[go: up one dir, main page]

Aller au contenu

Les Détectives sauvages

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Les Détectives sauvages
Auteur Roberto Bolaño
Pays Espagne
Genre roman
Version originale
Langue espagnol (Chili)
Titre Los detectives salvajes
Éditeur Anagrama
Lieu de parution Barcelone
Date de parution 1998
ISBN 84-339-1086-8
Version française
Traducteur Robert Amutio
Éditeur Christian Bourgois
Lieu de parution Paris
Date de parution 2006
ISBN 2-267-01809-8

Les Détectives sauvages (Los detectives salvajes) est un roman de Roberto Bolaño paru en 1998 pour l'édition originale et en 2006 pour la traduction française.

Écriture et publication

[modifier | modifier le code]

Le roman a été publié pour la première fois aux éditions barcelonaises Anagrama en 1998. Bolaño décrit ainsi Les Détectives sauvages : « Je crois que mon roman a presque autant de lectures qu'il y a de voix en lui. On peut le lire comme une agonie. On peut le lire aussi comme un jeu[1]. »

Le roman est composé de trois parties de longueurs inégales.

Mexicains perdus à Mexico (1975)

[modifier | modifier le code]

La première partie est constituée du journal intime d'un étudiant en droit de dix-sept ans, Juan Garcia Madero, du au . Pendant cette période, il découvre le mouvement littéraire appelé réalisme viscéral et se lie avec une bande de poètes, dont le Chilien Arturo Belano et le Mexicain Ulises Lima. C'est aussi pour Juan Garcia Madero le temps des premières relations sexuelles. Il va faire la connaissance de Lupe, une jeune prostituée qui tente de quitter son souteneur. Pour lui échapper, Lupe, Garcia Madero, Belano et Lima s'enfuient de Mexico le soir du en direction du désert dans le but de retrouver la poétesse Cesàrea Tinajero, une pionnière du réalisme viscéral.

Les Détectives sauvages (1976-1996)

[modifier | modifier le code]

Cette partie est de loin la plus longue. Elle regroupe des comptes rendus d'entretiens avec des personnes ayant croisé la route des poètes Arturo Belano et Ulises Lima durant une période de vingt ans, entre 1976 et 1996, du Mexique au Libéria, en passant par Barcelone, Paris et Jérusalem. L'identité des personnes interrogées, le lieu et la date des entretiens sont scrupuleusement consignés mais l'identité des détectives reste imprécise.

Les déserts du Sonora

[modifier | modifier le code]

La troisième partie débute là où s'était terminée la première. On retrouve le journal de Juan Garcia Madero en fuite avec Lupe, Arturo Belano et Ulises Lima dans le désert du Sonora à la recherche de Cesàrea Tinajero, tout en essayant d'échapper au souteneur de Lupe qui est sur leurs traces. Les protagonistes passent au cours de leurs pérégrinations au Sonora par la ville de Santa Térésa qui est un élément central de 2666, l'autre roman-fleuve de Bolaño paru en 2004 après la mort de l'auteur. Ils finiront par retrouver la poétesse mystérieuse, mais elle mourra en intervenant lors d'un règlement de comptes entre Alberto, le proxénète de Lupe, et le duo Belano-Lima. Alberto meurt poignardé au cours de la rixe. Garcia Madero et Lupe fuient de leur côté, alors que les deux poètes partent dans le désert pour enterrer les victimes.

Personnages

[modifier | modifier le code]

Arturo Belano est un poète chilien. Il s'agit d'un hétéronyme de Roberto Bolaño[2] qui apparaît déjà dans Amuleto où Bolaño lui donne seize ou dix-sept ans en 1970 et dans la nouvelle Photos présente dans le recueil Des putains meurtrières (2001). Belano est un jeune poète chilien vivant au Mexique qui retourne dans son pays pour combattre le régime d'Augusto Pinochet. Il revient au Mexique en 1974 après un périple à travers plusieurs pays d'Amérique latine et rencontre Ulises Lima. Pour le personnage d'Ulises Lima, poète mexicain, Bolaño s'inspire de l'écrivain Mario Santiago Papasquiaro[3]. Les deux poètes appartiennent au mouvement « réalviscéraliste » qui est une allusion à l'infraréalisme créé par Bolaño et Mario Santiago Papasquiaro en 1975 au Mexique. La deuxième partie du roman regroupe les dépositions de personnes ayant croisé la route des deux poètes et s'inspire d'éléments autobiographiques (le personnage de Belano, comme Roberto Bolaño, part vivre à Barcelone, souffre du foie...). Plusieurs personnes qui apportent leur témoignage sont des personnages déjà présents dans Amuleto (Laura Jàuregui, Auxilio Lacouture, Felipe Müller).

