[go: up one dir, main page]

Aller au contenu

« Affaire Mohammed al-Durah » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
Oudeis1 (discuter | contributions)
→‎Visionnage de l'enregistrement original : Je ne suis pas intéressé par le terme "mise en scène" - je le remplace par d'autres termes utilisés par Jeambar/Leconte
Oudeis1 (discuter | contributions)
Remise d'une phrase dans le paragraphe correspondant + ajout d'un paragraphe spécifique pour des éléments sans rapport celui dans lequel ils étaient.
Ligne 23 : Ligne 23 :


Karsenty met ainsi en doute l'authenticité du reportage d'Enderlin. France 2 affirma en retour que les images sont authentiques, que l’enfant est bien mort et que l’ensemble de la bande filmée le prouve, mais que l’intensité dramatique de la scène d’agonie interdit déontologiquement sa diffusion complète<ref>{{article|prénom1=Guillaume|nom1=Weill-Raynal|titre=Retour sur l'« affaire Enderlin »|sous-titre=Guet-apens dans la guerre des images ou harcèlement dans la diffamation ?|périodique=Revue internationale et stratégique|pages=187–194|ISBN=2-247-06251-2|titre numéro=La société française et le conflit israélo-palestinien|numéro=58|année=2005|mois=été|url=http://www.cairn.info/revue-internationale-et-strategique-2005-2-p-187.htm|éditeur=[[Dalloz]] et [[Institut de relations internationales et stratégiques|IRIS]]|ISSN=1287-1672}}.</ref>.
Karsenty met ainsi en doute l'authenticité du reportage d'Enderlin. France 2 affirma en retour que les images sont authentiques, que l’enfant est bien mort et que l’ensemble de la bande filmée le prouve, mais que l’intensité dramatique de la scène d’agonie interdit déontologiquement sa diffusion complète<ref>{{article|prénom1=Guillaume|nom1=Weill-Raynal|titre=Retour sur l'« affaire Enderlin »|sous-titre=Guet-apens dans la guerre des images ou harcèlement dans la diffamation ?|périodique=Revue internationale et stratégique|pages=187–194|ISBN=2-247-06251-2|titre numéro=La société française et le conflit israélo-palestinien|numéro=58|année=2005|mois=été|url=http://www.cairn.info/revue-internationale-et-strategique-2005-2-p-187.htm|éditeur=[[Dalloz]] et [[Institut de relations internationales et stratégiques|IRIS]]|ISSN=1287-1672}}.</ref>.

En octobre 2006, la 17{{e}} chambre du [[Tribunal correctionnel (France)|tribunal correctionnel]] de Paris a condamné pour [[diffamation]] publique le directeur du site Web Media-Ratings, Phillippe Karsenty. Ayant interjeté appel de cette condamnation, Philippe Karsenty a été [[relaxe|relaxé]] par la [[Cour d’appel de Paris]] le 21 mai 2008. France 2 et Charles Enderlin se sont depuis pourvus en cassation.


