Ligne de Limoges-Bénédictins à Angoulême
Ligne de Limoges-Bénédictins à Angoulême | ||
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Pays | France | |
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Villes desservies | Limoges, Angoulême | |
Historique | ||
Mise en service | 1875 | |
Concessionnaires | Charentes (1868 – 1878) État (Non concédée) (1878 – 1883) PO (1883 – 1937) SNCF (1938 – 1997) RFF (1997 – 2014) SNCF (depuis 2015) |
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Caractéristiques techniques | ||
Numéro officiel | 610 000 | |
Longueur | 117 km | |
Écartement | standard (1,435 m) | |
Électrification | Non électrifiée | |
Pente maximale | 20 ‰ | |
Nombre de voies | Voie unique (Anciennement 1 de Limoges à Magnac-Touvre et 2 de Magnac-Touvre à Angoulême) |
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Signalisation | BAPR de Limoges à Saillat VUSO avec CAPI de Saillat à Ruelle BMVU de Ruelle à Angoulême |
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Trafic | ||
Propriétaire | SNCF | |
Exploitant(s) | SNCF | |
Trafic | TER Fret SNCF |
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Schéma de la ligne | ||
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La ligne de Limoges-Bénédictins à Angoulême est une ligne de chemin de fer française, mise en service le ; orientée globalement est-ouest, elle constitue une liaison d'ordre régional entre la Haute-Vienne et la Charente (Nouvelle-Aquitaine), mais les liaisons ferroviaires sont suspendues dans la section charentaise depuis 2018.
Elle constitue la ligne 610 000 du réseau ferré national[1].
Histoire
[modifier | modifier le code]Création
[modifier | modifier le code]Cette ligne fait initialement partie, en 1854, d'un projet de liaison transversale est-ouest entre La Rochelle, Angoulême et Limoges, où l'on rejoindrait la ligne projetée de Bordeaux vers Lyon.
En 1867, lors de l'ouverture de la ligne Rochefort - Angoulême, rien n'est encore décidé quant au tracé entre Angoulême et Limoges. Certains, dont des députés de Dordogne et de Corrèze, ainsi que Mr. Laroche-Joubert, conseiller général d'Angoulême, penchent pour un passage par Montbron. Les députés de Haute-Vienne, de Charente et de Charente-Inférieure souhaitent un tracé par La Rochefoucauld et la vallée de la Vienne. Ce dernier tracé choisi est tranché le par le conseil supérieur des Ponts et Chaussées.
Une convention signée le entre le ministre des Travaux publics et la Compagnie des chemins de fer des Charentes accorde la concession à titre définitif de la ligne. Cette convention est approuvée par un décret impérial à la même date[2].
La ligne Angoulême-Limoges est déclarée d'utilité publique le . Elle est inaugurée après 7 ans de travaux, le par la Compagnie des chemins de fer des Charentes.
Une gare séparée est alors construite à Angoulême, appelée gare des Charentes puis gare de l'État, située en face de celle de la Compagnie d'Orléans (ligne Paris-Bordeaux), appelée gare d'Orléans (la gare actuelle)[3],[4].
Du côté de Limoges, le terminus en 1875 se situe à la gare des Charentes, devenue par la suite Limoges-Montjovis[4], mais la liaison avec la gare des Bénédictins n'est construite qu'un an plus tard.
Développement
[modifier | modifier le code]Une convention est signée le entre la Compagnie des Charentes et l'État pour le rachat de la ligne par ce dernier. Cette convention est approuvée par une loi le [5]. La ligne est alors exploitée par l'Administration des chemins de fer de l'État. La ligne est cédée par l'État à la Compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans par une convention signée entre le ministre des Travaux publics et la compagnie le . Cette convention est approuvée par une loi le suivant[6].
Mais ce n'est qu'en 1892 que, côté Angoulême, les trains arrivent directement dans la gare d'Orléans grâce à un embranchement construit au nord de la ville[N 1].
