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« Bogomilisme » : différence entre les versions

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Le '''bogomilisme''' était un mouvement [[christianisme|chrétien]] [[hétérodoxe]] né au {{s-|X}}, aujourd'hui disparu, dont le nom vient du [[Prêtre orthodoxe|pope]] bulgare [[Bogomil]]. Il s'est développé en [[Premier Empire bulgare|Bulgarie]], puis en [[Moyen Âge serbe|Serbie]] et ensuite en [[Bosnie (région)|Bosnie]], influençant une grande partie des [[Slaves méridionaux]]. Les empereurs byzantins eurent une attitude ambiguë à son égard, parfois le réprimant, parfois l'utilisant à leur profit. Inspiré par les [[gnosticisme|gnostiques]] chrétiens et le [[manichéisme (religion)|manichéisme]], il fut perçu comme une [[hérésie]] et combattu par les [[Christianisme nicéen|Églises nicéennes]], [[Église catholique|romaine]] et [[Église orthodoxe|byzantine]].

[[Fichier:BranchesChristians.png|550px|right|thumb|Place du bogomilisme dans le [[Synchronie et diachronie|schéma diachronique]] (non exhaustif) de la diversité des christianismes : l'épaisseur des branches évoque l'importance numérique approximative des fidèles de chaque confession.]]

Le '''bogomilisme''' était un mouvement [[christianisme|chrétien]] [[hétérodoxe]] né au {{Xe siècle}}, aujourd'hui disparu. Son nom vient du [[pope|prêtre]] bulgare [[Bogomil]]. Il s'est développé en [[Bulgarie]], puis en [[Serbie]] et ensuite en [[Bosnie (région)|Bosnie]], influençant une grande partie des [[Balkans]]. Les empereurs byzantins eurent une attitude ambiguë à son égard, parfois le réprimant, parfois l'utilisant à leur profit. Inspiré par les [[gnosticisme|gnostiques]] chrétiens et le [[manichéisme (religion)|manichéisme]], il fut considéré comme une [[hérésie]] par l'[[catholicisme|Église catholique]] et par l'[[Église orthodoxe]] qui l'ont violemment combattu. Selon le dernier colloque de Mazamet (2009), le bogomilisme aurait servi d'inspiration aux [[cathares]] : des liens existent entre bogomiles et cathares, et les sources doctrinales des deux mouvements remontent aux premiers siècles du christianisme ([[Épîtres de Paul|écrits canoniques]] de [[Paul de tarse|Paul]], doctrine de [[Marcion]], doctrine de [[Valentin (gnostique)|Valentin]]). En outre, les recherches menées sur les sources grecques et orientales ([[Pierre de Sicile]]) montrent que la doctrine bogomile aurait été transmise par les [[pauliciens]], expatriés volontaires ou chassés de l'[[Histoire de l'Arménie|Arménie]] (actuelle Turquie orientale) vers les [[Balkans]] au {{s mini-|VII|e}} et au {{s-|IX|e}}.


== Histoire ==
== Histoire ==
[[Image:Diversité historique du Christianisme.png|550px|center|thumb|Place du bogomilisme dans le [[Synchronie et diachronie|schéma diachronique]] (non exhaustif) de la diversité des christianismes, selon les points de vue multiconfessionnel (haut)<ref>Walter Bauer {{en}} ''Orthodoxy and Heresy in Earliest Christianity'', Sigler Press 1996 {{ISBN|978-0-9623642-7-3}} & Adolf von Harnack ''Histoire des dogmes'', Cerf 1993 {{ISBN|978-2-204-04956-6}} (point de vue partagé par le [[Conseil œcuménique des églises]]).</ref> et catholique (bas)<ref>George Herbermann, {{en}} ''Catholic Encyclopaedia'' & Michel Le Quien ''Oriens Christianus'', Typographia Regia, 1740 (point de vue de la [[théologie]] [[Église catholique|catholique]]).</ref>.]]
Le mouvement bogomile est fondé par un [[prêtre orthodoxe]] [[bulgare]] nommé [[Bogomil]] (ce qui signifie en [[vieux slave]] « que Dieu prend en pitié » ou « qui supplie Dieu »). Il prêche d'abord en [[Thrace]], où il rencontre un véritable écho populaire. Puis le mouvement se déplace en [[Histoire de la Bulgarie|Bulgarie occidentale]], où il connaît un grand succès entre le {{sp-|X|e|et le|XII|e}}, notamment auprès du petit peuple, avant de subir les persécutions de l'empereur byzantin [[Alexis Ier Comnène|Alexis {{Ier}} Comnène]] et du patriarche [[Michel II Courcouas]].
Le mouvement bogomile est fondé par un [[prêtre orthodoxe]] [[bulgare]] nommé [[Bogomil]] (ce qui signifie en [[vieux slave]] « que Dieu prend en pitié » ou « qui supplie Dieu »). Il prêche d'abord en [[Thrace]] [[Premier Empire bulgare|bulgare]], où il rencontre un véritable écho populaire. Puis le mouvement se déplace en [[Histoire de la Bulgarie|Bulgarie occidentale]], où il connaît un grand succès entre le {{sp-|X|e|et le|XII|e}}, notamment auprès du petit peuple, avant de subir les persécutions de l'empereur byzantin [[Alexis Ier Comnène|Alexis {{Ier}} Comnène]] et du patriarche [[Michel II Courcouas]].


Les bogomiles se déplacent alors vers la [[Serbie]] où ils convertissent plusieurs villages et même des villes, jusqu'à la prise en main par [[Stefan Nemanja]] et son frère [[Saint Sava]] qui, par une politique d'expropriation, chassent tous les Serbes bogomiles vers la [[Bosnie (région)|Bosnie]] où ils sont accueillis par [[Kulin (ban)]] (et même prospèrent) de la fin du {{sp-|XII|e|au début du|XIV|e}}. Leur foi est un important facteur dans le développement identitaire de la Bosnie, à une époque où celle-ci est sous domination mi-hongroise (à l'ouest), mi-serbe (à l'est). Finalement, le mouvement disparaît peu avant la conquête [[Empire ottoman|turque ottomane]], mais les historiens bosniaques pensent que c'est le substrat religieux bogomile qui a favorisé la conversion à l'[[islam]], d'une partie des [[Slaves]] des [[Balkans]] ([[Pomaks]], [[Gorans|Goranes]] ou [[Bosniaques]]) et d'une partie des [[Valaques]] (les [[Mégléno-roumain|Moglénites]]).
Les bogomiles se déplacent alors vers la [[Serbie]] où ils convertissent plusieurs villages et même des villes, jusqu'à la reprise en main par [[Stefan Nemanja]] et son frère [[Saint Sava]] qui, par une politique d'expropriation, chassent tous les Serbes bogomiles vers la [[Bosnie (région)|Bosnie]] où ils sont accueillis par le [[Kulin (ban)|ban Kulin]], et prospèrent sous sa protection entre la fin du {{sp-|XII|e| et le début du|XIV|e}}. Leur foi est un important facteur dans le développement de la Bosnie comme entité politique, à une époque où celle-ci est sous domination mi-hongroise (à l'ouest), mi-serbe (à l'est). Finalement, le mouvement disparaît peu avant la conquête [[Empire ottoman|ottomane]], mais les historiens [[Musulmans (nationalité)|slaves musulmans]] affirment que c'est le substrat religieux bogomile qui a favorisé la conversion à l'[[islam]] d'une partie des [[Slaves]] des [[Balkans]] ([[Pomaks]], [[Gorans|Goranes]] ou [[Bosniaques]]) et d'une partie des [[Valaques]] (les [[Mégléno-roumain|Moglénites]])<ref>{{Ouvrage |langue=en|auteur=Arthur Evans|titre=Through Bosnia and the Herzegovina on Foot During the Insurrection, August and September 1875 |éditeur= Nabu Press |année=2010 |pages totales=435 |passage=p.40-42|isbn=978-1146356930|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=KC0OAAAAQAAJ&pg=PR40}}</ref>. Les historiens slaves chrétiens, pour leur part, affirment que la principale motivation des conversions était la possibilité d'échapper au ''[[Kharâj|haraç]]'' (la double-[[capitation]] sur les chrétiens) et à l’''[[Devchirmé|otmitsa detchaka]]'' (le recrutement forcé des garçons pour en faire des [[janissaires]])<ref>Barbara Jelavich, {{en}} ''History of the Balkans'', Cambridge University Press, 1983.</ref>.