=== Visionnage de l'enregistrement original ===
=== Visionnage de l'enregistrement original ===
[[Fichier:Durrah-map-en.svg|thumb|350px|Diagramme montrant les partis en présence lors du drame. Ce dessin est extrait de la déclaration écrite sous serment par le cameraman de Framce 2, Talal Abu Rahma, à [[Raji Sourani]], avocat à Gaza, et enregistrée le {{date|3|octobre|2000}}. Source: Palestinian Centre for Human Rights<ref name=AbuRahmaaffidavit>Abu Rahma, Talal. [http://www.pchrgaza.ps/special/tv2.htm "Statement under oath by a photographer of France 2 Television"], Palestinian Centre for Human Rights, October 3, 2000.</ref>.]]
[[Fichier:Durrah-map-en.svg|thumb|350px|Diagramme montrant les partis en présence lors du drame. Ce dessin est extrait de la déclaration écrite sous serment par le cameraman de Framce 2, Talal Abu Rahma, à [[Raji Sourani]], avocat à Gaza, et enregistrée le {{date|3|octobre|2000}}. Source: Palestinian Centre for Human Rights<ref name=AbuRahmaaffidavit>Abu Rahma, Talal. [http://www.pchrgaza.ps/special/tv2.htm "Statement under oath by a photographer of France 2 Television"], Palestinian Centre for Human Rights, October 3, 2000.</ref>.]]
Le vendredi {{date|22|octobre|2004}}, suite à de nombreuses pressions, France 2 accepta de diffuser en cercle privé la totalité de la cassette à trois journalistes : Daniel Leconte d'Arte et [[Denis Jeambar]], directeur de ''[[l’Express]]'' et [[Luc Rosenzweig]], ancien rédacteur en chef du Monde - les deux premiers ayant été auparavant approchés par [[Luc Rosenzweig]] qui leur avait présenté des éléments allant, selon lui, dans le sens d'un montage opéré par les Palestiniens. Jeambar et Leconte affirmèrent que la {{Guil|fameuse « agonie », qu’Enderlin affirme avoir coupée au montage, n’existe pas}}. Ils témoignèrent également que {{Guil|le visionnage permettait de relever, dans les minutes qui précèdent la fusillade, que les Palestiniens « jouaient » à la guerre avec les Israéliens et simulaient, dans la plupart des cas, des blessures imaginaires}}. Ils indiquèrent enfin que {{Guil|le visionnage intégral des rushes démontre aussi qu’au moment où Charles Enderlin donne le gamin pour mort, tué par les Israéliens, c’est-à-dire le soir même sur le journal de France 2, rien ne lui permet d’affirmer qu’il est vraiment mort et encore moins qu’il a été tué par des soldats israéliens. Tout, bien au contraire, à commencer par l’emplacement des uns et des autres sur le terrain, incriminerait plutôt une ou des balles palestiniennes.}}. Par ailleurs, ils s'estiment instrumentalisés du fait que Luc Rosenzweig ait publié un article sur ce visionnage sans les avoir informés. En conclusion, Jeambar et Leconte expliquent qu'ils ne soutiennent pas les conclusions de la thèse portée par Rosenzweig et la Ména, affirmant : {{Guil|à ceux qui, comme la Mena, ont voulu nous instrumentaliser pour étayer la thèse de la mise en scène de la mort de l’enfant par des Palestiniens, nous disons qu’ils nous trompent et qu’ils trompent leurs lecteurs. Non seulement nous ne partageons pas ce point de vue, mais nous affirmons qu’en l’état actuel de notre connaissance du dossier, rien ne permet de l’affirmer, bien au contraire}}<ref>D. Jeambar & Daniel Leconte, ''Guet-apens dans la guerre des images'', Le Figaro, 15/10/2007, [http://www.lefigaro.fr/debats/2006/10/19/01005-20061019ARTWWW90323-guet_apens_dans_la_guerre_des_images.php disponible en ligne]</ref><ref name="Haaretz"/> <ref>World Politics Review, ''France: The Al-Dura Defamation Case and the End of Free Speech'', 03/11/2006 [http://www.worldpoliticsreview.com/article.aspx?id=312]</ref><ref>Doreen Carvajal, ''The mysteries of an iconic video frame'', The New York Times, 07/02/2005 [http://www.nytimes.com/2005/02/06/business/worldbusiness/06iht-video07.html?pagewanted=2&_r=1]</ref>. Le {{date|18|novembre|2004}}, suite à l’extension de la polémique, et pour prouver la bonne foi de M. Enderlin et de son cameraman, [[Arlette Chabot]] projeta leur reportage tel qu’il avait été diffusé sur la chaîne ainsi qu’un autre reportage tourné au même moment, mais sous un autre angle, par l’agence ''Associated Press''. On montra aussi des images du cadavre de l’enfant à la morgue, ainsi que des images récentes du père de l’enfant montrant ses cicatrices. France 2 maintient sa position et annonce également avoir porté {{guil|plainte contre X}} pour [[diffamation]]<ref>[http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/culture/20041119.OBS1928/accusee-de-bidonnage-france-2-porte-plainte.html Accusée de bidonnage, France 2 porte plainte, nouvel Obs.com, 26 novembre 2004]</ref>. Selon la rédaction de France 2, les deux séquences prouvent qu’une « mise en scène » est hautement improbable. France 2 a par ailleurs effectué une comparaison entre les photos de l’enfant prises à la morgue avec ses blessures au visage et les arrêts sur image de son visage lors de la fusillade. {{Guil|Il s’agit bien du même enfant et nous sommes prêts à livrer ses photos pour une expertise officielle}}, a souligné Arlette Chabot<ref> Une photo du cadavre de Mohammed Al-Durah à la morgue est disponible [http://desourcesure.com/uploadv3/enderlin12.jpg ici], extraite de [http://desourcesure.com/guerreterrorisme/2008/07/laffaire_aldura.php cet article]</ref>.