XXe siècle
[modifier | modifier le code]Le , les Compagnies des chemins de fer de Paris à Orléans et du Midi et du Canal latéral à la Garonne créent une communauté d'intérêt financière, commerciale et technique pour l'exploitation de leurs réseaux. Toutefois, chacune des deux compagnies conserve la concession des lignes qu'elle a obtenu de l'État.
Au , lors de la fusion des grandes compagnies françaises de chemins de fer, la ligne est intégrée au réseau de la SNCF. Elle devient alors une branche de la transversale Bordeaux Lyon. Elle est empruntée chaque nuit par l'express Genève - La Rochelle avec rebroussement en gare de Limoges-Bénédictins.
En 1957, celui-ci est remplacé par un train Saint-Gervais-les-Bains - La Rochelle, avant que sa fréquence soit limitée aux jours de fin de semaine et avant sa suppression en 1990[7].
Déclin
[modifier | modifier le code]Depuis le , la portion de ligne entre Saillat - Chassenon et Angoulême est fermée à tout trafic ferroviaire en raison de défauts de géométrie de la voie[8],[9]. Aucune remise en service n'est envisagée[9]. En remplacement, une ligne de bus effectuant le trajet en 2h20, est mise en place. Des élus locaux et des cheminots manifestent le , dénonçant une menace de fermeture définitive de la ligne[10].
En , le groupe Systra, mandaté par la région Nouvelle-Aquitaine pour estimer le coût de remise en service de la ligne donne une fourchette de 100 à 125 millions d'euros, soit moins que le montant initialement estimé de 150 millions d'euros[11],[12]. Systra note également que la portion Limoges-Saillat est en mauvais état, et ne durerait que deux à cinq ans supplémentaires, nécessitant une rénovation globale de la ligne. Le sujet doit être traité le par la région. Les élus des départements concernés, la Haute-Vienne et la Charente, sont favorables à ce que les travaux se déroulent en deux temps : dans un premier temps la section d'Angoulême à Saillat-sur-Vienne, puis dans un second temps la section de Saillat-sur-Vienne à Limoges. La durée des travaux serait de trois ans et demi[13].
À partir du , la région met en place un trajet en autocar de deux heures, plus rapide d'une demi-heure mais qui ne s'arrête pas à Chabanais, La Rochefoucauld et Ruelle. Les prix sont revus à la baisse, le billet coûtant désormais 2 euros et l'abonnement mensuel 40. La région demande également à l'État que des études pour la réouverture de la ligne soient menées dès 2020[14].
En février 2020, le directeur de SNCF Réseau pour la Nouvelle-Aquitaine annonce débuter les études préliminaires à la rénovation. Celles-ci doivent durer trois à quatre ans. Les élus locaux déplorent la durée des études ainsi que l'absence de clarté concernant le montant final à payer[15]. L'étude visant à régénérer la ligne doit commencer en 2021 pour un montant de deux millions d'euros[16].
Dans les années qui suivent, une mobilisation locale se crée, en faveur de la réouverture de la portion fermée, comprenant des manifestations en gare de Chabanais[17] et de Chasseneuil[18]. Les études préliminaires, préalables à la régénération de la ligne, doivent livrer leur verdict en fin d'année 2023[19]. En novembre 2023, des travaux sont annoncés à partir de 2027, pour une réouverture de la ligne d'ici à 2030[20]. Le coût des travaux est alors estimé à 242 M€. Les 35 M€ de la première phase sont pris encharge à 40 % par l'État, 40 % par la région Nouvelle-Aquitaine, les 20 % restants par les autres collectivités locales[21].