Il existe dans tous les Balkans, et en particulier en Bosnie, de nombreuses pierres tombales appelées ''[[Stećak|stećci]]'' et décorées de symboles interprétés comme [[Gnose|gnostiques]] et [[Parcours initiatique|initiatiques]] : ces stèles sont attribuées, notamment par les historiens [[Musulmans (nationalité)|slaves musulmans]], aux Bogomiles<ref>Marian Wenzel, {{en}} ''Bosnian and Herzegovinian Tombstobes-Who Made Them and Why?'' (« Stèles de Bosnie-Herzégovine : qui les a faites et pourquoi ? »), Sudost-Forschungen 21(1962): 102-143</ref>, tandis que d'autres historiens les attribuent aux [[Valaques]]<ref>Ante Milošević, {{hr}} ''Stećci i Vlasi: Stećci i vlaške migracije 14. i 15. stoljeća u Dalmaciji i jugozapadnoj Bosni'' (Les Stećci et les Valaques : migrations aux {{s2-|XIV|XV}} en Dalmatie et Bosnie du sud-ouest'', Zagreb 1991.</ref>{{,}}<ref>Ivan Mužić, ''Vlasi i starobalkanska pretkršćanska simbolika jelena na stećcima'' in « Starohrvatska prosvjeta », éd. du Musée croate des monuments archéologiques, vol. III, n° 36, Split 2009, pp. 315–349 : [http://hrcak.srce.hr/index.php?show=clanak&id_clanak_jezik=120876&lang=en].</ref>.
Les bogomiles ont laissé dans tous les Balkans, et en particulier en Bosnie, de nombreuses pierres tombales caractéristiques : les ''[[Stećak|stećci]]'' décorés de symboles [[Gnose|gnostiques]] et [[Parcours initiatique|initiatiques]].


Les bogomiles n'ont pas disparu de l'empire byzantin après la condamnation de Basile le Bogomile (brûlé vif en 1099 sous [[Alexis Comnène]]). On en retrouve une résurgence importante à [[Thessalonique]] et au [[mont Athos]] au milieu du {{s|XIV|e}}. Un grand procès eut lieu au Prôtaton de l'Athos en 1344; une trentaine de moines de Laure, Ibéron et Chilandar furent alors expulsés de l'Athos ; certains se réfugièrent en Bulgarie où ils furent jugés en 1350 à [[Veliko Tarnovo|Trnovo]]. Des accusations de bogomilisme furent utilisées pendant des années encore contre des dignitaires ecclésiastiques et contre les partisans de Grégoire Palamas.
L'historiographie slave musulmane affirme que les bogomiles n'ont pas disparu : selon son point de vue, l’''Éloge de Palamas'' composé peu de temps après la mort de [[Grégoire Palamas]] par son disciple et ami [[Philothée Kokkinos]], patriarche de [[Constantinople]], laisse entrevoir que les partisans de Palamas auraient été bogomiles ou influencés par le bogomilisme, dont une résurgence importante se serait manifestée à [[Thessalonique]] et au [[mont Athos]] au milieu du {{s-|XIV}} où un grand procès eut lieu au {{lien|trad=Protaton|fr=Prôtaton}} de l'[[République monastique du Mont-Athos|Athos]] en 1344. Une trentaine de moines de [[Monastère de la Grande Laure de l'Athos|Laure]], [[Monastère d'Iveron|Ibéron]] et [[Monastère de Hilandar|Chilandar]] furent alors expulsés de l'Athos ; certains se réfugièrent en Bulgarie où ils furent jugés en 1350 à [[Veliko Tarnovo|Trnovo]].


Les empereurs byzantins ont été ambigus face au bogomilisme : certains l'ont réprimé, notamment parce que son idéologie, rejetant les autorités constituées (en particulier la hiérarchie ecclésiastique) comme corrompues, était considérée comme subversive. Mais, à d'autres moments, ils ont su utiliser la force du sentiment populaire bogomile dans leur propre lutte contre [[Église de Rome|Rome]] (notamment en lien avec les [[cathares]], également en butte à l'hostilité de l'Église romaine). Lorsqu'elle s'est trouvée en contact avec le bogomilisme et avec son homologue cathare, l'Église catholique a considéré ces mouvements comme des [[hérésie]]s et les a fermement combattus.
En fait, des accusations de bogomilisme furent utilisées pendant des années dans les controverses dogmatiques entre dignitaires ecclésiastiques et contre les partisans de Palamas notamment. Cela n'implique pas que les accusés ait été réellement bogomiles. En effet, les empereurs byzantins eux-mêmes ont été ambigus face au bogomilisme. Certains l'ont réprimé, puisque son idéologie rejette les autorités constituées et donc la hiérarchie ecclésiastique. D'autres ont retourné cette défiance envers les hiérarques ecclésiastiques contre la prétention de primauté de l'[[Église de Rome]]. Lorsqu'elle s'est trouvée en contact avec le bogomilisme (en [[Dalmatie]]) et avec son homologue cathare (en [[France]]), l'[[Église de Rome]] a considéré ces mouvements de foi comme des [[hérésie]]s et les a persécutés et anéantis.


