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La Providence Réhon

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Usine sidérurgique de La Providence Réhon
L'aciérie vue depuis le cimetière de Réhon, en 1978.
Installations
Type d'usine
Fonctionnement
Effectif
(1965)
Date d'ouverture
1831
Date de fermeture
30 juillet 1987
Destination actuelle
Démantelée
Production
Produits
Production
646 627 t d'acier (1996)
Localisation
Situation
Coordonnées
Localisation sur la carte de Meurthe-et-Moselle
voir sur la carte de Meurthe-et-Moselle
Localisation sur la carte de France
voir sur la carte de France

La Providence était une usine sidérurgique installée à Réhon, dans le département de Meurthe-et-Moselle, en France. Elle se situait dans la vallée de la Chiers, rivière traversant une partie du bassin de Longwy et était l'un des maillons de l'industrie métallurgique et sidérurgique de la région.

Elle était l'un des trois sites du groupe belge Forges de la Providence.

Mise en route en 1866, elle est restée en activité jusqu'au , sa fermeture s'inscrivant dans le cadre de la crise de la sidérurgie dans le bassin lorrain.

Durée de vie des 7 hauts fourneaux de La Providence[1]
Seuls les arrêts identifiés et de plus de 1 an ont été représentés
L'usine vue depuis le cimetière de Réhon en 1978.
Ouvriers de la Providence manœuvrant le bouchon d'argile d'un haut fourneau en 1978.

L'activité sidérurgique à Réhon, et l'origine de l'usine de la Providence, date de 1831, quand M. Puissant d'Agimont achète à Marchienne-au-Pont un terrain de 3 ha au lieu-dit La Providence. Il y construit une usine sidérurgique qui démarre en 1832. Le est fondée la Société des Laminoirs, Forges, Fonderies et Usines de la Providence, qui intègre la jeune usine. Les fondateurs choisissent le nom de Providence et adoptent pour emblème l’œil au centre d’un triangle rayonnant[2].

En 1846 la Société des Laminoirs, Forges, Fonderies et Usines de la Providence devient la Société Anonyme des Laminoirs, Forges, Fonderies et Usines de la Providence. En 1864, le conseil d'administration émet un emprunt de 1 million de francs belges pour financer la construction de deux hauts fourneaux et, « en 1865, commença la construction des deux premiers hauts fourneaux : l'usine de Réhon venait de naître. » Ceux-ci sont mis à feu en 1866 et 1867, et produisent exclusivement des fontes de moulage en gueuses[1].

L'usine sécurise ses approvisionnements en minette lorraine en achetant, en 1881, la concession minière de Lamadelaine, puis, en 1882, les concessions de Niederkorn et Rumelange[3].

En 1911, l'aciérie Thomas est mise en route[3].

En 1914, l'usine produit 180 000 tonnes de fonte[4]. Mais entre 1914 et 1919, soit pendant 6 ans, l'usine est totalement arrêtée à cause de la Première Guerre mondiale[1].

En 1930 une cité ouvrière voit le jour, la cité d'Heumont. Sa création a pour but de satisfaire la demande de logement importante des ouvriers travaillant à la Providence.

En 1955, les cinq hauts fourneaux ont une capacité de production de l'ordre de 516 000 tonnes de fonte par an. Trois hauts fourneaux sont remis en service après modernisation en 1961 (HF4, 5 et 7), alors que le HF2 est définitivement éteint. Le HF7 connait une réfection complète en 1977 ; en 1979, la batterie se compose de quatre hauts fourneaux.

En 1966, l’usine de Réhon est spécialisée dans le feuillard en acier destiné à la fabrication des tubes (l’usine de Hautmont, dans le bassin de la Sambre, est spécialisée dans les produits longs en aciers spéciaux). Elle « a su et pu se moderniser au bon moment […] : train continu à feuillard en 1951, ateliers d’agglomération en 1958, le premier convertisseur OLP[note 1] de Lorraine en 1963, écriquage automatique des brames en 1965. Enfin, elle a réalisé une intégration aval soit en son sein [avec la] création d’un atelier de fabrication de tubes soudés en 1959 […]. C’est donc plutôt une société bonne à contrôler »[6]. Ainsi, le , les Forges de la Providence fusionnent avec la Société Cokcerill-Ougrée. La nouvelle entreprise prend le nom de Société Cockerill-Ougrée-Providence. En 1970, elle devient, à la suite d'une autre fusion, la Société Cockerill-Ougrée-Providence et Espérance-Longdoz[1].

Le , l'usine de Réhon est achetée par le groupe français Usinor. Elle prend alors le nom d'Usinor-Longwy-Réhon. La société des Forges de la Providence, spécialisée dans les produits longs, fait partie de la nouvelle entité dédiée à cette production et est intégrée au complexe de production de produits longs de Longwy, mais dont l'usine sidérurgique de Gandrange-Rombas en est le cœur[1].

