWhorter et et al. 1992, p. 1480.
- McWhorter et et al. 1992, p. 1480-1481.
- McWhorter et et al. 1992, p. 1481.
- McWhorter et et al. 1992, p. 1483.
- Lindquist et Farmer III 2015.
- (en) Sania Rehbar et Rida Batool, « Protease production by Brevundimonas sp. and Trabulsiella guamensis isolated from contaminated soil », Rendiconti Lincei, vol. 28, , p. 529-534 (DOI 10.1007/s12210-017-0627-x)
- (en) Ute Lindenstrauß et Constanze Pinske, « Dissection of the Hydrogen Metabolism of the Enterobacterium Trabulsiella guamensis: Identification of a Formate-Dependent and Essential Formate Hydrogenlyase Complex Exhibiting Phylogenetic Similarity to Complex I », Journal of Bacteriology, vol. 201, no 12, , e00160-19 (DOI 10.1128/JB.00160-19)
- List of Prokaryotic names with Standing in Nomenclature (LPSN), consulté le 4 décembre 2023
- (en) Jui-Hsing Chou, Wen-Ming Chen, A. B. Arun et Chiu-Chung Young, « Trabulsiella odontotermitis sp. nov., isolated from the gut of the termite Odontotermes formosanus Shiraki », International Journal of Systematic and Evolutionary Microbiology, vol. 57, no 4, , p. 696–700 (DOI 10.1099/ijs.0.64632-0)
- (en) Mobolaji Adeolu, Seema Alnajar, Sohail Naushad et Radhey S. Gupta, « Genome-based phylogeny and taxonomy of the ‘Enterobacteriales’: proposal for Enterobacterales ord. nov. divided into the families Enterobacteriaceae, Erwiniaceae fam. nov., Pectobacteriaceae fam. nov., Yersiniaceae fam. nov., Hafniaceae fam. nov., Morganellaceae fam. nov., and Budviciaceae fam. nov. », International Journal of Systematic and Evolutionary Microbiology, vol. 66, no 12, , p. 5575–5599 (DOI 10.1099/ijsem.0.001485)
- (en) F. Denis, S. Le Hello et O. Barraud, « Genres Leclercia, Leminorella, Moellerella, Yokenella, Trabulsiella », dans Marie-Cécile Ploy, Claire Poyart, Vincent Cattoir, François Denis, Christian Martin, Bactériologie médicale. Techniques usuelles, Elsevier Masson SAS Éditeur, , 600 p. (ISBN 9782294747120), p. 317
- (en) Grammato Evangelopoulou, Georgios Filioussis, Spyridon Kritas, Maria Kantere et Angeliki R Burriel, « Isolation and Antimicrobial Testing of Aeromonas spp., Citrobacter spp., Cronobacter spp., Enterobacter spp., Escherichia spp., Klebsiella spp., and Trabulsiella spp. from the Gallbladder of Pigs », Polish Journal of Microbiology, vol. 64, no 2, , p. 185–188 (PMID 26373181, lire en ligne, consulté le )
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Publication originale (en) AC McWhorter, RL Haddock, FA Nocon, AG Steigerwalt, DJ Brenner, S Aleksic, J Bockemuhl et JJ. Farmer, « Trabulsiella guamensis, a new genus and species of the family Enterobacteriaceae that resembles Salmonella subgroups 4 and 5. », J Clin Microbiol, vol. 29, no 7, , p. 1480-1485 (DOI 10.1128/jcm.29.7.1480-1485.1991).
- (en) Martin Dworkin, Stanley Falkow, Eugene Rosenberg, Karl-Heinz Schleifer et Erko Stackebrandt, « Trabulsiella », dans The Prokaryotes, vol. Volume 6. Proteobacteria: Gamma Subclass, Springer, , 1194 p. (ISBN 9780387254968), p. 31-32
- (en) John A. Lindquist et J.J. Farmer III, « 1. Trabulsiella guamensis McWhorter, Haddock, Nocon, Steigerwalt, Brenner, Aleksic, Bockemühl and Farmer 1992, 327 », dans M.E. Trujillo, S. Dedysh, P. DeVos, B. Hedlund, P. Kämpfer, F.A. Rainey and W.B. Whitman, Bergey's Manual of Systematics of Archaea and Bacteria, Wiley, (DOI 10.1002/9781118960608.gbm01171).
Liens externes
[modifier | modifier le code]- (en) Référence Catalogue of Life : Trabulsiella guamensis McWhorter et al., 1992 (consulté le )
- (fr + en) Référence EOL : Trabulsiella guamensis (consulté le )
- (fr + en) Référence GBIF : Trabulsiella guamensis McWhorter et al., 1992 (consulté le )
- (en) Référence IRMNG : Trabulsiella guamensis McWhorter et al., 1992 (consulté le )
- (fr + en) Référence ITIS : Trabulsiella guamensis McWhorter et al., 1992 (consulté le )
- (en) Référence LPSN : Trabulsiella guamensis McWhorter et al. 1992 (consulté le )
- (en) Référence NCBI : Trabulsiella guamensis (taxons inclus) (consulté le )
- (en) Référence Taxonomicon : Trabulsiella guamensis McWhorter et al. 1992 (consulté le )