Caractéristiques
[modifier | modifier le code]Outre le désenclavement de la Charente limousine, la ligne Angoulême-Limoges a contribué à l'industrialisation de la Haute-Vienne et de la Charente sur son parcours :
- usines de La Rochefoucauld (textiles Chaignaud, briqueterie Péruzet) [22]
- tuileries et briqueteries de Roumazières-Loubert et Fontafie (commune de Genouillac) [23]
- usines d'Exideuil, créées en 1888 (SOFPO) et 1908 (Lamirande) [24],[25]
- papeteries de la vallée de la Vienne, dont celle de Saillat-Chassenon
- fonderie de Ruelle
Au départ de Roumazières-Loubert, une ligne allait vers Confolens et Le Vigeant. Après abandon de la ligne, la portion entre Roumazières et Confolens a été réaménagée pour le tourisme en vélo-rail par l'association Chemin de fer Charente-Limousine créée en 1992..
La dégradation de l'état de la ligne est un fait avéré dans les années 2010, qui fait l'objet d'un plan de sauvegarde consistant en un remplacement de 5 000 traverses à l'été 2016[26].
Gares
[modifier | modifier le code]La section Limoges → Saillat possède les gares suivantes : Limoges-Bénédictins, Limoges-Montjovis, Aixe-sur-Vienne, Verneuil-sur-Vienne, Saint-Victurnien, Saint-Brice-sur-Vienne, Saint-Junien, Saillat Chassenon. Sur la section Saillat → Angoulême, les gares étaient les suivantes : Saillat Chassenon, Chabanais, Exideuil-sur-Vienne, Roumazières - Loubert, Chasseneuil-sur-Bonnieure, La Rochefoucauld, Ruelle, Angoulême. Des croisements sont possibles à Limoges-Bénédictins, Aixe-sur-Vienne, Verneuil-sur-Vienne, Saint-Victurnien, Saint-Brice-sur-Vienne, Saint-Junien, Saillat Chassenon, soit toutes les gares sauf Limoges-Montjovis[27]. Sur la section Saillat → Angoulême, voici d'autres gares, mais ayant fermé avant 2018 : Fontafie, Taponnat, Montgoumard, Le Quéroy-Franzac, Magnac-Touvre[28].
Ouvrages d'art
[modifier | modifier le code]La ligne possède quelques ouvrages d'art :
- Viaduc de 3 arches sur la Tardoire (35 m)
- Viaduc sur la Charente (49 m)
- Viaduc sur la Gorre (27 m)
- Viaduc sur la Vienne (100 m)
- Souterrain de Verneuil (210 m)
- Souterrain quelconque (69 m)
- Souterrain Montjovis (401 m)
- Souterrain quelconque (56 m)[28].
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- Les trains arrivaient en gare de l'État, puis devaient aller à la bifurcation des Alliers au sud d'Angoulême, pour remonter vers la bonne gare en traversant la ville par deux tunnels et un rallongement de parcours de 15 km
Références
[modifier | modifier le code]- Livre : Reinhard Douté, Les 400 profils de lignes voyageurs du réseau ferré français, édité par La Vie du Rail en août 2011, (ISBN 978-2-918758-44-0), volume 2, page 30.
- « No 16273 - Décret impérial qui approuve la convention passée, le 18 juillet 1868, entre le ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics, et la Compagnie des chemins de fer des Charentes : 18 juillet 1868 », Bulletin des lois de l'Empire Français, Paris, Imprimerie Impériale, xI, vol. 32, no 1628, , p. 317 - 321.
- Henry Le Diraison et Yvette Renaud, Voyages en Charente au temps de la vapeur, La Couronne, Centre départemental de la documentation pédagogique de la Charente, coll. « Cultures et traditions charentaises », , 304 p. (ISBN 2-903770-48-4, présentation en ligne), p. 43,48-53
- Henry Le Diraison et Christian Genet, Les cinq gares d'Angoulême, coll. « Nos deux Charentes en cartes postales anciennes », , 23 p., chap. 33, p. 13-14
- « N° 7065 - Loi qui, 1° incorpore divers chemins de fer d'intérêt local dans le réseau d'intérêt général ; 2° approuve des conventions passées entre le ministre des Travaux publics et diverses Compagnies de Chemin de fer : 31 mars 1877 », Bulletin des lois de la République Française, Paris, Imprimerie Nationale, xII, vol. 16, no 395, , p. 801 - 823 (lire en ligne).
