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Alexandre Litvinenko

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Alexandre Litvinenko
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Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom dans la langue maternelle
Александр ЛитвиненкоVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalités
Formation
École supérieure de commandement combiné d'Ordjonikidze (d) (jusqu'en )Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Écrivain, militaire, espionVoir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Marina Litvinenko (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Armes
Grade militaire
Prononciation
Vue de la sépulture.

Alexandre Valtérovitch Litvinenko (russe : Александр Вальтерович Литвиненко), né à Voronej le et mort à Londres le , est un ancien agent des services secrets russes, ex-lieutenant-colonel du Service fédéral de sécurité de la fédération de Russie (FSB), service de contre-espionnage de Russie.

Le 17 novembre 1998, il devient lanceur d'alerte[1] en déclarant à la presse, avec quatre de ses collègues, que leur hiérarchie leur a donné plusieurs missions illégales, notamment l'ordre de tuer l'homme d'affaires et homme politique Boris Berezovsky. Limogé et poursuivi par le FSB dans trois procès successifs[2], Litvinenko s'enfuit, le 1er novembre 2000, en Grande-Bretagne, où six ans plus tard, il meurt d'un empoisonnement au polonium 210[3], une substance radioactive très rare[4] et très difficile à détecter[5].

En 2016, une enquête publique menée au Royaume-Uni sur la mort de Litvinenko conclut que celui-ci a été tué très probablement dans une opération spéciale du FSB, avec sans doute l'autorisation du directeur du FSB, Nikolaï Patrouchev, et du président russe, Vladimir Poutine[6]. En 2021, la Cour européenne des droits de l'homme confirme la responsabilité de la Russie dans la mort de Litvinenko[7].

Opposition à Vladimir Poutine

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Il travaille pour le KGB à partir de 1986 puis pour son successeur le FSB.

Opposant à Vladimir Poutine depuis 2000, date à laquelle il accuse publiquement le président russe de négliger la lutte contre la corruption, il quitte son pays pour s'établir à Londres où il se lie d'amitié avec le représentant des séparatistes tchétchènes Akhmed Zakaïev ainsi qu'avec Boris Berezovsky, ancien oligarque russe. Ce dernier l'héberge et lui donne du travail, tous les deux étant recherchés par le parquet russe qui demande leur extradition. Litvinenko publie deux ans plus tard un livre dans lequel il accuse les services secrets russes d'avoir organisé eux-mêmes la vague d'attentats en Russie en 1999 attribuée aux Tchétchènes puis un autre livre dans lequel il accuse le FSB d'avoir réactivé le laboratoire de toxicologie n°12 du KGB créé par Lénine[8].

Selon sa veuve, Litvinenko travaille à partir de 2003 comme « consultant » pour le MI6, service de renseignement britannique, aux émoluments d'environ deux mille livres par mois[9].

Affaire Litvinenko

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Litvinenko est mortellement empoisonné fin 2006, après avoir bu un thé avec ses deux anciennes connaissances, Andreï Lougovoï et Dmitri Kovtoun (en). Ce sont ces derniers qui l'ont sciemment empoisonné, selon les conclusions de l'enquête publique sur sa mort publiées en 2016[10],[11].

Empoisonnement et hospitalisation

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Le , il déjeune dans un restaurant de sushis à Londres avec un contact, l'Italien Mario Scaramella (en), un escroc mythomane[12] qui prétendait détenir des preuves reliant le gouvernement de Vladimir Poutine à l'assassinat de la journaliste et opposante russe Anna Politkovskaïa. À 16 h 30, il se rend à l'hôtel Millennium où deux Russes l'attendent, Andreï Lougovoï et Dmitri Kovtoun. Anciens membres du FSB, ils sont à la tête d'une société de sécurité et souhaitent que son entregent les aide à décrocher des contrats dans leur domaine. Arrivés en premier, Lougovoï et Kovtoun commandent une théière de thé. Quand Litvinenko les rejoint, ils l'invitent à en boire une tasse[5]. Deux heures plus tard, après qu'il a été ramené chez lui par Akhmed Zakaïev, ancien chef de guerre tchétchène lui aussi réfugié à Londres, Litvinenko se tord de douleurs et tombe gravement malade. Comprenant qu'il s'agit d'un empoisonnement, il avale deux litres d'eau pour laver son estomac, en vain. Deux jours plus tard, il est admis à l'University College Hospital[13].

