IMAGE EVALUATION
TEST TARGET (MT-3)
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Photographie
Sdenœs
Corporation
23 WEST MAIN STREET
WEBSTER, N.Y. 14580
(716) 872-4503
)
CIHM/ICMH
Microfiche
Séries.
CIHM/ICMH
Collection de
microfiches.
Canadian Institute for Historical Microreproductions / Institut canadien de microreproductions historiques
^
Technical and Bibliographie Notas/Notes tachniques at bibliographiquas
Tha Instituta bas attemptad to obtain tha batt
original copy availabla le filming. Faaturaa of this
copy which may ba bibliographically uniqua,
which may altar any of tha imagaa in tha
raproduction. or which may aignifficantly changa
tha usual mathod of filming, ara chackad balow.
i/
CZI
D
D
□
Co!ourad covars/
Couvartura da coulaur
I I Covera dumagad/
Couvartura andommagée
Covars rastorad and/or laminatad/
Couvartura rastauréa at/ou pelliculéa
Cover title missing/
Le titra de couverture manque
I I Coloured maps/
Cartes géographiques en couleur
□ Coloured ink (i.e. other than blue or black)/
Encre de couleur (i.e. autre que bleue ou noire)
I I Coloured plates and/or illustrations/
Planchas et/ou illustrations en coulaur
Bound with other matériel/
Relié avec d'autres documents
Tight biktding may cause shadows or distortion
along interior margin/
La re liure serrée peut causer de l'ombre ou de la
distortion le long de la marge intérieure
Blank laaves added during restoration may
appear within the text. Whenever possible, thèse
hâve been omitted from filming/
Il se peut que certaines pages blanches ajoutées
lors d'une restauration apparaissent dans la texte,
mnis, lorsque cela était possible, ces pages n'ont
pas été filmées.
Additional commenta:/
Commentaires supplémentaires;
Thei
toth
L'Institut a microfilmé la meilleur exemplaire
qu'il lui a été possible de se procurer. Les détails
da cet exemplaire qui sont peut-être uniques du
point da vue bibliographique, qui peuvent modifier
una image reproduite, ou qui peuvent exiger une
modification dans la méthode normale de fiimaga
sont indiqués ci-dessous.
|~~| Coloured pages/
D
Pages de couleur
Pages damaged/
Pages endommagées
□ Pages restored and/or laminatad/
Pages restaurées et/ou pelliculées
0 Pages discoloured, stained or foxed/
Pages décolorées, tachetées ou piquées
The
poss
of th
filmi
Origl
begii
the I
sion,
othe
first
sion,
or m
Pages
Pages
Pages détachées
r~~| Pages detachad/
r^ Showthrough/
Transparence
I I Quality of print varies/
Qualité inégala de l'impression
inciudas supplementary matériel/
Comprend du matériel supplémentaire
Only édition availabla/
Seule édition disponible
The
shall
TINl
whic
Mapi
diffa
antir
begii
right
requi
meXh
Pages wholly or partially ob&oured by errata
slips, tissues, etc., hâve been refilmed to
ensure the best possible image/
Les pages totalement ou partiellement
obscurcies par un feuillet d'errata, una pelure,
etc., ont été filmées à nouveau de façon à
obtenir la meilleure image possible.
This item is filmed at the réduction ratio checked below/
Ce document est filmé au taux de réduction indiqué ci-descous.
10X
14X
18X
22X
26X
30X
j
y
12X
16X
20X
24X
28X
32X
1
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Jétails
0« du
modifier
er une
Filmage
The copy ffilmed hère has been reproduced thanks
to the generosity of :
Library of the Public
Archives of Canada
The images appearing hère are the best quality
possible considering the condition and legibillty
of the original copy and In Iceeping with the
filming contract spécifications.
L'exemplaire filmé fut reproduit grâce à la
générosité de:
La bibliothèque des Archives
publiques du Canada
Les images suivantes ont été reproduites avec le
plus gr^nd soin, compte tenu de la condition et
de la netteté de l'exemplaire filmé, et en
conformité avec les conditions du contrat de
filmage.
les
Original copies in printed paper covers are flimed
beginning with the front cover and ending on
the last page with a printed or lllustrated Impres-
sion, or the back cover when appropriate. AH
other original copies are flimed beginning on the
f irst page with a printed or lllustrated impres-
sion, and ending on the last page with a printed
or lllustrated Impression.
The last recorded frame on each microfiche
shall contain the symbol — ^> (meaning "CON-
TINUED"). or the symbol y (meaning "END"),
whichever applies.
Les exemplaires originaux dont la couverture en
papier est imprimée sont filmés en commençant
par le premier plat et en terminant soit par la
dernière page qui comporte une empreinte
d'Impression ou d'illustration, soit par le second
plat, selon le cas. Tous les autres exemplaires
originaux sont filmés en commençant par la
première page qui comporte une empreinte
d'Impression ou d'Illustration et en terminant par
la dernière page qui comporte une telle
empreinte.
Un des symboles suivants apparaîtra sur la
dernière image de chaque microfiche, selon le
cas: le symbole — ^ signifie "A SUIVRE", le
symbole y signifie "FIN".
Maps, plates, charte, etc., may be flimed at
différent réduction ratios. Those too large to be
entireiy included in one exposure are flimed
beginning In the upper left hand corner, left to
right and top to bottom, as many frames as
required. The following diagrams lllustrate the
method:
Les cartes, planches, tableaux, etc.. peuvent être
filmés è des taux de réduction différents.
Lorsque le document est trop grand pour wtre
reproduit en un seul cliché, il est filmé è partir
de l'angle supérieur gauche, de gauche è droite,
et de haut en bas, en prenant le nombre
d'images nécessaire. Les diagrammes suivants
Illustrent la méthode.
errata
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2
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PAROISSE
DE
SAINT-EUSTACHE. RIVIERE DU CREE "*
.V
L'histoire ne se compose pas seulement de la des-
cription des batailles, du tableau des événements
politiques, de la vie des grands capitaines et des discours
des orateurs illustres. Elle contient aussi le récit de faits
moins remarquables parce qu'ils ont été accomplis sur un
théâtre moins élevé, mais qui ont, tout de môme, leur
prix et leur intérêt. L'histoire recueille soigneusement
les actions de ces hommes qui ont passé en faisant le
bien dans une carrière modeste, sans doute, mais qui ne
manque pas d'avoir son importance. L'histoire intime,
l'histoire de famille, d'un pays, pour ainsi parler, se
compose d'une foule de détails, de récits, de narrations,
de faits circonstanciés, petits en apparence, mais auxquels
la curiosité des hommes ou des événements subséquents
donnent quelquefois un intérêt imprévu et qui tous
contribuent à former les fastes d'une nation. Les réunir,
les coordonner, ou seulement les conserver et les mettre
(1) M. le Chevalier Ed. Lef. de BeliefeuiUe voudra bien accepter
nos sincères remerciements pour la fédaction de celte histoire.
A 130
à l'abri de la destruction, n'est-ce pas accomplir une^
œuvre patriotique ?
C'est rempli de cette pensée que Mgr. de Montréal
adressait à ses curés, le 18 décembre 1862, une circulaire
dans laquelle il leur demandait de faire l'histoire de leur
paroisse en donnant, tant sur la paroisse que sur les
curés, leurs prédécesseurs, tous les renseignements pro-
pres à intéresser.
Lorsque les travaux auxquels ce désir de Mgr. de
Montréal a donné lieu seront terminés, et lorsqu'ils auront
été continués pendant un certain nombre d'années, ils
formeront une suite de notes et de mémoires qui seront
un véritable trésor pour tous ceux qui s'occuperont plus
tard de l'histoire du pays. Ils constitueront une source
précieuse de renseignements, où l'on pourra puiser
facilement et avec confiance, certain d'avoir à sa
disposition ks documents les plus authentiques, les plus
fidèles, les plus consciencieux et les plus honnêtes. C'est
dans le but de contribuer pour notre part à cette
compilation intéressante, que nous offrons ici l'histoir*
de la paroisse et des curés de Saint-Eustache.
1
La paroisse de Saint-Eustache-Martyr, est située sur
les bords de cette branche de l'Ott» wa appelée Rivière
Jésus ou Mille-Iles, qui passe entre l'Ile-Jésus et la terre
ferme, dans le comté des Deux-Montagnes, ci-devant
appelé comté d'York, dans le district de Terrebonne,
démembrement de l'ancien district de Montréal
Nous voyons dans le décret d'érection canonique, en
date du 15 novembre 1825, sous la signature de Mgr.
Plessis, évêque de Québec, que lors de son érection la
paroisse de Saint-Eustache comprenait une étendue de
»r^
l
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131
territoire de sept milles de front sur neuf milles de
profondeur. Depuis celte époque, la paroisse a subi des
modifications qui en ont beaucoup rétréci les limites, et
plusieurs paroisses voisines ont été formées en partie par
des démembrements de l'ancienne paroisse de Saint-
Eustache.
Ainsi, par une ordonnance du 7 mai 1834, les côtes
appelées Petit Saint-Charles, et Petit Lac, et la terre de
Charles Gourgon dans la Côte Cachée, furent détachées
de Saint-Eustache pour être annexées à Sainte-Thérèse
de Blainville. Par un décret du 18 août 1840, les côtes
du Petit-Chicot, des Anges, nord et sud, de Saint-Henry,
de Saint-Augustin, de Saint-Louis des Bouchards, une
partie de la côte Saint-Louis des Corbeilles et une partie
du Petit-Brulé furent détachées pour former une nou-
velle paroisse, la paroisse de Saint-Augustin. (1) Enfin,
par un troisième décret, en date du 4 octobre 1853, la
paroisse de Saint-Joseph ayant été érigée, on détacha de
Saint-Eustache, pour contribuer à la formation de cette
nouvelle paroisse, la côte Saint-Joseph et une partie de la
côte Saint-Nicholas.
En sorte qu'aujourd'hui la paroisse Saint-Eustache n'a
pas plus de six milles de longueur sur à peu près autant
de largeur.
La paroisse de Saint-Eustache est assez ancienne. Les
registres des mariages, baptêmes et sépultures ont été
ouverts le vingt-trois novembre 1768. Le premier acte
qui s'y trouve est l'acte de sépulture de Elizabeth
Sonnier, fille de Nicolas Sonnier dit Lajeunesse et de
Marie Loiselle. Cet acte est daté le 24 novembre 1768.
(1) Subdivisions du Bas-Canada en paroisses et townships^ etc.,
p. 114.
1»
.1
i,?. (I
Mm
I:. ■!•
132
Ces registres n'étaient alors que de simples registres
ecclésiastiques, tenus suivant les règles de TËglise,
«t ils ' ne sont pas revôtus des formalités exigées
par les Statuts pour leur donner un caractère d'au-
thenticité, suivant la loi civile. Le premier certificat
de roffîcier civil est en date du 26 décembre 1785 ;
il est signé par René-Ovide Hertel de Rou ville, Juge
de la Cour des Plaidoyers Communs, et le premier
acte qui ait été fait après la date de ce certificat est du 27
janvier 1786.
Malgré l'absence de cette signature officielle avant le
26 décembre 1785, les extraits de ces registres ecclésiasti-
ques, certifiés par le curé de la paroisse, ont toujours été
reçus par les cours de justice comme formant une preuve
prima facie du baptême, du mariage ou de la sépulture
qui y était mentionné. Ce fait ne manque pas d'importance
dans les circonstances où se trouvent aujourd'hui
certaines paroisses du diocèse de Montréal. A moins de
vouloir porter le trouble dans un grand nombre de
familles, en les mettant dans l'impossibilité de prouver
par des registres civils qui n'existaient pas les naissances,
les mariages ou les décès, les tribunaux ne pouvaient
-adopter une autre ligne de conduite, et peut-être que des
.circonstances analogues nous permettraient encore de la
-aroir se renouveler.
L'érection canonique de la paroisse Saïnt-Eustache n'a
«u lieu que le 15 novembre 1825, et l'érection civile le 16
décembre 1835. Il peut être à propos de remarquer ici
que quoique Saint-Eustache n'ait été érigé en paroisse
V canonique qu'en 1825 et en paroisse civile qu'en 1835,
•cependant M. Petit et tous les prêtres qui lui ont suc-
cédé dans la desserte de la paroisse, signent toujoui*s
curé de Saint-Eustache. Ils ont également toujours perçu
i\
133
les dîmes et les oblatlons ordinaires, et joui de tous les
pouvoirs et de tous les droits des curés actuels. C'est le
cas de dire que le curé n'a besoin d'autre titre que le
clocher de son église pour avoir droit aux dîmes.
Il y a encore une autre remarque à faire »ur la
première organisation de cette paroisse. Quoiqu'elle ne
fut qu'une mission jusqu'en 1825, elle eut cependant un
corps de marguilliers et une fabrique dès 1778. Voici
l'acte de l'élection du marguillier François Fillion (1).
" L'an mil sept cent soixante dix-neuf, le dix janvier^
*' les habitants de la Rivière du Chêne, convoqués et
*' assemblés à l'issu de la grande messe paroissiale,.
" dans le presbytère, afin d'y élire un troisième raar-
'•'' guillier, ont à la pluralité des voix choisi et nommé
" françois fillion, pour remplir la dite charge de mar-
^^ guillier ; plusieurs de l'assemblée ont signé avec nous^
" les autres ont déclaré ne le savoir faire.
(Signé,) "Joseph Cheval,
" Pierre Riche,
" Perrault, Ptre.**^
Dans les premiers temps, le service divin se faisait
dans une maison particulière, située sur la terre de la
famille Charbonneau, à la Grande-Côte, et appartenant
aujourd'hui à la famille Scott. En 1774, le Père Berey^
curé de la paroisse, fit bâtir le premier presbytère, qui
servait aussi de chapelle ; c'est dans cette maison que se
fit l'ofiice divin jusqu'en 1783. Ce presbytère subsista
jusqu'en 1818 ; il fut alors remplacé par un autre aussi
en pierre qui fut construit sous M. Jean-Baptiste Catien.
(I) Extrait des archives de îa paroisse de Saint-Eustache, cahier
intitulé : " Livre des assemblées, ordonnances, mandements de
Monseigneur VEvéque de Québec^
lies noms des autres marguilliers, avec la date de leur entrée en
charge, se trouvent à la fin de cette notice.
I
L'église actuelle, qui est, quant an corps de rédifice, la
même que celle qui existait avant l'incendie de 1837, a
été bâtie en 1783 par Augustin Grégoire, maçon, sous M.
Chs. Frs. Perrault, curé. Le terrain fut donné par
le seigneur, M. Louis-Eustache Lambert-Dumont, par acte
passé pardevant Mtre A. Foucher, notaire royai, dont
voici le texte :
(1) Pardevnnt le Notaire Royal de la ville et gouvernement de Mont-
réal, résident à Terrebonne, soussigné, et témoins ci-après nommés,
Alt présent monsieur Eustache Dumonl Ecuyer, seigneur proprié-
taire des mille Isles, et autres lieux, demeurant ordinairement aux
trois Rivières, comparant par la personne de sieur François maison
neuve premier Baillif do Sto Rose, son homme d'afTaircs, chargé de
ses ordres et d'une lettre missive de mon d. sieur Seigneur à
l'effet qui ensuit, dattéo aux trois Rivières le trois juin présent mois
pour être annexée à ces présentes et y recourir au besoin.
Lequel dit sieur Seigneur volontairement a reconnu et confessé
avoir donné purement et simplement en la meilleure forme et ma-
nière que donation peut se fuire et avoir lieu sans vouloir ni pouvoir
jamais la révoquer ; et pour la validité du d. don, a promis et prome t,
par ces présentes, garantir de tous troubles et empêchements géné-
ralement quelconques, à l'Eglise proposée et fabrique des mille Isles,
ce acceptant pour monsieur le curé qui y résidera et ses successeurs
à perpétuité, Joseph Masson et Antoine La Roc nabitants du
môme lieu, sindics dénommés et choisis des habitants de la d. sei-
gneurie, aux fins ci après, à ce présents et acceptans pour la d.
' fabrique, curé et successeurs en icelle. Une pointe de terre de la
contenance de sept à huit arpents plus ou moins en superficie, sise
et située le long de la grande Rivière du Chêne, à prendre de la d.
Rtvière jusqu'au chemin du Roy, d'un côté à la ligne de la terre de
(x) De l'ordonnance des Honor. Juges de la Cour des Plaids. Commun» du district
de Montréal du 33e février 1792, la donation portée ci endroit et des autres parts a été
insinuée et régistrée es registres des Insinuations par le greffier en icelle soussigné, ce
requérant Frans Rochon marguillier en charge Porteur des présentes, dont acte i
Montréal les jour et an susdits.
J. Rbid, g. p. C.
135
françois Parant et d'autre côté la petite Rivière du Chône : ainsi que
le d. terrein en son entier, faisant partie du domaine de mon d. 8r
sieur seigneur Bailleur, se poursuit et comporte, et que les dits sin-
dics aux noms et pour lu d. paroisse entière, disent bien savoir et
connaître et en être contons sans autres réserves que les suivantes,
Savoir
premièrement pour mon d. Sr Soigneur Baillour, ses hoirs et ayans
causes, à perpétuité, d'un demi arpent de terre de ft*ont à prendra du
i^hemin du Roy, à gagner jusqu'à la gde Rivière du. Ghône du côté
de la terre de françois Parant pour faciliter la descente à mon d.
Sieur Seigneur de son domaine au grand fleuve pour indemnité
de quoy, consent' à ce que le d. chemin du Roy tracé seulement par
les Capitaines de milices de la d. seigneurie existant actuellement,
soit reculé sur son domaine autant que faire se pourra, et qu'il sera
approuvé de messieurs de la voyerie, — pour compléter le terrein com-
pris en la d. donnation, c'est-à-dire sept ou huit arpens en superficie,
comme dit est, plus ou moins s'il s'y trouve.
Pour du d. terrein sus-donné, aux reserves susd. jouir par le Sr.
curé (qui sera nommé à l'église qui sera construite sur icelui, avec
un cimetière et autres commodités pour le d. sr curé delà dite église)
jouir dis-je à perpétuité lui et ses successeurs pleinement et paisible-
ment au moyen des présentes, tins par eux ni la d. église et fabri-
que supporter autres charges ni redevances envers mon d. Sr. Sei-
gneur bailleur, que le droit pour lui et liberté de reprendre le d.
terrein sus donné et même tous les travaux et bâtiments fait sur
icelui, pour en jouir comme de son propre et loyal acquit, dans le
cas où Sa Grandeur monseigneur l'évoque de cette colonie, ne juge-
rait point à propos d'envoyer un curé ou desservant à la dite église.
Avec exemption en outre pour mon d. Sr. Seigneur de toute con-
tribution aux d. travaux, non plus qu'aux clôtures ; fermand et en-
tretenant son domaine le long seulement du terrein sus donné.
Abandonnant au surplus mon d. Sr seigneur donateur, au profit
de la d. église et fabrique, une vieille maison servant de principal
manoir, sise sur le terrein sus-donné, pour être démoli et les démoli-
tious d'icelle, contribuera l'édification de l'église et autres bAtiments
prémédités pour le sieur curé d'icelle aux conditions et obligations
seulement de la part de la d. fabrique, de faire transporter sur le
I'
m::
136
demi arpent de terre sus réservée pa.' mon d. Sr seigneur donnateur,
même quantité et qualité de pierres, qui se rencontreront en la che-
minée sus abandonnée, et ce à la demande de mon d. Sieur seigneur
bailleur.
Et à l'instant les d. Joseph Masson et Antoine La Roc sindics
crées et établis par tous les habitants de la d. Seigneurie, aux fins
que dessiïs, au nom des d. habitans et qualité qu'ils possèdent,
(Exception du terrein nécessaire pour la bâtisse d'une église, pres-
bitère et choix du terrein propre pour le cimetière suivant le plan
qui leur en sera donné par monseigneur l'évoque de Québec ou mes-
sieurs ses grands vicaires) se sont désisté et se désistent par ces pré-
sentes de tout le ten oin sus donné en faveur du Sr curé qui desser-
vira la d. paroisse et ses successeurs à perpétuité, pour en jouir à
leur usage pleinement et paisiblement en la manière qui leur avisera
bon être.
Aux réserves seulement pour les habitants de la d. paroisse et
autres étrangers qui auront la dévotion d'y entendre la messe ou
assister aux autres cérémonies, de l'usage d'un quart d'arpent du d.
terrein de front depuis le d. chemin du Roy jusqu'au fleuve, du côté
de la petite rivière du Chêne, pour y arrêter leurs chevaux, pour quoy
faire promettent et s'obligent y entretenir et planter des piquets en
nombre suffisant pour que leurs d. chevaux ne causent domage ni
nuisance à personne.
Sera la fabrique du d. Jieu tenue à clore le d. terrein le long du
chemin du Roy seulement ; mais dans la division qu'en pourront
faire messieurs les curé et successeurs soit pour jardin, l'ensemencer
ou parquer, en ce cas les clôtures seront aux charges du d. Sr. curé
et successeurs.
A tout ce que dessus les d. sindics nommés au nom et pour toutb
la d. paroisse, pro-nettent et s'obligent à peine de tous dépens
dommages et intér^^ts, quoi faisjant mon d. Sr seigneur donnateur
bailleur ses hoirs et ayant cause leur fait et aux curés résidents et
desservants de la d. paroisse, toute cession et rétrocession des droits
noms et raisons et actions et possession qu'il a et pourrait avoir et
prétendre et sur le terrein et maison seigneuriale sus données, dont
il se de""êt et démet de nouveau par ces présentes pour et au profit de
la d. église, fabrique et Srs curés.
137
?neur donnateur,
Feront en la che-
i. Sieur seigneur
. Et pour faire insinuer cespn'îsentes partout où besoin sera dans lé^
délay de l'ordonnance, mond. Sr seigneur bailleur a fait et constitua
son procureur, le porteur, donnant pouvoir d'en requérir acto ; «•
pour l'exécution des présentes, les d. parties ont élu leur domicile •
irrévocable, chacun le même désigné au présent contrat, escLueF»-
lieux et nonobstant etc. promettant s'obligt chacun à son éguni
selon et ainsi que dit est. Renonçant &c. fait et passé à Terrebonne^
étude du d, note soussigné. L'an mil sept cent soixante dix,
le vingt quatre du mois de juin, avant midy, en présence de pHerre
Lafonbaillif de justice, et françois Granet, tailleur d'habils, demeur
rant au d. terrebontie, t'-moins appelles à ces présentes, et les»
signé tant à sa lettre missive concernant le d. acte, qu'à une conces-
sion sou? seing privé au dos de rordonné de mons. le grande-
vicaire en datte du vingt do ce mois, mon d. Sr Seigneur
bailleur donnateur avec le d. Lafon témoin et nous notaire, à
l'exception du d. Sr françois Maissonneuve homme d'affaires de mon
d. Sr seigneur, des d. sindics dénommés preneurs et du d.
Granet témoin qui ont déclaré ne le savoir faire, de ce enquis, lec-
ture faite, ainsi qu'il apppit à la minute resiée au pouvoii' du note"
soussigné
A Foucher
No" Royal
avec paraphe
Avenant le douzième d'août avant midy, l'an mil sept cent soixa»-'-
»e douzp,, est comparu en personne devant le dit nore soussigaé et
témoins ci soussignés, Toussaint Parant, habitant de la Rre d» -
Chêne, porteur d'un écrit fait sous seing privé par les habitans du dL
lieu, en présence de josopli Masson et antoine La Rocque sindià»
dénommés pour la bâtisse du prosbitere du d. lieu, portant cfiai%-e-
ment (ainsi qu'il appert au d. écrit pour douieurer annexé à ces- pré-
sentes) de la réserve d'un quart d'arpent de terre de long à prendre»
depuis le chemin du Roy jusqu'au fleuve du côté de la petite RLvièce-
du Chêne, pour y arrêter leurs chevaux, en pareille quantité de terre?-
que la devanture du d. presbytère, aux cliarges par monsieur le curé'
du lieu lui et ses successeurs à perpétuité de l'onlretien de la doitrre
le long du d. chemin du Roy , et dans la ligne on gagnant Ir ê.
domaine seigneurial, charge acceptée par le Révérend Père de Berey,-
prètre, récoliui desservant présentement la cure du d. lieu, icy pré^
i i
\ i i \%
138
sent et consentant à l'acquit et décharge des habitans de la d.
paroisse, lequel d. Sr Parant porteur de pièce, nous a requis nore
soussigné de recevoir le dit écrit pour être annexer à ces présentes
«ux fins de sortir son plein et entier effet selon sa forme et
4'^neur, ce qui lui a été octroyé par le dit notaire, aprèr-. avoir certifié
le d. écrit véritable, en présence des témoins dénommés en l'acte
ci contre et des autres parts, d'eux signé, du d. R. P. De Berey du d.
Parant porteur de jnèce, et nous nore à l'exception des d. Joseph
Masson, antoine La 'Roc sindics et du d. Granet témoin, qui ont
déclaré ne le savoir faire de ce onquis. lecture faite, ainsi qu'il
appert à la minute restée au pouvoir du notaire soussigné
(Signé) A. Foucher
No''» Royal >
I j-.j, avec paraphe
JEmolument et recherche
= 10.1: : 10c: reçues paiees /
par Jean gr
maison marguillier en charge de
St-Euslache
(Signé) A. Foucher
No'« Royal
•V avec paraphe
La somme nécessaire à la bâtisse fat fournie par
■contribution volontaire ; l'église et le presbytère ne coû-
tèrent que $830.95, les habitants de la paroii se ayant
fourni tous les matériaux nécessaires. La première
bénédiction de l'église eut lieu le 10 septembre 1783 ;
elle fut faite par monsieur le supérieur du séminaire
de Québec.
Cette église fut plus tard allongée de 25 pieds, et ornée
d^un portail en pierre de caille et de deux clochers, par
les soins de M. Paquin, curé, qui posa la première pierre
Je cette addition le 13 juillet 1831 . Ce ne fut que deux
ans après, en 1833, que l'édifice ainsi agrandi fut ouvert
.au culte public.
139
Après les réparations nécessitées par l'incendie de 1837,
Féglisefut bénite une seconde foiS; en 1841, p. r Mgr.
Ignace Bourget, évoque de Montréal. C'est l'église que
l'on voit aujourd'hui, qui contient deux chapelles outre
le maître-autel, deux cloches dont la plus grosse, qui pèse
960 livres, a été également bénite par Mgr. Bourget en
1845. Les parrains et marraines de cette dernière furent :
M, Eugène Globensky, M. Pierre Laviolette et M. Wilfrid
Masson, fils de l'Hon. Joseph Masson ; Madame Pierre
Laviolette, Madame Antoine Lefebvre de Bellefeuille, et
Mademoiselle Angélique Lefebvre de Bellefeuille.
La première visite pastorale dans la paroisse Saint-
Eustache a éU3 faite par Mgr. Jean-Olivier Briand, évêque
de Québec, le trois mars 1 773.
Il y a aujourd'hui dans la paroisse neuf écoles, dont une '
est pour les garçons seulement et les autres sont pourles
garçons et pour les filles. De plus, un excellent couvent,
tenu par les sœurs de la GongiAgation, contient en
moyenne ordinairement quatre-vingt à cent élèves.Il existe
aussi un collège dirigé par les frères de Saint-Viateur,
qui ont succédé aux frèrjs de Saint-Joseph lors de leur
départ en 1862. De plus, une bibliothèque parois-
siale d'environ 300 volumes offre une lecture instructive
et édifiante aux habitants.
Le sol de la paroisse est généralement assez bon sans
être remarquable pour sa fertilité. Les terres, comme
dans plusieurs autres parties du pays, sont aujourd'hui
fatiguées par une culture qui trop souvent n'a pas été
conforme aux règles de l'art. Le sol y est abondamment
arrosé de rivières, de ruisseaux et de sources d'eau vive,
dont la plupart coulent même dans les plus grandes
sécheresses ; l'une de ces sources possède, dit-on, des pro-
priétés médecinales précieuses qui ont été exploitées, mais
?l
140
sans succès, par un spéculateur malheureux. Ces
rivières font tourner plusieurs moulins- dont l'un,
situé à l'embouchure du lac des Deux-Montagnes, possède
un des plus puissants pouvoirs d'eau du pays. Le commer-
ce qui se fait à Saint-Eustache est principalement con-
centré dans le village. Le commerce de transit se
borne à importer de la ville les marchandises ma-
nufacturées et les denrées nécessaires à la vie, et à
exporter le surplus des grains et des produits des
fermes, inutiles à la consommation de la population.
Situéà environ vingt milles de Montréal, Saint-Eustache
est relié à cette ville par un bon chemin, dont une
longueur d'environ quinze milles est macadamisée.
Si cette voie était terminée nous ne serions plus qu'à
trois heures de Montréal.
Le village de Saint-Eustache est situé au confluent de la
rivière du Chêne et de la rivière Jésus, appelé aussi
rivière des Mille-Isles. Ce village a beaucoup souffert
du combat de 1837 et de l'incendie qui l'a suivi et qui a
dévoré plusieurs des principaux édifices. Quoique depuis
longtemps il se soit relevé de ses cendres, cependant il
n'a jamais retrouvé sa première splendeur. Suivant M.
Paquin, (1) ancien curé de cette paroisse, le village Saint-
Eustache ou de la Rivière du Ghô/ie passait de son temps
pour l'un des plus beaux du district de Montréal,
et méritait cette réputation par son site et sa construction.
Il était beaucoup mieux bâti que le sont ordinairement
les villages des campagnes canadiennes. Séparé en deux
par la petite rivière du Chêne, qui le traverse en
serpentant, le village s'étend en partie sur les belles rives
(1) Journal historique des événements arrivés à St-Eustache pen-
datit la rébellion du comté du lac des Deux-Montagnes, &c., par un
témoin occuiaire, pp. 61 et suiv.
141
de cette rivière. Le presbytère se trouve précisément
au confluent de cette dernière et de la rivière des Mille-
Isles. L'église, placée près du presbytère sur une belle
pointe qui s'avance dans les eaux noires des Mille-Isles,
offre un joli coup d'oeil, soit de la rive opposée, soit du
village dont elle termine la grande rue, et à laquelle elle
présente son imposante façade de pierre de taille, dont la
construction est élevée, solide et dégagée. De chaque côté
de la façade s'élèvent deux clochers à deux lanternes,
couverts en fer blanc, et dont les flèches hardies et bril-
lantes annoncent au loin le temple du Seigneur. Avant
1837, une de ces tours, nous dit M. Paquin, contenait
un cadran en bois, ouvrage de M. Vaillancourt, excellent
ouvrier de Sainte-Scholastique. L'intérieur de l'église,
continue le môme auteur, était très-bien orné de riches
sculptures et de beaux tableaux. La sculpture et les
colonnades étaient richement dorées. Lorsqu'on entrait
dans l'église on était d'abord frappé par l'aspect d'une
statue de St. Eustache, de grandeur naturelle, placée
derrière le maître-autel qu'elle dominait. Le coup-d'œil
qu'offrait cette statue dorée à l'antique, la colonnade qui
entourait le chœur et les tableaux qui l'ornaient, firent
une profonde impression sur les premières personnes de
l'armée qui entrèrent dans cette église après le combat
du 14 décembre 1837. Plusieurs officiers s'arrêtèrent,
saisis d'étonnement à la vue de cette statue que les bou-
lets semblaient avoir respectée; car ils avaient frappé
tous les murs à l'entour et s'étaient abattus près de l'autel.
A quatre-vingt-dix pieds de l'église s'élevait le couvent
relié au temple par un mur en ùerre haut de dix pieds.
Ce couvent qui avait 55 pieds du longueur sur une pro-
fondeur de 36 pieds, fut construit par M. Paquin.
\
II
141
de cette rivière. Le presbytère se trouve précisément
au confluent de cette dernière et de la rivière des Mille-
Isles. L'église, placée près du presbytère sur une belle
pointe qui s'avance dans les eaux noires des Mille-Isles,
offre un joli coup d'œil, soit de la rive opposée, soit du
village dont elle termine la grande rue, et à laquelle elle
présente son imposante façade de pierre de taille, dont la
construction est élevée, solide et dégagée. De chaque côté
de la façade s'élèvent deux clochers à deux lanternes,
couverts en fer blanc, et dont les flèches hardies et bril-
lantes annoncent au loin le temple du Seigneur. Avant
1837, une de ces tours, nous dit M. Paquin, contenait
un cadran en bois, ouvrage de M. Vaillancourt, excellent
ouvrier de Sainte-Scholastique. L'intérieur de l'église^
continue le môme auteur, était très-bien orné de riches
sculptures et de beaux tableaux. La sculpture et les
colonnades étaient richement dorées. Lorsqu'on entrait
dans l'église on était d'abord frappé par l'aspect d'une
statue de St. Eustache, de grandeur naturelle, placée
derrière le maître-autel qu'elle dominait. Le coup-d'œil
qu'offrait cette statue dorée à l'antique, la colonnade qui
entourait le chœur et les tableaux qui l'ornaient, firent
une profonde impression sur les premières personnes de
l'armée qui entrèrent dans cette église après le combat
du 14 décembre 1837. Plusieurs officiers s'arrêtèrent,
saisis d'étonnement à la vue de cette statue que les bou-
lets semblaient avoir respectée; car ils avaient frappé
tous les murs à l'entour et s'étaient abattus près de l'autel.
A quatre-vingt-dix pieds de l'église s'élevait le couvent
relié au temple par un mur en ûerre haut de dix pieds.
Ce couvent qui avait 55 pieds du longueur sur une pro-
fondeur de 36 pieds, fut construit par M. Paquin.
