Les Illuminations de La Mecque
Les Illuminations de La Mecque | |
Auteur | Ibn Arabi |
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Pays | Espagne |
Genre | soufisme, poésie, théologie |
Date de parution | 1240 |
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Les Illuminations de la Mecque (ou Illuminations mecquoises, ou Les Conquêtes mecquoises, ou encore Les Révélations de La Mecque ; Kitâb Al-Futūḥāt al-Makkiyya en arabe) est l'ouvrage majeur du philosophe et soufi Ibn Arabi, rédigé entre 1203 et 1240.
Le penseur andalou y expose son cheminement spirituel, sa théologie, sa métaphysique et sa mystique, en utilisant tantôt la prose, tantôt la poésie. L'ouvrage comporte des éléments autobiographiques : rencontres, événements, et illuminations spirituelles.
Structure
[modifier | modifier le code]Les Illuminations sont un ouvrage volumineux : 37 tomes, divisés en 560 chapitres[1]. Les Illuminations n'ont été traduites que partiellement en français : il existe des anthologies regroupant plusieurs chapitres.
Contenu
[modifier | modifier le code]L'ouvrage tire son titre de la ville sainte La Mecque, vers laquelle Ibn Arabi a voyagé en pèlerinage (hajj) en 1202, et dans laquelle il a reçu un certain nombre de révélations d'origine divine.
Ibn Arabi développe dans les Illuminations une théorie de l'imagination et du monde imaginal expliquée par Henry Corbin[2]. On y trouve également une description psychologique et religieuse des effets de l'amour de Dieu (au sens à la fois subjectif et objectif de l'expression).
Selon Michel Chodkiewicz, ce livre occupe une place particulièrement importante dans l’œuvre d'Ibn Arabi car il représente « l'état ultime de son enseignement sous sa forme la plus complète »[3].
Les femmes, la poésie, l'amour religieux
[modifier | modifier le code]Les femmes sont en bonne place dans l'ouvrage, particulièrement dans le chapitre 178 sur l'amour. Ibn Arabi est initié à l'expérience religieuse par une femme spirituelle appelée Nizhâm, une jeune iranienne dont le nom signifie « Harmonie ». Il cite les poèmes de l'écrivain Rabia al Adawiyya, qui est selon lui « l'interprète la plus prestigieuse » de l'amour[4]. Ibn Arabi raconte également sa rencontre et son service de la mystique Fatima bint al-Muthanna, avec laquelle il récite la Fatiha (la première sourate du Coran) et dont il admire le degré d'élévation spirituelle[5].
Postérité
[modifier | modifier le code]Les Illuminations sont un classique du soufisme, de la théologie et de la philosophie islamiques. Elles ont influencé les Écrits spirituels de l'émir Abd el-Kader, qui édite l'ouvrage en 1857, et peut-être Dante[6]. L'islamologue Henry Corbin comparait la Béatrice de Dante, qui conduit le poète au paradis dans la Divine Comédie et l'éveille à l'amour dans la Vie Nouvelle, à la Nizhâm d'Ibn Arabi, femme mystique qui initie le philosophe andalou à l'expérience de l'amour de Dieu[7].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Constant Hamès, « Ibn Arabî, Les Illuminations de La Mecque (compte rendu) », Archives de sciences sociales des religions, 1990, Vol. 72, N°1, p. 266-267.
- Henry Corbin, L'imagination créatrice dans le soufisme d'Ibn Arabi.
- Michel Chodkiewicz, Avant-propos in Les Illuminations de La Mecque, Paris, Albin Michel, , p. 10.
- Traité de l'amour, p. 247.
- Traité de l'amour, p. 188-190.
- L'hypothèse de l'influence d'Ibn Arabi sur Dante provient de Miguel Asin Palacios. Voir (en) « After Ibn Arabi ».
- Florian Besson, « Ibn Arabî », Les Clés du Moyen Orient, 1er avril 2013.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Éditions partielles
- Anthologie : Les Illuminations de La Mecque, Paris, Albin Michel, 2008 (1988), « Spiritualités vivantes », trad. Michel Chodkiewicz. 353 p.
- Anthologie : Les Révélations de La Mecque, Paris, Entrelacs, 2009, trad. Abdallah Penot. 457 p.
- Deux chapitres dans : Par-delà le miroir, Paris, Entrelacs, 2012, « Hikma », trad. Abdallah Penot. 250 p.
- Chapitres 61 à 65 : De la mort à la résurrection, Paris, Albouraq, 2009, trad. Maurice Gloton.
- Chapitre 167 : L'Alchimie du Bonheur parfait, Paris, Berg International, 1981, trad. Stéphane Ruspoli. 158 p.
- Chapitre 178 : Traité de l'amour, Paris, Albin Michel, 1986, « Spiritualités vivantes », trad. Maurice Gloton. 315 p.
- Études
- Claude Addas, « Expérience et doctrine de l'amour chez Ibn Arabî », in Mystique musulmane (ouvrage collectif), Paris, Cariscript, 2002.
- Henry Corbin, L'imagination créatrice dans le soufisme d'Ibn Arabi, Paris, Flammarion, 1958, rééd. Flammarion-Aubier, 1993.
- George Grigore, « Le concept d’amour chez Ibn 'Arabi », Romano-Arabica, II, Bucharest : Center for Arab Studies. 2002 : p. 119-134.