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Full text of "Annuaire de Ville-Marie [microforme] : suivi de recherches archéologiques et statistiques sur les institutions catholiques du Canada : tome premier : histoire des paroisses de Diocèse de Montréal"

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TEST  TARGET  (MT-3) 


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Photographie 

Sdenœs 

Corporation 


23  WEST  MAIN  STREET 

WEBSTER,  N.Y.  14580 

(716)  872-4503 


) 


CIHM/ICMH 

Microfiche 

Séries. 


CIHM/ICMH 
Collection  de 
microfiches. 


Canadian  Institute  for  Historical  Microreproductions  /  Institut  canadien  de  microreproductions  historiques 


^ 


Technical  and  Bibliographie  Notas/Notes  tachniques  at  bibliographiquas 


Tha  Instituta  bas  attemptad  to  obtain  tha  batt 
original  copy  availabla  le  filming.  Faaturaa  of  this 
copy  which  may  ba  bibliographically  uniqua, 
which  may  altar  any  of  tha  imagaa  in  tha 
raproduction.  or  which  may  aignifficantly  changa 
tha  usual  mathod  of  filming,  ara  chackad  balow. 


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Co!ourad  covars/ 
Couvartura  da  coulaur 


I      I    Covera  dumagad/ 


Couvartura  andommagée 

Covars  rastorad  and/or  laminatad/ 
Couvartura  rastauréa  at/ou  pelliculéa 

Cover  title  missing/ 

Le  titra  de  couverture  manque 


I      I    Coloured  maps/ 


Cartes  géographiques  en  couleur 


□    Coloured  ink  (i.e.  other  than  blue  or  black)/ 
Encre  de  couleur  (i.e.  autre  que  bleue  ou  noire) 

I      I    Coloured  plates  and/or  illustrations/ 


Planchas  et/ou  illustrations  en  coulaur 

Bound  with  other  matériel/ 
Relié  avec  d'autres  documents 

Tight  biktding  may  cause  shadows  or  distortion 
along  interior  margin/ 

La  re  liure  serrée  peut  causer  de  l'ombre  ou  de  la 
distortion  le  long  de  la  marge  intérieure 

Blank  laaves  added  during  restoration  may 
appear  within  the  text.  Whenever  possible,  thèse 
hâve  been  omitted  from  filming/ 
Il  se  peut  que  certaines  pages  blanches  ajoutées 
lors  d'une  restauration  apparaissent  dans  la  texte, 
mnis,  lorsque  cela  était  possible,  ces  pages  n'ont 
pas  été  filmées. 

Additional  commenta:/ 
Commentaires  supplémentaires; 


Thei 
toth 


L'Institut  a  microfilmé  la  meilleur  exemplaire 
qu'il  lui  a  été  possible  de  se  procurer.  Les  détails 
da  cet  exemplaire  qui  sont  peut-être  uniques  du 
point  da  vue  bibliographique,  qui  peuvent  modifier 
una  image  reproduite,  ou  qui  peuvent  exiger  une 
modification  dans  la  méthode  normale  de  fiimaga 
sont  indiqués  ci-dessous. 


|~~|   Coloured  pages/ 


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Pages  de  couleur 

Pages  damaged/ 
Pages  endommagées 


□   Pages  restored  and/or  laminatad/ 
Pages  restaurées  et/ou  pelliculées 

0    Pages  discoloured,  stained  or  foxed/ 
Pages  décolorées,  tachetées  ou  piquées 


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poss 
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filmi 


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Pages 

Pages 

Pages  détachées 


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r^    Showthrough/ 


Transparence 


I      I    Quality  of  print  varies/ 


Qualité  inégala  de  l'impression 

inciudas  supplementary  matériel/ 
Comprend  du  matériel  supplémentaire 

Only  édition  availabla/ 
Seule  édition  disponible 


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Pages  wholly  or  partially  ob&oured  by  errata 
slips,  tissues,  etc.,  hâve  been  refilmed  to 
ensure  the  best  possible  image/ 
Les  pages  totalement  ou  partiellement 
obscurcies  par  un  feuillet  d'errata,  una  pelure, 
etc.,  ont  été  filmées  à  nouveau  de  façon  à 
obtenir  la  meilleure  image  possible. 


This  item  is  filmed  at  the  réduction  ratio  checked  below/ 

Ce  document  est  filmé  au  taux  de  réduction  indiqué  ci-descous. 


10X 

14X 

18X 

22X 

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Filmage 


The  copy  ffilmed  hère  has  been  reproduced  thanks 
to  the  generosity  of  : 

Library  of  the  Public 
Archives  of  Canada 

The  images  appearing  hère  are  the  best  quality 
possible  considering  the  condition  and  legibillty 
of  the  original  copy  and  In  Iceeping  with  the 
filming  contract  spécifications. 


L'exemplaire  filmé  fut  reproduit  grâce  à  la 
générosité  de: 

La  bibliothèque  des  Archives 
publiques  du  Canada 

Les  images  suivantes  ont  été  reproduites  avec  le 
plus  gr^nd  soin,  compte  tenu  de  la  condition  et 
de  la  netteté  de  l'exemplaire  filmé,  et  en 
conformité  avec  les  conditions  du  contrat  de 
filmage. 


les 


Original  copies  in  printed  paper  covers  are  flimed 
beginning  with  the  front  cover  and  ending  on 
the  last  page  with  a  printed  or  lllustrated  Impres- 
sion, or  the  back  cover  when  appropriate.  AH 
other  original  copies  are  flimed  beginning  on  the 
f  irst  page  with  a  printed  or  lllustrated  impres- 
sion, and  ending  on  the  last  page  with  a  printed 
or  lllustrated  Impression. 


The  last  recorded  frame  on  each  microfiche 
shall  contain  the  symbol  — ^>  (meaning  "CON- 
TINUED").  or  the  symbol  y  (meaning  "END"), 
whichever  applies. 


Les  exemplaires  originaux  dont  la  couverture  en 
papier  est  imprimée  sont  filmés  en  commençant 
par  le  premier  plat  et  en  terminant  soit  par  la 
dernière  page  qui  comporte  une  empreinte 
d'Impression  ou  d'illustration,  soit  par  le  second 
plat,  selon  le  cas.  Tous  les  autres  exemplaires 
originaux  sont  filmés  en  commençant  par  la 
première  page  qui  comporte  une  empreinte 
d'Impression  ou  d'Illustration  et  en  terminant  par 
la  dernière  page  qui  comporte  une  telle 
empreinte. 

Un  des  symboles  suivants  apparaîtra  sur  la 
dernière  image  de  chaque  microfiche,  selon  le 
cas:  le  symbole  — ^  signifie  "A  SUIVRE",  le 
symbole  y  signifie  "FIN". 


Maps,  plates,  charte,  etc.,  may  be  flimed  at 
différent  réduction  ratios.  Those  too  large  to  be 
entireiy  included  in  one  exposure  are  flimed 
beginning  In  the  upper  left  hand  corner,  left  to 
right  and  top  to  bottom,  as  many  frames  as 
required.  The  following  diagrams  lllustrate  the 
method: 


Les  cartes,  planches,  tableaux,  etc..  peuvent  être 
filmés  è  des  taux  de  réduction  différents. 
Lorsque  le  document  est  trop  grand  pour  wtre 
reproduit  en  un  seul  cliché,  il  est  filmé  è  partir 
de  l'angle  supérieur  gauche,  de  gauche  è  droite, 
et  de  haut  en  bas,  en  prenant  le  nombre 
d'images  nécessaire.  Les  diagrammes  suivants 
Illustrent  la  méthode. 


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PAROISSE 


DE 


SAINT-EUSTACHE.  RIVIERE  DU  CREE  "* 


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L'histoire  ne  se  compose  pas  seulement  de  la  des- 
cription des  batailles,  du  tableau  des  événements 
politiques,  de  la  vie  des  grands  capitaines  et  des  discours 
des  orateurs  illustres.  Elle  contient  aussi  le  récit  de  faits 
moins  remarquables  parce  qu'ils  ont  été  accomplis  sur  un 
théâtre  moins  élevé,  mais  qui  ont,  tout  de  môme,  leur 
prix  et  leur  intérêt.  L'histoire  recueille  soigneusement 
les  actions  de  ces  hommes  qui  ont  passé  en  faisant  le 
bien  dans  une  carrière  modeste,  sans  doute,  mais  qui  ne 
manque  pas  d'avoir  son  importance.  L'histoire  intime, 
l'histoire  de  famille,  d'un  pays,  pour  ainsi  parler,  se 
compose  d'une  foule  de  détails,  de  récits,  de  narrations, 
de  faits  circonstanciés,  petits  en  apparence,  mais  auxquels 
la  curiosité  des  hommes  ou  des  événements  subséquents 
donnent  quelquefois  un  intérêt  imprévu  et  qui  tous 
contribuent  à  former  les  fastes  d'une  nation.  Les  réunir, 
les  coordonner,  ou  seulement  les  conserver  et  les  mettre 

(1)  M.  le  Chevalier  Ed.  Lef.  de  BeliefeuiUe  voudra  bien  accepter 
nos  sincères  remerciements  pour  la  fédaction  de  celte  histoire. 


A  130 

à  l'abri  de  la  destruction,  n'est-ce  pas  accomplir  une^ 
œuvre  patriotique  ? 

C'est  rempli  de  cette  pensée  que  Mgr.  de  Montréal 
adressait  à  ses  curés,  le  18  décembre  1862,  une  circulaire 
dans  laquelle  il  leur  demandait  de  faire  l'histoire  de  leur 
paroisse  en  donnant,  tant  sur  la  paroisse  que  sur  les 
curés,  leurs  prédécesseurs,  tous  les  renseignements  pro- 
pres à  intéresser. 

Lorsque  les  travaux  auxquels  ce  désir  de  Mgr.  de 
Montréal  a  donné  lieu  seront  terminés,  et  lorsqu'ils  auront 
été  continués  pendant  un  certain  nombre  d'années,  ils 
formeront  une  suite  de  notes  et  de  mémoires  qui  seront 
un  véritable  trésor  pour  tous  ceux  qui  s'occuperont  plus 
tard  de  l'histoire  du  pays.  Ils  constitueront  une  source 
précieuse  de  renseignements,  où  l'on  pourra  puiser 
facilement  et  avec  confiance,  certain  d'avoir  à  sa 
disposition  ks  documents  les  plus  authentiques,  les  plus 
fidèles,  les  plus  consciencieux  et  les  plus  honnêtes.  C'est 
dans  le  but  de  contribuer  pour  notre  part  à  cette 
compilation  intéressante,  que  nous  offrons  ici  l'histoir* 
de  la  paroisse  et  des  curés  de  Saint-Eustache. 

1 

La  paroisse  de  Saint-Eustache-Martyr,  est  située  sur 
les  bords  de  cette  branche  de  l'Ott»  wa  appelée  Rivière 
Jésus  ou  Mille-Iles,  qui  passe  entre  l'Ile-Jésus  et  la  terre 
ferme,  dans  le  comté  des  Deux-Montagnes,  ci-devant 
appelé  comté  d'York,  dans  le  district  de  Terrebonne, 
démembrement  de  l'ancien  district  de  Montréal 

Nous  voyons  dans  le  décret  d'érection  canonique,  en 
date  du  15  novembre  1825,  sous  la  signature  de  Mgr. 
Plessis,  évêque  de  Québec,  que  lors  de  son  érection  la 
paroisse  de  Saint-Eustache  comprenait  une  étendue  de 


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131 


territoire  de  sept  milles  de  front  sur  neuf  milles  de 
profondeur.  Depuis  celte  époque,  la  paroisse  a  subi  des 
modifications  qui  en  ont  beaucoup  rétréci  les  limites,  et 
plusieurs  paroisses  voisines  ont  été  formées  en  partie  par 
des  démembrements  de  l'ancienne  paroisse  de  Saint- 
Eustache. 

Ainsi,  par  une  ordonnance  du  7  mai  1834,  les  côtes 
appelées  Petit  Saint-Charles,  et  Petit  Lac,  et  la  terre  de 
Charles  Gourgon  dans  la  Côte  Cachée,  furent  détachées 
de  Saint-Eustache  pour  être  annexées  à  Sainte-Thérèse 
de  Blainville.  Par  un  décret  du  18  août  1840,  les  côtes 
du  Petit-Chicot,  des  Anges,  nord  et  sud,  de  Saint-Henry, 
de  Saint-Augustin,  de  Saint-Louis  des  Bouchards,  une 
partie  de  la  côte  Saint-Louis  des  Corbeilles  et  une  partie 
du  Petit-Brulé  furent  détachées  pour  former  une  nou- 
velle paroisse,  la  paroisse  de  Saint-Augustin.  (1)  Enfin, 
par  un  troisième  décret,  en  date  du  4  octobre  1853,  la 
paroisse  de  Saint-Joseph  ayant  été  érigée,  on  détacha  de 
Saint-Eustache,  pour  contribuer  à  la  formation  de  cette 
nouvelle  paroisse,  la  côte  Saint-Joseph  et  une  partie  de  la 
côte  Saint-Nicholas. 

En  sorte  qu'aujourd'hui  la  paroisse  Saint-Eustache  n'a 
pas  plus  de  six  milles  de  longueur  sur  à  peu  près  autant 
de  largeur. 

La  paroisse  de  Saint-Eustache  est  assez  ancienne.  Les 
registres  des  mariages,  baptêmes  et  sépultures  ont  été 
ouverts  le  vingt-trois  novembre  1768.  Le  premier  acte 
qui  s'y  trouve  est  l'acte  de  sépulture  de  Elizabeth 
Sonnier,  fille  de  Nicolas  Sonnier  dit  Lajeunesse  et  de 
Marie  Loiselle.    Cet  acte  est  daté  le  24  novembre  1768. 


(1)  Subdivisions  du  Bas-Canada  en  paroisses  et  townships^  etc., 
p.  114. 


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132 

Ces  registres  n'étaient  alors  que  de  simples  registres 
ecclésiastiques,  tenus  suivant  les  règles  de  TËglise, 
«t  ils  '  ne  sont  pas  revôtus  des  formalités  exigées 
par  les  Statuts  pour  leur  donner  un  caractère  d'au- 
thenticité, suivant  la  loi  civile.  Le  premier  certificat 
de  roffîcier  civil  est  en  date  du  26  décembre  1785  ; 
il  est  signé  par  René-Ovide  Hertel  de  Rou ville,  Juge 
de  la  Cour  des  Plaidoyers  Communs,  et  le  premier 
acte  qui  ait  été  fait  après  la  date  de  ce  certificat  est  du  27 
janvier  1786. 

Malgré  l'absence  de  cette  signature  officielle  avant  le 
26  décembre  1785,  les  extraits  de  ces  registres  ecclésiasti- 
ques, certifiés  par  le  curé  de  la  paroisse,  ont  toujours  été 
reçus  par  les  cours  de  justice  comme  formant  une  preuve 
prima  facie  du  baptême,  du  mariage  ou  de  la  sépulture 
qui  y  était  mentionné.  Ce  fait  ne  manque  pas  d'importance 
dans  les  circonstances  où  se  trouvent  aujourd'hui 
certaines  paroisses  du  diocèse  de  Montréal.  A  moins  de 
vouloir  porter  le  trouble  dans  un  grand  nombre  de 
familles,  en  les  mettant  dans  l'impossibilité  de  prouver 
par  des  registres  civils  qui  n'existaient  pas  les  naissances, 
les  mariages  ou  les  décès,  les  tribunaux  ne  pouvaient 
-adopter  une  autre  ligne  de  conduite,  et  peut-être  que  des 
.circonstances  analogues  nous  permettraient  encore  de  la 
-aroir  se  renouveler. 

L'érection  canonique  de  la  paroisse  Saïnt-Eustache  n'a 
«u  lieu  que  le  15  novembre  1825,  et  l'érection  civile  le  16 
décembre  1835.  Il  peut  être  à  propos  de  remarquer  ici 
que  quoique  Saint-Eustache  n'ait  été  érigé  en  paroisse 
V canonique  qu'en  1825  et  en  paroisse  civile  qu'en  1835, 
•cependant  M.  Petit  et  tous  les  prêtres  qui  lui  ont  suc- 
cédé dans  la  desserte  de  la  paroisse,  signent  toujoui*s 
curé  de  Saint-Eustache.  Ils  ont  également  toujours  perçu 


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133 

les  dîmes  et  les  oblatlons  ordinaires,  et  joui  de  tous  les 
pouvoirs  et  de  tous  les  droits  des  curés  actuels.  C'est  le 
cas  de  dire  que  le  curé  n'a  besoin  d'autre  titre  que  le 
clocher  de  son  église  pour  avoir  droit  aux  dîmes. 

Il  y  a  encore  une  autre  remarque  à  faire  »ur  la 
première  organisation  de  cette  paroisse.  Quoiqu'elle  ne 
fut  qu'une  mission  jusqu'en  1825,  elle  eut  cependant  un 
corps  de  marguilliers  et  une  fabrique  dès  1778.  Voici 
l'acte  de  l'élection  du  marguillier  François  Fillion  (1). 

"  L'an  mil  sept  cent  soixante   dix-neuf,  le  dix  janvier^ 

*'  les  habitants  de  la  Rivière  du  Chêne,  convoqués  et 

*'  assemblés    à  l'issu  de  la  grande  messe    paroissiale,. 

"  dans  le  presbytère,  afin  d'y  élire  un  troisième  raar- 

'•''  guillier,  ont  à  la  pluralité  des  voix  choisi  et  nommé 

"  françois  fillion,  pour  remplir  la  dite  charge  de  mar- 

^^  guillier  ;  plusieurs  de  l'assemblée  ont  signé  avec  nous^ 

"  les  autres  ont  déclaré  ne  le  savoir  faire. 

(Signé,)  "Joseph  Cheval, 

"  Pierre  Riche, 

"  Perrault,  Ptre.**^ 

Dans  les  premiers  temps,  le  service  divin  se  faisait 

dans  une  maison  particulière,  située  sur  la  terre  de  la 

famille  Charbonneau,  à  la  Grande-Côte,  et  appartenant 

aujourd'hui  à  la  famille  Scott.    En  1774,  le  Père  Berey^ 

curé  de  la  paroisse,  fit  bâtir  le  premier  presbytère,  qui 

servait  aussi  de  chapelle  ;  c'est  dans  cette  maison  que  se 

fit  l'ofiice  divin  jusqu'en  1783.    Ce  presbytère  subsista 

jusqu'en  1818  ;  il  fut  alors  remplacé  par  un  autre  aussi 

en  pierre  qui  fut  construit  sous  M.  Jean-Baptiste  Catien. 

(I)  Extrait  des  archives  de  îa  paroisse  de  Saint-Eustache,  cahier 
intitulé  :  "  Livre  des  assemblées,  ordonnances,  mandements  de 
Monseigneur  VEvéque  de  Québec^ 

lies  noms  des  autres  marguilliers,  avec  la  date  de  leur  entrée  en 
charge,  se  trouvent  à  la  fin  de  cette  notice. 


I 


L'église  actuelle,  qui  est,  quant  an  corps  de  rédifice,  la 
même  que  celle  qui  existait  avant  l'incendie  de  1837,  a 
été  bâtie  en  1783  par  Augustin  Grégoire,  maçon,  sous  M. 
Chs.  Frs.  Perrault,  curé.  Le  terrain  fut  donné  par 
le  seigneur,  M.  Louis-Eustache  Lambert-Dumont,  par  acte 
passé  pardevant  Mtre  A.  Foucher,  notaire  royai,  dont 
voici  le  texte  : 

(1)  Pardevnnt  le  Notaire  Royal  de  la  ville  et  gouvernement  de  Mont- 
réal, résident  à  Terrebonne,  soussigné,  et  témoins  ci-après  nommés, 

Alt  présent  monsieur  Eustache  Dumonl  Ecuyer,  seigneur  proprié- 
taire des  mille  Isles,  et  autres  lieux,  demeurant  ordinairement  aux 
trois  Rivières,  comparant  par  la  personne  de  sieur  François  maison 
neuve  premier  Baillif  do  Sto  Rose,  son  homme  d'afTaircs,  chargé  de 
ses  ordres  et  d'une  lettre  missive  de  mon  d.  sieur  Seigneur  à 
l'effet  qui  ensuit,  dattéo  aux  trois  Rivières  le  trois  juin  présent  mois 
pour  être  annexée  à  ces  présentes  et  y  recourir  au  besoin. 

Lequel  dit  sieur  Seigneur  volontairement  a  reconnu  et  confessé 
avoir  donné  purement  et  simplement  en  la  meilleure  forme  et  ma- 
nière que  donation  peut  se  fuire  et  avoir  lieu  sans  vouloir  ni  pouvoir 
jamais  la  révoquer  ;  et  pour  la  validité  du  d.  don,  a  promis  et  prome  t, 
par  ces  présentes,  garantir  de  tous  troubles  et  empêchements  géné- 
ralement quelconques,  à  l'Eglise  proposée  et  fabrique  des  mille  Isles, 
ce  acceptant  pour  monsieur  le  curé  qui  y  résidera  et  ses  successeurs 
à  perpétuité,  Joseph  Masson  et  Antoine  La  Roc  nabitants  du 
môme  lieu,  sindics  dénommés  et  choisis  des  habitants  de  la  d.  sei- 
gneurie, aux  fins  ci  après,  à  ce  présents  et  acceptans  pour  la  d. 
'  fabrique,  curé  et  successeurs  en  icelle.  Une  pointe  de  terre  de  la 
contenance  de  sept  à  huit  arpents  plus  ou  moins  en  superficie,  sise 
et  située  le  long  de  la  grande  Rivière  du  Chêne,  à  prendre  de  la  d. 
Rtvière  jusqu'au  chemin  du  Roy,  d'un  côté  à  la  ligne  de  la  terre  de 


(x)  De  l'ordonnance  des  Honor.  Juges  de  la  Cour  des  Plaids.  Commun»  du  district 
de  Montréal  du  33e  février  1792,  la  donation  portée  ci  endroit  et  des  autres  parts  a  été 
insinuée  et  régistrée  es  registres  des  Insinuations  par  le  greffier  en  icelle  soussigné,  ce 
requérant  Frans  Rochon  marguillier  en  charge  Porteur  des  présentes,  dont  acte  i 
Montréal  les  jour  et  an  susdits. 

J.  Rbid,  g.  p.  C. 


135 


françois  Parant  et  d'autre  côté  la  petite  Rivière  du  Chône  :  ainsi  que 
le  d.  terrein  en  son  entier,  faisant  partie  du  domaine  de  mon  d.  8r 
sieur  seigneur  Bailleur,  se  poursuit  et  comporte,  et  que  les  dits  sin- 
dics  aux  noms  et  pour  lu  d.  paroisse  entière,  disent  bien  savoir  et 
connaître  et  en  être  contons  sans  autres  réserves  que  les  suivantes, 

Savoir 

premièrement  pour  mon  d.  Sr  Soigneur  Baillour,  ses  hoirs  et  ayans 
causes,  à  perpétuité,  d'un  demi  arpent  de  terre  de  ft*ont  à  prendra  du 
i^hemin  du  Roy,  à  gagner  jusqu'à  la  gde  Rivière  du. Ghône  du  côté 
de  la  terre  de  françois  Parant  pour  faciliter  la  descente  à  mon  d. 
Sieur  Seigneur  de  son  domaine  au  grand  fleuve  pour  indemnité 
de  quoy,  consent'  à  ce  que  le  d.  chemin  du  Roy  tracé  seulement  par 
les  Capitaines  de  milices  de  la  d.  seigneurie  existant  actuellement, 
soit  reculé  sur  son  domaine  autant  que  faire  se  pourra,  et  qu'il  sera 
approuvé  de  messieurs  de  la  voyerie, — pour  compléter  le  terrein  com- 
pris en  la  d.  donnation,  c'est-à-dire  sept  ou  huit  arpens  en  superficie, 
comme  dit  est,  plus  ou  moins  s'il  s'y  trouve. 

Pour  du  d.  terrein  sus-donné,  aux  reserves  susd.  jouir  par  le  Sr. 
curé  (qui  sera  nommé  à  l'église  qui  sera  construite  sur  icelui,  avec 
un  cimetière  et  autres  commodités  pour  le  d.  sr  curé  delà  dite  église) 
jouir  dis-je  à  perpétuité  lui  et  ses  successeurs  pleinement  et  paisible- 
ment au  moyen  des  présentes,  tins  par  eux  ni  la  d.  église  et  fabri- 
que supporter  autres  charges  ni  redevances  envers  mon  d.  Sr.  Sei- 
gneur bailleur,  que  le  droit  pour  lui  et  liberté  de  reprendre  le  d. 
terrein  sus  donné  et  même  tous  les  travaux  et  bâtiments  fait  sur 
icelui,  pour  en  jouir  comme  de  son  propre  et  loyal  acquit,  dans  le 
cas  où  Sa  Grandeur  monseigneur  l'évoque  de  cette  colonie,  ne  juge- 
rait point  à  propos  d'envoyer  un  curé  ou  desservant  à  la  dite  église. 

Avec  exemption  en  outre  pour  mon  d.  Sr.  Seigneur  de  toute  con- 
tribution aux  d.  travaux,  non  plus  qu'aux  clôtures  ;  fermand  et  en- 
tretenant son  domaine  le  long  seulement  du  terrein  sus  donné. 

Abandonnant  au  surplus  mon  d.  Sr  seigneur  donateur,  au  profit 
de  la  d.  église  et  fabrique,  une  vieille  maison  servant  de  principal 
manoir,  sise  sur  le  terrein  sus-donné,  pour  être  démoli  et  les  démoli- 
tious  d'icelle,  contribuera  l'édification  de  l'église  et  autres  bAtiments 
prémédités  pour  le  sieur  curé  d'icelle  aux  conditions  et  obligations 
seulement  de  la  part  de  la  d.  fabrique,  de  faire  transporter  sur  le 


I' 


m:: 


136 

demi  arpent  de  terre  sus  réservée  pa.'  mon  d.  Sr  seigneur  donnateur, 
même  quantité  et  qualité  de  pierres,  qui  se  rencontreront  en  la  che- 
minée sus  abandonnée,  et  ce  à  la  demande  de  mon  d.  Sieur  seigneur 
bailleur. 

Et  à  l'instant  les  d.  Joseph  Masson  et  Antoine  La  Roc  sindics 
crées  et  établis  par  tous  les  habitants  de  la  d.  Seigneurie,  aux  fins 
que  dessiïs,  au  nom  des  d.  habitans  et  qualité  qu'ils  possèdent, 
(Exception  du  terrein  nécessaire  pour  la  bâtisse  d'une  église,  pres- 
bitère  et  choix  du  terrein  propre  pour  le  cimetière  suivant  le  plan 
qui  leur  en  sera  donné  par  monseigneur  l'évoque  de  Québec  ou  mes- 
sieurs ses  grands  vicaires)  se  sont  désisté  et  se  désistent  par  ces  pré- 
sentes de  tout  le  ten  oin  sus  donné  en  faveur  du  Sr  curé  qui  desser- 
vira la  d.  paroisse  et  ses  successeurs  à  perpétuité,  pour  en  jouir  à 
leur  usage  pleinement  et  paisiblement  en  la  manière  qui  leur  avisera 
bon  être. 

Aux  réserves  seulement  pour  les  habitants  de  la  d.  paroisse  et 
autres  étrangers  qui  auront  la  dévotion  d'y  entendre  la  messe  ou 
assister  aux  autres  cérémonies,  de  l'usage  d'un  quart  d'arpent  du  d. 
terrein  de  front  depuis  le  d.  chemin  du  Roy  jusqu'au  fleuve,  du  côté 
de  la  petite  rivière  du  Chêne,  pour  y  arrêter  leurs  chevaux,  pour  quoy 
faire  promettent  et  s'obligent  y  entretenir  et  planter  des  piquets  en 
nombre  suffisant  pour  que  leurs  d.  chevaux  ne  causent  domage  ni 
nuisance  à  personne. 

Sera  la  fabrique  du  d.  Jieu  tenue  à  clore  le  d.  terrein  le  long  du 
chemin  du  Roy  seulement  ;  mais  dans  la  division  qu'en  pourront 
faire  messieurs  les  curé  et  successeurs  soit  pour  jardin,  l'ensemencer 
ou  parquer,  en  ce  cas  les  clôtures  seront  aux  charges  du  d.  Sr.  curé 
et  successeurs. 

A  tout  ce  que  dessus  les  d.  sindics  nommés  au  nom  et  pour  toutb 
la  d.  paroisse,  pro-nettent  et  s'obligent  à  peine  de  tous  dépens 
dommages  et  intér^^ts,  quoi  faisjant  mon  d.  Sr  seigneur  donnateur 
bailleur  ses  hoirs  et  ayant  cause  leur  fait  et  aux  curés  résidents  et 
desservants  de  la  d.  paroisse,  toute  cession  et  rétrocession  des  droits 
noms  et  raisons  et  actions  et  possession  qu'il  a  et  pourrait  avoir  et 
prétendre  et  sur  le  terrein  et  maison  seigneuriale  sus  données,  dont 
il  se  de""êt  et  démet  de  nouveau  par  ces  présentes  pour  et  au  profit  de 
la  d.  église,  fabrique  et  Srs  curés. 


137 


?neur  donnateur, 
Feront  en  la  che- 
i.  Sieur  seigneur 


.  Et  pour  faire  insinuer  cespn'îsentes  partout  où  besoin  sera  dans  lé^ 
délay  de  l'ordonnance,  mond.  Sr  seigneur  bailleur  a  fait  et  constitua 
son  procureur,  le  porteur,  donnant  pouvoir  d'en  requérir  acto  ;  «• 
pour  l'exécution  des  présentes,  les  d.  parties  ont  élu  leur  domicile  • 
irrévocable,  chacun  le  même  désigné  au  présent  contrat,  escLueF»- 
lieux  et  nonobstant  etc.  promettant  s'obligt  chacun  à  son  éguni 
selon  et  ainsi  que  dit  est.  Renonçant  &c.  fait  et  passé  à  Terrebonne^ 
étude  du  d,  note  soussigné.  L'an  mil  sept  cent  soixante  dix, 
le  vingt  quatre  du  mois  de  juin,  avant  midy,  en  présence  de  pHerre 
Lafonbaillif  de  justice,  et  françois  Granet,  tailleur  d'habils,  demeur 
rant  au  d.  terrebontie,  t'-moins  appelles  à  ces  présentes,  et  les» 
signé  tant  à  sa  lettre  missive  concernant  le  d.  acte,  qu'à  une  conces- 
sion  sou?  seing  privé  au  dos  de  rordonné  de  mons.  le  grande- 
vicaire  en  datte  du  vingt  do  ce  mois,  mon  d.  Sr  Seigneur 
bailleur  donnateur  avec  le  d.  Lafon  témoin  et  nous  notaire,  à 
l'exception  du  d.  Sr  françois  Maissonneuve  homme  d'affaires  de  mon 
d.  Sr  seigneur,  des  d.  sindics  dénommés  preneurs  et  du  d. 
Granet  témoin  qui  ont  déclaré  ne  le  savoir  faire,  de  ce  enquis,  lec- 
ture  faite,  ainsi  qu'il  apppit  à  la  minute  resiée  au  pouvoii'  du  note" 
soussigné 

A  Foucher 
No"  Royal 

avec  paraphe 

Avenant  le  douzième  d'août  avant  midy,  l'an  mil  sept  cent  soixa»-'- 
»e  douzp,,  est  comparu  en  personne  devant  le  dit  nore  soussigaé  et 
témoins  ci  soussignés,   Toussaint   Parant,  habitant  de  la  Rre  d»  - 
Chêne,  porteur  d'un  écrit  fait  sous  seing  privé  par  les  habitans  du  dL 
lieu,  en  présence  de  josopli  Masson  et  antoine  La  Rocque  sindià» 
dénommés  pour  la  bâtisse  du  prosbitere  du  d.  lieu,  portant  cfiai%-e- 
ment  (ainsi  qu'il  appert  au  d.  écrit  pour  douieurer  annexé  à  ces-  pré- 
sentes) de  la  réserve  d'un  quart  d'arpent  de  terre  de  long  à  prendre» 
depuis  le  chemin  du  Roy  jusqu'au  fleuve  du  côté  de  la  petite  RLvièce- 
du  Chêne,  pour  y  arrêter  leurs  chevaux,  en  pareille  quantité  de  terre?- 
que  la  devanture  du  d.  presbytère,  aux  cliarges  par  monsieur  le  curé' 
du  lieu  lui  et  ses  successeurs  à  perpétuité  de  l'onlretien  de  la  doitrre 
le  long  du  d.  chemin  du  Roy ,  et  dans  la   ligne  on  gagnant  Ir  ê. 
domaine  seigneurial,  charge  acceptée  par  le  Révérend  Père  de  Berey,- 
prètre,  récoliui  desservant  présentement  la  cure  du  d.  lieu,  icy  pré^ 


i     i 


\   i  i  \% 


138 

sent  et  consentant  à  l'acquit  et  décharge  des  habitans  de  la  d. 
paroisse,  lequel  d.  Sr  Parant  porteur  de  pièce,  nous  a  requis  nore 
soussigné  de  recevoir  le  dit  écrit  pour  être  annexer  à  ces  présentes 
«ux  fins  de  sortir  son  plein  et  entier  effet  selon  sa  forme  et 
4'^neur,  ce  qui  lui  a  été  octroyé  par  le  dit  notaire,  aprèr-.  avoir  certifié 
le  d.  écrit  véritable,  en  présence  des  témoins  dénommés  en  l'acte 
ci  contre  et  des  autres  parts,  d'eux  signé,  du  d.  R.  P.  De  Berey  du  d. 
Parant  porteur  de  jnèce,  et  nous  nore  à  l'exception  des  d.  Joseph 
Masson,  antoine  La  'Roc  sindics  et  du  d.  Granet  témoin,  qui  ont 
déclaré  ne  le  savoir  faire  de  ce  onquis.  lecture  faite,  ainsi  qu'il 
appert  à  la  minute  restée  au  pouvoir  du  notaire  soussigné 

(Signé)  A.  Foucher 

No''»  Royal        > 

I  j-.j,       avec  paraphe 

JEmolument  et  recherche 

=  10.1:  :  10c:  reçues  paiees      / 
par  Jean  gr 

maison  marguillier  en  charge  de 
St-Euslache 
(Signé)  A.  Foucher 

No'«  Royal 
•V  avec  paraphe 

La  somme  nécessaire  à  la  bâtisse  fat  fournie  par 
■contribution  volontaire  ;  l'église  et  le  presbytère  ne  coû- 
tèrent que  $830.95,  les  habitants  de  la  paroii  se  ayant 
fourni  tous  les  matériaux  nécessaires.  La  première 
bénédiction  de  l'église  eut  lieu  le  10  septembre  1783  ; 
elle  fut  faite  par  monsieur  le  supérieur  du  séminaire 
de  Québec. 