I
I
»
I ■
;M
142
" La pierre nécessaire, dit le Dr. Meilleur (1), pour la
bâtisse de cette maison d'éducation, fut amenée par cor-
vée sur les lieux, en décembre de l'année 1828, et j'ai eu
le plaisir d'y prendre part, pendant toute une semaine, en
conduisant ma propre voiture. Les principaux habitants
du village de Saint-Eustache en firent autant, ayant à
leur tête leur digne curé. Cette pierre fut tirée des dar-
rières de la côte Saint-Joseph, formant partie d'une nou-
velle paroisse, ayant pour premier curé Messire F. Bour-
geault, élève distingué du Collège de l'Assomption. "
La bâtisse était en pierre piquée; lors du combat et de
l'incendie du 14 décembre 1837, ello venait d'être ache-
vée, et allait être ouverte à l'éducation des jeunes filles,
sous la direction des sœurs de la Congrégation de Notre-
Dame. Cet édifice avait deux étages très-bien disposés,
des mansardes propres à en former un troisième, et des
dépendances fort commodes. Les insurgés, en 1837, s'en
étant emparés, et ayant fait feu des fenêtres du couvent
sur les troupes anglaises commandées par Sir John
Colborne, celles-ci y mirent le feu, et l'édifice fut presque
complètement détruit. Dansle cours de l'année suivante,
en 1838, l'église étant en ruines, on fit au couvent les
réparations les plus urgentes afin de le mettre en état de
servir temporairement de chapelle. Le service divin se
fit dans ce lieu jusqu'en 1840, époque où les paroissiens
de Saint-Eustache purent rentrer dans leur église, dont on
avait refait la couverture et réparé l'extérieur, mais dont
l'intérieur restait inachevé.
Enfin, on mit la dernière main au couvent en 1849,
et des sœure de la Congrégation en prirent possession le
10 septembre de la môme année. Elles l'occupent encore
aujourd'hui à la satisfaction de tous.
(I) Mémorial de Vèducalion,\}. 196.
v\.
143
A quelque distance du couvent, fesant face au pres-
bytère, se trouvait, sur un site élevé, la maison
seigneuriale, Mtio en pierre de taille, à deux étages.
Elle dominait la rivière des Mille-Isles, ainsi que le cou-
vent et l'église. Devant cette maison se trouvait un joli
parterre. Tout le terrain qui se liouvait entre ce parterre
et le presbytère, devant l'église et le couvent, formai une
jolie promenade fort bien pavée et toujours propre.
En face de l'église, à l'un des angles de la grande
rue, se trouvait la demeure de Jacques Dorion. Cette
maison et ses dépendances en bois, bien peintes et
bien propres, ne déparait en rien cette jolie place. A
l'angle opposé de la rue était l'ancienne maison sei-
gneuriale devant laquelle il y avait de fort beaux
arbres. Dans la grande rue qui traverse tout le village
se trouvait, surtout dans la partie qui avoisine l'église et
qui a été consumée, un grand nombre de jolies bâtisses
parmi lesquelles se distinguait surtout celle de W.H.Scott,
ancien député du comté. Celte maison, qui existe encore,
fut construite il y a quelques années, dit M. Paquin, par
le Dr. Labrie. Sur une pointt parallèle à celle où l'église
est construite, en face du jardin du presbytère, on voyait
la maison du Dr. Chénier, qui avait servi autrefois à un
célèbre pensionnat de jeunes filles, établi par le Dr.
Labrie. C'était une vaste construction en bois, environnée
d'une galerie cou verte et agréablement située au confluent
des deux rivières.
Un beau pont très-solide, à deux arches, joint ensemble
la partie du village où se trouve l'église et celle où était
la maison du Dr. Chénier. Ce poiU, depuis tombé de
vétusté en 1802, a été aussitôt rel)âti plus solidement
qu'auparavant.
^3
ftilH
144
Tel était le village Saint-Eustache avant 1837. Si nous
en avons donné une description un peu longue, c'est
qu'elle était nécessaire pour mettre le lecteur en état de
bien comprendre le combat de 1837, qui sera bientôt
raconté, et la position qu'occupaient les divers corps de
troupes.
L'incendie de 1837 a détruit la plupart des bâtisses
remarquables qui ont été énumérées plus haut ; quelques
unes ont été reconstruites, mais plusieurs ne l'ont pas
été. On voit encore leurs ruines qui donnent au village
■un aspect triste et mélancolique, monument durable des
désastres que cause toujours la guerre civile. Ainsi
l'ancienne maison seigneuriale, la résidence du Dr.
Chénier, celle de M. Jacques Dorion, etc., n'ont pas été
rétablies. L'église, dont il ne restait que les quatre murs
après le feu, a été reconstruite sur le plan de celle qui avait
brûlé ; elle a été achevée sous M. le curé Moreau. De
même, le couvent et le presbytère ont été rebâtis ; mais
celui-ci au lieu d'être à angle droit avec l'église, est sur
une ligne droite avec celle-ci. Le site de la maison
seigneuriale est occupé maintenant par la résidence de M.
Joseph Lefebvre de Bellefeuille. (1) Grâce aux soins et à
l'activité de plusieurs curés et principalement de M, le curé
Moreau, l'église a été très-bien réparée. Cependant, en
examinant l'extérieur attentivement, on remarque que
le portail est encore criblé des marques des boulets et des
balles lancés contre les insurgés qui s'y étaient réfugiés.
D'après les anciens, l'église actuelle est loin d'être aussi
belle et aussi richement décorée que l'était l'ancienne.
(l) Père de M. le Chevalier de Bellefeuille. (L.)
145
n
Le premier curé ou desservant de Saint-Eustache a été
M. François Petit. L'on ne possède que peu de détails sur
sa vie ; l'on ignore môme à quelle époque exacte il arriva à
Saint-Eustache ; on sait seulement qu'ildemeura en charge
de la paroisse pendant une partie de l'année 1768, jusqu'au
mois d'octobre 17 X La Liste Chronologique des Evéques et
des Prêtres du Canada^ par M. Noiseux, nous dit que M. Petit
a été ordonné prêtre le 18 septembre 1745. (1) M. l'abbé
Tangnay place cette ordination au 12 juin 1745. (2)
D'après le môme auteur, il fut nommé, en 1749, curé de
Lotbinière (3). Les registres* de la paroisse de Saint-
Eustache qui, comme nous l'avons déjà dit, datent du 23
novembre 1768, ont été ouverts sous lui ; c'est sa signa-
ture que l'on rencontre la première. Il est bien probable
que l'arrivée de M. Petit à Saint-Eustache n'a pas précédé
de longtemps la première date des registres.
En laissant Saint-Eustache, il alla à Repentigny, (iont
il fut le curé pendant six ans. M. Joseph Etu, avocat, de
Repentigny, dit dans ses Recherches Archéologiques sur
cette paroisse, que le premier acte fait par M. Petit à
Repentigny est du premier octobre 1769, et le dernier du
premier septembre 1775.
M. Petit, est mort à Repentigny le 29 juillet
1787, à l'âge de 64 ans. La Liste Chronologique^ etc.,
dit le 20 juillet 1787 ; c'est une erreur. Il fut inhumé
le 30 du môme mois dans l'église de Repentigny.
Furent présents à son enterrement MM. Pierre-Laurent
(t)P. 24.
(2) Répertoire Général, etc., p. 108.
(3) Do do
«ir : '^
146
Bédard, Jean-Baptiste Pétrimoulx, Claude Carpentier
et Antoine-Emérie Lemaire-St-Germain, prêtres.
III
Après le départ de M. Petit, en octobre 1769, le R. P.
Félix Berey, religieux franciscain, fut chargé de la des-
serte de la paroisse Saint-Eustache. L'histoire nous a
conservé sur la vie de ce vénérable prêtre plus de détails
que sur celle de son prédécesseur; nous allons résumer
rapidement tout ce que nous avons pu recueillir.
Le R. P. Berey naquit à Montréal le 10 juin 1720 et
fut baptisé sous les noms de Claude-Charles de Berey
des Essarts. Il était d'extraction noble et fils de Fran-
çois de Berey, sieur des Essarts, officier dans les troupes
de la colonie. Les auteurs qui ont parlé du P. Berey ne
s'accordent pas sur la manière d'écrire son nom. Les
uns, comme M. Barthe (1), l'appellent Bcrry: d'autres,
comme Pierre du Calvet (2), le nomment Félix Berré ;
quelques uns Félix de Berrey (3) ; plusieurs retranchent
la particule de et disent Félix Berrey; M. de Gaspé, dans
ses Mémoires (4), l'appelle le Père de Bérey ; la plupart lui
donnent le nom unique de Félix. Toutes ces différentes
orthographes me semblent inexactes. Son vrai nom est
Claude-Charles Berey. C'est l'orthographe que M. le
Commandeur Jacques Viger adopte ; c'est celle que nous
avons trouvée nous-môme dans les registres de la
paroisse Saint-Eustache, et aussi à Saint-François du
Lac, d'après ce que nous écrit M. J. Paradis, le curé
{\) Le Canada reconquis, etc., p. 69.
(2) The case of Peter du Calvet, p. 250.
(3) Dr. Meilleur, Mémorial de VEducation, p. 9.
(4) P. 62 et suiv.
'^ 147
actuel. Des actes que l'on trouve dans les registres de
Beauport s'accordent avec M. Viger peur le nom de
Charles, mais ils omettent celui de Claude. Après son
entrée au couvent, le P. Berey, suivant l'usage des Fran-
ciscains, prit pour nom de religion celui de Félix. C'est
ce que nous dit une note dans les registres de Beauport :
"Charles Berey surnommé Félix, religieux de Saint-
François." C'est depuis ce moment qu'il porta le nom
de Félix par lequel il est plus généralement connu. ' Il
est certain qu'il abandonna la particule de avant son nom.
Nous avons vu à Saint-Eustache sa signature écrite au bas
de plusieurs actes de l'état civil, et elle est toujours inva-
riablement comme suit : Félix Berey pire. rec. mis. On
retrouve aussi la môme signature à Saint-François du
Lac où le révérend père a été curé, comme nous le disons
plus bas.
Nous n'avons pas pu avoir la date exacte de son ordi-
nation. La Liste Chronologique de M. Noiseux dit bien
qu'elle eut lieu le 21 décembre 1743. Cette date s'accorde
avec celle donnée par M. Tanguay (1) ; mais nous ne pou-
vons en admettre l'exactitude. On voit, en effet,
par les registres de la paroisse de Beauport que le P.
Berey a desservi momentanément cette paroisse avant la
date donnée comme celle de son ordination par les
auteurs que nous venons de nommer ; deux actes, l'un
du 9 février 1743, et l'autre du 2 mai de la môme année,
sont signés de son nom ; il faut donc qu'il ait été fait
prêtre en 1742 ou dans les premiers jours de l'année
1743. Cependant M. Jacques Viger, en disant dans son
Archéologie Religieuse^ que le P. Berey mourut le 18 mai
1800, ajoute qu'il avait alors 56 ans de prêtrise; cela
(1) Bépertoire, etc. p. 107.
m 147
■actuel. Des actes que l'on trouve dans les registi-es de
Beauport s'accordent avec M. Viger peur le nom de
Charles, mais ils omettent celui de Claude. Après son
entrée au couvent, le P. Berey, suivant l'usage des Fran-
ciscains, prit pour nom de religion celui de Félix. C'est
ce que nous dit une note dans les registres de Beauport:
"Charles Berey surnommé Félix, religieux de Saint-
François." C'est depuis ce moment qu'il porta le nom
de Félix par lequel il est plus généralement connu. ' Il
est certain qu'il abandonna la particule de avant son nom.
Nous avons vu à Saint-Eustache sa signature écrite au bas
de plusieurs actes de l'état civil, et elle est toujours inva-
î riablement comme suit: Félix Berey pire. rec. mis. On
retrouve aussi la môme signature à Saint-François du
Lac où le révérend père a été curé, comme nous le disons
plus bas.
Nous n'avons pas pu avoir la date exacte de son ordi-
nation. La Liste Chronologique de M. Noiseux dit bien
qu'elle eut lieu le 21 décembre 1743. Cette date s'accorde
avec celle donnée par M. Tanguay (1) ; mais nous ne pou-
vons en admettre l'exactitude. On voit, en effet,
par les registres de la paroisse de Beauport que le P.
• Berey a desservi momentanément cette paroisse avant la
date donnée comme celle de son ordination par les
auteurs que nous venons de nommer ; deux actes, l'un
du 9 février 1743, et l'autre du 2 mai de la môme année,
sont signés de son nom ; il faut donc qu'il ait été fait
prôtre en 1742^ ou dans les premiers jours de l'année
1743. Cependant M. Jacques Viger, en disant dans son
Archéologie Religieuse^ que le P. Berey mourut le 18 mai
1800, ajoute qu'il avait alors 56 ans de prêtrise; cela
(1) Répertoire, etc. p. 107.
^^1
t't
148 •
placerait la date de son ordination en 1744, ce qui me
parait impossible.
Le Dr. Meilleur, dans le Mémorial de l'Education, dit
que le P. Berey fut ordonné prêtre en 1713; l'auteur
nous a depuis informé que c'était là une erreur typogra-
phique, et qu'il plaçait l'ordination du P. Borey en 1743.
On retrouve encore le P. Berey à Beauport lo 10 jan-
vier 1744, le 7 septembre 1783, en 1790, et le 13 avril
1791.
Il fut aussi pendant quelque temps à la paroisse de
Saint-François du Lac, non comme curé on titre, mais en
qualité de desservant, pendant la dernière maladie du
curé, M. Jean-Baptiste Dugast, et quelques mois aj)rès. M.
Jean-Baptiste Dugast avait été curé de Saint-François du
Lac pendant près de 45 ans, et s'étant trouvé malade au
commencement de l'année 1763, le P. Berey lui fut
envoyé comme desservant par l'administrateur du dio-
cèse de Québo'C, le siège épiscopal étant alors vacant. M.
Jean-Baptiste Dugast mourut le 11 de mai de la môme
année, et le P. Berey continua de desservir la paroisse
jusqu'à l'époque où M. Parent vint le remplacer en qua-
lité de curé en titre de Saint-François du Lac. En laissant
cette dernière paroisse, le P. Berey se rendit à Chambly,
dont il fut le vingt-deuxième curé, depuis le 28 août 1763
jusqu'au 4 octobre 1769. De Chambly il alla au mois
d'octobre 1 769, à Saint-Eustache, dont il fut le second curé
ou desservant. Il y resta jusqu'au 15 mai 1775.
Le P. Berey, pendant l'espace de temps qu'il fut à Saint-
Eustache, paraît avoir déployé une grande activité. Il a
fait bâtir en 1774 le premier presbytère en pierre qui se
trouvait près de l'emplacement où est le presbytère actuel ;
mais au lieu d'être en ligne avec l'église que l'on voit
aujourd'hui, il formait un angle droit avec la ligne de
• 149
cet édifice, qui n'a été construit que quelques années plu»
tard. Ce presbytère, d'après M. Viger, servait tout à la
fois de chapelle et de résidence» au curé.
- Suivant M. de Gaspé, (1^ le Père Berey avait été aumô-
nier d'un régiment et avait môme été blessé en adminis
trant les mourants sur le champ de bataille. (2) En 1796,
suivant M. Tanguay, il devint commissaire provincial et
derniersupérieur des Franciscains réformés en Canada (3)
Suivant d'autres auteurs, il était revêtu de cette dignité dès
1782, pendant l'emprisonnement de Pierre du Galvet. (4)
En cette qualité, et aussi par ses talents, sa naissance
et son mérite personnel, il a joui auprès des autorités de
son temps, d'une considération qu'augmentaient encore
son esprit vif et pétillant, sa conversation enjouée, et ses
bons mots, dont quelques uns sont venus jusqu'à nous.
Les relations amicales qu'il ne cessa d'entretenir avec les
gouverneurs anglais, à Québec, lui ont créé des ennemis,
comme nous le verrons plus tard ; on l'a accusé,
de môme que Monseigneur Plessis, de servilisme,
de bassesse môme ; nous essayerons de faire voir
que ces reproches sont quelquefois complètement faux,
et qu'ils sont toujours exagérés. Il fut l'ami, il est vrai,
de plusieurs i»ersonnages constitués en dignité; mais,
assurément, il n'y a là rien de repréhensible ; au con-
traire, ces rapports bienveillants pouvaient peut-être
contribuer à améliorer la position de l'Église canadienne
qui, dans le temps, était loin de jouir de toute la liberté
et de toute la sécurité désirables. Qui sait, même, si le
{l) Les Anciens Canadiens, p. 403.
(2) Foyer Canadien, 1865, p. 288.
(3) Bibaud, Panthéon Canadien, p. 30 —Tanguay Rep. p. 107.
<4) The Case of Peler Du Calvel, p. 250.
•i
^'y
150
P. Berey n'espérait pas, en se faisant des amis puissants, .
gagner l'esprit du gouvernement anglais et, par lày4
protéger l'existence de son ordre menacé de ruine dans le )
Canada?
M. Bibaud dit que le Père Bercy était un homme.,
de grands talents et doué d'une vaste éducation, (l) C'est. ^
aussi ce que nous assure M. de Gaspé. II réclama contre i,
la proposition de M. de Lacorne St. Luc d'exclure les^
communautés religieuses du bénéfice de Vllabeas Corpus, j
(2) ce qui aurait été assurément une injustice manifeste. ^
Comme nous l'avons déjà remarqué, il jouissait dans son
temps d'une grande considération auprès des autorités
anglaises, de qui il recevait, dit M. de Gaspé, un traite-
ment de £500. C'était sans doute une compensation
pour les biens dont ':a communauté avait été dépouillée. On
lit dans ).e mémoire de Pierre du Galvet, (3) peu intéressé ^
à le flatter, que le Père Berey allait souvent chez le gou-
verneur, le général Haldimand, non-seulement aux
réceptions officielles, mais aussi à des réunions intimes :
" Ilaviug seen him (P. Berey) very oftcn at the castle of!
St. Lewis^ not only at the governor's public levées^ but in
his private parties^ the said commissary (P. Berey) being
one of his Exccllcncy's créatures and favourites." (4)
On sait que le gouvernement anglais s'était emparé du .
couvent des Récollets à Québec et en avait fait une espèce ■.
de prison d'état, dans laquelle Pierre du Calvet, accusé
de conspiration et de haute trahison, fut détenu pendant ,
un certain temps. Des écrivains mal inspirés ont v^ulu ,
(1) Panihéon Canadien, p. 30.
Ci) Panthéon Canadien. \>.^(i.
(Z) The case of Peter Du Caiv€l,ii.ToO.
(4) Id., p. 250. .
151
s intimes
rendre les Pères Récollets, et particulièrement le P.
Berey, leur supérieur, responsable des actes du gouver-
nement d'alors, La conduite des autorités anglaises aurait
été aussi blâmable que le huguenot Pierre du Galvet (1),
témoin prévenu, et M. J. G. Barlhe (2) veulent le faire
croire, que cependant aucun homme impartial ne pour-
rait en accuser de pauvres religieux, sur le point d'être
dépouillés de leurs biens et, après tout, soumis comme
bien d'autres à ce qu'on a appelé la tyrannie du général
Haldimand. Il faut toutefois remarquer q^ie l'histoire
est encore loin d'avoir complètement lavé la mémoire dft
Du Galvet des crimes dont il a été accusé et pour lesquels
il a souffert reuiprisonnement. De plus, comme le re-
marque bien justement M. Bibaud (3), l'emploi de la
maison de ces religieux comme prison par le gouverneur
anglais n'était pas plus à leur gré que le service de leur
éghse au culte protestant. M. Barthe n'avait assurément
pas fait ces réflexions si simples et si justes, lorsqu'il a
écrit fes lignes qui suivent :
" Il (Du Calvel) fut tantôt plongé dans d'humides et obscurs
dongeons, ayant le récoUel Berry pour geôlier, tantôt nuitamment
soustrait du sein de sa famille et clandestinement enseveli dans les
pontons où le pùru Berry, toujours limier de police, devait faire régner
le secret de la tombe sur le sort de l'hérétique patriote." (4)
Remarquons en passant que les humides et obscurs
dongeons dont parle ici le sympathique auteur, était le
couvent des Pères Récollets dans lequel ceux-ci continu-
aient d'habiter même pendant l'emprisonnement de Du
Galvet.
(1) 7he case of Peter Du Calvel, p. 250.
(2) Le Canada Reconquis, etc., p. 69.
(3) Panthéon Canadien, p. 31.
(4) Le Canada Reconquis, etc., p. 69.
'iSJ
152
Le Père Berey a encore aujourd'hui un contemporain
qui l'a vu et connu. C'est bien probablement le seul.
Ce contemporain, c'est M. de Gaspé, l'auteur des Anciens
Canadiens. Ce vénérable vieillard qui, presqu'au terme
de sa carrière, s'est tout-à-coup révélé d'une manière si
brillante à la littérature canadienne, mentionne à plu-
sieurs reprises dans ses ouvrages le nom du Père Berey.
Dans les Anciens Canadiens^ il raconte de lui un trait à un
dîner chez le gouverneur Haldimand, auquel assistait M.
de LaCorne St. Luc. Dans ses Mémoires^ M. de Gaspé
en parle plus longuement et rapporte diverses anec-
dotes sur son sujet qui doivent naturellement trouver ici
leur plare.
Après avoir raconté la vie que menaient cc^s pauvres
Pères Récollets, dispersés par l'incendie de leur couvent,
M. de Gaspé ajoute :
" Le Duc de Kent avait reçu une invitation du révérend père pour
midi, heure ù laquelle finissait la parade qui avait lieu vis-à-vis le
couvent dos rccollets, sur le terrain même où ^^st maintenant ..notre
petit square avec son jet d'eau. Le père de Bérey qui avait été
aumônier d'un régiment, qui avait môme été blessé en administrant
les mourants sur un champ de bataille, avait des goûts et des alUires
tant soit ]ieu soldatesques. 11 ressemblait un peu à ce brave officier
français, qui, dégoûté de l'armée, après quelques années de service,
avait échangé l'uniforme pour la soutane, et qui, lorsqu'il lui échap-
pait un juron, ne manquait pas d'ajouter, en baissant les yeux :
" Gomme j'aurais dit lorsque j'étais colonel des dragons." Je ne
prétends pas dire que le père de Bérey en faisait autant, mais seu-
lement qu'il avait des allures et des goûts tant soit peu soldatesques.
•• Or donc, au jour convenu, voulant recevoir dignement le fils de
son souverain, il avait fait disposer un petit parc d'artillerie, vrai
chef-d'œuvre de mécanique qui devait faire feu à midi sonnant, au
moment de l'arrivée du Prince et de ses aides de camp. Ces petits
canons d'étain ou de iilomb, montés sur de jolis affûts, étaient l'œu-
vre d'un des frères du couvent, et devaient tous tonner à la fois.
contemporain
sment le seul,
ir des Anciens
esqu'au terme
ne manière si
itionne à plu-
u Père Berev.
jiun trait à un
uel assistait M.
, M. de Gaspé
diverses anec-
ent trouver ici
vérend père pour
lieu vis-à-vis le
laintenant ..notre
y qui avait été
en administrant
its et des alUires
ce brave officier
léos de service,
qu'il lui échap-
ssant les yeux :
■agons." Je no
tant, mais seu-
u soldatesques.
ement le fils de
d'artillerie, vrai
di sonnant, au
np. Ces petits
s, étaient l'œu-
er à la fois. •'
153
" Soit que le Prince, qui était un grand martinet, comme disent
les Anglais, (car il allait souvent pendant l'été, suivant l'expression
des soldats de son régiment, faire la bacchanale dans leurs casernes
dès trois heures du matin, pour activer les paresseux à grands ren-
forts de coups de cannes,) soit que le Duc de Kent» dis-je, eût assez
discipliné son régiment ce jour-là, ou pour un autre motif, il termina
la parade vingt minutes plus tôt que de coutume, et enfila dans le
couvent avec ses aides de camp. Le père de Bérey, pris à l'impro-
viste et au désespoir de n'avoir pu faire jouer ses pièce: d'artillerie
au moment où le Prince faisait son entrée par la grande porte du
couvent, le père de Bérey, qui était prompt comme la poudre, s'écria
d'un ton assez bourru :
il — Monseigneur, on ne surprend que ses ennemis; je pensais votre
seigneurie trop stricte sur la discipline pour abréger une parade afin
de monter à l'improviste à l'assaut d'un paisible couvent !
" Le Duc de Kent, après s'être fait expliquer la cause de la mau-
vaise humeur du fils de Saint-François, ne put s'empêcher d'en rire
de bon coeur. Le père de Bérey, qui ne voulait pas s'être mis en frais
de galanterie en pure perte, demanda au Prince à la fin du dessert la
permission de boire à sa santé. Et comme il prononçait ces mots :
" Messieurs, à Monseigneur le Duc de Kent " une détonation formi-
dable du parc d'artillerie, rapprochée près de la porte du réfectoire,
fit vibrer les vitres de l'appartement.
"On reprochait au supérieur des récollets d'être par trop eour-
tisan : on oubliait qu'issu d'une famille noble de France, il se
trouvait à sa place dans la société qu'il avait fréquentée depuis son
enfance, et que si, dans les salons anglais, son habit de moine et son
capuchon lui faisaient prêter le flanc à la raillerie, d'un autre côtti
ses manières, ses connaissances étendues, son esprit fin, délié et
sarcastique, en faisaient un jouteur que personne n'attaquait impu-
nément. Il dinait mdine aux mess des officiers de l'armée anglaise où
ses saillies, ses bons mots, ses reparties vives, étaient très-appréciés.
" Je ne puis résister à la tentation de raconter deux des bons mots,
entre mille, du père de Bérey, avant de prendre congé de lui. Il était
très-vieux lors de la captivité de Notre-Saint-Père le Pape Pie VII,
et il était bruit que Napoléon voulait obtenir une dispense de Sa
Sainteté pour marier les prêtres du clergé catholique, et même que
la chose était décidée. Un mauvais plaisant aborde le vieux père de
2
154
Bérey dans un cercle nombreux, et lui dit : — Bonne nouvelle !
réjouissez-vous, mon révérend Père ! Napoléon a obtenu du Pape
une dispense de mariage pour tous les prêtres du clergé catholique.
" — Tu vois bien, gros sot, dit le vieux moine, que c'est de la mou-
tarde après dîner.
. " Un prêtre des environs de Québec passait pour avare et peu
hospitalier, préférant dîner à la table d'autrui que de recevoir des
convives à la sienne. Il venait fréquemment à Québec oii il recevait
bon accueil part ut où il se présentait, et principalement au sémi-
naire, à la cure de Québec, aux Jésuites et au couvent des récollets.
" Quelqu'un aborde le père de Bérey dans la rue et lui demande
s'il a vu M. le curé X. — Oui, dit le moine, il m'a rappelé le lion de
l'Ecriture : circuit quœrens quem devoret.'* .^ .^ . _ , , .., ,., . .
Le père Berey mourut à Québec le 18 mai 1800 (1) à
l'âge de 79 ans, 1 1 mois et 9 jours et fut inhumé le 20. (2)
Quelques uns, parmi lesquels l'auteur de la Liste Chrono-
logique^ (3) placent la date de sa mort au 22 du même
mois ; mais c'est une erreur.
l!i
Tels sont les renseignements que nous avons pu
recueillir sur la vie et les actes du R. P. Berey. Quel-
qu'incomplets qu'ils soient, ils font cependant assez con-
naître la personne et le caractère de ce vénérable
religieux, pour que l'on doive regictter que l'histoire
n'ait pas conservé plus de détails sur les événements de
sa vie. Mêlé, comme il l'a été, aux hommes les plus
importants de son teraps, il a dû connaître bien des faits,
bien des projets, bien des mesures d'un intérêt vraiment
historique, et sur lesquels il existe aujourd'hui des lacu-
nes regrettables. Le récit de sa vie aurait d'autant plus
(1) Archéologie Religieuse, etc., p. 11. — Langevin, Noies, etc., p.
247.— Bibaud, Panthéon Canadien, p. 30.
• (1) Archéologie Religieuse, BiG.,T^. W, . i,
<3) Iw<e t^'?'ono/o^igMe„ etc., p. 23. -
165
d'importance que le R. P. Berey a existé à une époque
où le Canada possédait peu d'hommes remarquables ; la
plupart des principales familles et un grand nombre
des officiers civils et militaires avaient émigré après la;
conquête ; les hommes qui plus tard ont pris une part si
proéminente dans les événements de notre histoire
n'étaient pas encore formés. Le P. Berey a justement
vécu dans cet intervalle un peu obscur de l'histoire
canadienne. Déplorons l'ignorance dans laquelle ses
contemporains nous ont laissés. Que ce soit là un justi&
motif pour engager nos écrivains, nos hommes consti-
tués en autorité, à recueillir précieusement les faits qui
se passent aujourd'hui fous leurs yeux, faits qui souvent
semblent peu importants, mais auxquels des événements
subséquents, impossibles à prévoir, donnent quelquefois,
un intérêt inattendu.
'■ '. - ■-* '.' '. .' '■,■;"
.,M'
i ; ' i
:^■^:y.
■Il
< «1
n, Notes, etc., p.
Le troisième desservant de la paroisse Sain t-E us tache*
a été Monsieur Jean-Pierre Davaux Besson de la Garde>
sulpicien, depuis le 17 ou le 24 mai 1775, jusqu'au 1$
novembre de la môme année. Ce prêtre est généralement
connu sous le nom de Monsieur Besson. Pendant le temps
qu'il desservit Saint-Eustache, il était curé à Sainte-
Geneviève de l'Ile de Montréal. Nous n'avons pas de
renseignements bien précis à cet égard; cependant il est
certain que M. Besson desservit Saint-Eustache pendant
le temps que nous venons de mentionner ; il est certain
également que pendant toute cette époque il fut curé de
Sainte-Geneviève ; et il est resté en tradition parmi les
anciens de cette paroisse que M. Besson fui chargé par M.
Montgolfier, vicaire-général, du séminaire de Montréal,
156
làe desservir rile-aux-Ghats, le rang du Lac, dans la
paroisse de Saint-Eustache. Nous croyons que ce ne
serait pas s'écarter de la vérité historique que de dire
que M. Besson à desservi toute la paroisse de Saint-Eus-
tache, pendant l'époque que nous avons mentionnée.
M. Besson, né le 12 septembre 1726, ai diocèse do
^Viviers, arriva en Canada le 23 août 1750, et fut ordonné
jprôtre le 19 septembre 1750 (1) ; il fut le deuxième curé de
la paroisse de Sainte-Geneviève de l'Ile de Montréal,et il le
fut pendant le long espace de trente-cinq ans. Il mourut
à Sainte-Geneviève, le 11 avril 1790, à l'âge de 64 ans, six
mois après avoir laissé sa cure. Il fut inhumé jdans
J'église de sa paroisse. : ; . .; ^ i .j ; • ;^''i.;»; '
Il semble à l'heure de sa mort avoir conservé de bons
.souvenirs de Saint-Eustache et de ses habitants ; car, par
son testament, il institua pour 'exécuteurs testamentaires
M. Charles-François Perrault, curé de Saint-Eustache, et
Louis-Eustache-Lambert Dumont, seigneur du même
Jieu (2). , .
ji-
■. > Il
^Le quatrième desservant fut le R. P. Antoine Gordan
vicaire général, membre de la Compagnie de Jésus,
depuis le 15 décembre 1775, jusqu'au 25 juin 1776. Le
P. Gordan avait auparavant été curé de Laprairie depuis
le trois avril, jusqu'au six octobre 1775. Ce n'est qu'après
cette époque qu'il s'est rendu à Saint-Eustache. On le
<l) Tanguay, iîeper/oi:;'e etc., p. 112 ' < '-^ ^ ■ : ?
(2) La plupart de ces renseignements sont tirés du travail manus-
«crit de M, l'abbé Louis Lefebvre, curé de Sainte-Geneviève, intitulé :
-" Mémoire sur la paroisse de Sainte-Geneviève en l'Ile de Montréal,^'
et déposé dans les archives de l'évôché de Montréal, où nous en
Avons obtenu communication.
I
157
trouve, dit M. Tanguay, (1) missionnaire à Saint-Régîy^
jusqu'à sa mort, que Mgr. Plessis dit être arrivée en 1777.
Le R. P. Gordan arriva en Canada au mois d'août
1748 ; il mourut le 29 juillet 1779. Nous avons adopté
pour ce nom l'orthographe de Gordan qu: nous parait la
plus exacte ; mais nous devons ajouter que l'on rencontre
quelquefois, et particulièrement dans les archives de la
paroisse de Saint-Eustache, ce nom écrit Gordon».
'•..
VI
Le cinquième desservant fut M. Alexis Pinet, depuis le
26 octobre 1776 jusqu'au 18 octobre 1778. Né à Saint-
Jean, Ile d'Orléans, il fut ordonné prêtre le 23 septembre
1 775. La même année, on le trouve vicaire à Saint-Pierre,
Ile d'Orléans ; en 1778, curé de Saint-Jean, Ile d'Orléans,
avec la desserte de Saint-Laurent; ei^ 1800,curé de Kamou-
raska. M. Pinet mourut à Kamouraska le 6 juillet 1816y
à l'âge de soixante-sept ans, et fut inhumé dans l'église
de Kamouraska. mi.- ... ,
. î'M
NU
M. Charles-François Perrault succéda à M. Pinet le 30'
octobre 1778, et demeura à Saint-Eustache jusque vers
le 22 d'août 1791, date du dernier acte signé de sa main
dans le registre des baptêmes, mariages et sépultures-
Les archives de la paroisse contiennent sur ce prêtre des
renseignements précieux dûs aux recherches de M..
Paquin. M. Perrault naquit à Québec le 19 septembre
1751 de Jacques Perrault et de Charlotte de Boucherville.
Il fut ordonné prêtre le 21 décembre 1776. M. Paquiii
(1) Répertoire etc., p. 110. :> j ' ;. ; v. v
la?'.
X
158
1^
'dit qu'il démolira à la cure de Québec, à titre de vicaire,
jusqu'en 1778 ; mais M. Tanguay,(l)qui nous parait mieux
renseigné, le met, en janvier 1777, curé de Saint-Jean, Ile
d'Orléans, et en novembre de la môme année, curé de
Sainte-Croix. Le 30 octobre 1778, il remplaça à Saint-
Eustache M. Pinet.