== Doctrine ==
== Doctrine ==
[[Fichier:Nemanjin sabor.jpg|thumb|Concile contre le bogomilisme, organisé par [[Stefan Nemanja]]. Fresque de 1290.]]
[[Fichier:Nemanjin sabor.jpg|thumb|Concile contre le bogomilisme, organisé par [[Stefan Nemanja]] : fresque de 1290.]]
Comme beaucoup d'hérésies persécutées avec efficacité, la doctrine bogomile nous est surtout connue par les dénonciations de ses opposants, en particulier le ''Traité contre les Bogomiles'' du [[Cosmas le prêtre|prêtre Cosmas]], composé vers la fin du {{s-|X|e}}. On attribue aux bogomiles une riche littérature [[Apocryphes bibliques|apocryphe]] puisant ses sujets dans les légendes hébraïques et chrétiennes. Un ouvrage bogomile apocryphe résumant leur doctrine, ''Le Livre secret'', nous est parvenu dans sa traduction latine, par l'intermédiaire des [[Catharisme|Albigeois]].
Comme beaucoup d'[[hérésie]]s persécutées avec efficacité, la doctrine bogomile nous est connue à travers les dénonciations de ses opposants, en particulier le ''Traité contre les Bogomiles'' du [[Cosmas le prêtre|prêtre Cosmas]], composé vers la fin du {{s-|X|e}}. On attribue aux bogomiles une riche littérature [[Apocryphes bibliques|apocryphe]] puisant ses sujets dans les légendes hébraïques et chrétiennes. Un ouvrage bogomile apocryphe résumant leur doctrine, ''Le Livre secret'', nous est parvenu dans sa traduction latine, par l'intermédiaire des [[Catharisme|Albigeois]].


Le bogomilisme peut se définir comme un christianisme hétérodoxe, inspiré par le [[gnosticisme]] chrétien, le [[manichéisme (religion)|manichéisme]] et le [[paulicianisme]]. Le bogomilisme est [[dualisme (religion)|dualiste]] : pour lui le monde est gouverné par deux principes, le Bien et le Mal, Dieu et le Diable. Tout le monde matériel, y compris le corps, est considéré comme l'œuvre du Diable, et donc voué au Mal. Seule l'âme est l'œuvre de Dieu. En conséquence, ils rejetaient les rapports sexuels, le mariage, et menaient une vie ascétique, s'abstenant en général de manger de la viande et de boire du vin.
Le bogomilisme peut se définir comme un christianisme hétérodoxe, inspiré par le [[gnosticisme]] chrétien, le [[manichéisme (religion)|manichéisme]] et le [[paulicianisme]]. Le bogomilisme est [[dualisme (religion)|dualiste]] : pour lui le monde est gouverné par deux principes, le Bien et le Mal, Dieu et le Diable. Tout le monde matériel, y compris le corps, est considéré comme l'œuvre du Diable, et donc voué au Mal. Seule l'âme est l'œuvre de Dieu. En conséquence, ils rejettent les rapports sexuels, le mariage, et menaient une vie ascétique, s'abstenant en général de manger de la viande et de boire du vin.


Les bogomiles rejetaient l'[[Ancien Testament]], et étudiaient seulement les [[Évangiles]], en particulier celui de Jean, les [[Actes des Apôtres]] et les Épîtres de [[Paul de Tarse|Paul]]. Ils rejetaient l'Église, considérée comme appartenant au Monde (et donc au Diable), l'accusant d'être corrompue. Ils rejetaient également les sacrements. La prière était considérée comme une activité avant tout personnelle. Les bogomiles reconnaissaient cependant des guides spirituels, les « Parfaits », ceux des croyants qui avaient été particulièrement exemplaires et ascétiques. Cette notion se retrouvera chez les [[cathares]].
Les bogomiles rejettent l'[[Ancien Testament]], et étudient seulement les [[Évangiles]], en particulier celui de Jean, les [[Actes des Apôtres]] et les Épîtres de [[Paul de Tarse|Paul]]. Ils rejetaient l'Église, considérée comme appartenant au Monde (et donc au Diable), l'accusant d'être corrompue. Ils rejettent aussi les sacrements. La prière était considérée comme une activité avant tout personnelle. Les bogomiles reconnaissent cependant des guides spirituels, les « Parfaits », ceux des croyants qui avaient été particulièrement exemplaires et ascétiques. Notons que cette notion se retrouve chez les [[cathares]].


Le bogomilisme était globalement un mouvement rejetant toutes les autorités constituées, les princes comme les Églises, ce qui a contribué au grand engouement populaire qu'il a suscité, et explique aussi l'ampleur des répressions qu'il a subies.
Le bogomilisme était globalement un mouvement rejetant toutes les autorités constituées, les princes comme les Églises, ce qui a contribué au grand engouement populaire qu'il a suscité, et explique aussi l'ampleur des répressions qu'il a subies.
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== Bogomiles et cathares ==
== Bogomiles et cathares ==
[[Fichier:Bogomilist expansion.svg|thumb|upright 1.5|Expansion possible des doctrines dites pauliciennes, bogomiles et cathares.]]
[[Fichier:Bogomilist expansion.svg|thumb|upright 1.5|Expansion possible des doctrines dites pauliciennes, bogomiles et cathares.]]
L'idée que les bogomiles, eux-mêmes inspirés par les [[Paulicianisme|pauliciens]] d'[[Histoire de l'Anatolie|Anatolie]], sont à l'origine des mouvements [[Pataria|patarin]] et [[Catharisme|cathare]], est souvent évoquée en raison de la proximité doctrinale entre ces divers mouvements. Mais, en s'appuyant sur l'absence de preuve documentaire irréfutable, des études plus récentes ont mis en cause cette idée, et le catharisme est désormais décrit, en France, comme un mouvement occidental apparu indépendamment à la fin du {{s-|XII}}<ref>{{Article |langue=fr|prénom1=Vincent|nom1=Challet|titre=Jean-Louis Biget, Hérésie et inquisition dans le midi de la France|périodique=Cahiers de recherches médiévales et humanistes. Journal of medieval and humanistic studies|date=2008-09-18 |issn=2115-6360 |lire en ligne=http://journals.openedition.org/crm/3082 |consulté le=2020-12-22 }}</ref>{{,}}<ref>{{Chapitre|auteur1=|prénom1=Jean-Louis|nom1=Biget|titre chapitre=Un phénomène occidental|titre ouvrage=Biget, Hérésie et inquisition dans le Midi de la France|éditeur=|année=|date=2007|isbn=|lire en ligne=https://www.cairn.info/heresie-et-inquisition-dans-le-midi-de-la-france--9782708408036-page-63.htm|consulté le=2020-12-22|passage=63–105}}</ref>.
Malgré l'absence de preuve documentaire irréfutable, l'idée que les bogomiles, eux-mêmes inspirés par les [[Paulicianisme|pauliciens]] d'[[Histoire de l'Anatolie|Anatolie]], sont à l'origine des mouvements [[Pataria|patarin]] et [[Catharisme|cathare]], est souvent évoquée en raison de la proximité doctrinale entre ces divers mouvements. D'ailleurs, l'historiographie officielle de la [[Bosnie-Herzégovine]] utilise le terme « patarins » pour désigner les bogomiles<ref>Par exemple, le terme « patarins » désigne les bogomiles sur les cartels du [[Musée national de Bosnie-Herzégovine]] à [[Sarajevo]].</ref>. Sous l'impulsion du monastère de [[Preslav]], la doctrine bogomile apparaît à la fin du {{s-|X|e}} en [[Histoire de la Bulgarie|Bulgarie]] et [[Macédoine (région)|Macédoine]] , d'où elle s'est étendue vers l'Ouest en [[Serbie]] et [[Bosnie]] et vers le Sud-Est parmi les moines de [[Constantinople]]. Il est aujourd'hui établi que les bogomiles ont envoyé des missionnaires vers l'Europe de l'Ouest, par exemple le voyage du patriarche bulgare Nikita (Nicétas) qui préside en 1167 le « concile cathare » de Saint-Félix-de-Caraman (aujourd'hui Saint-Félix-de-Lauragais). Rien ne permet de dire s'ils ont fondé le mouvement cathare, mais les relations entre bogomiles et cathares ont constitué une composante importante de l'histoire de la [[Occident chrétien|chrétienté médiévale]] car le bogomilisme, le patarinisme et le catharisme sont des mouvements religieux proches qui ont été déclarés [[Hérésie|hérétiques]] et combattus tant par l'[[Église orthodoxe|Église byzantine]] que par l'[[Église catholique|Église latine]], séparées depuis le [[schisme de 1054]]. Même en l'absence d'une filiation démontrable, une solidarité de fait a donc pu se constituer entre ces mouvements contemporains, [[Théologie|théologiquement]] proches et pareillement persécutés. Ils se sont pour le moins influencés à travers des échanges réciproques, chacun gardant son autonomie et son originalité propre<ref>Paul Lemerle, ''L'histoire des Pauliciens d'Asie Mineure d'après les sources grecques'', Travaux et Mémoires 5, 1973, p. 1-113 ; Gilbert Dagron, Pierre Riché et André Vauchez (dir.), ''Histoire du christianisme des origines à nos jours'', tome IV : ''Évêques, moines et empereurs (610-1054)'', Paris, Desclée, 1993 (ISBN 2-7189-0614-6), p. 226-232 ; Gérard Chaliand, Sophie Mousset, ''2000 ans de chrétientés : guide historique'', 2000.</ref>.

