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Cimade

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La Cimade
Service œcuménique d’entraide
L'humanité passe par l'autreVoir et modifier les données sur Wikidata
Histoire
Fondation
18 octobre 1939[1]
Cadre
Forme juridique
Association déclarée
Association loi de 1901Voir et modifier les données sur Wikidata
Domaine d'activité
Action sociale sans hébergement n.c.a.Voir et modifier les données sur Wikidata
Objectif
Solidarité active avec les migrants, les réfugiés et les demandeurs d'asile
Méthode
Avec ses partenaires, à l'international, et dans le cadre de ses actions, en France et en Europe, elle agit pour le respect des droits et de la dignité des personnes
Siège
Pays
Coordonnées
Organisation
Volontaires
2 000
Président
Henry Masson (depuis 2020)
Site web
Identifiants
RNA
SIREN
OpenCorporates
data.gouv.fr
Carte

La Cimade (à l'origine acronyme de Comité inter-mouvements auprès des évacués)[1],[a] est une association loi de 1901 de solidarité active et de soutien politique aux migrants, aux réfugiés et aux déplacés, aux demandeurs d'asile et aux étrangers en situation irrégulière.

Elle est fondée le peu après le début de la Seconde Guerre mondiale[1] par des mouvements de jeunesse chrétiens de confession protestante, dont certains liés au scoutisme (Éclaireuses et éclaireurs unionistes de France). La Cimade, membre de la Fédération protestante de France, est devenue une association œcuménique dont une partie des bénévoles se définissent comme laïcs.

La Cimade intervient dans les domaines suivants :

  • assistance juridique aux étrangers retenus en centre de rétention administrative, gestion d'établissements sanitaires et sociaux, formation et adaptation linguistique. Ces activités sont assurées par des financements et conventionnements publics ;
  • accueil des étrangers dans des permanences juridiques, actions de solidarité internationale, interventions en prison et en locaux de rétention, sensibilisation du grand public et des politiques aux thèmes portés par l'association. Ces activités sont principalement financées sur les fonds propres de l'association.

Selon ses statuts, la « Cimade a pour but de manifester une solidarité active avec ceux qui souffrent, qui sont opprimés et exploités et d’assurer leur défense, quelles que soient leur nationalité, leur origine, ou leur position politique ou religieuse. En particulier, elle a pour objet de veiller scrupuleusement au respect des droits et de la dignité des personnes, quelle que soit leur situation. La Cimade rassemble des personnes d’horizons nationaux, confessionnels, philosophiques et politiques divers, engagées dans ce service »[b].

Le siège de l'association est situé à Paris.

Au début : les évacués d'Alsace-Lorraine

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En septembre 1939, à la suite de l’entrée en guerre contre l’Allemagne, les habitants des zones frontalières d'Alsace et de Moselle sont évacués vers le Sud-Ouest de la France (Haute-Vienne, Dordogne, Landes, Lot-et-Garonne, Gers). Commencent alors cinq ans d'exil dans des conditions difficiles pour plus de deux cent mille personnes. Les Alsaciens et Mosellans, souvent germanophones, sont parfois perçus comme des étrangers et fréquemment confrontés à des réactions de rejet de la part des populations d'accueil. Alors que l'Alsace et la Lorraine sont de grands berceaux du protestantisme, les départements d'accueil sont majoritairement catholiques.

Suzanne de Dietrich, protestante d'origine alsacienne, vice-présidente depuis 1929 de la Fédération universelle des associations chrétiennes d'étudiants, entreprend un voyage dans ces régions du Sud-Ouest. À la suite de cette mission, fin septembre et début octobre 1939, les mouvements de jeunesse de la Fédération protestante de France se regroupent au sein d'un Comité inter-mouvements (CIM). Ils envoient des équipes dans le Sud-Ouest (Périgueux, Haute-Vienne…). Georgette Siegrist coordonne les premières actions des équipières sur le terrain et devient la première secrétaire générale[4] et Jane Pannier la présidente[5]. La structure s’institutionnalise avec la création « du » Cimade en [c], sous la présidence de Jane Pannier[1]. Le 15 août 1940, Madeleine Barot succède à Georgette Siegrist affaiblie, au poste de secrétaire générale de la Cimade[5].

