Baka (peuple du Cameroun et du Gabon)
Langues | baka |
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Ethnies liées | Akas |
Les Baka, connus au Congo sous le nom de Bayaka (Bebayaka, Bebayaga, Bibaya), sont un groupe ethnique habitant les forêts tropicales du sud-est du Cameroun, du nord de la République du Congo, du nord du Gabon et du sud-ouest de la République centrafricaine. Les Baka ont été appelés historiquement pygmées, ce terme est considéré comme péjoratif par certaines organisation et gouvernements[1].
Ethnonymie
[modifier | modifier le code]Selon les sources, on peut rencontrer de multiples variantes : Babenga, Babinga, Babingas, Baka Bambuké, Bakas, Bambenga, Bangombe, Bayaka, Bebayaga, Bebayaka, Bibayak, Bibaya, Binga, Bingas, Mbaka, Pygmées Baka[2].
Culture
[modifier | modifier le code]Les Baka étaient un groupe de chasseurs-cueilleurs, nomades, vivant dans des campements forestiers. Ils vivaient principalement de la chasse, de la cueillette et de la pêche et leur mobilité dépendait de la disponibilité des ressources naturelles sur leur territoire ainsi que des travaux agricoles de leurs voisins sédentaires appartenant au groupe linguistique Bantou. Les Baka et les Bantou sont en relation depuis des générations, avec des liens de famille symboliques [3]. Les Baka échangeaient des produits de la forêt contre des produits agricoles et fournissaient aux Bantou une main-d'œuvre agricole d'autant plus importante lors des périodes d'ouverture de parcelles et de récolte des légumes et fruits des champs [4].
Depuis les années 1950, les Baka ont connu de nombreux changements dans leur mode de vie. Ils ont été amenés à se sédentariser le long des pistes forestières, s'installant dans des villages non loin de leurs voisins de langues Bantou. Ils ont progressivement adopté l'agriculture, possèdent des champs, et leur mobilité s'est réduite : ils partent en campements forestiers surtout lors de la fructification des arbres fruitiers comestibles, tels que les mangues sauvages Irvingia spp et le moabi Baillonella toxisperma [4].
Les Baka partagent une culture commune avec les autres pygmées, associée à des caractéristiques propres. Les peuples Baka et Aka ont des racines communes ; ils formaient il y a environ 500 ans un groupe nommé Baakaa et vivaient probablement dans l'est de la RDC.
Musique
[modifier | modifier le code]La musique des Baka, tout comme celle des autres ethnies « pygmées », témoigne d'une particularité exemplaire : les chants rythment la vie quotidienne et sont d'une extrême complexité. Ils explorent l'univers sonore et musical en contrepoint et en agrégeant leurs mélodies de yodel, élément musical que l'on ne retrouve que dans peu de cultures selon l'ethnomusicologue Simha Arom.
Un orchestre Baka se produit aujourd'hui à l'international (vidéos disponibles sur You tube) : Baka Gbine. En 1992, les Baka du village de Gbine ont commencé à intégrer des influences extérieures entendues à la radio. Des Baka ont formé le groupe Baka Beyond (en) avec les musiciens britanniques Martin Cradick et Su Hart, en visite au Cameroun, en 1993, et ont intégré des influences celtiques. Les Britanniques et les Baka entretiennent des relations depuis lors. L'orchestre a pris le nom de "Baka Gbine" en 2006 avec un premier album Gati bongo. Un deuxième album est paru en 2012 : Kopolo[5].
Politique
[modifier | modifier le code]Considérés comme les derniers chasseurs-cueilleurs, ceux-ci ont été soumis à de nombreux changements sociaux durant ces dernières décennies. Semi-sédentaires, ils vivent aujourd'hui principalement dans des villages créés le long de pistes forestières. Tout comme d'autres groupes de chasseurs-cueilleurs, les Baka témoignent d'un système égalitaire: il n'existe pas de hiérarchie au sein de leurs communautés [6].
Politique d'assimilation au Cameroun
[modifier | modifier le code]Dans la réserve de faune du Dja, ils bénéficient toutefois d'un droit de chasse, pour autant qu'ils utilisent leurs techniques et armes traditionnelles[7].