' M. Paquin dit que M. Perrault fut dans cette paroisse
le premier curé stable. C'est à lui que l'on doit la pre
mière église qui fut bâtie par ses soins et par contribution
volontaire, ainsi que nous l'avons dit plus haut. M. Per-
rault, disent les archives, était de taille moyenne, bien
fait, d'une humeur agréable et enjouée ; il appartenait à
la famille si honorable de M. Joseph-François Perrault,
ancien protonotaire à Québec et auteur de plusieurs
40uvrages sur l'éducation, i ^ : '.- jï • ..;
M. Perrault, après avoir laissé Saint - Eustache,
devint curé de Saint-Laurent de Montréal, jus-
qu'à l'époque de sa mort qui fut causée par une chute
•;grave qu'il fit en revenant de Montréal. Il mourut à
Saint-Laurent le 24 décembre 1794.
,11,
ïv i
vin
M. Benjamin-Nicolas Maillou, (non Mailloux)^ qui succéda
-à M. Perrault, était né à Québec la même année que ce
•dernier, en 1753. 11 était fils d'un forgeron qui, singu-
lière coïncidence, demeurait à Québec dans la même rue
que M. Perrault. On peut supposer que, voisins et enfants
du môme âge, ils ont dû se connaître dans leurs jeunes
^années, aller à la môme école et participer aux mômes
jeux, soupçonnant peu que, bien des années après, l'un
-serait appelé à succéder à l'autre dans la direction d'une
(1) Réperloire, etc., etc., p. 127.
159
paroisse aussi éloignée du lieu de leur naissance.
Autre circonstance remarquable, M. Maillon fut ordon-
né prêtre le môme jour que M. Perrault, le 21 dé-
cembre 1776 ; il fut curé de Saint-Eustache depuis
le mois d'août 1791 jusqu'au 19 janvier 1810. Il avait
auparavant, savoir depuis 1788, été curé des Trois-
Rivières. Il est mort à Saint-Eustache le 19 janvier 1810,
à l'âge de 56 ans, 3 mois et 20 jours ; il fut inhumé sous
le sanctuaire de i'église. Attaqué fréquemment de la
goutte, il était devenu infirme depuis plusieurs années.'
M. Maillon était d'un caractère flegmatique, égal et
pacifique et bien digne de l'estime qu'il avait su s'acqué-
rir dans sa paroisse. Ses obsèques, auxquelles assistaient
quatre de ses vicaires et dix autres prêtres, furent faites
par M. Dumouchel, curé de Sainte-Geneviève. (1)
A la mort de M. Maillon, la paroisse fut desservie par
M. René-FlavienLajus jusqu'au 14 septembre 1810, date
de l'arrivée du curé, M. Gatien. M. Lajusest mort à Saint-
Pierre de l'Ile d'Orléans le 13 février 1839, à l'âge de 53
ans et demi.
Il
I
.-..,4 ■•;
IX
^ M. Jean-Baptiste Gatien, huitième desservant de Saint-
Eustache, naquit à Saint Joseph de laBeauce le 7 janvier
1764, de Jean-Baptiste Gatien et de Françoise Delisle.
11 fut ordonné prêtre le 25 mars 1787. La même année,
onle trouve vicaire et secrétaire de Mgr. D'Esgly ; enl789,
curé de Sainte-Famille, Ile d'Orléans ; en 1806, de Sainte-
Anne de Mascouche ; enfin le 16 septembre 1810, il prit
possession de la cure de Saint-Eustache qu'il garda jus-
qu'à l'heure de sa mort, arrivée le 21 août 1821, lorsqu'il
(1) Archives de la paroisse Saint-Eustache. ♦. , _ . „ ..
160
était âgé de 57 ans. M. Gatien fut inhumé sous le
sanctuaire de l'église du côté de l'évangile, auprès de
M. Maillou, son prédécesseur. Il avait été frappé d'un
coup de paralysie et d'apoplexie ; il mourut après six
jours seulement de maladie, ayant conservé sa connais-
sance jusqu'au dernier moment, mais sans pouvoir parler.
M. Gatien était vif, nerveux, d'un tempérament sanguin ;
il passait pour un homme instruit et prêchait avec
facilité ; comme ses deux prédécesseurs, il jouissait de
l'estime générale. Il avait fait bâtir à l'église une tour
qui devait être d'un goût assez douteux, puisqu'on a cru
devoir plus tard la détruire. Elle a été remplacée par
les clochers qui existent aujourd'hui. C'est aussi lui qui
a fait bâtir le presbytère brûlé en 1837. (1) - \
M. Jean-Baptiste Breguier Saint-Pierrt sulpicien, des
servit la paroisse depuis le 16 août 1821, jusqu'au 4 octo-
bre de la môme année, date de l'arrivée de M. Paquin.
M. Saint-Pierre est mort à Montréal le 3 novembre 1856.
Monsieur Jacques Paquin lui succéda le quatre octobre
1821. Ce prêtre qui a laissé une certaine réputation
d'homme de lettres, était né le 9 septv3mbre 1791 à Des-
chambault, district de Québec, de Paul Paquin et de
Marguerite Marcotte. Il fit ses premières études chez le
curé de Deschambault,M.Denechaud, et alla les terminer
au collège de Nicole t II fit sa théologie à Québec et fut
ordonné prêtre le 24 septembre 1814. Aussitôt après son
ordination il alla comme vicaire à Varennes, puis fut
envoyé à Saint-François-du-Lac comme miôsionnaire des
Abénakis, où il demeura six ans. Vers le 4 octobre 1 821 ,
(i) Archives de la paroisse Saint-Eustache.
/
161
date du premier acte signé de sa main dans le registre*
des baptêmes, mariages et sépultures, il prit possession
de la cure de Saint-Eustache qu'il desservit pendant vingt-
six ans. Ce fut dans cette paroisse qu'il reçut ses lettres*
d'archipretre.
M. Paq^in, quoique d'un caractère prompt, fantasque^
original, quelquefois môme excentrique, était générale-
ment estimé. D'un tempérament sanguin, son humeur
vive lui causait quelquefois des difficultés avec ses parois-
siens, que son habileté et son bon cœur parvenaient tou-
jours à apaiser 11 était instruit etprêchait bien ; mais ilne
savait pas assez s'adresser, dit-on, à la classe pauvre et
ignorante de ses auditeurs.On dit qu'il était homme d'esprit
et qu'il réussissait bien dans le madrigal et les bouts-rimés..
Parmi les ouvrages qu'il a écrit, on doit mentionner une-
histoire ecclésiastique du Canada fort considérable, ai
laquelle il avait travaillé pendant les dernières années»
de sa vie. • • > '-
Voici ce qu'en disaient les Mélanges Religieux^ dans>
la nécrologie consacrée à M. Paquin : - , •
" Au milieu de toutes ces occupations du ministère, au
milieu de tous ces travaux de fondation et de construc-
tion d'édifices religieux, M. Paquin trouva encore moyea
de consacrer de fréquents moments à des recherches his-
toriques sur le pays. Mais " la mort a des rigueurs à
nulle autre pareilles ; " elle vient de nous l'enlever au
moment où l'on s'y attend le moins ; elle l'arrête au
milieu de ses utiles travaux et ne nous laisse plus qu'à
pleurer sur sa tombe.... Il s'est montré bon prêtre et bon
citoyen ; il a encouragé l'éducation religieuse et profane-
et n'a pas craint de demander justice pour les fidèle»
consacrés à ses soins. Ce n'était pas encore assez pour-
I
H
1 M .
162
lui. Il a voulu travailler pour le pays tout entier; il lui
préparait, en effet, un magnifique présent, œuvre de sos
veilles. Mais la Providence ne lui a pas donné le temps
de compléter sou travail ; elle Ta retiré du .nilieu do
nous pour lui donner la place que d'avance il s'était
acquise au ciel. Pour nous il ne nous reste plus qu'à
pleurer la perte que vient de faire la religion et que la
patrie peut bien aussi pleurer ; mais en môme temps
conservons l'espérance que l'œuvre patriotique de ce
bon citoyen ne demeurera pas sans voir le jour, et que
celui de nos compatriotes qui sera chargé de ses précieux
Mémoires^ se fera un devoir d'y mettre la dernière main
v.et d'en faire jouir le pays."
Cet ouvrage, qu'il laissa en manuscrit, périt en
1852, dans l'incendie de Tévôché de Montréal, dans les
/archives duquel il avait été déposé, en attendant i'examen
qui en devait être fait par l'éveque de Montréal. Ceux
qui ont alors vu ce travail, nous disent qu'il contenait
.une somme considérable de faits et des recherches histo-
riques très précieuses ; sa destruction fut donc une perte
pour les lettres canadienne:.
M. Paquin a de plus écrit \.u Journal Historique des évé-
nements arrivés à Saint-Eustache pendant la rébellion du
comté du Lac des Deux-Montagues^ qui a été imprimé en
1838 et auquel nous avons fait plusieurs emprunts
-dans le cours de cette notice.
Le combat de Saint-Eustache eut lieu pendant qu'il
•était curé de cette paroisse et presque sous ses yeux. Les
rebelles,^ ayant établi leur camp à Saint-Eustache, tinrent
«n quelque sorte M. Paquin prisonnier dans le village et
ne voulurent pas lui permettre de sortir de la paroisse.
On comprend facilement qu'un homme d'un caractère
É
^^'
163
aussi vif et aussi impétueux no pouvait pas souffrir
patiemment cet emprisonnement arbitraire. Il eut, à plu-
sieurs reprises, avec les chefs des patriotes, Girod et le
Docteur Ghénier, des scènes désagréables dont quelques
unes sor.t racontées dans sa brochure.
M. Paquin avait fait tous ses efforts pour abattre l'ar-
deur martiale du Docteur Chénier et empêcher, s'il était
possible, un combat avec les troupes anglaises qui
devaient arriver sous peu. Voyant l'inutilité de ses efforts,
l'obstination des chefs et l'imminence d'une bataille, il
se décida à partir pour Montréal. Au moment môme où
il se disposait à se mettre en route, on vint l'informer
qu'il lui serait impossible de sortir du village. Le Doc-
teur Chénier avait, pendant la nuit,envoyé des émissaires
dans les différentes côtes pour réunir les plus déterminés
de ses partisans. Il avait placé des sentinelles à toutes
les issues afin que personne ne put sortir sans un permis
signé de sa main. M. Paauin lui avant fait demander un
permis de ce genre, il lui fut nettement refusé. Le Doc-
teur se rendit môme au presbytère, pour accompagner
son refus de quelques explications, li dit qu'il croyait
de son devoir de s'opposer à un voyage qu'il prévoyait
être nuisible à sa cause. M. Paquin eut alors avec lui
une conversation longue et animée dans laquelle il insista
fortement sur la folie de la conduite des patriotes ; il lui
représenta tous les malheurs qui allaient fondre sur la
paroisse : le village serait brûlé et pillé, les maisons sac-
cagées, les habitants tués, etc. Après avoir fait une pein-
ture touchante de tous les maux qu'ils allaient attirer sur
eux, M. Paquin ajouta avec émotion :
—Je vous accuse devant Dieu et devant les hommes
de tous ces lïialheurs !
■■f
164
•^\
— C'est vovis, M. le curé, que j'en accuse à mon tour,
répondit le Docteur Ghénier; vous nous avez nui extraor-
dinairement ; vous êtes la cause du refroidissement qu'é-
' prouvent nos hommes en ce moment. Vous devriez être à
notre tête quand nous irons combattre, pour nous donner
l'absolution.
— Moi, faire une semblable action ! reprit M. Paquin,
; non jamais, ne l'espérez pas. Ce serait agir contre ma
propre conscience, contre les décisions de l'église et
contre les intérêts du gouvernement et du pays. Cette
, absolution vous damnerait et me perdrait moi-même.
M. Paquin finit en disant qu'il saurait bien se rendre à
Montréal et que personne ne l'arrêterait.
— Eh ! bien, répondit le Docteur Chénier, s'il n'y a
personne d'assez brave pour le faire, moi-même je vous
arrêterai.
M. Paquin fut obligé de renoncer à son dessein, et dût
se résigner à attendre au milieu de la plus vive inquié-
tude la fin de cette situation pénible.
Quelques jours après cette scène, M. Paquin et son
vicaire, M. Desèves, ayant pu passer au travers des rangs
des patriotes, se rendirent à une ferme qui appartenait
au premier, à environ quarante arpents du village. Girod
était absent. Lorsqu'il revint il parut fort irrité de ce
que l'on avait permis aux deux prêtres de laisser le pres-
bytère, et il députa immédiatement trois de ses gens
pour les ramener, leur enjoignant même de les tuer s'ils
refusaient de venir. Ces trois hommes étaient le fils de
Jean-Baptiste Traversis, (1) de la Grande Frenière, et Fran-
çois et Benjamin Cabanna, ses voisins.
(l) Le Journal historique dit Jean Baptiste Iraverses, c'est sans
doute une erreur typographique ; car le vrai nom est Traversis et
non Traverses. La famille de cet homme existe encore au lieu
indiqué par M. Paquin, et nous croyons même que le personnage
dont il est ici question est encore vivant.
ise a mon tour.
dm
'■ François Cabanna vit encore ; nous l'avons fait interro-
ger sur ce fait. Aux questions qui lui ont été posées, il
a répondu qu'il avait ordre d'amener M. Paquin seul, non
M. Desèves ; que ses ordres positifs étaient môme de tuer
le premier, s'il refusait d'obéir. Le fanatisme ou plutôt
l'ignorance de ces hommes était telle, que Cabanna a
déclaré récemment, quand il a été questionné, qj'il se
croyait obligé, en conscience et même en loi, de tuer M.
Paquin. Une seule considération, dit-il, l'a retenu : c'est
le respect dû au prêtre.
Les trois émissaires de Girod arrivèrent au do-
maine, vers neuf heures et demi du soir, armés de
fusils et de faux qu'ils avaient transformées en épées. Ils
se présentèrent hardiment devant MM. Paquin et Desèves
et leur transmirent les ordres du général Girod. M.
Paquin, à qui cette visite était loin d'être agréable, répon-
dit qu'il ne reconnaissait pas l'autorité de M. Girod et
qu'il ne se rendrait pas à ses ordres. Les émissaires insis-
tèrent fortement, mais sans succès. Les gendarmes de
Girod furent donc obligés de retourner au camp sans
leurs prisonniers. Leur général les reçut fort mal, les
ac 'ibla de reproches et d'injures et leur ordonna même
de repartir sur le champ et de tuer les deux prêtres, s'ils
refusaient d'obéir. Les trois émissaires, plus modérés que
leur chef, ne voulurent pas exécuter cet ordre sangui-
naire. Grâce à cette louable faiblesse, nous n'avons pas
à enregistrer ici un horrible crime qui n'aurait cessé de
peser sur la conscience de ces trois malheureux., Girod
fit plus tard des excuses à M. Paquin sur la violence de
cette conduite, la rejettant sur la grossièreté de ses
hommes et la confusion inséparable d'une troupe indis-
ciplinée.
fi
166
Le combat de Saint-Eustache ayant eu lieu pendant
que M. Paquin était curé de cette paroisse, c'est ici le
lieu d'en parler. ► . * ;
■'- Le village de Saint-Eustache doit une triste célébrité à
cet événement funeste qui l'a si cruellement dévasté.
Bien des personnes peut-être n'ont entendu parler de
cette localité que comme du théâtre de ce combat. Une
histoire de la paroisse de Saint-Eustache serait nécessai-
rement incomplète si elle ne contenait quelques détails
sur cette lutte regrettable, dont l'issue a été si fatale
aux patriotes.
Dans l'automne de 1837, les insurgés des paroisses de
Saint-Benoit, de Sainte-Scholastique, de Saint- Jérôme, etc.,
établirent leur camp dans le village de Saint-Eustache,
au grand déplaisir du curé, qui ne sympathisait pas avec
eux. A leur arrivée, la plupart des familles furent
obligées de fuir pour échapper aux mauvais traitements.
M. Paquin assure dans sa brochure que les habitants
loyaux de certaines concessions eurent à essuyer beau-
coup de persécutions et d'avanies de la part des patriotes.
" On se porta môme jusqu'à tirer plusieurs coups de fusil
dans les maisons de deux habitants respectables, Joseph
et Eustache Cheval dits St. Jacques, en haine de leur
politique ; on brisa des granges et des clôtures ; on fai-
sait] presque continuellement des processions nocturnes
pour inquiéter les loyaux, on mutilait leurs animaux,
enfin on les persécuta tellement que plusieurs furent
assez intimidés par les menaces et les exemples qu'ils
avaient sous les yeux, qu'à la fin ils se rangèrent du côté
des rebelles." • ' ' " *- '
Ces coureurs de nuit poussèrent leur fureur politique
jusqu'à démolir la grange de M. Paquin, située au Petit
Brûlé.
/
u lieu pendant
)isse, c'est ici le
riste célébrité à
iement dévasté.
3ndu parler de
î combat. Une
serait nécessai-
uelques détails
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nt-Jérôme, etc.,
5aint-Eustache,
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gèrent du côté
reur politique
ituée au Petit
»
167
,, Les patriotes s'installèrent à Saint-Eustache dans les
,. édifices publics et dans les résidences particulières les
3 plus considérables, mirent des sentinelles tout autour du
y, village, et placèrent un poste avancé dans la maison de
^.M. Louis M. Seers, à l'endroit où le chemin de Sainte-Rose
> croise celui de Saint-Eustache. Le Dr. Ghénier et Girod
(1) commandaient.
(1) Amury Girod, qui a joué un certain rôle dans l'insurrection de
1837 et qui a eu ensuite une si triste fin, était né en Suisse. Il arriva
en Canada vers 1828, après avoir passé sa jeunesse dans une ferme-
modèle, et avoir obtenu, disait-il, le grade de li(3utenant-colonel de
cavalerie au service du Mexique. Il était instruit, écrivait bien et
ne manquait pas d'éloquence. Il a fait plusieurs discours dont au-
cun n'a été conservé. Ses œuvres littéraires se bornent à une traduc-
tion du Traité d'Agriculture de M. Evans, et à une brochure devenue
rare aujourd'hui intitulf^e Notes diverses sur le Bas-Canada, (l) Il a
aussi travaillé h la rédaction d'un journal d'agriculture dont nous
ignorons le titre.
Girod était venu en Canada pour jouer un rôle, mais son caractère
violent et ses emportements fréquents l'empêchèrent d'acquérir dans
son parti l'influence que ses talents et son audace lui auraient cer-
tainement donné. Rempli d'ambition, il fut toujours un embarras
pour les chefs, et sut se faire cordialement détester de tous, de ses
égaux comme de ses inférieurs. D'après le portrait qu'en trace M.
Paquin, Girod était d'un caractère à la fois haut avec ses
inférieurs, et rampant auprès de ses supérieurs, .dur, brutal,
même dans son language ; sans cesse en querelle avec ses voisins ; il
ne pouvait conserver un seul ami ; il les blessait tous par ses excès
et par ses manières. (2)
Girod, suivant le même auteur, fut d'abord accueilli à Québec par
M. Jos. Frs. Perreault, qui lui confia une de ses terres pour y établir
une ferme-modèle. Il n'y fit rien que des dettes, et en partit bientôt
débiteur ingrat et insolvable de son bienfaiteur. S'éloignant do
Québec, il chercha à s'établir sur les propriétés de M. Debartzch, à
Saint-Charles ; mais sa renommée l'avait précédé et M. Debartzch
ne se soucia pas d'un jiareil hôte. Girod se rendit alors à Varennes ;
y fut accueilli comme patriote par le Dr. Duchesnois, et après quel-
ques temps de séjour, il épousa la belle-sœur de ce derr:er, Mlle.
Ainse. Après son mariage, il demeura pendant quelque temps sur
la terre de son beau-père, située sur l'ile Sainte-Thérèse. Là il tra-
(i) Bibaud, Diction. Historiq. p. 13a.
(2) yournal historique,^. T
168
Le 14 décembre à onze heures et un quart, on vint
donner l'alarme ; c'était la troisième depuis quelques
jours. Les sentinelles placées de l'autre côté de la rivière
se replièrent sur le village et vinrent annoncer l'arrivée
des troupes. Aussitôt, tout le village fut en émoi ; on
sonna le tocsin et les insurgés se rassemblèrent au nombre
de cinq ou six cents, pour se préparer au combat. La
moitié de l'armée était alors absente ; car, ne s'attendant
nullement à être attaqués ce jour là, les soldats de Girod
s'étaient répandus dans les côtes pour piller et chercher
des renforts.
vaillait à des ouvrages politiques et composait des discours révolu-
tionnaires pour les assemblées du comité central, etc. Il s'était im-
posé comme un fardeau à tous les chefs patriotes qui le haïssaient,
mais n'osaient le brusquer, parcequ"il leur était utile. Lui-même
haïssait cordialement M. Papineau et la plupart de ses amis ; sou-
vent même en secret il écrivit contre eux. Il les flattait au dehors
parcequ'il espérait les voir faire i ne révolution et qu'il comptait par
là se procurer une position avan: ageuse.
Dès !es commencements de l'agitation, il y prit une part fort active.
Voyant qu'il ne pouvait réussir à soulever Varennes où il n'avait
aucune influence, il entreprit d'agiter la paroisse de la Pointe-aux-
Trembles oii il se rendait régulièrement deux fois par semaine pour
haranguer les jeunes gens et les dresser aux exercices militaires. Il
se trouvait à Montréal le jour du conflit entre les Fils de la Liberté et
le Doric Club, Il fut un des auteurs de l'assemblée et l'un des plus
prompts à se sauver lorsqu'on en vint aux coups. Lorsque les ar-
restations commencèrent et que M. Papineau eut quitté Montréal
pour aller dans le sud, il passa par l'ile Sainte-Thérèse et y vit
Girod. Il le chargea sans doute d'aller dans le nord seconder les
efforts que d'autres faisaient dans le sud, car immédiatement après
Girod se rendit dans le comté du Lac des Deux-Montagnes, y prit le
titre de général-en-chef, et contribua beaucoup par son audace et ses
mensonges à décider les malheureux habitants à prendre part aux
mouvements qui eurent lieu.
" De Varennes, dit une correspondance publiée dans la Minerve du
20 juin 1865 et dont l'auteur parait bien renseigné, (1) M. Girod se
rendit à Saint-Benoit, et il fut l'hôte de M. G pour plus de quinze
jours avant de se rendre au camp de Saint-Eustache, déjà organisé
(i) Cette correspondance est datée de C, L. i6 juin 1865, et est signée M.
cjuart, on vint
puis quelques
té de la rivière
3ncer l'arrivée
en émoi; on
Bnt au nombre
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déjà organisé
née M.
169
C'est ici le lieu de dire que dans les paroisses voisines
et à Montréal, on a toujours considérablement exagéré
les forces des patriotes ; on les a portées par fois jusqu'à
six mille hommes, et jamais il n'y en eut au camp plus
de mille. On s'est fort trompé aussi sur leurs moyens
de défense : on les croyait bien armés, abondamment
pourvus de munitions, et môme,a-t-on dit, munis de plu-
sieurs canons de bois de chêne cerclés en fer. Tout cela
était faux ou beaucoup exagéré ; il n'y eut jamais
qu'un canon de bois commencé à Sainl^Benoit et il ne
put être achevé. Le seul canon qu'eussent les rebelles
était celui qu'ils avaient volé à la mission du Lac, et ce
par quelques ^/5 de la liberté, De Lorimier, Peltier et autres venus de
Montréal.
" A Saint-Benoit, Girod se dit l'envoyé de M, Papineau pour
prendre le commandement des patriotes du Nord, et ce l'ut à sa de-
mande que les habitants de Saint-Benoit se soulevèrent en masse.
" Dans ce moment d'émeute générale, il lit arrêter le Dr. Forbes
de Sainte Geneviève, alors en visite chez moi. Il l'accusa d'espio-
nage, ce qui pouvait être vrai ; il établit une cour martiale, et le fit
condamner comme espion à être fusillé dans 24 heures, ce qui aurait
eu lieu, sans ma forte intervention, et les menaces que je fis d'aban-
donner la cause.
" De Saint-Benoit, Girod s'en alla à Saint-Euslache, où il trouva
le camp déjà organisé. Il supplanta le brave Dr Ghénier dans le
commandement, et se fit reconnaître comme commandant-en-chef,"
" Le 13 de décembre au soir, dit encore le correspondant, M. Girod
me retint avec lui, et je dus coucher chez lui sur sa demande. Il me
parut très-agité toute la nuit, car nous ne pûmes dormir. Le lende-
main, aussitôt qu'on vint l'avertir que les troupes anglaises s'avan-
çaient vers Saint-Eustache, de suite il laissa lo camp et se sauva à
Saint-Benoit, où il arriva avant que le feu se fit entendre à Saint-
Eustache.
" A Saint-Benoit, les patriotes indignés le traitèrent de lâche, pour
avoir ainsi déserté et laissé massacrer le Dr. Chénier et les siens, et
alors il fut forcé de retourner à Saint-Eustache avec 100 à 150
hommes de Saint-Benoit, qui voulurent aller porter secours à leurs
amis de Saint-Eustache.
" Dans la marche de Saint-Benoit à Saint-Eustache, il demanda à
se réchaufl'er, et il entra dans la maison de M. Ingliss. Pendant qu'il
était là, inapperçu, il s'évada par une fenêtre, et s'enfuit je ne sais
'iPir
170
canon resta toujours à Saint-Bsnoit. Quant aux armes
des insurgés, grand nombre n'avaient que des pierres et
des bâtons, d'autres des faux changées en épées, quelques
uns des fusils sans batterie; très- peu d'enîr'eux avaient
des armes en bon ordre, et presque tous manquaient de
munitions.
L'alarme donnée cette fois n'était pas une fausse
alarme. Les troupes s'avançaient réellement sous le
commandement de Sir John Golborne lui-même. L'ar-
mée royale se composait de deux mille hommes au
moins. Elle avait huit pièces d'artillerie de campagne
où, avec le cheval d'un honnête cultivateur qu'il prit à la porte de
l'hôtei Ingliss."
M. Paquin fait de ces événements un récit un peu difTérent, qu'il
est bon de ne pas omettre.
Le bravo général Girod, dit-il, après avoir fait tout son possible
Ï)Our placer ses guerriers dans les divers postes, et en avoir même
i'appe plusieurs du plat de son sabre pour les empêcher de fuir,
crut qu'il était temps de songer à sa propre sûreté. Sans doute il
avait donné toute sa dose de courage à ses troupes, car il ne lui en
resta pas assez pour demeurer avec elles. Girod, qui avait eu des
renseignements positifs sur le nombre des troupes qui s'avançaient,
savait très-bien qu'il ne pouvait leur résister ; abandonnant donc à
leur sort les malJieureux qu'il avale soulevés, il s'empara d'un fort
bon cheval appartenant à Jean Bte. Proulx dit Clément, et se mit en
devoir de se sauver à toute bride. Il s'arrêta un instant à la maison
de M. Eugène Globenski, où il avait eu son logement, pour y prendre
quelque chose qu'il avait oublié ; dcns ce moment un habitant de la
côte Saint-Joseph de Saint-Eustache voulut le tuer ; mais ceux qui
étaient là l'en empêchèrent. Cet homme fut tellement irrité de ne
pouvoir mettre son projet à exécution, que de rage il brisa son fusil
contre la maison, en disant aue puisque les chefs se sauvaient ainsi,
il ne tirerait pas un seul coup et que son fusil ne servirait à personne.
Un autre habitant, nommé Marcel Gharbonneau, brûla trois amorces
en voulant faire feu sur le général fuyard.
" Il faut que je lui flambe la cervelle, disait-il ; car il nous a dit
assez souvent de faire feu sur lui, s'il reculait d'un seul pas et s'il
n'était pas toujours à notre tête."
Le coup partit avec la quatrième amorce, mais l'arme avait été
mal dirigée. Girod tournait en ce moment l'extrémité du village
tant aux armes
> des pierres et
ïpées, quelques
îir'eux avaient
nanquaient de
is une fausse
îment sous le
i-même. L'ar-
î hommes au
de campagne
prit à la porte de
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\, car il ne lui en
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itant à la maison
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mais ceux qui
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I brisa son fusil
sauvaient ainsi,
irait à personne,
a trois amorces
r il nous a dit
seul pas et s'il
arme avait été
lité du village
171
et une pièce à rockets; il y avait environ cent-vingt
hommes de cavalerie, des dragons légers de la reine ou
de la cavalerie de Montréal ; à la suite de l'armée ve-
naient un grand nombre de voitures chargées de muni-
tions, de bagages, de provisions, de bois, d'outils et d'ou-
vriers de toute sorte, pour construire au besoin des ponts,
couper ou abattre les obstacles, etc. Tout avait été or-
ganisé avec une prévoyance et une sagesse dignes d'un
général expérimenté. Outre les volontaires de Montréal,
il y avait avec l'armée royale, une compagnie de volon-
taires de Saint-Eustache, forte de quatre-vingt-trois hom-
mes et commandée par le Capt. Maxime Globenski.
pour' prendre la route qui conduit à Saint-Benoit. Il se sauva à
toute bride et sans laisser prendre haleine à son cheval, jusqu'à trois
lieues de Saint-Eustacho. Là son coursier n'en pouvant plus et re-
fusant d'avancer, il fut forcé do s'arrêter à une auberge tenue par un
M. Inglis. M. Inglis était absent, Girod dit à sa femme que ses gens
étaient victorieux, et qu'il allait à Saint-Benoit chercher du^tenfort
pour achever de mettre les troupes en déroute.
— Mais, lui dit la dame, si vous êtes vrmqueurs, pourquoi donc le
feu a-t-il été mis au village ?
— Ce n'est rien, dit l'intrépide général, nous avons été obligés pen-
dant la bataille, en repoussant les troupes, de mettre le feu à quelques
maisons.
Et se fesant verser un grand verre d'eau-de-vie, il reprit à toute
bride le chemin du Grand-Brulé.
Toutefois sa fuite et sa lâcheté ne le sauvèrent pas. Neus allons
voir comment il périt misérablement. Après être resté quelques
heures à Saint-Benoit et avoir erré de côté et d'autre toute la journée
de vendredi et celle de samedi, il se rendit le dimanche chez l'un de
ses anciens amis, nommé Turcotte, demeurant à la Rivière-des-
Prairies. Mais celui-ci ne se souciait guère de le recevoir, crainte de
se comprome"re. Aussi Girod, s'apercevant de sa froideur, partit
pour se rendre à la Pointe-aux-Trembles, chez un ami mtime nommé
Laporte. Turcotte aussitôt se mit en route pour Montréal dans l'in-
tention de dénoncer aux autorités la retraite de Girod. Il rencontra
en cher-iin les volontaires do la Longue-Pointe à qui il donna tous les
renseignements qu'il possédait. Ceux-ci se mirent immédiatement à
la poursuite du fugitif pour l'arrestation duquel $2,000 étaient offertes
par le gouvernement. La maison de M. Laporte fut fouillée ; mais
Girod en était parti d'îpuis un instant. Les volontaires, cependant,
I
f¥^:
172
r»'
\î
3^1
! 'I
Les troupes anglaises parties de Saint-Martin à six
heures et demie, n'avaient point pris le chemin direct
de Saint-Martin à Saint-Eustache. Le général savait que
ses forces étaient attendues par cette route, que l'on avait
coupé les ponts et que le chemin était obstrué de plu-
sieurs embarras. En outre, il craignait d'exposer ses
hommes à être inutilement massacrés, sans qu'ils pussent
se défendre, en traversant le Grand-Bois^ entre Saint-Mar-
tin et Saint-Eustache. L'armée se dirigea donc par la
concession appelée le Petit Sainte-Rose. Les troupes ar-
continuant leurs recherches, ne tardèrent pas à le découvrir à quel-
que distance du village, sous le grand pont qui se trouve au bout de-
l'isle. ftirod, se voyant cerné et sur le point d'être pris par des gens
qui l'auraient infailliblement conduit à l'échafaud, se fit justice à lui-
môme. Il se brûla la cervelle en disant : " Je ne veux pas mourir
comme mon père dans les prisons."
Son corps fut transporté à Montréal sur un traineau et enterré au
au coin des rues Sherbrooke et Saint-Dominique, là où est aujour-
d'hui IVisile du Bon-Pasteur. Le Dr. Arnoldi dirigeait l'inhumation,
accompagné d'un piquet de volontaires. Il ne prit pas la peine de
faire mettre la tombe à une grande profondeur en terre, " parce qu'on
l'aura bientôt enlevée," disait-il. " D'ailleurs, c'était tout ce que pou-
vait mériter ce chien-là," ajouta-il.
On m'assure que, depuis, ses restes ont été exhumés et déposés sur
un terrain voisin. Toujours est-il qu'au commencement du mois de
juin 1865, on a fait la découverte d'ossements humains près du coin
de la rue St. Ldui ent et de la rue Sherbrooke. Les journaux du
temps ont dit, et cela parait assez probable, que ces ossements étaient
ceux d'Amury Girod. Il aurait cependant été facile d'éclaircir com-
plètement cette quesîion, en faisant un examen attentif de ces restes,
et particulièrement du crâne qui devait porter des traces du genre
de mort qu'avait subi Girod.
De plus, on a soulevé la question de savoir si Girod s'était réelle-
ment suicidé, ou s'il n'avait pas été tué par un des volontaires en-
voyés à sa poursuite. Ce sont là autant de difficultés qu'il aurait été
facile de résoudre ; mais je ne sache pas qu'on l'ait fait. Voici ce
que le correspondant M. dit à ce sujet ,
" Quelques jours plus tard, le Dr. Arnoldi, snr., nous montra, aux
Drs. Nelson, Kimber, et à moi, ainsi qu'à d'autres, je pense, l'os
frontal du crâne de Giiod, et nous fit remarquer l'épaisseur plus
qu'ordinaire Je cet'.e partie du crâne, et nous dit qu'il avait fait l'au-
topsie du cadavre, et qu'il conservait cette partie du crâne qu'il nou&
-Martin à six
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râne qu'il nous.