Le vendredi {{date|22|octobre|2004}}, suite à de nombreuses pressions, France 2 accepta de diffuser en cercle privé la totalité de la cassette à trois journalistes : Daniel Leconte d'Arte et [[Denis Jeambar]], directeur de ''[[l’Express]]'' et [[Luc Rosenzweig]], ancien rédacteur en chef du Monde - les deux premiers ayant été auparavant approchés par [[Luc Rosenzweig]] qui leur avait présenté des éléments allant, selon lui, dans le sens d'un montage opéré par les Palestiniens. Jeambar et Leconte affirmèrent que la {{Guil|fameuse « agonie », qu’Enderlin affirme avoir coupée au montage, n’existe pas}}. Ils témoignèrent également que {{Guil|le visionnage permettait de relever, dans les minutes qui précèdent la fusillade, que les Palestiniens « jouaient » à la guerre avec les Israéliens et simulaient, dans la plupart des cas, des blessures imaginaires}}. Ils indiquèrent enfin que {{Guil|le visionnage intégral des rushes démontre aussi qu’au moment où Charles Enderlin donne le gamin pour mort, tué par les Israéliens, c’est-à-dire le soir même sur le journal de France 2, rien ne lui permet d’affirmer qu’il est vraiment mort et encore moins qu’il a été tué par des soldats israéliens. Tout, bien au contraire, à commencer par l’emplacement des uns et des autres sur le terrain, incriminerait plutôt une ou des balles palestiniennes.}}. Par ailleurs, ils s'estiment instrumentalisés du fait que Luc Rosenzweig ait publié un article sur ce visionnage sans les avoir informés. En conclusion, Jeambar et Leconte expliquent qu'ils ne soutiennent pas les conclusions de la thèse portée par Rosenzweig et la Ména, affirmant : {{Guil|à ceux qui, comme la Mena, ont voulu nous instrumentaliser pour étayer la thèse de la mise en scène de la mort de l’enfant par des Palestiniens, nous disons qu’ils nous trompent et qu’ils trompent leurs lecteurs. Non seulement nous ne partageons pas ce point de vue, mais nous affirmons qu’en l’état actuel de notre connaissance du dossier, rien ne permet de l’affirmer, bien au contraire}}<ref>D. Jeambar & Daniel Leconte, ''Guet-apens dans la guerre des images'', Le Figaro, 15/10/2007, [http://www.lefigaro.fr/debats/2006/10/19/01005-20061019ARTWWW90323-guet_apens_dans_la_guerre_des_images.php disponible en ligne]</ref><ref name="Haaretz"/> <ref>World Politics Review, ''France: The Al-Dura Defamation Case and the End of Free Speech'', 03/11/2006 [http://www.worldpoliticsreview.com/article.aspx?id=312]</ref><ref>Doreen Carvajal, ''The mysteries of an iconic video frame'', The New York Times, 07/02/2005 [http://www.nytimes.com/2005/02/06/business/worldbusiness/06iht-video07.html?pagewanted=2&_r=1]</ref>.
=== Les blessures de Jamal Al Dura ===
Le {{date|18|novembre|2004}}, suite à l’extension de la polémique, et pour prouver la bonne foi de M. Enderlin et de son cameraman, [[Arlette Chabot]] projeta leur reportage tel qu’il avait été diffusé sur la chaîne ainsi qu’un autre reportage tourné au même moment, mais sous un autre angle, par l’agence ''Associated Press''. On montra aussi des images du cadavre de l’enfant à la morgue, ainsi que des images récentes du père de l’enfant montrant ses cicatrices. France 2 maintient sa position et annonce également avoir porté {{guil|plainte contre X}} pour [[diffamation]]<ref>[http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/culture/20041119.OBS1928/accusee-de-bidonnage-france-2-porte-plainte.html Accusée de bidonnage, France 2 porte plainte, nouvel Obs.com, 26 novembre 2004]</ref>. Selon la rédaction de France 2, les deux séquences prouvent qu’une « mise en scène » est hautement improbable. France 2 a par ailleurs effectué une comparaison entre les photos de l’enfant prises à la morgue avec ses blessures au visage et les arrêts sur image de son visage lors de la fusillade. {{Guil|Il s’agit bien du même enfant et nous sommes prêts à livrer ses photos pour une expertise officielle}}, a souligné Arlette Chabot<ref> Une photo du cadavre de Mohammed Al-Durah à la morgue est disponible [http://desourcesure.com/uploadv3/enderlin12.jpg ici], extraite de [http://desourcesure.com/guerreterrorisme/2008/07/laffaire_aldura.php cet article]</ref>.