Les camps d'internement pour étrangers

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À partir d'août 1940, la Cimade intervient dans le camp d'internement de Gurs[6], où sont enfermés de nombreux étrangers, républicains espagnols, Tziganes, communistes, réfugiés politiques, intellectuels allemands ayant fui le nazisme, notamment[7]. La Cimade assiste également les Juifs fuyant les persécutions, en particulier en organisant leur accueil au Chambon-sur-Lignon dès 1940[8] avec l'aide des paroisses protestantes et en coordination avec le « Comité de Nîmes ». À partir de 1943 et l'occupation de la zone Sud, l'association étend son action en fabriquant de faux papiers d'identité, et en envoyant en Suisse des Juifs menacés de déportation. La Cimade a ainsi contribué à sauver des Juifs de la Shoah en organisant physiquement (déplacements clandestins en bus) ou en assistant administrativement (notamment grâce à l'obtention de faux papiers) leur fuite vers la Suisse, notamment vers les communes du lac Léman et la ville de Genève. Les convoyeurs de la Cimade travaillent notamment avec la filière de Douvaine pilotée par l'abbé Rosay[9].

La Cimade est également impliquée dans le sauvetage de 108 enfants juifs du camp de transit de Vénissieux, en août 1942, notamment en la personne de Madeleine Barot[10].

Après la Seconde Guerre mondiale

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En Allemagne, des équipes Cimade interviennent dès 1946 à Mayence[d] et Berlin, notamment dans des camps de réfugiés venus d'Europe de l'Est. En 1955, deux infirmières, équipières de la Cimade, s'installent à Dakar[12]. En 1951, Madeleine Barot effectue une mission dans les camps palestiniens au Liban, en Syrie et en Jordanie. À partir de 1967, la Cimade s'engage dans le soutien à ses partenaires palestiniens et israéliens dans la recherche d'une paix juste[13].

En 1956, la Cimade ouvre son premier « poste » en France, rue d'Aix à Marseille, puis dans les camps du Grand Arenas, Colgate et la Grande Bastide. En 1959, un poste est ouvert à Paris, et à Lyon en 1962[14]. Y sont proposés en particulier des cours d'alphabétisation, de français, de soutien scolaire, ou encore de couture.

Dès 1957, des membres de la Cimade interviennent dans les « centres d'assignation » où sont enfermés des Algériens. En 1958, un premier poste Cimade est installé à Alger, au clos Salembier[15].

Dans les années 1960

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Au début des années 1960, les services de l'association sont répartis entre des activités centrales et plusieurs secteurs[16]. Les services centraux comprennent la direction, les services généraux, l'éducation œcuménique et les cours interconfessionnels. Les secteurs sont :

  • le secteur des réfugiés, réparti en sept missions (immigration, émigration, réfugiés Viêt Nam, vestiaire, centres d'hébergement, distribution de vivres, cours, ciné-club) ;
  • le secteur nord-africain, qui organise des interventions en France (camps d’assignation à résidence, postes de Marseille, Paris 14e-15e, puis Lyon au lendemain de l’indépendance) et en Algérie (Alger, Médéa, Sidi Nahmane, Belkitane et centres de regroupement) ;
  • Coudekerque (Nord) : action sociale et éducative dans la continuation du travail entrepris après la guerre ;
  • Dakar : une équipe permanente a ouvert un dispensaire ;
  • la Maison internationale des étudiants de Sèvres accueille une soixantaine d'étudiants d'origine et de niveaux divers ;
  • le service des prisons et libérés a été associé aux réformes pénitentiaires ;
  • le service des sinistrés d'urgence.

La Cimade dispose alors d’un centre d’accueil à Sucy-en-Brie depuis 1948 et de maisons de retraite pour réfugiés russes à Cannes, Saint-Raphaël et au Perreux-sur-Marne. En 1970, ouvre le poste de Strasbourg. Roby Bois, secrétaire général de La Cimade de 1973 à 1984 et qui vécut en Algérie pendant la guerre d’indépendance, fut particulièrement impliqué pendant cette période.