Cette  église  fut  plus  tard  allongée  de  25  pieds,  et  ornée 
d^un  portail  en  pierre  de  caille  et  de  deux  clochers,  par 
les  soins  de  M.  Paquin,  curé,  qui  posa  la  première  pierre 
Je  cette  addition  le  13  juillet  1831 .  Ce  ne  fut  que  deux 
ans  après,  en  1833,  que  l'édifice  ainsi  agrandi  fut  ouvert 
.au  culte  public. 


139 


Après  les  réparations  nécessitées  par  l'incendie  de  1837, 
Féglisefut  bénite  une  seconde  foiS;  en  1841,  p.  r  Mgr. 
Ignace  Bourget,  évoque  de  Montréal.  C'est  l'église  que 
l'on  voit  aujourd'hui,  qui  contient  deux  chapelles  outre 
le  maître-autel,  deux  cloches  dont  la  plus  grosse,  qui  pèse 
960  livres,  a  été  également  bénite  par  Mgr.  Bourget  en 
1845.  Les  parrains  et  marraines  de  cette  dernière  furent  : 
M,  Eugène  Globensky,  M.  Pierre  Laviolette  et  M.  Wilfrid 
Masson,  fils  de  l'Hon.  Joseph  Masson  ;  Madame  Pierre 
Laviolette,  Madame  Antoine  Lefebvre  de  Bellefeuille,  et 
Mademoiselle  Angélique  Lefebvre  de  Bellefeuille. 

La  première  visite  pastorale  dans  la  paroisse  Saint- 
Eustache  a  éU3  faite  par  Mgr.  Jean-Olivier  Briand,  évêque 
de  Québec,  le  trois  mars  1 773. 

Il  y  a  aujourd'hui  dans  la  paroisse  neuf  écoles,  dont  une  ' 
est  pour  les  garçons  seulement  et  les  autres  sont  pourles 
garçons  et  pour  les  filles.  De  plus,  un  excellent  couvent, 
tenu  par  les  sœurs  de  la  GongiAgation,  contient  en 
moyenne  ordinairement  quatre-vingt  à  cent  élèves.Il  existe 
aussi  un  collège  dirigé  par  les  frères  de  Saint-Viateur, 
qui  ont  succédé  aux  frèrjs  de  Saint-Joseph  lors  de  leur 
départ  en  1862.  De  plus,  une  bibliothèque  parois- 
siale d'environ  300  volumes  offre  une  lecture  instructive 
et  édifiante  aux  habitants. 

Le  sol  de  la  paroisse  est  généralement  assez  bon  sans 
être  remarquable  pour  sa  fertilité.  Les  terres,  comme 
dans  plusieurs  autres  parties  du  pays,  sont  aujourd'hui 
fatiguées  par  une  culture  qui  trop  souvent  n'a  pas  été 
conforme  aux  règles  de  l'art.  Le  sol  y  est  abondamment 
arrosé  de  rivières,  de  ruisseaux  et  de  sources  d'eau  vive, 
dont  la  plupart  coulent  même  dans  les  plus  grandes 
sécheresses  ;  l'une  de  ces  sources  possède,  dit-on,  des  pro- 
priétés médecinales  précieuses  qui  ont  été  exploitées,  mais 


?l 


140 

sans  succès,  par  un  spéculateur  malheureux.  Ces 
rivières  font  tourner  plusieurs  moulins-  dont  l'un, 
situé  à  l'embouchure  du  lac  des  Deux-Montagnes,  possède 
un  des  plus  puissants  pouvoirs  d'eau  du  pays.  Le  commer- 
ce qui  se  fait  à  Saint-Eustache  est  principalement  con- 
centré dans  le  village.  Le  commerce  de  transit  se 
borne  à  importer  de  la  ville  les  marchandises  ma- 
nufacturées et  les  denrées  nécessaires  à  la  vie,  et  à 
exporter  le  surplus  des  grains  et  des  produits  des 
fermes,  inutiles  à  la  consommation  de  la  population. 

Situéà  environ  vingt  milles  de  Montréal,  Saint-Eustache 
est  relié  à  cette  ville  par  un  bon  chemin,  dont  une 
longueur  d'environ  quinze  milles  est  macadamisée. 
Si  cette  voie  était  terminée  nous  ne  serions  plus  qu'à 
trois  heures  de  Montréal. 

Le  village  de  Saint-Eustache  est  situé  au  confluent  de  la 
rivière  du  Chêne  et  de  la  rivière  Jésus,  appelé  aussi 
rivière  des  Mille-Isles.  Ce  village  a  beaucoup  souffert 
du  combat  de  1837  et  de  l'incendie  qui  l'a  suivi  et  qui  a 
dévoré  plusieurs  des  principaux  édifices.  Quoique  depuis 
longtemps  il  se  soit  relevé  de  ses  cendres,  cependant  il 
n'a  jamais  retrouvé  sa  première  splendeur.  Suivant  M. 
Paquin,  (1)  ancien  curé  de  cette  paroisse,  le  village  Saint- 
Eustache  ou  de  la  Rivière  du  Ghô/ie  passait  de  son  temps 
pour  l'un  des  plus  beaux  du  district  de  Montréal, 
et  méritait  cette  réputation  par  son  site  et  sa  construction. 
Il  était  beaucoup  mieux  bâti  que  le  sont  ordinairement 
les  villages  des  campagnes  canadiennes.  Séparé  en  deux 
par  la  petite  rivière  du  Chêne,  qui  le  traverse  en 
serpentant,  le  village  s'étend  en  partie  sur  les  belles  rives 


(1)  Journal  historique  des  événements  arrivés  à  St-Eustache  pen- 
datit  la  rébellion  du  comté  du  lac  des  Deux-Montagnes,  &c.,  par  un 
témoin  occuiaire,  pp.  61  et  suiv. 


141 

de  cette  rivière.  Le  presbytère  se  trouve  précisément 
au  confluent  de  cette  dernière  et  de  la  rivière  des  Mille- 
Isles.  L'église,  placée  près  du  presbytère  sur  une  belle 
pointe  qui  s'avance  dans  les  eaux  noires  des  Mille-Isles, 
offre  un  joli  coup  d'oeil,  soit  de  la  rive  opposée,  soit  du 
village  dont  elle  termine  la  grande  rue,  et  à  laquelle  elle 
présente  son  imposante  façade  de  pierre  de  taille,  dont  la 
construction  est  élevée,  solide  et  dégagée.  De  chaque  côté 
de  la  façade  s'élèvent  deux  clochers  à  deux  lanternes, 
couverts  en  fer  blanc,  et  dont  les  flèches  hardies  et  bril- 
lantes annoncent  au  loin  le  temple  du  Seigneur.  Avant 
1837,  une  de  ces  tours,  nous  dit  M.  Paquin,  contenait 
un  cadran  en  bois,  ouvrage  de  M.  Vaillancourt,  excellent 
ouvrier  de  Sainte-Scholastique.  L'intérieur  de  l'église, 
continue  le  môme  auteur,  était  très-bien  orné  de  riches 
sculptures  et  de  beaux  tableaux.  La  sculpture  et  les 
colonnades  étaient  richement  dorées.  Lorsqu'on  entrait 
dans  l'église  on  était  d'abord  frappé  par  l'aspect  d'une 
statue  de  St.  Eustache,  de  grandeur  naturelle,  placée 
derrière  le  maître-autel  qu'elle  dominait.  Le  coup-d'œil 
qu'offrait  cette  statue  dorée  à  l'antique,  la  colonnade  qui 
entourait  le  chœur  et  les  tableaux  qui  l'ornaient,  firent 
une  profonde  impression  sur  les  premières  personnes  de 
l'armée  qui  entrèrent  dans  cette  église  après  le  combat 
du  14  décembre  1837.  Plusieurs  officiers  s'arrêtèrent, 
saisis  d'étonnement  à  la  vue  de  cette  statue  que  les  bou- 
lets semblaient  avoir  respectée;  car  ils  avaient  frappé 
tous  les  murs  à  l'entour  et  s'étaient  abattus  près  de  l'autel. 

A  quatre-vingt-dix  pieds  de  l'église  s'élevait  le  couvent 
relié  au  temple  par  un  mur  en  ùerre  haut  de  dix  pieds. 
Ce  couvent  qui  avait  55  pieds  du  longueur  sur  une  pro- 
fondeur de  36  pieds,  fut  construit  par  M.  Paquin. 


\ 


II 


141 

de  cette  rivière.  Le  presbytère  se  trouve  précisément 
au  confluent  de  cette  dernière  et  de  la  rivière  des  Mille- 
Isles.  L'église,  placée  près  du  presbytère  sur  une  belle 
pointe  qui  s'avance  dans  les  eaux  noires  des  Mille-Isles, 
offre  un  joli  coup  d'œil,  soit  de  la  rive  opposée,  soit  du 
village  dont  elle  termine  la  grande  rue,  et  à  laquelle  elle 
présente  son  imposante  façade  de  pierre  de  taille,  dont  la 
construction  est  élevée,  solide  et  dégagée.  De  chaque  côté 
de  la  façade  s'élèvent  deux  clochers  à  deux  lanternes, 
couverts  en  fer  blanc,  et  dont  les  flèches  hardies  et  bril- 
lantes annoncent  au  loin  le  temple  du  Seigneur.  Avant 
1837,  une  de  ces  tours,  nous  dit  M.  Paquin,  contenait 
un  cadran  en  bois,  ouvrage  de  M.  Vaillancourt,  excellent 
ouvrier  de  Sainte-Scholastique.  L'intérieur  de  l'église^ 
continue  le  môme  auteur,  était  très-bien  orné  de  riches 
sculptures  et  de  beaux  tableaux.  La  sculpture  et  les 
colonnades  étaient  richement  dorées.  Lorsqu'on  entrait 
dans  l'église  on  était  d'abord  frappé  par  l'aspect  d'une 
statue  de  St.  Eustache,  de  grandeur  naturelle,  placée 
derrière  le  maître-autel  qu'elle  dominait.  Le  coup-d'œil 
qu'offrait  cette  statue  dorée  à  l'antique,  la  colonnade  qui 
entourait  le  chœur  et  les  tableaux  qui  l'ornaient,  firent 
une  profonde  impression  sur  les  premières  personnes  de 
l'armée  qui  entrèrent  dans  cette  église  après  le  combat 
du  14  décembre  1837.  Plusieurs  officiers  s'arrêtèrent, 
saisis  d'étonnement  à  la  vue  de  cette  statue  que  les  bou- 
lets semblaient  avoir  respectée;  car  ils  avaient  frappé 
tous  les  murs  à  l'entour  et  s'étaient  abattus  près  de  l'autel. 

A  quatre-vingt-dix  pieds  de  l'église  s'élevait  le  couvent 
relié  au  temple  par  un  mur  en  ûerre  haut  de  dix  pieds. 
Ce  couvent  qui  avait  55  pieds  du  longueur  sur  une  pro- 
fondeur de  36  pieds,  fut  construit  par  M.  Paquin. 


I 


I 


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I  ■ 


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142 

"  La  pierre  nécessaire,  dit  le  Dr.  Meilleur  (1),  pour  la 
bâtisse  de  cette  maison  d'éducation,  fut  amenée  par  cor- 
vée sur  les  lieux,  en  décembre  de  l'année  1828,  et  j'ai  eu 
le  plaisir  d'y  prendre  part,  pendant  toute  une  semaine,  en 
conduisant  ma  propre  voiture.  Les  principaux  habitants 
du  village  de  Saint-Eustache  en  firent  autant,  ayant  à 
leur  tête  leur  digne  curé.  Cette  pierre  fut  tirée  des  dar- 
rières  de  la  côte  Saint-Joseph,  formant  partie  d'une  nou- 
velle paroisse,  ayant  pour  premier  curé  Messire  F.  Bour- 
geault,  élève  distingué  du  Collège  de  l'Assomption.  " 

La  bâtisse  était  en  pierre  piquée;  lors  du  combat  et  de 
l'incendie  du  14  décembre  1837,  ello  venait  d'être  ache- 
vée, et  allait  être  ouverte  à  l'éducation  des  jeunes  filles, 
sous  la  direction  des  sœurs  de  la  Congrégation  de  Notre- 
Dame.  Cet  édifice  avait  deux  étages  très-bien  disposés, 
des  mansardes  propres  à  en  former  un  troisième,  et  des 
dépendances  fort  commodes.  Les  insurgés,  en  1837,  s'en 
étant  emparés,  et  ayant  fait  feu  des  fenêtres  du  couvent 
sur  les  troupes  anglaises  commandées  par  Sir  John 
Colborne,  celles-ci  y  mirent  le  feu,  et  l'édifice  fut  presque 
complètement  détruit.  Dansle  cours  de  l'année  suivante, 
en  1838,  l'église  étant  en  ruines,  on  fit  au  couvent  les 
réparations  les  plus  urgentes  afin  de  le  mettre  en  état  de 
servir  temporairement  de  chapelle.  Le  service  divin  se 
fit  dans  ce  lieu  jusqu'en  1840,  époque  où  les  paroissiens 
de  Saint-Eustache  purent  rentrer  dans  leur  église,  dont  on 
avait  refait  la  couverture  et  réparé  l'extérieur,  mais  dont 
l'intérieur  restait  inachevé. 

Enfin,  on  mit  la  dernière  main  au  couvent  en  1849, 
et  des  sœure  de  la  Congrégation  en  prirent  possession  le 
10  septembre  de  la  môme  année.  Elles  l'occupent  encore 
aujourd'hui  à  la  satisfaction  de  tous. 

(I)  Mémorial  de  Vèducalion,\}.  196. 


v\. 


143 


A  quelque  distance  du  couvent,  fesant  face  au  pres- 
bytère, se  trouvait,  sur  un  site  élevé,  la  maison 
seigneuriale,  Mtio  en  pierre  de  taille,  à  deux  étages. 
Elle  dominait  la  rivière  des  Mille-Isles,  ainsi  que  le  cou- 
vent et  l'église.  Devant  cette  maison  se  trouvait  un  joli 
parterre.  Tout  le  terrain  qui  se  liouvait  entre  ce  parterre 
et  le  presbytère,  devant  l'église  et  le  couvent,  formai  une 
jolie  promenade  fort  bien  pavée  et  toujours  propre. 
En  face  de  l'église,  à  l'un  des  angles  de  la  grande 
rue,  se  trouvait  la  demeure  de  Jacques  Dorion.  Cette 
maison  et  ses  dépendances  en  bois,  bien  peintes  et 
bien  propres,  ne  déparait  en  rien  cette  jolie  place.  A 
l'angle  opposé  de  la  rue  était  l'ancienne  maison  sei- 
gneuriale devant  laquelle  il  y  avait  de  fort  beaux 
arbres.  Dans  la  grande  rue  qui  traverse  tout  le  village 
se  trouvait,  surtout  dans  la  partie  qui  avoisine  l'église  et 
qui  a  été  consumée,  un  grand  nombre  de  jolies  bâtisses 
parmi  lesquelles  se  distinguait  surtout  celle  de  W.H.Scott, 
ancien  député  du  comté.  Celte  maison,  qui  existe  encore, 
fut  construite  il  y  a  quelques  années,  dit  M.  Paquin,  par 
le  Dr.  Labrie.  Sur  une  pointt  parallèle  à  celle  où  l'église 
est  construite,  en  face  du  jardin  du  presbytère,  on  voyait 
la  maison  du  Dr.  Chénier,  qui  avait  servi  autrefois  à  un 
célèbre  pensionnat  de  jeunes  filles,  établi  par  le  Dr. 
Labrie.  C'était  une  vaste  construction  en  bois,  environnée 
d'une  galerie  cou  verte  et  agréablement  située  au  confluent 
des  deux  rivières. 

Un  beau  pont  très-solide,  à  deux  arches,  joint  ensemble 
la  partie  du  village  où  se  trouve  l'église  et  celle  où  était 
la  maison  du  Dr.  Chénier.  Ce  poiU,  depuis  tombé  de 
vétusté  en  1802,  a  été  aussitôt  rel)âti  plus  solidement 
qu'auparavant. 


^3 


ftilH 


144 

Tel  était  le  village  Saint-Eustache  avant  1837.  Si  nous 
en  avons  donné  une  description  un  peu  longue,  c'est 
qu'elle  était  nécessaire  pour  mettre  le  lecteur  en  état  de 
bien  comprendre  le  combat  de  1837,  qui  sera  bientôt 
raconté,  et  la  position  qu'occupaient  les  divers  corps  de 
troupes. 

L'incendie  de  1837  a  détruit  la  plupart  des  bâtisses 
remarquables  qui  ont  été  énumérées  plus  haut  ;  quelques 
unes  ont  été  reconstruites,  mais  plusieurs  ne  l'ont  pas 
été.  On  voit  encore  leurs  ruines  qui  donnent  au  village 
■un  aspect  triste  et  mélancolique,  monument  durable  des 
désastres  que  cause  toujours  la  guerre  civile.  Ainsi 
l'ancienne  maison  seigneuriale,  la  résidence  du  Dr. 
Chénier,  celle  de  M.  Jacques  Dorion,  etc.,  n'ont  pas  été 
rétablies.  L'église,  dont  il  ne  restait  que  les  quatre  murs 
après  le  feu,  a  été  reconstruite  sur  le  plan  de  celle  qui  avait 
brûlé  ;  elle  a  été  achevée  sous  M.  le  curé  Moreau.  De 
même,  le  couvent  et  le  presbytère  ont  été  rebâtis  ;  mais 
celui-ci  au  lieu  d'être  à  angle  droit  avec  l'église,  est  sur 
une  ligne  droite  avec  celle-ci.  Le  site  de  la  maison 
seigneuriale  est  occupé  maintenant  par  la  résidence  de  M. 
Joseph  Lefebvre  de  Bellefeuille.  (1)  Grâce  aux  soins  et  à 
l'activité  de  plusieurs  curés  et  principalement  de  M,  le  curé 
Moreau,  l'église  a  été  très-bien  réparée.  Cependant,  en 
examinant  l'extérieur  attentivement,  on  remarque  que 
le  portail  est  encore  criblé  des  marques  des  boulets  et  des 
balles  lancés  contre  les  insurgés  qui  s'y  étaient  réfugiés. 
D'après  les  anciens,  l'église  actuelle  est  loin  d'être  aussi 
belle  et  aussi  richement  décorée  que  l'était  l'ancienne. 


(l)  Père  de  M.  le  Chevalier  de  Bellefeuille.  (L.) 


145 

n 

Le  premier  curé  ou  desservant  de  Saint-Eustache  a  été 
M.  François  Petit.  L'on  ne  possède  que  peu  de  détails  sur 
sa  vie  ;  l'on  ignore  môme  à  quelle  époque  exacte  il  arriva  à 
Saint-Eustache  ;  on  sait  seulement  qu'ildemeura  en  charge 
de  la  paroisse  pendant  une  partie  de  l'année  1768,  jusqu'au 
mois  d'octobre  17  X  La  Liste  Chronologique  des  Evéques  et 
des  Prêtres  du  Canada^  par  M.  Noiseux,  nous  dit  que  M.  Petit 
a  été  ordonné  prêtre  le  18  septembre  1745.  (1)  M.  l'abbé 
Tangnay  place  cette  ordination  au  12  juin  1745.  (2) 
D'après  le  môme  auteur,  il  fut  nommé,  en  1749,  curé  de 
Lotbinière  (3).  Les  registres*  de  la  paroisse  de  Saint- 
Eustache  qui,  comme  nous  l'avons  déjà  dit,  datent  du  23 
novembre  1768,  ont  été  ouverts  sous  lui  ;  c'est  sa  signa- 
ture que  l'on  rencontre  la  première.  Il  est  bien  probable 
que  l'arrivée  de  M.  Petit  à  Saint-Eustache  n'a  pas  précédé 
de  longtemps  la  première  date  des  registres. 

En  laissant  Saint-Eustache,  il  alla  à  Repentigny,  (iont 
il  fut  le  curé  pendant  six  ans.  M.  Joseph  Etu,  avocat,  de 
Repentigny,  dit  dans  ses  Recherches  Archéologiques  sur 
cette  paroisse,  que  le  premier  acte  fait  par  M.  Petit  à 
Repentigny  est  du  premier  octobre  1769,  et  le  dernier  du 
premier  septembre  1775. 

M.  Petit,  est  mort  à  Repentigny  le  29  juillet 
1787,  à  l'âge  de  64  ans.  La  Liste  Chronologique^  etc., 
dit  le  20  juillet  1787  ;  c'est  une  erreur.  Il  fut  inhumé 
le  30  du  môme  mois  dans  l'église  de  Repentigny. 
Furent  présents  à  son  enterrement  MM.  Pierre-Laurent 


(t)P.  24. 

(2)  Répertoire  Général,  etc.,  p.  108. 

(3)  Do        do 


«ir  :  '^ 


146 

Bédard,  Jean-Baptiste    Pétrimoulx,  Claude  Carpentier 
et  Antoine-Emérie  Lemaire-St-Germain,  prêtres. 

III 

Après  le  départ  de  M.  Petit,  en  octobre  1769,  le  R.  P. 
Félix  Berey,  religieux  franciscain,  fut  chargé  de  la  des- 
serte de  la  paroisse  Saint-Eustache.  L'histoire  nous  a 
conservé  sur  la  vie  de  ce  vénérable  prêtre  plus  de  détails 
que  sur  celle  de  son  prédécesseur;  nous  allons  résumer 
rapidement  tout  ce  que  nous  avons  pu  recueillir. 

Le  R.  P.  Berey  naquit  à  Montréal  le  10  juin  1720  et 
fut  baptisé  sous  les  noms  de  Claude-Charles  de  Berey 
des  Essarts.  Il  était  d'extraction  noble  et  fils  de  Fran- 
çois de  Berey,  sieur  des  Essarts,  officier  dans  les  troupes 
de  la  colonie.  Les  auteurs  qui  ont  parlé  du  P.  Berey  ne 
s'accordent  pas  sur  la  manière  d'écrire  son  nom.  Les 
uns,  comme  M.  Barthe  (1),  l'appellent  Bcrry:  d'autres, 
comme  Pierre  du  Calvet  (2),  le  nomment  Félix  Berré  ; 
quelques  uns  Félix  de  Berrey  (3)  ;  plusieurs  retranchent 
la  particule  de  et  disent  Félix  Berrey;  M.  de  Gaspé,  dans 
ses  Mémoires  (4),  l'appelle  le  Père  de  Bérey  ;  la  plupart  lui 
donnent  le  nom  unique  de  Félix.  Toutes  ces  différentes 
orthographes  me  semblent  inexactes.  Son  vrai  nom  est 
Claude-Charles  Berey.  C'est  l'orthographe  que  M.  le 
Commandeur  Jacques  Viger  adopte  ;  c'est  celle  que  nous 
avons  trouvée  nous-môme  dans  les  registres  de  la 
paroisse  Saint-Eustache,  et  aussi  à  Saint-François  du 
Lac,  d'après  ce  que  nous  écrit  M.  J.   Paradis,  le  curé 


{\)  Le  Canada  reconquis,  etc.,  p.  69. 

(2)  The  case  of  Peter  du  Calvet,  p.  250. 

(3)  Dr.  Meilleur,  Mémorial  de  VEducation,  p.  9. 

(4)  P.  62  et  suiv. 


'^        147 


actuel.  Des  actes  que  l'on  trouve  dans  les  registres  de 
Beauport  s'accordent  avec  M.  Viger  peur  le  nom  de 
Charles,  mais  ils  omettent  celui  de  Claude.  Après  son 
entrée  au  couvent,  le  P.  Berey,  suivant  l'usage  des  Fran- 
ciscains, prit  pour  nom  de  religion  celui  de  Félix.  C'est 
ce  que  nous  dit  une  note  dans  les  registres  de  Beauport  : 
"Charles  Berey  surnommé  Félix,  religieux  de  Saint- 
François."  C'est  depuis  ce  moment  qu'il  porta  le  nom 
de  Félix  par  lequel  il  est  plus  généralement  connu.  '  Il 
est  certain  qu'il  abandonna  la  particule  de  avant  son  nom. 
Nous  avons  vu  à  Saint-Eustache  sa  signature  écrite  au  bas 
de  plusieurs  actes  de  l'état  civil,  et  elle  est  toujours  inva- 
riablement comme  suit  :  Félix  Berey  pire.  rec.  mis.  On 
retrouve  aussi  la  môme  signature  à  Saint-François  du 
Lac  où  le  révérend  père  a  été  curé,  comme  nous  le  disons 
plus  bas. 

Nous  n'avons  pas  pu  avoir  la  date  exacte  de  son  ordi- 
nation. La  Liste  Chronologique  de  M.  Noiseux  dit  bien 
qu'elle  eut  lieu  le  21  décembre  1743.  Cette  date  s'accorde 
avec  celle  donnée  par  M.  Tanguay  (1)  ;  mais  nous  ne  pou- 
vons en  admettre  l'exactitude.  On  voit,  en  effet, 
par  les  registres  de  la  paroisse  de  Beauport  que  le  P. 
Berey  a  desservi  momentanément  cette  paroisse  avant  la 
date  donnée  comme  celle  de  son  ordination  par  les 
auteurs  que  nous  venons  de  nommer  ;  deux  actes,  l'un 
du  9  février  1743,  et  l'autre  du  2  mai  de  la  môme  année, 
sont  signés  de  son  nom  ;  il  faut  donc  qu'il  ait  été  fait 
prêtre  en  1742  ou  dans  les  premiers  jours  de  l'année 
1743.  Cependant  M.  Jacques  Viger,  en  disant  dans  son 
Archéologie  Religieuse^  que  le  P.  Berey  mourut  le  18  mai 
1800,  ajoute  qu'il  avait   alors  56  ans  de  prêtrise;  cela 

(1)  Bépertoire,  etc.  p.  107. 


m         147 

■actuel.  Des  actes  que  l'on  trouve  dans  les  registi-es  de 
Beauport  s'accordent  avec  M.  Viger  peur  le  nom  de 
Charles,  mais  ils  omettent  celui  de  Claude.  Après  son 
entrée  au  couvent,  le  P.  Berey,  suivant  l'usage  des  Fran- 
ciscains, prit  pour  nom  de  religion  celui  de  Félix.  C'est 
ce  que  nous  dit  une  note  dans  les  registres  de  Beauport: 
"Charles  Berey  surnommé  Félix,  religieux  de  Saint- 
François."  C'est  depuis  ce  moment  qu'il  porta  le  nom 
de  Félix  par  lequel  il  est  plus  généralement  connu.  '  Il 
est  certain  qu'il  abandonna  la  particule  de  avant  son  nom. 
Nous  avons  vu  à  Saint-Eustache  sa  signature  écrite  au  bas 
de  plusieurs  actes  de  l'état  civil,  et  elle  est  toujours  inva- 
î  riablement  comme  suit:  Félix  Berey  pire.  rec.  mis.  On 
retrouve  aussi  la  môme  signature  à  Saint-François  du 
Lac  où  le  révérend  père  a  été  curé,  comme  nous  le  disons 
plus  bas. 

Nous  n'avons  pas  pu  avoir  la  date  exacte  de  son  ordi- 
nation. La  Liste  Chronologique  de  M.  Noiseux  dit  bien 
qu'elle  eut  lieu  le  21  décembre  1743.  Cette  date  s'accorde 
avec  celle  donnée  par  M.  Tanguay  (1)  ;  mais  nous  ne  pou- 
vons en  admettre  l'exactitude.  On  voit,  en  effet, 
par  les  registres  de  la  paroisse  de  Beauport  que  le  P. 
•  Berey  a  desservi  momentanément  cette  paroisse  avant  la 
date  donnée  comme  celle  de  son  ordination  par  les 
auteurs  que  nous  venons  de  nommer  ;  deux  actes,  l'un 
du  9  février  1743,  et  l'autre  du  2  mai  de  la  môme  année, 
sont  signés  de  son  nom  ;  il  faut  donc  qu'il  ait  été  fait 
prôtre  en  1742^  ou  dans  les  premiers  jours  de  l'année 
1743.  Cependant  M.  Jacques  Viger,  en  disant  dans  son 
Archéologie  Religieuse^  que  le  P.  Berey  mourut  le  18  mai 
1800,  ajoute  qu'il  avait   alors  56  ans  de  prêtrise;  cela 

(1)  Répertoire,  etc.  p.  107. 


^^1 


t't 


148      • 

placerait  la  date  de  son  ordination  en  1744,  ce  qui  me 
parait  impossible. 

Le  Dr.  Meilleur,  dans  le  Mémorial  de  l'Education,  dit 
que  le  P.  Berey  fut  ordonné  prêtre  en  1713;  l'auteur 
nous  a  depuis  informé  que  c'était  là  une  erreur  typogra- 
phique, et  qu'il  plaçait  l'ordination  du  P.  Borey  en  1743. 

On  retrouve  encore  le  P.  Berey  à  Beauport  lo  10  jan- 
vier 1744,  le  7  septembre  1783,  en  1790,  et  le  13  avril 
1791. 

Il  fut  aussi  pendant  quelque  temps  à  la  paroisse  de 
Saint-François  du  Lac,  non  comme  curé  on  titre,  mais  en 
qualité  de  desservant,  pendant  la  dernière  maladie  du 
curé,  M.  Jean-Baptiste  Dugast,  et  quelques  mois  aj)rès.  M. 
Jean-Baptiste  Dugast  avait  été  curé  de  Saint-François  du 
Lac  pendant  près  de  45  ans,  et  s'étant  trouvé  malade  au 
commencement  de  l'année  1763,  le  P.  Berey  lui  fut 
envoyé  comme  desservant  par  l'administrateur  du  dio- 
cèse de  Québo'C,  le  siège  épiscopal  étant  alors  vacant.  M. 
Jean-Baptiste  Dugast  mourut  le  11  de  mai  de  la  môme 
année,  et  le  P.  Berey  continua  de  desservir  la  paroisse 
jusqu'à  l'époque  où  M.  Parent  vint  le  remplacer  en  qua- 
lité de  curé  en  titre  de  Saint-François  du  Lac.  En  laissant 
cette  dernière  paroisse,  le  P.  Berey  se  rendit  à  Chambly, 
dont  il  fut  le  vingt-deuxième  curé,  depuis  le  28  août  1763 
jusqu'au  4  octobre  1769.  De  Chambly  il  alla  au  mois 
d'octobre  1 769,  à  Saint-Eustache,  dont  il  fut  le  second  curé 
ou  desservant.   Il  y  resta  jusqu'au  15  mai  1775. 

Le  P.  Berey,  pendant  l'espace  de  temps  qu'il  fut  à  Saint- 
Eustache,  paraît  avoir  déployé  une  grande  activité.  Il  a 
fait  bâtir  en  1774  le  premier  presbytère  en  pierre  qui  se 
trouvait  près  de  l'emplacement  où  est  le  presbytère  actuel  ; 
mais  au  lieu  d'être  en  ligne  avec  l'église  que  l'on  voit 
aujourd'hui,  il  formait  un  angle  droit  avec  la  ligne  de 


•  149 

cet  édifice,  qui  n'a  été  construit  que  quelques  années  plu» 
tard.  Ce  presbytère,  d'après  M.  Viger,  servait  tout  à  la 
fois  de  chapelle  et  de  résidence»  au  curé. 
-  Suivant  M.  de  Gaspé,  (1^  le  Père  Berey  avait  été  aumô- 
nier d'un  régiment  et  avait  môme  été  blessé  en  adminis 
trant  les  mourants  sur  le  champ  de  bataille.  (2)  En  1796, 
suivant  M.  Tanguay,  il  devint  commissaire  provincial  et 
derniersupérieur  des  Franciscains  réformés  en  Canada  (3) 
Suivant  d'autres  auteurs,  il  était  revêtu  de  cette  dignité  dès 
1782,  pendant  l'emprisonnement  de  Pierre  du  Galvet.  (4) 

En  cette  qualité,  et  aussi  par  ses  talents,  sa  naissance 
et  son  mérite  personnel,  il  a  joui  auprès  des  autorités  de 
son  temps,  d'une  considération  qu'augmentaient  encore 
son  esprit  vif  et  pétillant,  sa  conversation  enjouée,  et  ses 
bons  mots,  dont  quelques  uns  sont  venus  jusqu'à  nous. 
Les  relations  amicales  qu'il  ne  cessa  d'entretenir  avec  les 
gouverneurs  anglais,  à  Québec,  lui  ont  créé  des  ennemis, 
comme  nous  le  verrons  plus  tard  ;  on  l'a  accusé, 
de  môme  que  Monseigneur  Plessis,  de  servilisme, 
de  bassesse  môme  ;  nous  essayerons  de  faire  voir 
que  ces  reproches  sont  quelquefois  complètement  faux, 
et  qu'ils  sont  toujours  exagérés.  Il  fut  l'ami,  il  est  vrai, 
de  plusieurs  i»ersonnages  constitués  en  dignité;  mais, 
assurément,  il  n'y  a  là  rien  de  repréhensible  ;  au  con- 
traire, ces  rapports  bienveillants  pouvaient  peut-être 
contribuer  à  améliorer  la  position  de  l'Église  canadienne 
qui,  dans  le  temps,  était  loin  de  jouir  de  toute  la  liberté 
et  de  toute  la  sécurité  désirables.    Qui  sait,  même,  si  le 

{l)  Les  Anciens  Canadiens,  p.  403. 