En octobre 2006, la 17{{e}} chambre du [[Tribunal correctionnel (France)|tribunal correctionnel]] de Paris a condamné pour [[diffamation]] publique le directeur du site Web Media-Ratings, Phillippe Karsenty. Ayant interjeté appel de cette condamnation, Philippe Karsenty a été [[relaxe|relaxé]] par la [[Cour d’appel de Paris]] le 21 mai 2008. France 2 et Charles Enderlin se sont depuis pourvus en cassation.


Les images montraient les cicatrices de Jamal al-Durah, le père de Mohammed al-Durah, le jour de la mort de son fils. Ces images furent elles aussi contestées, et les promoteurs de la version d'une "mise en scène" affirmèrent que le père du petit Mohammed n'avait pas été blessé. Pour répondre à ces accusations, France2 montra un autre reportage de la télévision jordanienne, tourné le {{date|1|octobre|2000}} à l’hôpital militaire Al Hussein à Amman, montrant le prince Abdallah rendant visite au père du jeune Mohamed, transporté en Jordanie pour y subir plusieurs opérations. De plus, France 2 demanda au cameraman Talal Hassan Abu Rahma d’aller interviewer Jamal Al Dura à Gaza, où il vit toujours. Montrant sa carte d’identité pour bien se faire identifier, l’homme accepta de se déshabiller devant la caméra pour montrer que ses cicatrices correspondaient bien à l'emplacement de ses blessures filmées sur son lit d’hôpital. Selon la thèse de la Ména, citant le D{{r}} Yehouda David<ref>[http://www.menapress.com/article.php?sid=1928]</ref> et Philippe Karsenty<ref>[http://fr.jpost.com/servlet/Satellite?apage=3&cid=1233050185031&pagename=JFrench%2FJPArticle%2FShowFull]</ref> ces cicatrices correspondraient à des blessures par hache de 1992 que le docteur aurait soignées.
Les images montraient les cicatrices de Jamal al-Durah, le père de Mohammed al-Durah, le jour de la mort de son fils. Ces images furent elles aussi contestées, et les promoteurs de la version d'une "mise en scène" affirmèrent que le père du petit Mohammed n'avait pas été blessé. Pour répondre à ces accusations, France2 montra un autre reportage de la télévision jordanienne, tourné le {{date|1|octobre|2000}} à l’hôpital militaire Al Hussein à Amman, montrant le prince Abdallah rendant visite au père du jeune Mohamed, transporté en Jordanie pour y subir plusieurs opérations. De plus, France 2 demanda au cameraman Talal Hassan Abu Rahma d’aller interviewer Jamal Al Dura à Gaza, où il vit toujours. Montrant sa carte d’identité pour bien se faire identifier, l’homme accepta de se déshabiller devant la caméra pour montrer que ses cicatrices correspondaient bien à l'emplacement de ses blessures filmées sur son lit d’hôpital. Selon la thèse de la Ména, citant le D{{r}} Yehouda David<ref>[http://www.menapress.com/article.php?sid=1928]</ref> et Philippe Karsenty<ref>[http://fr.jpost.com/servlet/Satellite?apage=3&cid=1233050185031&pagename=JFrench%2FJPArticle%2FShowFull]</ref> ces cicatrices correspondraient à des blessures par hache de 1992 que le docteur aurait soignées.

Version du 4 avril 2010 à 02:59

Avenue Al Qoods dans le centre de Bamako, Mali. La peinture murale représente une célèbre photo de l'affaire Mohammed al-Durah.

L'affaire Mohammed al-Durah (arabe : محمد الدرة[1]) désigne les controverses générées par la diffusion d'un reportage de France 2 et Charles Enderlin sur la mort d'un enfant arabe palestinien de 12 ans, Mohammed al-Durah, tué par balles alors que son père tentait de le protéger, lors d'échanges de tirs entre les Forces de sécurité palestiniennes et l'armée israélienne, le 30 septembre 2000, au début de la seconde Intifada. Ces controverses, issues d'un petit nombre de personnes, ont donné naissance à une polémique qui va de la contestation de la provenance des balles jusqu’à la remise en cause de l'authenticité du reportage.