Après la proclamation de l’indépendance de l'Algérie, certains équipiers de la Cimade continuent à travailler dans le pays, dans le cadre du « Comité chrétien de service en Algérie » créé par le Conseil œcuménique des Églises. En 1966, une équipe de la Cimade s'installe dans le camp de Sainte-Livrade-sur-Lot où sont installés des harkis et des rapatriés d'Indochine. La Cimade est aussi présente dans d'autres camps, comme dans celui de Saint-Maurice-l'Ardoise dans le Gard.

Dans les années 1970

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Au début des années 1970, l'association est réorganisée[17], autour d'une direction composée d'un conseil, d'un comité directeur et d'un secrétaire général, de services nationaux et des équipes.

Les services nationaux se répartissent entre services techniques (émigration, immigration, régularisation, étudiants, alphabétisation, artisanat, assistance et urgences, et prisons), services administratifs (comptabilité, secrétariat, reprographie, standard et Grenelle), et des services spécialisés (Information, documentation, fichier, personnel et bénévoles, développement).

Les équipes sont réparties en secteurs : Tiers-Monde (Dakar, CCSA Algérie et Proche-Orient), réfugiés (accueil Paris et Massy), migrants (Saint-Denis, Nanterre, Sucy, Paris, Lyon, Strasbourg, Corse, Marseille Dames et Marseille Arenc) et entraide (Harkis, Sainte-Livrade et Cannes).

Dès l'arrivée des premiers réfugiés politiques brésiliens en 1964, la Cimade suit la situation en Amérique latine. À partir de 1973, elle s'engage dans l'accueil de réfugiés chiliens, dont certains sont accueillis au centre de Massy dirigé par André Jacques, à côté des Mozambicains, Grecs, Angolais… À partir de 1975, la Cimade est impliquée dans l'accueil des réfugiés d'Indochine. Elle s'occupe en particulier de formation linguistique, avec un financement de l'État (FAS)[18].

Dans les années 1980

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En 1984, la Cimade connaît une nouvelle réorganisation[19]. Sous l'autorité du secrétaire général se trouvent un service d'administration, un groupe « droits de l'homme » et des postes régionaux respectivement situés à Paris, Lyon, Marseille, Montpellier, Strasbourg et Montbéliard. Par ailleurs, une équipe de direction réunit, outre le SG, les responsables des départements communication, développement et étrangers (organisé en « défense des droits - accueil », « actions économiques et culturelles » et « foyer de Massy »).

Dans les années 1990

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En 1991, à côté des instances élues (assemblée, conseil et bureau) la Cimade s'organise en pôle national, équipes nationales et équipes régionales. Le pôle national comprend le secrétariat général, le service administratif et financier et la communication. L'équipe nationale gère un bureau « défense des droits des étrangers », la « défense des étrangers en rétention » (DER), l'adaptation linguistique, un « programme femmes » et le service des solidarités internationales.

Des « équipes régionales » sont implantées en Île-de-France (Paris-Batignolles, Paris-Trévise, Massy), Méditerranée (Marseille, Montpellier, Nice, Perpignan), Centre Alpes Rhône (Lyon, Clermont-Ferrand), Est (Strasbourg, Montbéliard, Besançon), Sud-Ouest (Toulouse, Bordeaux), Ouest (Nantes) et Nord (Lille).

Localement, des groupes locaux organisent les activités[20].

Dans les années 2000

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En 2006, la Cimade lance une campagne intitulée « Assez d'humiliation, les migrants sont notre monde ! » qui dénonce les injustices et les humiliations subies par les migrants autour de huit thèmes. Cette campagne aboutit en 2007 à l'élaboration de 75 propositions pour une politique d'immigration juste et réfléchie « si l'on veut éviter que l'Europe ne se transforme en une République grecque avec ses citoyens, ses esclaves et au loin ses barbares ». Laurent Giovannoni, secrétaire général, présente le projet de la Cimade aux candidats à l'élection présidentielle comme une alternative au règlement actuel de l'immigration.