Par ailleurs, l'historiographie officielle de la [[Bosnie-Herzégovine]] utilise le terme « patarins » pour désigner les bogomiles<ref>Par exemple, le terme « patarins » désigne les bogomiles sur les cartels du [[Musée national de Bosnie-Herzégovine]] à [[Sarajevo]].</ref>. Sous l'impulsion du monastère de [[Preslav]], la doctrine bogomile apparaît à la fin du {{s-|X|e}} en [[Premier Empire bulgare|Bulgarie]] et [[Macédoine (région)|Macédoine]], d'où elle s'est étendue vers l'Ouest en [[Moyen Âge serbe|Serbie]] et [[Bosnie (région)|Bosnie]] et vers le Sud-Est parmi les moines de [[Constantinople]]. L'influence de [[Bogomil]] alla jusqu'à la [[Moscovie]], où le culte de [[Basile le Bienheureux]] serait une allusion historique à {{lien|trad=Basil the Physician|fr=Basile (médecin)|texte=Basile le médecin}} (bogomile exécuté sur le bûcher en 1111) : c'est pourquoi les historiens slaves n'adhèrent pas à l'hypothèse d'un mouvement occidental apparu de manière indépendante et dont les similitudes avec le bogomilisme seraient des coïncidences<ref>Warren Treadgold, {{en}} ''A History of the Byzantine State and Society'', Stanford University Press 1997, pp. 612–29, {{ISBN|978-0-8047-2630-6}}.</ref>{{,}}<ref>Alexander Kazhdan (dir.), ''The Oxford Dictionary of Byzantium'', Oxford University Press 1991, p. 268, {{ISBN|0-19-504652-8}}.</ref>.

Même en l'absence d'une filiation démontrable, une solidarité de fait a pu se constituer entre ces mouvements contemporains et pareillement persécutés. Ils se sont pour le moins influencés à travers des échanges réciproques, chacun gardant son autonomie et son originalité propre<ref>Paul Lemerle, « L'histoire des Pauliciens d'Asie Mineure d'après les sources grecques », ''Travaux et Mémoires'' n° 5, 1973, p. 1-113.</ref>{{,}}<ref>Gilbert Dagron, Pierre Riché et André Vauchez (dir.), ''Histoire du christianisme des origines à nos jours'', tome IV : « Évêques, moines et empereurs (610-1054) », Paris, Desclée, 1993 {{ISBN|2-7189-0614-6}}, p. 226-232</ref>{{,}}<ref>Gérard Chaliand, Sophie Mousset, ''2000 ans de chrétientés : guide historique'', 2000.</ref>. Les historiens slaves pensent même que les bogomiles ont envoyé des missionnaires vers l'Europe de l'Ouest, par exemple le patriarche bulgare Nikita (Nicétas) qui préside en 1167 le « concile cathare » de Saint-Félix-de-Caraman (aujourd'hui Saint-Félix-de-Lauragais). Aucun document ne permet de dire qu'ils ont fondé le mouvement cathare, mais « absence de preuve n'égale pas preuve d'absence » : la proximité [[Théologie|théologique]] entre bogomiles, patarins, cathares et autres mouvements protestataires de la [[Occident chrétien|chrétienté médiévale]], rend les liens entre eux probables.

De nos jours, parmi les [[Bulgares du Banat]], communauté de langue [[bulgare]] mais [[Église catholique|catholique]], certains auteurs, en [[Renaissance bulgare|recherche de leurs racines]], se revendiquent comme les successeurs des Bogomiles médiévaux<ref>[https://dialnet.unirioja.es/servlet/articulo?codigo=6806094 Resumen: Bulgarian historical and linguistic literature has long since adopted the term “Paulicians” to designate Catholic Bulgarians who believed in the Paulician-Bogomil heresy until around the mid-17th century. Today, as was the case ninety years ago, the traditional term “Paulicians” has only a scientific and historical meaning. […] Part of the Catholicized Paulicians subsequently renounced Catholicism and converted to Eastern Orthodox Christianity.]</ref>.