Chronologie

30 septembre 2000

Le , deux jours après la visite d'Ariel Sharon sur l'Esplanade des mosquées et deuxième jour de l’« Intifada Al-Aqsa », des journalistes de Reuters, d'AP, de la NHK, ainsi que Talal Hassan Abu Rahma, cameraman palestinien de France 2, ont pris place au carrefour de Netzarim, dans la Bande de Gaza[2]. Talal Hassan Abu Rahma filme par intermittence les manifestants, pendant toute la matinée, puis, l'après midi, les échanges de feux et enregistre sur sa caméra, à quelques mètres de lui, l'enfant Mohammed al-Durah atteint par des balles alors qu'il se blotissait dans les bras de son père[2]. Le vidéaste palestinien fait parvenir ses images à Charles Enderlin, qui était au bureau de France 2 à Jérusalem. Celui-ci prend contact avec le service de presse de l'armée israélienne pour l'informer de la gravité des images détenues. Il n'obtient pas de réponse[2]. Les équipes de France 2 transmettent ensuite gratuitement à d'autres équipes de télévision, selon des accords standards entre chaînes[3], le reportage de Abu Rahma et du journaliste Charles Enderlin présentant la mort d'un enfant dans les bras de son père. France 2 diffuse pour sa part, le soir où les événements eurent lieu, et après accord de la rédaction de Paris, un reportage sur le drame, commenté par Charles Enderlin.

Premières réactions

Ces images font rapidement le tour de la planète et, dans le contexte de l'Intifada, suscitent une émotion considérable. L'armée israélienne reconnaît dans un premier temps sa responsabilité, et publie des excuses officielles : le général Giora Eiland déclare à la BBC le 3 octobre que « les tirs venaient apparemment des soldats israéliens postés à Netzarim », répète ces propos sur CNN (« apparemment, l’enfant a été tué par l’armée israélienne »), et dit également : « Autant que nous puissions savoir, l’enfant a été touché par nos tirs » (cité par Haaretz le 25 janvier 2002)[2]. Ces propos sont ensuite confirmés par le général Moshe Ya’alon[2].

Contestations

La montée des réactions provoquées par les images et la crainte de leur possible instrumentalisation, écrit Hervé Deguine[2], conduisent l'armée à revenir sur ses positions. Une reconstitution de la scène aurait permis de jeter une lumière sur les différentes hypothèses, mais la démolition du site par l'armée empêchera à tout jamais la conduite d'une enquête sérieuse[2] car selon Bernie Schechter, un expert en balistique israélien, cette destruction « élimine 95 % des éléments matériels nécessaires à une preuve » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique[4].

C'est alors que des contre-réactions s'organisent. La première provient de Nahum Shahaf, physicien, qui dirige une petite entreprise travaillant pour l’armée. Nahum Shahaf avait, quelques années plus tôt, contesté l’authenticité du film vidéo amateur établissant la responsabilité d’Ygal Amir dans l’assassinat d’Yitzhak Rabin en 1995. Le 19 octobre, il prend contact avec le général Yom Tov Samia et tente de le persuader de la non-responsabilité de l'armée. Selon Hervé Deguine[2] l'enquête de Shahaf est « totalement approximative, ne reposant sur aucune base scientifique - nul expert en balistique n’est convié à y participer - » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique. Shahaf est aidé par Yossef Duriel, un proche de Moshe Feiglin, extrémiste du Likoud condamné pour « sédition » à l’époque de l’assassinat de Rabin. Le surlendemain de la mort de Mohamed Al-Dura, il écrit une lettre au quotidien israélien Haaretz, dans laquelle il affirme avant même de se livrer à l’examen des faits : « L’armée doit dire que les Palestiniens ont tué l’enfant à des fins de propagande. » Le général Samia le met à l’écart de l’enquête. Pour Hervé Deguine, « censée établir l’innocence de l’armée, la reconstitution organisée par Shahaf la ridiculise » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique. La chaîne américaine CBS, bénéficiant d'une exclusivité sur l'affaire, produit un documentaire, jugé accablant par le journal Haaretz qui titre : « L’armée se tire une balle dans le pied. »[2] . Le 27 novembre, le général Yom Tov Samia convoque une conférence de presse durant laquelle il essaie d'utiliser le travail de Shahaf et Duriel, mais Shaul Mofaz, chef d'état major des armées, prend ses distances « en révélant que l’équipe enquêtant sur les circonstances de la mort de Mohamed Al-Dura a été constituée à l’initiative personnelle du général Samia, et non sur requête officielle » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique[2].

L'affaire connait un rebondissement important en France. Claude Lanzmann s'exprimeà propos du preneur d'images palestinien dans le journal Le Monde, et écrivit qu'à son avis, on ne pouvait prendre en compte la version d'un « journaliste arabe » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique[5]. Ensuite, France 2 est soumise à des pressions pour qu'elle diffuse un documentaire d'Esther Schapira produit pour la chaîne de télévision allemande ARD, « Trois balles et un enfant mort »[6] qui reprend l’essentiel des thèses de Shahaf et Duriel : le , dans un climat de surexcitation, la Ligue de défense juive, organisation dirigée par Pierre Lurçat, interdite en Israël et décrite comme extrémiste voire violente [2] une manifestation (désavouée par le CRIF) sous les fenêtres de France 2, faisant suite à un « Prix Goebbels » attribué en mars à France 2 et l'AFP par cette Ligue. Charles Enderlin sera obligé par la suite de déménager avec toute sa famille, en raison des lettres de menaces et des intimidations dont il fut la cible[2].

