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Gargantua (géant)

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Gargantua est un géant dans les cultures populaires en France et en Grande-Bretagne, désormais plus connu comme un personnage de François Rabelais.

Le Gargantua mythique

Frontispice de l'édition originale de 1532.

En 1532 est publiée une œuvre anonyme, Les grandes et inestimables chroniques : du grand et énorme géant Gargantua[1].

Il reprend un ancien fonds qui transparaît dans d’innombrables traditions populaires. Derrière le géant truculent et glouton se cacherait une très ancienne divinité gauloise nommée Gargan, apparemment bienveillante, dont l'apparition remonte peut-être, comme l’édification des pierres dressées, à une époque antérieure à celle des Celtes, comme le dit G. E. Pillard dans Le vrai Gargantua. Mythologie d’un géant. Déjà George Sand relevait, dans Les Légendes Rustiques : « je croirais que Gargantua est l’œuvre du peuple et que, comme tous les grands créateurs, Rabelais a pris son bien où il l’a trouvé. » Gargantua y est appelé le Fay[réf. nécessaire] et comme toutes les Fées - Morgane la Fée est dite sa marraine - il a la maîtrise des formes et se transforme tout particulièrement en Dragon, ce qui le rattache à la vouivre représentant les énergies telluriques. Henri Dontenville et Henri Fromage lui attribuent cette dimension de « dragon ».

Gargantua peut être vu par le peuple comme la personnalisation d’une énergie gigantesque, mais bienfaisante qui ordonne le chaos primordial. Dans ses voyages, il modifie les paysages en laissant tomber le contenu de sa hotte. Les dépâtures de ses souliers donnent collines et buttes, ses déjections forment des aiguilles et ses mictions des rivières ! Beaucoup de mégalithes sont des palets de Gargantua appelés chaise, fauteuil, écuelle… C’est une énergie non consciente, mais orientée reconnue comme bienfaisante. Les pierres de Gargantua donnent lieu à des cultes de fécondité et sa troisième jambe est célèbre ! Voir en cela le géant de 54 mètres gravé sur la pente de Cerne Abbas dans le Dorset en Grande-Bretagne. C’est une divinité phallique qui sera aussi représentée sous forme anguipède, avec parfois une tête de bélier.[réf. souhaitée]

Le christianisme le diabolisa en baptisant les lieux, gouffres, chaos rocheux, pierres dressées dits de Gargantua en lieux, gouffres, chaos, pierres du diable. Dans le même temps, il est christianisé en saint Gorgon qui le remplace pour le culte de la fécondité, comme à Rouen. Le Mont Saint-Michel était un ancien lieu de culte à Gargantua et l’îlot Tombelaine serait la sépulture de Gargamelle. Beaucoup de monts Gargans ont, comme lui, un rapport avec l’Archange saint Michel, ainsi en est-il à Rouen du quartier encore appelé Mont Gargan et, sur les hauteurs de la côte Sainte-Catherine, se trouve un prieuré Saint-Michel. L’église Saint-Paul du Neubourg, dans l’Eure possède un vitrail intitulé « Le triomphe de Saint-Michel » et la scène du bas représente « Comment Saint-Michel apparu à l’évêque Sipoim au Mont Gargan ». Le plus beau sommet du bas Limousin (732 m), à proximité de Limoges, porte le nom de mont Gargan (Gergan en occitan). À Bordeaux, sur la porte sud de l’église Saint-Michel, figure le miracle du mont Gargan. Il existe encore en France d’autres monts Gargan, près de Neufchâtel-en-Bray, à Haudivillers près de Beauvais, en Tarentaise, à Saffré en Loire-Atlantique, sur le causse Méjean…, sans compter les rivières Gargas, Gargelle ou Jarjattes, les grottes comme la grotte préhistorique de Gargas, célèbre pour les traces de mains qu’on y trouve. Nostradamus, dans Centuria IX, quatrain 62, lie mont Gargan et apparitions de saint Michel. Enfin, le Monte Gargano des Pouilles italiennes est devenu également un haut-lieu de saint Michel.

Il est tout à fait vraisemblable que ces toponymes soient des rappels de ce géant populaire sur tout le terroir français.

Références

  1. Titre complet : « Les grandes et inestimables croniques du grant et enorme geant Gargantua. Contenant sa genealogie. La grandeur & force de son corps. Aussi les merveillieux faictz darmes quil fist pour le roy Artus comme verrez cy apres. Imprime nouvellement. » [lire en ligne].

Bibliographie

Sources primaires

  • Giraud de Barri, Topographia Hibernica, XIIe siècle.
  • Geoffroy de Monmouth, Historia regum Britanniae, vers 1136.
  • Les grandes et inestimables Cronicques du grant et énorme géant Gargantua, Lyon, 1532 - Rééd. Editions des Quatre Chemins, 1925.
  • Le vroy Gargantua, 1533. Réédition : Nizet, 1949.
  • Les Croniques admirables du puissant roy Gargantua, 1534. Réédition : Éditions Gay, 1956.
  • François Rabelais (M. Alcofribas), Les horribles et épouvantables Faits et prouesses du très renommé Pantagruel, roi des Dipsodes, fils du grand géant Gargantua, 1532.
  • François Rabelais (M. Alcofribas), La Vie inestimable du grand Gargantua, près de Pantagruel, 1534.

Études

  • Thomas de Saint-Mars, « Les Traditions de l'ancien duché de Retz sur Gargantua », Mémoires de l'Académie celtique, 1810.
  • Félix Bourquelot, « Notice sur Garghantua », Mémoires de la Société des Antiquaires de France, 1844.
  • Henri Gaidoz, « Gargantua, essai de mythologie celtique », Revue archéologique, 1868.
  • Léo Desaivre, Recherches sur Gargantua en Poitou avant Rabelais, Niort, Clouzot, 1869.
  • Paul Sébillot, Gargantua dans les traditions populaires, Paris, Maisonneuve et Cie, 1883.
  • Henri Dontenville, La Mythologie française, Paris, Payot, 1948.
  • Henri Dontenville, Les Dicts et récits de mythologie française, Paris, Payot, 1950.
  • Henri Dontenville, La France mythologique, Henri Verryer / Tchou, 1966.
  • Henri Dontenville, Histoire et géographie mythiques de la France, Paris, Maisonneuve et Larose, 1973.
  • Claude Gaignebet, Jean-Dominique Lajoux, Art profane et religion populaire au Moyen Âge, Paris, Presses universitaires de France (PUF), 1985.
  • Guy-Édouard Pillard, Le Vrai Gargantua : mythologie d'un géant, Paris, Imago, , 200 p. (ISBN 2-902702-38-8, présentation en ligne).

Articles connexes