(2)  Foyer  Canadien,  1865,  p.  288. 

(3)  Bibaud,  Panthéon  Canadien,  p.  30  —Tanguay  Rep.  p.  107. 
<4)  The  Case  of  Peler  Du  Calvel,  p.  250. 


•i 


^'y 


150 

P.  Berey  n'espérait  pas,  en  se  faisant  des  amis  puissants,  . 
gagner  l'esprit  du  gouvernement  anglais  et,  par  lày4 
protéger  l'existence  de  son  ordre  menacé  de  ruine  dans  le  ) 
Canada? 

M.  Bibaud  dit  que  le  Père  Bercy  était  un  homme., 
de  grands  talents  et  doué  d'une  vaste  éducation,  (l)  C'est. ^ 
aussi  ce  que  nous  assure  M.  de  Gaspé.    II  réclama  contre  i, 
la  proposition  de  M.  de  Lacorne  St.  Luc  d'exclure   les^ 
communautés  religieuses  du  bénéfice  de  Vllabeas  Corpus,  j 
(2)  ce  qui  aurait  été  assurément  une  injustice  manifeste.  ^ 
Comme  nous  l'avons  déjà  remarqué,  il  jouissait  dans  son 
temps  d'une  grande  considération  auprès  des  autorités 
anglaises,  de  qui  il  recevait,  dit  M.  de  Gaspé,  un  traite- 
ment de  £500.    C'était  sans  doute    une  compensation 
pour  les  biens  dont ':a  communauté  avait  été  dépouillée.  On 
lit  dans  ).e  mémoire  de  Pierre  du  Galvet,  (3)  peu  intéressé  ^ 
à  le  flatter,  que  le  Père  Berey  allait  souvent  chez  le  gou- 
verneur,  le    général    Haldimand,    non-seulement    aux 
réceptions  officielles,  mais  aussi  à  des  réunions  intimes  : 

"  Ilaviug  seen  him  (P.  Berey)  very  oftcn  at  the  castle  of! 

St.  Lewis^  not  only  at  the  governor's  public  levées^  but  in 
his  private  parties^  the  said  commissary  (P.  Berey)  being 
one  of  his  Exccllcncy's  créatures  and  favourites."  (4) 

On  sait  que  le  gouvernement  anglais  s'était  emparé  du  . 
couvent  des  Récollets  à  Québec  et  en  avait  fait  une  espèce  ■. 
de  prison  d'état,  dans  laquelle  Pierre  du  Calvet,  accusé 
de  conspiration  et  de  haute  trahison,  fut  détenu  pendant  , 
un  certain  temps.    Des  écrivains  mal  inspirés  ont  v^ulu  , 

(1)  Panihéon  Canadien,  p.  30. 

Ci)  Panthéon  Canadien.  \>.^(i. 

(Z)  The  case  of  Peter  Du  Caiv€l,ii.ToO. 

(4)  Id.,  p.  250.  . 


151 


s  intimes 


rendre  les  Pères  Récollets,  et  particulièrement  le  P. 
Berey,  leur  supérieur,  responsable  des  actes  du  gouver- 
nement d'alors,  La  conduite  des  autorités  anglaises  aurait 
été  aussi  blâmable  que  le  huguenot  Pierre  du  Galvet  (1), 
témoin  prévenu,  et  M.  J.  G.  Barlhe  (2)  veulent  le  faire 
croire,  que  cependant  aucun  homme  impartial  ne  pour- 
rait en  accuser  de  pauvres  religieux,  sur  le  point  d'être 
dépouillés  de  leurs  biens  et,  après  tout,  soumis  comme 
bien  d'autres  à  ce  qu'on  a  appelé  la  tyrannie  du  général 
Haldimand.  Il  faut  toutefois  remarquer  q^ie  l'histoire 
est  encore  loin  d'avoir  complètement  lavé  la  mémoire  dft 
Du  Galvet  des  crimes  dont  il  a  été  accusé  et  pour  lesquels 
il  a  souffert  reuiprisonnement.  De  plus,  comme  le  re- 
marque bien  justement  M.  Bibaud  (3),  l'emploi  de  la 
maison  de  ces  religieux  comme  prison  par  le  gouverneur 
anglais  n'était  pas  plus  à  leur  gré  que  le  service  de  leur 
éghse  au  culte  protestant.  M.  Barthe  n'avait  assurément 
pas  fait  ces  réflexions  si  simples  et  si  justes,  lorsqu'il  a 
écrit  fes  lignes  qui  suivent  : 

"  Il  (Du  Calvel)  fut  tantôt  plongé  dans  d'humides  et  obscurs 
dongeons,  ayant  le  récoUel  Berry  pour  geôlier,  tantôt  nuitamment 
soustrait  du  sein  de  sa  famille  et  clandestinement  enseveli  dans  les 
pontons  où  le  pùru  Berry,  toujours  limier  de  police,  devait  faire  régner 
le  secret  de  la  tombe  sur  le  sort  de  l'hérétique  patriote."  (4) 

Remarquons  en  passant  que  les  humides  et  obscurs 
dongeons  dont  parle  ici  le  sympathique  auteur,  était  le 
couvent  des  Pères  Récollets  dans  lequel  ceux-ci  continu- 
aient d'habiter  même  pendant  l'emprisonnement  de  Du 
Galvet. 


(1)  7he  case  of  Peter  Du  Calvel,  p.  250. 

(2)  Le  Canada  Reconquis,  etc.,  p.  69. 

(3)  Panthéon  Canadien,  p.  31. 

(4)  Le  Canada  Reconquis,  etc.,  p.  69. 


'iSJ 


152 

Le  Père  Berey  a  encore  aujourd'hui  un  contemporain 
qui  l'a  vu  et  connu.  C'est  bien  probablement  le  seul. 
Ce  contemporain,  c'est  M.  de  Gaspé,  l'auteur  des  Anciens 
Canadiens.  Ce  vénérable  vieillard  qui,  presqu'au  terme 
de  sa  carrière,  s'est  tout-à-coup  révélé  d'une  manière  si 
brillante  à  la  littérature  canadienne,  mentionne  à  plu- 
sieurs reprises  dans  ses  ouvrages  le  nom  du  Père  Berey. 
Dans  les  Anciens  Canadiens^  il  raconte  de  lui  un  trait  à  un 
dîner  chez  le  gouverneur  Haldimand,  auquel  assistait  M. 
de  LaCorne  St.  Luc.  Dans  ses  Mémoires^  M.  de  Gaspé 
en  parle  plus  longuement  et  rapporte  diverses  anec- 
dotes sur  son  sujet  qui  doivent  naturellement  trouver  ici 
leur  plare. 

Après  avoir  raconté  la  vie  que  menaient  cc^s  pauvres 
Pères  Récollets,  dispersés  par  l'incendie  de  leur  couvent, 
M.  de  Gaspé  ajoute  : 

"  Le  Duc  de  Kent  avait  reçu  une  invitation  du  révérend  père  pour 
midi,  heure  ù  laquelle  finissait  la  parade  qui  avait  lieu  vis-à-vis  le 
couvent  dos  rccollets,  sur  le  terrain  même  où  ^^st  maintenant  ..notre 
petit  square  avec  son  jet  d'eau.  Le  père  de  Bérey  qui  avait  été 
aumônier  d'un  régiment,  qui  avait  môme  été  blessé  en  administrant 
les  mourants  sur  un  champ  de  bataille,  avait  des  goûts  et  des  alUires 
tant  soit  ]ieu  soldatesques.  11  ressemblait  un  peu  à  ce  brave  officier 
français,  qui,  dégoûté  de  l'armée,  après  quelques  années  de  service, 
avait  échangé  l'uniforme  pour  la  soutane,  et  qui,  lorsqu'il  lui  échap- 
pait un  juron,  ne  manquait  pas  d'ajouter,  en  baissant  les  yeux  : 
"  Gomme  j'aurais  dit  lorsque  j'étais  colonel  des  dragons."  Je  ne 
prétends  pas  dire  que  le  père  de  Bérey  en  faisait  autant,  mais  seu- 
lement qu'il  avait  des  allures  et  des  goûts  tant  soit  peu  soldatesques. 

••  Or  donc,  au  jour  convenu,  voulant  recevoir  dignement  le  fils  de 
son  souverain,  il  avait  fait  disposer  un  petit  parc  d'artillerie,  vrai 
chef-d'œuvre  de  mécanique  qui  devait  faire  feu  à  midi  sonnant,  au 
moment  de  l'arrivée  du  Prince  et  de  ses  aides  de  camp.  Ces  petits 
canons  d'étain  ou  de  iilomb,  montés  sur  de  jolis  affûts,  étaient  l'œu- 
vre d'un  des  frères  du  couvent,  et  devaient  tous  tonner  à  la  fois. 


contemporain 
sment  le  seul, 
ir  des  Anciens 
esqu'au  terme 
ne  manière  si 
itionne  à  plu- 
u  Père  Berev. 
jiun  trait  à  un 
uel  assistait  M. 
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diverses  anec- 
ent  trouver  ici 


vérend  père  pour 

lieu  vis-à-vis  le 

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y  qui  avait  été 

en  administrant 

its  et  des  alUires 

ce  brave  officier 

léos  de  service, 

qu'il  lui  échap- 

ssant  les  yeux  : 

■agons."    Je  no 

tant,  mais  seu- 

u  soldatesques. 

ement  le  fils  de 

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di  sonnant,  au 

np.    Ces  petits 

s,  étaient  l'œu- 

er  à  la  fois.    •' 


153 

"  Soit  que  le  Prince,  qui  était  un  grand  martinet,  comme  disent 
les  Anglais,  (car  il  allait  souvent  pendant  l'été,  suivant  l'expression 
des  soldats  de  son  régiment,  faire  la  bacchanale  dans  leurs  casernes 
dès  trois  heures  du  matin,  pour  activer  les  paresseux  à  grands  ren- 
forts de  coups  de  cannes,)  soit  que  le  Duc  de  Kent»  dis-je,  eût  assez 
discipliné  son  régiment  ce  jour-là,  ou  pour  un  autre  motif,  il  termina 
la  parade  vingt  minutes  plus  tôt  que  de  coutume,  et  enfila  dans  le 
couvent  avec  ses  aides  de  camp.  Le  père  de  Bérey,  pris  à  l'impro- 
viste  et  au  désespoir  de  n'avoir  pu  faire  jouer  ses  pièce:  d'artillerie 
au  moment  où  le  Prince  faisait  son  entrée  par  la  grande  porte  du 
couvent,  le  père  de  Bérey,  qui  était  prompt  comme  la  poudre,  s'écria 
d'un  ton  assez  bourru  : 

il — Monseigneur, on  ne  surprend  que  ses  ennemis;  je  pensais  votre 
seigneurie  trop  stricte  sur  la  discipline  pour  abréger  une  parade  afin 
de  monter  à  l'improviste  à  l'assaut  d'un  paisible  couvent  ! 

"  Le  Duc  de  Kent,  après  s'être  fait  expliquer  la  cause  de  la  mau- 
vaise humeur  du  fils  de  Saint-François,  ne  put  s'empêcher  d'en  rire 
de  bon  coeur.  Le  père  de  Bérey,  qui  ne  voulait  pas  s'être  mis  en  frais 
de  galanterie  en  pure  perte,  demanda  au  Prince  à  la  fin  du  dessert  la 
permission  de  boire  à  sa  santé.  Et  comme  il  prononçait  ces  mots  : 
"  Messieurs,  à  Monseigneur  le  Duc  de  Kent  "  une  détonation  formi- 
dable du  parc  d'artillerie,  rapprochée  près  de  la  porte  du  réfectoire, 
fit  vibrer  les  vitres  de  l'appartement. 

"On  reprochait  au  supérieur  des  récollets  d'être  par  trop  eour- 
tisan  :  on  oubliait  qu'issu  d'une  famille  noble  de  France,  il  se 
trouvait  à  sa  place  dans  la  société  qu'il  avait  fréquentée  depuis  son 
enfance,  et  que  si,  dans  les  salons  anglais,  son  habit  de  moine  et  son 
capuchon  lui  faisaient  prêter  le  flanc  à  la  raillerie,  d'un  autre  côtti 
ses  manières,  ses  connaissances  étendues,  son  esprit  fin,  délié  et 
sarcastique,  en  faisaient  un  jouteur  que  personne  n'attaquait  impu- 
nément. Il  dinait  mdine  aux  mess  des  officiers  de  l'armée  anglaise  où 
ses  saillies,  ses  bons  mots,  ses  reparties  vives,  étaient  très-appréciés. 

"  Je  ne  puis  résister  à  la  tentation  de  raconter  deux  des  bons  mots, 
entre  mille,  du  père  de  Bérey,  avant  de  prendre  congé  de  lui.  Il  était 
très-vieux  lors  de  la  captivité  de  Notre-Saint-Père  le  Pape  Pie  VII, 
et  il  était  bruit  que  Napoléon  voulait  obtenir  une  dispense  de  Sa 
Sainteté  pour  marier  les  prêtres  du  clergé  catholique,  et  même  que 
la  chose  était  décidée.  Un  mauvais  plaisant  aborde  le  vieux  père  de 

2 


154 

Bérey  dans  un  cercle  nombreux,  et  lui  dit  : —  Bonne  nouvelle  ! 
réjouissez-vous,  mon  révérend  Père  !  Napoléon  a  obtenu  du  Pape 
une  dispense  de  mariage  pour  tous  les  prêtres  du  clergé  catholique. 

" — Tu  vois  bien,  gros  sot,  dit  le  vieux  moine,  que  c'est  de  la  mou- 
tarde après  dîner. 

.  "  Un  prêtre  des  environs  de  Québec  passait  pour  avare  et  peu 
hospitalier,  préférant  dîner  à  la  table  d'autrui  que  de  recevoir  des 
convives  à  la  sienne.  Il  venait  fréquemment  à  Québec  oii  il  recevait 
bon  accueil  part  ut  où  il  se  présentait,  et  principalement  au  sémi- 
naire, à  la  cure  de  Québec,  aux  Jésuites  et  au  couvent  des  récollets. 
"  Quelqu'un  aborde  le  père  de  Bérey  dans  la  rue  et  lui  demande 
s'il  a  vu  M.  le  curé  X. — Oui,  dit  le  moine,  il  m'a  rappelé  le  lion  de 
l'Ecriture  :  circuit  quœrens  quem  devoret.'*  .^  .^ .  _  ,  ,  ..,  ,.,  . . 

Le  père  Berey  mourut  à  Québec  le  18  mai  1800  (1)  à 
l'âge  de  79  ans,  1 1  mois  et  9  jours  et  fut  inhumé  le  20.  (2) 
Quelques  uns,  parmi  lesquels  l'auteur  de  la  Liste  Chrono- 
logique^ (3)  placent  la  date  de  sa  mort  au  22  du  même 
mois  ;  mais  c'est  une  erreur. 


l!i 


Tels  sont  les  renseignements  que  nous  avons  pu 
recueillir  sur  la  vie  et  les  actes  du  R.  P.  Berey.  Quel- 
qu'incomplets  qu'ils  soient,  ils  font  cependant  assez  con- 
naître la  personne  et  le  caractère  de  ce  vénérable 
religieux,  pour  que  l'on  doive  regictter  que  l'histoire 
n'ait  pas  conservé  plus  de  détails  sur  les  événements  de 
sa  vie.  Mêlé,  comme  il  l'a  été,  aux  hommes  les  plus 
importants  de  son  teraps,  il  a  dû  connaître  bien  des  faits, 
bien  des  projets,  bien  des  mesures  d'un  intérêt  vraiment 
historique,  et  sur  lesquels  il  existe  aujourd'hui  des  lacu- 
nes regrettables.    Le  récit  de  sa  vie  aurait  d'autant  plus 

(1)  Archéologie  Religieuse,  etc.,  p.  11. — Langevin,  Noies,  etc.,  p. 
247.— Bibaud,  Panthéon  Canadien,  p.  30. 

•    (1)  Archéologie  Religieuse,  BiG.,T^.  W,  .  i, 

<3)  Iw<e  t^'?'ono/o^igMe„  etc.,  p.  23.  - 


165 


d'importance  que  le  R.  P.  Berey  a  existé  à  une  époque 
où  le  Canada  possédait  peu  d'hommes  remarquables  ;  la 
plupart  des  principales  familles  et  un  grand  nombre 
des  officiers  civils  et  militaires  avaient  émigré  après  la; 
conquête  ;  les  hommes  qui  plus  tard  ont  pris  une  part  si 
proéminente  dans  les  événements  de  notre  histoire 
n'étaient  pas  encore  formés.  Le  P.  Berey  a  justement 
vécu  dans  cet  intervalle  un  peu  obscur  de  l'histoire 
canadienne.  Déplorons  l'ignorance  dans  laquelle  ses 
contemporains  nous  ont  laissés.  Que  ce  soit  là  un  justi& 
motif  pour  engager  nos  écrivains,  nos  hommes  consti- 
tués  en  autorité,  à  recueillir  précieusement  les  faits  qui 
se  passent  aujourd'hui  fous  leurs  yeux,  faits  qui  souvent 
semblent  peu  importants,  mais  auxquels  des  événements 
subséquents,  impossibles  à  prévoir,  donnent  quelquefois, 
un  intérêt  inattendu. 


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<  «1 


n,  Notes,  etc.,  p. 


Le  troisième  desservant  de  la  paroisse  Sain  t-E  us  tache* 
a  été  Monsieur  Jean-Pierre  Davaux  Besson  de  la  Garde> 
sulpicien,  depuis  le  17  ou  le  24  mai  1775,  jusqu'au  1$ 
novembre  de  la  môme  année.  Ce  prêtre  est  généralement 
connu  sous  le  nom  de  Monsieur  Besson.  Pendant  le  temps 
qu'il  desservit  Saint-Eustache,  il  était  curé  à  Sainte- 
Geneviève  de  l'Ile  de  Montréal.  Nous  n'avons  pas  de 
renseignements  bien  précis  à  cet  égard;  cependant  il  est 
certain  que  M.  Besson  desservit  Saint-Eustache  pendant 
le  temps  que  nous  venons  de  mentionner  ;  il  est  certain 
également  que  pendant  toute  cette  époque  il  fut  curé  de 
Sainte-Geneviève  ;  et  il  est  resté  en  tradition  parmi  les 
anciens  de  cette  paroisse  que  M.  Besson  fui  chargé  par  M. 
Montgolfier,  vicaire-général,  du  séminaire  de  Montréal, 


156 

làe  desservir  rile-aux-Ghats,  le  rang  du  Lac,  dans  la 
paroisse  de  Saint-Eustache.  Nous  croyons  que  ce  ne 
serait  pas  s'écarter  de  la  vérité  historique  que  de  dire 
que  M.  Besson  à  desservi  toute  la  paroisse  de  Saint-Eus- 
tache, pendant  l'époque  que  nous  avons  mentionnée. 

M.  Besson,  né  le  12  septembre  1726,  ai  diocèse  do 
^Viviers,  arriva  en  Canada  le  23  août  1750,  et  fut  ordonné 
jprôtre  le  19  septembre  1750  (1)  ;  il  fut  le  deuxième  curé  de 
la  paroisse  de  Sainte-Geneviève  de  l'Ile  de  Montréal,et  il  le 
fut  pendant  le  long  espace  de  trente-cinq  ans.  Il  mourut 
à  Sainte-Geneviève,  le  11  avril  1790,  à  l'âge  de  64  ans,  six 
mois  après  avoir  laissé  sa  cure.  Il  fut  inhumé  jdans 
J'église  de  sa  paroisse.     :  ;       .  .;  ^   i  .j  ;  •  ;^''i.;»;  ' 

Il  semble  à  l'heure  de  sa  mort  avoir  conservé  de  bons 

.souvenirs  de  Saint-Eustache  et  de  ses  habitants  ;  car,  par 

son  testament,  il  institua  pour 'exécuteurs  testamentaires 

M.  Charles-François  Perrault,  curé  de  Saint-Eustache,  et 

Louis-Eustache-Lambert  Dumont,   seigneur   du   même 

Jieu  (2).  ,       . 


ji- 


■.  >  Il 


^Le  quatrième  desservant  fut  le  R.  P.  Antoine  Gordan 
vicaire  général,  membre  de  la  Compagnie  de  Jésus, 
depuis  le  15  décembre  1775,  jusqu'au  25  juin  1776.  Le 
P.  Gordan  avait  auparavant  été  curé  de  Laprairie  depuis 
le  trois  avril,  jusqu'au  six  octobre  1775.  Ce  n'est  qu'après 
cette  époque  qu'il  s'est  rendu  à  Saint-Eustache.    On  le 

<l)  Tanguay,  iîeper/oi:;'e  etc.,  p.  112     '  < '-^  ^    ■  :      ? 

(2)  La  plupart  de  ces  renseignements  sont  tirés  du  travail  manus- 
«crit  de  M,  l'abbé  Louis  Lefebvre,  curé  de  Sainte-Geneviève,  intitulé  : 
-"  Mémoire  sur  la  paroisse  de  Sainte-Geneviève  en  l'Ile  de  Montréal,^' 
et  déposé  dans  les  archives  de  l'évôché  de  Montréal,  où  nous  en 
Avons  obtenu  communication. 

I 


157 


trouve,  dit  M.  Tanguay,  (1)  missionnaire  à  Saint-Régîy^ 
jusqu'à  sa  mort,  que  Mgr.  Plessis  dit  être  arrivée  en  1777. 
Le  R.  P.  Gordan  arriva  en  Canada  au  mois  d'août 
1748  ;  il  mourut  le  29  juillet  1779.  Nous  avons  adopté 
pour  ce  nom  l'orthographe  de  Gordan  qu:  nous  parait  la 
plus  exacte  ;  mais  nous  devons  ajouter  que  l'on  rencontre 
quelquefois,  et  particulièrement  dans  les  archives  de  la 
paroisse  de  Saint-Eustache,  ce  nom  écrit  Gordon». 


'•.. 


VI 


Le  cinquième  desservant  fut  M.  Alexis  Pinet,  depuis  le 
26  octobre  1776  jusqu'au  18  octobre  1778.  Né  à  Saint- 
Jean,  Ile  d'Orléans,  il  fut  ordonné  prêtre  le  23  septembre 
1 775.  La  même  année,  on  le  trouve  vicaire  à  Saint-Pierre, 
Ile  d'Orléans  ;  en  1778,  curé  de  Saint-Jean,  Ile  d'Orléans, 
avec  la  desserte  de  Saint-Laurent;  ei^  1800,curé  de  Kamou- 
raska.  M.  Pinet  mourut  à  Kamouraska  le  6  juillet  1816y 
à  l'âge  de  soixante-sept  ans,  et  fut  inhumé  dans  l'église 
de  Kamouraska.  mi.-      ...    , 


.  î'M 


NU 

M.  Charles-François  Perrault  succéda  à  M.  Pinet  le  30' 
octobre  1778,  et  demeura  à  Saint-Eustache  jusque  vers 
le  22  d'août  1791,  date  du  dernier  acte  signé  de  sa  main 
dans  le  registre  des  baptêmes,  mariages  et  sépultures- 
Les  archives  de  la  paroisse  contiennent  sur  ce  prêtre  des 
renseignements  précieux  dûs  aux  recherches  de  M.. 
Paquin.  M.  Perrault  naquit  à  Québec  le  19  septembre 
1751  de  Jacques  Perrault  et  de  Charlotte  de  Boucherville. 
Il  fut  ordonné  prêtre  le  21  décembre  1776.  M.  Paquiii 

(1)  Répertoire  etc.,  p.  110.  :>  j      '  ;.  ;  v.   v 


la?'. 


X 


158 


1^ 


'dit  qu'il  démolira  à  la  cure  de  Québec,  à  titre  de  vicaire, 
jusqu'en  1778  ;  mais  M.  Tanguay,(l)qui  nous  parait  mieux 
renseigné,  le  met,  en  janvier  1777,  curé  de  Saint-Jean,  Ile 
d'Orléans,  et  en  novembre  de  la  môme  année,  curé  de 
Sainte-Croix.  Le  30  octobre  1778,  il  remplaça  à  Saint- 
Eustache  M.  Pinet. 

'  M.  Paquin  dit  que  M.  Perrault  fut  dans  cette  paroisse 
le  premier  curé  stable.  C'est  à  lui  que  l'on  doit  la  pre 
mière  église  qui  fut  bâtie  par  ses  soins  et  par  contribution 
volontaire,  ainsi  que  nous  l'avons  dit  plus  haut.  M.  Per- 
rault, disent  les  archives,  était  de  taille  moyenne,  bien 
fait,  d'une  humeur  agréable  et  enjouée  ;  il  appartenait  à 
la  famille  si  honorable  de  M.  Joseph-François  Perrault, 
ancien  protonotaire  à  Québec  et  auteur  de  plusieurs 
40uvrages  sur  l'éducation,      i   ^   :        '.- jï   •  ..; 

M.  Perrault,  après  avoir  laissé  Saint  -  Eustache, 
devint  curé  de  Saint-Laurent  de  Montréal,  jus- 
qu'à l'époque  de  sa  mort  qui  fut  causée  par  une  chute 
•;grave  qu'il  fit  en  revenant  de  Montréal.  Il  mourut  à 
Saint-Laurent  le  24  décembre  1794. 


,11, 


ïv    i 


vin 

M.  Benjamin-Nicolas  Maillou,  (non  Mailloux)^  qui  succéda 
-à  M.  Perrault,  était  né  à  Québec  la  même  année  que  ce 
•dernier,  en  1753.  11  était  fils  d'un  forgeron  qui,  singu- 
lière coïncidence,  demeurait  à  Québec  dans  la  même  rue 
que  M.  Perrault.  On  peut  supposer  que,  voisins  et  enfants 
du  môme  âge,  ils  ont  dû  se  connaître  dans  leurs  jeunes 
^années,  aller  à  la  môme  école  et  participer  aux  mômes 
jeux,  soupçonnant  peu  que,  bien  des  années  après,  l'un 
-serait  appelé  à  succéder  à  l'autre  dans  la  direction  d'une 


(1)  Réperloire,  etc.,  etc.,  p.  127. 


159 

paroisse  aussi  éloignée  du  lieu  de  leur  naissance. 
Autre  circonstance  remarquable,  M.  Maillon  fut  ordon- 
né prêtre  le  môme  jour  que  M.  Perrault,  le  21  dé- 
cembre 1776  ;  il  fut  curé  de  Saint-Eustache  depuis 
le  mois  d'août  1791  jusqu'au  19  janvier  1810.  Il  avait 
auparavant,  savoir  depuis  1788,  été  curé  des  Trois- 
Rivières.  Il  est  mort  à  Saint-Eustache  le  19  janvier  1810, 
à  l'âge  de  56  ans,  3  mois  et  20  jours  ;  il  fut  inhumé  sous 
le  sanctuaire  de  i'église.  Attaqué  fréquemment  de  la 
goutte,  il  était  devenu  infirme  depuis  plusieurs  années.' 
M.  Maillon  était  d'un  caractère  flegmatique,  égal  et 
pacifique  et  bien  digne  de  l'estime  qu'il  avait  su  s'acqué- 
rir dans  sa  paroisse.  Ses  obsèques,  auxquelles  assistaient 
quatre  de  ses  vicaires  et  dix  autres  prêtres,  furent  faites 
par  M.  Dumouchel,  curé  de  Sainte-Geneviève.  (1) 

A  la  mort  de  M.  Maillon,  la  paroisse  fut  desservie  par 
M.  René-FlavienLajus  jusqu'au  14  septembre  1810,  date 
de  l'arrivée  du  curé,  M.  Gatien.  M.  Lajusest  mort  à  Saint- 
Pierre  de  l'Ile  d'Orléans  le  13  février  1839,  à  l'âge  de  53 
ans  et  demi. 


Il 
I 


.-..,4  ■•; 


IX 


^  M.  Jean-Baptiste  Gatien,  huitième  desservant  de  Saint- 
Eustache,  naquit  à  Saint  Joseph  de  laBeauce  le  7  janvier 
1764,  de  Jean-Baptiste  Gatien  et  de  Françoise  Delisle. 
11  fut  ordonné  prêtre  le  25  mars  1787.  La  même  année, 
onle trouve  vicaire  et  secrétaire  de  Mgr.  D'Esgly  ;  enl789, 
curé  de  Sainte-Famille,  Ile  d'Orléans  ;  en  1806,  de  Sainte- 
Anne  de  Mascouche  ;  enfin  le  16  septembre  1810,  il  prit 
possession  de  la  cure  de  Saint-Eustache  qu'il  garda  jus- 
qu'à l'heure  de  sa  mort,  arrivée  le  21  août  1821,  lorsqu'il 

(1)  Archives  de  la  paroisse  Saint-Eustache.        ♦.     ,  _    .  „  .. 


160 

était  âgé  de  57  ans.  M.  Gatien  fut  inhumé  sous  le 
sanctuaire  de  l'église  du  côté  de  l'évangile,  auprès  de 
M.  Maillou,  son  prédécesseur.  Il  avait  été  frappé  d'un 
coup  de  paralysie  et  d'apoplexie  ;  il  mourut  après  six 
jours  seulement  de  maladie,  ayant  conservé  sa  connais- 
sance  jusqu'au  dernier  moment,  mais  sans  pouvoir  parler. 
M.  Gatien  était  vif,  nerveux,  d'un  tempérament  sanguin  ; 
il  passait  pour  un  homme  instruit  et  prêchait  avec 
facilité  ;  comme  ses  deux  prédécesseurs,  il  jouissait  de 
l'estime  générale.  Il  avait  fait  bâtir  à  l'église  une  tour 
qui  devait  être  d'un  goût  assez  douteux,  puisqu'on  a  cru 
devoir  plus  tard  la  détruire.  Elle  a  été  remplacée  par 
les  clochers  qui  existent  aujourd'hui.  C'est  aussi  lui  qui 
a  fait  bâtir  le  presbytère  brûlé  en  1837.  (1)    -      \ 

M.  Jean-Baptiste  Breguier  Saint-Pierrt  sulpicien,  des 
servit  la  paroisse  depuis  le  16  août  1821,  jusqu'au  4  octo- 
bre de  la  môme  année,  date  de  l'arrivée  de  M.  Paquin. 
M.  Saint-Pierre  est  mort  à  Montréal  le  3  novembre  1856. 


Monsieur  Jacques  Paquin  lui  succéda  le  quatre  octobre 
1821.  Ce  prêtre  qui  a  laissé  une  certaine  réputation 
d'homme  de  lettres,  était  né  le  9  septv3mbre  1791  à  Des- 
chambault,  district  de  Québec,  de  Paul  Paquin  et  de 
Marguerite  Marcotte.  Il  fit  ses  premières  études  chez  le 
curé  de  Deschambault,M.Denechaud,  et  alla  les  terminer 
au  collège  de  Nicole t  II  fit  sa  théologie  à  Québec  et  fut 
ordonné  prêtre  le  24  septembre  1814.  Aussitôt  après  son 
ordination  il  alla  comme  vicaire  à  Varennes,  puis  fut 
envoyé  à  Saint-François-du-Lac  comme  miôsionnaire  des 
Abénakis,  où  il  demeura  six  ans.   Vers  le  4  octobre  1 821 , 

(i)  Archives  de  la  paroisse  Saint-Eustache. 


/ 


161 


date  du  premier  acte  signé  de  sa  main  dans  le  registre* 
des  baptêmes,  mariages  et  sépultures,  il  prit  possession 
de  la  cure  de  Saint-Eustache  qu'il  desservit  pendant  vingt- 
six  ans.  Ce  fut  dans  cette  paroisse  qu'il  reçut  ses  lettres* 
d'archipretre. 

M.  Paq^in,  quoique  d'un  caractère  prompt,  fantasque^ 
original,  quelquefois  môme  excentrique,  était  générale- 
ment estimé.  D'un  tempérament  sanguin,  son  humeur 
vive  lui  causait  quelquefois  des  difficultés  avec  ses  parois- 
siens, que  son  habileté  et  son  bon  cœur  parvenaient  tou- 
jours à  apaiser  11  était  instruit  etprêchait  bien  ;  mais  ilne 
savait  pas  assez  s'adresser,  dit-on,  à  la  classe  pauvre  et 
ignorante  de  ses  auditeurs.On  dit  qu'il  était  homme  d'esprit 
et  qu'il  réussissait  bien  dans  le  madrigal  et  les  bouts-rimés.. 
Parmi  les  ouvrages  qu'il  a  écrit,  on  doit  mentionner  une- 
histoire  ecclésiastique  du  Canada  fort  considérable,  ai 
laquelle  il  avait  travaillé  pendant  les  dernières  années» 
de  sa  vie.  •  •  >     '- 

Voici  ce  qu'en  disaient  les  Mélanges  Religieux^  dans> 
la  nécrologie  consacrée  à  M.  Paquin  :         -  ,    • 

"  Au  milieu  de  toutes  ces  occupations  du  ministère,  au 
milieu  de  tous  ces  travaux  de  fondation  et  de  construc- 
tion  d'édifices  religieux,  M.  Paquin  trouva  encore  moyea 
de  consacrer  de  fréquents  moments  à  des  recherches  his- 
toriques sur  le  pays.  Mais  "  la  mort  a  des  rigueurs  à 
nulle  autre  pareilles  ;  "  elle  vient  de  nous  l'enlever  au 
moment  où  l'on  s'y  attend  le  moins  ;  elle  l'arrête  au 
milieu  de  ses  utiles  travaux  et  ne  nous  laisse  plus  qu'à 
pleurer  sur  sa  tombe....  Il  s'est  montré  bon  prêtre  et  bon 
citoyen  ;  il  a  encouragé  l'éducation  religieuse  et  profane- 
et  n'a  pas  craint  de  demander  justice  pour  les  fidèle» 
consacrés  à  ses  soins.    Ce  n'était  pas  encore  assez  pour- 


I 


H 


1 M . 
162 

lui.  Il  a  voulu  travailler  pour  le  pays  tout  entier;  il  lui 
préparait,  en  effet,  un  magnifique  présent,  œuvre  de  sos 
veilles.  Mais  la  Providence  ne  lui  a  pas  donné  le  temps 
de  compléter  sou  travail  ;  elle  Ta  retiré  du  .nilieu  do 
nous  pour  lui  donner  la  place  que  d'avance  il  s'était 
acquise  au  ciel.  Pour  nous  il  ne  nous  reste  plus  qu'à 
pleurer  la  perte  que  vient  de  faire  la  religion  et  que  la 
patrie  peut  bien  aussi  pleurer  ;  mais  en  môme  temps 
conservons  l'espérance  que  l'œuvre  patriotique  de  ce 
bon  citoyen  ne  demeurera  pas  sans  voir  le  jour,  et  que 
celui  de  nos  compatriotes  qui  sera  chargé  de  ses  précieux 
Mémoires^  se  fera  un  devoir  d'y  mettre  la  dernière  main 
v.et  d'en  faire  jouir  le  pays." 