En 2011, la Cimade publie « 40 propositions » sous le titre général d’Inventer une politique d'hospitalité[21]. Elle y propose de tendre vers un droit universel à la liberté de circulation et d’installation tout en prenant en compte la nécessité de procéder par étapes.

Dans les années 2020

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A partir du 13 décembre 2021, et jusqu'à fin janvier 2022, les locaux de la Cimade à Mayotte sont bloqués par un collectif xénophobe, le Collectif de défense des intérêts de Mayotte. Ce collectif, qui est à l'origine de plusieurs intimidations envers l'association depuis 2018, reçoit la visite et le soutien de Marine Le Pen au cours du blocage en décembre 2021[22],[23].

En décembre 2022, les locaux de la Cimade à Bordeaux sont vandalisés par le groupe d'extrême droite Action directe identitaire par des slogans tels que « Pour une France en non-mixité ». Plusieurs autres associations (notamment SOS Racisme et l'ASTI) ont été ciblées par le même groupe durant le mois précédent, laissant penser que c'est l'engagement antiraciste de la Cimade qui est visé[24]. S'inquiétant d'une escalade des actes d'extrême droite, l'association organise alors une manifestation le 18 décembre conjointement avec la FASTI. En soutien à la Cimade, le maire de Bordeaux Pierre Hurmic réunit la cellule de lutte contre la radicalisation et écrit un courrier à la procureure et à la préfète[24].

Après l'attaque du Hamas contre Israël d'octobre 2023, la Cimade désigne « pudiquement » (Le Figaro) l'événement comme une « offensive du Hamas », « dans un contexte d'oppression généralisée marqué notamment par seize ans de blocus de la bande de Gaza, cinquante-six ans d'occupation israélienne, un régime d'apartheid et une intensification de la colonisation », selon son communiqué[25].

En octobre 2023, plusieurs antennes de l’association sont la cible de « tags haineux », notamment « Arras complice », après l'assassinat de Dominique Bernard[26]. De son côté, la Cimade refuse tout lien entre sa mobilisation en 2014 pour s’opposer à l’expulsion de la famille du meurtrier Mohammed Mogouchkov et la mort de l’enseignant[27].

Droits des étrangers

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Pancarte brandie dans une manifestation contre le projet de loi immigration en 2023.

La Cimade est impliquée dans l'aide juridique en droit des étrangers et de la nationalité, en particulier en direction des étrangers en situation irrégulière (« sans-papiers »), aux côtés d'autres organismes tels que le Gisti. Cette action peut comprendre la saisine des juridictions compétentes, à partir de situations particulières mais qui peuvent créer du droit[28].

Plus généralement, avec d'autres associations, elle lutte pour la défense et la reconnaissance des droits des étrangers vivant en Europe, en participant à divers réseaux comme Migreurop. Dans ce cadre, elle organise des actions de sensibilisations auprès du grand public (festival « Migrant'scène »[29]) et de plaidoyers en direction des responsables politiques (parlementaires, ministères…).

Rétention administrative

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Entre 1984 et 2009, par une convention passée avec le ministère des Affaires sociales, la Cimade a été la seule association présente dans les centres de rétention administrative du territoire métropolitain. Créée pour un soutien matériel, la mission a rapidement évolué vers une assistance juridique aux personnes en voie de reconduite à la frontière et de témoignage sur les conditions de la rétention.

Depuis 2010, et le passage de la convention au ministère de l'Intérieur, cinq associations interviennent dans les centres français en métropole et outre-mer (sauf Mayotte). Jusqu'à fin 2013, dans le cadre de ce marché public, la Cimade est présente dans 14 centres de rétention administrative, dont trois en outre-mer. Elle y assiste les personnes retenues dans la défense de leurs droits. En 2014, après un nouveau marché, la Cimade reste présente dans 11 CRA, dont ceux d'outre-mer.

