Mains d'œuvres
Mains d’œuvres est un centre culturel multidisciplinaire basé à Saint-Ouen-sur-Seine depuis 2001.
Historique
[modifier | modifier le code]Création
[modifier | modifier le code]Le projet créé par Fazette Bordage et Christophe Pasquet démarre en 1997 à la suite d'un accord avec les élus communistes de la mairie de Saint-Ouen[1], propriétaire d'une friche de 4 000 m2 qui appartenait à Valeo qui se situe près du marché aux puces. Ce lieu sera aménagé pour devenir un centre culturel[2]. L'objectif est de « Compléter l'offre culturelle locale ; toucher les jeunes de Saint-Ouen, les acteurs innovants »[1].
Le centre démarre son activité en 2001 et s'impose rapidement dans le paysage culturel underground, notamment à travers son festival, le Mo'fo[2].
Un incendie endommage les lieux en 2010[2].
Conflit avec la mairie
[modifier | modifier le code]En 2014, l'élection du nouveau maire William Delannoy (UDI) remet en cause le projet, il arrête les subventions (91 000 euros annuels) et souhaite récupérer les lieux pour y installer le conservatoire municipal[3]. Il considère que le lieu profite plus aux Parisiens qu'aux Audoniens[2]. En 2017, il ne renouvelle pas le bail qui se termine à la fin de l'année[4].
La direction de l'association propose de racheter les locaux, ou de cohabiter avec le conservatoire. Mains d’œuvres est alors soutenu par la ministre de la Culture Françoise Nyssen, la présidente de la région Valérie Pécresse, et le président du département Stéphane Troussel[2]. Mais les tentatives de compromis n'ayant pas abouti, le conflit devient une bataille juridique[2].
Le , le tribunal de grande instance de Bobigny condamne l'association à évacuer les lieux[5], mais celle-ci fait appel[6]. Le matin du mardi , sans attendre la délibération de la cour d'appel prévue le , les occupants sont expulsés par les forces de l’ordre[6]. L'accès au bâtiment étant condamné, 70 personnes se retrouvent au chômage technique (25 temps pleins) et 250 artistes sont privés de leur matériel. Le ministre de la culture Franck Riester déclare alors souhaiter mettre en place une médiation « dès que possible »[7].
L’évènement provoque une incompréhension et une mobilisation chez des habitants et des artistes, et plusieurs personnalités politiques réagissent alors que les prochaines élections municipales sont prévues dans quelques mois[8]. Des collectifs culturels dénoncent plus généralement le sort subi par les tiers-lieux[9],[10].
Le , l'expulsion est annulée pour vice de procédure par tribunal judiciaire de Bobigny, cela permet à l'association de réintégrer les locaux pour 18 mois[11].
L'arrivée d'une nouvelle équipe municipale marque la fin du conflit[12].
Activité
[modifier | modifier le code]Le site accueille 25.000 visiteurs annuels en proposant des cours de danse, des expositions, des conférences et des concerts[2]. Il loue également des studios de répétition et organise des cours de musiques pour 300 élèves[6].
Le lieu emploie 25 salariés à temps plein, et accueille 250 artistes en résidence artistique[2],[7] comme notamment Frustration[10].
Le rayonnement du centre dépasse les frontières de la ville[13], notamment grâce au festival Mo'fo, initialement orienté anti-folk, qui accueille des artistes alternatifs comme Herman Dune[4], ou Daniel Johnston[14].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- « Mains d'Œuvres, fragile fabrique », le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- « A Saint-Ouen, le lieu culturel underground "Mains d'Oeuvres" est en sursis », sur Franceinfo, (consulté le )
- « A Saint-Ouen, l’association Mains d’œuvres joue sa survie », le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- « Le lieu culturel Mains d’Œuvres lance une pétition pour garder ses locaux à Saint-Ouen », sur Les Inrocks, (consulté le )
- « Fermeture de Mains d'Œuvres : “On prend les artistes en otage !” », sur Les Inrocks, (consulté le )
- « A Saint-Ouen, expulsion surprise de l’association artistique Mains d’Œuvres », le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- « Saint-Ouen : le ministère de la Culture accorde son soutien à Mains d'œuvres », sur Libération.fr, (consulté le )
- Par Maxime François avec A. LLe 12 octobre 2019 à 12h59, « Saint-Ouen : forte mobilisation de soutien à Mains d’œuvres », sur leparisien.fr, (consulté le )
- « Friches culturelles, contre-manœuvre », sur Libération.fr, (consulté le )
- Marc-Aurèle Baly, « Les friches culturelles, vaches à lait du Grand Paris », sur Vice, (consulté le )
- Matt Finance, « Le centre culturel Mains d’Œuvres retrouve ses locaux à Saint-Ouen », sur Le Figaro.fr, (consulté le )
- Annabelle Martella, « Saint-Ouen : un an après l'expulsion de la friche, «Mains d’œuvres est sauvé !» », sur Libération, (consulté le )
- (en-US) Alice Pfeiffer, « Beyond the Paris Limits, a Cutting Edge », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
- « La mayonnaise Antifolk prend à Saint-Ouen », sur Les Inrocks, (consulté le )