Cet  ouvrage,  qu'il  laissa  en  manuscrit,  périt  en 
1852,  dans  l'incendie  de  Tévôché  de  Montréal,  dans  les 
/archives duquel  il  avait  été  déposé, en  attendant  i'examen 
qui  en  devait  être  fait  par  l'éveque  de  Montréal.  Ceux 
qui  ont  alors  vu  ce  travail,  nous  disent  qu'il  contenait 
.une  somme  considérable  de  faits  et  des  recherches  histo- 
riques très  précieuses  ;  sa  destruction  fut  donc  une  perte 
pour  les  lettres  canadienne:. 

M.  Paquin  a  de  plus  écrit  \.u  Journal  Historique  des  évé- 
nements arrivés  à  Saint-Eustache  pendant  la  rébellion  du 
comté  du  Lac  des  Deux-Montagues^  qui  a  été  imprimé  en 
1838  et  auquel  nous  avons  fait  plusieurs  emprunts 
-dans  le  cours  de  cette  notice. 

Le  combat  de  Saint-Eustache  eut  lieu  pendant  qu'il 
•était  curé  de  cette  paroisse  et  presque  sous  ses  yeux.  Les 
rebelles,^  ayant  établi  leur  camp  à  Saint-Eustache,  tinrent 
«n  quelque  sorte  M.  Paquin  prisonnier  dans  le  village  et 
ne  voulurent  pas  lui  permettre  de  sortir  de  la  paroisse. 
On  comprend  facilement  qu'un  homme  d'un   caractère 


É 

^^' 


163 

aussi  vif  et  aussi  impétueux  no  pouvait  pas  souffrir 
patiemment  cet  emprisonnement  arbitraire.  Il  eut,  à  plu- 
sieurs reprises,  avec  les  chefs  des  patriotes,  Girod  et  le 
Docteur  Ghénier,  des  scènes  désagréables  dont  quelques 
unes  sor.t  racontées  dans  sa  brochure. 

M.  Paquin  avait  fait  tous  ses  efforts  pour  abattre  l'ar- 
deur martiale  du  Docteur  Chénier  et  empêcher,  s'il  était 
possible,  un  combat  avec  les  troupes  anglaises  qui 
devaient  arriver  sous  peu.  Voyant  l'inutilité  de  ses  efforts, 
l'obstination  des  chefs  et  l'imminence  d'une  bataille,  il 
se  décida  à  partir  pour  Montréal.  Au  moment  môme  où 
il  se  disposait  à  se  mettre  en  route,  on  vint  l'informer 
qu'il  lui  serait  impossible  de  sortir  du  village.  Le  Doc- 
teur Chénier  avait,  pendant  la  nuit,envoyé  des  émissaires 
dans  les  différentes  côtes  pour  réunir  les  plus  déterminés 
de  ses  partisans.  Il  avait  placé  des  sentinelles  à  toutes 
les  issues  afin  que  personne  ne  put  sortir  sans  un  permis 
signé  de  sa  main.  M.  Paauin  lui  avant  fait  demander  un 
permis  de  ce  genre,  il  lui  fut  nettement  refusé.  Le  Doc- 
teur se  rendit  môme  au  presbytère,  pour  accompagner 
son  refus  de  quelques  explications,  li  dit  qu'il  croyait 
de  son  devoir  de  s'opposer  à  un  voyage  qu'il  prévoyait 
être  nuisible  à  sa  cause.  M.  Paquin  eut  alors  avec  lui 
une  conversation  longue  et  animée  dans  laquelle  il  insista 
fortement  sur  la  folie  de  la  conduite  des  patriotes  ;  il  lui 
représenta  tous  les  malheurs  qui  allaient  fondre  sur  la 
paroisse  :  le  village  serait  brûlé  et  pillé,  les  maisons  sac- 
cagées, les  habitants  tués,  etc.  Après  avoir  fait  une  pein- 
ture touchante  de  tous  les  maux  qu'ils  allaient  attirer  sur 
eux,  M.  Paquin  ajouta  avec  émotion  : 

—Je  vous  accuse  devant  Dieu  et  devant  les  hommes 
de  tous  ces  lïialheurs  ! 


■■f 


164 


•^\ 


— C'est  vovis,  M.  le  curé,  que  j'en  accuse  à  mon  tour, 
répondit  le  Docteur  Ghénier;  vous  nous  avez  nui  extraor- 
dinairement  ;  vous  êtes  la  cause  du  refroidissement  qu'é- 
'  prouvent  nos  hommes  en  ce  moment.  Vous  devriez  être  à 
notre  tête  quand  nous  irons  combattre,  pour  nous  donner 
l'absolution. 

— Moi,  faire  une  semblable  action  !  reprit  M.  Paquin, 

;  non  jamais,  ne  l'espérez  pas.    Ce  serait  agir  contre  ma 

propre  conscience,   contre  les  décisions  de  l'église  et 

contre  les  intérêts  du  gouvernement  et  du  pays.    Cette 

,  absolution  vous  damnerait  et  me  perdrait  moi-même. 

M.  Paquin  finit  en  disant  qu'il  saurait  bien  se  rendre  à 
Montréal  et  que  personne  ne  l'arrêterait. 

— Eh  !  bien,  répondit  le  Docteur  Chénier,  s'il  n'y  a 
personne  d'assez  brave  pour  le  faire,  moi-même  je  vous 

arrêterai. 
M.  Paquin  fut  obligé  de  renoncer  à  son  dessein,  et  dût 

se  résigner  à  attendre  au  milieu  de  la  plus  vive  inquié- 
tude la  fin  de  cette  situation  pénible. 

Quelques  jours  après  cette  scène,  M.  Paquin  et  son 
vicaire,  M.  Desèves,  ayant  pu  passer  au  travers  des  rangs 
des  patriotes,  se  rendirent  à  une  ferme  qui  appartenait 
au  premier,  à  environ  quarante  arpents  du  village.  Girod 
était  absent.  Lorsqu'il  revint  il  parut  fort  irrité  de  ce 
que  l'on  avait  permis  aux  deux  prêtres  de  laisser  le  pres- 
bytère, et  il  députa  immédiatement  trois  de  ses  gens 
pour  les  ramener,  leur  enjoignant  même  de  les  tuer  s'ils 
refusaient  de  venir.  Ces  trois  hommes  étaient  le  fils  de 
Jean-Baptiste  Traversis,  (1)  de  la  Grande  Frenière,  et  Fran- 
çois et  Benjamin  Cabanna,  ses  voisins. 

(l)  Le  Journal  historique  dit  Jean  Baptiste  Iraverses,  c'est  sans 
doute  une  erreur  typographique  ;  car  le  vrai  nom  est  Traversis  et 
non  Traverses.  La  famille  de  cet  homme  existe  encore  au  lieu 
indiqué  par  M.  Paquin,  et  nous  croyons  même  que  le  personnage 
dont  il  est  ici  question  est  encore  vivant. 


ise  a  mon  tour. 


dm 

'■  François  Cabanna  vit  encore  ;  nous  l'avons  fait  interro- 
ger sur  ce  fait.  Aux  questions  qui  lui  ont  été  posées,  il 
a  répondu  qu'il  avait  ordre  d'amener  M.  Paquin  seul,  non 
M.  Desèves  ;  que  ses  ordres  positifs  étaient  môme  de  tuer 
le  premier,  s'il  refusait  d'obéir.  Le  fanatisme  ou  plutôt 
l'ignorance  de  ces  hommes  était  telle,  que  Cabanna  a 
déclaré  récemment,  quand  il  a  été  questionné,  qj'il  se 
croyait  obligé,  en  conscience  et  même  en  loi,  de  tuer  M. 
Paquin.  Une  seule  considération,  dit-il,  l'a  retenu  :  c'est 
le  respect  dû  au  prêtre. 

Les  trois  émissaires  de  Girod  arrivèrent  au  do- 
maine, vers  neuf  heures  et  demi  du  soir,  armés  de 
fusils  et  de  faux  qu'ils  avaient  transformées  en  épées.  Ils 
se  présentèrent  hardiment  devant  MM.  Paquin  et  Desèves 
et  leur  transmirent  les  ordres  du  général  Girod.  M. 
Paquin,  à  qui  cette  visite  était  loin  d'être  agréable,  répon- 
dit qu'il  ne  reconnaissait  pas  l'autorité  de  M.  Girod  et 
qu'il  ne  se  rendrait  pas  à  ses  ordres.  Les  émissaires  insis- 
tèrent fortement,  mais  sans  succès.  Les  gendarmes  de 
Girod  furent  donc  obligés  de  retourner  au  camp  sans 
leurs  prisonniers.  Leur  général  les  reçut  fort  mal,  les 
ac  'ibla  de  reproches  et  d'injures  et  leur  ordonna  même 
de  repartir  sur  le  champ  et  de  tuer  les  deux  prêtres,  s'ils 
refusaient  d'obéir.  Les  trois  émissaires,  plus  modérés  que 
leur  chef,  ne  voulurent  pas  exécuter  cet  ordre  sangui- 
naire. Grâce  à  cette  louable  faiblesse,  nous  n'avons  pas 
à  enregistrer  ici  un  horrible  crime  qui  n'aurait  cessé  de 
peser  sur  la  conscience  de  ces  trois  malheureux.,  Girod 
fit  plus  tard  des  excuses  à  M.  Paquin  sur  la  violence  de 
cette  conduite,  la  rejettant  sur  la  grossièreté  de  ses 
hommes  et  la  confusion  inséparable  d'une  troupe  indis- 
ciplinée. 


fi 


166 

Le  combat  de  Saint-Eustache  ayant  eu  lieu  pendant 
que  M.  Paquin  était  curé  de  cette  paroisse,  c'est  ici  le 
lieu  d'en  parler.  ► .  *  ; 

■'-  Le  village  de  Saint-Eustache  doit  une  triste  célébrité  à 
cet  événement  funeste  qui  l'a  si  cruellement  dévasté. 
Bien  des  personnes  peut-être  n'ont  entendu  parler  de 
cette  localité  que  comme  du  théâtre  de  ce  combat.  Une 
histoire  de  la  paroisse  de  Saint-Eustache  serait  nécessai- 
rement incomplète  si  elle  ne  contenait  quelques  détails 
sur  cette  lutte  regrettable,  dont  l'issue  a  été  si  fatale 
aux  patriotes. 

Dans  l'automne  de  1837,  les  insurgés  des  paroisses  de 
Saint-Benoit,  de  Sainte-Scholastique,  de  Saint- Jérôme,  etc., 
établirent  leur  camp  dans  le  village  de  Saint-Eustache, 
au  grand  déplaisir  du  curé,  qui  ne  sympathisait  pas  avec 
eux.  A  leur  arrivée,  la  plupart  des  familles  furent 
obligées  de  fuir  pour  échapper  aux  mauvais  traitements. 

M.  Paquin  assure  dans  sa  brochure  que  les  habitants 
loyaux  de  certaines  concessions  eurent  à  essuyer  beau- 
coup de  persécutions  et  d'avanies  de  la  part  des  patriotes. 
"  On  se  porta  môme  jusqu'à  tirer  plusieurs  coups  de  fusil 
dans  les  maisons  de  deux  habitants  respectables,  Joseph 
et  Eustache  Cheval  dits  St.  Jacques,  en  haine  de  leur 
politique  ;  on  brisa  des  granges  et  des  clôtures  ;  on  fai- 
sait] presque  continuellement  des  processions  nocturnes 
pour  inquiéter  les  loyaux,  on  mutilait  leurs  animaux, 
enfin  on  les  persécuta  tellement  que  plusieurs  furent 
assez  intimidés  par  les  menaces  et  les  exemples  qu'ils 
avaient  sous  les  yeux,  qu'à  la  fin  ils  se  rangèrent  du  côté 
des  rebelles."  •     '         '      "  *-        ' 

Ces  coureurs  de  nuit  poussèrent  leur  fureur  politique 
jusqu'à  démolir  la  grange  de  M.  Paquin,  située  au  Petit 
Brûlé. 


/ 


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» 


167 

,,  Les  patriotes  s'installèrent  à  Saint-Eustache  dans  les 
,.  édifices  publics  et  dans  les  résidences  particulières  les 
3  plus  considérables,  mirent  des  sentinelles  tout  autour  du 
y,  village,  et  placèrent  un  poste  avancé  dans  la  maison  de 
^.M.  Louis  M.  Seers,  à  l'endroit  où  le  chemin  de  Sainte-Rose 
>  croise  celui  de  Saint-Eustache.  Le  Dr.  Ghénier  et  Girod 
(1)  commandaient. 


(1)  Amury  Girod,  qui  a  joué  un  certain  rôle  dans  l'insurrection  de 
1837  et  qui  a  eu  ensuite  une  si  triste  fin,  était  né  en  Suisse.  Il  arriva 
en  Canada  vers  1828,  après  avoir  passé  sa  jeunesse  dans  une  ferme- 
modèle,  et  avoir  obtenu,  disait-il,  le  grade  de  li(3utenant-colonel  de 
cavalerie  au  service  du  Mexique.  Il  était  instruit,  écrivait  bien  et 
ne  manquait  pas  d'éloquence.  Il  a  fait  plusieurs  discours  dont  au- 
cun n'a  été  conservé.  Ses  œuvres  littéraires  se  bornent  à  une  traduc- 
tion du  Traité  d'Agriculture  de  M.  Evans,  et  à  une  brochure  devenue 
rare  aujourd'hui  intitulf^e  Notes  diverses  sur  le  Bas-Canada,  (l)  Il  a 
aussi  travaillé  h  la  rédaction  d'un  journal  d'agriculture  dont  nous 
ignorons  le  titre. 

Girod  était  venu  en  Canada  pour  jouer  un  rôle,  mais  son  caractère 
violent  et  ses  emportements  fréquents  l'empêchèrent  d'acquérir  dans 
son  parti  l'influence  que  ses  talents  et  son  audace  lui  auraient  cer- 
tainement donné.  Rempli  d'ambition,  il  fut  toujours  un  embarras 
pour  les  chefs,  et  sut  se  faire  cordialement  détester  de  tous,  de  ses 
égaux  comme  de  ses  inférieurs.  D'après  le  portrait  qu'en  trace  M. 
Paquin,  Girod  était  d'un  caractère  à  la  fois  haut  avec  ses 
inférieurs,  et  rampant  auprès  de  ses  supérieurs,  .dur,  brutal, 
même  dans  son  language  ;  sans  cesse  en  querelle  avec  ses  voisins  ;  il 
ne  pouvait  conserver  un  seul  ami  ;  il  les  blessait  tous  par  ses  excès 
et  par  ses  manières.  (2) 

Girod,  suivant  le  même  auteur,  fut  d'abord  accueilli  à  Québec  par 
M.  Jos.  Frs.  Perreault,  qui  lui  confia  une  de  ses  terres  pour  y  établir 
une  ferme-modèle.  Il  n'y  fit  rien  que  des  dettes,  et  en  partit  bientôt 
débiteur  ingrat  et  insolvable  de  son  bienfaiteur.  S'éloignant  do 
Québec,  il  chercha  à  s'établir  sur  les  propriétés  de  M.  Debartzch,  à 
Saint-Charles  ;  mais  sa  renommée  l'avait  précédé  et  M.  Debartzch 
ne  se  soucia  pas  d'un  jiareil  hôte.  Girod  se  rendit  alors  à  Varennes  ; 
y  fut  accueilli  comme  patriote  par  le  Dr.  Duchesnois,  et  après  quel- 
ques temps  de  séjour,  il  épousa  la  belle-sœur  de  ce  derr:er,  Mlle. 
Ainse.  Après  son  mariage,  il  demeura  pendant  quelque  temps  sur 
la  terre  de  son  beau-père,  située  sur  l'ile  Sainte-Thérèse.    Là  il  tra- 

(i)  Bibaud,  Diction.  Historiq.  p.  13a. 
(2)  yournal historique,^.  T 


168 


Le  14  décembre  à  onze  heures  et  un  quart,  on  vint 
donner  l'alarme  ;  c'était  la  troisième  depuis  quelques 
jours.  Les  sentinelles  placées  de  l'autre  côté  de  la  rivière 
se  replièrent  sur  le  village  et  vinrent  annoncer  l'arrivée 
des  troupes.  Aussitôt,  tout  le  village  fut  en  émoi  ;  on 
sonna  le  tocsin  et  les  insurgés  se  rassemblèrent  au  nombre 
de  cinq  ou  six  cents,  pour  se  préparer  au  combat.  La 
moitié  de  l'armée  était  alors  absente  ;  car,  ne  s'attendant 
nullement  à  être  attaqués  ce  jour  là,  les  soldats  de  Girod 
s'étaient  répandus  dans  les  côtes  pour  piller  et  chercher 
des  renforts. 


vaillait  à  des  ouvrages  politiques  et  composait  des  discours  révolu- 
tionnaires pour  les  assemblées  du  comité  central,  etc.  Il  s'était  im- 
posé comme  un  fardeau  à  tous  les  chefs  patriotes  qui  le  haïssaient, 
mais  n'osaient  le  brusquer,  parcequ"il  leur  était  utile.  Lui-même 
haïssait  cordialement  M.  Papineau  et  la  plupart  de  ses  amis  ;  sou- 
vent même  en  secret  il  écrivit  contre  eux.  Il  les  flattait  au  dehors 
parcequ'il  espérait  les  voir  faire  i  ne  révolution  et  qu'il  comptait  par 
là  se  procurer  une  position  avan:  ageuse. 

Dès  !es  commencements  de  l'agitation,  il  y  prit  une  part  fort  active. 
Voyant  qu'il  ne  pouvait  réussir  à  soulever  Varennes  où  il  n'avait 
aucune  influence,  il  entreprit  d'agiter  la  paroisse  de  la  Pointe-aux- 
Trembles  oii  il  se  rendait  régulièrement  deux  fois  par  semaine  pour 
haranguer  les  jeunes  gens  et  les  dresser  aux  exercices  militaires.  Il 
se  trouvait  à  Montréal  le  jour  du  conflit  entre  les  Fils  de  la  Liberté  et 
le  Doric  Club,  Il  fut  un  des  auteurs  de  l'assemblée  et  l'un  des  plus 
prompts  à  se  sauver  lorsqu'on  en  vint  aux  coups.  Lorsque  les  ar- 
restations commencèrent  et  que  M.  Papineau  eut  quitté  Montréal 
pour  aller  dans  le  sud,  il  passa  par  l'ile  Sainte-Thérèse  et  y  vit 
Girod.  Il  le  chargea  sans  doute  d'aller  dans  le  nord  seconder  les 
efforts  que  d'autres  faisaient  dans  le  sud,  car  immédiatement  après 
Girod  se  rendit  dans  le  comté  du  Lac  des  Deux-Montagnes,  y  prit  le 
titre  de  général-en-chef,  et  contribua  beaucoup  par  son  audace  et  ses 
mensonges  à  décider  les  malheureux  habitants  à  prendre  part  aux 
mouvements  qui  eurent  lieu. 

"  De  Varennes,  dit  une  correspondance  publiée  dans  la  Minerve  du 
20  juin  1865  et  dont  l'auteur  parait  bien  renseigné,  (1)  M.  Girod  se 

rendit  à  Saint-Benoit,  et  il  fut  l'hôte  de  M.  G pour  plus  de  quinze 

jours  avant  de  se  rendre  au  camp  de  Saint-Eustache,  déjà  organisé 


(i)  Cette  correspondance  est  datée  de  C,  L.  i6  juin  1865,  et  est  signée  M. 


cjuart,  on  vint 
puis  quelques 
té  de  la  rivière 
3ncer  l'arrivée 
en  émoi;  on 
Bnt  au  nombre 
i  combat.  La 
le  s'attendant 
Idats  de  Girod 
^r  et  chercher 


iiscours  révolu- 
•c.  Il  s'était  im- 
Lii  le  haïssaient, 
tile.  Lui-même 
ses  amis  ;  sou- 
Itait  au  dehors 
'il  comptait  par 

[>art  fort  active, 
es  où  il  n'avait 
la  Pointe-aux- 
r  semaine  pour 
1  militaires.    Il 
ie  la  Liberté  et 
!t  l'un  des  plus 
iorsque  les  ar- 
iiitté  Montréal 
érèse  et  y  vit 
1  seconder  les 
alement  après 
gnes,  y  prit  le 
audace  et  ses 
ndre  part  aux 

la  Minerve  du 
)  M.  Girod  se 
)lus  de  quinze 
déjà  organisé 

née  M. 


169 

C'est  ici  le  lieu  de  dire  que  dans  les  paroisses  voisines 
et  à  Montréal,  on  a  toujours  considérablement  exagéré 
les  forces  des  patriotes  ;  on  les  a  portées  par  fois  jusqu'à 
six  mille  hommes,  et  jamais  il  n'y  en  eut  au  camp  plus 
de  mille.  On  s'est  fort  trompé  aussi  sur  leurs  moyens 
de  défense  :  on  les  croyait  bien  armés,  abondamment 
pourvus  de  munitions,  et  môme,a-t-on  dit,  munis  de  plu- 
sieurs canons  de  bois  de  chêne  cerclés  en  fer.  Tout  cela 
était  faux  ou  beaucoup  exagéré  ;  il  n'y  eut  jamais 
qu'un  canon  de  bois  commencé  à  Sainl^Benoit  et  il  ne 
put  être  achevé.  Le  seul  canon  qu'eussent  les  rebelles 
était  celui  qu'ils  avaient  volé  à  la  mission  du  Lac,  et  ce 

par  quelques  ^/5  de  la  liberté,  De  Lorimier,  Peltier  et  autres  venus  de 
Montréal. 

"  A  Saint-Benoit,  Girod  se  dit  l'envoyé  de  M,  Papineau  pour 
prendre  le  commandement  des  patriotes  du  Nord,  et  ce  l'ut  à  sa  de- 
mande que  les  habitants  de  Saint-Benoit  se  soulevèrent  en  masse. 

"  Dans  ce  moment  d'émeute  générale,  il  lit  arrêter  le  Dr.  Forbes 
de  Sainte  Geneviève,  alors  en  visite  chez  moi.  Il  l'accusa  d'espio- 
nage,  ce  qui  pouvait  être  vrai  ;  il  établit  une  cour  martiale,  et  le  fit 
condamner  comme  espion  à  être  fusillé  dans  24  heures,  ce  qui  aurait 
eu  lieu,  sans  ma  forte  intervention,  et  les  menaces  que  je  fis  d'aban- 
donner la  cause. 

"  De  Saint-Benoit,  Girod  s'en  alla  à  Saint-Euslache,  où  il  trouva 
le  camp  déjà  organisé.  Il  supplanta  le  brave  Dr  Ghénier  dans  le 
commandement,  et  se  fit  reconnaître  comme  commandant-en-chef," 

"  Le  13  de  décembre  au  soir,  dit  encore  le  correspondant,  M.  Girod 
me  retint  avec  lui,  et  je  dus  coucher  chez  lui  sur  sa  demande.  Il  me 
parut  très-agité  toute  la  nuit,  car  nous  ne  pûmes  dormir.  Le  lende- 
main, aussitôt  qu'on  vint  l'avertir  que  les  troupes  anglaises  s'avan- 
çaient vers  Saint-Eustache,  de  suite  il  laissa  lo  camp  et  se  sauva  à 
Saint-Benoit,  où  il  arriva  avant  que  le  feu  se  fit  entendre  à  Saint- 
Eustache. 

"  A  Saint-Benoit,  les  patriotes  indignés  le  traitèrent  de  lâche,  pour 
avoir  ainsi  déserté  et  laissé  massacrer  le  Dr.  Chénier  et  les  siens,  et 
alors  il  fut  forcé  de  retourner  à  Saint-Eustache  avec  100  à  150 
hommes  de  Saint-Benoit,  qui  voulurent  aller  porter  secours  à  leurs 
amis  de  Saint-Eustache. 

"  Dans  la  marche  de  Saint-Benoit  à  Saint-Eustache,  il  demanda  à 
se  réchaufl'er,  et  il  entra  dans  la  maison  de  M.  Ingliss.  Pendant  qu'il 
était  là,  inapperçu,  il  s'évada  par  une  fenêtre,  et  s'enfuit  je  ne  sais 


'iPir 


170 

canon  resta  toujours  à  Saint-Bsnoit.  Quant  aux  armes 
des  insurgés,  grand  nombre  n'avaient  que  des  pierres  et 
des  bâtons,  d'autres  des  faux  changées  en  épées,  quelques 
uns  des  fusils  sans  batterie;  très- peu  d'enîr'eux  avaient 
des  armes  en  bon  ordre,  et  presque  tous  manquaient  de 
munitions. 

L'alarme  donnée  cette  fois  n'était  pas  une  fausse 
alarme.  Les  troupes  s'avançaient  réellement  sous  le 
commandement  de  Sir  John  Golborne  lui-même.  L'ar- 
mée royale  se  composait  de  deux  mille  hommes  au 
moins.    Elle  avait  huit  pièces  d'artillerie  de  campagne 


où,  avec  le  cheval  d'un  honnête  cultivateur  qu'il  prit  à  la  porte  de 
l'hôtei  Ingliss." 

M.  Paquin  fait  de  ces  événements  un  récit  un  peu  difTérent,  qu'il 
est  bon  de  ne  pas  omettre. 

Le  bravo  général  Girod,  dit-il,  après  avoir  fait  tout  son  possible 

Ï)Our  placer  ses  guerriers  dans  les  divers  postes,  et  en  avoir  même 
i'appe  plusieurs  du  plat  de  son  sabre  pour  les  empêcher  de  fuir, 
crut  qu'il  était  temps  de  songer  à  sa  propre  sûreté.  Sans  doute  il 
avait  donné  toute  sa  dose  de  courage  à  ses  troupes,  car  il  ne  lui  en 
resta  pas  assez  pour  demeurer  avec  elles.  Girod,  qui  avait  eu  des 
renseignements  positifs  sur  le  nombre  des  troupes  qui  s'avançaient, 
savait  très-bien  qu'il  ne  pouvait  leur  résister  ;  abandonnant  donc  à 
leur  sort  les  malJieureux  qu'il  avale  soulevés,  il  s'empara  d'un  fort 
bon  cheval  appartenant  à  Jean  Bte.  Proulx  dit  Clément,  et  se  mit  en 
devoir  de  se  sauver  à  toute  bride.  Il  s'arrêta  un  instant  à  la  maison 
de  M.  Eugène  Globenski,  où  il  avait  eu  son  logement,  pour  y  prendre 
quelque  chose  qu'il  avait  oublié  ;  dcns  ce  moment  un  habitant  de  la 
côte  Saint-Joseph  de  Saint-Eustache  voulut  le  tuer  ;  mais  ceux  qui 
étaient  là  l'en  empêchèrent.  Cet  homme  fut  tellement  irrité  de  ne 
pouvoir  mettre  son  projet  à  exécution,  que  de  rage  il  brisa  son  fusil 
contre  la  maison,  en  disant  aue  puisque  les  chefs  se  sauvaient  ainsi, 
il  ne  tirerait  pas  un  seul  coup  et  que  son  fusil  ne  servirait  à  personne. 
Un  autre  habitant,  nommé  Marcel  Gharbonneau,  brûla  trois  amorces 
en  voulant  faire  feu  sur  le  général  fuyard. 

"  Il  faut  que  je  lui  flambe  la  cervelle,  disait-il  ;  car  il  nous  a  dit 
assez  souvent  de  faire  feu  sur  lui,  s'il  reculait  d'un  seul  pas  et  s'il 
n'était  pas  toujours  à  notre  tête." 

Le  coup  partit  avec  la  quatrième  amorce,  mais  l'arme  avait  été 
mal  dirigée.    Girod  tournait  en  ce  moment  l'extrémité  du  village 


tant  aux  armes 
>  des  pierres  et 
ïpées,  quelques 
îir'eux  avaient 
nanquaient  de 

is  une  fausse 
îment  sous  le 
i-même.  L'ar- 
î  hommes  au 
de  campagne 

prit  à  la  porte  de 

îu  différent,  qu'il 

3ut  son  possible 
t  en  avoir  môme 
mpôcher  de  fuir, 
.  Sans  doute  il 
\,  car  il  ne  lui  en 
qui  avait  eu  des 
pli  s'avançaient, 
idonnant  donc  à 
mpara  d'un  fort 
lent,  et  se  mit  en 
itant  à  la  maison 

pour  y  prendre 
n  habitant  de  la 

mais  ceux  qui 
lent  Irrité  de  ne 
I  brisa  son  fusil 
sauvaient  ainsi, 
irait  à  personne, 
a  trois  amorces 

r  il  nous  a  dit 
seul  pas  et  s'il 

arme  avait  été 
lité  du  village 


171 

et  une  pièce  à  rockets;  il  y  avait  environ  cent-vingt 
hommes  de  cavalerie,  des  dragons  légers  de  la  reine  ou 
de  la  cavalerie  de  Montréal  ;  à  la  suite  de  l'armée  ve- 
naient un  grand  nombre  de  voitures  chargées  de  muni- 
tions, de  bagages,  de  provisions,  de  bois,  d'outils  et  d'ou- 
vriers de  toute  sorte,  pour  construire  au  besoin  des  ponts, 
couper  ou  abattre  les  obstacles,  etc.  Tout  avait  été  or- 
ganisé avec  une  prévoyance  et  une  sagesse  dignes  d'un 
général  expérimenté.  Outre  les  volontaires  de  Montréal, 
il  y  avait  avec  l'armée  royale,  une  compagnie  de  volon- 
taires de  Saint-Eustache,  forte  de  quatre-vingt-trois  hom- 
mes et  commandée  par  le  Capt.  Maxime  Globenski. 

pour' prendre  la  route  qui  conduit  à  Saint-Benoit.  Il  se  sauva  à 
toute  bride  et  sans  laisser  prendre  haleine  à  son  cheval,  jusqu'à  trois 
lieues  de  Saint-Eustacho.  Là  son  coursier  n'en  pouvant  plus  et  re- 
fusant d'avancer,  il  fut  forcé  do  s'arrêter  à  une  auberge  tenue  par  un 
M.  Inglis.  M.  Inglis  était  absent,  Girod  dit  à  sa  femme  que  ses  gens 
étaient  victorieux,  et  qu'il  allait  à  Saint-Benoit  chercher  du^tenfort 
pour  achever  de  mettre  les  troupes  en  déroute. 

— Mais,  lui  dit  la  dame,  si  vous  êtes  vrmqueurs,  pourquoi  donc  le 
feu  a-t-il  été  mis  au  village  ? 

— Ce  n'est  rien,  dit  l'intrépide  général,  nous  avons  été  obligés  pen- 
dant la  bataille,  en  repoussant  les  troupes,  de  mettre  le  feu  à  quelques 
maisons. 

Et  se  fesant  verser  un  grand  verre  d'eau-de-vie,  il  reprit  à  toute 
bride  le  chemin  du  Grand-Brulé. 

Toutefois  sa  fuite  et  sa  lâcheté  ne  le  sauvèrent  pas.  Neus  allons 
voir  comment  il  périt  misérablement.  Après  être  resté  quelques 
heures  à  Saint-Benoit  et  avoir  erré  de  côté  et  d'autre  toute  la  journée 
de  vendredi  et  celle  de  samedi,  il  se  rendit  le  dimanche  chez  l'un  de 
ses  anciens  amis,  nommé  Turcotte,  demeurant  à  la  Rivière-des- 
Prairies.  Mais  celui-ci  ne  se  souciait  guère  de  le  recevoir,  crainte  de 
se  comprome"re.  Aussi  Girod,  s'apercevant  de  sa  froideur,  partit 
pour  se  rendre  à  la  Pointe-aux-Trembles,  chez  un  ami  mtime  nommé 
Laporte.  Turcotte  aussitôt  se  mit  en  route  pour  Montréal  dans  l'in- 
tention de  dénoncer  aux  autorités  la  retraite  de  Girod.  Il  rencontra 
en  cher-iin  les  volontaires  do  la  Longue-Pointe  à  qui  il  donna  tous  les 
renseignements  qu'il  possédait.  Ceux-ci  se  mirent  immédiatement  à 
la  poursuite  du  fugitif  pour  l'arrestation  duquel  $2,000  étaient  offertes 
par  le  gouvernement.  La  maison  de  M.  Laporte  fut  fouillée  ;  mais 
Girod  en  était  parti  d'îpuis  un  instant.    Les  volontaires,  cependant, 


I 


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172 


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3^1 


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Les  troupes  anglaises  parties  de  Saint-Martin  à  six 
heures  et  demie,  n'avaient  point  pris  le  chemin  direct 
de  Saint-Martin  à  Saint-Eustache.  Le  général  savait  que 
ses  forces  étaient  attendues  par  cette  route,  que  l'on  avait 
coupé  les  ponts  et  que  le  chemin  était  obstrué  de  plu- 
sieurs embarras.  En  outre,  il  craignait  d'exposer  ses 
hommes  à  être  inutilement  massacrés,  sans  qu'ils  pussent 
se  défendre,  en  traversant  le  Grand-Bois^  entre  Saint-Mar- 
tin et  Saint-Eustache.  L'armée  se  dirigea  donc  par  la 
concession  appelée  le  Petit  Sainte-Rose.    Les  troupes  ar- 

continuant  leurs  recherches,  ne  tardèrent  pas  à  le  découvrir  à  quel- 
que distance  du  village,  sous  le  grand  pont  qui  se  trouve  au  bout  de- 
l'isle.  ftirod,  se  voyant  cerné  et  sur  le  point  d'être  pris  par  des  gens 
qui  l'auraient  infailliblement  conduit  à  l'échafaud,  se  fit  justice  à  lui- 
môme.  Il  se  brûla  la  cervelle  en  disant  :  "  Je  ne  veux  pas  mourir 
comme  mon  père  dans  les  prisons." 