Personnages Description Témoignage
Arturo Belano Poète chilien, membre et cofondateur du réalisme viscéral
Ulises Lima Poète mexicain, membre et cofondateur du réalisme viscéral
Juan García Madero Poète mexicain appartenant au réalisme viscéral, son journal constitue la première et la troisième partie du roman.
Amadeo Salvatierra Poète mexicain, ami de Cesárea Tinajero. Chapitre 1 (Mexico, ), 2 (Mexico, ), 3 (Mexico, ), 5 (Mexico, ), 6 (Mexico, ), 8 (Mexico, ), 9 (Mexico, ), 11 (Mexico, )
Perla Aviles Chapitre 1 (Mexico, ), 2 (Mexico, )
Laura Jauregui Chapitre 1 (Mexico, ), 2 (Mexico, ), 5 (Mexico, )
Fabio Ernesto Logiacomo Chapitre 1 (Mexico, )
Luis Sebastiàn Rosado Chapitre 1 (Mexico, ), 2 (Mexico, ), 9 (Mexico, )
Alberto Moore Chapitre 1 (Mexico, )
Carlos Monsiváis Écrivain mexicain. Chapitre 1 (Mexico, )
Peau Divine Chapitre 2 (Mexico, )
Angélica Font Chapitre 2 (Mexico, ), 9 (Mexico, )
Manuel Maples Arce Poète mexicain, fondateur du Stridentisme Chapitre 3 (Mexico, )
Barbara Patterson Chapitre 3 (Mexico, )
Joaquín Font Chapitre 3 (Mexico, ), 5 (environs de Mexico, ), 6 (environs de Mexico, ), 9 (environs de Mexico, ), 11 (environs de Mexico, )
Jacinto Requena Chapitre 3 (Mexico, ), 9 (Mexico, )
María Font Chapitre 3 (Mexico, )
Auxilio Lacouture Chapitre 4 (Mexico, )
Joaquín Vázquez Amaral Traducteur des Cantos d'Ezra Pound Chapitre 5 (Middle-West nord-américain, )
Lisandro Morales Éditeur d'une revue littéraire latino-américaine. Chapitre 5 (Mexico, ), 11 (Mexico, )
Rafael Barrios Poète, membre du mouvement réaliste viscéral. Chapitre 6 (Mexico, )
Felipe Müller Chapitre 6 (Barcelone, ), 8 (Barcelone, )
Simone Darrieux Française étudiant au Mexique et modèle pour un photographe. Chapitre 7, deux témoignages (Paris, et Paris, )
Hipólito Garcés Péruvien habitant à Paris, ami d'Ulises de Lima. Chapitre 7 (Paris, )
Sofía Pellegrini Chapitre 7 (Paris, )
Michel Bulteau Poète français. Chapitre 7 (Paris, )
Roberto Rosales Chapitre 7 (Paris, )
Mary Watson Étudiante en littérature Chapitre 8 (Londres, )
Alain Lebert Chapitre 8 (Port-Vendres, )
Norman Bolzman Juif mexicain, accueille Ulises Lima Chapitre 10 (Tel-Aviv, )

Réception critique et prix

[modifier | modifier le code]

Le roman a obtenu le prix Herralde en 1998 et le prix Rómulo Gallegos en 1999.

Le livre est bien accueilli par la critique française :

« Contrairement à la majorité des écrivains, Roberto Bolaño ne cherche pas à éclaircir une intrigue, mais à la noyer sous une débauche d'inventions - dont une suite de dessins de Mexicains vus d'en haut! En héritier de Joyce, il concocte les situations les plus impensables. Cette virtuosité sur près de neuf cents pages montre un auteur ludique, en pleine possession de ses moyens. Et même si, à la fin, on ne sait toujours pas ce que ça signifie, Les détectives sauvages sont sans doute, plus que le chef-d'œuvre du genre «réal-viscéraliste», un grand cri d'amour à la littérature. »

— Le Chilien qui osait tout, Baptiste Liger, L'Express, 1 avril 2006[4].

« Mexico rayonne ainsi comme un lieu inaugural capable de projeter sur la surface des continents les énergies venues à elle de toute l’Amérique latine, réactivées par chaque apparition des deux personnages-fantômes en un point du globe, sur plusieurs centaines de pages. D’un côté, la construction du roman en étau le dynamise. De l’autre, l’histoire semble se dérouler sans fin, du moins sans autre fin que son début. Car chez Bolaño, le détective, avatar de l’écrivain, alternativement jeune ou vieux, incarne l’absurdité et flirte avec le phénomène de l’éternel retour cher à Borges. »

— Bolaño au-dessus du volcan, Fabienne Dumontet, Le Monde, 10 mars 2006[5].

Notes et références

[modifier | modifier le code]

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • Claude Fell, Errance et écriture dans Los Detectives salvajes de Roberto Bolaño : voyage au bout de la poésie, in América, cahier cu CRICCAL n°36, Voyages et fondations, pp 27-40, Presses de la Sorbonne Nouvelle, 2006 (ISBN 2-87-854404-8)
  • (es) Milene Hostellier-Sarmiento, Bùsqueda, errancia y degeneracion en Los Detectives salvajes, in Roberto Bolaño. estrella cercana. Ensayos sobre su obra, Verbum Editorial, Madrid, 2013, pp 126-146 (ISBN 8-47-962754-9)
  • (es) Marco Kuntz, Cuando Bolaño « habla » mexicano : en torno a la oralidad figida en Los Detectives salvajes, in Roberto Bolaño. estrella cercana. Ensayos sobre su obra, Verbum Editorial, Madrid, 2013 (ISBN 8-47-962754-9)
  • (es) Augusta Lopez Bernasocchi, Jose Manuel Lopez de Abiadia, Hacia Los Detectives salvajes, de Roberto Bolaño. Guia de lectura, in Roberto Bolaño. estrella cercana. Ensayos sobre su obra, Verbum Editorial, Madrid, 2013 pp 176-293 (ISBN 8-47-962754-9)
  • (es) Montserrat Madariaga Caro, Bolaño infra: 1975-1977. Los años que inspiraron Los detectives salvajes, RIL Editores, 2010 (ISBN 978-956-284-763-6)
  • (es) Diego Trelles, El lector como detective en "Los detectives salvajes" de Roberto Bolaño, in Hispamérica, n°100, , pp. 141-151