Tombe d'Alexandre Litvinenko enterré selon ses dernières volontés d'après le rite musulman[14].

Les médecins de l'University College Hospital pensent qu'il est atteint par un virus mais son état se dégrade rapidement : il perd ses cheveux, son rein et sa moelle osseuse se détériorent. Ses symptômes font penser initialement à un empoisonnement au thallium, un composant de la mort aux rats dont un antidote existe. Il décède le , à 21 h 21 à l'University College Hospital de Londres[15].

De « hautes quantités de radiations, probablement dues à une substance appelée polonium 210 », une matière hautement radioactive, sont détectées dans les urines de l'ancien espion selon les autorités sanitaires britanniques (les rapports d'examen du corps sont rendus publics en 2016, dans le cadre de l'enquête publique de Robert Owen[16]). Après avoir cru que l'empoisonnement avait eu lieu dans un restaurant à sushi, les autorités confirment que l'empoisonnement s'est en fait produit en buvant le thé au bar de l'hôtel Millennium[17], les enquêteurs ayant de plus retrouvé des traces de polonium dans tous les lieux où sont passés Lougovoï et Kovtun[13].

Le , la police entreprend des fouilles dans le domicile et le jardin de Litvinenko. Selon le quotidien londonien The Independent, toutes les hypothèses de mort sont alors en examen par la police britannique, y compris celle du suicide, qui aurait pu être commis afin de discréditer le président Poutine[18]. En effet, plusieurs spéculations circulent sur les commanditaires de la mort de Litvinenko, mais aucune piste n'est encore privilégiée par les enquêteurs du Scotland Yard.

C'est Christopher Steele, du MI6, qui aurait réalisé rapidement que la mort de Litvinenko était un « coup russe »[19]. Le , Scotland Yard considère désormais la mort d'Alexandre Litvinenko comme un meurtre.

L'homme d'affaires russe Andreï Lougovoï, soupçonné par les autorités judiciaires anglaises d'être mêlé à l'empoisonnement, nie son implication et rejette l'accusation sur les services secrets britanniques du MI6, qui auraient voulu se débarrasser d'un enquêteur encombrant. Selon le Daily Mail, Litvinenko aurait effectivement été employé par le MI6[20]. Par ailleurs, en , à l'initiative d'un journaliste russe, Andreï Lougovoï a été soumis au détecteur de mensonge par un spécialiste britannique qui a conclu à son innocence[21], quoique ce système ne soit pas toujours efficace surtout quand il est appliqué à des espions[22], sans préparation, plusieurs années après les faits, par un spécialiste privé peu instruit et pourvu d'un casier judiciaire[23].

Le général Oleg Kalouguine, ancien chef du contre-espionnage soviétique et aujourd'hui réfugié aux États-Unis, accuse le FSB qui selon lui « déteste les traîtres ; c'est pour cela qu'ils ont décidé de lui rabattre son caquet »[24].

Réactions des autorités russes

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Le Service des renseignements extérieurs de la fédération de Russie (SVR) a rejeté les accusations sur son éventuelle implication dans l'empoisonnement de l'ancien officier du FSB russe Alexandre Litvinenko à Londres.

« Le SVR n'a rien à voir avec le mauvais état de santé d'Alexandre Litvinenko », a déclaré le chef du bureau de presse du SVR Sergueï Ivanov. Les informations diffusées par certains médias sur l'implication du Service dans cet incident sont « purement fausses et infondées », a-t-il ajouté.

Sergueï Iastrjembski, représentant spécial du président russe, a qualifié de « coïncidence inquiétante » les décès d'opposants au régime russe en place avec la tenue de forums internationaux où le président de la Fédération de Russie participe (la journaliste Anna Politkovskaïa avait trouvé la mort le ).

« Un nombre manifestement excessif de coïncidences de morts retentissantes de personnes qui, de leur vivant, se sont positionnées en opposants au pouvoir russe en place, avec les manifestations internationales auxquelles participe le président de la Fédération de Russie est pour le moins inquiétant », a notamment déclaré le représentant spécial du président russe pour les relations avec l'Union européenne, intervenant vendredi devant les journalistes à Helsinki à l'issue du sommet Russie-UE.