Son  corps  fut  transporté  à  Montréal  sur  un  traineau  et  enterré  au 
au  coin  des  rues  Sherbrooke  et  Saint-Dominique,  là  où  est  aujour- 
d'hui IVisile  du  Bon-Pasteur.  Le  Dr.  Arnoldi  dirigeait  l'inhumation, 
accompagné  d'un  piquet  de  volontaires.  Il  ne  prit  pas  la  peine  de 
faire  mettre  la  tombe  à  une  grande  profondeur  en  terre,  "  parce  qu'on 
l'aura  bientôt  enlevée,"  disait-il.  "  D'ailleurs,  c'était  tout  ce  que  pou- 
vait mériter  ce  chien-là,"  ajouta-il. 

On  m'assure  que,  depuis,  ses  restes  ont  été  exhumés  et  déposés  sur 
un  terrain  voisin.  Toujours  est-il  qu'au  commencement  du  mois  de 
juin  1865,  on  a  fait  la  découverte  d'ossements  humains  près  du  coin 
de  la  rue  St.  Ldui  ent  et  de  la  rue  Sherbrooke.  Les  journaux  du 
temps  ont  dit,  et  cela  parait  assez  probable,  que  ces  ossements  étaient 
ceux  d'Amury  Girod.  Il  aurait  cependant  été  facile  d'éclaircir  com- 
plètement cette  quesîion,  en  faisant  un  examen  attentif  de  ces  restes, 
et  particulièrement  du  crâne  qui  devait  porter  des  traces  du  genre 
de  mort  qu'avait  subi  Girod. 

De  plus,  on  a  soulevé  la  question  de  savoir  si  Girod  s'était  réelle- 
ment suicidé,  ou  s'il  n'avait  pas  été  tué  par  un  des  volontaires  en- 
voyés à  sa  poursuite.  Ce  sont  là  autant  de  difficultés  qu'il  aurait  été 
facile  de  résoudre  ;  mais  je  ne  sache  pas  qu'on  l'ait  fait.  Voici  ce 
que  le  correspondant  M.  dit  à  ce  sujet , 

"  Quelques  jours  plus  tard,  le  Dr.  Arnoldi,  snr.,  nous  montra,  aux 
Drs.  Nelson,  Kimber,  et  à  moi,  ainsi  qu'à  d'autres,  je  pense,  l'os 
frontal  du  crâne  de  Giiod,  et  nous  fit  remarquer  l'épaisseur  plus 
qu'ordinaire  Je  cet'.e  partie  du  crâne,  et  nous  dit  qu'il  avait  fait  l'au- 
topsie du  cadavre,  et  qu'il  conservait  cette  partie  du  crâne  qu'il  nou& 


-Martin  à  six 

îhemin  direct 

rai  savait  que 

que  l'on  avait 

istrué  de  plu- 

d'exposer  ses 

qu'ils  pussent 

tre  Saint-Mar- 

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es  troupes  ar- 

lécouvrir  à  quel- 
'ouve  au  bout  de 
)ris  par  des  gens 
3  fit  justice  à  lui- 
veux  pas  mourir 

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ait l'inhumation, 
pas  la  peine  de 
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tout  ce  que  pou- 

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qu'il  aurait  été 
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us  montra,  aux 

je  pense,  l'os 

'épaisseur  plus 

avait  fait  l'au- 

râne  qu'il  nous. 


173      . 

rivèrent  à  la  rivière,  environ  à  mi-chemin  entre  Saint- 
Eustache  et  Sainte-Rose,  et  trav  aèrent  dans  un  endroit 
où  celle-ci  est  fort  large  et  s'étend  entre  nombre  de 
petites  isles.  La  glace  n'était  pas  encore  forte  ;  une 
pièce  d'artillerie  et  plusieurs  chevaux  passèrent  au  tra- 
vers, mais  on  parvint  à  les  retirer.  Crainte  d'un  autre 
accident  semblable,  on  fut  obligé  de  dételer  les  chevaux 
qui  traînaient  les  canons  et  de  tirer  les  pièces  de  loin  à 
force  de  bras.  La  cavalerie  marcha  en  file  simple,  les 
chevaux  à  dix  pieds  de  di^  ce  l'un  de  l'autre,  et  l'in- 
fanterie prit  aussi  de  gictudes  précautions  ;  enfin  les 
troupes  gagnèrent  heureusement  l'autre  bord  de  la  ri- 
vière, et,  s'étant  reformées  en  bon  ordre,  oe  mirent  en 
marche  vers  le  village,  en  suivant  le  côté  nord  de  la 
•rivière. 

Les  volontaires  de  M.  Globensky  avaient  pris  un  che- 
min plus  court  de  Saint-Martin  à  Saint-Eustache  ;  ils  ar- 
rivèrent vis-à-vis  Saint-Eustache  longtemps  avant  les 
troupes  dont  la  traversée  avaient  beaucoup  retardé  la 


montra.  Il  nous  dit  que  Girod  s'était  suicidé  à  l'arrivée  des  volon- 
taires qui  allaient  l'arrêter.  Mais  il  nous  fut  dit  aussi  que  le  volon- 
taire qui  l'aperçut  caché  près  d'une  clôture  de  jardin,  le  voyant  armé, 
le  tua  de  sa  carabine,  et  que  pour  cacher  ce  quasi-meurtre,  on  faisait 
•courir  le  bruit  que  Girod  s'était  suicidé." 

Conséquemment,  si  les  ossements  trouvés  près  de  la  rue  Sher- 
brooke étaient  ceux  de  Girod,  l'os  frontal  devait  manquer.' 

Nous  ne  possédons  aucun  renseignement  pour  nous  autoriser  à 
•dire  que  l'on  ait  constaté  cette  circonstance. 

Ainsi  périt  cet  homme  dont  les  antécédents  s^nt  encor;,  une 
•énigme,  et  dont  la  vie  en  Canada  ne  fut  qu'une  suite  d'intrigues,  d'agi- 
tations et  de  forfaits  politiques.  Il  contribua  beaucoup  par  son  au- 
dace et  ses  fourberies  aux  désordres,  aux  vols  et  aux  pillages  qui 
signalèrent  le  passage  des  patriotes  dans  plusieurs  paroisses  et  prin- 
cipalement à  Saint-Eustache.  Ce  Dont  ces  pillages  continuels  qui, 
tout  en  les  maintenant  dans  l'abondance,  leur  avaient  attiré  la  haine 
de  la  plus  grande  partie  de  la  population  au  milieu  de  laquelle  ils  se 
trouvaient. 


I 
I 


. 


174 

marche.  M.  Globensky  fit  arrêter  ses  hommes  aux 
quatre  fourches  du  chemin,  résolu  d'attendre  que  le 
reste  de  l'armée  fut  en  vue,  avant  d'avancer  plus  loin. 

C'était  cette  compagnie  seulement  que  les  insurgés 
avaient  d'abord  aperçue.  Plusieurs  rebelles  s'approchè- 
rent assez  pour  les  reconnaître  ;  Girod  partit  lui-môme  à 
cheval  pour  aller  les  examiner  ;  il  revint  et  rapporta 
qu'ils  ne  pouvaient  être  plus  de  quatre-vingt.  Il  fit  alors 
appel  aux  plus  braves  de  ses  guerriers,  et  demanda  qui 
voulait  aller  leur  livrer  combat.  Cent  cinquante  hommes 
se  présentèrent  sous  le  commandement  du  Dr.  Ghénier, 
et  partirent  pour  repousser  l'ennemi,  croyant  de  bonne 
foi  que  c'étaient  là  toutes  les  forces  dirigées  contre  eux. 
Mais  ils  furent  bientôt  tirés  de  leur  erreur.  Un  coup  de 
canon  chargé  à  mitraille,  parti  du  côte  nord  de  la  rivière, 
leur  fit  jeter  les  yeux  dans  cette  direction  et  là  ils  aper- 
çurent les  troupes  royales  s'avançant  en  bon  ordre  et  oc- 
cupant un  espace  de  deux  milles  au  moins  de  longueur. 
A  cette  vue,  leur  courage  les  abandonna,  le  désordre  se 
mit  dans  leurs  rangs,  et  ils  se  sauvèrent  à  toutes  jambes, 
les  uns  chez  eux  à  travers  les  bois,  les  autres  du  côté  du 
village,  repassant  sur  la  glace  au  travers  de  la  mitraille 
qui  en  blessa  quelques  uns. 

L'artillerie  s'étant  alors  arrêtée  avec  le  reste  de  l'armée 
sur  la  Grande-Côte^  dans  une  position  qui  domine  entiè- 
rement le  village,  elle  commença  à  en  foudroyer  les 
principaux  édifices. 

En  ce  moment,  on  aperçut  devant  le  presbytère  un 
jeune  homme  de  dix- sept  ans  au  service  de  M.  Paquin; 
resté  seul  auprès  de  cette  maison  vivement  exposée  aux 
projectiles  de  l'ennemi,  il  bravait  avec  calme  les  boulets 
et  les  balles  qui  pleuvaient  autour  de  lui.  Son  père, 
l'ayant  aperçu,  lui  cria  : 


175 


— Que  fais-tu  donc  là,  malheureux  :  pourquoi  ne  te 
sauves-tu  pas  ?  ne  vois-tu  pas  les  boulets  passer  autour 
de  ta  tt^te  ? 

— Je  ne  puis  partir,  répondit  le  jeune  homme  avec 
simplicité  ;  M.  le  curé  m'a  dit  de  garder  le  presbytère. 

Son  père  à  force  d'instance,  décida  à  pourvoir  à  sa 
propre  sûreté  oet  enfant  qui  serait  volontiers  devenu  un 
martyr  de  l'obéissance. 

Cependant,  Girod  et  le  Dr.  Ghénier  ayant  réuni  le  plus 
de  monde  qu'ils  purent  dans  le  village,  les  engagèrent 
ou  les  forcèrent  l'épée  à  la  main  d'entrer  dans  l'église. 
Ils  barricadèrent  les  portes  avec  les  poêles  et  les  bancs, 
et  firent  briser  les  vitres  afin  que  leurs  soldats  pussent 
tirer  par  les  fenêtres.  D'après  M.  Paquin,  le  Dr.  Ghénier 
se  renferma  dans  l'église  avec  seulement  60  ou  80  hom- 
mes ;  des  témoins  oculaires  nous  disent  qu'il  y  en  avait 
beaucoup  plus,  qui  n'étaient  armés  que  de  bâtons  ou  de 
faux.  D'autres  troupes  furent  postées  dans  le  presbytère, 
dans  le  couvent,  dans  le  chemin  couvert,  dans  la  maison 
de  M.  Dumont  et  dans  celle  de  W.  H.  Scott.  Le  plus 
grand  nombre  prit  la  fuite  à  travers  les  champs  et  les 
bois.  D'après  les  informations  les  plus  exactes,  il  parait 
certain  qu'il  n'en  resta  pas  plus  de  200  à  260,  pour  se  dé- 
fendre, et  encore,  sur  ce  nombre,  plusieurs  auraient 
voulu  fuir,  [mais  ils  ne  purent  exécuter  leur  dessein 
parcequ'on  les  retint  prisonniers  dans  l'église.  Quelques 
uns  de  ceux  qui  étaler  t  ainsi  enfermés  n'avaient  pas 
d'armes,  et  comme  ils  s'en  plaignaient,  le  Dr.  Ghénier 
leur  répondit  froidement:  "  Soyez  tranquilles,  il  y  en 
aura  de  \'ués,  et  vous  prendrez  leurs  fusils."  Gette  pa- 
role, si  calme  et  en  même  temps  si  énergique,  dénote  chez 
son  auteur  une  intrépidité  et  un  sang-froid  que  celui-ci, 
du  reste,  ne  démentit  jamais  dans  tout  le  cours  de  ces 


Si  i 


176 

événements.  Elle  rappelle  les  mots  les  plus  célèbres  des 
chefs  Chouans,  et  mérite  certainement  de  passer  à  la 
postérité  avec  le  nom  du  Dr.  Ghénier,  qui  fut  un  des  ca- 
ractères les  plus  nobles  et  les  plus  remarquables  de  cette 
époque  malheureuse. 

A  cette  période  du  combat,  Girod,  après  avoir  placé 
ses  hommes  dans  tous  les  endroits  favorables  à  la  dé- 
fense, disparut  de  Saint-Eustache  et  n'y  revint  plus. 

Cependant,  les  troupes  s'avançaient  par  le  côté  nord  de 
la  rivière  ;  à  onze  heures  et  trois  quarts,  elles  étaient  à 
un  mille  environ  du  village.  Ce  fut  de  là  que  partit  le 
premier  coup  de  canon,  tiré  sur  Chénier  et  sa  troupe 
lorsqu'ils  traversaient  pour  aller  à  la  rencontre  des  vo 
lontaires  de  M.  Globenski.  Quelques  coups  de  canon 
furent  ensuite  tirés  vis-à-vis  la  maison  de  J.  Bte.  Poirier  ; 
«nfm  l'artillerie  vint  se  porter  devant  la  maison  de  M. 
Félix  Paquin,  qui  est  sur  la  troisième  terre  hors  du 
village,  et  de  là  elle  canonna  longtemps  les  pa*-riotes. 
Pendant  que  l'artillerie  ébranlait  les  forts  des  rébelles. 
la  cavalerie  et  l'infanterie  s'étendaient  tout  autour  du 
village  pour  les  cerner.  Quelques-uns  des  régiments  vo- 
lontaires et  la  cavalerie  passèrent  par  derrière,  du  côté 
nord,  hors  de  la  portée  du  fusil,  et  remontèrent  jusqu'au 
point  où  la  petite  rivière  du  Chêne  partage  le  village  en 
deux  ;  là,  les  troupes  se  divisèrent  en  plusieurs  pelotons, 
descendirent  dans  le  village,  s'emparèrent  à  la  fois  de 
toutes  les  issues  et  se  portèrent  jusque  dans  le  centre  de 
la  place.  Les  volontaires  de  M.  Globenski  s'étaient  avan- 
cés sur  la  glace,  les  carabiniers  volontaires  s'y  étaient 
rendus  aussi,  et  une  autre  partie  des  troupes  entrait  dans 
le  village  par  le  côté  sud.  En  sorte  que  bientôt  les 
malheureux  insurgés  se  trouvèrent  entièrement  cernés 
6 1  hors  d'état  d'échapper.   ,.  ,     ,, 


177 


^. 


^ 


Lorsque  le  village  fut  ainsi  occupé,  un  détachement 
d'artillerie  vint  se  placer  vis-à-vis  la  maison  do  M.  Scott,  en 
face  de  Téglise  et  très-près  de  cet  édifice  (ju'il  commença 
à  battre  en  brèche.  Mais  un  feu  bien  nourri  des  insur- 
gés qui  se  trouvaient  en  dedans,  ayant  bh'ssé  quelques 
canonniers,  ils  se  retirèrent  à  une  position  plus  éloi- 
gnée, et  allèrent  se  placer  près  de  l'ancien  bureau  de 
poste,  à  l'endroit  où  la  grande  rue  fait  ui  coude.  En 
môme  temps,rartillerie,  qui  grondait  devant  la  maison 
de  M.  Félix  Paquin,  vint  se  poster  à  l'entrée  du  village, 
et  tous  les  canons  ensemMe  commencèrent  à  foudroyer 
l'église  avec  une  étonnante  rapidité.  L'ouvrage  de  ma- 
çonnerie était  extrêmement  solide  et  résista  à  un  grand 
nombre  de  boulcLs.    Les  portes  seulement  furent  brisées. 

Après  une  canonnade  de  deux  heures  environ  la  fu- 
sillade commenra.  Les  carabiniers  volontaires  comman- 
dés par  le  Capt.  Leclerc,  le  32™e  régiment  et  les  Royaux 
s'étant  approchés,  ouvrirent  sur  tous  les  édifices  occupés 
parles  rebelles  un  feu  terrible,  auquel  ('«nix-ci  répondi- 
rent d'abord  assez  vigoureusement.  ^'.;iis  bientôt  toutes 
les  maisons  occupées  par  les  insurgés  furent  prises  par 
les  troupes.  Un  nombre  considérable  de  rebelles  fut  tné. 
Le  presbytère  fut  enfoneé  et  tout  fut  mis  en  pièces.  Un 
gros  poêle  qui  se  trouvait  au  milieu  do  la  grande  salle 
ayant  été  renversé,  le  feu  qu'il  contenait  se  comnuuiiqua 
à  des  paillasses  étendues  au  milieu  de  la  place  et  dans 
un  instant  tout  fut  en  flammes.  Le  presbytère  fut  immé- 
diatement consumé,  plusieurs  individus  qui  se  trouvaient 
cachés  dans  les  caves  périrent  suffoqués  ou  brnlés.  M. 
Félix  Paquin,  entr'autres,  s'était  échappé  des  mains  des 
insurgés  au  commencement  de  la  fusillade  et  s'était 
sauvé  au  presbytère  et  caché  dans  une  cave  où  il  se 
vcroyait  bien  en  sûreté.    Pressé  par  les  flammes  il  tenta 

•  3 


v 


178 

de  sortir  de  sa  retraite  devenue  peu  sûre  ;  mais  dès  qu'il 
fut  dehors  il  reçut  une  décharge  de  balles  dont  une  le 
hlessa  à  la  jambe,  et  le  renversa  ;  il  fut  fait  prisonnier, 
mais  relâché  bientôt  après,  lorsque  les  volontaires  l'eu- 
rent reconnu.  M.  Casimir  Testard  de  Montigny,  qui  se 
trouvait  prisonnier  avec  lui,  eut  le  bonheur  de  s'échapper 
sans  accident. 

Les  soldats  s'emparèrent  successivement  de  la  maison 
seigneuriale  et  du  couvent  que  l'incendie  ne  tarda  pas  à 
gagner,  délogeant  les  malheureux  qui  s'y  étaient  réfu- 
giés. Puis  les  troupes  entourèrent  l'église  et  s'en  ap- 
prochèrent peu  à  peu  pour  achever  d'en  chasser  Ghénier 
et  ceux  de  ses  gens  qui  s'y  était  enfermés  avec  lui.  Ce 
fut  alors  que  M.  B.  Gugy  fut  dangereusement  blessé,  en 
entrant  dans  le  chemin  couvert  qui  conduit  '  l'église. 

Cependant  la  position  des  insurgés  retirés  dans  cet 
édifice  était  des  plus  critiques  et  à  chaque  instant  deve- 
nait de  plus  en  plus  affreuse.  De  leur  retraite,  ils  avaient 
pu  voir  les  troupes  s'emparer  des  divers  postes  où  s'é- 
taient placés  leurs  amis  ;  ils  avaient  vu  la  défaite  de  tous 
leurs  partisans,  la  mort  de  plusieurs  d'entre  eux  ;  ils 
voyaient  la  maison  de  M.  Scott,  le  presbytère,  le  couvent 
et  la  maison  seigneuriale,  dévorés  par  les  flammes  qui 
s'approchaient  rapidement  d'eux  et  menaçaient  de  con- 
sumer leur  dernière  forteresse.  ïls  songèrent  alors  à  la 
fuite,  mais  elle  n'était  plus  possible;  les  troupes  avaient 
entièrement  cerné  l'église  et  ne  leur  laissait  aucune  issue 
pour  se  dérober  à  leur  malheureux  sort.  Quelques  uns 
tentèrent  de  s'évader  par  derrière  ;  mais  à  peine  se  mon- 
trèrent-ils qu'ils  furent  frappés  à  mort.  Plusieurs  d'entre 
eux  s'étaient  cachés  dans  les  jubés  et  y  demeurèrent 
quelque  temps,  témoins  de  tout  ce  qui  se  passait  dans  l'é- 
glise.   Mais  bientôt  les  flammes  vinrent  les  déloger.  La 


lïï 


179 


de  la  maison 
ne  tarda  pas  à 
étaient  refu- 
se et  s'en  ap- 
isser  Ghénier 
avec  lui.    Ce 
3nt  blessé,  en 
t  à  l'église, 
irés  dans  cet 
instant  dévê- 
te, ils  avaient 
postes  où  s'é- 
êfaite  de  tous 
itre  eux;  ils 
e,  le  couvent 
lammes  qui 
lient  de  con- 
ent  alors  à  la 
upes  avaient 
aucune  issue 
Quelques  uns 
eine  se  mon- 
leurs  d'entre 
demeurèrent 
sait  dans  l'é- 
déloger.  La 


fuite  leur  était  difficile,  car  les  escaliers  des  jubés  avaient 
été  coupés  par  les  ordres  du  Dr.  Ghénier,  dès  le  commen- 
cement du  combat.  Il  ne  leur  restait  donc  d'autre  res- 
source  que  de  sauter  par  les  fenêtres  pour  éviter  d'être 
brûlés;  quelques  uns  d'entre  eux  ne  purent  môme  le 
faire,  et  plus  tard  on  trouva  leurs  corps  entièrement 
calcinés. 

Le  Dr.  Ghénier,  voyant  que  tout  espoir  était  perdu  et 
qu'il  ne  pouvait  plus  songer  à  se  défendre  dans  l'église, 
qui  était  devenue  la  proie  des  flammes,  réunit  quelques 
uns  de  ses  gens  et  sauta  avec  eux  par  les  fenêtres  du 
côté  du  couvent.    Il  voulait  essaver  de  s'enfuir  en  se 
faisant  jour  au  travers  les  rangs  des  assaillants  ;  mais  il 
ne  put  sortir  du  cimetière,  et  bientôt,  atteint  d'un  coup  de 
feu,  il  tomba  et  expira  immédiatement.    Ge  ne  fut  plus- 
alors  qu'un  horrible  massacre  ;  les  malheureux  soldats- 
de  Ghénier  sautaient  par  les  fenêtres  pour  échapper  aux 
flammes  et  tombaient  immédiatement  frappés  à  mort^ 
Quelques  uns  d'entre  eux  parvinrent,  quoique  blessés  ou- 
brûlés,  à  se  sauver  assez  loin  ;  mais  les  carabiniers  et  les 
détachements  postés  en  dehors  du  village,  les  atteigni 
rent  et  les  tuèrent.    On  vit  quelques  uns  de  ces  malheu- 
reux sautant  par  le  derrière  de  l'église,  s'enfuir  à  toutes 
jambes  sur  la  glace,  passer  au  travers  de  centaines  de 
balles  dirigées  sur  eux  par  un  gros  de  troupes  postée» 
sur  le  pont,  puis,  au  moment  d'échapper  aux  vainqueurs, 
tomber  sous  un  dernier  coup. 

A  quatre  heures  et  demie,  les  troupes  avaient  pris- 
pleine  possession  du  village  ;  le  son  terrible  de  la  fu- 
sillade et  de  la  canonnade  avait  cessé  ;  de  temps  en  temps 
seulement  on  entendait  au  loin  le  bruit  d'un  coup  de 
feu  dirigé  sur  un  fuyard,  ou  l'écroulement  d'un  édifice 
consumé  par  l'incendie,  qui  continuait  à  faire  d'horribles 


I.t; 


*     ■       I 


1  ^        1      * 

180 

ravages  dans  lo  village.  La  fumée  épaisse  qui  s'élevaii 
de  l'église,  du  couvent  et  du  presbytère,  et  que  [le  vent 
chassait  du  côté  de  la  glace,  fut  favorable  à  plusieurs  des 
infortunés  insurgés,  qu'elles  déroba  dans  leur  fui'e  à  la 
vue  des  soldats;  quelques  uns  de  ceux  qui  avaient 
échappé  au  massacre  furent  faits  prisonniers  à  une  cer- 
taine distance  du  village  par  les  volontaires  qui  s'y 
étaient  répandus. 

Parmi  ceux-ci,  on  en  saisit  un  dont  l'histoire  mérite 
d'être  conservée,  parcequ'elle  contribuera  à  faire  con- 
naître la  simplicité  de  ces  pauvres  gens  qu'on  avait  forcé 
à  se  battre. 

Lorsqu'on  arrêta  ce  malheureux,  à  une  assez  grande 
distance  du  village,  il  avait  les  armes  à  la  main.  Il 
se  jeta  à  genoux  et  conjura  les  soldats  d'épargner  sa 
•vie,  leur  j-.iant  qu'il  n'avait  fait  de  mal  à  personne,  el 
qu'il  avait  été  obligé  de  suivre  les  rebelles.  On  n'eut  pas 
de  peine  à  se  persuader  qu'il  n'avait  fait  de  mal  à  per- 
sonne, car,  en  examinant  son  fusil,  on  s'aperçut  qu'il 
manquait  de  platine.  Le  canon  était  plein  de  cartouches 
jusqu'à  la  gueule,  et  le  prisonnier  dit  qu'il  avait  été 
forcé  de  faire  semblant  de  tirer  et  de  mettre  à  chaque  fois 
une  cartouche  dans  son  fusil,  sinon  les  rebelles  l'eussent 
tué.  Le  pauvre  diable  fut  immédiatement  relâché. 

Le  nombre  des  morts,  tués  ou  brûlés,  du  côté  des 
insurgés,  s'éleva  à  soixante-dix  dans  cette  journée 
fatale.  La  perte  des  troupes  a  été  de  trois  morts  et  de 
quelques  blessés.  Presque  tous  ceux  qui  ont  été  tués 
•étaient  des  habitants  de  Sainte-Scholastique  et  de  Saint- 
Jérôme.  Plusieurs  de  ceux  qui  furent  retrouvés  morts 
n'avaient  reçu  aucune  blessure  et  avaient  péri  étouffés 
ou  brûlés.    Quelques  uns  étaient  entièrement  calcinés. 


■^.^ 


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181 


e  qui  s'élevail 
5t  que  ^le  vent 
h  plusieurs  des 
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i  on  avait  forcé 

3  assez  grande 
ji  la  main.    Il 

d'épargner  sa 
à  personne,  el 
5.  On  n'eut  pas 

de  mal  à  per- 
s'aperçut  qu'il 

de  cartouches 
lu'il  avait  été 
à  chaque  fois 

)elles  l'eussent 

elâché.    ■ 

,  du  côté  des 
cette  journée 
)is  morts  et  de 

ont  été  tués 
le  et  de  Saint- 
trouvés  morts 
t  péri  étouffés 
3nt  calcinés. 


Voici  les  noms  des  habitants  de  Saint-Eustachc  qui  pé- 
riront dans  le  combat  du  quatorze  décembre,  tels  qu'on 
les  trouve  dans  les  registres  do  baptômos,  mariages  et 
sépultures,  pour  l'année  1837.  Ces  noms  sont  publiés 
pour  la  première  fois. 

Je.'ui  Olivier  Ciiénior,  médecin  ;  Joseph  Paquette, 
Jean  Baptiste  Lauzo,  Nazaire  Filion,  Séraphin  Doré, 
François  Dubé,  Joseph  Guitard,  Pierre  Du  beau,  Joseph 
Bouvrette,  Jean  Baptiste  Toupin,  Alexis  Lacbance. 

Onze  on  tout  ;  or  M.  Paquin  nous  dit  qu'il  y  eut  du 
côté  des  patriotes  70  tués.  Ceci  démontre  clairement 
que  la  majorité  des  rebelles  présents  au  combat  n'appar- 
tenait pas  à  la  paroisse  Saiut-Eustuche. 

C'est  ce  que  prouvent,  du  reste,  préremptoirementdeux 
certificats  publiés  dans  la  brochure  de  M.  Paquin,  et  que' 
nous  reproduisons  : 

"  After  a  résidence  of  nearly  two  months  in  the  village 
of  St.  Eustache,  during  which  lime,  I  had  every  oppor- 
tunity  of  learning  the  political  opinion  and  conduct  of 
the  people  of  the  village  and  parish,  it  is  my  firm  opi- 
nion and  kelief  that  a  large  proportion  of  the  in  habitants, 
(pai'ticularly  those  of  the  village),  hâve  ever  been  loyal  ; 
and  that  the  village  was  taken  possession  of  by  the  rcbels 
of  St.  Benoit,  St.  Scholastique  and  St.  Jérôme,  and  made 
the  seat  of  their  opérations,  as  much  to  punish  the  loyal 
inhabitants  of  it,  as  from  other  causes. 

(Signed.)  F.  E.  GRIFFJN, 

LiciU.^  32(1  Régiment.''* 
Montréal,  27th  February,  1838. 

"  Nous,  soussignés,  certifions  que  nous  avons  vu  un 

grand  nombre  d'habitants  de  St.  Eustache,  au  moins  trois 

cent  cinquante    à    quatre  cents,  répandus  dans   notre 

paroisse,  fuyant  la  rébellion  que  les  gens  de  St.  Jérôme, 

de  St.  Benoit,  de  Ste.  Scbolastique]et  quelques  rebelles  de 


i 


i,  !' 


182 

«de  St.  Eustache  exerçaient  dans  le  village  de  St.  Eustache. 
Outre  un  certain  nombre  de  citoyens  de  cette  paroisse 
retirés  à  Montréal,  nous  avons  vu  les  capitaines  Eus- 
tache Cheval,  Julien  Ghoquet,  Maxime  Globenski  et 
Gabriel  Lefebvre,  commandant  des  volontaires  de  leur 
paroisse  et  d'autre  part. 

(Signé.)  •  '•R  R.  MERCIER,  Ptre. 

F.  P.  PARl'^^EAU. 
LOUIS  BÉLANGER,  CapL 
.    .        ,    JOSEPH  PARIZEAU." 
■St.  Martin,  18  Mars,  1838.    .        ■  -  .1 

Après  la  bataille,  les  troupes  se  répandirent  dans  le 
village  et  le  pillèrent  presqu'entièrement.  Dans  la  mai- 
son de  M.  Dorion,  vis-à-vis  l'église,  on  trouva  une  énorme 
quantité  de  bœuf  et  de  porc  fraîchement  tué  et  mis  en 
en  dépôt  en  cet  endroit  pour  la  nourriture  des  insurgés. 
Les  soldats  et  les  volontaires  en  prirent  ce  qui  leur  fallait 
pour  leur  dîner  du  jour,  et  le  reste  fut  plus  tard  conduit 
àMontréal.    .       •     ,     =    ■    ;,  ^  ;/:    :i>>-  ^>,  ?  ...^ 

Le  corps  du  Dr.  Chénier  fut  trouvé  vers  six  heures,  et 
porté  dans  l'auberge  de  M.  Addison.  Ijos  médecins  l'ou- 
vrirent pour  s'assurer  de  la  nature  de  sa  mort  ;  mais  il  est 
faux  qu'on  lui  ait  arraché  le  cœur,  qu'on  l'ait  porté  au 
bout  d'une  bayonnette,  et  qu'on  en  fait  un  objet  de  cu- 
riosité. La  plus  grande  décence,  au  contraire,  fut  obser- 
vée par  les  officiers  de  santé.  Nous  tenons  à  appuyer  sur 
ce  fait  ;  car  nous  avons  souvent  entendu  accuser  les  vo- 
lontaires et  les  troupes  anglaises  d'indignités  odieuses 
commises  sur  le  corps  du  Dr.  Chénier.  Le  témoignage 
honnête  et  désintéressé  de  M.  Paquin,  devra  faire  re- 
pousser comme  une  calomnie  atroce  une  accusation 
aussi  injurieuse,  qui,  si  elle  eut  été  vraie,  aurait  rappelle 
les  temps  les  plus  mauvais  de  la  Révolution  Française. 


183 


B  St.  Eustache. 
cette  paroisse 
ipitaines  Eus- 
Globenski  et 
taires  de  leur 

l,  Ptre. 

GER,  Capt. 
ZEAU.  " 

dirent  dans  le 
Dans  la  mai- 
aune  énorme 
tué  et  mis  en 

des  insurgés, 
ni  leur'fallait 

tard  conduit 

six  heures,  et 
lédecins  l'ou- 

t  ;  mais  il  est 
l'ait  porté  au 

objet  de  cu- 
re, fut  obser- 

appuyer  sur 
îcuser  les  vo- 
ités  odieuses 

témoignage 
vra  faire  re- 
e  accusation 

rait  rappelle 

n  Française. 


Kous  ne  sommes  pas  chargé  de  défendre  l'armée  royale, 
mais  nous  sommes  partisan  de  la  vérité  historique  en 
tout  et  par  tout. 

Les  blessés  furent  aussi  transportés  dans  la  maison  de 
M.  Addison  ;  c'est  là  qu'ils  reçurent  des  divers  chirur- 
giens militaires  les  soins  les  plus  empressés. 