Usinor restructure fortement le site. En 1980, deux nouveaux convertisseurs à l'oxygène, de 85 tonnes chacun, sont mis en service[7] afin de succéder à un convertisseur de 35 tonnes et un four électrique de 23 tonnes, qui ferment en 1981[8]. Les hauts fourneaux 3 et 4 sont définitivement arrêtés, mais l'aciérie, modernisée, est conservée. En 1981, il y reste une chaîne d'agglomération, le haut fourneau 7, l'aciérie à l'oxygène OLP avec trois convertisseurs d'une capacité de production de 1 850 000 tonnes/an, un four à arc électrique, un blooming traitant environ 400 000 tonnes d’acier par an et un train à feuillard. En , est démarrée la métallurgie en poche, d'une capacité de 400 000 à 500 000 tonnes/an. Cette dernière est donc nettement sous-dimensionnée vis-à-vis de la capacité de l'aciérie, mais permet la fabrication d'aciers de qualité. Cette année-là, les effectifs de l'usine passent de 2 743 à 2 422 personnes[9].

Le , le train à feuillard ferme[10]. Le , les convertisseurs LWS soufflent la dernière coulée de l'aciérie[1]. C'est alors la dernière usine sidérurgique en fonctionnement dans le bassin de Longwy.

Le site de l'usine abrite aujourd'hui un parc.

Taille de l'usine et production

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Au , un siècle après sa création, et dans l'une de ses plus fortes périodes d'activité, l'effectif de l'usine est de 4 123 personnes, répartis en 74 cadres, 155 agents de maîtrise, 108 techniciens, 333 employés et 3 453 ouvriers, de même que 98 apprentis[11].

Au cours de l'année 1966, la Providence Réhon produit 665 200 tonnes de fonte, 646 627 tonnes d'acier, 31 050 tonnes de rails et 499 663 tonnes de feuillards[11], des bobines d'acier de faibles largeurs, qui sont une spécialité de l'usine.

Raisons sociales

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Les Forges de la Providence, puis l'usine de la Providence Réhon au fil du temps
1838 Société des Laminoirs, Forges, Fonderies et Usines de la Providence
1846 Société Anonyme des Laminoirs, Hauts-Fourneaux, Forges, Fonderies et Usines de la Providence
1966 Société Cockerill Ougrée Providence
1970 Société Cockerill Ougrée Providence et Espérance-Longdoz « Cockerill »
1979 Usinor Longwy-Réhon
1984 Unimétal (Société française des aciers longs), Unimétal-Longwy
1986 Unimétal Longwy-Gandrange

Notes et références

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  1. Ce convertisseur est de type LWS, avec une capacité de 30 tonnes d'acier[5].

Références

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  1. a b c d e et f [PDF]Jacques Corbion (préf. Yvon Lamy), Le Savoir… fer — Glossaire du haut fourneau : Le langage… (savoureux, parfois) des hommes du fer et de la zone fonte, du mineur au… cokier d'hier et d'aujourd'hui, , 5e éd. [détail des éditions] (lire en ligne), Saga des hauts fourneaux de Lorraine : leurs campagnes de marche
  2. Corbion 2003, § Providence-Réhon
  3. a et b « La Providence - Réhon (France) », sur industrie.lu,
  4. Corbion 2003, § Réhon
  5. Freyssenet 1979, p. 61
  6. Michel Freyssenet, La sidérurgie française 1945-1979 : L'histoire d'une faillite. Les solutions qui s'affrontent, Paris, Savelli, coll. « Documents critiques », , 241 p. (ISBN 978-2-85930-030-2, OCLC 417353871, BNF 34648522, présentation en ligne, lire en ligne), p. 83
  7. (en) Roman V. Sondermayer, Mineral yearbook : The mineral industry of France, USGS, (lire en ligne), p. 354
  8. (en) Roman V. Sondermayer, Mineral yearbook : The mineral industry of France, USGS, (lire en ligne), p. 355
  9. L. Goffin, M. Mormont et A. Tibesar, « Le Sud-Luxembourg et le déclin de la sidérurgie transfrontalière », Courrier hebsomadaire du CRISP, Centre de Recherche et d'Infosmation Socio-politiques (CRISP), no 27,‎ (DOI 10.3917/cris.932.0001, lire en ligne)
  10. Train à feuillard, Marcel Trillat (journaliste) sur Antenne 2 Midi (, 2,5 minutes), Institut national de l'audiovisuel, consulté le
  11. a et b La Providence Réhon 1996, p. 47.

Bibliographie

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  • Louis Hublau, De la Chiers à la Providence, Rehon, Paroles de Lorrains, , 259 p. (ISBN 978-2-918073-26-0), l'histoire de cette ville de son origine à 2014
  • Association des Anciens de la Providence, La Providence Réhon. 1866-1987, Éditions Serpenoise,

Articles connexes

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Liens externes

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