173 .
rivèrent à la rivière, environ à mi-chemin entre Saint-
Eustache et Sainte-Rose, et trav aèrent dans un endroit
où celle-ci est fort large et s'étend entre nombre de
petites isles. La glace n'était pas encore forte ; une
pièce d'artillerie et plusieurs chevaux passèrent au tra-
vers, mais on parvint à les retirer. Crainte d'un autre
accident semblable, on fut obligé de dételer les chevaux
qui traînaient les canons et de tirer les pièces de loin à
force de bras. La cavalerie marcha en file simple, les
chevaux à dix pieds de di^ ce l'un de l'autre, et l'in-
fanterie prit aussi de gictudes précautions ; enfin les
troupes gagnèrent heureusement l'autre bord de la ri-
vière, et, s'étant reformées en bon ordre, oe mirent en
marche vers le village, en suivant le côté nord de la
•rivière.
Les volontaires de M. Globensky avaient pris un che-
min plus court de Saint-Martin à Saint-Eustache ; ils ar-
rivèrent vis-à-vis Saint-Eustache longtemps avant les
troupes dont la traversée avaient beaucoup retardé la
montra. Il nous dit que Girod s'était suicidé à l'arrivée des volon-
taires qui allaient l'arrêter. Mais il nous fut dit aussi que le volon-
taire qui l'aperçut caché près d'une clôture de jardin, le voyant armé,
le tua de sa carabine, et que pour cacher ce quasi-meurtre, on faisait
•courir le bruit que Girod s'était suicidé."
Conséquemment, si les ossements trouvés près de la rue Sher-
brooke étaient ceux de Girod, l'os frontal devait manquer.'
Nous ne possédons aucun renseignement pour nous autoriser à
•dire que l'on ait constaté cette circonstance.
Ainsi périt cet homme dont les antécédents s^nt encor;, une
•énigme, et dont la vie en Canada ne fut qu'une suite d'intrigues, d'agi-
tations et de forfaits politiques. Il contribua beaucoup par son au-
dace et ses fourberies aux désordres, aux vols et aux pillages qui
signalèrent le passage des patriotes dans plusieurs paroisses et prin-
cipalement à Saint-Eustache. Ce Dont ces pillages continuels qui,
tout en les maintenant dans l'abondance, leur avaient attiré la haine
de la plus grande partie de la population au milieu de laquelle ils se
trouvaient.
I
I
.
174
marche. M. Globensky fit arrêter ses hommes aux
quatre fourches du chemin, résolu d'attendre que le
reste de l'armée fut en vue, avant d'avancer plus loin.
C'était cette compagnie seulement que les insurgés
avaient d'abord aperçue. Plusieurs rebelles s'approchè-
rent assez pour les reconnaître ; Girod partit lui-môme à
cheval pour aller les examiner ; il revint et rapporta
qu'ils ne pouvaient être plus de quatre-vingt. Il fit alors
appel aux plus braves de ses guerriers, et demanda qui
voulait aller leur livrer combat. Cent cinquante hommes
se présentèrent sous le commandement du Dr. Ghénier,
et partirent pour repousser l'ennemi, croyant de bonne
foi que c'étaient là toutes les forces dirigées contre eux.
Mais ils furent bientôt tirés de leur erreur. Un coup de
canon chargé à mitraille, parti du côte nord de la rivière,
leur fit jeter les yeux dans cette direction et là ils aper-
çurent les troupes royales s'avançant en bon ordre et oc-
cupant un espace de deux milles au moins de longueur.
A cette vue, leur courage les abandonna, le désordre se
mit dans leurs rangs, et ils se sauvèrent à toutes jambes,
les uns chez eux à travers les bois, les autres du côté du
village, repassant sur la glace au travers de la mitraille
qui en blessa quelques uns.
L'artillerie s'étant alors arrêtée avec le reste de l'armée
sur la Grande-Côte^ dans une position qui domine entiè-
rement le village, elle commença à en foudroyer les
principaux édifices.
En ce moment, on aperçut devant le presbytère un
jeune homme de dix- sept ans au service de M. Paquin;
resté seul auprès de cette maison vivement exposée aux
projectiles de l'ennemi, il bravait avec calme les boulets
et les balles qui pleuvaient autour de lui. Son père,
l'ayant aperçu, lui cria :
175
— Que fais-tu donc là, malheureux : pourquoi ne te
sauves-tu pas ? ne vois-tu pas les boulets passer autour
de ta tt^te ?
— Je ne puis partir, répondit le jeune homme avec
simplicité ; M. le curé m'a dit de garder le presbytère.
Son père à force d'instance, décida à pourvoir à sa
propre sûreté oet enfant qui serait volontiers devenu un
martyr de l'obéissance.
Cependant, Girod et le Dr. Ghénier ayant réuni le plus
de monde qu'ils purent dans le village, les engagèrent
ou les forcèrent l'épée à la main d'entrer dans l'église.
Ils barricadèrent les portes avec les poêles et les bancs,
et firent briser les vitres afin que leurs soldats pussent
tirer par les fenêtres. D'après M. Paquin, le Dr. Ghénier
se renferma dans l'église avec seulement 60 ou 80 hom-
mes ; des témoins oculaires nous disent qu'il y en avait
beaucoup plus, qui n'étaient armés que de bâtons ou de
faux. D'autres troupes furent postées dans le presbytère,
dans le couvent, dans le chemin couvert, dans la maison
de M. Dumont et dans celle de W. H. Scott. Le plus
grand nombre prit la fuite à travers les champs et les
bois. D'après les informations les plus exactes, il parait
certain qu'il n'en resta pas plus de 200 à 260, pour se dé-
fendre, et encore, sur ce nombre, plusieurs auraient
voulu fuir, [mais ils ne purent exécuter leur dessein
parcequ'on les retint prisonniers dans l'église. Quelques
uns de ceux qui étaler t ainsi enfermés n'avaient pas
d'armes, et comme ils s'en plaignaient, le Dr. Ghénier
leur répondit froidement: " Soyez tranquilles, il y en
aura de \'ués, et vous prendrez leurs fusils." Gette pa-
role, si calme et en même temps si énergique, dénote chez
son auteur une intrépidité et un sang-froid que celui-ci,
du reste, ne démentit jamais dans tout le cours de ces
Si i
176
événements. Elle rappelle les mots les plus célèbres des
chefs Chouans, et mérite certainement de passer à la
postérité avec le nom du Dr. Ghénier, qui fut un des ca-
ractères les plus nobles et les plus remarquables de cette
époque malheureuse.
A cette période du combat, Girod, après avoir placé
ses hommes dans tous les endroits favorables à la dé-
fense, disparut de Saint-Eustache et n'y revint plus.
Cependant, les troupes s'avançaient par le côté nord de
la rivière ; à onze heures et trois quarts, elles étaient à
un mille environ du village. Ce fut de là que partit le
premier coup de canon, tiré sur Chénier et sa troupe
lorsqu'ils traversaient pour aller à la rencontre des vo
lontaires de M. Globenski. Quelques coups de canon
furent ensuite tirés vis-à-vis la maison de J. Bte. Poirier ;
«nfm l'artillerie vint se porter devant la maison de M.
Félix Paquin, qui est sur la troisième terre hors du
village, et de là elle canonna longtemps les pa*-riotes.
Pendant que l'artillerie ébranlait les forts des rébelles.
la cavalerie et l'infanterie s'étendaient tout autour du
village pour les cerner. Quelques-uns des régiments vo-
lontaires et la cavalerie passèrent par derrière, du côté
nord, hors de la portée du fusil, et remontèrent jusqu'au
point où la petite rivière du Chêne partage le village en
deux ; là, les troupes se divisèrent en plusieurs pelotons,
descendirent dans le village, s'emparèrent à la fois de
toutes les issues et se portèrent jusque dans le centre de
la place. Les volontaires de M. Globenski s'étaient avan-
cés sur la glace, les carabiniers volontaires s'y étaient
rendus aussi, et une autre partie des troupes entrait dans
le village par le côté sud. En sorte que bientôt les
malheureux insurgés se trouvèrent entièrement cernés
6 1 hors d'état d'échapper. ,. , ,,
177
^.
^
Lorsque le village fut ainsi occupé, un détachement
d'artillerie vint se placer vis-à-vis la maison do M. Scott, en
face de Téglise et très-près de cet édifice (ju'il commença
à battre en brèche. Mais un feu bien nourri des insur-
gés qui se trouvaient en dedans, ayant bh'ssé quelques
canonniers, ils se retirèrent à une position plus éloi-
gnée, et allèrent se placer près de l'ancien bureau de
poste, à l'endroit où la grande rue fait ui coude. En
môme temps,rartillerie, qui grondait devant la maison
de M. Félix Paquin, vint se poster à l'entrée du village,
et tous les canons ensemMe commencèrent à foudroyer
l'église avec une étonnante rapidité. L'ouvrage de ma-
çonnerie était extrêmement solide et résista à un grand
nombre de boulcLs. Les portes seulement furent brisées.
Après une canonnade de deux heures environ la fu-
sillade commenra. Les carabiniers volontaires comman-
dés par le Capt. Leclerc, le 32™e régiment et les Royaux
s'étant approchés, ouvrirent sur tous les édifices occupés
parles rebelles un feu terrible, auquel ('«nix-ci répondi-
rent d'abord assez vigoureusement. ^'.;iis bientôt toutes
les maisons occupées par les insurgés furent prises par
les troupes. Un nombre considérable de rebelles fut tné.
Le presbytère fut enfoneé et tout fut mis en pièces. Un
gros poêle qui se trouvait au milieu do la grande salle
ayant été renversé, le feu qu'il contenait se comnuuiiqua
à des paillasses étendues au milieu de la place et dans
un instant tout fut en flammes. Le presbytère fut immé-
diatement consumé, plusieurs individus qui se trouvaient
cachés dans les caves périrent suffoqués ou brnlés. M.
Félix Paquin, entr'autres, s'était échappé des mains des
insurgés au commencement de la fusillade et s'était
sauvé au presbytère et caché dans une cave où il se
vcroyait bien en sûreté. Pressé par les flammes il tenta
• 3
v
178
de sortir de sa retraite devenue peu sûre ; mais dès qu'il
fut dehors il reçut une décharge de balles dont une le
hlessa à la jambe, et le renversa ; il fut fait prisonnier,
mais relâché bientôt après, lorsque les volontaires l'eu-
rent reconnu. M. Casimir Testard de Montigny, qui se
trouvait prisonnier avec lui, eut le bonheur de s'échapper
sans accident.
Les soldats s'emparèrent successivement de la maison
seigneuriale et du couvent que l'incendie ne tarda pas à
gagner, délogeant les malheureux qui s'y étaient réfu-
giés. Puis les troupes entourèrent l'église et s'en ap-
prochèrent peu à peu pour achever d'en chasser Ghénier
et ceux de ses gens qui s'y était enfermés avec lui. Ce
fut alors que M. B. Gugy fut dangereusement blessé, en
entrant dans le chemin couvert qui conduit ' l'église.
Cependant la position des insurgés retirés dans cet
édifice était des plus critiques et à chaque instant deve-
nait de plus en plus affreuse. De leur retraite, ils avaient
pu voir les troupes s'emparer des divers postes où s'é-
taient placés leurs amis ; ils avaient vu la défaite de tous
leurs partisans, la mort de plusieurs d'entre eux ; ils
voyaient la maison de M. Scott, le presbytère, le couvent
et la maison seigneuriale, dévorés par les flammes qui
s'approchaient rapidement d'eux et menaçaient de con-
sumer leur dernière forteresse. ïls songèrent alors à la
fuite, mais elle n'était plus possible; les troupes avaient
entièrement cerné l'église et ne leur laissait aucune issue
pour se dérober à leur malheureux sort. Quelques uns
tentèrent de s'évader par derrière ; mais à peine se mon-
trèrent-ils qu'ils furent frappés à mort. Plusieurs d'entre
eux s'étaient cachés dans les jubés et y demeurèrent
quelque temps, témoins de tout ce qui se passait dans l'é-
glise. Mais bientôt les flammes vinrent les déloger. La
lïï
179
de la maison
ne tarda pas à
étaient refu-
se et s'en ap-
isser Ghénier
avec lui. Ce
3nt blessé, en
t à l'église,
irés dans cet
instant dévê-
te, ils avaient
postes où s'é-
êfaite de tous
itre eux; ils
e, le couvent
lammes qui
lient de con-
ent alors à la
upes avaient
aucune issue
Quelques uns
eine se mon-
leurs d'entre
demeurèrent
sait dans l'é-
déloger. La
fuite leur était difficile, car les escaliers des jubés avaient
été coupés par les ordres du Dr. Ghénier, dès le commen-
cement du combat. Il ne leur restait donc d'autre res-
source que de sauter par les fenêtres pour éviter d'être
brûlés; quelques uns d'entre eux ne purent môme le
faire, et plus tard on trouva leurs corps entièrement
calcinés.
Le Dr. Ghénier, voyant que tout espoir était perdu et
qu'il ne pouvait plus songer à se défendre dans l'église,
qui était devenue la proie des flammes, réunit quelques
uns de ses gens et sauta avec eux par les fenêtres du
côté du couvent. Il voulait essaver de s'enfuir en se
faisant jour au travers les rangs des assaillants ; mais il
ne put sortir du cimetière, et bientôt, atteint d'un coup de
feu, il tomba et expira immédiatement. Ge ne fut plus-
alors qu'un horrible massacre ; les malheureux soldats-
de Ghénier sautaient par les fenêtres pour échapper aux
flammes et tombaient immédiatement frappés à mort^
Quelques uns d'entre eux parvinrent, quoique blessés ou-
brûlés, à se sauver assez loin ; mais les carabiniers et les
détachements postés en dehors du village, les atteigni
rent et les tuèrent. On vit quelques uns de ces malheu-
reux sautant par le derrière de l'église, s'enfuir à toutes
jambes sur la glace, passer au travers de centaines de
balles dirigées sur eux par un gros de troupes postée»
sur le pont, puis, au moment d'échapper aux vainqueurs,
tomber sous un dernier coup.
A quatre heures et demie, les troupes avaient pris-
pleine possession du village ; le son terrible de la fu-
sillade et de la canonnade avait cessé ; de temps en temps
seulement on entendait au loin le bruit d'un coup de
feu dirigé sur un fuyard, ou l'écroulement d'un édifice
consumé par l'incendie, qui continuait à faire d'horribles
I.t;
* ■ I
1 ^ 1 *
180
ravages dans lo village. La fumée épaisse qui s'élevaii
de l'église, du couvent et du presbytère, et que [le vent
chassait du côté de la glace, fut favorable à plusieurs des
infortunés insurgés, qu'elles déroba dans leur fui'e à la
vue des soldats; quelques uns de ceux qui avaient
échappé au massacre furent faits prisonniers à une cer-
taine distance du village par les volontaires qui s'y
étaient répandus.
Parmi ceux-ci, on en saisit un dont l'histoire mérite
d'être conservée, parcequ'elle contribuera à faire con-
naître la simplicité de ces pauvres gens qu'on avait forcé
à se battre.
Lorsqu'on arrêta ce malheureux, à une assez grande
distance du village, il avait les armes à la main. Il
se jeta à genoux et conjura les soldats d'épargner sa
•vie, leur j-.iant qu'il n'avait fait de mal à personne, el
qu'il avait été obligé de suivre les rebelles. On n'eut pas
de peine à se persuader qu'il n'avait fait de mal à per-
sonne, car, en examinant son fusil, on s'aperçut qu'il
manquait de platine. Le canon était plein de cartouches
jusqu'à la gueule, et le prisonnier dit qu'il avait été
forcé de faire semblant de tirer et de mettre à chaque fois
une cartouche dans son fusil, sinon les rebelles l'eussent
tué. Le pauvre diable fut immédiatement relâché.
Le nombre des morts, tués ou brûlés, du côté des
insurgés, s'éleva à soixante-dix dans cette journée
fatale. La perte des troupes a été de trois morts et de
quelques blessés. Presque tous ceux qui ont été tués
•étaient des habitants de Sainte-Scholastique et de Saint-
Jérôme. Plusieurs de ceux qui furent retrouvés morts
n'avaient reçu aucune blessure et avaient péri étouffés
ou brûlés. Quelques uns étaient entièrement calcinés.
■^.^
MMMU
181
e qui s'élevail
5t que ^le vent
h plusieurs des
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5. On n'eut pas
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s'aperçut qu'il
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elâché. ■
, du côté des
cette journée
)is morts et de
ont été tués
le et de Saint-
trouvés morts
t péri étouffés
3nt calcinés.
Voici les noms des habitants de Saint-Eustachc qui pé-
riront dans le combat du quatorze décembre, tels qu'on
les trouve dans les registres do baptômos, mariages et
sépultures, pour l'année 1837. Ces noms sont publiés
pour la première fois.
Je.'ui Olivier Ciiénior, médecin ; Joseph Paquette,
Jean Baptiste Lauzo, Nazaire Filion, Séraphin Doré,
François Dubé, Joseph Guitard, Pierre Du beau, Joseph
Bouvrette, Jean Baptiste Toupin, Alexis Lacbance.
Onze on tout ; or M. Paquin nous dit qu'il y eut du
côté des patriotes 70 tués. Ceci démontre clairement
que la majorité des rebelles présents au combat n'appar-
tenait pas à la paroisse Saiut-Eustuche.
C'est ce que prouvent, du reste, préremptoirementdeux
certificats publiés dans la brochure de M. Paquin, et que'
nous reproduisons :
" After a résidence of nearly two months in the village
of St. Eustache, during which lime, I had every oppor-
tunity of learning the political opinion and conduct of
the people of the village and parish, it is my firm opi-
nion and kelief that a large proportion of the in habitants,
(pai'ticularly those of the village), hâve ever been loyal ;
and that the village was taken possession of by the rcbels
of St. Benoit, St. Scholastique and St. Jérôme, and made
the seat of their opérations, as much to punish the loyal
inhabitants of it, as from other causes.
(Signed.) F. E. GRIFFJN,
LiciU.^ 32(1 Régiment.''*
Montréal, 27th February, 1838.
" Nous, soussignés, certifions que nous avons vu un
grand nombre d'habitants de St. Eustache, au moins trois
cent cinquante à quatre cents, répandus dans notre
paroisse, fuyant la rébellion que les gens de St. Jérôme,
de St. Benoit, de Ste. Scbolastique]et quelques rebelles de
i
i, !'
182
«de St. Eustache exerçaient dans le village de St. Eustache.
Outre un certain nombre de citoyens de cette paroisse
retirés à Montréal, nous avons vu les capitaines Eus-
tache Cheval, Julien Ghoquet, Maxime Globenski et
Gabriel Lefebvre, commandant des volontaires de leur
paroisse et d'autre part.
(Signé.) • '•R R. MERCIER, Ptre.
F. P. PARl'^^EAU.
LOUIS BÉLANGER, CapL
. . , JOSEPH PARIZEAU."
■St. Martin, 18 Mars, 1838. . ■ - .1
Après la bataille, les troupes se répandirent dans le
village et le pillèrent presqu'entièrement. Dans la mai-
son de M. Dorion, vis-à-vis l'église, on trouva une énorme
quantité de bœuf et de porc fraîchement tué et mis en
en dépôt en cet endroit pour la nourriture des insurgés.
Les soldats et les volontaires en prirent ce qui leur fallait
pour leur dîner du jour, et le reste fut plus tard conduit
àMontréal. . • , = ■ ;, ^ ;/: :i>>- ^>, ? ...^
Le corps du Dr. Chénier fut trouvé vers six heures, et
porté dans l'auberge de M. Addison. Ijos médecins l'ou-
vrirent pour s'assurer de la nature de sa mort ; mais il est
faux qu'on lui ait arraché le cœur, qu'on l'ait porté au
bout d'une bayonnette, et qu'on en fait un objet de cu-
riosité. La plus grande décence, au contraire, fut obser-
vée par les officiers de santé. Nous tenons à appuyer sur
ce fait ; car nous avons souvent entendu accuser les vo-
lontaires et les troupes anglaises d'indignités odieuses
commises sur le corps du Dr. Chénier. Le témoignage
honnête et désintéressé de M. Paquin, devra faire re-
pousser comme une calomnie atroce une accusation
aussi injurieuse, qui, si elle eut été vraie, aurait rappelle
les temps les plus mauvais de la Révolution Française.
183
B St. Eustache.
cette paroisse
ipitaines Eus-
Globenski et
taires de leur
l, Ptre.
GER, Capt.
ZEAU. "
dirent dans le
Dans la mai-
aune énorme
tué et mis en
des insurgés,
ni leur'fallait
tard conduit
six heures, et
lédecins l'ou-
t ; mais il est
l'ait porté au
objet de cu-
re, fut obser-
appuyer sur
îcuser les vo-
ités odieuses
témoignage
vra faire re-
e accusation
rait rappelle
n Française.
Kous ne sommes pas chargé de défendre l'armée royale,
mais nous sommes partisan de la vérité historique en
tout et par tout.
Les blessés furent aussi transportés dans la maison de
M. Addison ; c'est là qu'ils reçurent des divers chirur-
giens militaires les soins les plus empressés.
Cependant l'incendie continuait toujours ; elle dura
toute la nuit et consuma la plus belle partie du village.
Le lendemain, ce n'était plus qu'un amas de ruines fu-
mantes, parmi lesquelles on trouvait ça et là des corps
défigurés, sanglants, à demi-brulés. L'église avait été
entièrement réduite en cendres; les murs seuls restaient
debout, et la pierre en était calcinée par le feu et mar-
quée par les boulets sans nombre qu'on trouvait devant la
porte ou dans l'intérieur de l'édifice. Le nombre des mai-
sons brûlées dans le village s'éleva à environ soixante, et
c'étaient à peu près les plus balles. Ceux qui avaient
vu, quelques jours auparavant, ce richo et joli village, ne
pouvaient retenir leurs larmes en n'y retrouvant plus
que des ruines et des décombres noircis par l'incendie ou
rougies par le sang. Les maisons même que le feu avaient
épargné offraient aussi un spectacle pitoyable ; elles
avaient presque toutes été pillées, et l'œil n'y rencon-
trait qu'une scène de désolation qui rappelait le carnage
«t la vengeance.
Saint-Eustache était en ruines, ses cendres fumaient
encore, et cependant il y avaient des gens assez barbares
pour achever de détruire ce que le feu avait épargné.
D'autres s'occupaient à piller avec une incroyable activi-
té. Non seulement ils dépouillaient les morts de leurs
vêtements; mais, de plus, ils enlevaient tout ce qu'ils pou-
vaient déterrer parmi les décombres. Nous connaissons
des hommes qui vivent aujourd'hui respectés à Montréal
^^-€,5
ïii
184
et qui, en cette circonstance, déposant toute vergogne de
côté, se conduisirent comme des voleurs de grand che-
min. Des morceaux même de Ja cloche devinrent la
proie de ces ravisseurs.
La fabrique de la paroisse St. Eustache avait subi des
dommages considérables par l'incendie de l'église. Le
gouvernement provincial ayant annoncé, par une procla-
mation du 7 mars 1838, qu'il avait l'intention d'indemni-
ser les personnes qui avaient souffert des pertes par suite
de la rébellion, la fabrique adressa, le 5 avril 1838, une
requête à Son Excellence Sir John Golborne, dans le but
de demander les dédommagements auxquels elle avait
droit.
Cette affaire traina en longueur pendant assez long-
temps et ne fut réglée que sous l'administration de M.
Moreau. Ce dernier étant devenu curé de Saint-Eus-
tache, fut nommé procureur, par une assemblée de Fa-
brique du 25 décembre 1852, pour retirer des Commissai-
res chargés de ces réclamations l'iiTdemnité due àSt-Eus-
tache. Au commencement de 1853, M. Moreau reçut la
somme de 55,752 livres et dix sous, ancien cours, égale
à ^9292.08. Le 20 février 1853, M. Moreau n'étant plus
curé de Saint-Eustache, mais encore le procureur de la
paroisse, la Fabrique nomma trois syndics pour recevoir
de M. Moreau la somme totale allouée à la paroisse
Saint-Eustache. CeL syndics furent MM. Charles Dolbec,
avocat, Jean Baptiste Daoust et Lambert Guérin.
M. Moreau paya à ces Messieurs la somme qui lui
avait été remise par les Commissaires, et la Fabrique reçut
pour sa part d'indemnité 9,741 livres et douze sous,
ancien cours, égale à $1623.60; le reste fut partagé
parmi les personnes qui avaient souffert des dom-
mages. ,•,•<;:•.' r^ - ::■.;;;;•<:• :i ■./*;. i'^:
185
Les opinions qu'émet M. Paquin, dans sa brochure sur-
les événements arrivés à Saint-Eustachc, sont toutes en
faveur du parti qu'on appelait alors bureaucrate^ le parti
du gouvernement. Quelques personnes ont cru voir là
un changement ^-adical dans les opinions de M. Paquin,
qui, dans les commencements de l'agitation, avait paru
pencher du côté des patriotes. Mais M. Paquin en s'éloi-
gnant du parti qui avait d'abord en ses sympathies, dès
que celui-ci s'était adandonné aux violences et à l'émeute,
n'avait fait qu'obéir à ses supérieurs ecclésiastiques. Il
voulait sans doute des réformes dans l'administration
politique de son pays, mais il voulait obtenir ces réformes
légalement et par les moyens fournis par la con-
stitution. Du moment que son parti s'était éloigné delà
constitution, M. Paquin s'était éloigné de son parti.
Nous avons plus haut fait allusion au caractère ori-^
ginal et excentrique de M. Paquin. Quelques traits re-
cueillis ça et là de la bouche des anciens ou dans les ar-
chives de la paroisse en donneront une idée.
M. l^aquin conçut un jour l'idée i^atriotique d'orner
son presbytère d'une galerie de portraits, qui contiendrait
ceux de tous les curés ses prédécesseurs,ot enfin sa propre
image. Un peintre de l'endroit, Vital Dûrocher, fut-
appelé, et ce travail considérable fut confié à son pinceau..
Cependant, une difficulté assez grave menaçait d'ar-
rêter la réalisation du projet : il n'existait pas de portrait
du P. Berey et des plus anciens curés, sur lesquels le
peintre put se guider pour exécuter son œuvre. Il était
important cependant de connaître d'une manière au
moins un peu confuse, les traits des personnages que Ton
voulait peindre. Gomment faire ? L'imagination féconde
de M. Paquin fournit un moyen inattendu de surmonter
cet embarras. Il réunit les anciens de la paroisse, et
• !:
186
interrogea leurs souvenirs. Ceux-ci n'avaient pas oublié
leurs premiers pasteurs; quelques-uns prétendaient même
se rappeler parfaitement leur physionomie, les traits de
leur visage, jusiiuïi la couleur de leur yeux. L'ai liste,
présent à ces délibérations, écoutait attentivement cette
évocation du passé, prenait ses notes, esquissait sous l'ins-
piration des anciens ; enfui, après bien des tâtonnements,
bien des essais imparfaits, plusieurs ébauches qui furent
déclarées peu ressemblantes, M. Durocher crut avoir saisi
la pensée intime, le souvenir des vieux de la paroisse, et
il fixa sur la toile des figures convenablement costumées,
qu'avec un peu de bonne volonté on put admettre pour
des portraits passables des anciens curés. On en a sou-
vent fait de plus mauvais. Les anciens de la paroisse dé-
clarèrent que c'était là les images de leurs défunts curés.
Qui oserait aujourd'hui les contredire ? on prit acte de
cette déclaration dans les registres de la paroisse, et les
portraits furent placés dans la galerie de M. Paquin. Le
voyageur qui porterait ses pas curieux vers Saint-Eusta-
che pourrait encore voir ces tableaux dans le presbytère
de la paroisse.
Son style se ressentait nécessairement de cette disposi-
tion originale de son caractère. Nous allons en donner
une illustration tirée des registres de la paroisse.
C'était pendant le choléra de 1832. Il s'agissait d'établir
un cimetière hors du village pour y enterrer ceux qui
mourraient de l'épidémie. Le curé, M. Paquin, avait con-
voqué une assemblée des paroissiens, dans laquelle on
discuta les avantages et les inconvénients de ce change-
ment. Les choses allaient à souhait quand, tout-à-coup,
l'un des membres de l'assemblée s'écria que le curé et
les gros messieurs du village voulaient jouer un tour aux
pauvres habitants ; qu'on enterrerait les pauvres dans le
18'
nouveau cimetière, mais que les riches continueraient de
se faire enterrer dans l'ancien. Cette sortie, paraît-il, eut
un effet remarquable sur l'auditoire. M. Paquin, dans son
procès-verbal olUciel, le décrit de cette manière :
" Il n'en fallut pas davantage, dit-il, pour faire une
" explosion ; la jalousie présidait la foule et l'enflammea
*' de rage, de fureur. Les résolutions qui démontraient
" jusqu'à l'évidence qu'il ne devait y avoir aucune préfé-
*' rence quelconque ; qu'au contraire, c'était l'avantage
^' commun, furentjun coup d'électricité pour la multitude,
" et le galvanisme ne produit pas plus iVeffet sur les gre.
" nouilles qu'elles n'en produisirent sur des gens pré-
^' jugés " (1)
Nous avons dit que M. Paquin était né à Descha >
bault. Un des admirateurs de cettb paroisse, M. l'abbé
Jean Bte. Bédard, curé de St. Denis, avait composé, dans
une de ses visites à cette localité, les vers suivants qui
donnent, dans un latin très-élégant et très-classique, une
gracieuse description du joli paysage de Deschambault :
•; ,' . A solis radiis, super alti culmina montis
Pineti veteris te frigida protegif umbra.
Sub pedibus fluvii spatiosi volvitur unda :
. * Flatibus et Boreœ, fumive vaporibus actœ,
^ ./^^ Coram te naves spectacula grandia currunt.
'* ' Te super et zephirup ludit stridentibusalis,
Te felix sedes ars et natura décorant.
M. Paquin fit de ces vers la traduction suivante, quft
Von s'accorde à trouver très-heureuse :
Sur un mont escarpé que cent beaux pins couronnent,
De leur feuillage épais les ombres t'environnent.
La vapeur et les vents conduisent les vaisseaux.
Sur un fleuve profond, orgueilleux de ses eaux.
Sur toi, séjour heureux, soufQe le doux zéphire ;
Pour t'orner, avec l'art, la nature conspire.
(I) Archives etc.
188
M. Paqiiin, dit le livre (1) auquel nous empruntons ces
deux pièces de vers, était un homme d'une grande acti-
vité. Son infatigable énergie le portait à s'occuper de
tout. Ce serait une injustice, néanmoins, à la mémoire
de ce prêtre laborieux, de juger ses essais littéraires
d'après les progrès de la science actuelle, plutôt que
d'après l'état de la littérature à l'époque où il traçait
laborieusement ses vues. Disons, toutefois, que, promo-
teur zélé, intelligent et éclairé de l'éducation et aussi de
l'agriculture, il a laissé des traces do ce que pouvaient
dans ces temps difficiles les hommes dévoués.
M. Paquin pendant le long espace de temps qu'il fut
chargé de la cure de Saint-Eustache, avait su faire des éco-
nomies qu'il employa généreusement en faveur de sa
paroisse. C'est ainsi qu'il bâtit le couvent des sœurs de
la Congrégation ; l'insurrection de 1837 le détruisit.
Après le feu il en entrejjrit la reconstruction, et le laissa
inachevé. Il fit allonger son église et construire le por-
tail avec les deux tours qui existent maintenant. En
1845, il commença la construction d'un presbytère pour
remplacer celui qui avait été détruit par l'incendie de
1837; mais il mourut avant de pouvoir le terminer' à
l'âge de 56 ans, le sept décembre 1847, à la suite d'une
maladie très-douloureuse de six ou sept semaines.
'M. Paquin, disait un journal de l'époque, a été inhumé
le 13 décembre dans le caveau de son église qu'il déser-
vait depuis vingt-six ans. Un temps affreux, des chemins
impraticables, n'ont pas empêché ses paroissiens d'assister
en grand nombre à cette cérémonie funèbre. Beaucoup
de citoyens recommandables des paroisses voisines n'a^
valent pas craint de braver l'inclémence du temps, pour
(1) Notice sur M. Jos. 0. Lebrohon, p. 33.
•--v'^)
\ ,
189
venir payer à M. Paqnin nn dernier tribut d hommnges
et de vénération. Parmi ces derniers on remai'(}nait M.
M. Girouard, le Dr. Damonchelle, le maire de St. Benoit,
Laviolette, de St. Jérôme, etc. Le service religieux a été
célébré par M. Grevier, curé de St. Augustin, assisté de
M. Brunet, de Ste. Rose, M. Bourassa, de St. Martin. MM.
Groulx, curé de St. Benoit et Iluberdeault, desservant de
St. André, étaient aussi venusse joindre à M. Ghanipoux,
vicaire desservant de St. Eustacbe, pour lionorer la
mémoire de M. Paquin, leur coll«'gue, et rehausser les
pompes du service religieux. M. Glierrier, organiste de
l'église St. Jacques de Montréal, a touché l'orgue et pré-
sidé aux chants religieux. Mgr. de Montréal et Mgr. le
coadjuteur étaient entrés en retraite avant la mort de M.
la curé Paqnin, ce qui les a empêchés î^ln et l'autre de
présider au service. Depuis le jour du décès, M. le
curé Paquin avait été exposé dans une chapelle ardente,
revêtu de ses habits sacerdotaux, la figure découverte,
où un grand concours de citoyens se pressaient chaque
jour. Il a été ainsi porté à sa dernière demeure. Cha-
cun remarquait la sérénité de ses traits glacés par la mort.
Un poëte canadien, (1) citoyen de St-Eustache, et dont
plusieurs écrits ont passé à la postérité, a consacré à la
mémoire de M. Paquin cette élégie".
Tu meurs, toi, le past(3ur d'un immense troupeau,
Par les soins vigilants, si florissant, si beau ! t
Tu meurs!..,. C'est au milieu de ta noble carrière,
Que l'inflexible mort vient fermer ta pau])ièro !