La mission du service de « défense des étrangers retenus » (DER) de la Cimade, dissous en 2010 lorsque la rétention a été régionalisée, visait à rendre effectifs les droits fondamentaux garantis par l'ordonnance du 2 novembre 1945[30]. Les « équipiers » de la Cimade visitent les étrangers retenus, leur fournissent les informations juridiques et l'assistance sociale indispensables, et assurent les liens entre ces étrangers et l'extérieur du centre, particulièrement avec les familles. La Cimade rend également compte au ministère des Affaires sociales de l'accomplissement de cette mission, et formule si besoin des propositions tendant à l'amélioration des conditions de rétention.

Hébergement

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La Cimade gère deux lieux d'hébergement :

L'ancrage dans le protestantisme

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À la création de l'association, la vocation religieuse joue un rôle essentiel. Le Comité inter-mouvements (CIM), ancêtre de la Cimade, rassemble les mouvements de jeunesses protestant français : la Fédération française des associations chrétiennes d'étudiants (appelée « La Fédé »), les branches françaises de l'Union chrétienne de jeunes gens et des jeunes filles, et les scouts de la Fédération des éclaireurs unionistes et de la Fédération française des éclaireuses. Le but premier de l'association en 1940 est « de témoigner de l’Évangile auprès de la jeunesse française éprouvée par la guerre »[31].

La participation au protestantisme marque toujours l'association, qui se définit comme œcuménique mais se laïcise progressivement tout en restant membre de la Fédération protestante de France et de la Fédération de l'entraide protestante. Le pasteur Marc Boegner, président de la Cimade entre 1944 et 1955, dirige en même temps la Fédération protestante de France. Les pasteurs Jacques Maury et Jacques Stewart ont également été présidents de la Fédération protestante de France avant de présider l'association.

Orientations politiques

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Dès l’origine, la Cimade revendique une certaine forme d'engagement politique, a contrario de la neutralité adoptée par d'autres organisations comme le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Dans la continuité de l'Église confessante allemande qui s'oppose aux thèses nazies dès 1933, Madeleine Barot, alors secrétaire générale de la Cimade, et Suzanne de Dietrich participent à l'élaboration des thèses de Pomeyrol, réflexion théologique sur les limites de l'obéissance à l'État, les libertés individuelles et la dénonciation de la collaboration.

Dans l'entre-deux-tours de l'élection présidentielle de 2017 qui oppose Marine Le Pen et Emmanuel Macron, la Cimade appelle dans une tribune avec soixante autres associations à faire barrage à la candidate du Front national[32]. La Cimade réitère son opposition à l'extrême droite en 2024 et appelle, dans une pétition rassemblant plusieurs dizaines d'associations, les Français à ne pas voter pour le Rassemblement national aux élections européennes[33]. Ce positionnement politique, et la mobilisation de l'association en faveur des immigrés, suscitent régulièrement l'ire de l'extrême droite comme à Bordeaux en 2022 ou à la suite de l'assassinat de Dominique Bernard en 2023[24],[26],[27].

Liens avec d'autres associations

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Au cours de son histoire, des militants de la Cimade ont été impliqués dans la création de nombreuses structures engagées dans la défense des droits de l'homme, des réfugiés ou des migrants, (comme le Gisti[34], Forum Réfugiés, France terre d'asile…) qui ont ensuite connu une activité propre, et parfois concurrente[réf. nécessaire].

La Cimade est également impliquée dans de nombreux collectifs, comme RomEurope, Migreurop, ou encore Boat for People[35]. Dans le cadre du projet Loujna, elle travaille particulièrement avec des associations africaines de défense des migrants en Afrique de l'Ouest et au Maghreb[e].

Autres prises de position

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En avril 2023, l'expulsion d'un Afghan condamné en France pour apologie du terrorisme et renvoyé en Afghanistan scandalise la Cimade : au micro de Franceinfo, Paul Chiron, chargé des actions juridiques de l'association, s’inquiète de ce que la France « procède […] à des expulsions vers des pays vers lesquels elle ne devrait absolument pas renvoyer des personnes »[36]. Selon le ministère de l'Intérieur, l'homme était volontaire pour rentrer en Afghanistan, mais il avait précédemment refusé de monter dans un avion à la suite de son expulsion. Il avait été condamné le 4 novembre 2020 pour « apologie du terrorisme », ayant fait sur les réseaux sociaux l'éloge de l'assassinat de Samuel Paty[36], et avait purgé une peine d'emprisonnement de 18 mois.