== Bibliographie ==
== Bibliographie ==
=== Sources ===
=== Sources ===
* [[Cosmas le prêtre]], ''Le Traité contre les Bogomiles'' (vers 972), traduction et introduction de Charles Puech et A. Vaillant, Paris, 1945. [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1944_num_21_1_1415]
* [[Cosmas le prêtre]], ''Le Traité contre les Bogomiles'' (vers 972), traduction et introduction de Charles Puech et A. Vaillant, Paris, 1945. [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1944_num_21_1_1415]
* Euthyme de la Péribleptos, ''Lettre contre les Phoundagiagites'' ({{XIe}} s.), édi. G. Ficker, ''Die Phundagiagiten : ein Beitrag zur Ketsergeschichte des byzantinischen Mittelalters'', Leipzig, 1908.
* Euthyme de la Péribleptos, ''Lettre contre les Phoundagiagites'' ({{s-|XI}}), édi. G. Ficker, ''Die Phundagiagiten : ein Beitrag zur Ketsergeschichte des byzantinischen Mittelalters'', Leipzig, 1908.
* [[Euthyme Zigabène]], ''Panoplie dogmatique'' (déb. {{XIIe}} s.). [http://antichita.uniroma2.it/nearhomq/nrq03_rigo.pdf] Texte grec et trad. latine apud Patrologie grecque de Migne t. CXXX, 1865 [https://books.google.fr/books?printsec=frontcover&id=25RBAAAAcAAJ&hl=fr#v=onepage&q&f=false]
* [[Euthyme Zigabène]], ''Panoplie dogmatique'' (déb. {{s-|XII}}). [http://antichita.uniroma2.it/nearhomq/nrq03_rigo.pdf] Texte grec et trad. latine apud Patrologie grecque de Migne t. CXXX, 1865 [https://books.google.fr/books?printsec=frontcover&id=25RBAAAAcAAJ&hl=fr#v=onepage&q&f=false]
* ''Interrogatio Joannis'' ou ''Cène secrète'' ({{XIe}} s.), édi. en latin par F. Benoist, ''Histoire des Albigeois et des Vaudois ou Barbets'', I, Paris, 1691, {{p.|283-296}}. On l'appelle "le catéchisme des bogomiles". Traduction [[René Nelli]] : ''La 'Cène Secrète' ou 'Questions posées par Jean à Jésus-Christ' '', in ''Écritures cathares. La totalité des textes cathares traduits et commentés'', Planète, 1969, {{p.|31-69}} (version de Carcassonne et version de Vienne). Edina Bozoky, ''Le livre secret des cathares, Interrogatio Johannis, apocryphe d'origine bogomile. Édition critique, traduction et commentaire'', Beauchesne, 1980, 244 p.
* ''Interrogatio Joannis'' ou ''Cène secrète'' ({{s-|XI}}), édi. en latin par F. Benoist, ''Histoire des Albigeois et des Vaudois ou Barbets'', I, Paris, 1691, {{p.|283-296}}. On l'appelle « le catéchisme des bogomiles ». Traduction [[René Nelli]] : ''La Cène Secrète ou Questions posées par Jean à Jésus-Christ '', in ''Écritures cathares. La totalité des textes cathares traduits et commentés'', Planète, 1969, {{p.|31-69}} (version de Carcassonne et version de Vienne). Edina Bozoky, ''Le livre secret des cathares, Interrogatio Johannis, apocryphe d'origine bogomile. Édition critique, traduction et commentaire'', Beauchesne, 1980, 244 p.
* ''Vision d'Isaïe'' (texte de la fin du {{Ier}} s. remanié au {{XIIe}} s. en moyen-bulgare, existant dans une version latine du {{XIIe}} s.). [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1963_num_42_1_1811]
* ''Vision d'Isaïe'' (texte de la fin du {{s-|I}} remanié au {{s-|XII}} en moyen-bulgare, existant dans une version latine du {{s-|XII}}). [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1963_num_42_1_1811]


=== Études ===
=== Études ===
* {{article|nom=Dragojlović|prénom=Dragoljub|titre=Dispositions légales concernant les néomanichéens dans les nomocanons Byzantins et Slaves|journal=Balcanica|année=1972|volume=3|pages=135-155|url=https://books.google.com/books?id=KRxpAAAAMAAJ&pg=PA135}}
*{{en}} Dimitri Obolensky, ''The Bogomils. A study in Balkan neo-manicheism'' (1948), Cambridge University Press, 2004, 332 p.
* {{en}} Dimitri Obolensky, ''The Bogomils. A study in Balkan neo-manicheism'' (1948), Cambridge University Press, 2004, 332 p.
* Jordan Ivanov, ''Livres et légendes bogomiles (aux sources du catharisme)'', trad. éd. G.P. Maisonneuve et Larose, 1976, 1995, d’un ouvrage écrit en bulgare en 1925.
* Jordan Ivanov, ''Livres et légendes bogomiles (aux sources du catharisme)'', trad. éd. G.P. Maisonneuve et Larose, 1976, 1995, d’un ouvrage écrit en bulgare en 1925.
* Dimitri Anguelov, ''Le bogomilisme en Bulgarie'', Toulouse, Privat, 130 p.
* O. Bihalji-Merin et A. Benac, Tošo Dabac (photographie), ''L'art des Bogomiles'', éd. originale : Arthaud, 1966
* O. Bihalji-Merin et A. Benac, [[Tošo Dabac]] (photographie), ''L'art des Bogomiles'', éd. originale : Arthaud, 1966
*{{en}} Marian Wenzel, ''Bosnian Style on Tombstone and Metal'', éd. originale : Sarajevo-Publishing (en bosniaque et anglais), 1999.
* Borislav Primov, ''Les Bougres. Histoire du pope bogomile et de ses adeptes'', trad. Monique Ribeyrole, éd. Payot, traduit du bulgare, 1975, 325 p. (éd. originale de Izdatelstvo na Otecest venlja front, janvier 1970).
* {{en}} Marian Wenzel, ''Bosnian Style on Tombstone and Metal'', éd. originale : Sarajevo-Publishing (en bosniaque et anglais), 1999.
* Borislav Primov, ''Les Bougres. Histoire du pope bogomile et de ses adeptes'', trad. Monique Ribeyrole, éd. Payot, traduit du bulgare, 1975, 325 p. (éd. originale de Izdatelstvo na Otecest venlja front, {{date-|janvier 1970}}).
* Thierry Mudry, ''Histoire de la Bosnie-Herzégovine'', Ellipses, 1999.
* Thierry Mudry, ''Histoire de la Bosnie-Herzégovine'', Ellipses, 1999.
*{{en}} Noel Malcolm, ''Bosnia. A short history'', Macmillan Londres, 1994, 1998.
* {{en}} Noel Malcolm, ''Bosnia. A short history'', Macmillan Londres, 1994, 1998.
* {{en}} Octavian Ciobanu, ''The Role of the Vlachs in the Bogomils’ Expansion in the Balkans'', Jurnal of Balkan and Black Sea Studies Year 4, Issue 7, December 2021, pp. 11-32.
*{{it}} Antonio Rigo, ''Monaci esicasti e monaci bogomili. Le accuse di Messalianismo e Bogomilismo rivolte agli esicasti et di problema dei rapporti tra Esicasmo e Bogomilismo'', Florence, 1989.
* {{it}} Antonio Rigo, ''Monaci esicasti e monaci bogomili. Le accuse di Messalianismo e Bogomilismo rivolte agli esicasti et di problema dei rapporti tra Esicasmo e Bogomilismo'', Florence, 1989.
*{{it}} Antonio Rigo, "Il processo del bogomilo Basilio (1099ca); una reconsiderazione", ''Orientalia Christiana Periodica'' 58, 1992, {{p.|185-211}}.
*{{it}} Antonio Rigo, "Il Bogomilismo bizantino in eta paleologa (XIII-XV secolo). Fonti e problemi", ''Rivista di Storia e Letteratura Religiosa'' 32, 1996, {{p.|627-642}}.
* {{it}} Antonio Rigo, ''Il processo del bogomilo Basilio (1099ca); una reconsiderazione'', ''Orientalia Christiana Periodica'' 58, 1992, {{p.|185-211}}.
* {{it}} Antonio Rigo, ''Il Bogomilismo bizantino in eta paleologa (XIII-XV secolo). Fonti e problemi'', ''Rivista di Storia e Letteratura Religiosa'' 32, 1996, {{p.|627-642}}.
*{{en}} Janet et Bernard Hamilton, ''Christian Dualist Heresies in the Byzantine World c 650-c 1405'', Manchester-New York, Manchester University Press, 1998, 300 p.
* {{en}} Janet et Bernard Hamilton, ''Christian Dualist Heresies in the Byzantine World c 650-c 1405'', Manchester-New York, Manchester University Press, 1998, 300 p.
* Théofanis Drakopoulos, ''L'unité du bogomilo-catharisme d'après quatre textes latins analysés à la lumière des sources byzantines'', Thèse de doctorat, Université de Genève, 2010 (https://archive-ouverte.unige.ch/unige:12233)
* Théofanis Drakopoulos, ''L'unité du bogomilo-catharisme d'après quatre textes latins analysés à la lumière des sources byzantines'', Thèse de doctorat, Université de Genève, 2010 (https://archive-ouverte.unige.ch/unige:12233)
* Francesco Zambon, Dissimulation, secret et allégorie dans le dualisme chrétien du Moyen Age: paulicianisme, bogomilisme, catharisme, Annali di Scienze Religiose N.S. 4 (2011), p. 157-189.https://www.academia.edu/11442158/FRANCESCO_ZAMBON_Dissimulation_secret_et_all%C3%A9gorie_dans_le_dualisme_chr%C3%A9tien_du_Moyen_Age_paulicianisme_bogomilisme_catharisme
* Francesco Zambon, [https://www.academia.edu/11442158/FRANCESCO_ZAMBON_Dissimulation_secret_et_all%C3%A9gorie_dans_le_dualisme_chr%C3%A9tien_du_Moyen_Age_paulicianisme_bogomilisme_catharisme ''Dissimulation, secret et allégorie dans le dualisme chrétien du Moyen Âge: paulicianisme, bogomilisme, catharisme''], Annali di Scienze Religiose N.S. 4 (2011), p. 157-189.
* [[Umberto Eco]] dans ''Le Nom de la Rose'', cite à plusieurs reprises les bogomiles.
* [[Umberto Eco]] dans ''[[Le Nom de la rose (roman)|Le Nom de la rose]]'', publié en 1982, cite à plusieurs reprises les bogomiles.