;,-• Si l'automne, à ta tombe, a refusé des fleurs.
Entends, reçois du moins nos soupirs et nos pleurs.
' ' N'était-ce pas assez que naguère la foudre
: :i Vint briser ta houlette, hélas 1 réduire en poudre
r ! Ce bercail tant de fois embelli de tes mains ?
' V/ Devais-tu donc fléchir aux rigueurs des destins ?
(1) Pierre Laviolette,
•Il
i90
Déjft, gràcoA tes soins, à ton onlont courage,
Dtî Mars on recherclinit le foudroyant pdssugo.
L"ftran{.'or s't'tonimit df voir ([uc tes travaux
Eussent, si tôt. vaincu 'c sort et l<^ calios.
Il te rt'slait, sans doute, encon^ beaucoup à faire,
Mais lu tf promettais au hoiit tlt» ta carricre,
Quf la justice, lui jour, la main lasse du temps
Couronnerait, enlln. tes labeurs incessants ! ,
Ilélas ! vœux superlins! esi>érance épln'mèro !
Si le ciel fut d'air lin, ingrate fut la terre.
Console-toi, du moins : le digne monument
De ton zèle pieux, de ton saint dévouement,
A l'ombre de tes aiUels, loin des regards profanes,
S'ouvrit pour racevoir tes pacilhjues mdnes.
Mais dans ce moment inachevé, si beau.
Que de pleurs épanchées ; hélas 1 sur ton tombeau !
Oui ! j'en fus le témoin, ta dépouille fragile
Descendit lentement ft son dernier asile.
Au milieu des soupirs, au milieu des sanglots
D'un peuple dont en vain on refoulait les flots !
Après six lustres, plus, de ton saint ministère,
Tant mille souvenirs s'évoquaient de ta bière,
Pouvait-on refouler les mille sentiments
Qu'inspiraient tes bienfaits et tes bienfaits constants ?
Là, la haine s'éteint avec la calomnie;
Là, là, ne sifflent point les serpents de l'envie.
Repose donc en paix, du sommeil des élus,
Dans cet asile saint, ouvert à tes vertus.
Désormais insensible à toute humaine gloire,
Tu vivras, cependant, aux pages de l'histoire
Dont la débile main traçait les derniers traits.
Quand la mort te surprit, succombant sous le faix ! . .
Pour toi, ce fut toujours une terre promise ;
Tu meurs, à son aspect, comme un autre Mo'ise.
Mais l'Eglise et l'Etat apprécieront toujours
Ce fruit de tes labeurs, de tes chastes amours!
Et la religion unie à la patrie
T'offriront, de concert, la palme du génie ! •'
M. Paquin est le prêtre qui, jusqu'à ce jour, a été chargé
pendant le plus longtemps de la desserte de la paroisse
Saint-Eustache, c'est-à-dire pendant 26 ans. C'est sous lui
que la paroisse a été érigée, savoir canoniquement, le 15
novembre 1825, et civilement le 16 décembre 1835. Ce
n'est qu'à partir de cette première date que les desser-
vX
cJ^iii
idauM'.
lits constants ?
101
vants purcMit proiulro lo titre do curé ; ils n'avaient été
auparavant que des missioiniaires ou desservants. Pen-
dant que M. Paquin était curé de Saint-Eustache, du 18
septembre au 2 octobre 1842, le R. P. Félix Martin, plus
tard recteur du Collège Sainte-Marie, à Montréal, prêcha
une retraite, laquelle, d'après le rapport que nous en li-
sons dans les journaux du temps, eut un remarquable
succès. MM. les abbés Mouret, Cl. Aubry, Brais, de
la Motte, Ménard, Brunet et Desève assistaient le P.
Martin dans cet exercice religieux.
M. Paquin a laissé ses biens-fonds à la labrique pour
aider à l'éducation dans la? paroisse et principalement
pour soutenir le couvent.
Après la mort de M. Paquin la paroisse fut desservie
par M. Charles Champoux, depuis le 7 décembre 1847 jus-
qu'au 25 février 1848, époque où M. Moreau vint prendre
la direction de la paroisse comme curé.
: ■•. XI.' -
'Monsieur H ypolite Moreau, aujourd'hui chanoine de
la cathédrale de Montréal, qui succéda à M. Paquin dans
la cure de Saint-Eustache, est né à Saint-Luc, Rivière
Chambly, district de Montréal, le huit mars 1815. Il eut
pour père M. Raphaël Moreau, respectable cultivateur de
l'endroit, et pour mère Marguerite Tremblay, du même
lieu. Il fit ses deux premières années de latin chez le curé
de Saint-Luc, M. Ed.,Crévier, puis alla terminer ses études
au collège de Saint-Hyacinthe, dont M. J. C. Prince, de-
puis évèque de Saint-Hyacinthe, était alors supérieur. Il
fit environ deux ans de théologie au même collège, puis
fut fait diacre le 22 décembre 1838 et envoyé au Lac des
Deux-Montagnes pour y apprendre la langue des sauva-
r
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\
192
ges Algonquins. Ordonné prêtre le 16 mars 1839, il alla
accompagner M. Ed. Poiré dans les missions sauvages de
Temeskaming, etc. Durant six ans, il fut chargé des mis-
sions sauvages de l'Ottawa pendant l'été, et pendant l'hiver
il faisait la mission des blancs sur la même rivière. Le
dix octobre 1844, il fut nommé curé de Saint-Joseph de
8oulanges où il resta jusqu'en 1847.
Dans l'été dé cette même année, lorsque l'émigration
irlandaise apporta à Montréal une terrible épidémie, il se
consacra avec un zèle et une charité tout apostolique au
soin des malades. Passant ses journées dans les abris ou
hangards que les citoyens de Montréal avaient fait élever
pour les pestiférés, à la Pointe St. Charles, la santé de
M. Moreac , déjà fortement ébranlée par les fatigues des
missions, ne put résister plus longtemps au fléau qui me-
naçait toute la ville, et il prit les fièvres typhoïdes. Plus
heureux que bien d'autres de ses compagnons qui péri-
rent victimes de leur dévouement, ou moins favorisé de
la Providence, il guérit après avoir été admi-
nistré et lorsqu'on avait déjà presque désespéré de ses
jours. Revenu des portes du tombeau, il fut nommé curé
de Saint-Eustache, dont il prit la direction le 25 février
1848. Il y resta jusqu'en janvier 1853. Pendant son séjour
dans cette paroisse, il s'appliqua particulièrement à ré-
pandre l'instruction religieuse parmi la classe pauvre et
ignorante, et sur ce point il fit beaucoup de bien à la
paroisse. En 1848, il aida de S3S propres deniers à l'a-
chèvement du presbytère et de ses dépendances, qui
avaient été incendiés en 1837 et dont les réparations
n'avaient pas été terminées par M. Paquin. Il y entra en
septembre 1848, En 1850, il fit allonger le couvent et
finir la chapelle qui fut bénite le 26 octobre 1851. Ce
fut aussi M. Moreau qui fit faire en 1852 les travaux à la
voûte de l'église.
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193
Il quitta cette cure le 25 janvier 1853, et fut fait Cha-
noine de la cathédrale de Montréal le,18 mai 1854. Il a
toujours, depuis, résidé au palais épiscopal. Il est
aujourd'hui principalement employé à représenter TE-
vêque dans les affaires temporelles des paroisses du
diocèse, comme érections de paroisses, redditions de
compte, constructions d'église, etc. 11 s'est acquis dans
cette branche de l'administration une réputation uni>
verselle d'intelligence, d'intégrité et d'habileté.
XII.
!i\
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"■-'■«*::.ilJ
Le Père Frédéric Elphèze Honoré Pelletier, Français
de naissance et membre de la congrégation de Ste. Croix,
succéda à M. Moreau, et garda la cure de St. Eastache
jusqu'au mois d'août 1855, époque où le Père Julien.
Pierre Gastineau, membre de la môme société, y fut
nommé. Le P. Pelletier est retourné en France peu de
temps après avoir laissé la cure de St-Eustache.
XIII.
Le P. Gastineau est né le 6 juin 1820,à Brulatte, dépar-
tement delà Mayenne, diocèse du Mans, de Julien Gasti-
neau et de Renée Lair. Ordonné prêtre au Mans, le 10
juin 1843, il fut d'abord vicaire à Noyau-sur-Sarthe, en
France, et en 1845 il arriva en Car.ada.
Sous le P. Pelletier et le P. Gastineau, des Frères appar-
tenant à leur congrégation, furent chargés du collège de
St. Eustache, qu'ils abandonnèrent peu de tempsjaprès
le départ du P. Gastineau. Le P. Gastineau, après avoir
été pendant plusieurs années au collège de St. Laurent,
à titre de professeur de rhétorique et de philosophie, est
194
~ j- V-
il
maintenant au Juvénat des PP. de Ste. Croix, à la Côte
des Neiges, près de Montréal.
LeP. Gastineaufit de grands efforts pour maintenir un
institut littéraire que quelques personnes de bonne vo-
lonté avaient établi à St-Eustache,etqui tomba lorsque le
gouvernement retira son allocation annuelle. Il avait un
goût très-prononcé pour l'enseignement; pendant tout
le temps qu'il fut curé, il ne cessa d'avoir dans son pres-
bytère des jeunes gens qui se faisaient remarquer, parmi
les élèves du collège, par leurs talents et leurs bonnes
dispositions. Il leur enseignait les éléments des lettres,
des sciences et des langues grecques, françaises et la-
tines, et les envoyait ensuite finir leurs études dans l'un
des collèges classiques. Plusieurs de ces jeunes gens se
sont distingués dans nos grandes maisons d'éducation.
L'un d'eux a obtenu, contre plusieurs concurrents, la pre-
mière bourse établie au Collège Ste-Marie, de Montréal.
Ils feront de bons citoyens et n'oublieront jamais les
leçons paternelles de leur premier maître, le bon Père
Gastineau.
XÏV.
Le 26 septembre 1860, M. Louis le^nace Guyon, curé
actuel, remplaça le Père Gastineau dans la cure de St.
Eustache.
M. Louis Ignace Guyon est né .\ Verchères, le 11 juil-
let 1816, du mariage d'AuguFtin Guyon et de Margue-
rite Dansereau. Son père était cultivateur; sans être
riche, il avait une jolie aisance. Dans ses premières
années, il fréquenta l'école de M. F. X. Nolin, instituteur
à Verchères, pendant deux ans et demi. Dans l'automne
de 1832, il entra au collège de St. Hyacinthe, dont Mgr.
!> If-
Croix, à la Côte
t; pendant tout
195
Prince était alors directeur, et y fit ses études classiques.
Il y connut M. Moreau, plus tard curé de St. Eustache,
qui y faisait aussi ses études. M. Guyon eut pour pro-
fesseur d'éléments latins M. G. Marchesseau ; de syntaxe,
MM. Chabot et Eusèbe Durocher ; de méthode, M. le
grand- vicaire J. B. Brouillet, de Nasqualy; de versifica-
tion, feu M. J. B. Bourassa ; d'humanités, M. le grand-
vicaire Brouillet ; de rhétorique, Mgr. J. Larocque,
évêque de St. Hyacinthe ; et enfin de philosophie, M.
Isaac Desaulniers. Il fit son cours de théologie au sémi-
naire de St. Hyacinthe, sous Mgr. Prince et Mgr. J.
Larocque. Tonsuré le 1 septembre 1839, par Mgr. Ignace
Bourget, il reçut les ordres mineurs le 12 septembre
1841, des mains du môme prélat. Il fut fait sous-diacre
à St. Edouard le huit octobre 1843, pendant une retraite
prêchée par les RR. PP. Oblats. Il fut ordonné diacre
par Mgr. Provancher, évoque de la Rivière-Rouge, dans
la chapelle du collège de Montréal, le 15 octobre de la
même année. Il fut fait prêtre par le même prélat, dans
l'ancienne cathédrale de Montréal à St. Jacques, le 22
octobre 1843. Après avoir dit sa première messe au cou-
vent des Sœurs-Grises de Montréal, assisté de M. Joseph
Toupin, il fut envoyé, le 26 du même mois, à Sorel,
comme vicaire sous M. le grand vicaire Kelly. Il fut
chargé de desservir la mission de St. Gabriel de Brandon
le 28 juin 1844, mais il ne s'y rendit qu'au mois d'oc-
tobre. Le 15 avril 1845, il fut nommé curé de Ste.
Mélanie et de St. Ambroise de Kildare ; pendant son
séjour dans cette seconde paroisse, il y fit bâtir le presby-
tère tel qu'on le voit aujourd'hui. Le 2G janvier 1850,
il fut nommé curé de Ste. Élizabeth, qu'il desservit pen-
dant onze ans. C'est pendant qu'il était dans cette paroisse,
le 30 mai 1853, qu'il reçut ses lettres d'archiprêtre. Il fut
nommé curé de St. Eustache le 23 septembre 1860.
i| ? !
■• I
ni î
et
V.
les
196
Il dessert encore cette paroisse avec un zèle et une piété
qui lui ont attiré lestime et l'affection de tous ses parois-
siens. '- . '" "■' '" '■ ■ ' - ■^"•— .;"■•'.;■<■ -- .:
Récemment, le 15 avril 1866, M. Guyon a décidé la
fabrique à faire l'acquisit^'^n d'un nouveau cimetière,
dont le besoin se faisait depuis longtemps vivement sen-
tir. On se rappelle que M. Paquin avait vainement es-
sayé en 1832 de faire consentir la paroisse à abandonner
l'usage de l'ancien cimetière qui, déjA à cette épo-
que, était encombré de cadavres. Le terrain choisi
par la fabrique, est situé sur ie sud-ouest de
la Rivière-du-Chône ; il est élevé, bien égoutté
offre une belle exposition au soleil. M. F. J.
Règnaud , arpenteur provincial , en a tiré
lignes de délimitation. Ce cimetière a quatre arpents
en superficie, et a été acheté de la famille Scott, le 30
avril 1866, par acte devant MLre. G. H. Champagne, no-
taire MM. Octave Limoges, J. B. Gravel et François
Lanthier, étaient les syndics nommés par la fabrique
pour cette transaction. '■ ' ' '''' ' '*''' '-'' ' .•':■!',..(. imv
Grâce aux conseils et à l'énergie de M. Guyon, la
fabrique s'est aussi décidée à faire l'acquisition d'un
orgue pour remplacer l'ancien qui était depuis longtemps
d'un harmonie et d'une utilité contestables. Le nouvel
instrument, qui est de grandes dimensions, a coûté 62,400,
et a été construit par M. Eusèbe Brodeur, de St. Hya-
cinthe. Il fut inauguré le 29 mars 1867, à une messe
solennelle chantée pour la circonstance, à laquelle assis-
taient M. Raphaël Larue, {professeur au collège St. Hya-
cinthe, arbitre nommé par la fabrique pour recevoir
l'orgue, et M. Decelles, organiste de la cathédrale de
St. Hyacinthe, arbitre du facteur. M. le docteur David
Marcil est aujourd'hui l'organiste de la paroisse.
i: ;
M. Gu'yon, la
i97
- ' ;;;= XV.
Les différents curés, dont nous venons de donner une
courte notice biographique, ont établi, a /ec l'approbation
des supérieurs ecclésiastiques, parmi les paroissiens de
St. Eustache, les diverses associations religieuses qui
suivent :
L'Association du Saint-Scapulaire et du Sacré-Cœur de
Jésus, fondées par le P. Martin, le 3 octobre 1842 ; l'Asso-
ciation de la Propagation de la Foi, de l'Adoration per-
pétuelle, de l'Archiconfrérie, delà Ste-Enfance; la Con-
frérie de la Bonne Mv^rt, et enfin la société de la Tem-
pérance totale, établie par M. Chiniquy, le 20 mars 1849.
.1;, • ^•^■.H h XVL
La population de Saint-Eustache était, en 1851, comme
suit :
.;. ■ , Village 784
Paroisse 3365
'!::•: 'pi; -• TrUl 4149
Et en 1861 : "^
Village 912
Paroisse 2327
^ . Total . 3239
L'on compte aujourd'hui, d'après l'estimé dn curé qui
doit être assez exact, .
Village 010
Paroisse 1 422
2032
Il y a de plus 25 familles protestantes.
Quelque limités que soient ces chiffres, ils indiquent
cependant deux faits bien distincts : c'est que le village
> ii!i
198
s'est augmenté aux dépens de la paroisse, et que la popu-
lation totale du village et de la paroisse a subi une dé-
croissance marquée, qui, du reste, a été remarquée par
les curés depuis plusieurs années. Cette diminution de
la population se fait généralement au profit de Montréal;
la plupart des familles qui laissent Saint-Eustache se di-
rigent vers cette ville. C'est sans doute un malheur. Il
vaudrait mieux que le surcroit de la population de la
paroisse, au lieu de prendre le chemin de la ville, se di-
rigeât vers les townships^ où l'aisance et le bien-être fu-
turs attendent ceux qui ont le courage de braver les tra-
vaux et les misères de la colonisation. D'un autre côté,
il ne faut pas être exclusif, et il est certain que le dé-
membrement d'une partie de Saint-Eustache pour for-
mer Saint- Augustin, a dû nécessairement influer sur la
diminution de la population de Saint-Eustache. Toute-
fois notre remarque reste vraie pour les onze dernières
années, au moins.. Ajoutons que Saint-Eustache se res-
sent, comme toutes les autres localités en Canada, de l'é-
migration incessante qui se fait aux Etats-Unis.
Voici du reste un tableau indiquant le chiffre des
baptêmes, des mariages et des sépultures depuis 1770,
tiré des registres de la paroisse.
Années. Baptêmes. Mariages. Sépultures.
1770(1)
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1772
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(1) Les feuillets du registre pour 1769 sont détruits.
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1796
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1798
1799
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1801
1802
1803
1804
1805
1806
1807
1808
1809
1810
1811
1812
1813
1814
1815
1816
1817
1818
1819
1820
1821
1822
1823
202
214
232
229
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184
210
229
207
227
208
224
213
214
223
204
216
211
192
212
205
215
239
260
263
276
209
269
275
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21
31
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1845
1846
1847
1848
1849
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1851
1852
1853
1854
1855
1856
1857
1858
1859
1860
1861
1862
1863
1864
(1)
274
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292
284
279
308
297
301
228
221
237
230
228
170
214
174
124
162
234
157
179
186
154
184
179
196
193
196
165
176
191
172
149
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168
137
150
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125
130
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34
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27
35
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24
22
120
195
177
142
160
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177
161
236
148
175
182
W
74
135
92
76
106
67
(l) En 1854 le chiffre des décès est beaucoup plus considérable
que pendant les années qui précèdent ou qui suivent; cela est dû au
choléra qui régnait alors dans le pays.
201
nn' i.
Baptêmes.
Ma)
'iages.
Sépultures
Î8fiâ
124
25
19
1866
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1867 .
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24
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1868
106
24
57
1869
106
24
57
1870
132
-
21
57
XVII.
Nous avons cru utile de consigner ici les usages en
force à Saint-Eustache, sur quelques points contestés de
l'administration des paroisses. Dans un mps où on sou-
lève tant de questions relatives au droit monique et
bénéficiai du Bas-Canada, il peutr.." Ji..é ressaut de
constater comment la paroisse a été ^^oi^ernée depuis sa
fondation et quelles sont les couturaes qui ont pu y ac-
quérir force de loi.
Ce serait un travail importaiit à faire que de recueillir
les usages de chaque paroisse sur les questions contro-
versées ; par ce suffrage universel on parviendrait à
connaître la pratique générale, laquelle ordinairement
est conforme aux vrais principes duj droit. Certaines
coutumes se sont introduites dans quelques paroisses ;
leur origine! et leur légalité sont devenues des pro-
blèmes difficiles à résoudre. C'est dans le but de con-
tribuer à cette solution importante que nous avons voulu
rapporter à la fin de ce travail les usages de Saint-Eus-
tache dans l'administration de la paroisse et la gestion
des biens de fabrique.
Nous avons déjà indiqué quelques faits importants an
sujet des registres de létat civil ; en voici quelques autres
qui nous ont frappé.
Il faut d'abord déclarer que cette paroisse a générale-
202
)
ment observé avec soin les pratiques et les règlements
(lu droit des fabriques, tel qu'il existait en France, sauf
les modifications que nos lois ou les ordonnances de nos
évoques ont pu y introduire. La paroisse s'est le plus
souvent sagement défié des modifications aux tendances
révolutionnaires, que des réformateurs ont cherché à
introduire ailleurs et ont quelquefois introduites, grâce
à la faiblesse des curés.
" Les marguilliers anciens et nouveaux, dit M. Paquin,
(1) sont les seuls individus chargés avec le curé, du gou-
vernement de la fabrique dans la paroisse de Saint-Eus-
tache ; et les notables n'ont jamais été appelés aux assem-
blées pour les élections, redditions de compte des mar-
guilliers, etc., si ce n'est une seule fois en 1815, pour
l'élection comme marguillier d'un M. McGillis, au rap-
port de quelqu' individu, quoique l'acte couché dans les
registres ne fasse mention que du seul nom de M. Du-
mont, comme étranger à la corporation fabricienne."
* Sur ce point, il s'est introduit un changement à Saint-
Eustache depuis^ l'époque à laquelle écrivait M. Paquin.
Aujourd'hui les paroissiens assistent aux assemblées
de fabrique pour reddition de comptes, mais seulement
comme auditeurs et sans droit de discussion. Les an-
ciens marguilliers ont, depuis un temps immémorial,
acquis le privilège de discuter les comptes. C'est le curé
qui clôt les comptes et qui rédige les procès-verbaux de
toutes les assemblées. -
Les paroissiens sont aussi admis aux assembléeiî de fa-
(1) Questions soumises par un ccmilé spécial de la Chambre d'As-
semblée du Bas-Canada, aux curés des diocèses de Québec, relative-
ment aux aflaires de Fabrique ; avec les rôponses des curés,
Québec 1832.
203
nbléeii de fa-
brique pour l'élection J.osmargiiilliers; à cette assemblée
ils jouent un rôle plus actif qu'à Tautre, car ils y votent.
Ce sont les deux seules assemblées de fabrique aux-
quelles les paroissiens, notables ou non-notables, soient
admis.
Le curé présiue toutes les assemblées de fabrique et
de paroisse, et il la toujours fait. Le marguillier en
charge occupe la première place. Le curé nomme le
bedeau, les chantres, l'organiste et tous les officiers de
l'église, sans consulter le bureau, qui les paye. La fa-
brique emploie un agent pour tenir ses livres de compte.
Il est d'usage que le curé fasse prêter serment au mar-
guillier entrant en charge, le premier jour de l'an, de
bien et conscientieusemmt remplir les devoirs de sa
charge et d'administrer les affaires de la paroisse comme
les siennes propres.
Les emprunts ne portant pas hypothèque sont contrac-
tés sur décision du bureau, avec le consentement du
curé et sans assemblée de paroisse. 11 ne parait pas, par
les archives, qu'on ait fait d'emprunts portant hypo-
thèque.
Concluons en disant que l'état moral de la population
est satisfesant. Les mœurs y sont pures. On ne
voit pas de ces désordres qui affligent le cœur d'^un pas-
teur et qui jettent sur une paroisse une regrettable répu-
tation. Assez éloigné de Montréal pour échapper à la
pernicieuse influence du voisinage immédiat d'une
grande ville, Saint-Eustache en est cependant assez rap-
proché pour profiter du rayonnement inévitable des
affaires, du commerce, des œuvres de la publicité et de
l'intelligence, et des progrès sages d'une civilisation
chrétienne.
i< I !
S
204
APPENDICE.
LISTE DES CURÉS ET DESSERVANTS DE LA PAROISSE DE SAINT-EOSTACUE,
RIVIÈRE DU CIIÈNK.
{• M. François Petit, pire, — Du 23 novembre 1708 au mois d'oc-
lobre*l76U. — Mort à Repi-ntigny, le 29 juillet 1787, à 64
ans [N* 645 de la Liste]
0» — }il,l{.V.FÉ\AxBKi\E\, récollet, — Du mois d octobre 1769 au 15
mai 1775. — Mort à Québec, lo 18 mai 1800, à 79 ans, Il mois
et 9jour8 [N»03l.]
30 — M. Jean-Pieure Dvvaux-Besson de la garde, sulpicien, —
Du 17 ou 24 mai au 13 novembre 1775 — Mort à Sainte-Ge-
neviève de Montréai, lo ' 1 avril 1790, à 03 ans, 7 mois moins
un jour. 11 signait " Besson ' [N» 688.]
V — R. P. Antoine Gordan, J</.$ui7c. — Du 15 décembre 1775 au 25 juin
17/6. — Mort à Saint-Régis, étant alors vicaire-général, le 29
juillet 1779 à 58 ans. ( 1 ) — On lit Gordon à plusieurs des ortho-
^ graphes du Père [N°669.]
5«_M. Alexis Pinet, pire.,— Du 26 octobre 1776 au 18 octobre 1778.
— Mort à Kamouruska,le O(tionle 7) juillet 1816, à 67 ans..
T[;ihumè dans l'église de celte paroisse.. [N» 788.]
C»— M. Charles-François Perrault, ptr". , — Du 30 octobre 1778 au
22 août 1791. — Mort à Saint-Laurent, diocèse de Montréal,
(dont il était curé), le 24 décembre 1794, à 41 ans 3 mois et 5
jours [N»794.)
7» — M. Benjamin-Nicolas MAiLLOu(non Mailloux), pire., — Du 2
août 1791 au 19 janvier 1810. — Mort à Saint-Eubtache le 19
janvier 1810, à 56 ans, 3 mois et 20 jours [N° 795.]
8» — M. René-Flavien Lxixjs, pire., — Du 19 janvier du 14 septembre
1810— Mort à Saint-Pierre, Ile d'Orléans, le 13 février 1839,
à 53 ans,7 mois et 15 jours [N» 1010.]
9» — M. Tean-Bap tiste Gatien, p^re , — Du 16 septembre 1810 au 16
août 1821.— Mort à Saint-Eustache, le 21 août 1821, à 57 ans.
7 mois etOjours [N" 875.]
10* — M. Jean-Baptiste Breguier-St.-Pierre, sulpicic*', — Du 16 août
au 4 octobre 1821. — Mort à Montréal, le 3 novembre 1856, à
64 ans, 3 mois et 1 1 jours [N° 1 107.]
il» — M. Jacques Paquin, (non Pâquln) pire., — Du 4 octobre
1821 au 7 décembre 1847.— Mort à Saint-Euslache, le 7 dé
cembre 1847, à 56 ans, 2 mois et 28 jours [N» 1054.]
lî» — M. Charles CaA.MPOvx, pire., — Desservant, du 7 décembre 1847
au 25 fovrier 1848. — Aujourd'hui à Ste. Anne des Plaines.
____^ V','.> .:t.,lJ!. "'V J^*-" *f" '. M :' ' fS ; '
, ■ ' ' t. '
(1) Noiseux, Liste Chronologique.
iAINT-EUSTACUE,
205
ta»— M. Hyppomtr MonEAi', ptre,— Du 25 février 1848 au 25 janvier
18.")3. — Aujourd'hui, cliutioine de la calhédralc.
U"— H. P. FnKi>i::Hic-Ii:i.piiKZK-II()NORh: Pei.letikr, Société de Ste.
Croix,— Du 25 janvier 1853 au mois d'août 1855.— Aujour-
d'hui en Franco,
15»— R. P. P. Léonard-Aimé Desprez, de la même sociaè, — Desser-
vant dans l'interv aile, —Laisse le Canada en ISr.O.
16»— R. P. Jl'lien-Pierhe (Iastineau, Sociélé de Ste. Croix, — Du
mois d'août 1855 au IG Juin 18G0.— Aujourd'hui i la Cùte de»
Neiges, au Juvénat des Pères do Sic. Croix.
I"?* — M. Louis-Ignace Guyon, /)/re.— Curé depuis le 26 septembre
1860, — Curé actnel.
NOMS DES PRÊTHES QUI ONT PARTICIPÉ AVEC LES CURÉS A LA DESSERTE DE
LA PAROISSE DE Sa.NT-EUSTACHE, EN QUALITÉ DE VICAIRES. (I)
1"— M. FÉLIX Gatien, — Arrivé, à Saint-Eustachf, le 18 mai 1800 —
Mort, curé du Cap-Sunte le 18 juillet 1844, à 67 ans, 8 mois et
20 jours.
2» — M. Jacques Vauin, — Arrixé le 7 juin 1801. — Mort, curé de Ka-
mouraska, le 1 1 avril 1843, à 65 ans, 5 mois et 17 jours.
3* — M. Jean-Baptiste (Isidore-IIcspicc) Lajus, — Arrivé le 16 octobre
1805. — Mort, retiré aux Trois-Rivières, le 5 janvier 1836, à 54
ans 7 mois et 15 jours.
4» — M. Pierre-Martin Beaulieu. — Arrivé le 2 octobre 1806, au 29
septembre 1808. — Mort, curé de St. Sulpice, le 22 février
1825, à 56 ans et 1 mois.
5<' — M. Réné-Flavien Lajus, — Arrivé le 3 octobre 1808, au 14 sep-
tembre 1810. — Mort, à Saint-Pierre Ile d'Orléans, le 13 fé-
vrier 1839, a 53 ans 7 mois et 15 jours.
6» — M.Jean-François-Xavier Baii.largé, — Arrivé le 22 novembre
1823, — Aujourd'hui au séminaire d) Quéle;.
7» — M. Jean-Baptiste McMahon, — Du 27 octobre au 6 novembre
1824. — Parti le 9 janvier 1840 pour les Etats-Unis.
8«— M. Amable Brais, — Arrivé le 25 janvier 1825, au 17 juillet 1826.
— Mort, relire, à Montréal, le 19 mai 1866, à 74 ans.
9»— M. J. F. X. Baillahgé,— De 1825,— (Ft</e N» 6 supra).
10«— M. Antoine Fiset,— Du 18 octobre 1826 au 28 septembre 1828.
—Mort, curé de St. Cuthbert, le 23 avril 1870, à 67 ans.
11' -M. Michel-Marie Bbien-Durocher, — Du 6 mars 1829 au 22 mai
18j0. — Morl, curé de Sto. Anne delà Pérade, le 11 février
1852, à 51 ans 1 mois et 27 jours.
12* — M Augustin Blanchet,^ — Du 16 février au 7 octobres 1831,
(1) Nous avons établi la liste des vicaires au moyen des Registres
et Archives de la paroisse, nous la croyons donc extcte.
206
'■1
— Mort à St. Lin, dont il a été le 1" curé, le 2 janvier 1841, ù
34 ans, 4 mois et 2 jours.
13» — M. Fhançois-Magloihe Turcot, — Du 2 novembre 1831 au 26 fé-
vrier 1832. — Aujourd'hui à Montréal.
14o — M. Paschal Brunet.— Du 11 octobre 1832 au l" octobre 1833.
— Mort à Ste.-Rose le 9 avril 18Gi, à Tàge do 56 ans.
15« — M. Jo.seph-David Delisle. — Du 15 janvier 1834 au 15 janvier
1835, — Mort, curé de la paroisse de la Petite-Rivière, diocèse
de Québec, le 14 mars 1849, à l'âge de 52 ans et 4 mois.
16° — M. Frs. Xavier Desève. — Du 12 novembre 1837 au 19 sep-
tembre 1838, — Mort, retiré, h St. Augustin, en 1870.
17" — M. Thimothé Filiatreault.— Du 28 janvier 1S39 au 8 mai 1840,
— Mort à rile-Dupas en avril 1858.
18» — M. Charles Champoux. — Du 18 novembre 1847 au 21 février
1848. — Aujourd'hui curé de Ste. Anne des Plaini'S.
190 — M. Marik-Joseph Balthazard. — Du 2 juin 1848 au 18 septem-
bre 1849. — Aujourd'hui curé de G ranby.
^0» — M. François Ancé. — Du 6 octobre ^1849 au 25 janvier 1853,
— Maintenant retiré à Montréal. (Étant venu à St. Eustache à
deux époques.)
Te" — M. Olivikii Desorcy. — Du 18 janvier au 26 septembre 1851. —
Aujourd'hui curé à St. Alexandre d'Iberville, diocèse de St.
Hyacinthe.
■22» — M. LÉoxARD-AiMÉ Desprez. — Du 4 juin 1853 au 29 août 1855. —
Laisse le Canada en 1860.
123" — M. Camille Lefebvre. — Du 3 octobre 1855 au l" octobre 1860.
— Aujourd'hui curé de Memromccioth, Nouveau-Brunswick.
24»— M. Marcel Mireau.— Du 23 octobre 1860 au 19 juin 1862.— Au-
jourd'hui curé du St. Calixte.
2b' — M. Moïse Lavallée. — Du 25 juillet au 1"" septembre 1862. Au-
jourd'hui curé de St. Zotique.
56» — M. Narcisse Levesque, — Du 8 octobre 1862 au 10 août 1863, —
Mort, à l'Hôtel-Dieu de Montréal, le 11 octobre 1863, à 30 ans
3 mois et 25 jours.
21" — M. Louis-Alfred Dequoy, — Du 12 septembre 1864 au 27 sep-
tembre 1865. — Aujourd'hui curé de Ste. Adèle.
28»— M. Louis-Oliviel Deligny,— Du 20 octobre 1866 au 19 août
1867. — Aujourd'hui à la Trappe, TownshipLangevin.
-29»— M. FÉLIX Perrault,— Du 21 ocLobre 1867 au 8 août 1869.—
Aujourd'hui à St Martin.
30»— M. L.O. Delig.nv,— Du 18 août 1869 au 28 août 1870. (vide
N" 28 supva)
207
LISTE DES MARGUILLIERS DE I,\ PAROISSE DE SAI.NT-ElîSTACHK, DEPUIS
1778.
août 1855.—
•e 18G2. Au-
En charge pour MM.