Cependant  l'incendie  continuait  toujours  ;  elle  dura 
toute  la  nuit  et  consuma  la  plus  belle  partie  du  village. 
Le  lendemain,  ce  n'était  plus  qu'un  amas  de  ruines  fu- 
mantes, parmi  lesquelles  on  trouvait  ça  et  là  des  corps 
défigurés,  sanglants,  à  demi-brulés.  L'église  avait  été 
entièrement  réduite  en  cendres;  les  murs  seuls  restaient 
debout,  et  la  pierre  en  était  calcinée  par  le  feu  et  mar- 
quée par  les  boulets  sans  nombre  qu'on  trouvait  devant  la 
porte  ou  dans  l'intérieur  de  l'édifice.  Le  nombre  des  mai- 
sons brûlées  dans  le  village  s'éleva  à  environ  soixante,  et 
c'étaient  à  peu  près  les  plus  balles.  Ceux  qui  avaient 
vu,  quelques  jours  auparavant,  ce  richo  et  joli  village,  ne 
pouvaient  retenir  leurs  larmes  en  n'y  retrouvant  plus 
que  des  ruines  et  des  décombres  noircis  par  l'incendie  ou 
rougies  par  le  sang.  Les  maisons  même  que  le  feu  avaient 
épargné  offraient  aussi  un  spectacle  pitoyable  ;  elles 
avaient  presque  toutes  été  pillées,  et  l'œil  n'y  rencon- 
trait qu'une  scène  de  désolation  qui  rappelait  le  carnage 
«t  la  vengeance. 

Saint-Eustache  était  en  ruines,  ses  cendres  fumaient 
encore,  et  cependant  il  y  avaient  des  gens  assez  barbares 
pour  achever  de  détruire  ce  que  le  feu  avait  épargné. 
D'autres  s'occupaient  à  piller  avec  une  incroyable  activi- 
té. Non  seulement  ils  dépouillaient  les  morts  de  leurs 
vêtements;  mais,  de  plus,  ils  enlevaient  tout  ce  qu'ils  pou- 
vaient déterrer  parmi  les  décombres.  Nous  connaissons 
des  hommes  qui  vivent  aujourd'hui  respectés  à  Montréal 


^^-€,5 


ïii 


184 

et  qui,  en  cette  circonstance,  déposant  toute  vergogne  de 
côté,  se  conduisirent  comme  des  voleurs  de  grand  che- 
min. Des  morceaux  même  de  Ja  cloche  devinrent  la 
proie  de  ces  ravisseurs. 

La  fabrique  de  la  paroisse  St.  Eustache  avait  subi  des 
dommages  considérables  par  l'incendie  de  l'église.  Le 
gouvernement  provincial  ayant  annoncé,  par  une  procla- 
mation du  7  mars  1838,  qu'il  avait  l'intention  d'indemni- 
ser les  personnes  qui  avaient  souffert  des  pertes  par  suite 
de  la  rébellion,  la  fabrique  adressa,  le  5  avril  1838,  une 
requête  à  Son  Excellence  Sir  John  Golborne,  dans  le  but 
de  demander  les  dédommagements  auxquels  elle  avait 
droit. 

Cette  affaire  traina  en  longueur  pendant  assez  long- 
temps et  ne  fut  réglée  que  sous  l'administration  de  M. 
Moreau.  Ce  dernier  étant  devenu  curé  de  Saint-Eus- 
tache,  fut  nommé  procureur,  par  une  assemblée  de  Fa- 
brique  du  25  décembre  1852,  pour  retirer  des  Commissai- 
res chargés  de  ces  réclamations  l'iiTdemnité  due  àSt-Eus- 
tache.  Au  commencement  de  1853,  M.  Moreau  reçut  la 
somme  de  55,752  livres  et  dix  sous,  ancien  cours,  égale 
à  ^9292.08.  Le  20  février  1853,  M.  Moreau  n'étant  plus 
curé  de  Saint-Eustache,  mais  encore  le  procureur  de  la 
paroisse,  la  Fabrique  nomma  trois  syndics  pour  recevoir 
de  M.  Moreau  la  somme  totale  allouée  à  la  paroisse 
Saint-Eustache.  CeL  syndics  furent  MM.  Charles  Dolbec, 
avocat,  Jean  Baptiste  Daoust  et  Lambert  Guérin. 

M.  Moreau  paya  à  ces  Messieurs  la  somme  qui  lui 
avait  été  remise  par  les  Commissaires,  et  la  Fabrique  reçut 
pour  sa  part  d'indemnité  9,741  livres  et  douze  sous, 
ancien  cours,  égale  à  $1623.60;  le  reste  fut  partagé 
parmi  les  personnes  qui  avaient  souffert  des  dom- 
mages.      ,•,•<;:•.' r^    -    ::■.;;;;•<:•    :i    ■./*;.  i'^: 


185 


Les  opinions  qu'émet  M.  Paquin,  dans  sa  brochure  sur- 
les  événements  arrivés  à  Saint-Eustachc,  sont  toutes  en 
faveur  du  parti  qu'on  appelait  alors  bureaucrate^  le  parti 
du  gouvernement.  Quelques  personnes  ont  cru  voir  là 
un  changement  ^-adical  dans  les  opinions  de  M.  Paquin, 
qui,  dans  les  commencements  de  l'agitation,  avait  paru 
pencher  du  côté  des  patriotes.  Mais  M.  Paquin  en  s'éloi- 
gnant  du  parti  qui  avait  d'abord  en  ses  sympathies,  dès 
que  celui-ci  s'était  adandonné  aux  violences  et  à  l'émeute, 
n'avait  fait  qu'obéir  à  ses  supérieurs  ecclésiastiques.  Il 
voulait  sans  doute  des  réformes  dans  l'administration 
politique  de  son  pays,  mais  il  voulait  obtenir  ces  réformes 
légalement  et  par  les  moyens  fournis  par  la  con- 
stitution. Du  moment  que  son  parti  s'était  éloigné  delà 
constitution,  M.  Paquin  s'était  éloigné  de  son  parti. 

Nous  avons  plus  haut  fait  allusion  au  caractère  ori-^ 
ginal  et  excentrique  de  M.  Paquin.     Quelques  traits  re- 
cueillis ça  et  là  de  la  bouche  des  anciens  ou  dans  les  ar- 
chives de  la  paroisse  en  donneront  une  idée. 

M.  l^aquin  conçut  un  jour  l'idée  i^atriotique  d'orner 
son  presbytère  d'une  galerie  de  portraits,  qui  contiendrait 
ceux  de  tous  les  curés  ses  prédécesseurs,ot  enfin  sa  propre 
image.  Un  peintre  de  l'endroit,  Vital  Dûrocher,  fut- 
appelé,  et  ce  travail  considérable  fut  confié  à  son  pinceau.. 
Cependant,  une  difficulté  assez  grave  menaçait  d'ar- 
rêter la  réalisation  du  projet  :  il  n'existait  pas  de  portrait 
du  P.  Berey  et  des  plus  anciens  curés,  sur  lesquels  le 
peintre  put  se  guider  pour  exécuter  son  œuvre.  Il  était 
important  cependant  de  connaître  d'une  manière  au 
moins  un  peu  confuse,  les  traits  des  personnages  que  Ton 
voulait  peindre.  Gomment  faire  ?  L'imagination  féconde 
de  M.  Paquin  fournit  un  moyen  inattendu  de  surmonter 
cet  embarras.    Il  réunit  les  anciens  de  la  paroisse,  et 


•  !: 


186 

interrogea  leurs  souvenirs.  Ceux-ci  n'avaient  pas  oublié 
leurs  premiers  pasteurs;  quelques-uns  prétendaient  même 
se  rappeler  parfaitement  leur  physionomie,  les  traits  de 
leur  visage,  jusiiuïi  la  couleur  de  leur  yeux.  L'ai  liste, 
présent  à  ces  délibérations,  écoutait  attentivement  cette 
évocation  du  passé,  prenait  ses  notes,  esquissait  sous  l'ins- 
piration des  anciens  ;  enfui,  après  bien  des  tâtonnements, 
bien  des  essais  imparfaits,  plusieurs  ébauches  qui  furent 
déclarées  peu  ressemblantes,  M.  Durocher  crut  avoir  saisi 
la  pensée  intime,  le  souvenir  des  vieux  de  la  paroisse,  et 
il  fixa  sur  la  toile  des  figures  convenablement  costumées, 
qu'avec  un  peu  de  bonne  volonté  on  put  admettre  pour 
des  portraits  passables  des  anciens  curés.  On  en  a  sou- 
vent fait  de  plus  mauvais.  Les  anciens  de  la  paroisse  dé- 
clarèrent que  c'était  là  les  images  de  leurs  défunts  curés. 
Qui  oserait  aujourd'hui  les  contredire  ?  on  prit  acte  de 
cette  déclaration  dans  les  registres  de  la  paroisse,  et  les 
portraits  furent  placés  dans  la  galerie  de  M.  Paquin.  Le 
voyageur  qui  porterait  ses  pas  curieux  vers  Saint-Eusta- 
che  pourrait  encore  voir  ces  tableaux  dans  le  presbytère 
de  la  paroisse. 

Son  style  se  ressentait  nécessairement  de  cette  disposi- 
tion originale  de  son  caractère.  Nous  allons  en  donner 
une  illustration  tirée  des  registres  de  la  paroisse. 

C'était  pendant  le  choléra  de  1832.  Il  s'agissait  d'établir 
un  cimetière  hors  du  village  pour  y  enterrer  ceux  qui 
mourraient  de  l'épidémie.  Le  curé,  M.  Paquin,  avait  con- 
voqué une  assemblée  des  paroissiens,  dans  laquelle  on 
discuta  les  avantages  et  les  inconvénients  de  ce  change- 
ment. Les  choses  allaient  à  souhait  quand,  tout-à-coup, 
l'un  des  membres  de  l'assemblée  s'écria  que  le  curé  et 
les  gros  messieurs  du  village  voulaient  jouer  un  tour  aux 
pauvres  habitants  ;  qu'on  enterrerait  les  pauvres  dans  le 


18' 


nouveau  cimetière,  mais  que  les  riches  continueraient  de 
se  faire  enterrer  dans  l'ancien.  Cette  sortie,  paraît-il,  eut 
un  effet  remarquable  sur  l'auditoire.  M.  Paquin,  dans  son 
procès-verbal  olUciel,  le  décrit  de  cette  manière  : 

"  Il  n'en  fallut  pas  davantage,  dit-il,  pour  faire  une 
"  explosion  ;  la  jalousie  présidait  la  foule  et  l'enflammea 
*'  de  rage,  de  fureur.  Les  résolutions  qui  démontraient 
"  jusqu'à  l'évidence  qu'il  ne  devait  y  avoir  aucune  préfé- 
*'  rence  quelconque  ;  qu'au  contraire,  c'était  l'avantage 
^'  commun, furentjun  coup  d'électricité  pour  la  multitude, 
"  et  le  galvanisme  ne  produit  pas  plus  iVeffet  sur  les  gre. 
"  nouilles  qu'elles  n'en  produisirent  sur  des  gens  pré- 
^' jugés "  (1) 

Nous  avons  dit  que  M.  Paquin  était  né  à  Descha  > 
bault.  Un  des  admirateurs  de  cettb  paroisse,  M.  l'abbé 
Jean  Bte.  Bédard,  curé  de  St.  Denis,  avait  composé,  dans 
une  de  ses  visites  à  cette  localité,  les  vers  suivants  qui 
donnent,  dans  un  latin  très-élégant  et  très-classique,  une 
gracieuse  description  du  joli  paysage  de  Deschambault  : 

•; ,'    .         A  solis  radiis,  super  alti  culmina  montis 

Pineti  veteris  te  frigida  protegif  umbra. 

Sub  pedibus  fluvii  spatiosi  volvitur  unda  : 
.    *  Flatibus  et  Boreœ,  fumive  vaporibus  actœ, 

^    ./^^        Coram  te  naves  spectacula  grandia  currunt. 
'*     '       Te  super  et  zephirup  ludit  stridentibusalis, 

Te  felix  sedes  ars  et  natura  décorant. 

M.  Paquin  fit  de  ces  vers  la  traduction  suivante,  quft 
Von  s'accorde  à  trouver  très-heureuse  : 

Sur  un  mont  escarpé  que  cent  beaux  pins  couronnent, 
De  leur  feuillage  épais  les  ombres  t'environnent. 
La  vapeur  et  les  vents  conduisent  les  vaisseaux. 
Sur  un  fleuve  profond,  orgueilleux  de  ses  eaux. 
Sur  toi,  séjour  heureux,  soufQe  le  doux  zéphire  ; 
Pour  t'orner,  avec  l'art,  la  nature  conspire. 


(I)  Archives  etc. 


188 

M.  Paqiiin,  dit  le  livre  (1)  auquel  nous  empruntons  ces 
deux  pièces  de  vers,  était  un  homme  d'une  grande  acti- 
vité. Son  infatigable  énergie  le  portait  à  s'occuper  de 
tout.  Ce  serait  une  injustice,  néanmoins,  à  la  mémoire 
de  ce  prêtre  laborieux,  de  juger  ses  essais  littéraires 
d'après  les  progrès  de  la  science  actuelle,  plutôt  que 
d'après  l'état  de  la  littérature  à  l'époque  où  il  traçait 
laborieusement  ses  vues.  Disons,  toutefois,  que,  promo- 
teur zélé,  intelligent  et  éclairé  de  l'éducation  et  aussi  de 
l'agriculture,  il  a  laissé  des  traces  do  ce  que  pouvaient 
dans  ces  temps  difficiles  les  hommes  dévoués. 

M.  Paquin  pendant  le  long  espace  de  temps  qu'il  fut 
chargé  de  la  cure  de  Saint-Eustache,  avait  su  faire  des  éco- 
nomies qu'il  employa  généreusement  en  faveur  de  sa 
paroisse.  C'est  ainsi  qu'il  bâtit  le  couvent  des  sœurs  de 
la  Congrégation  ;  l'insurrection  de  1837  le  détruisit. 
Après  le  feu  il  en  entrejjrit  la  reconstruction,  et  le  laissa 
inachevé.  Il  fit  allonger  son  église  et  construire  le  por- 
tail avec  les  deux  tours  qui  existent  maintenant.  En 
1845,  il  commença  la  construction  d'un  presbytère  pour 
remplacer  celui  qui  avait  été  détruit  par  l'incendie  de 
1837;  mais  il  mourut  avant  de  pouvoir  le  terminer' à 
l'âge  de  56  ans,  le  sept  décembre  1847,  à  la  suite  d'une 
maladie  très-douloureuse  de  six  ou  sept  semaines. 

'M.  Paquin,  disait  un  journal  de  l'époque,  a  été  inhumé 
le  13  décembre  dans  le  caveau  de  son  église  qu'il  déser- 
vait depuis  vingt-six  ans.  Un  temps  affreux,  des  chemins 
impraticables,  n'ont  pas  empêché  ses  paroissiens  d'assister 
en  grand  nombre  à  cette  cérémonie  funèbre.  Beaucoup 
de  citoyens  recommandables  des  paroisses  voisines  n'a^ 
valent  pas  craint  de  braver  l'inclémence  du  temps,  pour 


(1)  Notice  sur  M.  Jos.  0.  Lebrohon,  p.  33. 


•--v'^) 


\ , 


189 


venir  payer  à  M.  Paqnin  nn  dernier  tribut  d  hommnges 
et  de  vénération.     Parmi  ces  derniers  on  remai'(}nait  M. 
M.  Girouard,  le  Dr.  Damonchelle,  le  maire  de  St.  Benoit, 
Laviolette,  de  St.  Jérôme,  etc.    Le  service  religieux  a  été 
célébré  par  M.  Grevier,  curé  de  St.  Augustin,  assisté  de 
M.  Brunet,  de  Ste.  Rose,  M.  Bourassa,  de  St.  Martin.  MM. 
Groulx,  curé  de  St.  Benoit  et  Iluberdeault,  desservant  de 
St.  André,  étaient  aussi  venusse  joindre  à  M.  Ghanipoux, 
vicaire    desservant   de   St.   Eustacbe,   pour   lionorer  la 
mémoire  de  M.  Paquin,  leur  coll«'gue,  et  rehausser  les 
pompes  du  service  religieux.     M.  Glierrier,  organiste  de 
l'église  St.  Jacques  de  Montréal,  a  touché  l'orgue  et  pré- 
sidé aux  chants  religieux.     Mgr.  de  Montréal  et  Mgr.  le 
coadjuteur  étaient  entrés  en  retraite  avant  la  mort  de  M. 
la  curé  Paqnin,  ce  qui  les  a  empêchés  î^ln  et  l'autre  de 
présider  au    service.      Depuis  le  jour  du    décès,  M.  le 
curé  Paquin  avait  été  exposé  dans  une  chapelle  ardente, 
revêtu   de  ses  habits  sacerdotaux,  la  figure  découverte, 
où  un  grand  concours  de  citoyens  se  pressaient  chaque 
jour.    Il  a  été  ainsi  porté  à  sa  dernière  demeure.     Cha- 
cun remarquait  la  sérénité  de  ses  traits  glacés  par  la  mort. 
Un  poëte  canadien,  (1)  citoyen  de  St-Eustache,  et  dont 
plusieurs  écrits  ont  passé  à  la  postérité,  a  consacré  à  la 
mémoire  de  M.  Paquin  cette  élégie". 

Tu  meurs,  toi,  le  past(3ur  d'un  immense  troupeau, 
Par  les  soins  vigilants,  si  florissant,  si  beau  !  t 

Tu  meurs!..,.     C'est  au  milieu  de  ta  noble  carrière, 
Que  l'inflexible  mort  vient  fermer  ta  pau])ièro  ! 
;,-•         Si  l'automne,  à  ta  tombe,  a  refusé  des  fleurs. 

Entends,  reçois  du  moins  nos  soupirs  et  nos  pleurs. 
'  '        N'était-ce  pas  assez  que  naguère  la  foudre 
:  :i      Vint  briser  ta  houlette,  hélas  1  réduire  en  poudre 
r  !  Ce  bercail  tant  de  fois  embelli  de  tes  mains  ? 

'     V/  Devais-tu  donc  fléchir  aux  rigueurs  des  destins  ? 


(1)  Pierre  Laviolette, 


•Il 


i90 

Déjft,  gràcoA  tes  soins,  à  ton  onlont  courage, 

Dtî  Mars  on  recherclinit  le  foudroyant  pdssugo. 
L"ftran{.'or  s't'tonimit  df  voir  ([uc  tes  travaux 
Eussent,  si  tôt.  vaincu  'c  sort  et  l<^  calios. 

Il  te  rt'slait,  sans  doute,  encon^  beaucoup  à  faire, 

Mais  lu  tf  promettais  au  hoiit  tlt»  ta  carricre, 
Quf  la  justice,  lui  jour,  la  main  lasse  du  temps 
Couronnerait,  enlln.  tes  labeurs  incessants  !  , 

Ilélas  !  vœux  superlins!  esi>érance  épln'mèro  ! 

Si  le  ciel  fut  d'air  lin,  ingrate  fut  la  terre. 
Console-toi,  du  moins  :  le  digne  monument 
De  ton  zèle  pieux,  de  ton  saint  dévouement, 

A  l'ombre  de  tes  aiUels,  loin  des  regards  profanes, 

S'ouvrit  pour  racevoir  tes  pacilhjues  mdnes. 
Mais  dans  ce  moment  inachevé,  si  beau. 
Que  de  pleurs  épanchées  ;  hélas  1  sur  ton  tombeau  ! 

Oui  !  j'en  fus  le  témoin,  ta  dépouille  fragile 

Descendit  lentement  ft  son  dernier  asile. 

Au  milieu  des  soupirs,  au  milieu  des  sanglots 
D'un  peuple  dont  en  vain  on  refoulait  les  flots  ! 

Après  six  lustres,  plus,  de  ton  saint  ministère, 

Tant  mille  souvenirs  s'évoquaient  de  ta  bière, 
Pouvait-on  refouler  les  mille  sentiments 
Qu'inspiraient  tes  bienfaits et  tes  bienfaits  constants  ? 

Là,  la  haine  s'éteint  avec  la  calomnie; 

Là,  là,  ne  sifflent  point  les  serpents  de  l'envie. 
Repose  donc  en  paix,  du  sommeil  des  élus, 
Dans  cet  asile  saint,  ouvert  à  tes  vertus. 

Désormais  insensible  à  toute  humaine  gloire, 

Tu  vivras,  cependant,  aux  pages  de  l'histoire 
Dont  la  débile  main  traçait  les  derniers  traits. 
Quand  la  mort  te  surprit,  succombant  sous  le  faix  !       .    . 

Pour  toi,  ce  fut  toujours  une  terre  promise  ; 

Tu  meurs,  à  son  aspect,  comme  un  autre  Mo'ise. 
Mais  l'Eglise  et  l'Etat  apprécieront  toujours 
Ce  fruit  de  tes  labeurs,  de  tes  chastes  amours! 

Et  la  religion  unie  à  la  patrie 

T'offriront,  de  concert,  la  palme  du  génie  !  •' 

M.  Paquin  est  le  prêtre  qui,  jusqu'à  ce  jour,  a  été  chargé 
pendant  le  plus  longtemps  de  la  desserte  de  la  paroisse 
Saint-Eustache,  c'est-à-dire  pendant  26  ans.  C'est  sous  lui 
que  la  paroisse  a  été  érigée,  savoir  canoniquement,  le  15 
novembre  1825,  et  civilement  le  16  décembre  1835.  Ce 
n'est  qu'à  partir  de  cette  première  date  que  les  desser- 


vX 


cJ^iii 


idauM'. 


lits  constants  ? 


101 

vants  purcMit  proiulro  lo  titre  do  curé  ;  ils  n'avaient  été 
auparavant  que  des  missioiniaires  ou  desservants.  Pen- 
dant que  M.  Paquin  était  curé  de  Saint-Eustache,  du  18 
septembre  au  2  octobre  1842,  le  R.  P.  Félix  Martin,  plus 
tard  recteur  du  Collège  Sainte-Marie,  à  Montréal,  prêcha 
une  retraite,  laquelle,  d'après  le  rapport  que  nous  en  li- 
sons dans  les  journaux  du  temps,  eut  un  remarquable 
succès.  MM.  les  abbés  Mouret,  Cl.  Aubry,  Brais,  de 
la  Motte,  Ménard,  Brunet  et  Desève  assistaient  le  P. 
Martin  dans  cet  exercice  religieux. 

M.  Paquin  a  laissé  ses  biens-fonds  à  la  labrique  pour 
aider  à  l'éducation  dans  la?  paroisse  et  principalement 
pour  soutenir  le  couvent. 

Après  la  mort  de  M.  Paquin  la  paroisse  fut  desservie 
par  M.  Charles  Champoux,  depuis  le  7  décembre  1847  jus- 
qu'au 25  février  1848,  époque  où  M.  Moreau  vint  prendre 
la  direction  de  la  paroisse  comme  curé. 

:    ■•.  XI.'  - 


'Monsieur  H ypolite Moreau,  aujourd'hui  chanoine  de 
la  cathédrale  de  Montréal,  qui  succéda  à  M.  Paquin  dans 
la  cure  de  Saint-Eustache,  est  né  à  Saint-Luc,  Rivière 
Chambly,  district  de  Montréal,  le  huit  mars  1815.  Il  eut 
pour  père  M.  Raphaël  Moreau,  respectable  cultivateur  de 
l'endroit,  et  pour  mère  Marguerite  Tremblay,  du  même 
lieu.  Il  fit  ses  deux  premières  années  de  latin  chez  le  curé 
de  Saint-Luc,  M.  Ed.,Crévier,  puis  alla  terminer  ses  études 
au  collège  de  Saint-Hyacinthe,  dont  M.  J.  C.  Prince,  de- 
puis évèque  de  Saint-Hyacinthe,  était  alors  supérieur.  Il 
fit  environ  deux  ans  de  théologie  au  même  collège,  puis 
fut  fait  diacre  le  22  décembre  1838  et  envoyé  au  Lac  des 
Deux-Montagnes  pour  y  apprendre  la  langue  des  sauva- 


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192 

ges  Algonquins.  Ordonné  prêtre  le  16  mars  1839,  il  alla 
accompagner  M.  Ed.  Poiré  dans  les  missions  sauvages  de 
Temeskaming,  etc.  Durant  six  ans,  il  fut  chargé  des  mis- 
sions sauvages  de  l'Ottawa  pendant  l'été,  et  pendant  l'hiver 
il  faisait  la  mission  des  blancs  sur  la  même  rivière.  Le 
dix  octobre  1844,  il  fut  nommé  curé  de  Saint-Joseph  de 
8oulanges  où  il  resta  jusqu'en  1847. 

Dans  l'été  dé  cette  même  année,  lorsque  l'émigration 
irlandaise  apporta  à  Montréal  une  terrible  épidémie,  il  se 
consacra  avec  un  zèle  et  une  charité  tout  apostolique  au 
soin  des  malades.  Passant  ses  journées  dans  les  abris  ou 
hangards  que  les  citoyens  de  Montréal  avaient  fait  élever 
pour  les  pestiférés,  à  la  Pointe  St.  Charles,  la  santé  de 
M.  Moreac ,  déjà  fortement  ébranlée  par  les  fatigues  des 
missions,  ne  put  résister  plus  longtemps  au  fléau  qui  me- 
naçait toute  la  ville,  et  il  prit  les  fièvres  typhoïdes.  Plus 
heureux  que  bien  d'autres  de  ses  compagnons  qui  péri- 
rent victimes  de  leur  dévouement,  ou  moins  favorisé  de 
la  Providence,  il  guérit  après  avoir  été  admi- 
nistré et  lorsqu'on  avait  déjà  presque  désespéré  de  ses 
jours.  Revenu  des  portes  du  tombeau,  il  fut  nommé  curé 
de  Saint-Eustache,  dont  il  prit  la  direction  le  25  février 
1848.  Il  y  resta  jusqu'en  janvier  1853.  Pendant  son  séjour 
dans  cette  paroisse,  il  s'appliqua  particulièrement  à  ré- 
pandre l'instruction  religieuse  parmi  la  classe  pauvre  et 
ignorante,  et  sur  ce  point  il  fit  beaucoup  de  bien  à  la 
paroisse.  En  1848,  il  aida  de  S3S  propres  deniers  à  l'a- 
chèvement du  presbytère  et  de  ses  dépendances,  qui 
avaient  été  incendiés  en  1837  et  dont  les  réparations 
n'avaient  pas  été  terminées  par  M.  Paquin.  Il  y  entra  en 
septembre  1848,  En  1850,  il  fit  allonger  le  couvent  et 
finir  la  chapelle  qui  fut  bénite  le  26  octobre  1851.  Ce 
fut  aussi  M.  Moreau  qui  fit  faire  en  1852  les  travaux  à  la 
voûte  de  l'église. 


\ 


ars  1839,  il  alla 
ns  sauvages  de 
chargé  des  mis- 
pendant  l'hiver 
ne  rivière.  Le 
aint Joseph  de 

le  l'émigration 
épidémie,  il  se 
apostolique  au 
is  les  abris  ou 
ent  fait  élever 
es,  la  santé  de 
;s  fatigues  des 
fléau  qui  me- 
)hoïdes.    Plus 
nous  qui  péri- 
ls favorisé  de 
été    admi- 
3spéré  de  ses 
nommé  curé 
le  25  février 
nt  son  séjour 
rement  à  ré- 
se  pauvre  et 
e  bien  à  la 
eniers  à  l'a- 
dances,  qui 
réparations 
y  entra  en 
couvent  et 
3  1851.    Ce 
ravaux  à  la 


193 

Il  quitta  cette  cure  le  25  janvier  1853,  et  fut  fait  Cha- 
noine de  la  cathédrale  de  Montréal  le,18  mai  1854.  Il  a 
toujours,  depuis,  résidé  au  palais  épiscopal.  Il  est 
aujourd'hui  principalement  employé  à  représenter  TE- 
vêque  dans  les  affaires  temporelles  des  paroisses  du 
diocèse,  comme  érections  de  paroisses,  redditions  de 
compte,  constructions  d'église,  etc.  11  s'est  acquis  dans 
cette  branche  de  l'administration  une  réputation  uni> 
verselle  d'intelligence,  d'intégrité  et  d'habileté. 


XII. 


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■i     I  '/  dbi 
"■-'■«*::.ilJ 


Le  Père  Frédéric  Elphèze  Honoré  Pelletier,  Français 
de  naissance  et  membre  de  la  congrégation  de  Ste.  Croix, 
succéda  à  M.  Moreau,  et  garda  la  cure  de  St.  Eastache 
jusqu'au  mois  d'août  1855,  époque  où  le  Père  Julien. 
Pierre  Gastineau,  membre  de  la  môme  société,  y  fut 
nommé.  Le  P.  Pelletier  est  retourné  en  France  peu  de 
temps  après  avoir  laissé  la  cure  de  St-Eustache. 


XIII. 


Le  P.  Gastineau  est  né  le  6  juin  1820,à  Brulatte,  dépar- 
tement delà  Mayenne,  diocèse  du  Mans,  de  Julien  Gasti- 
neau et  de  Renée  Lair.  Ordonné  prêtre  au  Mans,  le  10 
juin  1843,  il  fut  d'abord  vicaire  à  Noyau-sur-Sarthe,  en 
France,  et  en  1845  il  arriva  en  Car.ada. 

Sous  le  P.  Pelletier  et  le  P.  Gastineau,  des  Frères  appar- 
tenant à  leur  congrégation,  furent  chargés  du  collège  de 
St.  Eustache,  qu'ils  abandonnèrent  peu  de  tempsjaprès 
le  départ  du  P.  Gastineau.  Le  P.  Gastineau,  après  avoir 
été  pendant  plusieurs  années  au  collège  de  St.  Laurent, 
à  titre  de  professeur  de  rhétorique  et  de  philosophie,  est 


194 


~  j-  V- 


il 


maintenant  au  Juvénat  des  PP.  de  Ste.  Croix,  à  la  Côte 
des  Neiges,  près  de  Montréal. 

LeP.  Gastineaufit  de  grands  efforts  pour  maintenir  un 
institut  littéraire  que  quelques  personnes  de  bonne  vo- 
lonté avaient  établi  à  St-Eustache,etqui  tomba  lorsque  le 
gouvernement  retira  son  allocation  annuelle.  Il  avait  un 
goût  très-prononcé  pour  l'enseignement;  pendant  tout 
le  temps  qu'il  fut  curé,  il  ne  cessa  d'avoir  dans  son  pres- 
bytère des  jeunes  gens  qui  se  faisaient  remarquer,  parmi 
les  élèves  du  collège,  par  leurs  talents  et  leurs  bonnes 
dispositions.  Il  leur  enseignait  les  éléments  des  lettres, 
des  sciences  et  des  langues  grecques,  françaises  et  la- 
tines, et  les  envoyait  ensuite  finir  leurs  études  dans  l'un 
des  collèges  classiques.  Plusieurs  de  ces  jeunes  gens  se 
sont  distingués  dans  nos  grandes  maisons  d'éducation. 
L'un  d'eux  a  obtenu,  contre  plusieurs  concurrents,  la  pre- 
mière bourse  établie  au  Collège  Ste-Marie,  de  Montréal. 
Ils  feront  de  bons  citoyens  et  n'oublieront  jamais  les 
leçons  paternelles  de  leur  premier  maître,  le  bon  Père 
Gastineau. 

XÏV. 

Le  26  septembre  1860,  M.  Louis  le^nace  Guyon,  curé 
actuel,  remplaça  le  Père  Gastineau  dans  la  cure  de  St. 
Eustache. 

M.  Louis  Ignace  Guyon  est  né  .\  Verchères,  le  11  juil- 
let 1816,  du  mariage  d'AuguFtin  Guyon  et  de  Margue- 
rite Dansereau.  Son  père  était  cultivateur;  sans  être 
riche,  il  avait  une  jolie  aisance.  Dans  ses  premières 
années,  il  fréquenta  l'école  de  M.  F.  X.  Nolin,  instituteur 
à  Verchères,  pendant  deux  ans  et  demi.  Dans  l'automne 
de  1832,  il  entra  au  collège  de  St.  Hyacinthe,  dont  Mgr. 


!>  If- 


Croix,  à  la  Côte 


t;  pendant  tout 


195 

Prince  était  alors  directeur,  et  y  fit  ses  études  classiques. 
Il  y  connut  M.  Moreau,  plus  tard  curé  de  St.  Eustache, 
qui  y  faisait  aussi  ses  études.    M.  Guyon  eut  pour  pro- 
fesseur d'éléments  latins  M.  G.  Marchesseau  ;  de  syntaxe, 
MM.  Chabot  et  Eusèbe  Durocher  ;  de  méthode,  M.  le 
grand- vicaire  J.  B.  Brouillet,  de  Nasqualy;  de  versifica- 
tion, feu   M.  J.  B.  Bourassa  ;  d'humanités,  M.  le  grand- 
vicaire    Brouillet  ;  de    rhétorique,    Mgr.    J.  Larocque, 
évêque  de  St.  Hyacinthe  ;  et  enfin  de  philosophie,  M. 
Isaac  Desaulniers.    Il  fit  son  cours  de  théologie  au  sémi- 
naire   de   St.  Hyacinthe,  sous  Mgr.  Prince  et  Mgr.  J. 
Larocque.  Tonsuré  le  1  septembre  1839,  par  Mgr.  Ignace 
Bourget,  il  reçut  les   ordres  mineurs  le  12  septembre 
1841,  des  mains  du  môme  prélat.    Il  fut  fait  sous-diacre 
à  St.  Edouard  le  huit  octobre  1843,  pendant  une  retraite 
prêchée  par  les  RR.  PP.  Oblats.    Il  fut  ordonné  diacre 
par  Mgr.  Provancher,  évoque  de  la  Rivière-Rouge,  dans 
la  chapelle  du  collège  de  Montréal,  le  15  octobre  de  la 
même  année.    Il  fut  fait  prêtre  par  le  même  prélat,  dans 
l'ancienne  cathédrale  de  Montréal  à  St.  Jacques,  le  22 
octobre  1843.  Après  avoir  dit  sa  première  messe  au  cou- 
vent des  Sœurs-Grises  de  Montréal,  assisté  de  M.  Joseph 
Toupin,  il  fut  envoyé,  le  26  du  même  mois,  à  Sorel, 
comme  vicaire  sous  M.  le  grand  vicaire  Kelly.    Il  fut 
chargé  de  desservir  la  mission  de  St.  Gabriel  de  Brandon 
le  28  juin  1844,  mais  il  ne  s'y  rendit  qu'au  mois  d'oc- 
tobre.   Le  15  avril  1845,  il  fut  nommé   curé   de  Ste. 
Mélanie  et  de  St.  Ambroise  de  Kildare  ;  pendant  son 
séjour  dans  cette  seconde  paroisse,  il  y  fit  bâtir  le  presby- 
tère tel  qu'on  le  voit  aujourd'hui.    Le  2G  janvier  1850, 
il  fut  nommé  curé  de  Ste.  Élizabeth,  qu'il  desservit  pen- 
dant onze  ans.  C'est  pendant  qu'il  était  dans  cette  paroisse, 
le  30  mai  1853,  qu'il  reçut  ses  lettres  d'archiprêtre.  Il  fut 
nommé  curé  de  St.  Eustache  le  23  septembre  1860. 


i|      ?   ! 