Financement

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Depuis au moins 2005, le budget de la Cimade repose majoritairement sur des financements publics, mais la part des dons privés progresse. Selon l’Inspection générale des affaires sociales, l'association « est marquée par une forte dépendance à l'égard des fonds publics (60 % des ressources d’exploitation viennent du ministère chargé des affaires sociales) »[37]. Pour l'observatoire de l'action humanitaire, la proportion de financements privés serait diversifiée. En 2008 et 2009, l’augmentation de la proportion de financements privés proviendrait du produit de la vente du siège social[38].

Pour promouvoir son action auprès du public et lui permettre de faire appel au don en confiance, l’association adhère au comité de la Charte qui garantit la transparence de ses comptes.

Depuis 2005, le budget de la Cimade varie entre 6,5 millions et 10 millions d’euros. L'association emploie environ une centaine de salariés et revendique deux mille adhérents.

Le budget de l'association[39]
Ressources Emplois
Financement public Dons et legs Actions Administration Total
2005 4 410 254 1 219 812 5 766 606 463 288 6 596 599
2006 3 515 732 1 470 323 5 984 582 453 373 7 095 925
2007 5 802 647 1 302 350 6 740 791 815 790 7 865 912
2008 6 325 879 2 292 189 7 428 668 1 367 041 9 527 260
2009 6 738 000 2 640 000 8 355 000 1 797 000 10 152 000
2010 4 428 774 2 262 042 5 776 204 3 382 699 9 158 903
2011 4 300 000 2 400 000 5 900 000 2 200 000 8 900 000
2012 4 400 000 2 500 000 6 200 000 1 900 000 8 500 000
2013 4 500 000 2 340 519 6 400 000 2 100 000 8 800 000

Responsables nationaux de la Cimade

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Présidents Secrétaires généraux

Notes et références

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  1. La mention « service œcuménique d’entraide » a été ajoutée en sous-titre lorsque l'acronyme « Cimade » est devenu un nom propre (autrement dit qu'il n'a plus joué son rôle d'acronyme). En outre, le nom complet tel qu'il figure dans les statuts[3] (adoptés par l’assemblée générale du ) comprend l'article défini initial :
    • « La Cimade », service œcuménique d’entraide.
  2. Extrait de l’article 1er des statuts de la Cimade[3].
  3. Association sous le régime de la loi de 1901, déclarée auprès de la préfecture de police de Paris le [3].
  4. La ville, sous contrôle des troupes d’occupation françaises, est détruite à 80 %. On vient d’y ouvrir une université qui n‘existait pas avant guerre. Le pasteur Max-Alain Chevallier est le responsable de cette maison[11].
  5. Alternatives espaces citoyens (AEC, Niger), l'association malienne des expulsés (AME), Association mauritanienne des droits de l'homme (AMDH), Association nigérienne de défense des droits de l'homme (ANDDH), Association des refoulés d'Afrique centrale au Mali (ARACEM), Caritas Gao (Mali), Caritas Maroc, Caritas Nouadhibou (Mauritanie), Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (en), Groupe antiraciste d'accompagnement et de défense des étrangers et migrants (GADEM, Maroc), groupe de travail migrations et développement du Congad (GTMD, Sénégal), point d'accueil des réfugiés et immigrés (PARI, Sénégal) et Rencontre et développement (Algérie). La ligue algérienne des droits de l'homme ainsi que des associations ivoiriennes sont également associées à certaines activités du projet.