1778 Eiistacho Presseau,
'1779 François Bellangcr,
1780 François Filion,
1781 Antoine Rochon,
1782 Louis Droun,
1783 Louis Sarrasin,
1784 Alexis Grignon,
1785 Antoine Filion,
1786 Bazile Sauvé,
1787 Bertrand Guérin,
1788 Jean-Baptiste Turpin,
1 789 Fean Grand-Maison,
1790 François Rochon,
1791 François Lauzon,
1792 Joseph Beauchamp,
1793 Antoine Laucas,
1794 Rémond Labrosse,
1795 Ignace Aube,
1796 François Robert,
1797 Michel Cheval,
1798 J. B. Poirier,
1799 Pierre Proteau,
1800 Joseph Duquette.
1801 Pierre Touchette,
1802 J. B. Cauron,
1803 Joseph Charbonneau,
1804 Jean Bone,
1805 Augustin Rochon.
1806 Joseph Bélanger,
1807 Amable Guindon,
1808 J. B. Labolle,
1809 Joseph Vandel,
1810 Charles Aube,
1811 Joseph Themens,
1812 J. B. Richer,
1813 Joachin Labrosse,
1814 Jérôme Lallier,
1815 Pierre Lauzon,
1816 Paul Desjardins,
1817 Jacques Cabana,
1818 J. B. Bélanger,
1819 J.B. Plante,
1820 Benjamin Lefebvre,
1821 Fr.-Jacqiies Rochon,
1822 Joseph Graton,
1823 Pierre Bourguignon,
1824 F. X. Grignon,
1 825 Jean-Marie Bricot,
1326 Joseph Paquette,
1827 Paul-Benoit Lefebvje,
1828 Alexandre Rochon
1829 J. A. Berthelot N. P.
1830 Charles Dolbec,
1831 André Lavallée,
1832 Pierre Ethier.
1833 .J. B. Proulx,
1834 J. Marie Labelle,
1835 Pierre Filion,
1836 Michel Charbonneau,
1837 Jérûme Latour,
1838 Jérémi Prud'homme,
1839 J. B. Savard,
1840 Joseph Legault,
1841 Paul Poirier,
1842 Louis Dion,
1843 J.B. Spénard,
1844 Amable Rochon,
1845 Eméry Féré,
1846 André Binet,
1847 J.B. Sauvé,
1848 François Guindon,
1849 Eustâche Lefebvre,
1850 Joseph Robillard,
1851 Antoine Lahaye,
1852 Pierre Vannier,
1853 Charles Belair,
1854 Séraphin Raymond,
1855 Pierre Godin,
1856 Edouard Lefebvre,
1857 Basile Choquette,
1858 Rustache Belair,
1859 J. Oct. Beauchamp,
1860 Jeaa-Bte. Traversy,
1861 Joseph Godin,
1862 François Proteau,
'If.:
5
I- l
\h
ïi
I
,•1
[I
II:
208^
1863 Octave Limoges, 1868
1864 Jean Baptiste Grave).
1865 François Lanthier, 1869
1866 Pierre Goyer, 1870
1867 Joseph Tassé,
Michel Lebuis dit La-
vergne.
Maxime Bellanger,
Charles Ladouceur, élit.
en 1870 pour 1871.
-ebuis (lit La-
PAROISSE
DE
LÎNMNT JESUS de la POINTMUX-TREMBLES
(TLE DE MONTRÉAL)
Le nom de Pointe-aux-Tremblcs prit son origine d'une
lang^'Jie avancée de terre, complantée de trembles et que
les eaux du fleuve ont fait disparaître depuis longtemps.
Dès que la Pointe-aux-Trembles commença à s'établir,
les prêtres du séminaire de Saint-? ulpice de Ville-Marie,
seigneurs de File de Montréal, y allèrent d'abord les jours
de dimanche et de fête, pour célébrer la sainte messe
dans quelques maisons des habitants ; mais à mesure que
le défrichement des terres y attirait plus de monde, ils y
fixèrent leur résidence ordinaire. On donna aux terres
qui venaient après la Longue-Pointe le nom de Côte
Sainte-Anne, et celles qui suivaient furent désignées
sous celui de Côte Saint-Jean.
Pour la commodité et la sûreté des habitants de cette
partie de l'ile de Montréal, le séminaire forma le dessein
d'établir un fort ou village à la Pointe aux-Trembles, et,
dans cette vue, M. de Queylus, supérieur du dit sémi-
1
210
ïiaire, en y concédant, l'année 1669, soixante arpents da
terre à Jean Oury dit Lamarche, mit pour condition que
les seigneurs pourraient en reprendre, à leur choix, ce
qui serait nécessaire pour y bâtir une chapelle et un
moulin, en remboursant toutefois à Oury le prix des tra-
vaux qu'iï y aurait faits et en lui accordant de plus un
terrain contigu et de même nature,égal à celui qui serait
pris. (1)
La Poinie-aux-Trembles, une des plus anciennes parois-
ses de ce diocèse et distante de Ville-Marie d'environ
•deux lieues et demi, en descendant le fleuve, se trouve
'comprise dans la circonscription suivante, extraite de
l'arrêt du Conseil d'Etat du Roi, du 3 mars 1722, qui con-
firme le règlement fait par Messieurs de Vaudreuil et
Bégon, et Mgr. l'Eveque de Québec, pour le district des
paroisses de ce pays, remis à Monsieur l'Inicadant :
*' L'étendue de la paroisse de l'Enfant Jésus, en i'isie de
^' Montréal, sera en premier lieu de celle du domaine de
*' la Dame veuve du sieur de l'Angloiserie et des habita-
*' tions de Louis et Urbain Briant, situt ;5 au bout d'en
*' haut de l'isle Ste-Thérèse ; en second lieu, de deux
'*• lieues ou environ que conLrMit la dite Cote de la Pointe-
" aux-Trembles, ù prendi '^ du jas de l'isle en remontant
^' le long du fleuve Saint-Laurent, jusqu'au chemin royal
" qui conduit du bord du dit fleuve à Saint-Léonard ; et
**' en troisième lieu, de tout ce qui compose la dite Côte
'" de St-Léonard, depuis le bout d'en bas jusqu'au mem.e
"*' chemin royal ; et en attendant qu'il y ait une église
**' paroissiale à la côte de la Longuc-Pointej le curé de la
(1) Concession écrite sur parchemin en date du 5 avril 1669. C'est
le p'ir> ancien document qui se trouve dans les archives de la
paroisse.
S
^ i - ■*
211
^' Pointe-aux Trembles desservira, par voie de mission
" tout ce qui est de la dite côte St-Léonard, au-dessus du
" dit chemin royal, venant derrière la Longue-Pointe, et
^' la demi-lieue d'étendue de la dite Côte de la Longue-
" Pointe qu'il a desservie jusqu'à présent, à prendre
'■'■ depuis le dit chemin Royal, en remontant le long du
'' fleuve jusqu'à l'habitation de François Blot, icelle com-
" prise."
Ce chemin royal qui conduit du bord du fleuve à St-
Léonardse trouvait donc situé, à cette époque, sur la ligne
frontière qui divise cette paroisse de celle de la Longue-
Pointe. /
ïr
Le premier curé ou desservant régulier de la Pointe
aux-Trembles aété M. François Seguenot, prêtre de Saint-
Sulpice, natif du diocèse d'Autun, France. Il avait été
envoyé au Canada par M. de Bretonvilliers en I >73,
Il prit possession de la cure en octobre 1674. Après 20
ans de desserte, il fut chargé de la direction des relig"ieu-
ses de l'Hôtel-Dieu de Montréal. L'affection qu'il portait
à ses paroissiens et le désir qu'il avait de les ser\h' jus
qu'à la mort, le fire>n douter d'abord s'il devait se y. 'dre
aux désirs des religieuses qui l'avaient élu d'une v^ Ix
unanime.
Quoique M. Ûollier de Gasson, supoi ir du séminaire,
eût confirmé son élection et que Mur. de Saint Valier
l'eût prié d'accepter ce nouvel emploi, dans l'espérance
qu'il pourrait aussi diriger les Fr s-Hospiîaliers que
M. Charron établissait alors, M, Seguenot voulut néan-..
moins, avant d'abandonner sa paroisse, consulter M.
Tronson, supérieur général de la compagnie de Saint-Sul-
pice. Voici ce que ce dernier lui écrivait à la date du
r :
-, Il
i' iiii
^'t
212
^8 mars 1695 : " Il y a vingt ans que vous travaillez à la
^' Pointe-aux-Trembles, vous y avez l'ordre et la piété ; la
^' paroisse de TEnfant Jésus est bien réglée. Il y a appa-
*' renée que vous avez fait tout ce que Dieu demandait
*' de vous, puisque présentement il vous appelle ailleurs.
*' Car après la prière que vous a faite Mgr. de Québec,
*' après l'ordre de M. de Gasson, après votre élection par
*' toutes les filles de l'Hôtel-Dieu, il est difficile de ne pas
*' croire que ce ne soit là votre vocation. Vous devez
*' espérer que ces bonnes filles ne profiteront pas moins
^' de la spiritualité que vous leur donnerez, qu'en ont
*' profité les habitants de la Pointe-aux-Trembles. Quoique
*' cet emploi demande du temps, je ne crois x^as qu'il soit
^' aussi pénible que celui de votre paroisse, et la consola-
*' tion de voir de bonnes sœurs avancer à g/ands pas dans
*' la perfection, adoucira vos infirmités. Il est vrai que
*' le soin de l'hôpital de M. Charron, avec le service des
*' Religieuses, seront pour vous une grande charge ; mais
*^ si Vobéissance vous impose ce double joug, je ne doute
*' pas que N. S. ne vous soutienne et ne vous donne les
*' forces nécessaires pour vous en acquitter dignement."
Dieu bénit le zèle que M. Seguenot déploya pour la
sanctification des filles de Saint-Joseph, et il s'acquit dans
cet emploi, qu'il exerça jusqu'en l'année 1699, une grande
jéputation par ia conduite des âmes. Il reprit, au mois,
cle juin .'715,1a direction de la cure de la Pointe-aux-
Trembic'S et y demeura jusqu'au trois de juillet 1718,
alors .ju'-l retourna à Montréal, où il mourut le 8 août
17:>7^Hgéd6S3ans. (I) ; •: •:
(!) M, t l'-.epj't Tut le directeur spirituel de Mlle. LeBer, morte le
2 octoL/e k.' ..4, après 19 années'de réclusion à la Congrégation de.
Yillti-Marie.
213
III
Le dimanche, 18 novembre 1G74, les principaux habi-
tants dubas de l'île de Montréal s'assemblèrent, sons lapré-
sidence de M. Jean Frémont, prêtre du séminaire de
Montréal, dans la maison de François Beau, où jusqu'a-
lors on avait célébré la messe, afin de délibérer sur les
moyens à prendre pour bâtir une chapelle où l'on pût
célébrer l'office divin plus décemment que par le passé.
On y décida que chaque habitant de la paroisse donne-
rait ce qu'il pourrait, soit en argent, pelleteries, mar-
chandises, grains, bois etc., et on procéda de suite à l'é-
lection de deux marguilliers pour avoir soin de la bâtisse
de la dite chapelle ; et François Beau ,de la Côte Saint-'
Jean, et Laurent Archambault, de la Côte Sainte-Anne,
furent élus unanimement, (l)
Cependant nous voyons que cette chapelle n'était pas
encore terminée en 1677, car M. Seguenot convoqua, le
premier août de cette môme année, une assemblée des
paroissiens, dans la maison du dit Beau, aux fins do
prendre les moyens les plus prompts et les plus conve-
nables pour terminer cette même chapelle et la mettre
dans un état tel que l'on pût y célébrer décemment les
saints offices.
La chapelle étant achevée, M. Lefebvre, supérieur
du séminaire et vicaire général, la bénit, le 13 mars
1678, sous le titre de l'Enfant Jésus, assisté de M. Segue-
not et de M. Jean Cavelier, frère du Sieur Lasalle.
(I) Registre des délibérations, page 2.
Jl
I
i i!
■•\,U
■1 i^
214
Acte de la bénédiction de l'église paroissiale de l'en-
fant JÉSUS, AU BAS DE l'iSLE DE MONTRÉAL.
" Ce jourdhuy troisième dimanche de quarème trei-
" ziéme de mars de l'année mil six cent soixante et dix
"huit.
" L'Eglise dite de L'anfan Jésus bâtie à la pointe aux
" trambles au bas de l'isle de monréal an la nouvelle
" france septantrionale des deniers et aumônes des ha-
" bilans et paroissiens du bas de la dite isle, et de ceux
" de Mrs. les Seignrs. de la d. Ile, a été bénite an la ma-
" nière acoutumée et suivant le rituel romain sous le
*' nom et titre de l'Anfan Jésus pour servir d'Eglise pa-
" roissiale, et pour y faire les fonctions Guriales, par
*' Messire françois lefevre prêtre Supérieur du iSémi-
*' naire du dit Monréal, et grand Vicaire de Monseignf jr
" L'Illustrissime et Révérandissime Evoque de Kébec,
^' assisté de Messire françois Seguenot, prêtre du dit Sé-
" minaire Curé desservant a presant la dite paroisse de
" l'Anfan Jésus au bas de la d. isle du Monréal, et de
*' Messire Jean Cavelier, prêtre, ou étoient Laurans Ar-
'' c'.ambau, Jean Raynau de presant marguilliers an la
" dite paroisse, françois Bau ancien marguillier Me. hanry
*' Sabatier, Me. Joseph de Montenon, Antoine basinet,
" pierre perthuis, andré Carière, pierre Mersan, toussain
" Baudri, Jean desroche, honoré Langlois, Jean Bau-
" chan, pierre peyette, Guillaume richar, Jean Baudouin,
" Jean grou, françois Boular, Jean choron, Etienne fo-
" restier, françois fortin, paul daveluy, paul dazé, fran-
" çois dormez, nicolas Joly, Rolin Bellau et autres pa-
*' rolssiens, lesquels pour lapluspait ont signé le presant
" acte avec les dits Eclesiastiques pour servir de mémoire
" a la postérité sur le Registre de la d. paroisse ou le d.
il
215
LE DE L EX-
''• acte a été registre pour y avoir recours toutes fois e
" et quantes qu'il an sera de besoin."
Malgré ce qu'en dit cet acte il n'y eut que les trois
prêtres sus-nommés qui y apposèrent leur signature. (1)
Suivant un manuscrit conservé à l'archevêché de
Québec, cette chapelle avait trente-six pieds de longueur
sur vingt-quatre de largeur.
Riendansle villagede la Pointe-aux-Trembles, n'indique
l'endroit précis où était bâtie cette chapelle, mais, d'après
la tradition, elle devait se trouver au haut de la rue Sainte-
Anne, entre la rue transversale de l'Enfant Jésus et le
nonveau chemin public.
Ce qui rend cette tradition vraisemblable, c'est que la
petite rue, qui aboutit à l'emplacement de Jean-Baptiste
Gervais, est encore appelée " Rue du Cimetière " et que
cette rue devait nécessairement communiquer à l'ancien
cimetière contigu, ou du moins, peu éloigné de la cha-
pelle.
Il y a quelques années, en creusant en arrière de l'em-
placement de Pierre Chaiifoux, on trouva des ossements
humains de vieille date, ce qui démontre clairement la
localité de ce cimetière.
Par suite de la crue constante des eaux du fleuve, le
village ou fort de la Pointe-aux-Trembles, comme on
l'appelait alors, a subi des changements de configuration
assez considérables. Ainsi l'ancienne rue Saint-Louis pa-
rallèle au fleuve, de môme qu'un moulin à vent qui s'y
trouvait, ont disparu depuis longtemps ; plus récemment
et par la môme cause, l'ancien chemin royal, longearit
le fleuve, passant par conséquent devant l'église actuelle,
(l) Registre des délibéral ions p;ig<' i,
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216
et à travers le village, par lame Saint-François, aétéaban-.
donné et remplacé, en 18il,parle nouveau chemin en
arrière du village, ce qui a nécessité l'ouverture d'une
nouvelle rue pratiquée sur l'emplacement de feu Jean-
Baptiste Archambault, appartenant actuellement aux
sœurs de la Congrégation.
Voici le nom des rues du village tel qu'il se trouve
présentement : La rue parallèle au lleuve, Saint- François;
la première grande rue voisine du presbyte re,Sairit-Jean ;
la seconde, Sainte-Anne, et celle transversale, de l'Enfant
Jésus, aboutissant à la petite rue du (imetière sus-cit/'e.
Le 10 septembre 1G79, sur la proposition de M Segue-
not, les habitants s'étant réunis en assemblée, résolurent
d'acheter l'habitation de Jean Raynau ditplanchar, pour
servir de presbytère, ainsi que la terre de deux arpents
sur vingt, sur laquelle était bâtie la dite habitation, pour
la somme de neuf cents livres,{l) payable en deux termes,
en castor, ou argent, ou bled marchand, au prix courant.
Cette vente s'effectua le 4 novembre de la dite année,
1679, devant M'". Maugue, notaire.
C'est sur cette terre, qui appartient encore à la fabri-
que, que furent bâtis l'église actuelle, le couvent et la
plus notable partie du village. Cette même terre formait
originairement partie de la susdite concession faite à
Oury et que Jean Raynau acquit plus tard du nommé
Mathurin Martin.
Il est à remarquer que les seigneurs de Montréal
octroyèrent à la fabrique le privilège de concéder des
emplacements dans le village et d'en percevoir les rentes
à son profit et avantage.
(n $150.03.
217
Le 15 jt'invier 1G80, les habitants de la Rivières des-
Prairies s'engagèrent, en présence de M. DoUier, siipé-
j'ieur du séminaire, et de M. Seguenot, curé, à contribuer
de bonne grûce à l'église de la Pointe-aux-Trembles,
en attendant que leurs moyens les missent en état de
bâtir une église rour eux-mêmes, à condition toutelois
que M. le curé de la Pointe-aux-Trembles inviterait, au
prône, les habitants de sa paroisse, à venir, au àside bonne
grâce, en aide aux habitants delà Rivière-des-Prairies.
Suivant le manuscrit sus-cité, la paroisse de la Pointe-
aux-Trembles comprenait, en 1C83, environ 80 familles^
formant 370 âmes.
Le 12 novembre 1684, M. Seguenot, accompagné de M-
Basset, alors curé de Reper.tigny, fit la bénédiction d'une
cloche, qui fut nommée Thérèse du Saint-Enfant Jésus^ par
le sieur Perthuis et Damoiselle Marie-Thérèse Dugué.
Le clocher ,qui fut rasé par un coup de vent le 4 août
1817, entraîna cette cloche qui se brisa dans sa chute.
Elle avait alors 133 ans, et fut beaucoup regrettée des
paroissiens, qui l'aimaient pour son antiquité et son joli
son argentin.
La dévotion des quarante heures avait été établie dans
l'église de la Pointe-aux-Trembles, en réparation des ou-
trages que Notre-Seigneur reçoit dans l'adorable sacre-
ment de l'Eucharistie et pour engiger les paroissiens à
passer, en exercices de piété, les trois jours qui précèdent
le carême. Ce fut dans un de ces jours, en l'année 1685,
le 4 mars, que M. Seguenot reçut l'abjuration d'un sol-
dat, du nom de Daniel pépi dit Lafleur, calviniste, âgé
de 20 ans. Dans la même année, l'')85, le dimanche des
Rameaux, il reçut aussi l'abjuration de deux autres sol-
dats, du nom de Jacques Poissan dit La Saline et de Da-
niel fore dit Laprairie.
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Cest vers cette époque que, par les soins et le zèle de
M, Seguenot et de ses paroissiens, fut fondée et établie
dans cette paroisse une mission des sœurs de la Congré-
gation de Notre-Dame, qui y subsiste encore. Une mai-
son en bois leur fut procurée dans l'enceinte du fort, et
c'est des mains mômes de la vénérable Marguerite Bonr-
geciiquele vertueux curé reçut deux de ses courageu-
ses filles pour venir y habiter cette maison exposée et y
commencer l'œuvre de l'éducation chrétienne de leur
sexe. C'est une des plus anciennes missions de cette
admirable institution' à laquelle le Canada doit, depuis
plus de 200 ans, d'inappi'éciables services, tant au spirituel
qu'au temporel.
En 1686, M. Tronson engageait fortement M. Seguenot
à ne rien négliger pour y former d'une manière solide
l'établissement des sœurs.
" Deux filles de la Congrégation pour maîtresses
" d'école, lui écrivait-il^ une maison propre pour les loger
" et un fonds suffisant pour assister les pauvres, vous
" seraient, à la vérité, d'un grand secours, et il faut faire
" ce que l'on pourra pour vous le procurer."
Cette première maison fut remplacée, en 1754, par la
maison en pierre actuelle ; elle est d'assez grande dimen-
sion, et solidement construite ; elle n'avait eu jusqu'ici
qu'un étage, mais pour répondre aux besoins du temps,
elle fut élevée d'un autre étage en 1850 ; on en répara
tout l'intérieur et on y fit une nouvelle division. Monsei-
gneur Bourget, évoque de Montréal, en fit la bénédiction
ainsi que de la chapelle et de la cloche du règlement, à
la fin de juin 1851. Les sœurs Saint-Jacques et Saint-
Alexis étaient alors à la mission.
" Le deux juillet 1690, les Iroquois tuèrent au bout de
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219
*' nie, près de lu Coulée de Jean Grou, le Sr Colombe,
" lieutenant réformé, Joseph de Montenon Sr de la Rue
*' que les ennemis brûlèrent le jour môme derrière le fort
*' de LaChenaye, Guillaume richar dit Lafleur, notre
" lieutenant de milice, Jean Jalot, notre chirurgien,
" Jean Delpué dit parisot, Joseph
" carrier dit Larose, Jean Raynau dit Planchar brûlé
" aux Onëiouts avec Jean Grou, paschange et le bohème
*' en présence du père Millet, Jean Beaudoin, fils, pierre
*' Masta, et un employé du grand Beauchant nommé
*' Pierre Peyet dit St amour a été pris dans l'attaque et
" ammené prisonnier le 2 juillet 1690, il a été donné aux
" Onëionts qui lui ont donné la vie ainsi que nous a
*' mandé le père Millet du mois février 1691 d'Onëiontou
" il est aussi et ou on lui a donné la vie.
*' Le dit St Amour est revenu au fort en 1693." (1)
Comme on craignait beaucoup les Iroquois, on enterra,
à la hâte, les^corps de ceux qui avaient été ainsi tués, à
l'endroit môme où le massacre avait eu lieu : ce ne fut
que le 2 novembre 1694 que l'on transporta leurs osse-
ments au cimetière, où ils furent inhumés en présence
de presque tous les paroissiens. (1)
Le 8 mai 1691, les Iroquois, ayant fait irruption dans
la paroisse, tuèrent le nommé Grégoire Simon et sa
femme. Ils firent aussi prisonniers, le 27 août de la
môme année, Nicolas Millet et sa femme, qu'ils surprirent
dans leur champ ; mais tous deux furent délivrés de leur
captivité huit jours après.
Malgré ces dévastations et les difficultés sans nombre
(1) Registre paroissial.
(2) Idem.
■■H
220
de cette époque, la paroisse de la Pointe-aux-Trembles fit
des progrés rapides. Outre la mission des sœurs de la
Congrégation, qui y était déjà établie, les Frères-Hospita-
liers de Ville-Marie, aidés par les libéralités du séminai-
re, y établirent une école pour les garçons, et en 1718 ils
y possédaient plusieurs terrains dans l'enceinte du fort,
ainsi que des concessions de terre à la Côte Saint-
Léonard.
C'est vers ce temps-là que s'établit la Côte Saint-Léo-
nard,et qu'on y commença le défrichement des terres.
On voit que, pendant l'année 1707, les seigneurs de Mon-
tréal octroyèrent, à divers habitants de la Pointe-aux-
Trembles, vingt neuf concessions de terre, dans la dite
Côte Saint-Léonard. (1)
M. Seguenot ayant été nommé, comme on l'a vu plus
haut, directeur des religieuses hospitalières de Montréal^
fut obligé de laisser sa paroisse où il eut pour successeur
M. Claude le Breton, prêtre de Saint-Sulpice.
IV.
f j '<■
à'
M. le Breton arriva au Canada le 3 août tG94 et desser-
vit la paroisse de la Pointe-aux-Trembles, de 1694 à 1699,
et partit pour la France en 1702. Il fut remplacé par M.
Léonard Chaigneau, prêtre de Saint-Sulpice, veu au
Canada le 15 août 1688.
M. Chaigneau était de Limoges. Après avoir demeuré
à la Pointe-aux-Trembles de 1699 à 1702, il desservit la
Rivière-des-Prairies de 1702 à 1703,Ile-Dupas de 1704 à
1706, Repentigny de 1706 à 1708, etc. Il mourut à Mont-
réal le 24 décembre 1711 à 49 ans.
(I) Minutes de Mire. Senez, notaire.
ce, veu au
221
V. '
•
M. Benoit Roclic, prêtre de Saint-Sulpicc, succéda à
M. Chaigneau.M. Roche était natif du diocèse du Puy et
arriva au Canada le 6 août 1702. Onze jours après son
arrivée, il fut chargé de la desserte de la Pointe-aux-
Trembles, où il demeura jusqu'en 1715. Il fut inhumé
à Montréal le 3 juillet de la môme année, âgé de 40 ans,
dix neuf jours après avoir quitté la cure de la Pointe aux-
Trembles.
Ce fut M. Roche qui détermina de commencer l'église
actuelle, l'ancienne chamelle éîant devenue tout-à-fait
insuffisante pour les besoins du culte et le nombre tou-
jours croissant des paroissiens. Il n'y avait plus à diffé-
rer ; on se mit à l'œuvre, et, le 24 juin 1705, M. de Bel-
mont, supérieur du séminaire et vicaire général de l'c-
vèque de Québec, fit la bénédiction solennelle de la pre-
mière pierre sur laquelle on mit l'inscription suivante :
A Dieu très bon, très grand.
L'an de salut 1705
Le X des Ides de Juin
Séant en la Chaire de St. Pierre, Clément Pape XI
Régnant Louis le grand, 14e du nom
Sous l'Episcopat d'Illustrispime et
Revérendissime Père en Dieu
Messire Jean Bte. de la Croix, Evoque de Québec
Etant gouverneur. Lieutenant Général
pour le Roi en la Nouvelle France
Haut et puissant seigneur
Messire Philippe de Rigaut,
Marquis de Vaudreuil, Chevalier
de St-Louis. --. ^*
i:'A.
K-
222
Intendant de Justice, Police et Finance,
Messire François de Beauharnois,
Conseiller du Roi en tous ses Conseils, r
Gouverneur de Montréal, [^,
Messire Claude de Ramesais,
Chevalier de St-Louis.
Cette première pierre solennellement
bénite. Heureux commencement
de l'Eglise paroissiale dédiée au
TRÈS ST. ENFANT JESUS,
. fut mise et placée dans les fondements
par ou au nom de Monsieur le
Marquis de Vaudreuil.
On ne fit pour lors que la nef, les moyens ne permet-
tant pas sans doute d'en faire davantage. On ne sait pas
ce qu'a coûté cette partie de l'église, vu que ce n'est
qu'environ douze ans après, qu'il se trouve un livre des
recettes et dépenses de la fabrique.
Les travaux de construction s'opérèrent assez prompte-
ment, puisque le sieur Honoré Langlois, un des plus
anciens paroissiens, fut inhumé, dans la nouvelle église
le 12 décembre 1700. (1)
VI.
Le 27 juin 1715, M. Seguenot fut, pour la deuxième
fois, chargé de la desserte de cette paroisse, où il demeu-
ra, comme nous l'avons déjà mentioné, de 1715 à 171 8".
Il eut pour successeur M. Jean-Gabriel-Marie Le Pape du
Lescoàt, prêtre de Saint-Sulpice.
(I) Registre paroissial.
223
M. Du Lescoat naquit en Bretagne et arriva au Cana
da, le 28 juin 1718. Il desservit la paroisse de la Pointe-
aux-Trembles, du mois de juillet 1718 au mois de sep-
tembre 1719, et quelques années après, il fut nommé
curé d'office de Ville-Marie, charge qu'il occupa depuis
le 12 août 1725 jusqu'au 11 février 1730. Il mourut, le
7 février 1733, à 44 ans. " Il fut un grand homme et un
" saint, regardé comme tel par l'opinion populaire qui a
souvent honoré son tombeau." (1)
VII.
M. Du Lescoat fut remplacé par M. Charles De la Gou.
dalie, prêtre de Saint-Sulpice.
M. De la Goudalie arriva au Canada, le 27 août 1707.
Après avoir été missionnaire à l'Ile-Dupas pendant dix
ans, de 1708 à 1718, il desservit la Pointe-aux-Trembles
depuis le 21 septembre 1719 jusqu'au 12 février 1727, et
partit, cette môme année, 1727, pour l'Acadie. " En 1748,
" il passa en France, pour revenir en Acadie en 1750.*
(2) M. De la Goudalie était vicaire-général.
Le tabernacle du grand autel a été fait en 1725, scu?
M. De la Goudalie, par le sieur François le Vasseur. Il
est en bois doré^ d'ordre corinthien et a coûté cent mi-
notg. de bled et quatre cents francs en argent, ($66.67)
Le 12 mars 1727, M. Maurice Courtois, prêtre de Saint-
Sulpice, successeur de M Delà Goudalie, vint à la Pointe-
aux-Trembles, où il demeura douze ans, jusqu'au 29 juin
1739.
(1) Ta.igiiay, Bép. Gén. p. 88.
(2) Idem., liêp. Gén. p, 78.
224
■•( 1
M. Courtois était né le 8 septembre 1682, dans le
diocèse de Clermont et arriva au Canada, le 27 août
1707. Quelques mois après son arrivée, il avait été char-
gé de la cure de Repentigny,qu'il desservit pendant trois
ans, depuis le 4 mars 1708 jusqu'au 3 mars 1711. Il mou-
rut, à Montréal, le 7 avril 1755, âgé de 72 ans et 7 mois
moins un jour.
Depuis le 29 juin 1739 jusqu'au 15 octobre, môme
année, les actes de baptêmes, mariages et sépultures sont
signés par MM. Joseph Hourdé, François Doinet, et
Pierre Thomas-Ruffin (de la Maraudière), prêtres de
Saint-Sulpice.
M. Doinet s'intitule faisant les fonctions curiales.
virr.
M. Joseph Dargeut, prêtre de Saint-Sulpice, desservit
la paroisse de la Pointe-aux-Tremble, durant sept ans et
quatre mois, depuis le 15 octobre 1739 jusqu'au 22 fé-
vrier 1747.
M. Dargent né, le 4 juillet 1712, dans le diocèse de
Nantes, fut ordonné en mars 1737 et vint au Canada le
24 juillet de la môme année. " Il était un excellent ar-
t* chitecte. 11 avait commencé les ouvrages du rétable de
*' l'église de la Pointc-aux-Tremble, lorsque la mort l'en-
leva." (I)
M. Dargent mourut, à la Pointe-aux Tremble le 22 fé-
' vrier 1747, à l'âge de 34 ans, 7 mois et 18 jours, et fut
inhumé le lendemain, le 23, dans le sanctuaire, sous la
lampe, par M. Louis Norman t du Faradon, vicaire-géné-
ral et supérieur du séminaire de Saint Sulpice de Ville-
Ci) Tanguay, Rèp. Gén. p. 100,
225
Doinet, et
Marie, assisté de MM. Alexis-Gilbert Favart et Mathieu
Falcoz, prêtres de Saint-Sulpice.
Ce fut M. Dargent qui fit construire, en 174!, le
chœur et les chapelles latérales ; les ouvriers qu'on em-
ploya lurent Jean-Baptiste Deguire dit Larose, maçon,
Joseph Dufaux, charpentier, Jean-Baptiste Couturier,
menuisier et Antoine Cirier, sculpteur.
L'égUse, ainsi complétée, a cent douze pieds de longueur
sur trente-sept et demi de largeur.
Durant les années 1869 et 1870, il fut fait diverses ré-
parations et changements dans l'intérieur de l'église : le
chœur fut réduit à sa dimension actuelle, le jubé agran-
di, la voûte et les bancs peints à neuf.
J/ancienne sacristie qui subsiste encore au chevet de
l'église (rond point), qui avait vingt-deux pieds de lon-
gueur sur vingt-neuf de largeur, a été remplacée, en
l'année 1802, sous M. Girouard, par la sacristie actuelle.
Agrandie, en 1803, sous M. Porlier, elle a aujourd'hui
trente-deux pieds de longueur sur vingt-neuf et demi de
largeur.
Quant au presbytère, on a vu plus haut qu'il avait été
arrêté, dans une assemblée des paroissiens, en 1679, que
la maison bâtie sur l'habitation que l'on achetait de Jean
Raynau, servirait de presbytère; depuis on l'a augmenté
de deux autres parties dont la dernière, construite par M.
Raimbault, sert actuellement de salle publique. Le pres-
bytère, y compris celte salle, a soixante-trois pieds de
longueur sur trente-et-un de largeur. Il est en pierre, à
un étage et est couvert en bardeaux.)
Des réparations considérables et jugées absolument né-
cessaires y ont été faites, en 1858, sous M. Porlier, ainsi
qu'aux autres bâtisses qui en dépendent.
5
226
. >
h '
IX.
M. Clément Pages, prêtre de Saint-Sulpice, successeur
(le M. Dargent, était né le 2 novembre 1715, dans le
diocèse de Viviers, et arriva au Canada le 17 août 1741.
Environ deux mois après son arrivée, il fut chargé de la
cure de la Longue-Pointe, où il demeura deux ans, du 15
octobre 1741 au 3 novembre 1743 ; et, le 11 mars 1747, il
fut nommé curé de la paroisse de la Pointe-aux-Trembles,
qu'il desservit durant vingt-et-un ans et sept mois, jus-
qu'au 28 septembre 1768.
M. Pages disparut le 3 mai 1 769 et fut trouvé noyé à
Verchères, où il fut inhumé le 23 du mùme mois dans
l'église de cette paroisse. Il était âgé de 54 ans et 6 mois.