■•    I 


ni  î 


et 
V. 

les 


196 

Il  dessert  encore  cette  paroisse  avec  un  zèle  et  une  piété 
qui  lui  ont  attiré  lestime  et  l'affection  de  tous  ses  parois- 
siens.    '-  .  '"  "■'   '"     '■  ■  '  -  ■^"•—  .;"■•'.;■<■    --  .: 

Récemment,  le  15  avril  1866,  M.  Guyon  a  décidé  la 
fabrique  à  faire  l'acquisit^'^n  d'un  nouveau  cimetière, 
dont  le  besoin  se  faisait  depuis  longtemps  vivement  sen- 
tir. On  se  rappelle  que  M.  Paquin  avait  vainement  es- 
sayé en  1832  de  faire  consentir  la  paroisse  à  abandonner 
l'usage  de  l'ancien  cimetière  qui,  déjA  à  cette  épo- 
que, était  encombré  de  cadavres.  Le  terrain  choisi 
par  la  fabrique,  est  situé  sur  ie  sud-ouest  de 
la  Rivière-du-Chône  ;  il  est  élevé,  bien  égoutté 
offre  une  belle  exposition  au  soleil.  M.  F.  J. 
Règnaud ,  arpenteur  provincial ,  en  a  tiré 
lignes  de  délimitation.  Ce  cimetière  a  quatre  arpents 
en  superficie,  et  a  été  acheté  de  la  famille  Scott,  le  30 
avril  1866,  par  acte  devant  MLre.  G.  H.  Champagne,  no- 
taire MM.  Octave  Limoges,  J.  B.  Gravel  et  François 
Lanthier,  étaient  les  syndics  nommés  par  la  fabrique 
pour  cette  transaction.     '■  '    '  ''''  '  '*'''  '-''    '     .•':■!',..(.  imv 

Grâce  aux  conseils  et  à  l'énergie  de  M.  Guyon,  la 
fabrique  s'est  aussi  décidée  à  faire  l'acquisition  d'un 
orgue  pour  remplacer  l'ancien  qui  était  depuis  longtemps 
d'un  harmonie  et  d'une  utilité  contestables.  Le  nouvel 
instrument,  qui  est  de  grandes  dimensions,  a  coûté  62,400, 
et  a  été  construit  par  M.  Eusèbe  Brodeur,  de  St.  Hya- 
cinthe. Il  fut  inauguré  le  29  mars  1867,  à  une  messe 
solennelle  chantée  pour  la  circonstance,  à  laquelle  assis- 
taient M.  Raphaël  Larue,  {professeur  au  collège  St.  Hya- 
cinthe, arbitre  nommé  par  la  fabrique  pour  recevoir 
l'orgue,  et  M.  Decelles,  organiste  de  la  cathédrale  de 
St.  Hyacinthe,  arbitre  du  facteur.  M.  le  docteur  David 
Marcil  est  aujourd'hui  l'organiste  de  la  paroisse. 


i:  ; 


M.  Gu'yon,  la 


i97 

-     '     ;;;=  XV. 

Les  différents  curés,  dont  nous  venons  de  donner  une 
courte  notice  biographique,  ont  établi,  a /ec  l'approbation 
des  supérieurs  ecclésiastiques,  parmi  les  paroissiens  de 
St.  Eustache,  les  diverses  associations  religieuses  qui 
suivent  : 

L'Association  du  Saint-Scapulaire  et  du  Sacré-Cœur  de 
Jésus,  fondées  par  le  P.  Martin,  le  3  octobre  1842  ;  l'Asso- 
ciation de  la  Propagation  de  la  Foi,  de  l'Adoration  per- 
pétuelle, de  l'Archiconfrérie,  delà  Ste-Enfance;  la  Con- 
frérie de  la  Bonne  Mv^rt,  et  enfin  la  société  de  la  Tem- 
pérance totale,  établie  par  M.  Chiniquy,  le  20  mars  1849. 

.1;,    •      ^•^■.H     h  XVL 

La  population  de  Saint-Eustache  était,  en  1851,  comme 

suit  : 

.;.    ■    ,  Village 784 

Paroisse 3365 

'!::•:  'pi; -•        TrUl  4149 

Et  en  1861  :  "^ 

Village 912 

Paroisse 2327 

^        .     Total  .    3239 

L'on  compte  aujourd'hui,  d'après  l'estimé  dn  curé  qui 
doit  être  assez  exact,  . 

Village 010 

Paroisse 1 422 

2032 
Il  y  a  de  plus  25  familles  protestantes. 

Quelque  limités  que  soient  ces  chiffres,  ils  indiquent 

cependant  deux  faits  bien  distincts  :  c'est  que  le  village 


>    ii!i 


198 

s'est  augmenté  aux  dépens  de  la  paroisse,  et  que  la  popu- 
lation totale  du  village  et  de  la  paroisse  a  subi  une  dé- 
croissance marquée,  qui,  du  reste,  a  été  remarquée  par 
les  curés  depuis  plusieurs  années.  Cette  diminution  de 
la  population  se  fait  généralement  au  profit  de  Montréal; 
la  plupart  des  familles  qui  laissent  Saint-Eustache  se  di- 
rigent vers  cette  ville.  C'est  sans  doute  un  malheur.  Il 
vaudrait  mieux  que  le  surcroit  de  la  population  de  la 
paroisse,  au  lieu  de  prendre  le  chemin  de  la  ville,  se  di- 
rigeât vers  les  townships^  où  l'aisance  et  le  bien-être  fu- 
turs attendent  ceux  qui  ont  le  courage  de  braver  les  tra- 
vaux et  les  misères  de  la  colonisation.  D'un  autre  côté, 
il  ne  faut  pas  être  exclusif,  et  il  est  certain  que  le  dé- 
membrement d'une  partie  de  Saint-Eustache  pour  for- 
mer Saint- Augustin,  a  dû  nécessairement  influer  sur  la 
diminution  de  la  population  de  Saint-Eustache.  Toute- 
fois notre  remarque  reste  vraie  pour  les  onze  dernières 
années,  au  moins..  Ajoutons  que  Saint-Eustache  se  res- 
sent, comme  toutes  les  autres  localités  en  Canada,  de  l'é- 
migration incessante  qui  se  fait  aux  Etats-Unis. 

Voici  du  reste  un  tableau  indiquant  le  chiffre  des 
baptêmes,  des  mariages  et  des  sépultures  depuis  1770, 
tiré  des  registres  de  la  paroisse. 

Années.         Baptêmes.         Mariages.       Sépultures. 

1770(1) 
i'  '  1771 

1772 
1773 

1774         •• 
1775 
1776 
1777 
1778 


'!"■'■ 

0 

0 

65   ^ 

7   ■ 

31 

55 

8 

49 

88 

14 

51 

76 

14  . 

18 

53 

t  .  -  ■  •■«R  «  • 

40 

57 

1,4 

104 

X 

'  ^ 

115 

6 

:m^ 

(1)  Les  feuillets  du  registre  pour  1769  sont  détruits. 


et  que  la  popu- 
a  subi  une  dé- 
remarquée par 

diminution  de 
fit  de  Montréal  ; 
Eustache  se  di- 
m  malheur.  Il 
ipulation  de  la 
9  la  ville,  se  di- 
le  bien-être  fu- 

braver  les  tra- 
•'un  autre  côté, 
tain  que  le  dé- 
ache  pour  for- 

influer  sur  la 
tache.  Toute- 
)nze  dernières 
ustache  se  res- 
Ganada,  de  l'é- 
Jnis. 

le  chiffre  de§ 
depuis  1770, 


199 


Années.         Baptêmes.         Mariages.       Sépultures, 


1779 

86 

9 

1780 

86 

r^ 

1781 

101 

14 

1782 

96 

la 

1783 

73 

14 

1784 

104 

1785 

114 

fi 

1786 

118 

19 

1787 

127 

n 

1788 

137  . 

%i 

1789 

140 

â 

1790 

167 

16 

1791 

168 

20 

1792 

164 

11 

1793 

166 

25 

1794 

215 

38 

1795 

1796 

1797 

1798 

1799 

1800 

1801 

1802 

1803 

1804 

1805 

1806 

1807 

1808 

1809 

1810 

1811 

1812 

1813 

1814 

1815 

1816 

1817 

1818 

1819 

1820 

1821 

1822 

1823 


202 

214 

232 

229 

251 

184 

210 

229 

207 

227 

208 

224 

213 

214 

223 

204 

216 

211 

192 

212 

205 

215 

239 

260 

263 

276 

209 

269 

275 


16 

21 

21 

31 

28 

44 

29 

23 

19 

34 

35 

27 

29 

30 

35 

25 

33 

41 

52 

41 

40 

41 

38 

28 

31 

28 

31 


16 


teo 


15 


.17 


17 


147 
[19 


200 


Années.        Baptêmes.       Mariages.        Sépultures. 


î 


1824 
1825 
1826 
1827 
1828 
1829 
IbSO 
1831 
•8?^ 

1836 
1837 
1838 
1839 
1840 
1841 
1842 
1843 
1844 
1845 
1846 
1847 
1848 
1849 
1850 
1851 
1852 
1853 
1854 
1855 
1856 
1857 
1858 
1859 
1860 
1861 
1862 
1863 
1864 


(1) 


274 
321 
292 
284 
279 
308 
297 
301 
228 
221 
237 
230 
228 
170 
214 
174 
124 
162 
234 
157 
179 
186 
154 
184 
179 
196 
193 
196 
165 
176 
191 
172 
149 
151 
168 
137 
150 
U9 
125 
130 
119 


30 
42 
45 
41 
39 
48 
39 
43 
48 
41 
49 
47 
46 
14 
30 
29 
24 
44 
28 
30 
28 
43 
39 
35 
29 
31 
34 
30 
25 
27 
35 
25 
22 
15 
14 
32 
18 
27 
16 
24 
22 


120 

195 

177 

142 

160 

181 

177 

161 

236 

148 

175 

182 

W 

74 

135 

92 

76 

106 

67 


(l)  En  1854  le  chiffre  des  décès  est  beaucoup  plus  considérable 
que  pendant  les  années  qui  précèdent  ou  qui  suivent;  cela  est  dû  au 
choléra  qui  régnait  alors  dans  le  pays. 


201 


nn'  i. 

Baptêmes. 

Ma) 

'iages. 

Sépultures 

Î8fiâ 

124 

25 

19 

1866 

129 

22 

56 

1867    . 

145 

24 

45 

1868 

106 

24 

57 

1869 

106 

24 

57 

1870 

132 

- 

21 

57 

XVII. 


Nous  avons  cru  utile  de  consigner  ici  les  usages  en 
force  à  Saint-Eustache,  sur  quelques  points  contestés  de 
l'administration  des  paroisses.  Dans  un  mps  où  on  sou- 
lève tant  de  questions  relatives  au  droit  monique  et 
bénéficiai  du  Bas-Canada,  il  peutr.."  Ji..é ressaut  de 
constater  comment  la  paroisse  a  été  ^^oi^ernée  depuis  sa 
fondation  et  quelles  sont  les  couturaes  qui  ont  pu  y  ac- 
quérir force  de  loi. 

Ce  serait  un  travail  importaiit  à  faire  que  de  recueillir 
les  usages  de  chaque  paroisse  sur  les  questions  contro- 
versées ;  par  ce  suffrage  universel  on  parviendrait  à 
connaître  la  pratique  générale,  laquelle  ordinairement 
est  conforme  aux  vrais  principes  duj  droit.  Certaines 
coutumes  se  sont  introduites  dans  quelques  paroisses  ; 
leur  origine!  et  leur  légalité  sont  devenues  des  pro- 
blèmes difficiles  à  résoudre.  C'est  dans  le  but  de  con- 
tribuer à  cette  solution  importante  que  nous  avons  voulu 
rapporter  à  la  fin  de  ce  travail  les  usages  de  Saint-Eus- 
tache dans  l'administration  de  la  paroisse  et  la  gestion 
des  biens  de  fabrique. 

Nous  avons  déjà  indiqué  quelques  faits  importants  an 
sujet  des  registres  de  létat  civil  ;  en  voici  quelques  autres 
qui  nous  ont  frappé. 

Il  faut  d'abord  déclarer  que  cette  paroisse  a  générale- 


202 


) 


ment  observé  avec  soin  les  pratiques  et  les  règlements 
(lu  droit  des  fabriques,  tel  qu'il  existait  en  France,  sauf 
les  modifications  que  nos  lois  ou  les  ordonnances  de  nos 
évoques  ont  pu  y  introduire.  La  paroisse  s'est  le  plus 
souvent  sagement  défié  des  modifications  aux  tendances 
révolutionnaires,  que  des  réformateurs  ont  cherché  à 
introduire  ailleurs  et  ont  quelquefois  introduites,  grâce 
à  la  faiblesse  des  curés. 

"  Les  marguilliers  anciens  et  nouveaux,  dit  M.  Paquin, 
(1)  sont  les  seuls  individus  chargés  avec  le  curé,  du  gou- 
vernement de  la  fabrique  dans  la  paroisse  de  Saint-Eus- 
tache  ;  et  les  notables  n'ont  jamais  été  appelés  aux  assem- 
blées pour  les  élections,  redditions  de  compte  des  mar- 
guilliers, etc.,  si  ce  n'est  une  seule  fois  en  1815,  pour 
l'élection  comme  marguillier  d'un  M.  McGillis,  au  rap- 
port de  quelqu' individu,  quoique  l'acte  couché  dans  les 
registres  ne  fasse  mention  que  du  seul  nom  de  M.  Du- 
mont,  comme  étranger  à  la  corporation  fabricienne." 

*  Sur  ce  point,  il  s'est  introduit  un  changement  à  Saint- 
Eustache  depuis^  l'époque  à  laquelle  écrivait  M.  Paquin. 
Aujourd'hui  les  paroissiens  assistent  aux  assemblées 
de  fabrique  pour  reddition  de  comptes,  mais  seulement 
comme  auditeurs  et  sans  droit  de  discussion.  Les  an- 
ciens marguilliers  ont,  depuis  un  temps  immémorial, 
acquis  le  privilège  de  discuter  les  comptes.  C'est  le  curé 
qui  clôt  les  comptes  et  qui  rédige  les  procès-verbaux  de 
toutes  les  assemblées.  - 

Les  paroissiens  sont  aussi  admis  aux  assembléeiî  de  fa- 


(1)  Questions  soumises  par  un  ccmilé  spécial  de  la  Chambre  d'As- 
semblée du  Bas-Canada,  aux  curés  des  diocèses  de  Québec,  relative- 
ment aux  aflaires  de  Fabrique  ;  avec  les  rôponses  des  curés, 
Québec  1832. 


203 


nbléeii  de  fa- 


brique pour  l'élection  J.osmargiiilliers;  à  cette  assemblée 
ils  jouent  un  rôle  plus  actif  qu'à  Tautre,  car  ils  y  votent. 
Ce  sont  les  deux  seules  assemblées  de  fabrique  aux- 
quelles les  paroissiens,  notables  ou  non-notables,  soient 
admis. 

Le  curé  présiue  toutes  les  assemblées  de  fabrique  et 
de  paroisse,  et  il  la  toujours  fait.  Le  marguillier  en 
charge  occupe  la  première  place.  Le  curé  nomme  le 
bedeau,  les  chantres,  l'organiste  et  tous  les  officiers  de 
l'église,  sans  consulter  le  bureau,  qui  les  paye.  La  fa- 
brique emploie  un  agent  pour  tenir  ses  livres  de  compte. 

Il  est  d'usage  que  le  curé  fasse  prêter  serment  au  mar- 
guillier entrant  en  charge,  le  premier  jour  de  l'an,  de 
bien  et  conscientieusemmt  remplir  les  devoirs  de  sa 
charge  et  d'administrer  les  affaires  de  la  paroisse  comme 
les  siennes  propres. 

Les  emprunts  ne  portant  pas  hypothèque  sont  contrac- 
tés sur  décision  du  bureau,  avec  le  consentement  du 
curé  et  sans  assemblée  de  paroisse.  11  ne  parait  pas,  par 
les  archives,  qu'on  ait  fait  d'emprunts  portant  hypo- 
thèque. 

Concluons  en  disant  que  l'état  moral  de  la  population 
est  satisfesant.  Les  mœurs  y  sont  pures.  On  ne 
voit  pas  de  ces  désordres  qui  affligent  le  cœur  d'^un  pas- 
teur et  qui  jettent  sur  une  paroisse  une  regrettable  répu- 
tation. Assez  éloigné  de  Montréal  pour  échapper  à  la 
pernicieuse  influence  du  voisinage  immédiat  d'une 
grande  ville,  Saint-Eustache  en  est  cependant  assez  rap- 
proché pour  profiter  du  rayonnement  inévitable  des 
affaires,  du  commerce,  des  œuvres  de  la  publicité  et  de 
l'intelligence,  et  des  progrès  sages  d'une  civilisation 
chrétienne. 


i<      I  ! 


S 


204 
APPENDICE. 


LISTE  DES  CURÉS   ET   DESSERVANTS   DE   LA  PAROISSE   DE    SAINT-EOSTACUE, 

RIVIÈRE  DU  CIIÈNK. 

{• M.  François  Petit,  pire,  —  Du  23  novembre  1708  au  mois  d'oc- 

lobre*l76U.  —  Mort  à   Repi-ntigny,   le   29  juillet    1787,  à  64 

ans [N*  645  de  la  Liste] 

0» — }il,l{.V.FÉ\AxBKi\E\,  récollet, — Du  mois  d  octobre  1769  au  15 
mai  1775. — Mort  à  Québec,  lo  18  mai  1800,  à  79  ans,  Il   mois 

et  9jour8 [N»03l.] 

30 — M.  Jean-Pieure  Dvvaux-Besson  de  la  garde,  sulpicien, — 
Du  17  ou  24  mai  au  13  novembre  1775 — Mort  à  Sainte-Ge- 
neviève de  Montréai,  lo  '  1  avril  1790,  à  03  ans,  7  mois  moins 

un  jour.  11  signait  "  Besson  ' [N»  688.] 

V — R.  P.  Antoine  Gordan,  J</.$ui7c. — Du  15  décembre  1775  au  25 juin 
17/6. — Mort  à  Saint-Régis,  étant  alors  vicaire-général,  le  29 
juillet  1779  à  58  ans.  (  1  ) — On  lit  Gordon  à  plusieurs  des  ortho- 

^    graphes  du  Père [N°669.] 

5«_M.  Alexis  Pinet,  pire.,— Du  26  octobre  1776  au  18  octobre  1778. 
— Mort  à  Kamouruska,le  O(tionle  7)  juillet    1816,  à  67  ans.. 

T[;ihumè  dans  l'église  de  celte  paroisse.. [N»  788.] 

C»— M. Charles-François  Perrault,  ptr". ,  —  Du  30  octobre  1778  au 
22  août  1791.  —  Mort  à  Saint-Laurent,  diocèse  de  Montréal, 
(dont  il  était  curé),  le  24  décembre  1794,  à  41  ans  3  mois  et  5 

jours [N»794.) 

7» — M.  Benjamin-Nicolas  MAiLLOu(non  Mailloux),  pire.,  —  Du  2 
août  1791  au  19  janvier  1810. —  Mort  à  Saint-Eubtache  le  19 

janvier  1810,  à  56  ans,  3  mois  et  20  jours [N°  795.] 

8» — M.  René-Flavien  Lxixjs,  pire.,  —  Du  19  janvier  du  14  septembre 
1810— Mort  à  Saint-Pierre,  Ile  d'Orléans,  le  13  février  1839, 

à  53  ans,7  mois  et  15  jours [N»  1010.] 

9» — M.  Tean-Bap  tiste  Gatien,  p^re  , — Du  16  septembre  1810  au  16 
août  1821.— Mort  à  Saint-Eustache,  le  21  août  1821,  à  57  ans. 

7  mois  etOjours [N"  875.] 

10* — M.  Jean-Baptiste  Breguier-St.-Pierre,  sulpicic*', — Du  16  août 
au  4  octobre  1821. —  Mort  à  Montréal,  le  3  novembre  1856,  à 

64  ans,  3  mois  et  1 1  jours [N°  1 107.] 

il» — M.  Jacques  Paquin,  (non  Pâquln)  pire.,  —  Du  4  octobre 
1821  au  7  décembre   1847.— Mort  à  Saint-Euslache,  le  7  dé 

cembre  1847,  à  56  ans,  2  mois  et  28  jours [N»  1054.] 

lî» — M.  Charles  CaA.MPOvx,  pire., —  Desservant,  du  7  décembre  1847 
au  25  fovrier  1848. — Aujourd'hui  à  Ste.  Anne  des  Plaines. 

____^  V','.>      .:t.,lJ!.      "'V     J^*-"  *f"    '.  M  :'   '  fS  ;    ' 

,  ■  '      '  t.     ' 

(1)  Noiseux,  Liste  Chronologique. 


iAINT-EUSTACUE, 


205 

ta»— M.  Hyppomtr  MonEAi',  ptre,— Du  25  février  1848  au  25  janvier 
18.")3. — Aujourd'hui,  cliutioine  de  la  calhédralc. 

U"— H.  P.  FnKi>i::Hic-Ii:i.piiKZK-II()NORh:  Pei.letikr,  Société  de  Ste. 
Croix,— Du  25  janvier  1853  au  mois  d'août  1855.— Aujour- 
d'hui en  Franco, 

15»— R.  P.  P.  Léonard-Aimé  Desprez,  de  la  même  sociaè,  —  Desser- 
vant dans  l'interv  aile, —Laisse  le  Canada  en  ISr.O. 

16»— R.  P.  Jl'lien-Pierhe  (Iastineau,  Sociélé  de  Ste.  Croix,  — Du 
mois  d'août  1855  au  IG  Juin  18G0.— Aujourd'hui  i  la  Cùte  de» 
Neiges,  au  Juvénat  des  Pères  do  Sic.  Croix. 

I"?* — M.  Louis-Ignace  Guyon, /)/re.— Curé  depuis  le  26  septembre 
1860, — Curé  actnel. 

NOMS  DES  PRÊTHES  QUI  ONT  PARTICIPÉ  AVEC  LES  CURÉS  A  LA  DESSERTE  DE 
LA  PAROISSE  DE  Sa.NT-EUSTACHE,  EN  QUALITÉ  DE  VICAIRES.    (I) 

1"— M.  FÉLIX  Gatien, —  Arrivé,  à  Saint-Eustachf,  le  18  mai  1800 — 
Mort,  curé  du  Cap-Sunte  le  18  juillet  1844,  à  67  ans,  8  mois  et 
20  jours. 

2» — M.  Jacques  Vauin, — Arrixé  le  7  juin  1801. — Mort,  curé  de  Ka- 
mouraska,  le  1 1  avril  1843,  à  65  ans,  5  mois  et  17  jours. 

3* — M.  Jean-Baptiste  (Isidore-IIcspicc)  Lajus, — Arrivé  le  16  octobre 
1805. — Mort,  retiré  aux  Trois-Rivières,  le  5  janvier  1836,  à  54 
ans  7  mois  et  15  jours. 

4» — M.  Pierre-Martin  Beaulieu. —  Arrivé  le  2  octobre  1806,  au  29 
septembre  1808. — Mort,  curé  de  St.  Sulpice,  le  22  février 
1825,  à  56  ans  et  1  mois. 

5<' — M.  Réné-Flavien  Lajus, — Arrivé  le  3  octobre  1808,  au  14  sep- 
tembre 1810. — Mort,  à  Saint-Pierre  Ile  d'Orléans,  le  13  fé- 
vrier 1839,  a  53  ans  7  mois  et  15  jours. 

6» — M.Jean-François-Xavier  Baii.largé, —  Arrivé  le  22  novembre 
1823, — Aujourd'hui  au  séminaire  d)  Quéle;. 

7» — M.  Jean-Baptiste  McMahon, — Du  27  octobre  au  6  novembre 
1824. — Parti  le  9  janvier  1840  pour  les  Etats-Unis. 

8«— M.  Amable  Brais, — Arrivé  le  25  janvier  1825,  au  17  juillet  1826. 
— Mort,  relire,  à  Montréal,  le  19  mai  1866,  à  74  ans. 

9»— M.  J.  F.  X.  Baillahgé,— De  1825,— (Ft</e  N»  6  supra). 

10«— M.  Antoine  Fiset,— Du  18  octobre  1826  au  28  septembre  1828. 
—Mort,  curé  de  St.  Cuthbert,  le  23  avril  1870,  à  67  ans. 

11'  -M.  Michel-Marie  Bbien-Durocher, — Du  6  mars  1829 au  22  mai 
18j0. —  Morl,  curé  de  Sto.  Anne  delà  Pérade,  le  11  février 
1852,  à  51  ans  1  mois  et  27  jours. 

12* — M  Augustin  Blanchet,^ —  Du  16  février  au  7  octobres  1831, 


(1)  Nous  avons  établi  la  liste  des  vicaires  au  moyen  des  Registres 
et  Archives  de  la  paroisse,  nous  la  croyons  donc  extcte. 


206 


'■1 


— Mort  à  St.  Lin,  dont  il  a  été  le  1"  curé,  le  2  janvier  1841,  ù 
34  ans,  4  mois  et  2  jours. 

13» — M.  Fhançois-Magloihe  Turcot, — Du  2  novembre  1831  au  26  fé- 
vrier 1832. — Aujourd'hui  à  Montréal. 

14o — M.  Paschal  Brunet.— Du  11  octobre  1832  au  l"  octobre  1833. 
— Mort  à  Ste.-Rose  le  9  avril  18Gi,  à  Tàge  do  56  ans. 

15« — M.  Jo.seph-David  Delisle. — Du  15  janvier  1834  au  15  janvier 
1835, — Mort,  curé  de  la  paroisse  de  la  Petite-Rivière,  diocèse 
de  Québec,  le  14  mars  1849,  à  l'âge  de  52  ans  et  4  mois. 

16° — M.  Frs.  Xavier  Desève. —  Du  12  novembre  1837  au  19  sep- 
tembre 1838, — Mort,  retiré,  h  St.  Augustin,  en  1870. 

17" — M.  Thimothé  Filiatreault.— Du  28  janvier  1S39  au  8  mai  1840, 
— Mort  à  rile-Dupas  en  avril  1858. 

18» — M.  Charles  Champoux. — Du  18  novembre  1847  au  21  février 
1848. — Aujourd'hui  curé  de  Ste.  Anne  des  Plaini'S. 

190 — M.  Marik-Joseph  Balthazard. —  Du  2  juin  1848  au  18  septem- 
bre 1849. — Aujourd'hui  curé  de  G ranby. 

^0» — M.  François  Ancé. — Du  6  octobre  ^1849  au  25  janvier  1853, 
— Maintenant  retiré  à  Montréal.  (Étant  venu  à  St.  Eustache  à 
deux  époques.) 

Te" — M.  Olivikii  Desorcy.  —  Du  18  janvier  au  26  septembre  1851. — 
Aujourd'hui  curé  à  St.  Alexandre  d'Iberville,  diocèse  de  St. 
Hyacinthe. 

■22» — M.  LÉoxARD-AiMÉ  Desprez. — Du  4  juin  1853  au  29  août  1855. — 
Laisse  le  Canada  en  1860. 

123" — M.  Camille  Lefebvre. — Du  3  octobre  1855  au  l"  octobre  1860. 
— Aujourd'hui  curé  de  Memromccioth,  Nouveau-Brunswick. 

24»— M.  Marcel  Mireau.— Du  23  octobre  1860  au  19  juin  1862.— Au- 
jourd'hui curé  du  St.  Calixte. 

2b' — M.  Moïse  Lavallée. — Du  25  juillet  au  1""  septembre  1862.  Au- 
jourd'hui curé  de  St.  Zotique. 

56» — M.  Narcisse  Levesque, — Du  8  octobre  1862  au  10  août  1863, — 
Mort,  à  l'Hôtel-Dieu  de  Montréal,  le  11  octobre  1863,  à  30  ans 
3  mois  et  25  jours. 

21" — M.  Louis-Alfred  Dequoy, — Du  12  septembre  1864  au  27  sep- 
tembre 1865. — Aujourd'hui  curé  de  Ste.  Adèle. 

28»— M.  Louis-Oliviel  Deligny,—  Du  20  octobre  1866  au  19  août 
1867. — Aujourd'hui  à  la  Trappe,  TownshipLangevin. 

-29»— M.  FÉLIX  Perrault,— Du  21  ocLobre  1867  au  8  août  1869.— 
Aujourd'hui  à  St  Martin. 

30»— M.  L.O.  Delig.nv,— Du  18  août  1869  au  28  août  1870.  (vide 
N"  28  supva) 


207 


LISTE   DES    MARGUILLIERS    DE  I,\    PAROISSE    DE    SAI.NT-ElîSTACHK,    DEPUIS 

1778. 


août  1855.— 


•e  18G2.  Au- 


En  charge  pour  MM. 

1778 Eiistacho  Presseau, 

'1779 François  Bellangcr, 

1780 François  Filion, 

1781 Antoine  Rochon, 

1782 Louis  Droun, 

1783 Louis  Sarrasin, 

1784 Alexis  Grignon, 

1785 Antoine  Filion, 

1786  Bazile  Sauvé, 

1787 Bertrand  Guérin, 

1788 Jean-Baptiste  Turpin, 

1 789 Fean  Grand-Maison, 

1790 François  Rochon, 

1791 François  Lauzon, 

1792 Joseph  Beauchamp, 

1793 Antoine  Laucas, 

1794 Rémond  Labrosse, 

1795 Ignace  Aube, 

1796 François  Robert, 

1797 Michel  Cheval, 

1798 J.  B.  Poirier, 

1799 Pierre  Proteau, 

1800 Joseph  Duquette. 

1801 Pierre  Touchette, 

1802 J.  B.  Cauron, 

1803 Joseph  Charbonneau, 

1804 Jean  Bone, 

1805 Augustin  Rochon. 

1806 Joseph  Bélanger, 

1807 Amable  Guindon, 

1808 J.  B.  Labolle, 

1809 Joseph  Vandel, 

1810 Charles  Aube, 

1811 Joseph  Themens, 

1812 J.  B.  Richer, 

1813 Joachin  Labrosse, 

1814 Jérôme  Lallier, 

1815 Pierre  Lauzon, 

1816 Paul  Desjardins, 

1817 Jacques  Cabana, 

1818 J.  B.  Bélanger, 

1819 J.B.  Plante, 


1820 Benjamin  Lefebvre, 

1821 Fr.-Jacqiies  Rochon, 

1822 Joseph  Graton, 

1823 Pierre  Bourguignon, 

1824 F.  X.  Grignon, 

1 825 Jean-Marie  Bricot, 

1326 Joseph  Paquette, 

1827 Paul-Benoit  Lefebvje, 

1828 Alexandre  Rochon 

1829 J.  A.  Berthelot  N.  P. 

1830 Charles  Dolbec, 

1831 André  Lavallée, 

1832 Pierre  Ethier. 

1833 .J.  B.  Proulx, 

1834 J.  Marie  Labelle, 

1835 Pierre  Filion, 

1836 Michel  Charbonneau, 

1837 Jérûme  Latour, 

1838 Jérémi  Prud'homme, 

1839 J.  B.  Savard, 

1840 Joseph  Legault, 

1841 Paul  Poirier, 

1842 Louis  Dion, 

1843  J.B.  Spénard, 

1844 Amable  Rochon, 

1845 Eméry  Féré, 

1846 André  Binet, 

1847 J.B.  Sauvé, 

1848 François  Guindon, 

1849 Eustâche  Lefebvre, 

1850 Joseph  Robillard, 

1851 Antoine  Lahaye, 

1852 Pierre  Vannier, 

1853 Charles  Belair, 

1854 Séraphin  Raymond, 

1855 Pierre  Godin, 

1856 Edouard  Lefebvre, 

1857 Basile  Choquette, 

1858 Rustache  Belair, 

1859 J.  Oct.  Beauchamp, 

1860 Jeaa-Bte.  Traversy, 

1861 Joseph  Godin, 

1862 François  Proteau, 


'If.: 


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II: 


208^ 

1863 Octave  Limoges,  1868 

1864 Jean  Baptiste  Grave). 

1865 François  Lanthier,        1869 

1866 Pierre  Goyer,  1870 

1867 Joseph  Tassé, 


Michel  Lebuis  dit  La- 

vergne. 

Maxime  Bellanger, 

Charles  Ladouceur,  élit. 

en  1870  pour  1871. 