Philippe Karsenty

C'est à ce moment qu'intervient Philippe Karsenty qui rapporte en France un exemplaire du film de la Metula News Agency (« Ména » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique), et s'en sert en partie pour construire sa propre version à l'insu de la Ména ce qui sera à l'origine de tensions entre l'agence et Karsenty[2]. Pour la Ména et Karsenty, selon un article de 2008 du Monde diplomatique, la scène dans sa totalité est une fiction créée de toute pièces par les Palestiniens[7]. Karsenty bénéficie du soutien de l’écrivaine américaine Nidra Poller, et il suscite l’attention des milieux néoconservateurs américains sur l'affaire[2] et un universitaire proche de Karsenty, Richard Landes, spécialiste des peurs millénariste, exploite à son tour le film de la Ména contre la volonté de Shahaf[2].

Karsenty met ainsi en doute l'authenticité du reportage d'Enderlin. France 2 affirma en retour que les images sont authentiques, que l’enfant est bien mort et que l’ensemble de la bande filmée le prouve, mais que l’intensité dramatique de la scène d’agonie interdit déontologiquement sa diffusion complète[8].

En octobre 2006, la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris a condamné pour diffamation publique le directeur du site Web Media-Ratings, Phillippe Karsenty. Ayant interjeté appel de cette condamnation, Philippe Karsenty a été relaxé par la Cour d’appel de Paris le 21 mai 2008. France 2 et Charles Enderlin se sont depuis pourvus en cassation.

Visionnage de l'enregistrement original

Diagramme montrant les partis en présence lors du drame. Ce dessin est extrait de la déclaration écrite sous serment par le cameraman de Framce 2, Talal Abu Rahma, à Raji Sourani, avocat à Gaza, et enregistrée le . Source: Palestinian Centre for Human Rights[9].

Le vendredi , suite à de nombreuses pressions, France 2 accepta de diffuser en cercle privé la totalité de la cassette à trois journalistes : Daniel Leconte d'Arte et Denis Jeambar, directeur de l’Express et Luc Rosenzweig, ancien rédacteur en chef du Monde - les deux premiers ayant été auparavant approchés par Luc Rosenzweig qui leur avait présenté des éléments allant, selon lui, dans le sens d'un montage opéré par les Palestiniens. Jeambar et Leconte affirmèrent que la « fameuse « agonie », qu’Enderlin affirme avoir coupée au montage, n’existe pas » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique. Ils témoignèrent également que « le visionnage permettait de relever, dans les minutes qui précèdent la fusillade, que les Palestiniens « jouaient » à la guerre avec les Israéliens et simulaient, dans la plupart des cas, des blessures imaginaires » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique. Ils indiquèrent enfin que « le visionnage intégral des rushes démontre aussi qu’au moment où Charles Enderlin donne le gamin pour mort, tué par les Israéliens, c’est-à-dire le soir même sur le journal de France 2, rien ne lui permet d’affirmer qu’il est vraiment mort et encore moins qu’il a été tué par des soldats israéliens. Tout, bien au contraire, à commencer par l’emplacement des uns et des autres sur le terrain, incriminerait plutôt une ou des balles palestiniennes. » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique. Par ailleurs, ils s'estiment instrumentalisés du fait que Luc Rosenzweig ait publié un article sur ce visionnage sans les avoir informés. En conclusion, Jeambar et Leconte expliquent qu'ils ne soutiennent pas les conclusions de la thèse portée par Rosenzweig et la Ména, affirmant : « à ceux qui, comme la Mena, ont voulu nous instrumentaliser pour étayer la thèse de la mise en scène de la mort de l’enfant par des Palestiniens, nous disons qu’ils nous trompent et qu’ils trompent leurs lecteurs. Non seulement nous ne partageons pas ce point de vue, mais nous affirmons qu’en l’état actuel de notre connaissance du dossier, rien ne permet de l’affirmer, bien au contraire » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique[10][4] [11][12].