== Notes et références ==
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== Voir aussi ==
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* [[Encratisme]]
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* [[Paulicianisme]]
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* [[Église évangélique vaudoise]] (vers 1170), autour de [[Vaudès]] (1140-1217), dit Pierre Valdo


=== Liens externes ===
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* [http://www.cosmovisions.com/$Bogomiles.htm Les Bogomiles, aspects religieux]
* [http://www.cosmovisions.com/$Bogomiles.htm Les Bogomiles, aspects religieux]
* [http://mani.blogspirit.com/archive/2006/05/27/bogomiles-et-bogomilisme.html Bogomilisme et manichéisme]
* [http://mani.blogspirit.com/archive/2006/05/27/bogomiles-et-bogomilisme.html Bogomilisme et manichéisme]
* [http://www.cinematheque.fr/fr/impressionfichemanifesta.html?Visite_OID=3736b730-0f99-4933-be2f-000000000322 ''Les Bogomiles'', film de [[Maria Koleva (cinéma)|Maria Koleva]] (2007)]
* [http://www.cinematheque.fr/fr/impressionfichemanifesta.html?Visite_OID=3736b730-0f99-4933-be2f-000000000322 ''Les Bogomiles''], film de [[Maria Koleva (cinéma)|Maria Koleva]] (2007)


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Le bogomilisme était un mouvement chrétien hétérodoxe né au Xe siècle, aujourd'hui disparu, dont le nom vient du pope bulgare Bogomil. Il s'est développé en Bulgarie, puis en Serbie et ensuite en Bosnie, influençant une grande partie des Slaves méridionaux. Les empereurs byzantins eurent une attitude ambiguë à son égard, parfois le réprimant, parfois l'utilisant à leur profit. Inspiré par les gnostiques chrétiens et le manichéisme, il fut perçu comme une hérésie et combattu par les Églises nicéennes, romaine et byzantine.

Place du bogomilisme dans le schéma diachronique (non exhaustif) de la diversité des christianismes, selon les points de vue multiconfessionnel (haut)[1] et catholique (bas)[2].

Le mouvement bogomile est fondé par un prêtre orthodoxe bulgare nommé Bogomil (ce qui signifie en vieux slave « que Dieu prend en pitié » ou « qui supplie Dieu »). Il prêche d'abord en Thrace bulgare, où il rencontre un véritable écho populaire. Puis le mouvement se déplace en Bulgarie occidentale, où il connaît un grand succès entre le Xe et le XIIe siècle, notamment auprès du petit peuple, avant de subir les persécutions de l'empereur byzantin Alexis Ier Comnène et du patriarche Michel II Courcouas.

Les bogomiles se déplacent alors vers la Serbie où ils convertissent plusieurs villages et même des villes, jusqu'à la reprise en main par Stefan Nemanja et son frère Saint Sava qui, par une politique d'expropriation, chassent tous les Serbes bogomiles vers la Bosnie où ils sont accueillis par le ban Kulin, et prospèrent sous sa protection entre la fin du XIIe et le début du XIVe siècle. Leur foi est un important facteur dans le développement de la Bosnie comme entité politique, à une époque où celle-ci est sous domination mi-hongroise (à l'ouest), mi-serbe (à l'est). Finalement, le mouvement disparaît peu avant la conquête ottomane, mais les historiens slaves musulmans affirment que c'est le substrat religieux bogomile qui a favorisé la conversion à l'islam d'une partie des Slaves des Balkans (Pomaks, Goranes ou Bosniaques) et d'une partie des Valaques (les Moglénites)[3]. Les historiens slaves chrétiens, pour leur part, affirment que la principale motivation des conversions était la possibilité d'échapper au haraç (la double-capitation sur les chrétiens) et à l’otmitsa detchaka (le recrutement forcé des garçons pour en faire des janissaires)[4].

Il existe dans tous les Balkans, et en particulier en Bosnie, de nombreuses pierres tombales appelées stećci et décorées de symboles interprétés comme gnostiques et initiatiques : ces stèles sont attribuées, notamment par les historiens slaves musulmans, aux Bogomiles[5], tandis que d'autres historiens les attribuent aux Valaques[6],[7].