Sergueï Iastrjembski a dit ne pas être partisan de la théorie des complots. « Quoi qu'il en soit, on a bien l'impression d'être en présence d'une campagne bien orchestrée ou même de tout un plan de dénigrement continu de la Russie et de sa direction », a-t-il ajouté[25].

Rapport Owen de janvier 2016

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Une Inquest (enquête judiciaire en cas de mort suspecte), menée par Sir Robert Owen, juge de la Haute Cour agissant en tant que médecin légiste, devait débuter le mais a finalement été repoussée sine die. Le ministre des Affaires étrangères, William Hague, jugera en effet la procédure trop coûteuse et délicate, du point de vue diplomatique, au regard des relations entre Londres et Moscou[26]. Bien que des procureurs russes soient associés à cette enquête, Andreï Lougovoï, élu à la Douma en et bénéficiant désormais de l'immunité parlementaire qui lui évite l'extradition, annonce en qu'il refuse de collaborer à cette enquête[27].

En , Sir Robert Owen, qui a été juge mais intervient ici en dehors du système judiciaire, reprenant les éléments de l'enquête publique, aboutit à la conclusion selon laquelle le Kremlin — dont le président russe Vladimir Poutine en personne — a « probablement approuvé le meurtre à Londres de l'opposant russe Alexandre Litvinenko[28] ». Le magistrat implique également l'ancien chef du FSB — Nikolaï Patrouchev — dans ses imputations[17]. Owen déclare qu'il fonde ses conclusions sur des preuves, mais que ces preuves, en raison de leur caractère « sensible », ne seront pas portées à la connaissance du public[29].

Décision de la CEDH

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Le 21 septembre 2021, la Cour européenne des droits de l'homme, saisie par la veuve de Litvinenko, confirme la responsabilité de la Russie dans sa mort et la condamne à verser à sa veuve 100 000 euros de dommages et intérêts et 22 500 euros de frais judiciaires[7],[30],[31]. Le Kremlin annonce qu'il n'entend pas se conformer à cette décision[32].

Dans la culture populaire

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  • En 2022, la mini-série Litvinenko raconte l'enquête relative à son empoisonnement[33].

Bibliographie

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  • (ru) Роберт Оуэн, « Литвиненко. Расследование » [PDF], sur Эхо Москвы,‎ (consulté le ).
  • Masha Gessen (trad. Odile Demange, Sylvie Lucas & Marie-France de Paloméra), Poutine. L'homme sans visage, Paris, Fayard, , 333 p.
  • (en) William Dunkerley, The phony Litvinenko murder : finally the truth after five years: the story told by the media doesn't match the facts, New Britain, Conn, Omnicom Press, , 148 p. (ISBN 978-0-615-55901-8)
  • (en) Alexander Litvinenko et A. Goldfarb, LPG--Lubi︠a︡nskai︠a︡ Prestupnai︠a︡ Gruppirovka : Ofit︠s︡er FSB daët pokazanii︠a, New York, GRANI,‎ (ISBN 978-0-9723878-0-4)
  • (en) Alexander Litvinenko, Y. Felshtinsky et G. Andrews, Blowing up Russia : Terror from within : acts of terror, abductions, and contract killings organized by the Federal Security Service of the Russian Federation, New York, S.P.I. Books, (ISBN 978-1-56171-938-9). (ISBN 1-56171-938-2) (auto-édition)
  • Alexander Goldfarb et Marina Litvinenko (trad. Claude-Christine Farny et Odile Demange), Meurtre d'un dissident : l'empoisonnement d'Alexandre Litvinenko et le retour du KGB, Paris, R. Laffont, (ISBN 978-2-221-10936-6 et 978-2221109366)