Le retable de l'église de la Pointe-aux-Trembles fut
recommencé, en 1 749, sous M. Pages, et continué sous
MM. Robert et Huet de la Valinière et entièrement ter-
miné sous M. Durocher. Ce retable a été fait, dit-on, sur
les desseins qu'en avait laissés M. Dargent.
Sous M. Durocher aussi, on orna la voûte et on fitfaire
la chaire et le banc-d'œuvre actuel, en 1809.
X,
Le 5 octobre 1768, M. Jean-de-Dieu-François Robert,
prêtre de Saint-Sulpice, arriva à la Pointe-aux-Trembles
et y demeura cinq ans, jusqu'au 8 octobre 1773. Né, le
20 avril 1724, au diocèse de Limoges, il arriva au Cana-
da le 3 septembre 1753, et mourut à Montréal le 23 avril "
1784, âgé de 60 ans et 3 jours. - i
XL -
M. Robert fut remplacé par M. Pierre Huet de la Vali-
nière, prêtre de Saint-Sulpice, natif du diocèse de Nantes
Celui-ci arriva sous-diacre, en 1754 et fut ordonné le IS
227 «
juin 1755. Après avoir desservi la paroisse de laPointe'
aux-Trembles environ une année, du 11 octobre 1 773 ati 5
novembre 1774, il allaj le 19 novembre de la môme an-
née, remplacer M. Jacques Degeay, à l'Assomption, qn'il
quitta le 31 janvier 1777, pour prendre charge delà cnre
de Saint-Roch-des-Aulnets, et, en 1778, de celle de Sainte-
Anne de la Pocatière. " Il passa dans le diocèse de Balti-
" more, en 1779, par ordre du gouvernement d'alors et
" revint en Canada en 1792." (1)
M, Huet de la Valinière fut tué, en revenant de L'As-
somption, dans une chute de voiture, le 29 juin 1806, ûgé
d'environ 75 ans, et à 51 ans de prêtrise. Il fut inhumé »
Saint-Sulpice le 1" juillet 180C.
XII.
Après le départ de M. Huet de la Valinière, M, Fran-
çois-Xavier Noiseux, prêtre, vint prendre la charge de I»
cure de la Pointe-aux-Trembles, où il ne resta que onze
mois, du 15 novembre 1774 au 15 octobre 1775. Il desser-
vit en même temps la paroisse de la Longue-Poinle, du
15 décembre 1774 au 3 octobre 1775.
M. Noiseux était né à Québec, le 17 novembre 1748, dc'
François Noiseux et de Marie-Anne Guilbeau. Ordonné?
le 18 mai 1774, il fut nommé vicaire de Saint-Pierre, Ile*
d'Orléans, qu'il quitta quelques mois après pour venir à
la Pointe-aux-Trembles, d'où il partit pour Belœil, qu'il
desservit environ vingt-et-un ans, jusqu'au 1er octobre
1796. 11 desservit en même temps Saint-Hyacinthe, du 14
décembre 1777 au 19 août 1783. De Belœil, il se rendit
aux Trois-Rivières, d'où il fut curé jusqu'à sa mort, arr^
(1) Tanguay, Rép. Gén. p. 117.
!• , • .J
X'
228
véfi le 18 novembre 1834, à l'Age de 80 ans et un mois.
Il était doyen d'Age du clergé t'ai!adien, avait GO ans et
demi de prêtrise et 31) ans de vicariat-général. (1)
XIII.
M. Noiseux eut pour successeur M. Joseph Racine,
prêtre, qui fut curé de la Pointeaux Trembles durant
quinze ans, depuis le 25 octobre 1775 jusqu'au 20 octobre
1790. il desservit en même temps la Longue-Pointe, du 3
octobre 1775 au 27 septembre 1790.
M. Racine, né le 26 décembre 1743, de François Ra-'
cine etd'EIizabeth Lecomte, fut ordonné le même jour
que son prédécesseur, M. Noiseux, le 18 mai 1774. Il
mourut, à Montréal, le 0 mars 1791, à 47 ans, 2 mois et
8 jours.
XIV.
Le 12 novembre 1790, M. Antoine Girouard vint rem-
placer M. Racine, comme curé de la Pointe-aux-Tembles,
et y demeura jusqu'au 28 septembre 1805 ; il continua en
môme temps à desservir la Longue-Pointe du 27 sep-
tembre 1790 au 30 septembre 1796. M. Girouard était
né à Boucherville, le 7 octobre 1762, d'Antoine Girou
ard et de Marguerite Chaperon, et a été ordonné le 23
octobre 1785. Il fut d'abord missionnaire à la Baie des
(1) On avait, do M. Noiseux, à rarchovêché de Québec, un ma-
nuscrit intitulé, " Abrégé Chronologique et Hislorique de tous les
prêtres, tant séguliers que réguliers, qui ont desservi le Canada et
ensuite le diocèse de Québec, depuis sa découverte jusqu'à nos jours."
Cet ouvrage, en deux parties, commence en 1611 et finit en 1823.
C'est do ce manuscrit qu'est extraite la Liste Chronologique des
Evêques et Prêtres, etc., imprimée à Québec, en 1834. Ce manuscrit
a péri dans l'incendie de l'évêchée de Montréal le 8 juillet 1852.
2-29
L-ii «leurs. Après avoir demeuré cnvirou I.") aus à la
Pointe-aux-Trembles, il se reutlit à Saiut-Hyacintlie
où il fut curé près Je 27 aus, depuis le 5 octobre 1805
jusqu'au 3 août 1832. Ce futduraut sou séjour daus cette
paroisse qu'il y fouda, eu 1811, le collé.^e de Saiut-Hya-
cinthe, et dota la ville de Saiut-IIyaciullie, eu 18IG, d'uu
pensiouuat pour les jeuues lllles scus la direction des
sœurs de la Cougrégatiou.
M. Girouard mourvit, élaut arcliiprètre, à Vareuues,
(et uon à Saiut-liyacinthe), le 3 août 1832, à 09 aus et 10
mois, et fut inhumé à Saint-IIyacinlhe le 4 du même
mois. " Sa vie, a dit M. De la Bruére, fut une vie tout de
sacrifice et de dévouement; et sou cœur ne respira qu'a-
mour et patriotisme. (I)
Après le départ de M. Girouard, M. Jean Raimbault ne
fut chargé de la desserte de la Pointeaux-Trembles que
durant une année, depuis le 20 octobre 1805 jusqu'au 5
octobre 1800.
M. Raimbault était né le '5 février 1770. Après avoir
terminé son cours d'études avec un succès distingué, il
se consacra au service de l'église, dans son propre diocèse,
celui d'Orléans, où il fut tonsuré le 31 mai 1789 par M-
de Jarento, alors coadjuteur.
Il n'y avait que quelques mois que ce digne ecclésias-
tiques étudiait la théologie, lorsque îa révolution, écla-
tant tout à-coup, le força d'abandonner le séminaire.
Ce fut au mois d'octobre ii 93, lors de la réquisition
forcée faite par la convention nationale, que M. Rai m-
(1) Lecture donnée par M. P. B. Do la Bruère, fils, à la premiôre
séance publique du Cercle cV Union, de Saint-IIyacinlhc, le 3 juillet
1859.
mam»
;» ■ »
lui
n
\f
\
230
l)ault sortit d'Orléans, mais il ne laissa définitivement la
France qu'au mois de janvier suivant ; passant par Phi-
lippe-viîle, il arriva à Bruxelles le 17 janvier 1794. Après
quelques mois de séjour dans cette ville, il en partit, le
28 juin, pour se rendre en Angleterre, passa par Anvers
et le 12 juillet il était sur la terre hospitalière, à Londres
mCme.
Ce ne fut qu'au bout d'une année que, désirant spé-
cialement suivre sa vocation, il se décida à venir en Ca-
nada ; embarqué à Portsmouth, le 1 juin 1705, il arriva
heureusenrieni :'* Québec le 6 juillet.
Dès le 19 du môme mois, il fut admis aux ordres mi-
neurs et au sous-diaconat, et le diman ^he suivant, le 26,
^u diaconat et à la prêtrise.
Après avoir été professeur de philosophie au collège de
Québec il fut, en novembre 1797, i.ommé curé de l'Ange-
■Gardien. Après y avoir exercé le saint ministère, pen-
dant huit ans, avec un zèle dont les habitants du lieu
n'ont point perdu le souvenir et que le legs généreux que
le défunt fit aux pauvres de cette paroisse n'a pu que
prolonger, M. Raimbault fut transféré à la cure de la
Pointeaux-Trembles, de Montréal; mais, dès Tannée
fiuivante, 1806, l'illustre évéque Plessis, qui venait de
prendre sous sa protection spéciale l'intéressant établis-
sement dont le vénérable M. Brassard, avait en mourant,
doté la paroisse de Nicolet, icomm^' nous le mentionne-
rons à la page 232) l'appela à cette cure et le nomma en
même temps ^^upérieur du nouveau collège. Ce fut dans
cette place importante que M. Raimbault passa 35 ans à
travailler au salut des âmes, encourageant constamment
l'éducation et la favorisant de tous ses moyens.
M. Raimbault mourut, à Nicolet, le 16 février 1841,
ilgè de 71 ans et 11 jours. Les restes de ce vertueux
231
prêtre furent déposés dans le sanctuaire de la chapelle
saint Louis.
" Il eut pour élèves en mathématiques, au collège de
" Québec, puis au presbytère de l'Ange-Gardien, le fon-
** dateur du collège Sainte-Anne (l)et Henry Hardings,
** devenu depuis Viconte, field-marshal et commandant
" des forces en Angleterre. Il composa pour eux des tral-
** tés d'algèbre et de géom.ètrie." (2)
XVI.
M. Raimbault eut pour successeur M. Alexis Durocher,
prêtre, qui fut curé de la Pointe-aux-Trembles durant
vingt-huit ans et huit mois, depuis le 11 octobre 1806
jusqu'au 30 juin 1835.
M. Durocher, (3) né à l'Assomption, le l^rjuin 1767, fut
(1) M. Gh. Frs, Painchaud, curé de Sainto-Anne de la Pocatière,
(2) Tanguay, Rcp. Gén. p. 147.
(3) M. Alexis Durocher était fils de M. Jean-Baptiste Durocher,
négociant, et de M"* Marguerite Boucher-Denois.
Un de ses frères, M. Paul-Siméon-Hypolite Durocher, propriétaire
de la rue Durocher, à Montréal, avait épousé M"« Marie-Julie Fore-
tier, sœur de Mesdames D. B. Viger, L. G. Foucher, (jujje), Henri
Baron et Hugues Hcney.
Une de ses sœurs, "♦î"'" Louise-Charlotte-Gharles-Adélaïde Duro-
cher, épousa M. Paul Troltier sieur de Beaubien, seigneur de file
Moras, à Nicolet, aieul de l'épouse de l'auteur de V Annuaire de
Ville-Marie. M. le curé Durocher était ainsi grand-oncle maternel de
cette dernière, ot de plus son parrain.
Une autre de ses sœurs, M"* Marie-Marguorile Durocher, épousa
M. Alexis Guay-Trotlier de Beaubien, frère du précédent, et père
des quatre religieuses suivantes :
1° Sœur Marguerilo-Dorothée Beaubien, dite Sœur Beaubien, su-
périeure des Sœurs-Grises de Ville-Marie, du 4 septembre 1833 au 28
septembre 1843, morte, le 11 août 1848, à 50 aus.
2" Sœur Marie-Hélène Boaubien, dite Sœur Youvillo, de la même
communauté. Aujourd'hui à la maison-mère.
3» Sœur Marie-Zoé Beaubien, dite Sœur Normant, de la môme
communauté. Aujourd'hui à Sainttfean Dôrchesler.
4" Sœur Marguerite Beaubien, dite Sœur Saint-Alexis, de la Con-
grégatiui: de Notre-Daaie. Aujourd'hui supérieure à Bourbonnais,
Illinois, Etatw ^Tnis.
):'
232
ordonné prêtre le 9 avril '791. Après avoir ( xercé le mi-
nistère à Montréal, en qualité de vicaire, il fut chargé de
la cure de Nicolet, dont il eut soin pendant dix ans. Il
prit une part très active dans l'établissement du collège
de Nicolet. M. Charles- Joseph Brassard donna par testa-
ment à M. Durocher, son successeur dans la cure de
Nicolet, la terre où se trouve le collège, à la condition de
fonder une école pour la paroisse. Quelque temps après
cependant, M. Brassard révoqua son testament. M. Pierre-
Louis Deschenaux, alors juge aux Trois-Rivières, con-
seilla à M. Brassard de faire son testament en faveur de
la fabrique de la paroisse aux mêmes charges et condi-
tions. Lorsqu'il mourut, le 9 juillet 1801, [on découvrit
que le testament était nul. En conséquence, M. Durocher,
exécuteur ï<^stamen taire, alla trouver le frère de M.
Brassard et lui annonça oue, vîi la nullité de ce testa^
ment, il héritait de tous les biens du défunt. Mais ce
brave homme refusa de prendre des propriétés destinées,
dans la pensée de son frère, à un autr^ usage et en fit ca-
deau à Mgr. Denaut, alors évêque de Québec. M. Duro-
cher fut lui-môme, pendant plusieurs années, un des pro-
fesseurs du collège, bien qu'il fût en même terns curé de
Nicolet et de Saint-Grégoire.
En 1806, Mgr. de Québec le nomma curé de la Pointe
aux-Trembles. Il desservit aussi, alternativement pendant
plusieurs années, les paioieses de Longue x^ointe et Ri-
vière-des-Piairies ; la Rivière-des-Prairies, depuis le 1"
octobre 1806 jusqu'au mois de juinl810; Lo.igue-Pointe,
depuis le 16 septembre 1810 jusqu'au 6 novembre 1817..
M. Durocher avait une grande bonté de cœur et il dé-
ploya beaucoup de zèle pour l'embellissement de son
église. Il mourut le 30 juin 1835 à l'Age de 68 ans et uji
xercé le mi-
ut chargé de
t dix ans. Il
du collège
na par testa-
la cure de
condition de
temps après
dt. M. Pierrè-
ivières, con-
în faveur de
jes et condi-
m découvrit
.1. Du rocher,
frère de M.
de ce testa-
int. Mais ce
es destinées,
I et en fit ca-
c. M. Duro-
, un despro-
ems curé de
e la Pointe
lent pendant
*ointe et Ri-
depuis le 1"
giie-Pointe,
?mbre 1817..
ur et il dé-
ent de son
(8 ans et un
233
mois et dans sa 45^0 année de prêtrise. Son corps fut
inhumé dans la nef de l'église do la Pointe-aux Trembles,
près de la balustre, en avant du banc seigneurial, près
la chapelle St. Joseph, le 2 juillet suivant, par M, An-
toine Manseau, curé de Longueuil, en présence de treize
autres prêtres et d'un grand concours tant des parois-
siens que des habitants des paroisses circonvoisines. (t)
Le 10 mai 1818, sous M„ Durocher, les marguilliers
chargèrent le sieur Thomas Though, négociant de Mon-
tréal, de faire venir d'Angleterre trois cloches pour rem-
placer l'ancienne brisée en 1817. Ces cloches étant arri-
vées le 31 août de la même année, 1818, furent bénites
solennellement, le 29 septembre suivant, en présence
d'un nombreux clergé et d'un grand concours. La pre-
mière, du poids de cinq cent huit livres, fut nommée
Pierre-Marie-Joseph et présentée par Sieur Pierre Babin-
Lacroix et Mn»e Marie-Josephte Ghristin, épouse de Sieur
Charles Laporte. La seconde du poids de quatre cent
quatre livres, fut nommée Marie-Louise et présentée par
le Sieur Louis Langlois-Lachapelle et M™e Marie-Louise
Archambauit, épouse de Joseph Brouillet dit Bernard-
La troisième, du poids de deux cent soixante-quatorze
livres, fut nommée Joseph-Octave par Sieur Louis
Reeves et M™^ Joseph Beaudry épouse de Sieur Gabriel
(l)"Le deux juillet mil huit cent trente cinq, nous prêtre soussigné,
curé de Longueuil, avons inhumé dans régliso de celle paroisse ;
dans la chapelle St Joseph, le corps de Messire Alexis Durocher,
prêtre, curé de cette paroisse depuis vingt neuf ans, décédé la. sur-
veille à l'âge de soixante et huit ans et un mois. Présens à l'inliuma-
tion un grand nombre de Messieurs du clergé soussignés. Th. Pépin,
Ptre., Eus. Durocher Pire. J. 01. Archambault.Ptre. L. Nie. Jacijuei
Ptre. Pch. Brunet. [tre. frs. P. Porlier ptre. L^nard pire. Jos.
Marcoux, ptre. J. G. Prince Ptre. Ml. Morin ptre. F. M. Turcotte
Ptre. P. Burke ptre. Lafrance . arc. Prêtre, Ant. Manseau Ptre."
234
Biais. Le prix total de ces cloches était de $638.50 ; mais
M. le curé Alexis Durocher ayant offert le prix de la
•commission et ayant de plus souscrit avec cinquante-huit
habitants de la paroisse la somme de $302.80. la fabrique ^
n'eut à débourser que la somme de $335.70.
En 1822, le portail de l'église, qui menaçait ruine, fut
refait ainsi qu'un clocher à deux lanternes. En 1823 on
fit le jubé et de nouveaux bancs, on répara et on orna la
voûte.
XVIL
Après le décès de M. Durocher, M. François-Louis lie-
febvre de Bellefeuille, prêtre, desservit la paroisse pen-
dant l'espace de troi. mois, depuis le 13 juillet 1835 jus-
qu'au 1 6 octobre de la môme année. M. Patrice Burke,
prêtre, succéda à M. de Bellefeuille.
M. Patrice Burke, né le 24 novembre 1804, fils de
Jacques Burke et de Sara Monin, fut ordonné le 27 sep-
tembre 1829. Avant de venir à la Pointe aux-Trembles,
il avait été vicaire à Saint-Roch de l'Achigan, et en 1830,
professeur d'écriture-sainte, au séminaire de Québec ; en
183l,vicaire à Saint-Antoine de Tilly; en 1832, à Kamou-
raska. Il fut curé de la Pointe-aux-Trembles depuis le 19
octobre 1835 jusqu'au 9 août 183b. Il desservit en même
temps la paroisse de la Longue-Pointe, depuis le 17 dé-
cembre 1835 jusqu'au 4 octobre 1837 ; il avait aussi des-
servi cette dernière paroisse avant de venir à 'a Pointe"
jaux-Trembles, depuis le 2 octobre 1834 au 23 octobre
1835.
Quelque tempç après avoir quitté la Pointe-aux-Trem-
bles, il fut nommé professeur do rhétorique au collège de
Chambly, et en 1839, vicaire à Varennes. Il mourut, re-
'.50 ; mais
)rix de la
uante-hiiit
i fabrique
ruine, fut
1 1823 on
on orna la
Louis liC-
)isse pen-
1 1835 jus-
ce Burke,
04, fils de
le 27 sep-
Irembles,
t en 1830,
lébec ; en
i Kaniou-
puis le 19
en môme
le 17 dé-
lussi des-
a Pointe"
octobre
ux-Trem-
oUége de
urut, re-
235
tiré, au Gôteau-du-Lac, le 15 mai 1861, à l'âge de 50 ans,
3 mois et 21 jours.
XVIII.
M. Edouard Labelle remplaça M. Burke, et fut curé de
la paroisse de la Pointe-aux-Trembles depuis le l*^""* oc-
tobre 1838 jusqu'au 29 septembre 1849.
M. Labelle, né le 22 mai 1799, à la Pointe-Glaire, de
François Labelle et de Françoise Biron, fut ordonné le
13 octobre 1822. Avant de prendre la desserte de la
Pointe-aux-Trembles, il avait été vicaire à Sainte-Gene-
viève de Montréal ; en 1824, missionnaire de Bonaven-
ture et de Paspebiac ; curé de Sainte-Elizabeth depuis le
l«r ocrobre 1827 jusqu'au 28 septembre 1829 ; de Saint-
Polycarpe depuis le 28 septembre 1829 jusqu'au 29 mai
1831, de sainte-Rose de Lima depuis le 7 juin 1831 jus-
qu'au 4 juin 1833; en 1836, directeur du collège de
l'Assomption.
Les infirmités et l'affaiblissement de sa santé l'obligè-
rent en 1849 à se retirer chez son frère, M. François La-
belle, curé de Repcntigny. Il emporta avec lui le respecît
■et les regrets justement mérités de tous ses paroissiens.
Malgré les exhaussements successifs qu'on y avait pra-
tiqués, le cimetière qui entoure l'église et qui était en
usage depuis près d'un siècle et demi, ne pouvait plus
servir décemment aux sépultures. On se détermina donc,
dans une assemblée des marguilliers tenue à cet effet,
sous M. Edouard Labelle, le 4 juin 1843, d'en établir un
nouveau sur le terrain de la fabrique qui se trouve entre
le jardin du curé et le chemin p? blic. La première inhu-
mation qui eut lieu dans cr cimetière fut celle de
Jacques Châtelain, hôtellier, décédé le 17 décembre 1843
236
i! • t.
L'ancien cimetière est néanmoins resté intact et aucune
exhumation n'en a été faite.
XIX,
Après le départ de M. Labelle pour Repentigny, M
François-Paschal Porlier fut nommé curé de la paroisse
de la Pointe-aux-Trembles, qu'il desservit pendant près de
vingt ans, depuis le 28 septembre 1849 jusqu'au 28 jan-
vier 1869.
M. Porlier naquit à Contrecœur, le 17 avril 1802, de
Joseph Porlier, alors négociant en cette paroisse et de
Marguerite Badeaux, de la ville des Trois-Rivières. Il
fut baptisé le 19 avril, dans l'église de Contrecœur, par
M. Laurent Aubry, curé du lieu ; il eut pour parrain son
grand oncle M. François Malhiot, négociant de Verchères;
et pour marraine M'^e Louise Porlier, sa tante.
A l'âge de huit ans, ayant eu le malheur de perdre sa
mère, son père, qui venait de s'établir à Saint-Hyacinthe,
le confia à ses respectables tantes qui résidaient à Ver-
chères, lesquelles se chargèrent bien volontiers de l'édu-
cation de leur neveu. De ce moment, il regarda Ver-
chères comme sa propre paroisse.
Il eut le bonheur de faire sa première communion, le
23 juillet 1812 ; docile aux instructions de son curé, M^
Thomas Kember, il évitait tout ce q'ui pouvait le porter
au mal,'et tout son plaisir était de visiter l'église de sa pa-
roisse, entre sesheures d'école, et de servir la sainte messe
tous les matins. Cette conduite lui gagna les bonnes
grâces de son curé, qui engagea et aida ses bonnes tantes
à le mettre au petit séminaire de Montréal, pour y faire
son cours d'études. Il eut pour directeur M. Jacques-
Guillaume Roque et pour professeurs MM. Antoine
Houdet, Claude Rivière, McDonald, Toussaint Lagarde^,
;t et aucune
pentigny, M
3 la paroisse
dant près de
l'au 28jan-
ril 1802, de
•oisse et de
livières. Il
recoeur, par
parrain son
3 Verchères
B.
le perdre sa
-Hyacinthe,
ient à Ver-
s de l'édu-
garda Ver-
munion, le
m curé, M^
it le porter
se de sa pa-
lin te messe
es bonnes
mes tantes
•ur y faire
Jacques-
Antoine
Lagarde^
237
Poirier et Michel Dufresne. Il rerut la confirmation,
dans le cours de ses études, dans la chapelle du petit sé-
minaire, de Mgr. Bernard-Claude Panet, alors coadjuteur
de Mgr. l'évoque de Québec.
Ayant terminé ses études au mois d'avril 1821, il se
décida à entrer dans l'état ecclésiastique, auquel il était
porté depuis son enfance, par les avis charitables et les
exemples de vertu de son respectable curé, qui avait
bien voulu être l'ami do son jeune âge. Il reçut la ton-
sure, le 1er octobre 1821, de Mgr. Jean-Jacques Lartigue,
évêque de Telmesse, dans l'église de l'Hôtel-Dieu de
Montréal, et alla de suite au séminaire de Nicolet, où il
étudia sa^théologie et fit la classe pendant trois ans. Il
reçut les ordres mineurs de Mgr. Joseph Plessis. dans
l'église de Nicolet, le 11 mai 1823. Il eut le bonheur
d'être un des premiers qui firent partie de la congréga-
tion de la sainte .Vierge, qui venait d'être étabUe canoni-
quement dans le séminaire, qui avait alors pour directeur
M. Joseph-Onésime Leprohon.
Au mois de mars 1824, Mgr. Plessis le fit descendre à
Québec pour y recevoir le ous-diaconat. Cette cérémo-
nie eut lien à la cathédrale de Québec, le 3 avril 1824.
Après son ordination, il revint à Nicolet terminer son
séminaire. Mgr. l'évêque de Telmesse lui donna le dia-
conat le 18 septembre 1824, dans l'église de l'Hôtel-
Dieu de Montréal. Au mois d'octobre il alla au grand sé-
minaire de Québec pour se préparer à son ordination.
Ce fut le 21 novembre 1824, fête de la Pr(^senlation de
la sainte Vierge Marie, qu'il eut le bonheur de recevoir,
de Mgr. Plessis, évêque de Québec, dans l'église des reli-
gieuses Ursulines, l'ordre sacré de la prêtrise. Le lende
main, fête de sainte Cécile, il célébra sa première messe
y
238
;^
dans la chapelle du séminaire. Quelques jours après, il
fut nommé vicaire de Sorel où il demeura jusqu'au mois
de septembre 1825. Il fut alors appelé à Montréal où il
exerça le ministère en qualité de chapelain de la nou-
velle église Saint- Jacques, mais "il n'eut pas le bonheur
de demeurer longtemps auprès de Mgr. Lartigue. Au
mois d'avril 1826, il fut envoyé à Varennes pour être vi-
caire de M. Joseph-Frs. Déguise, vicaire général, et curé
de Varennes.
Avant de se rendre à son poste, il alla passer quelques
semaines à la Pointe-aux-Trembles, qu'il devait plus tard
desservir, chez M. le curé Alexis Durocher, qui était
alors indisposé. Au mois de septembre 1829, il fut nom-
mé curé de Terrebonne. A l'imitation de son vénérable
protecteur, M. Kember, il contribua, pendant son séjour
à Terrebonne, à l'éducation de plusieurs jeunes gens en
qui il avait découvert de grands talents, unis à de bonnes
dispositions.
Il laissa Terrebonne au mois de septembre 1846. Il oc-
cupa ensuite successivement les paroisses de Saint-Phi-
lippe, de Blairfindie (Acadie) et de Soulanges. Le 29 sep-
tembre 1849, il prit possession de la cure de la Pointe- -
aux-Trembles. Il s'occupa de l'établissement des frères "
Josephites, pour lesquels il fit des sacrifices considéra-
bles, fit séparer le presbytère et aggrandir la sacristie. Il -
continua, comme à Terrebonne, à aider à l'éducation de
plusieurs jeunes gens, au collège de l'Assomption, au- \
tant que ses moyens le lui permirent.
M. Porlier mourut le 28 janvier 1869, âgé de 66 ans 9
239
moisei 9 jours, et fut inhumé dans le chœur de l'église
du côté de l'épilre, le premier février suivant. (1 )
XX.
M. Médard Caisse succéda à M. Porlier, et dessert la
Pointe-aux-T rem blés depuis lemoisde mars 1869.
M. Caisse, né le 26 mars 1827, à la Conversion de
Saint-Paul, de Joseph Caisse et de Pélagie Hervieux, fut
ordonné à Montréal le 3 décembre 1854.
XXI.
de 66 ans 9
La paroisse de la Pointe-aux-Trembles compte parmi
ses enfants les prêtres suivants :
lo M. André-Joseph Montenon de la Rue, fils de Sieur
Joseph de Montenon et d'Elizabeth Charly dit Saint-
Ange, né le 9 octobre 1685, ordonné prêtre, à Québec, le
27 août 1713. Il desservit la Pointe-Lévis jusqu'à sa
mort, arrivée le 11 juin 1739, âgé de 53 ans et 8 mois ;
son corps répose dans l'église de Saint-Joseph de Lévis.
Il signait " Joseph Larue."
2» M. Pierre-Victor Archambault, fils de Pierre Ar-
chambault et de Marie-Joseph Roy, (et non Chalifour),
(l) M. Porlier descend d'une ancienne famille du pays. Son bi-
saïeul était notaire et grefiier de la jL.isdiction de Montréal, Son
ayeul avait épousé Damoiselle Marie Lacroix-Gamelin, fille do M.
Ignace Gamelin, négociant de Montréal et de Demoiselle Louise
Dufrost de Lajemmerais, sœur do M"'^ Youville. Ainsi, M. Porlier se
trouve arrière petit neveu de la vénérable fondatrice des Sœurs-
Grises, et allié à la famille Bouclier de Labroquerie, dont une sœur
de M""» Youville avait épousé M. Boucher de Labroquerie, et enfin à
Mgr. A. Taché, évoque do Saint-Boniface.
Nous sommes redevable à M. le curé Porlier et à M. Marc Camp-
bell de la plupart des renseignements contenus dans l'histoire de
cette paroisse.
240
lit
né le 22 juillet 1750, ordonné prêtre le IG août 1778 et
décédé à la Baie-du-Febvre, dont il était curé, le 19 dé-
cembre 1796, âgé de 46 ans et 5 mois.
3« M. Jean-Baptiste Deguire, fils de Nicolas Deguire
Larose et de Marie-Anne Baudry, né le 13 mars 1744,
ordonné prôtre le 24 octobre 1779. (Il était alors veuf de
Marie-Anne Senécal.) Après son ordination, il fut nom-
mé, en 1779, curé de Sainte-Annc-la-Pocaticre ; en 1789,
curé de Vaudreuil jusqu'A sa mort, arrivée le 14 décem-
bre 1815, âgé de 71 ans 9 mois et 16 jours. Il était ar-
chiprôtre. Il eut pendant sept ans et demi pour vicaire,,
à Vaudreuil, son fils, M. Joseph Deguire.
4» M. Charles Brouillet, fils de Charles-Alexis Brouillet
et de Marie Jannot, né le 4 mai 1768, ordonné prôtre
le 21 septembre 1800. Après avoir été [quelques an-
nées vicaire de Saint-Denis, Chambly, il fut nommé^
en 1805, curé de Saint-François des Abénaquis ; en 1817,,
vicaire de Saint-Philippe, en 1825, de Sainte-Marie de
Monnoir, où il décéda le 20_novembre 1829, âgé de 61
ans 6 mois et 16 jours.
5o M. Joseph Deguire, fils de Jean-Baptiste Deguire et
de Marie-Anne Senécal, sus-nommés, né le 27 août 1773,
ordonné prêtre le 8 mars 1797. Il fut, en 1798, vicaire de
Vaudreuil, dont le curé était M. Jean-Baptiste Deguire^
son père; depuis le 7 octobre 1804 jusqu'au 22 avril 1813;
curé de LaValterie, (1) où il décéda, le 26 avril 1813, à
39 ans, 8 mois et 16 jours.
6» M. François Bricaut, fils de Nicolas Bricaut dit La-
niarche et de Marie-Charles Baudry, né le 8 janvier
1827, ordonné prôtre aux Etats-Unis et décédé à Balti.
(I) M. Deguire desservit en même temps la paroisse de La Noraie.
241
more, le 23 avril 1858, iV,'é de 31 ans et trois mois et
demi.
> M. George' Jeannot, fils d'Antoine Jeannot dit La-
chapelle et d'Angélique Dufresne, no le 18 septembres
1832, ordonné prêtre à Montréal, le 2G août 18G0. Après
son ordination, il fut nommé vicaire à Ghateanguay, en
1862, il était à l'IIôtel-Dieu ; en 18G3, vicaire à Gliam-
plain.
8o M. Jean-Baptiste I anglois, fils d'\ndré Langlois et
de Théophile Biais, né le 17 février 1837, ordonné prêtre
à la Pointe-anx-Trembles, le 16 octobre 1859. Après avoir
été professeur au collège de l'Assomption, il fut nom-
mé, le 8 octobre 1867, curé de Saint-Vincentde-Paul,
ville de Montréal. Aujourd'hui curé de St. Hubert.
9» M. Joseph-Achille Langlois, frère du précédent, né
le 23 juin 1841, ordonné prêtre à Montréal le 11 août
1867. Après son ordination il fut nommé vicaire àSainte-
Rose-de-Lima ; et en 18G8 il alla à Ogdensburg, Etat de
New-York. (1)
xxn.
e de La Noraie.
DIVERS RENSEIGNEMENTS.
L'école des garçons est sous la direction des frères Jo-
séphites de laGongrégation de Sainte-Groix. Gette maison,
située sur la terre de l'église, a été construite, en 1855,
(1) M. Toussaint-Victor Papinoau, ancion oiirô <lo Saint-Barlliù-
lemy et d'autres lieux, mourut au presbytère de la Pointe aux-
Trembles le 10 décembre 1869, et fut inhumé dans le chœur de
l'église du lien, côté de l'évangile, le 13 du même mois. Il était dgé
de 71 ans, 8 mois et 10 Jours.
M. Papineau était fils de Joseph Papineau et de Rosalie Cherrier,
et petit-fils de M. Joseph Papineau, marié à Molle Mario-Joseph
Baudry, fille de M. Jacques Baudry et de Angélique Archambault,
de la Pointe-aux-Trembles.
s. 'S
i )
l'.:
1
I;
242
■en partie avec les deniers de la fabrique et en partie avec
ceux que Ton a obtenus du Gouvernement. Elle a qua-
rante-quatre pieds de longueur et trente-neuf de lar-
geur; elle esta deux étages en pierre et couverte en
bardeaux. Elle a coûté 82,500 et a été bâtie par Isidore
Larose, entrepreneur, de la paroisse de Repentigny. Les
écoles furent ouvertes le 7 novembre 1855 par les frères
Flavien et Diogéne.