L'historiographie slave musulmane affirme que les bogomiles n'ont pas disparu : selon son point de vue, l’Éloge de Palamas composé peu de temps après la mort de Grégoire Palamas par son disciple et ami Philothée Kokkinos, patriarche de Constantinople, laisse entrevoir que les partisans de Palamas auraient été bogomiles ou influencés par le bogomilisme, dont une résurgence importante se serait manifestée à Thessalonique et au mont Athos au milieu du XIVe siècle où un grand procès eut lieu au Prôtaton (en) de l'Athos en 1344. Une trentaine de moines de Laure, Ibéron et Chilandar furent alors expulsés de l'Athos ; certains se réfugièrent en Bulgarie où ils furent jugés en 1350 à Trnovo.

En fait, des accusations de bogomilisme furent utilisées pendant des années dans les controverses dogmatiques entre dignitaires ecclésiastiques et contre les partisans de Palamas notamment. Cela n'implique pas que les accusés ait été réellement bogomiles. En effet, les empereurs byzantins eux-mêmes ont été ambigus face au bogomilisme. Certains l'ont réprimé, puisque son idéologie rejette les autorités constituées et donc la hiérarchie ecclésiastique. D'autres ont retourné cette défiance envers les hiérarques ecclésiastiques contre la prétention de primauté de l'Église de Rome. Lorsqu'elle s'est trouvée en contact avec le bogomilisme (en Dalmatie) et avec son homologue cathare (en France), l'Église de Rome a considéré ces mouvements de foi comme des hérésies et les a persécutés et anéantis.

Concile contre le bogomilisme, organisé par Stefan Nemanja : fresque de 1290.

Comme beaucoup d'hérésies persécutées avec efficacité, la doctrine bogomile nous est connue à travers les dénonciations de ses opposants, en particulier le Traité contre les Bogomiles du prêtre Cosmas, composé vers la fin du Xe siècle. On attribue aux bogomiles une riche littérature apocryphe puisant ses sujets dans les légendes hébraïques et chrétiennes. Un ouvrage bogomile apocryphe résumant leur doctrine, Le Livre secret, nous est parvenu dans sa traduction latine, par l'intermédiaire des Albigeois.

Le bogomilisme peut se définir comme un christianisme hétérodoxe, inspiré par le gnosticisme chrétien, le manichéisme et le paulicianisme. Le bogomilisme est dualiste : pour lui le monde est gouverné par deux principes, le Bien et le Mal, Dieu et le Diable. Tout le monde matériel, y compris le corps, est considéré comme l'œuvre du Diable, et donc voué au Mal. Seule l'âme est l'œuvre de Dieu. En conséquence, ils rejettent les rapports sexuels, le mariage, et menaient une vie ascétique, s'abstenant en général de manger de la viande et de boire du vin.

Les bogomiles rejettent l'Ancien Testament, et étudient seulement les Évangiles, en particulier celui de Jean, les Actes des Apôtres et les Épîtres de Paul. Ils rejetaient l'Église, considérée comme appartenant au Monde (et donc au Diable), l'accusant d'être corrompue. Ils rejettent aussi les sacrements. La prière était considérée comme une activité avant tout personnelle. Les bogomiles reconnaissent cependant des guides spirituels, les « Parfaits », ceux des croyants qui avaient été particulièrement exemplaires et ascétiques. Notons que cette notion se retrouve chez les cathares.

Le bogomilisme était globalement un mouvement rejetant toutes les autorités constituées, les princes comme les Églises, ce qui a contribué au grand engouement populaire qu'il a suscité, et explique aussi l'ampleur des répressions qu'il a subies.

Bogomiles et cathares

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Expansion possible des doctrines dites pauliciennes, bogomiles et cathares.

L'idée que les bogomiles, eux-mêmes inspirés par les pauliciens d'Anatolie, sont à l'origine des mouvements patarin et cathare, est souvent évoquée en raison de la proximité doctrinale entre ces divers mouvements. Mais, en s'appuyant sur l'absence de preuve documentaire irréfutable, des études plus récentes ont mis en cause cette idée, et le catharisme est désormais décrit, en France, comme un mouvement occidental apparu indépendamment à la fin du XIIe siècle[8],[9].

Par ailleurs, l'historiographie officielle de la Bosnie-Herzégovine utilise le terme « patarins » pour désigner les bogomiles[10]. Sous l'impulsion du monastère de Preslav, la doctrine bogomile apparaît à la fin du Xe siècle en Bulgarie et Macédoine, d'où elle s'est étendue vers l'Ouest en Serbie et Bosnie et vers le Sud-Est parmi les moines de Constantinople. L'influence de Bogomil alla jusqu'à la Moscovie, où le culte de Basile le Bienheureux serait une allusion historique à Basile le médecin (en) (bogomile exécuté sur le bûcher en 1111) : c'est pourquoi les historiens slaves n'adhèrent pas à l'hypothèse d'un mouvement occidental apparu de manière indépendante et dont les similitudes avec le bogomilisme seraient des coïncidences[11],[12].

Même en l'absence d'une filiation démontrable, une solidarité de fait a pu se constituer entre ces mouvements contemporains et pareillement persécutés. Ils se sont pour le moins influencés à travers des échanges réciproques, chacun gardant son autonomie et son originalité propre[13],[14],[15]. Les historiens slaves pensent même que les bogomiles ont envoyé des missionnaires vers l'Europe de l'Ouest, par exemple le patriarche bulgare Nikita (Nicétas) qui préside en 1167 le « concile cathare » de Saint-Félix-de-Caraman (aujourd'hui Saint-Félix-de-Lauragais). Aucun document ne permet de dire qu'ils ont fondé le mouvement cathare, mais « absence de preuve n'égale pas preuve d'absence » : la proximité théologique entre bogomiles, patarins, cathares et autres mouvements protestataires de la chrétienté médiévale, rend les liens entre eux probables.

De nos jours, parmi les Bulgares du Banat, communauté de langue bulgare mais catholique, certains auteurs, en recherche de leurs racines, se revendiquent comme les successeurs des Bogomiles médiévaux[16].