Notes et références

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  1. Gessen 2012, p. 215, 239.
  2. Gessen 2012, p. 217.
  3. (ru) Шахида Якуб, « "Акт ядерного терроризма": 11 лет назад был убит Александр Литвиненко », sur Настоящее время,‎ (consulté le ).
  4. (ru) Пол Ринкон, « Полоний-210 добыть трудно. Применить легко... », sur BBC News,‎ (consulté le ).
  5. a et b (ru) Борис Жуйков, « Итоги дела Литвиненко », sur Троицкий вариант,‎ (consulté le ).
  6. Owen 2016, p. 287-288.
  7. a et b (ru) « ЕСПЧ возложил ответственность за смерть Литвиненко на Россию », sur Interfax,‎ (consulté le ).
  8. (ru) Alexander Litvinenko, LPG : Lubianskaia Prestupnaia Gruppirovka : Ofitser FSB Daet Pokazaniia (« La Bande criminelle de la Loubianka »), Grani, 2002, 255 p.
  9. J. H.-R. (avec agences de presse), « Mais qui a tué l'espion Litvinenko ? », Les Échos, 5 février 2015, en ligne.
  10. Owen 2016, p. 287.
  11. (ru) Борис Жуйков, « Дело Литвиненко: что известно точно, а что можно подвергать сомнению », sur Полит.ру,‎ (consulté le ).
  12. Claudio Gatti, « L'homme qui a vu l'espion qui a bu le polonium », sur Courrier International, (consulté le ).
  13. a et b (en) Brian Ross et Maddy Sauer, « Murder in a Teapot », sur ABCNews.com,
  14. (en) « Litvinenko's Father Says Son Requested Muslim Burial », Radio Free Europe/Radio Liberty, (consulté le ).
  15. « Du poison pour l'espion qui en savait trop », sur Le Point,
  16. Owen 2016, p. 48.
  17. a et b « Le KGB et Vladimir Poutine auraient approuvé le meurtre de Litvinenko », RTS Info,‎ (lire en ligne)
  18. (en) Litvinenko: police probe claims he may have killed himself, Article de The Independent, 28/11/2006
  19. Nick Hopkins & Luke Harding, « Donald Trump dossier: intelligence sources vouch for author's credibility », The Guardian,‎ (lire en ligne)
  20. AFP et Le Monde, 27 octobre 2007 : Litvinenko aurait été un agent des services secrets britanniques, selon le Daily Mail
  21. Affaire Litvinenko : le suspect soumis au détecteur de mensonge
  22. Franck Daninos, Peut-on croire le détecteur de mensonges ?, L'Histoire n°319, avril 2007, p. 25
  23. (ru) Виктор Нехезин, « Тест Лугового на полиграфе поставили под сомнение », sur BBC News Русская служба,‎ (consulté le ).
  24. Marie Jégo, « Les poisons du Kremlin », sur Le Monde,
  25. (fr) fr.rian.ru
  26. Axel Gyldén, « Les dernières semaines de l'agent secret Litvinenko, empoisonné au polonium », L'Express,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  27. (en) « Ex-FSB Officer Shuns Litvinenko Inquest », sur RIA Novosti,
  28. « Le Kremlin aurait commandité l'assassinat d'Alexandre Litvinenko », RTS Info, Radio télévision suisse « 19h30 »,‎ (lire en ligne [vidéo])
  29. « The law does not allow evidence to be taken in what are known as ‘secret’ or ‘closed’ sessions at an inquest. But the government material was so sensitive that it could not be adduced in any form of public or ‘open’ session. The material was therefore excluded from the inquest proceedings under the legal principle known as public interest immunity. » « Put very shortly, the closed evidence consists of evidence that is relevant to the Inquiry, but which has been assessed as being too sensitive to put into the public domain. The assessment that the material is sufficiently sensitive to warrant being treated as closed evidence in these proceedings has been made not by me, but by the Home Secretary. She has given effect to this decision by issuing a number of Restriction Notices, which is a procedure specified in section 19 of the Inquiries Act 2005. The Restriction Notices themselves, although not, of course, the sensitive documents appended to them, are public documents. They have been published on the Inquiry website and are also to be found at Appendix 7 to this Report. » The Litvinenko Inquiry, Report into the death of Alexander Litvinenko, Chairman: Sir Robert Owen, January 2016, introduction de la partie 2, point 2.5, p. 9, et point 7.3, p. 181, en ligne.
  30. « Assassinat d'Alexandre Litvinenko : la CEDH juge la Russie "responsable", Moscou dément », sur France 24, (consulté le )
  31. « HUDOC - European Court of Human Rights », sur hudoc.echr.coe.int (consulté le )
  32. (ru) Анна Громова, « Кремль отказался прислушиваться к решению ЕСПЧ по Литвиненко », sur РБК,‎ (consulté le ).
  33. AlloCine, « Meurtre au Polonium - L'affaire Litvinenko » (consulté le )

Articles connexes

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Liens externes

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