- « N° 14217 - Loi qui approuve la convention passée, le 28 juin 1883, entre le ministre des Travaux publics, et la Compagnie des chemins de fer de Paris à Orléans : 20 novembre 1883 », Bulletin des lois de la République Française, Paris, Imprimerie Nationale, xII, vol. 28, no 834, , p. 352 - 359 (lire en ligne).
- Historique de la ligne Bordeaux Lyon
- « Plus de TER entre Angoulême et Saillat-Chassenon à cause d'un défaut de géométrie des voies », France Info, 13 mars 2018 (consulté le 20 août 2018).
- « Sur la ligne Angoulême Limoges, le TER en coma dépassé », Charente libre, 12 juillet 2018 (consulté le 20 août 2018).
- Justine Saint-Sevin, « Haute-Vienne : mobilisation d’une centaine d’élus et de cheminots pour la ligne SNCF Angoulême-Limoges », sur France 3 Nouvelle-Aquitaine, (consulté le ).
- Hélène Rietsch, « Angoulême-Limoges : 120 M€ la rénovation », sur sudouest.fr, (consulté le ).
- Olivier Chapperon, « Limoges-Angoulême pourraient coûter 50 millions de moins », sur lepopulaire.fr, (consulté le ).
- Olivier Chapperon, « Charente optent pour une régénération de la ligne Limoges-Angoulême en deux temps sur trois ans et demi », sur lepopulaire.fr, (consulté le ).
- Thomas Milon, « Ligne TER Limoges-Angoulême : les élus de Charente Limousine veulent des trains, pas des cars », sur France 3 régions, (consulté le ).
- Thomas Vinclair, « Trois années d'études sur la ligne TER Limoges-Angoulême, toujours aucun train d'ici là ! », sur francebleu.fr, (consulté le ).
- « Une étude de régénération de la ligne SNCF Limoges - Angoulême va être lancée », sur lepopulaire.fr, (consulté le ).
- Agence de presse APEI, « Angoulême. Une manifestation organisée pour la réouverture de la ligne Limoges-Angoulême », sur Actu Charente, (consulté le ).
- Newsgene, « Les défenseurs de la ligne train Limoges - Angoulême vont se mobiliser le 30 août », sur La Nouvelle République, (consulté le ).
- Corinne Mérigaud, « TER : « L’objectif est de rouvrir Limoges-Angoulême » », sur Aqui, (consulté le ).
- Brice, « Train Limoges-Angoulême : le soutien des politiques est unanime, la ligne devrait rouvrir mais pas avant 2030 », sur actus-limousin.fr, (consulté le ).
- Jean-Louis Mercier, « Ligne de train Limoges-Angoulême : premiers travaux d'ici 2027 ? », sur lepopulaire.fr, .
- Communauté de communes Bandiat-Tardoire, « Les usines sur La Rochefoucauld » (consulté le )
- Catillus Carol, « Histoire de Roumazières et Fontafie », (consulté le )
- M.Granet, « Exideuil » (consulté le )
- Mairie d'Exideuil, « Entreprises d'Exideuil » (consulté le )
- Richard Tallet, « TER : urgence pour la ligne Angoulême-Limoges », sur charentelibre.fr, (consulté le )
- « Atlas du réseau ferré français | SNCF Réseau », sur www.sncf-reseau.com (consulté le )
- SNCf, SNCF Région du Sud-Ouest Carnet de Profils et de Schémas 1958, SNCF, , 276 p., p. 93, 94
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Liste des lignes de chemin de fer de France
- Compagnie des chemins de fer des Charentes
- Transports par département :