Références

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  1. a b c et d La Cimade et l'accueil des réfugiés…, [lire en ligne (page consultée le 29 novembre 2018)].
  2. Jusqu'en 2019 : 64, rue Clisson, 75013 Paris.
  3. a b et c « Statuts de La Cimade adoptés par l’assemblée générale du  », sur lacimade.org, La Cimade (consulté le ).
  4. Jacques Poujol, Protestants dans la France en guerre, 1939-1945, Les Éditions de Paris, , 304 p. (ISBN 978-2846210003, lire en ligne), p. 42
  5. a et b Dzovinar Kévonian, La Cimade et l’accueil des réfugiés: Identités, répertoires d’actions et politique de l’asile, 1939-1994,, Presses universitaires de Paris Nanterre, (ISBN 9782821851092, lire en ligne), p. 41-63
  6. Dreyfus-Armand 2013, p. 68-69.
  7. Parce qu'il n'y a pas d'étrangers sur cette terre…, p. 13-15.
  8. Les Clandestins de Dieu…, p. 112.
  9. Laurent Neury, L'espoir au bout du pont. Histoire et mémoire de la filière de Douvaine (1939-1945), Cabedita, 2019
  10. « L'histoire des enfants sauvés de Vénissieux », sur lejdd.fr (consulté le ).
  11. Marjolaine Chevallier, « Présence de la Cimade auprès des étudiants de Mayence » in Kirchliche Zeitgeschichte 14 Jahrgang, Heft 2, 2001, KZG « Themenschwerpunkt. Kirchen und Religionen. Frankreich-Deutschland Antoanonismen und Annäherung im 19. Und 20. Jahrhundert » p. 487-512.
  12. Parce qu'il n'y a pas d'étrangers sur cette terre…, p. 38.
  13. Parce qu'il n'y a pas d'étrangers sur cette terre…, p. 42-43.
  14. Parce qu'il n'y a pas d'étrangers sur cette terre…, p. 22.
  15. Parce qu'il n'y a pas d'étrangers sur cette terre…, p. 26-27.
  16. Blanc-Chaléard 2013, p. 227.
  17. Blanc-Chaléard 2013, p. 230.
  18. Blanc-Chaléard 2013, p. 233.
  19. Blanc-Chaléard 2013, p. 238.
  20. Blanc-Chaléard 2013, p. 241.
  21. « La Cimade défend son programme sur l’immigration en vue de la présidentielle », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  22. « À Mayotte, la Cimade aux prises avec l’extrême droite », sur POLITIS, (consulté le )
  23. « La Cimade dénonce les agissements du Codim lors de la manifestation de vendredi », sur Mayotte la 1ère, (consulté le )
  24. a b et c Victoria Berthet, « De nouveaux tags racistes à Bordeaux, "des faits récurrents" et "une escalade inquiétante" », sur Rue89Bordeaux, (consulté le )
  25. Paul Sugy, « La Cimade, "partenaire" de l'État au militantisme assumé », Le Figaro,‎ , p. 6-7 (lire en ligne).
  26. a et b Attentat d’Arras. Le local de la Cimade à Nantes ciblé par des tags haineux, ouest-france.fr, 31 octobre 2023
  27. a et b Attentat à Arras : La Cimade refuse tout lien entre sa mobilisation et la mort de l’enseignant, 20minutes.fr, 17 octobre 2023
  28. Voir par exemple la décision du Conseil d'État du 13 novembre 2013 qui modifie le traitement de certaines demandes d'asile par la Cour nationale du droit d'asile, commentée sur un blog du Monde.
  29. festivalmigrantscene.org.
  30. République française, « Ordonnance no 45-2658 du 2 novembre 1945 relative aux conditions d'entrée et de séjour des étrangers en France »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur legifrance.gouv.fr, JORF, (consulté le ).
  31. Statuts publiés au Journal officiel du 3 avril 1940.
  32. « "Le pire est malheureusement possible!" : l’appel de 61 associations et ONG avant le second tour », lejdd.fr, 29 avril 2017.
  33. un collectif de 70 organisations, « Ne choisissez pas l’extrême droite pour exprimer votre colère : l’appel de 70 organisations de la société civile pour les européennes », sur Libération (consulté le )
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  38. [1] Observatoire de l'action humanitaire, 21 janvier 2011.
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Bibliographie