Les blessures de Jamal Al Dura

Le , suite à l’extension de la polémique, et pour prouver la bonne foi de M. Enderlin et de son cameraman, Arlette Chabot projeta leur reportage tel qu’il avait été diffusé sur la chaîne ainsi qu’un autre reportage tourné au même moment, mais sous un autre angle, par l’agence Associated Press. On montra aussi des images du cadavre de l’enfant à la morgue, ainsi que des images récentes du père de l’enfant montrant ses cicatrices. France 2 maintient sa position et annonce également avoir porté « plainte contre X » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique pour diffamation[13]. Selon la rédaction de France 2, les deux séquences prouvent qu’une « mise en scène » est hautement improbable. France 2 a par ailleurs effectué une comparaison entre les photos de l’enfant prises à la morgue avec ses blessures au visage et les arrêts sur image de son visage lors de la fusillade. « Il s’agit bien du même enfant et nous sommes prêts à livrer ses photos pour une expertise officielle » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique, a souligné Arlette Chabot[14].


Les images montraient les cicatrices de Jamal al-Durah, le père de Mohammed al-Durah, le jour de la mort de son fils. Ces images furent elles aussi contestées, et les promoteurs de la version d'une "mise en scène" affirmèrent que le père du petit Mohammed n'avait pas été blessé. Pour répondre à ces accusations, France2 montra un autre reportage de la télévision jordanienne, tourné le à l’hôpital militaire Al Hussein à Amman, montrant le prince Abdallah rendant visite au père du jeune Mohamed, transporté en Jordanie pour y subir plusieurs opérations. De plus, France 2 demanda au cameraman Talal Hassan Abu Rahma d’aller interviewer Jamal Al Dura à Gaza, où il vit toujours. Montrant sa carte d’identité pour bien se faire identifier, l’homme accepta de se déshabiller devant la caméra pour montrer que ses cicatrices correspondaient bien à l'emplacement de ses blessures filmées sur son lit d’hôpital. Selon la thèse de la Ména, citant le Dr Yehouda David[15] et Philippe Karsenty[16] ces cicatrices correspondraient à des blessures par hache de 1992 que le docteur aurait soignées.

Controverses

En Israël

L'affaire n'a pas fait l’objet de débats en Israël, où, des reportages sont revenus sur cette affaire sans mettre en avant la thèse d’une manipulation. En 2008 néanmoins, une émission de la première chaîne nationale israélienne (Al Dura spin ou symbole)expose cette thèse : sans prendre parti sur le fond, l'émission donne la parole à Stéphane Juffa, Nahum Shahaf, et à leurs contradicteurs. L’armée israélienne a admis dans un premier temps sa probable implication dans la mort de l’enfant, avant de soutenir que Mohamed Al-Durah avait tout aussi bien pu être tué par des tirs palestiniens (voir ci-dessus). Peu de temps après ces événements, l'armée israélienne a procédé à la démolition du mur devant lequel se trouvaient le père et son enfant, ce qui, selon Bernie Schechter, un expert en balistique israélien « élimine 95 % des éléments matériels nécessaires à une preuve » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique[4], mur qui contenait les impacts des balles. Cette démolition sera interprétée différemment par les deux parties : ceux qui soutiennent la thèse d’une manipulation affirment que la position occupée par le père et l’enfant les mettait hors de portée de tirs, des soldats israéliens, et que, la reconstitution des événements est devenue délicate du fait que les structures en place sur le carrefour de Netzarim ont été rasées par l’armée israélienne. Ils affirment également que les images diffusées par France 2 n’appuient ni l’idée de la mort de l’enfant, ni une responsabilité israélienne dans cette affaire. Le soutien de Charles Enderlin à l'intégrité de son preneur d'images palestinien restera indéfectible pendant toute l'affaire. Selon le journaliste, « l’image [filmée par Talal Abou Rahmah] correspondait à la réalité de la situation non seulement à Gaza, mais aussi en Cisjordanie. L’armée israélienne ripostait au soulèvement palestinien par l’utilisation massive de tirs à balles réelles. »[17]. Cependant, en Israël, entre autres, l'opinion contraire à la version d'Enderlin est soutenue par certains[18].

Dans la bande de Gaza

La mort du garçon diffusée dans les territoires palestiniens, avec la version de la responsabilité israélienne, a provoqué des événements sanglants : deux réservistes de l'armée israélienne, habillés en civil, ont été lynchés par une foule en colère le 12 octobre 2000 aux cris de « Vengeance pour le sang de Mohammed Al-Dura! ». Le directeur du bureau de presse du gouvernement israélien interprète cet évènement en déclarant : « les images diffusées sur l'assassinat présumé de petit Al-Dura par France 2 ont enflammé le monde arabe et fait de nombreuses victimes en Israël et dans le monde »[19],[20].