Bibliographie

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  • Cosmas le prêtre, Le Traité contre les Bogomiles (vers 972), traduction et introduction de Charles Puech et A. Vaillant, Paris, 1945. [2]
  • Euthyme de la Péribleptos, Lettre contre les Phoundagiagites (XIe siècle), édi. G. Ficker, Die Phundagiagiten : ein Beitrag zur Ketsergeschichte des byzantinischen Mittelalters, Leipzig, 1908.
  • Euthyme Zigabène, Panoplie dogmatique (déb. XIIe siècle). [3] Texte grec et trad. latine apud Patrologie grecque de Migne t. CXXX, 1865 [4]
  • Interrogatio Joannis ou Cène secrète (XIe siècle), édi. en latin par F. Benoist, Histoire des Albigeois et des Vaudois ou Barbets, I, Paris, 1691, p. 283-296. On l'appelle « le catéchisme des bogomiles ». Traduction René Nelli : La Cène Secrète ou Questions posées par Jean à Jésus-Christ , in Écritures cathares. La totalité des textes cathares traduits et commentés, Planète, 1969, p. 31-69 (version de Carcassonne et version de Vienne). Edina Bozoky, Le livre secret des cathares, Interrogatio Johannis, apocryphe d'origine bogomile. Édition critique, traduction et commentaire, Beauchesne, 1980, 244 p.
  • Vision d'Isaïe (texte de la fin du Ier siècle remanié au XIIe siècle en moyen-bulgare, existant dans une version latine du XIIe siècle). [5]
  • Dragoljub Dragojlović, « Dispositions légales concernant les néomanichéens dans les nomocanons Byzantins et Slaves », Balcanica, vol. 3,‎ , p. 135-155 (lire en ligne)
  • (en) Dimitri Obolensky, The Bogomils. A study in Balkan neo-manicheism (1948), Cambridge University Press, 2004, 332 p.
  • Jordan Ivanov, Livres et légendes bogomiles (aux sources du catharisme), trad. éd. G.P. Maisonneuve et Larose, 1976, 1995, d’un ouvrage écrit en bulgare en 1925.
  • Dimitri Anguelov, Le bogomilisme en Bulgarie, Toulouse, Privat, 130 p.
  • O. Bihalji-Merin et A. Benac, Tošo Dabac (photographie), L'art des Bogomiles, éd. originale : Arthaud, 1966
  • (en) Marian Wenzel, Bosnian Style on Tombstone and Metal, éd. originale : Sarajevo-Publishing (en bosniaque et anglais), 1999.
  • Borislav Primov, Les Bougres. Histoire du pope bogomile et de ses adeptes, trad. Monique Ribeyrole, éd. Payot, traduit du bulgare, 1975, 325 p. (éd. originale de Izdatelstvo na Otecest venlja front, ).
  • Thierry Mudry, Histoire de la Bosnie-Herzégovine, Ellipses, 1999.
  • (en) Noel Malcolm, Bosnia. A short history, Macmillan Londres, 1994, 1998.
  • (en) Octavian Ciobanu, The Role of the Vlachs in the Bogomils’ Expansion in the Balkans, Jurnal of Balkan and Black Sea Studies Year 4, Issue 7, December 2021, pp. 11-32.
  • (it) Antonio Rigo, Monaci esicasti e monaci bogomili. Le accuse di Messalianismo e Bogomilismo rivolte agli esicasti et di problema dei rapporti tra Esicasmo e Bogomilismo, Florence, 1989.
  • (it) Antonio Rigo, Il processo del bogomilo Basilio (1099ca); una reconsiderazione, Orientalia Christiana Periodica 58, 1992, p. 185-211.
  • (it) Antonio Rigo, Il Bogomilismo bizantino in eta paleologa (XIII-XV secolo). Fonti e problemi, Rivista di Storia e Letteratura Religiosa 32, 1996, p. 627-642.
  • (en) Janet et Bernard Hamilton, Christian Dualist Heresies in the Byzantine World c 650-c 1405, Manchester-New York, Manchester University Press, 1998, 300 p.
  • Théofanis Drakopoulos, L'unité du bogomilo-catharisme d'après quatre textes latins analysés à la lumière des sources byzantines, Thèse de doctorat, Université de Genève, 2010 (https://archive-ouverte.unige.ch/unige:12233)
  • Francesco Zambon, Dissimulation, secret et allégorie dans le dualisme chrétien du Moyen Âge: paulicianisme, bogomilisme, catharisme, Annali di Scienze Religiose N.S. 4 (2011), p. 157-189.
  • Umberto Eco dans Le Nom de la rose, publié en 1982, cite à plusieurs reprises les bogomiles.

Notes et références

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  1. Walter Bauer (en) Orthodoxy and Heresy in Earliest Christianity, Sigler Press 1996 (ISBN 978-0-9623642-7-3) & Adolf von Harnack Histoire des dogmes, Cerf 1993 (ISBN 978-2-204-04956-6) (point de vue partagé par le Conseil œcuménique des églises).
  2. George Herbermann, (en) Catholic Encyclopaedia & Michel Le Quien Oriens Christianus, Typographia Regia, 1740 (point de vue de la théologie catholique).
  3. (en) Arthur Evans, Through Bosnia and the Herzegovina on Foot During the Insurrection, August and September 1875, Nabu Press, , 435 p. (ISBN 978-1146356930, lire en ligne), p.40-42
  4. Barbara Jelavich, (en) History of the Balkans, Cambridge University Press, 1983.
  5. Marian Wenzel, (en) Bosnian and Herzegovinian Tombstobes-Who Made Them and Why? (« Stèles de Bosnie-Herzégovine : qui les a faites et pourquoi ? »), Sudost-Forschungen 21(1962): 102-143
  6. Ante Milošević, (hr) Stećci i Vlasi: Stećci i vlaške migracije 14. i 15. stoljeća u Dalmaciji i jugozapadnoj Bosni (Les Stećci et les Valaques : migrations aux XIVe et XVe siècles en Dalmatie et Bosnie du sud-ouest, Zagreb 1991.
  7. Ivan Mužić, Vlasi i starobalkanska pretkršćanska simbolika jelena na stećcima in « Starohrvatska prosvjeta », éd. du Musée croate des monuments archéologiques, vol. III, n° 36, Split 2009, pp. 315–349 : [1].
  8. Vincent Challet, « Jean-Louis Biget, Hérésie et inquisition dans le midi de la France », Cahiers de recherches médiévales et humanistes. Journal of medieval and humanistic studies,‎ (ISSN 2115-6360, lire en ligne, consulté le )
  9. Jean-Louis Biget, « Un phénomène occidental », dans Biget, Hérésie et inquisition dans le Midi de la France, (lire en ligne), p. 63–105
  10. Par exemple, le terme « patarins » désigne les bogomiles sur les cartels du Musée national de Bosnie-Herzégovine à Sarajevo.
  11. Warren Treadgold, (en) A History of the Byzantine State and Society, Stanford University Press 1997, pp. 612–29, (ISBN 978-0-8047-2630-6).
  12. Alexander Kazhdan (dir.), The Oxford Dictionary of Byzantium, Oxford University Press 1991, p. 268, (ISBN 0-19-504652-8).
  13. Paul Lemerle, « L'histoire des Pauliciens d'Asie Mineure d'après les sources grecques », Travaux et Mémoires n° 5, 1973, p. 1-113.
  14. Gilbert Dagron, Pierre Riché et André Vauchez (dir.), Histoire du christianisme des origines à nos jours, tome IV : « Évêques, moines et empereurs (610-1054) », Paris, Desclée, 1993 (ISBN 2-7189-0614-6), p. 226-232
  15. Gérard Chaliand, Sophie Mousset, 2000 ans de chrétientés : guide historique, 2000.
  16. Resumen: Bulgarian historical and linguistic literature has long since adopted the term “Paulicians” to designate Catholic Bulgarians who believed in the Paulician-Bogomil heresy until around the mid-17th century. Today, as was the case ninety years ago, the traditional term “Paulicians” has only a scientific and historical meaning. [… Part of the Catholicized Paulicians subsequently renounced Catholicism and converted to Eastern Orthodox Christianity.]

Articles connexes

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Liens externes

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