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  • André Jacques, Madeleine Barot : une indomptable énergie, Paris,  éd. du Cerf, 1989, 223 p.
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    • André Encrevé, « Les protestants français au milieu du XXe siècle », p. 41-64 ;
    • Geneviève Dreyfus-Armand, « La Cimade dans les camps d’internement pendant la Seconde Guerre mondiale », dans La Cimade et l'accueil des réfugiés…, p. 65-82 ;
    • Anne Boitel, «Agir, témoigner, résister au sein d’un camp d’internement français : l’action de la Cimade à Rivesaltes entre 1941 et 1942», p. 83-100 ;
    • Dzovinar Kévonian, « La Cimade et les réfugiés : organisation privée et processus de légitimation dans l’espace international, 1945-1951 », p. 101-122 ;
    • Paul Gradvohl, « Accueil des réfugiés et construction d’une géographie de l’altérité : l’Europe centrale de la Cimade », p. 123-140 ;
    • Victor Pereira, « La Cimade et les Portugais en France de 1957 à 1974 : une aide sous le signe des guerres coloniales », p. 141-156 ;
    • Vasiliki Kilekli, « La Cimade face à l’accueil des exilés grecs en France (1967-1974) », p. 157-172 ;
    • Hugues Tertrais, « La Cimade, l’Indochine et ses réfugiés (1969-1979) », p. 173-182 ;
    • Marie-Christine Volovitch-Tavares, « La Cimade et l’accueil des “réfugiés en provenance du Chili”, du coup d’État militaire (11 septembre 1973) au début des années 1980 », p. 183-198 ;
    • Tramor Quemeneur, « La Cimade et l’objection de conscience », p. 199-212 ;
    • Axelle Brodiez-Dolino, « La Cimade entre religion et politique (1939-1995), ou les substrats idéologiques de l’humanitaire », p. 213-224.
    • Marie-Claude Blanc-Chaléard, « Réfugiés, migrants, étrangers : les mots et les causes de la Cimade (années 1970-1990) », dans La Cimade et l'accueil des réfugiés…, p. 225-244.
  • Uta Gerdes, Ökumenische Solidarität mit christlichen und jüdischen Verfolgten. Die CIMADE in Vichy-Frankreich 1940-1944. Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 2005, 380 p., (ISBN 9783525557419) (en allemand : « Recherches dans les archives du Conseil œcuménique des Églises à Genève et de la Cimade à Paris »)
  • Jeanne Merle d'Aubigné et Violette Mouchon, Les Clandestins de Dieu. Cimade 1939-1945, Paris, Fayard, (réimpr. Genève, Labor et Fides, 1989) (ISBN 2-8309-0588-1) :
    • Marc Boegner, « Introduction : le combat de l'Église à Vichy » ;
    • Madeleine Barot, « La Cimade : une présence, une communauté, une action » ;
    • Pasteur Freudenberg, « Au-delà des frontières : l'action du Conseil œcuménique des Églises » ;
    • Jeanne Merle d'Aubigné, « Gurs, la faim, l'attente», «Déportations», «Les Eaux-Bonnes, Naillat, Douadic, le maquis » ;
    • André Dumas, « Rivesaltes : criblages » ;
    • Henri Manen, « Notes quotidiennes au camp des Milles » ;
    • Donadille, « Le Coteau fleuri au Chambon-sur-Lignon » ;
    • Geneviève Priacel-Pittet, « Passages de frontières » ;
    • Suzanne Loiseau-Chevalley, « Brens, de la cellule vide aux cris des enfants » ;
    • Laurette Alexis-Montet, « Sur la frontière » ;
    • E.C. Fabre, « Le Pont-de-Manne-en-Royan », « Mesures dans les démesures », « De la connaissance des simples », « À la recherche de l'équipe qui ne revient pas , « … Et les enfants des morts » ;
    • André Morel, « Le témoin du drame raconte » ;
    • Marthe Bessag, Annie Ebbeke et docteur Mayer, « Les victimes du drame ont la parole » ;
    • Georges Casalis, « Au bord du chemin », « En guise de conclusion ».
  • Jean-Pierre Weben, « Cimade 1996 », Autres Temps. Cahiers d'éthique sociale et politique, no 50, 1996, p. 81-84, [voir en ligne lire en ligne]
  • Collectif, La Cimade, une histoire, Paris, 2019.

Articles connexes

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Liens externes

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