Le 30 décembre suivant, Mgr. Joseph Larocque, évo-
que de Gydonia, cbadjuteur de l'éveque de Montréal et
administrateur du diocèse, assisté de M. J. 0. Paré, cha-
noine, primicier de la cathédrale et de M. Poulin, prêtre,
de l'évôché, [fit la bénédiction de rétabliisement ainsi
que d'une cloche, du poids de soixante-six livres, desti-
née à cette maison. Cette cloche, don du curé de la pa-
roisse et qu'on nomma Marie-Joseph, fut présentée par
M. le cur{ et M™e DesAnges Messier, épouse de Sieur
Joseph Laporte, député au Parlement Provincial pour le
comté d'Hochelaga, par le dit Sieur Joseph Laporte et
Mme Angélique Archambault, épouse de M. Timothée
Saint-Julien et par François Baudry, maire de la pa-
roisse et Mrac Julie Lorion, épouse de Sieur Joseph
Brodeur.
Sujet des tableaux dans l'église de la Pointe-aux-
Trembles.
C La naissance de N. S. Jésus-Christ. .
Dans le chœur. •< L'Adoration des Mages.
(^ La Présentation de Jésus au Temple.
r, „ 1 , ,, (La sainte Vierge en prière.
Dans les chapelles. { sai„t-Joseph en Egypte.
:i a
i Pointe-aux-
Dans la nef.
243
'La sainte Vierge donnant le chape-
let à saint Dominiqne.
La sainte Vierge donnant le Sca-
j pulaire au bienheureux Simon
"i ètock.
La descente de la Croix, (copie do
Rubens).
^ La Pentecôte, (copie do Lebruni.
La bibliothèque paroissiale, établie par M. E. Labelle,
contient présentement plus de trois cents volumes.
La première communion a lieu chaque année à la fin
de juin.
Dans sa dernière visite, faite le 0 juillet 1864, Mgr.
Bourget, évoque !de Montréal, confirma soixante-dix-
neuf personnes dont trente-six garçons et quarante-trois
filles.
Le premier baptême y fut fait le 30 octobre 1674 :
Paul, fils de Paul Perot et de Marie Grétien.
Le premier mariage, le 12 novembre de la môme an-
née, 1674, entre Jean Verger et Anne Poiteron.
Il ne s'y trouve pas d'acte de sépulture avant le 4 juil-
let 1677. C'est celle de Noël Sommereux, âgé de 28 ans,
noyé par accident.
La première assemblée de paroissiens pour l'élection de
marguilliers a eu lieu le 18 novembre 1674 et MM. Fran-
çois Bau et Laurent Archambault furent nommés.
XXIIL
DÉVOTIONS, CONFRÉRIES, ETC.
La dévotion des quarante heures a été établie, dès le
commencement de la paroisse, par M. Seguenot.
Les confréries du Rosaire et du Scapulaire datent aussi
de l'établissement de la paroisse, mais comme on ne pou-
244
! I
vait trouver les actes d'érection de ces confréries, Mgr
Ignace Bourget, évoque de Montréal, les a érigées de
nouveau, la confrérie du Rosaire par un mandement en
date du 11 septembre 1840, et 1 1 confrérie du Scapulaire
par un décret en date du 3 juillet 1846. Le curé est cha-
pelain de ces confréries. Il y a procession de la sainte
Vierge, les 1er et 2«ie dimanches du mois.
Le Chemin delà Croix a été établi le 16 mai 1839, par
un décret de Mgr. Lartigue ; et Mgr. Bourget, alors
évoque de Telmesse et coadjuteur, en a fait l'érection le
7 juin 1839. On le fait publiquement pendant le carême-
La confrérie de la sainte Famille a été érigée le 16juin
1857, par Mgr. Bourget. L'élection annuelle des offi-
ciers a lieu le jour de la fête de la sainte Famille. Il y
a réunion, le l^r dimanche de chaque mois, à l'église
après la sainte messe.
L'œuvre de la Propagation de la Foi. Distribution des
Annales plusieurs fois l'année.
L'œuvre de la sainte Enfance. On distribue les An-
naleSj le dernier jour de mai et le 2 octobre, fête des
Saints-Anges-Gardiens.
Le Mois de Marie. On le fait publiquement à l'église,
à sept heures du soir.
Neuvaines en l'honneur de la sainte Vierge.
Carnaval sanctifié par le pieux souvenir des douleurs
de Marie. 11 se fait régulièrement au couvent des sœurs
de la Congrégation.
L'Archiconfrérie du saint cœur de Marie, les troisième
et quatrième dimanches du mois, à sept heurep en été et
a^)rès vêpres en hiver.
L'Association de la Couronne d'Or.
L'Apotolat de la J)rière et la dévotion aux âmes du
s.
245
Distribution des
lient à l'église,
aux âmes du
purgatoire sont encore des dévotions en usage dans la.
paroisse de la Pointe-aux-Trembles.
En 1850, la paroisse fit un pèlerinage à N. D. de Bon-
secours, à Montréal. M. le curé célébra la sainte^messeet
Mgr. Prince, évéque de Martyropolis donna le sermon,
après lequel le curé fit, au nom de sa paroisse, la consé-
cration à la sainte Vierge et l'offrande d'un cœur d'ar
gent qui fut placé près de la statue do N. D. de Bonse-
cours, comme monument de la uevotion et de la con-
fiance de la paroisse à la très sainte Mère de Dieu.
Un Triduum solennel, en l'honneur de la définition
dogmatique de l'Immaculée Conception de la sainte.
Vierge eut lieu les 4, 5 et 6 octobre 1855. Les offices de ,
ce Triduum furent célébrés au milieu d'un concours con- ,
sidérable de fidèles, avides de profiter des grâces accor- ,
dées dans ces solennités. ,
Les exercices du Jubilé de 1865 3e sont faits dans le -
mois de juin. Les prêtres suivants assistaient M. le curé :
R. P. Schneider, S. J., (1 ) directeur et prédicateur des
exercices. MM. A. Toupin, curé de la Rivière des-Prai-
ries, Tréflé Gaudet, directeur du Lycée de Varennes.
XXIV.
.-i^
Le dimanche 16 octobre 1859, l'antique et vénérable
église de la Pointe-aux-Trembles fut témoin, pour la
première fois, d'une imposante cérémonie. Mgr. l'évèque ^
de Montréal y conférait l'ordre sacré de la prêtrise à M.
Jean-Baptiste Langlois, fils aine de Sieur André Lau-
glois, un des respectables citoyens de la paroisse. L'éclat
de cette solennité était réhaussé par la présence de plu-
(!) Le R. P. Schneider est mort, à l'Hôtel-Dieu de Montréal, le l'j
octobre 1868, à 61 ans, il fut inhumé au Sault-au-Récollet.
246
hi
sieurs membres du clergé et d'une nombreuse assis,
tance. M. Plamondon, chanoine de la cathédrale, faisait
l'office d'archidiacre, M. Porlier, curé, et M. A. Dupuis,
directeur du collège de l'Assomption, diacres d'honneur,
et Messieurs Damase Laporte et George Laporte, prêtres
du même collège, diacre et sous-diacre d'office. M.
Edouard Labelle, ancien curé de la paroisse, assistait le
nouveau prêtre et M. Edmond Moreau, prêtr*^ de l'évê-
cîié, agisssait comme maître des cérémonies.
Une autre fête non moins intéressante avait également
lieu dans la même église, le lundi 12 août 1867 : M.
Achille Langlois, frère du précédent et ordonné prêtre la
veille à Montréal, y célébrait solennellement sa première
messe avec diacre et sous-diacre, en présence de plu-
sieurs de ses confrères, des membres de sa famille et
d'un grand concours des paroissiens. Le vénérable M.
Porlier, curé, assistait le nouveau prêtre et M. Fabre^
chanoine, fit le sermon de circonstance.
XXV.
,'il- il
'!'■■
Lors du recensement, fait en 1861, le chiffre de la po-
pulation de cette paroisse s'élevait à treize cent soixante-
deux âmes. .
Le tableau suivant indique le chiffre des baptêmes,
des mariages ei des sépultures depuis 1785, tiré des re-
gistres de la paroisse, déposés au greffe de Montréal.
Années. Baptêmes. Mariages. Sépultures.
1681
2(1)
0
(l) Les lacunes suivantes des registres se trouvent au greffe de
Montréal :
1° Du mois d'octobre 1674 au 19 octobre 1681 : sept années ;
2» Du 30 octobre 1687 au 1er janvier 1689 : une année et un mois";
247
iffre de la po-
cent solxante-
les baptêmes,,
S, tiré des re-
Vlontréa],
3nt au greffe de
pt années ;
anée et un mois";
Années.
Baptêmes.
Mariages.
Sépultures.
1682
17
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0
1683
24
i
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1684
26
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1685
22
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1686
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1687
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17
1689
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1690
14
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1695
20
2
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1696
21
1
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1697
23
4
4
1698
39
9
22
1699
38
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1700
34
4
19
1701
27
5
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1702
29
2
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1703
19
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25
4
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1705
21
3
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1706
20
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1707
32
3
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17
5
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ÏIÏÔ'
'"27 "
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........
1711
28
7
10
1712
27
4
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1713
21
4
10
1714
29
5
25
"Ï7Ï8"
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••••j^"*
1719
36
9
10
1720
21
2
5
1721
33
2
. 33
,*■ (*J
3« Du 14 mars 169'. au 24 janvior 1694 : deux annôes et dix mois ;
40 Du 12 décembre 1708 au 2 janvier 1810. une année etc., ;
5<> Du 14 décembre 1714 au 3 janvier 1718 : trois années, etc.
6° Du 12 décembre 1724 au 6 janvier 1747 : vingt-deux années,
etc. Total : trente-sept années de lacunes de registres au greffe de
Montréal.
La paroisse de la Pointe-aux-Trembles a l'avantage de posséder
tous ses registres depuis 1674, mais il nous a été impossible do nous
procurer aucun des renseignements que nous désirions.
m
248
Années.
Bcpt'mes.
Mariages.
Sépultures
1722
35
9
18
1723
31
10
17
1724
41
6
19
"1747"
""38"
........
'■'30'"
1748
30
7
17
1749
35
11
32
1750
36
7
31
1751
36
8
34
1752
34
8
21
1753
32
5
18
1754
47
12
30
1755
41
9
37
1756
40
8
24
1757
33
10
29
1758
45
10
35
1759
38
7
26
1760
34
9
35
1761
41
13
34
1762
34
18
27
1763
42
6
23
1764
41
10
23
1765
40
3
35
1766
40
9
26
1767
42
3
25
1768
46
10
26
1769
42
4
43
1770
46
13
47
1771
42
6
20
1772
41
3
40
1773
'45
11
23
1774
54
17
36
1775
42
6
21
1776
39
7
29
1777
53
9
49
1778
39
5
15
1779
45
8
23
1780
35
6
18
1781
42
12
21
1782
. 52
9
25
1783
40
7
25
1784
44
8
60
1785
48
13
21
1786
5-2
7
30
1787
43
8
16
1788
35
6
22
U9
Années.
1789
46
1790
32
1791
62
1792
51
1793
45
1794
23
1795
49
179G
30
1797
45
1798
39
1799
37
1800
39
1801
37
1802
48
1803
38
1804
48
1805
^^3
180G
37
1807
38
1808
48
1809
38
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43
1811
46
1812
50
1813
56
1814
63
1815
48
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55
1817
50
1818
59
1819
45
1820
64
1821
35
1822
41
1823
28
1824
40
1825
47
1826
20
1827
45
1828
30
1829
48
1830
33
1831
51
Baptêmes. Mariages. Sépultures.
6
5
12
16
8
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8
U
6
8
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6
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11
7
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17
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24
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17
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20
20
17
29
19
19
15
17
0)
;i) De ue nombre, huit ont été, tués par les Iroquois.
250
Années. Baptêmes. Mariages. Sépultures.
I
■11'
1832
1833
1834
1835
1836
1837
1838
1839
1840
1841
1842
1343
1844
1845
1846
1847
1848
1849
1850
1851
1852
1853
1854
1855
1856
1857
1858
1859
1860
1861
1862
1863
1864
1865
1866
1867
1868
1869
1870
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52
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10
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4
11
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32
18
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20
44
34
22
34
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40
29
40
23
27
31
25
32
30
32
53
28
31
40
34
30
48
XXVI.
11 conviendrait peu de clore cette notice sans faire une
mention particulière et l'éloge des vertus civiques et re-
ligieuses des premiers habitants de cette paroisse. Go
251
qu'on a dit de la valeur et de la piété des 'premiers co.
Ions de Ville-Marie peut s'appliquer également à ceux
de la Pointe-aux-Trembles qui, pour la plupart, avaient
habité auparavant Ville-Marie. Et quand on songe aux
difficultés de leur nouvelle situation dans un pays aussi
inhospitalier que l'était alors le Canada, et les effroya-
bles dangers qu'ils courraient à chaque inc*aot de la
part des cruels Iroquois, on est saisi d'admiration
pour ces intrépides pionniers de la Foi et de la Civilisa-
tion, dont la valeur eut tous les caractères de l'héroïsme
et d'un dévouement sans Viornes envers leur patrie d'a-
doption.
Etant enfin parvenus, à force de courage et de persé-
vérance, à fonder solidement cette paroisse, et le danger
des ennemis une fois passé, c'est alors que fleurirent les
vertus paisibles de ces familles patriarcales qui se sont
pour la plupart perpétuées jusqu'à nos jours et dont les
descendants devinrent presque tous de riches cultiva
teurs. De fait la paroisse de la Pointeaux-Trembles,
quoique de peu d'étendue, était réputée autrefois une
des plus opulentes de la Province, et ce qui s'en voit pré-
sentement fait croire que cette réputation n'était nulle
ment exagérée. Si plusieurs circonstances l'ont fait quel-
que peu décroître de son ancienne splendeur, espérons
néanmoins que la génération actuelle comprendra, au
moyen de l'éducation qu'elle reçoit, qu'il est de son de
voir et qu'il'y va de son honneur et de ses plus chers in-
térêts de suivre les nobles exemples de simplicité, d'hon-
nêteté, et de patriotisme que lui ont légués ses ancêtres,
et d'ajouter, à leur industrie si persévérante, une culture
améliorée qui puisse suppléer aux élémens de fertilité
*3nlevés au sol par tant de récoltes répétées et qui puisse
même doubler les produits nouveaux et variés de ses
terres.
252
APPENDICE.
t ..
LISTE DES CURÉS ET DESSEHVANTS DE LA PAROISSE DE 1.'eNFA.NT-.IÉsUS
DE LA POINTE-AUX-TREMULES,
1" — M.François Seguenot, sulpicien, — Du mois d'octobre 1674'
au 14 novembre 1694. — Mort, à Montréal, le 8 août 1727, à 83
ans. (I) (No. 173 de la Liste},
1" — M. Claude le Breton, sulpicien, — Du 17 novembre 1694
au 30 de septembre 1699. — Parti pour la France, on
1703.. (No. 278).
3» — M. Léonard Cliaigneau, sulpicien, — Du mois de septembre
1699, au 21 (juillet 1702, — Inhumé, à JMontréal, le 24 décem-
bre 171 l,à 49 ans (No. 266).
4" — M. Benoit Roche, sulpicien, — Du 17 août 1702 au 14 juin
1715, — Inhumé, à Montréal, le 3 juillet 1715,à 40ans..(No. 348).
5» — M. François Seguenot, sulpicien, — Du 27 juin 1715 au mois de
juillet 1718 (FtV/eN» l, supra).
6» — M. Jean. Gadl. Marie Le Pape du Lescoat, sulpicien, — Du 24
juillet 1718, au 12 septembre 1719. —Mort, à Montréal, le 7
février 1733, à 44 ans (N» 448)
7» M. dis. de la Goudalie, sulpicien, — Du 21 septembre 1719 au
2 mars 1727,— Parti pour r\cadie en 1727 (N» 361).
8»-— M. Maurice Courtois, sulpicien, — Du 12 mars 1727, au 29 juin
1739, — Mort, à Montréal, le 7 avril 1755, à 72 ans et 7 mois
moins un jour (N» 371).
— M. Joseph ïlovRDÉ, sulpicien, Çl) f
— M. Pierre-Thomas Ruffin (de la Marau-J Du 29 jvin au 15
dièrc) sulpicien. (3) | octobre 1739.
— M. François Doinet, sulpicien (4) [
9» — M. losEPH Dahgent, sulpicien, — Du 15 octobre 1739, au 22
février 1747, — Mort, à la Pointe-aux-Trembies, le 22 février 1747,"
à 34 ans, 7 mois et 18 jours (N" 56'i).
10" — M. Clément Pages, sulpicien, — Du 11 mars 1747 au 28 septem-
bre 176S. — Disparu le 3 mai 17G9, et trouvé noyé à Verchères
où il a été inhumé le 23 mai. — Il était âgé do 57 ans et 6
mois , (No. 588).
11" — M. Jn, de Dieu Frs. Robert, sulpicien, — Du 5 octobre 1768
au 8 octobre 1773. — Mort, à Montréal, le 23 avril 1784, à 60 ans
et 3 jours (No. 712).
(1) M. Michel Barthélémy, sulpicien, desservant Repentigny, fit
quelques actes entre le 30 octobre 1674 et le 10 janvier 1677 ; inhu-
mé, à Montréal, le 12 avril 1706.
(2) M. Hourdé, mort, à Montréal, le 10 mai 1760, à 72 ans.
(3) M. Ruffin parti pour la France le 15 octobre 1741.
(4) M. Doinet, mort, à Montréal, le 9 juillet 1742, à 53 ans. * ^ '■ '
253
l'enfanï-.iésl's
12» — M. Pierre Huet de L\ Valimèhe, sulpicien, — Du II octobre
1773 au 5 novembre 177i. — Tuc', on revenant de l' Assomption,
dans une chu!e de voiture, le 29 juin 1806, à environ 75 ans,
et inhumé à Saint-Sulpice, le l" juillet (No. 730).
13" — M. François-Xavieu Noiskijx, pire., — Du 15 novembre 1774 au
lôoctobr.) 1775. — Mort, vicaire-gt'nérai, aux Trois-Rivières, le
18 novembre 183i,à 80 ans et un mois (No. 77!)).
14" — M. Joseph Racine, ;)/re., — Du 25 octobre 1775 au 20 octobre
1790. — Mort, à Montréal, le G mai'S 1791, à 47 ans 2 mois et 8
jours , (No. 780).
15" — M. Antoine Giiouard, pire., — Du 12 novembre 1790 au 28 sej)-
lembre 1805. — Mort, archiprètro, à Varenn-^s, le 3 août 1832 à
00 ans et 10 mois, et inhumé à Saint-IIyaciiahe le 4. — Fonda-
teur du collège de Saint-Hyacinthe (No. 801).
10° — M. Jean Raimbault, jj/re., — Du 20 octobre 1805 au 5 octobre
1800.— Mort, à Nicolet, le 10 février 1841, à 71 ans (No. 9i5).
17» — M. Alexis DuROciiER, p/re., — Du 11 octobre 1806 au 30 juin
1835, — Mort, àla^Pointe-aux-Trembles, le 30 juin 1835, à 08 ans
et un mois (1)!..*. (No. 918).
17» — M. François Lefeuvhe De Bei.i.ekeuillk, pire.. — Desservant du
13 juilletau 10 octobre 1835. — Mort, à Saint-Roch. le 5 septem-
bre 1830, à 38 ans et 9 mois, et inhumé à Saint-Euslache,
le 8 (No. 1115).
18»— M. Patrice BuRKE,p/re.,— Du 19 octobre 1835 au 9 août 1838.
Mort, retiré, au Coteau du Lac, le 15 mai 1801, à 50 ans 3 mois
et 21 jours (No, 1220).
19» — M. Edouard Lauelle, pire., — Du 1" octobre 1838 au 29 sep-
tembre 1849. — Aujourd'hui, retiré chez son frère à Repen-
tigny ." (No. 1127).
20» — M. M. François Paschal porlier, pire., — Du 29seplenil)re 1849
au 28 janvier 1809. — Mort, à la Pointe-aux-Trembles, le 28 jan-
vier 1809, à 00 ans 9 mois et 9 jours. (2) (No. 1 155).
21» — M. Médard Caisse, pire., — Depuis le mois de mars 1809. — Curé
actuel.
NOM DES PRETRES QUI ONT PARTICIPE AVEC LES CURES A LA DESSERTE DE
LA PAROISSE DE LA POINTE-AUX-TREMULES, EN QUALITÉ DE VICAIRES.
1» — M. Garriel-Léandre Arsenault, — Du mois d'octobre 1827, au
mois de septembre 1829, — Mort, à St. Hyacinthe, le 27 octobre
1838, à 77 ans, 8 mois et 5 jours.
2» — M. Louis Naud, — Du IT janvier au 10 février 1831, — Parti pour
les Etats-Unis, en 183G.
3" — M, François-Joseph L'Heuueux, — Du mois de novembre 1831,
(1) Vide, page 231.
(2) Fide,page 236.
y.
I ■ (
m'
1
il*:
<ii
ir'
254
au mois d'octobro 1832, — Mort, à Controcœur, dont il était curé,
le 15 octobro I86i, A. 58 ans, 2 mois et 25 lours.
3« — M. JosEPH-TuKFKLÉ G.vuDET. — Du 24 dôcoiibro 18G2, au mois do
septembre 1863, — Aujourd'hui, directeur du collège do l'As-
somption.
4" — M. Lorjis-JuLES Piciuî, — Du 26 septembre 1863, au mois do
mars 1869, — Aujourd'hui ù Saint-Isidoro.
LISTE DES MARGUILMEUS DE LA PAROISSE DE LA POINTE-AUX-TREMDLES,
DEPUIS 167i.
En charge pour MM.
.p-.,,.. ( ...François Ban,
... \ ...Laurent Aichnmbault
1678 Jean Raynau dit
Planchard,
1670 Toupsaint Baudry,
1680 Guillaume Uichar dit
Lafleur,
1681 Pierre Perthuis dit
Lalime,
1682 Joseph de Monlenon,
160^3 Antoine Bazinet, dit
Tourblanche,
1684 Jean Déroche,
K>85 Pierre Peyet dit vSt.
Amour,
1686 Jean Dnpuis,
1687 Frs. Fortin,
16H8 Nicolas Déroche,
1689 Nicolas Millet,
1690 Honoré Langlois,
1691 Jean Bricau dit La-
marche,
1692 André Trajet,
1603 Jean Beaucliant,
1694 Jean Roy,
1695 Joseph Loisel,
1696 Nicolas Seni'V,
1697 Pierre Jannot,
1698 Pierre Iléiiaux,
1690 Nicolas Gervais, f
1700 Nicolas Perthuis,
1701 Toussaint Baudry,
1702 Robert Jannot,
1703 , François Vaudry,
1704 Jacques Arcihambault,
1705 Jacques Aubuchon,
1706 Louis Lefebvre,
MM.
1707 Lonis Baudry,
, nos André Foran,
1709 André Archambault,
... r ...Jacques Chapron,
... I ...Philippe Vinct dit
I^.Q... I ...Préville, élu en juillet,
... 1 ...en remplacement do
... I ...Ja>.(pies Chapron, dé-
... { ...céd': le 30 juin 1710,
171! Giles Brouillet,
1712 Fran<^-ois Blau,
1713 Giles" Brouillet, (pour
la 2ème fois),
1714...... Jean Archambault,
1715 Pierre Richard,
1716 Jean Raynau dit Plan-
cliar, fils,
1717 Biaise Juliet,
1718 Jean Mersan.
1719 liles Brouillrt,
Les susdits Philippe Vinot et
Giles Brouillet ont continué
comme marguillers pour les an-
nées 1720 et 1721,
1722 Joseph Loisel,
1723 François Vaudry.
1724 François Mersan,
1725 Pierre Brien dit Des-
rochers,
1726 Joseph Basinet,
1727 Jean-Bpte. Demers,
1728 Jean-Bpte. Goiteux,
1729 Jacques Beaudry,
1730 Giles Brouillet,
1731 Jean-Bpte. Beaudry,
1732 André Langlois, dit
Lachapelle, •
255
Dut il était curé,
53, au mois do
AUX-TREMDLES,
1733 Urbain Desrochers,
1734 Jacques Senet,
1735 Jn. JannotLachapello.
173G Gorniiun Toin,
1737 lean-Bple. Galipeau,
1738 Toussaint Beaudry,
1739 Jean-Bpte. Loiselle,
17'»0 A.ntoin(3 Basinol,
1 74 1 .Joseplj Bricaut dit La-
mirolie,
.-,/:).... f ...Jacques B jau Iry,
' **.... \ ....Joseph Broiiillot,,
1743 Jacques Chapron,
1844 Nicjlas Gervais, fds,
1845 Gilos Brouiliet,
'....Jacques Boninr dit La-
....planle; Jean Millet élu
174G... -I ....le IG octobr.3 en rom-
....placement d(! Giles
....Brouiliet, décéd('.
1747 Jean-Baptiste Bricaut
dit Lamarcho,
1748 Jacques Ghalifoux,
1749 Gabriel Biais,
1750 Jean Venue,
1751 Joseph Vaudry,
1752 Joseph Bricaul dit La-
marche,
17j3 Pierre Bricaut dit La-
Lamarcho,
1754 Charles Brouiliet,
1755 Louis Biais.
1756 Antoine Beaudry,
1757 Jacques Forandjl
....Dominique Robert
Chartier,
Gervais
?ph Arcliambault,
17GI Gabriel Biais,
1762 Pierre Venne,
1763 Jn. Jannot LachapUe,
1764 Joseph Chapron,
...Joseph Chartier, en
... remplacement de Jo-
1765.... -1 .... seph Chapron,
..Jean-Bte. Langlois dit
.. Lachapelle.
4766,.. ......Nicolas Miliet,
1 ioi tiacquus
.... C ....Domini^
1759... .h... Charl
.... ( ....Joseph
1760 Joseph
r
1777-"^
17G7 François Bricaut dit
Lamarcho,
1768 Nicolas Bricaut dii
Lamarcho,
17G!) Joseph Janot,
1770 Pierre Duclos,
1771 Isidore Janot,
1772 lean-Baptiste Brouiliet
dit Bernard,
1773 Louis Germain,
1774 P.o.TO Lamirchft,
1775 Jein-Btc. Deguire dit
Larose,
177G Louis Biais, (pourl'i
2éme fois),
..Liurent Galipeau, en
..remplacement de Jean
....Bte. Deguire, enlr.'
....dans l'état ecclésias-
....tique.
...Pierre Beauchamp,
1778 Dominique Robert
(pour la 2ème fois).
1779 Toussaint Brion,
1780 Pascal Beauchamp,
"....Dominique Janot dit
...Lachapelle,
....Raphaël Brouiliet dit
....Bernard, élu le 9 juin
.... 1 78 1 ,en remplecement
....de Toussaint Brion,
....décédé le 3.
...Jean-Bte. Milard,
1784 Antoine Chartier,
1785 Louis Lorion,
1786 Toussaint Beaudry,
1787 Joseph Dcsrochers,
17t8 Alexis Galipeau,
.... f ....Raphaël Duclos,
.... I ....Nicolas Gervais, élu le
1789.... -j ....8 mars, en remplace-
.... f ....mont du dit Raj)liaël
.... {^....Duclos,
1790 Gabriel Biais,
1791 Joseph Archambault,
179"2 Etienne Beauchamp,
1793 Louis Biais,
1794 Charles Rainaud,
1781---
1783,
23G
1795 .It'ftn-lU*;. Vcnne,
ITiiC) Josf'pli Lf'pitK',
Î7l)7 Pifjrro Arcluinibault,
17ys Nicolas Arcliainbault,
17'.)!) PietTti Boiirjj;uif,'uon,
IHOI) Miiurict' V'iiudiy,
I.SOI Jraii-L(tuis Ttiiiiiiit,
1.S()'2 lost'i)li liriciiiildil I^a-
marclic,
1S():{ Maurice Basincl,
\H{)\ rit'. Habiii (lit Lacroix,
iSOf) IJasiln Janol dil La-
chaiii'Ilo,
lM)n loscith Broiiill.'t dil
Bcrnai'd,
1S()7 losepli MfM'cicr,
1«(I8 foseph Dt'sroclKM's,
IHOiJ BonavcnturoBrouillct,
l.SlO Ican-Bto. BricauL dit
L.'iiiiaiflio,
1811 IcariBlt'. Chaudillon,
18l'2 Ainbroisi! Morand,
ISI.'J lean-Bte. Langlois,
ISl-i (labriol Biais,
lSI."j Louis Langlois La-
ci lapollo,
1810 Frîincûis Bmudiy,
1817 Louis Bliiis,
1818 Etienne Fissiaull,
1819 Nicolas Gervais,
18'i0 François Mon(.'t,
1 8'2 1 PitTro Régnier,
i8'22 Louis Ueeves,
18'2.'5 Antoine Cliartier,
1824 Ambroise Morand, fils,
]'.V2't Raiiliaëi Beauclianip,
18-2(; lo^epii Biais,
18"27 Jacques Lorion,
18-28 Pierre Dubreuii.
18-29 Antoine Janot <iit L;i-
cliapelii',
1830 Louis Langlois
Lacliaj)elie, Dis,
181] 1 Louis-Pascal Brouillot
1832 Jean iJavnaud,
18.33 Jean-Bte". Brouillet,
1834 Michel Beaudry,
ISJ.J Joseph Biais, lils,
183G Charles Basinet,
1837 Louis Beauchamp,
1838 Laurent Brien Desro-
chers,
1839 lo.seph Vaudry,
1840 François B. audry.
1841 Maurice Bncaul dit
La marche,
1842 Michel Chalilou.x,
1.S43 Casimir Tenant
1844 loseph Charlier",
IS'â.-) Alexis Basile Cali-
peau, élu le 10 février,
en remplacement de
Nicolas Vaudry, pré-
cédiMument ehi, ma. s
non (jualilié,
18'iG llypolite Beaudry,
1847 Josei)h Tessier dit La-
vigne,
1848 Alexis Laurent (iali-
peau,
1849 Louis Ueevos.fds.
1 8.J0 lean-Louis Brien Oes-
rochers,
18.')1 Hubert Prévost.
18.")2 Jose])h Lapoi'te,
18.')3 Jean-Bte. David,
18.')i François Galipeau,
18,").') Joseph Déroche,
I8.'>0 François Monet, lils,
'><')7 Jacques Beaudry,
i.-<t)8 Edouard Marion,
18J9 Louis Brien Desro-
chers,
1800 Léon Laporle,
18'» 1 Magloire Dul)reuil,
1802 Pascal McNeil,
1863 François-Xavier Lnn-
giois,"
I80i Jus"ph Janot,
1805 Léon Marion,
1800 Frs. Brien Desrocher?,
1807 Jacques Léonard,
1808 Pierre (Honoré) Ar-
ciiambanlt,
1809 Edouard Janot,
1870 Louiïs Gervais,
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HISTOIRE îm PAHOpBS ET DES CURÉS
DU dAHAOA
SO)|MAIRE bE LA SECONDE LIVRAISON
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J|* SAtirr<Eff«fACHB> R<viiRB iw GaÉHB .^ .^ ^^
Histoire de^là ftwcisse et des curés. • ii9 I 998
M. Frs. Petit, R. P. F. Berey • • . • • •
M. J . P. Davaux-Besson de la Ckurde, R . P. A. Oordan
IIM . A. Pinet, G. F. Parrault, B. N. Maillou.
R. F. LJHius, l. B. Gatiea, J. B. Bregaier*St. Pierre. . . . . . .
* J. PaAttia, Cbs, diamponXt H. Mdreau ....... ^. ..... . . .
RR. PP. F. E. H. Pelletier, L. A. Desprès, J. P.aa8tineaïi. , . .
M.L. J. GuyoB,. ,.. ''*'''"""tl'
Combat de Saint-Eustache, 1887 « • *«*
Baptêmes, Mariages et Sépultures,^ 1770 à i«70 . . . . *»8
Liste dtes curés et 4e$8ervants, de 1768 à 1878. .. . . ♦ . 104
Noms des vicairM, de 1800 à 1878 ^ ............ . . . * IHI8
Liste des marguilîiers, de 1178 à 1870 ......... 407
«» Saiht Ekfant Jtscs DE ij^ Poiîr«-ABX-t»ippi« ......*.....♦.. i0&
Histoire de la paroisse et des eum. .....>..... StO* ;ft S86
MM, F, Seguenot, M. Barthclem^, G* Le B«etOn. , . . . . ; . . . .
L. Chaigneau, B. Roche, J. 6. Lejaiw du LescoSt .......
Ghs. de la Goudalîo, M. Goaitois, J. Hourdé
P. T. Ruffiu, F.Doirwt, J. Daraéim, G. Pages. . . ...... . . .
J. de Dieu F. Robert, P. Huet m ]$ Valini^re , . ..........
F. X. Noîseux, Jf. Racine. A. aiïoward,J.Raimb»iat .....
A. Durocfaser, F. Lef. de BeUèMUe* F. Burt» ..... . . . ... .
Ed. Labelïe, F. P. |*Orlier, M. Glissé.. .... .*>...,. ... . -. •
Baptêmes, Mariages et Sépultures d«t«ftàiW.-.. ««
Noms des prêtres que la^r^sse cofnpt0faw«<e8^^
fants. .'. .....rf. ...•.....» . - ...» ♦ . . » » . . » • • . • • * • • ■•*
Liste des curés et desserTauts, de 1874 ft 11^8^ ... .;^ . IW
Noms des vicaires, ô& 1817 à 18t0 . .....;....... . .> W8
Liste des marguilîiers, de 1874 à 1870 .......... .4^ . . »84
L'a^ieur de VAnnmirê de FrtA^Ar»rir a H*te«^ de pu»^ un
supplémoni à l'édition de 1884, sur tas institutions catboll<itt«8 <»«
Montréal.. '.'■■''''':
Ce «upplément, du fowiwt *b Ki<WM««6rir |^ par tiwaisoM de
84 pages.
La pre nière livraison est sous presse.
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