Le jour de la mort de Mohammed Al-Durah, l'organisation B'Tselem nota que 15 autres civils palestiniens furent tués, dont un garçon de 12 ans, Samir Sudki Tabanjeh, et trois mineurs. Aucune de ces morts ne suscita de controverse[21].

Point de vue des instances représentatives juives en France

La plupart des instances représentatives juives françaises, comme le CRIF, qui en d’autres occasions ont pris position sur le traitement médiatique du conflit israélo-palestinien en France, ont refusé de prendre part à la polémique sur les images. Ménahem Macina, de l'UPJF (Union des Patrons Juifs de France), proposa une thèse alternative : les Palestiniens auraient organisé une opération de toutes pièces, mais, lors de sa réalisation, ils auraient tiré accidentellement sur le petit Mohamed et son père : « ma position, en la matière, est que la séquence des Al-Dura pris sous les tirs croisés a d’abord été filmée à des fins de propagande, mais qu’au cours de la prise des vues rapprochées […] des Palestiniens ont réellement ouvert le feu sur l’enfant et son père »[22]. Le site de l'UPJF rendra compte des arguments de Philippe Karsenty et des événements le concernantlors des procès ultérieurs. En ce qui concerne le CRIF, cette organisation a officiellement demandé au chef de l'État français Nicolas Sarkozy l'ouverture d'une commission d'enquête. Richard Prasquier, son président, a présenté cette demande dans une conférence de presse le 2 juillet 2008[23].

Notes et références

  1. parfois transcrit en al-Dura ou al-Doura ou al-Durrah, avec ou sans tiret
  2. a b c d e f g h i j k l m n et o Hervé Deguine, Charles Enderlin. Il gagne la guerre du soupçon, Médias no 11, décembre 2006, accessible (en ligne).
  3. (fr) Le meilleur des mondes.
  4. a b et c (en) Adi Schwartz, In the footsteps of the al-Dura controversy, in Haaretz, 28/11/2007, article en ligne
  5. cf. Claude Lanzmann : Israël, Palestine : la séparation illusoire, in Le Monde, 07/11/2001
  6. Drei Kugeln und ein totes Kind
  7. (fr) Dominique Vidal, « Acharnement contre Charles Enderlin », Le Monde diplomatique, 29 mai 2008.
  8. Guillaume Weill-Raynal, « Retour sur l'« affaire Enderlin » : Guet-apens dans la guerre des images ou harcèlement dans la diffamation ? », Revue internationale et stratégique, Dalloz et IRIS, no 58 « La société française et le conflit israélo-palestinien »,‎ , p. 187–194 (ISBN 2-247-06251-2, ISSN 1287-1672, lire en ligne).
  9. Abu Rahma, Talal. "Statement under oath by a photographer of France 2 Television", Palestinian Centre for Human Rights, October 3, 2000.
  10. D. Jeambar & Daniel Leconte, Guet-apens dans la guerre des images, Le Figaro, 15/10/2007, disponible en ligne
  11. World Politics Review, France: The Al-Dura Defamation Case and the End of Free Speech, 03/11/2006 [1]
  12. Doreen Carvajal, The mysteries of an iconic video frame, The New York Times, 07/02/2005 [2]
  13. Accusée de bidonnage, France 2 porte plainte, nouvel Obs.com, 26 novembre 2004
  14. Une photo du cadavre de Mohammed Al-Durah à la morgue est disponible ici, extraite de cet article
  15. [3]
  16. [4]
  17. Charles Enderlin, Non à la censure à la source, Le Figaro, 27 janvier 2005
  18. Voir Mohamed n'est pas mort dans Haarets, 24 janvier 2009
  19. lynchage du 12 octobre 2000 :
    • AFP, « Année 2000 », sur www.fil-info-france.com (consulté le )
  20. Toutes ces informations ont été également reprises du journal en ligne Guysen Israël News
  21. Anthony H. Cordesman & Jennifer Moravitz, The Israeli-Palestinian War: Escalating to Nowhere, Praeger Security International, (ISBN 0275987582), 2005.
  22. Affaire Al-Dura : la bonne et la mauvaise presse selon AcMedias, Menahem Macina
  23. c.f. guysen news.

Annexes

Bibliographie

Liens internes

Liens externes

(langue non reconnue : a + langue non reconnue : france + langue non reconnue : karsenty + langue non reconnue : depuis + langue non reconnue : l'arrêt + de + la + langue non reconnue : cour + langue non reconnue : d’appel) Affaire Mohammed al-Durah (Wikisource)

Modèle:Lien AdQ