Défense des droits
[modifier | modifier le code]L'ONG Survival international a déposé une plainte auprès de l'OCDE, en janvier 2016 au nom des pygmées du Cameroun pour protester contre les exactions dont ils sont victimes. Cette plainte visait entre autres des sociétés privées de chasse, l'entreprise forestière Rougiers, mais aussi une autre ONG : Le WWF Cameroun, pour les actions commises par les écogardes formés par l'association dans les Parcs nationaux comme celui de Lobéké[8].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Serge Bahuchet et Marine Robillard, « Les Pygmées et les autres : terminologie, catégorisation et politique », Journal des africanistes « 82-1/2 », , p. 15-51 (lire en ligne)
- Source : RAMEAU, sur le site de la Bibliothèque nationale de France.
- Véronique Daou Joiris, La chasse, la chance, le chant: aspects du système rituel des Baka du Cameroun, Bruxelles, Université libre de Bruxelles, Faculté des sciences sociales, politiques et économiques,,
- Christian Leclerc, L'adoption de l'agriculture chez les Pygmées baka du Cameroun : dynamique sociale et continuité structurale, Paris, MSH-Ed. Quae, , 244 p.
- (en) « Orchestre Baka Gbine », sur Facebook.com (consulté en )
- (en) Barry Hewlett, Hunter-gatherer of the Congo Basin Cultures, Histories and Biology on African Pygmies, New Brunswick, New Jersey, Transaction Publishers, , 382 p.
- (en) Ecological Sciences for Sustainable Development : Dja, sur unesco.org, mis à jour juin 2015.
- Josiane Kouagheu, « Dans le sud-est du Cameroun, les Baka sont marginalisés au nom de la protection de la nature », sur Le Monde, .
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Ignace Dhellemmes, Le père des pygmées, Paris, Flammarion, 1985, 230 p., photographies de Pierre Macaigne (collection : L'Aventure vécue).
- (en) Michael Harrison, « The crossbow of Baka pygmies », dans Journal of the Society of Archer-Antiquaries (Canterbury), 1988, p. 4-8.
- Sévérin Cécile Abéga, Pygmées Baka : le droit à la différence, INADES-formation Cameroun, Université catholique d'Afrique centrale, Yaoundé, 1998, 151 p.
- Daniel Boursier, Pöli, mémoires d'une femme pygmée, Paris, 1996.
- Robert Brisson, Utilisation des plantes par les pygmées baka, Douala, 1988.
- Robert Brisson, Mythologie des pygmées baka, 2 vol., Louvain, Peeters, 1999.
- Christa Kilian-Hatz, Robert Brisson et Daniel Boursier, Contes et proverbes des pygmées Baka, Agence de coopération culturelle et technique, 1989, 261 p.
- (de) Annika Wieckhorst, Die Verwendung von Pflanzen in der traditionellen Medizin bei drei Baka Gruppen in Südost Kamerun, Diplomica, 2002, 154 p. (ISBN 9783832464356) (Magisterarbeit).
Filmographie
[modifier | modifier le code]- Baka : le peuple de la forêt, DJA River films, Canal + Vidéo, 1990
- Baka, réalisé par Thierry Knauff, Abacaris Films, Les productions du sablier ; La Sept-Arte ; RTBF ; BRTN ; SR ; Cameroun TV ; WIP ; Films Terres Africaines, 1995
- La Forêt des Pygmées Baka, SN Editel, France 3, ORSTOM audiovisuel, 1996
- Baka : l'appel de la forêt, réalisé par Phil Agland, coproduit par la BBC, France Télévisions et River Films, 2011
- Pygmées Baka, le grand Virage Réalisé par Laurent Maget CNRS/IRD - Pygmées Baka - Est Cameroun, 2013.
- Cameroun : le baka, court-métrage documentaire de la série Ces langues qui ne veulent pas mourir, réalisé par Rozenn Milin, 2013, 5 min 47, diffusé sur ARTE en 2013.
Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Démographie du Gabon
- Pygmées, Aka, Twa
- Mbuti
- Chasseurs-cueilleurs en Afrique
- Groupes ethniques du Cameroun
- Liste des groupes ethniques d'Afrique
- Elogbatindi
- Mauro Campagnoli (Ethnomusicologue)
- Justine Nibala, chanteuse
Liens externes
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- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- (en) et (it) Les Pygmées Baka Culture et musique, avec photos, paysages sonores et notes ethnographiques
- BAKA.mov Étude linguistique sur les Pygmées Baka du nord Gabon, film CNRS, 26 min, Laurent Maget, 2007
- Chroniques Pygmées 21 films courts, CNRS / IRD
- Survival pour les peuples indigènes (consulté le 4 mars 2012)
- Edmond Dounias, « Les tarières à ignames sauvages des Pygmées Aka et Baka d’Afrique centrale », article de Techniques et Culture (2001)