-ebuis  (lit  La- 


PAROISSE 


DE 


LÎNMNT  JESUS  de  la  POINTMUX-TREMBLES 


(TLE  DE  MONTRÉAL) 


Le  nom  de  Pointe-aux-Tremblcs  prit  son  origine  d'une 
lang^'Jie  avancée  de  terre,  complantée  de  trembles  et  que 
les  eaux  du  fleuve  ont  fait  disparaître  depuis  longtemps. 

Dès  que  la  Pointe-aux-Trembles  commença  à  s'établir, 
les  prêtres  du  séminaire  de  Saint-?  ulpice  de  Ville-Marie, 
seigneurs  de  File  de  Montréal,  y  allèrent  d'abord  les  jours 
de  dimanche  et  de  fête,  pour  célébrer  la  sainte  messe 
dans  quelques  maisons  des  habitants  ;  mais  à  mesure  que 
le  défrichement  des  terres  y  attirait  plus  de  monde,  ils  y 
fixèrent  leur  résidence  ordinaire.  On  donna  aux  terres 
qui  venaient  après  la  Longue-Pointe  le  nom  de  Côte 
Sainte-Anne,  et  celles  qui  suivaient  furent  désignées 
sous  celui  de  Côte  Saint-Jean. 

Pour  la  commodité  et  la  sûreté  des  habitants  de  cette 
partie  de  l'ile  de  Montréal,  le  séminaire  forma  le  dessein 
d'établir  un  fort  ou  village  à  la  Pointe  aux-Trembles,  et, 
dans  cette  vue,  M.  de  Queylus,  supérieur  du  dit  sémi- 


1 


210 


ïiaire,  en  y  concédant,  l'année  1669,  soixante  arpents  da 
terre  à  Jean  Oury  dit  Lamarche,  mit  pour  condition  que 
les  seigneurs  pourraient  en  reprendre,  à  leur  choix,  ce 
qui  serait  nécessaire  pour  y  bâtir  une  chapelle  et  un 
moulin,  en  remboursant  toutefois  à  Oury  le  prix  des  tra- 
vaux qu'iï  y  aurait  faits  et  en  lui  accordant  de  plus  un 
terrain  contigu  et  de  même  nature,égal  à  celui  qui  serait 
pris.  (1) 

La  Poinie-aux-Trembles,  une  des  plus  anciennes  parois- 
ses de  ce  diocèse  et  distante  de  Ville-Marie  d'environ 
•deux  lieues  et  demi,  en  descendant  le  fleuve,  se  trouve 
'comprise  dans  la  circonscription  suivante,  extraite  de 
l'arrêt  du  Conseil  d'Etat  du  Roi,  du  3  mars  1722,  qui  con- 
firme le  règlement  fait  par  Messieurs  de  Vaudreuil  et 
Bégon,  et  Mgr.  l'Eveque  de  Québec,  pour  le  district  des 
paroisses  de  ce  pays,  remis  à  Monsieur  l'Inicadant  : 
*'  L'étendue  de  la  paroisse  de  l'Enfant  Jésus,  en  i'isie  de 
^'  Montréal,  sera  en  premier  lieu  de  celle  du  domaine  de 
*'  la  Dame  veuve  du  sieur  de  l'Angloiserie  et  des  habita- 
*'  tions  de  Louis  et  Urbain  Briant,  situt  ;5  au  bout  d'en 
*'  haut  de  l'isle  Ste-Thérèse  ;  en  second  lieu,  de  deux 
'*•  lieues  ou  environ  que  conLrMit  la  dite  Cote  de  la  Pointe- 
"  aux-Trembles,  ù  prendi  '^  du  jas  de  l'isle  en  remontant 
^'  le  long  du  fleuve  Saint-Laurent,  jusqu'au  chemin  royal 
"  qui  conduit  du  bord  du  dit  fleuve  à  Saint-Léonard  ;  et 
**'  en  troisième  lieu,  de  tout  ce  qui  compose  la  dite  Côte 
'"  de  St-Léonard,  depuis  le  bout  d'en  bas  jusqu'au  mem.e 
"*' chemin  royal  ;  et  en  attendant  qu'il  y  ait  une  église 
**'  paroissiale  à  la  côte  de  la  Longuc-Pointej  le  curé  de  la 


(1)  Concession  écrite  sur  parchemin  en  date  du  5  avril  1669.  C'est 
le  p'ir>  ancien  document  qui  se  trouve  dans  les  archives  de  la 
paroisse. 


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211 

^'  Pointe-aux  Trembles  desservira,  par  voie  de  mission 
"  tout  ce  qui  est  de  la  dite  côte  St-Léonard,  au-dessus  du 
"  dit  chemin  royal,  venant  derrière  la  Longue-Pointe,  et 
^'  la  demi-lieue  d'étendue  de  la  dite  Côte  de  la  Longue- 
"  Pointe  qu'il  a  desservie  jusqu'à  présent,  à  prendre 
'■'■  depuis  le  dit  chemin  Royal,  en  remontant  le  long  du 
''  fleuve  jusqu'à  l'habitation  de  François  Blot,  icelle  com- 
"  prise." 

Ce  chemin  royal  qui  conduit  du  bord  du  fleuve  à  St- 
Léonardse  trouvait  donc  situé, à  cette  époque,  sur  la  ligne 
frontière  qui  divise  cette  paroisse  de  celle  de  la  Longue- 
Pointe.  / 

ïr 

Le  premier  curé  ou  desservant  régulier  de  la  Pointe 
aux-Trembles  aété  M.  François  Seguenot,  prêtre  de  Saint- 
Sulpice,  natif  du  diocèse  d'Autun,  France.  Il  avait  été 
envoyé  au  Canada  par  M.  de  Bretonvilliers  en  I  >73, 
Il  prit  possession  de  la  cure  en  octobre  1674.  Après  20 
ans  de  desserte,  il  fut  chargé  de  la  direction  des  relig"ieu- 
ses  de  l'Hôtel-Dieu  de  Montréal.  L'affection  qu'il  portait 
à  ses  paroissiens  et  le  désir  qu'il  avait  de  les  ser\h'  jus 
qu'à  la  mort,  le  fire>n  douter  d'abord  s'il  devait  se  y.  'dre 
aux  désirs  des  religieuses  qui  l'avaient  élu  d'une  v^  Ix 
unanime. 

Quoique  M.  Ûollier  de  Gasson,  supoi  ir  du  séminaire, 
eût  confirmé  son  élection  et  que  Mur.  de  Saint  Valier 
l'eût  prié  d'accepter  ce  nouvel  emploi,  dans  l'espérance 
qu'il  pourrait  aussi  diriger  les  Fr  s-Hospiîaliers  que 
M.  Charron  établissait  alors,  M,  Seguenot  voulut  néan-.. 
moins,  avant  d'abandonner  sa  paroisse,  consulter  M. 
Tronson,  supérieur  général  de  la  compagnie  de  Saint-Sul- 
pice.     Voici  ce  que  ce  dernier  lui  écrivait  à  la  date  du 


r  : 


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212 

^8  mars  1695  :  "  Il  y  a  vingt  ans  que  vous  travaillez  à  la 
^'  Pointe-aux-Trembles,  vous  y  avez  l'ordre  et  la  piété  ;  la 
^'  paroisse  de  TEnfant  Jésus  est  bien  réglée.  Il  y  a  appa- 
*'  renée  que  vous  avez  fait  tout  ce  que  Dieu  demandait 
*'  de  vous,  puisque  présentement  il  vous  appelle  ailleurs. 
*'  Car  après  la  prière  que  vous  a  faite  Mgr.  de  Québec, 
*'  après  l'ordre  de  M.  de  Gasson,  après  votre  élection  par 
*'  toutes  les  filles  de  l'Hôtel-Dieu,  il  est  difficile  de  ne  pas 
*'  croire  que  ce  ne  soit  là  votre  vocation.  Vous  devez 
*'  espérer  que  ces  bonnes  filles  ne  profiteront  pas  moins 
^'  de  la  spiritualité  que  vous  leur  donnerez,  qu'en  ont 
*'  profité  les  habitants  de  la  Pointe-aux-Trembles.  Quoique 
*'  cet  emploi  demande  du  temps,  je  ne  crois  x^as  qu'il  soit 
^'  aussi  pénible  que  celui  de  votre  paroisse,  et  la  consola- 
*'  tion  de  voir  de  bonnes  sœurs  avancer  à  g/ands  pas  dans 
*'  la  perfection,  adoucira  vos  infirmités.  Il  est  vrai  que 
*'  le  soin  de  l'hôpital  de  M.  Charron,  avec  le  service  des 
*'  Religieuses,  seront  pour  vous  une  grande  charge  ;  mais 
*^  si  Vobéissance  vous  impose  ce  double  joug,  je  ne  doute 
*'  pas  que  N.  S.  ne  vous  soutienne  et  ne  vous  donne  les 
*' forces  nécessaires  pour  vous  en  acquitter  dignement." 
Dieu  bénit  le  zèle  que  M.  Seguenot  déploya  pour  la 
sanctification  des  filles  de  Saint-Joseph,  et  il  s'acquit  dans 
cet  emploi,  qu'il  exerça  jusqu'en  l'année  1699,  une  grande 
jéputation  par  ia  conduite  des  âmes.  Il  reprit,  au  mois, 
cle  juin  .'715,1a  direction  de  la  cure  de  la  Pointe-aux- 
Trembic'S  et  y  demeura  jusqu'au  trois  de  juillet  1718, 
alors  .ju'-l  retourna  à  Montréal,  où  il  mourut  le  8  août 
17:>7^Hgéd6S3ans.  (I)      ;  •:    •: 


(!)  M,  t  l'-.epj't  Tut  le  directeur  spirituel  de  Mlle.  LeBer,  morte  le 
2  octoL/e  k.' ..4,  après  19  années'de  réclusion  à  la  Congrégation  de. 
Yillti-Marie. 


213 


III 


Le  dimanche,  18  novembre  1G74,  les  principaux  habi- 
tants  dubas  de  l'île  de  Montréal  s'assemblèrent, sons  lapré- 
sidence  de  M.  Jean  Frémont,  prêtre  du  séminaire  de 
Montréal,  dans  la  maison  de  François  Beau,  où  jusqu'a- 
lors on  avait  célébré  la  messe,  afin  de  délibérer  sur  les 
moyens  à  prendre  pour  bâtir  une  chapelle  où  l'on  pût 
célébrer  l'office  divin  plus  décemment  que  par  le  passé. 
On  y  décida  que  chaque  habitant  de  la  paroisse  donne- 
rait ce  qu'il  pourrait,  soit  en  argent,  pelleteries,  mar- 
chandises, grains,  bois  etc.,  et  on  procéda  de  suite  à  l'é- 
lection de  deux  marguilliers  pour  avoir  soin  de  la  bâtisse 
de  la  dite  chapelle  ;  et  François  Beau  ,de  la  Côte  Saint-' 
Jean,  et  Laurent  Archambault,  de  la  Côte  Sainte-Anne, 
furent  élus  unanimement,  (l) 

Cependant  nous  voyons  que  cette  chapelle  n'était  pas 
encore  terminée  en  1677,  car  M.  Seguenot  convoqua,  le 
premier  août  de  cette  môme  année,  une  assemblée  des 
paroissiens,  dans  la  maison  du  dit  Beau,  aux  fins  do 
prendre  les  moyens  les  plus  prompts  et  les  plus  conve- 
nables pour  terminer  cette  même  chapelle  et  la  mettre 
dans  un  état  tel  que  l'on  pût  y  célébrer  décemment  les 
saints  offices. 

La  chapelle  étant  achevée,  M.  Lefebvre,  supérieur 
du  séminaire  et  vicaire  général,  la  bénit,  le  13  mars 
1678,  sous  le  titre  de  l'Enfant  Jésus,  assisté  de  M.  Segue- 
not et  de  M.  Jean  Cavelier,  frère  du  Sieur  Lasalle. 


(I)  Registre  des  délibérations,  page  2. 


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214 

Acte  de  la  bénédiction  de  l'église  paroissiale  de  l'en- 
fant JÉSUS,  AU  BAS  DE  l'iSLE  DE  MONTRÉAL. 

"  Ce  jourdhuy  troisième  dimanche  de  quarème  trei- 
"  ziéme  de  mars  de  l'année  mil  six  cent  soixante  et  dix 
"huit. 

"  L'Eglise  dite  de  L'anfan  Jésus  bâtie  à  la  pointe  aux 
"  trambles  au  bas  de  l'isle  de  monréal  an  la  nouvelle 
"  france  septantrionale  des  deniers  et  aumônes  des  ha- 
"  bilans  et  paroissiens  du  bas  de  la  dite  isle,  et  de  ceux 
"  de  Mrs.  les  Seignrs.  de  la  d.  Ile,  a  été  bénite  an  la  ma- 
"  nière  acoutumée  et  suivant  le  rituel  romain  sous  le 
*'  nom  et  titre  de  l'Anfan  Jésus  pour  servir  d'Eglise  pa- 
"  roissiale,  et  pour  y  faire  les  fonctions  Guriales,  par 
*'  Messire  françois  lefevre  prêtre  Supérieur  du  iSémi- 
*'  naire  du  dit  Monréal,  et  grand  Vicaire  de  Monseignf  jr 
"  L'Illustrissime  et  Révérandissime  Evoque  de  Kébec, 
^'  assisté  de  Messire  françois  Seguenot,  prêtre  du  dit  Sé- 
"  minaire  Curé  desservant  a  presant  la  dite  paroisse  de 
"  l'Anfan  Jésus  au  bas  de  la  d.  isle  du  Monréal,  et  de 
*'  Messire  Jean  Cavelier,  prêtre,  ou  étoient  Laurans  Ar- 
''  c'.ambau,  Jean  Raynau  de  presant  marguilliers  an  la 
"  dite  paroisse, françois  Bau  ancien  marguillier  Me. hanry 
*'  Sabatier,  Me.  Joseph  de  Montenon,  Antoine  basinet, 
"  pierre  perthuis,  andré  Carière,  pierre  Mersan,  toussain 
"  Baudri,  Jean  desroche,  honoré  Langlois,  Jean  Bau- 
"  chan,  pierre  peyette,  Guillaume  richar,  Jean  Baudouin, 
"  Jean  grou,  françois  Boular,  Jean  choron,  Etienne  fo- 
"  restier,  françois  fortin,  paul  daveluy,  paul  dazé,  fran- 
"  çois  dormez,  nicolas  Joly,  Rolin  Bellau  et  autres  pa- 
*'  rolssiens,  lesquels  pour  lapluspait  ont  signé  le  presant 
"  acte  avec  les  dits  Eclesiastiques  pour  servir  de  mémoire 
"  a  la  postérité  sur  le  Registre  de  la  d.  paroisse  ou  le  d. 


il 


215 


LE    DE    L  EX- 


''•  acte  a  été  registre  pour  y  avoir  recours  toutes  fois  e 
"  et  quantes  qu'il  an  sera  de  besoin." 

Malgré  ce  qu'en  dit  cet  acte  il  n'y  eut  que  les  trois 
prêtres  sus-nommés  qui  y  apposèrent  leur    signature.  (1) 

Suivant  un  manuscrit  conservé  à  l'archevêché  de 
Québec,  cette  chapelle  avait  trente-six  pieds  de  longueur 
sur  vingt-quatre  de  largeur. 

Riendansle  villagede  la  Pointe-aux-Trembles,  n'indique 
l'endroit  précis  où  était  bâtie  cette  chapelle,  mais,  d'après 
la  tradition,  elle  devait  se  trouver  au  haut  de  la  rue  Sainte- 
Anne,  entre  la  rue  transversale  de  l'Enfant  Jésus  et  le 
nonveau  chemin  public. 

Ce  qui  rend  cette  tradition  vraisemblable,  c'est  que  la 
petite  rue,  qui  aboutit  à  l'emplacement  de  Jean-Baptiste 
Gervais,  est  encore  appelée  "  Rue  du  Cimetière  "  et  que 
cette  rue  devait  nécessairement  communiquer  à  l'ancien 
cimetière  contigu,  ou  du  moins,  peu  éloigné  de  la  cha- 
pelle. 

Il  y  a  quelques  années,  en  creusant  en  arrière  de  l'em- 
placement de  Pierre  Chaiifoux,  on  trouva  des  ossements 
humains  de  vieille  date,  ce  qui  démontre  clairement  la 
localité  de  ce  cimetière. 

Par  suite  de  la  crue  constante  des  eaux  du  fleuve,  le 
village  ou  fort  de  la  Pointe-aux-Trembles,  comme  on 
l'appelait  alors,  a  subi  des  changements  de  configuration 
assez  considérables.  Ainsi  l'ancienne  rue  Saint-Louis  pa- 
rallèle au  fleuve,  de  môme  qu'un  moulin  à  vent  qui  s'y 
trouvait,  ont  disparu  depuis  longtemps  ;  plus  récemment 
et  par  la  môme  cause,  l'ancien  chemin  royal,  longearit 
le  fleuve,  passant  par  conséquent  devant  l'église  actuelle, 


(l)  Registre  des  délibéral  ions  p;ig<' i, 


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et  à  travers  le  village,  par  lame  Saint-François,  aétéaban-. 
donné  et  remplacé,  en  18il,parle  nouveau  chemin  en 
arrière  du  village,  ce  qui  a  nécessité  l'ouverture  d'une 
nouvelle  rue  pratiquée  sur  l'emplacement  de  feu  Jean- 
Baptiste  Archambault,  appartenant  actuellement  aux 
sœurs  de  la  Congrégation. 

Voici  le  nom  des  rues  du  village  tel  qu'il  se  trouve 
présentement  :  La  rue  parallèle  au  lleuve,  Saint- François; 
la  première  grande  rue  voisine  du  presbyte re,Sairit-Jean  ; 
la  seconde,  Sainte-Anne,  et  celle  transversale,  de  l'Enfant 
Jésus,  aboutissant  à  la  petite  rue  du  (imetière  sus-cit/'e. 

Le  10  septembre  1G79,  sur  la  proposition  de  M  Segue- 
not,  les  habitants  s'étant  réunis  en  assemblée,  résolurent 
d'acheter  l'habitation  de  Jean  Raynau  ditplanchar,  pour 
servir  de  presbytère,  ainsi  que  la  terre  de  deux  arpents 
sur  vingt,  sur  laquelle  était  bâtie  la  dite  habitation,  pour 
la  somme  de  neuf  cents  livres,{l)  payable  en  deux  termes, 
en  castor,  ou  argent,  ou  bled  marchand,  au  prix  courant. 
Cette  vente  s'effectua  le  4  novembre  de  la  dite  année, 
1679,  devant  M'".  Maugue,  notaire. 

C'est  sur  cette  terre,  qui  appartient  encore  à  la  fabri- 
que, que  furent  bâtis  l'église  actuelle,  le  couvent  et  la 
plus  notable  partie  du  village.  Cette  même  terre  formait 
originairement  partie  de  la  susdite  concession  faite  à 
Oury  et  que  Jean  Raynau  acquit  plus  tard  du  nommé 
Mathurin  Martin. 

Il  est  à  remarquer  que  les  seigneurs  de  Montréal 
octroyèrent  à  la  fabrique  le  privilège  de  concéder  des 
emplacements  dans  le  village  et  d'en  percevoir  les  rentes 
à  son  profit  et  avantage. 

(n  $150.03. 


217 


Le  15  jt'invier  1G80,  les  habitants  de  la  Rivières  des- 
Prairies  s'engagèrent,  en  présence  de  M.  DoUier,  siipé- 
j'ieur  du  séminaire,  et  de  M.  Seguenot,  curé,  à  contribuer 
de  bonne  grûce  à  l'église  de  la  Pointe-aux-Trembles, 
en  attendant  que  leurs  moyens  les  missent  en  état  de 
bâtir  une  église  rour  eux-mêmes,  à  condition  toutelois 
que  M.  le  curé  de  la  Pointe-aux-Trembles  inviterait,  au 
prône,  les  habitants  de  sa  paroisse,  à  venir,  au  àside  bonne 
grâce,  en  aide  aux  habitants  delà  Rivière-des-Prairies. 

Suivant  le  manuscrit  sus-cité,  la  paroisse  de  la  Pointe- 
aux-Trembles comprenait,  en  1C83,  environ  80  familles^ 
formant  370  âmes. 

Le  12  novembre  1684,  M.  Seguenot,  accompagné  de  M- 
Basset,  alors  curé  de  Reper.tigny,  fit  la  bénédiction  d'une 
cloche,  qui  fut  nommée  Thérèse  du  Saint-Enfant  Jésus^  par 
le  sieur  Perthuis  et  Damoiselle  Marie-Thérèse  Dugué. 

Le  clocher  ,qui  fut  rasé  par  un  coup  de  vent  le  4  août 
1817,  entraîna  cette  cloche  qui  se  brisa  dans  sa  chute. 
Elle  avait  alors  133  ans,  et  fut  beaucoup  regrettée  des 
paroissiens,  qui  l'aimaient  pour  son  antiquité  et  son  joli 
son  argentin. 

La  dévotion  des  quarante  heures  avait  été  établie  dans 
l'église  de  la  Pointe-aux-Trembles,  en  réparation  des  ou- 
trages que  Notre-Seigneur  reçoit  dans  l'adorable  sacre- 
ment de  l'Eucharistie  et  pour  engiger  les  paroissiens  à 
passer,  en  exercices  de  piété, les  trois  jours  qui  précèdent 
le  carême.  Ce  fut  dans  un  de  ces  jours,  en  l'année  1685, 
le  4  mars,  que  M.  Seguenot  reçut  l'abjuration  d'un  sol- 
dat, du  nom  de  Daniel  pépi  dit  Lafleur,  calviniste,  âgé 
de  20  ans.  Dans  la  même  année,  l'')85,  le  dimanche  des 
Rameaux,  il  reçut  aussi  l'abjuration  de  deux  autres  sol- 
dats, du  nom  de  Jacques  Poissan  dit  La  Saline  et  de  Da- 
niel fore  dit  Laprairie. 


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IMACE  EVALUATION 
TEST  TARGET  (MT-3) 


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23  WEST  MAIN  STREET 

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(716)  «72-4303 


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Cest  vers  cette  époque  que,  par  les  soins  et  le  zèle  de 
M,  Seguenot  et  de  ses  paroissiens,  fut  fondée  et  établie 
dans  cette  paroisse  une  mission  des  sœurs  de  la  Congré- 
gation de  Notre-Dame,  qui  y  subsiste  encore.  Une  mai- 
son en  bois  leur  fut  procurée  dans  l'enceinte  du  fort,  et 
c'est  des  mains  mômes  de  la  vénérable  Marguerite  Bonr- 
geciiquele  vertueux  curé  reçut  deux  de  ses  courageu- 
ses filles  pour  venir  y  habiter  cette  maison  exposée  et  y 
commencer  l'œuvre  de  l'éducation  chrétienne  de  leur 
sexe.  C'est  une  des  plus  anciennes  missions  de  cette 
admirable  institution' à  laquelle  le  Canada  doit,  depuis 
plus  de  200  ans,  d'inappi'éciables  services,  tant  au  spirituel 
qu'au  temporel. 

En  1686,  M.  Tronson  engageait  fortement  M.  Seguenot 
à  ne  rien  négliger  pour  y  former  d'une  manière  solide 
l'établissement  des  sœurs. 

"  Deux  filles  de  la  Congrégation  pour  maîtresses 
"  d'école,  lui  écrivait-il^  une  maison  propre  pour  les  loger 
"  et  un  fonds  suffisant  pour  assister  les  pauvres,  vous 
"  seraient,  à  la  vérité,  d'un  grand  secours,  et  il  faut  faire 
"  ce  que  l'on  pourra  pour  vous  le  procurer." 

Cette  première  maison  fut  remplacée,  en  1754,  par  la 
maison  en  pierre  actuelle  ;  elle  est  d'assez  grande  dimen- 
sion, et  solidement  construite  ;  elle  n'avait  eu  jusqu'ici 
qu'un  étage,  mais  pour  répondre  aux  besoins  du  temps, 
elle  fut  élevée  d'un  autre  étage  en  1850  ;  on  en  répara 
tout  l'intérieur  et  on  y  fit  une  nouvelle  division.  Monsei- 
gneur Bourget,  évoque  de  Montréal,  en  fit  la  bénédiction 
ainsi  que  de  la  chapelle  et  de  la  cloche  du  règlement,  à 
la  fin  de  juin  1851.  Les  sœurs  Saint-Jacques  et  Saint- 
Alexis  étaient  alors  à  la  mission. 

"  Le  deux  juillet  1690,  les  Iroquois  tuèrent  au  bout  de 


et  le  zèle  de 
le  et  établie 
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I.  Une  mai- 
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îxposée  et  y 
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M.  Seguenot 
anière  solide 

r  maîtresses 

our  les  loger 

auvres,  vous 

il  faut  faire 

1754,  par  la 
ande  dimen- 
eu  jusqu'ici 
ns  du  temps, 
n  en  répara 
ion.  Monsel- 

bénédiction 
règlement,  à 
les  et  Saint- 

t  au  bout  de 


219 

*'  nie,  près  de  lu  Coulée  de  Jean  Grou,  le  Sr  Colombe, 
"  lieutenant  réformé,  Joseph  de  Montenon  Sr  de  la  Rue 
*'  que  les  ennemis  brûlèrent  le  jour  môme  derrière  le  fort 
*'  de  LaChenaye,  Guillaume  richar  dit  Lafleur,  notre 
"  lieutenant  de  milice,  Jean    Jalot,  notre  chirurgien, 

" Jean  Delpué  dit  parisot,  Joseph 

"  carrier  dit  Larose,  Jean  Raynau  dit  Planchar  brûlé 
"  aux  Onëiouts  avec  Jean  Grou,  paschange  et  le  bohème 
*'  en  présence  du  père  Millet,  Jean  Beaudoin,  fils,  pierre 

*'  Masta,  et  un  employé  du  grand  Beauchant  nommé 

*'  Pierre  Peyet  dit  St  amour  a  été  pris  dans  l'attaque  et 
"  ammené  prisonnier  le  2  juillet  1690,  il  a  été  donné  aux 
"  Onëionts  qui  lui  ont  donné  la  vie  ainsi  que  nous  a 
*'  mandé  le  père  Millet  du  mois  février  1691  d'Onëiontou 
"  il  est  aussi  et  ou  on  lui  a  donné  la  vie. 
*'  Le  dit  St  Amour  est  revenu  au  fort  en  1693."  (1) 

Comme  on  craignait  beaucoup  les  Iroquois,  on  enterra, 
à  la  hâte,  les^corps  de  ceux  qui  avaient  été  ainsi  tués,  à 
l'endroit  môme  où  le  massacre  avait  eu  lieu  :  ce  ne  fut 
que  le  2  novembre  1694  que  l'on  transporta  leurs  osse- 
ments au  cimetière,  où  ils  furent  inhumés  en  présence 
de  presque  tous  les  paroissiens.  (1) 

Le  8  mai  1691,  les  Iroquois,  ayant  fait  irruption  dans 
la  paroisse,  tuèrent  le  nommé  Grégoire  Simon  et  sa 
femme.  Ils  firent  aussi  prisonniers,  le  27  août  de  la 
môme  année,  Nicolas  Millet  et  sa  femme,  qu'ils  surprirent 
dans  leur  champ  ;  mais  tous  deux  furent  délivrés  de  leur 
captivité  huit  jours  après. 

Malgré  ces  dévastations  et  les  difficultés  sans  nombre 


(1)  Registre  paroissial. 

(2)  Idem. 


■■H 


220 

de  cette  époque,  la  paroisse  de  la  Pointe-aux-Trembles  fit 
des  progrés  rapides.  Outre  la  mission  des  sœurs  de  la 
Congrégation,  qui  y  était  déjà  établie,  les  Frères-Hospita- 
liers de  Ville-Marie,  aidés  par  les  libéralités  du  séminai- 
re, y  établirent  une  école  pour  les  garçons,  et  en  1718  ils 
y  possédaient  plusieurs  terrains  dans  l'enceinte  du  fort, 
ainsi  que  des  concessions  de  terre  à  la  Côte  Saint- 
Léonard. 

C'est  vers  ce  temps-là  que  s'établit  la  Côte  Saint-Léo- 
nard,et  qu'on  y  commença  le  défrichement  des  terres. 
On  voit  que,  pendant  l'année  1707,  les  seigneurs  de  Mon- 
tréal octroyèrent,  à  divers  habitants  de  la  Pointe-aux- 
Trembles,  vingt  neuf  concessions  de  terre,  dans  la  dite 
Côte  Saint-Léonard.  (1) 

M.  Seguenot  ayant  été  nommé,  comme  on  l'a  vu  plus 
haut,  directeur  des  religieuses  hospitalières  de  Montréal^ 
fut  obligé  de  laisser  sa  paroisse  où  il  eut  pour  successeur 
M.  Claude  le  Breton,  prêtre  de  Saint-Sulpice. 

IV. 


f  j  '<■ 


à' 


M.  le  Breton  arriva  au  Canada  le  3  août  tG94  et  desser- 
vit  la  paroisse  de  la  Pointe-aux-Trembles,  de  1694  à  1699, 
et  partit  pour  la  France  en  1702.  Il  fut  remplacé  par  M. 
Léonard  Chaigneau,  prêtre  de  Saint-Sulpice,  veu  au 
Canada  le  15  août  1688. 

M.  Chaigneau  était  de  Limoges.  Après  avoir  demeuré 
à  la  Pointe-aux-Trembles  de  1699  à  1702,  il  desservit  la 
Rivière-des-Prairies  de  1702  à  1703,Ile-Dupas  de  1704  à 
1706,  Repentigny  de  1706  à  1708,  etc.  Il  mourut  à  Mont- 
réal le  24  décembre  1711  à  49  ans. 


(I)  Minutes  de  Mire.  Senez,  notaire. 


ce,  veu    au 


221 

V.      ' 

• 

M.  Benoit  Roclic,  prêtre  de  Saint-Sulpicc,  succéda  à 
M.  Chaigneau.M.  Roche  était  natif  du  diocèse  du  Puy  et 
arriva  au  Canada  le  6  août  1702.  Onze  jours  après  son 
arrivée,  il  fut  chargé  de  la  desserte  de  la  Pointe-aux- 
Trembles,  où  il  demeura  jusqu'en  1715.  Il  fut  inhumé 
à  Montréal  le  3  juillet  de  la  môme  année,  âgé  de  40  ans, 
dix  neuf  jours  après  avoir  quitté  la  cure  de  la  Pointe  aux- 
Trembles. 

Ce  fut  M.  Roche  qui  détermina  de  commencer  l'église 
actuelle,  l'ancienne  chamelle  éîant  devenue  tout-à-fait 
insuffisante  pour  les  besoins  du  culte  et  le  nombre  tou- 
jours croissant  des  paroissiens.  Il  n'y  avait  plus  à  diffé- 
rer ;  on  se  mit  à  l'œuvre,  et,  le  24  juin  1705,  M.  de  Bel- 
mont,  supérieur  du  séminaire  et  vicaire  général  de  l'c- 
vèque  de  Québec,  fit  la  bénédiction  solennelle  de  la  pre- 
mière pierre  sur  laquelle  on  mit  l'inscription  suivante  : 

A  Dieu  très  bon,  très  grand. 

L'an  de  salut  1705 

Le  X  des  Ides  de  Juin 

Séant  en  la  Chaire  de  St.  Pierre,  Clément  Pape  XI 

Régnant  Louis  le  grand,  14e  du  nom 

Sous  l'Episcopat  d'Illustrispime  et 

Revérendissime  Père  en  Dieu 

Messire  Jean  Bte.  de  la  Croix,  Evoque  de  Québec 

Etant  gouverneur.  Lieutenant  Général 

pour  le  Roi  en  la  Nouvelle  France 

Haut  et  puissant  seigneur 

Messire  Philippe  de  Rigaut, 

Marquis  de  Vaudreuil,  Chevalier 

de  St-Louis.  --.  ^* 


i:'A. 


K- 


222 

Intendant  de  Justice,  Police  et  Finance, 

Messire  François  de  Beauharnois, 
Conseiller  du  Roi  en  tous  ses  Conseils,  r 

Gouverneur  de  Montréal,  [^, 

Messire  Claude  de  Ramesais, 
Chevalier  de  St-Louis. 
Cette  première  pierre  solennellement 
bénite.  Heureux  commencement 
de  l'Eglise  paroissiale  dédiée  au 
TRÈS  ST.  ENFANT  JESUS, 
.  fut  mise  et  placée  dans  les  fondements 
par  ou  au  nom  de  Monsieur  le 
Marquis  de  Vaudreuil. 

On  ne  fit  pour  lors  que  la  nef,  les  moyens  ne  permet- 
tant pas  sans  doute  d'en  faire  davantage.  On  ne  sait  pas 
ce  qu'a  coûté  cette  partie  de  l'église,  vu  que  ce  n'est 
qu'environ  douze  ans  après,  qu'il  se  trouve  un  livre  des 
recettes  et  dépenses  de  la  fabrique. 

Les  travaux  de  construction  s'opérèrent  assez  prompte- 
ment,  puisque  le  sieur  Honoré  Langlois,  un  des  plus 
anciens  paroissiens,  fut  inhumé,  dans  la  nouvelle  église 
le  12  décembre  1700.  (1) 


VI. 


Le  27  juin  1715,  M.  Seguenot  fut,  pour  la  deuxième 
fois,  chargé  de  la  desserte  de  cette  paroisse,  où  il  demeu- 
ra, comme  nous  l'avons  déjà  mentioné,  de  1715  à  171 8". 
Il  eut  pour  successeur  M.  Jean-Gabriel-Marie  Le  Pape  du 
Lescoàt,  prêtre  de  Saint-Sulpice. 

(I)  Registre  paroissial. 


223 

M.  Du  Lescoat  naquit  en  Bretagne  et  arriva  au  Cana 
da,  le  28  juin  1718.  Il  desservit  la  paroisse  de  la  Pointe- 
aux-Trembles, du  mois  de  juillet  1718  au  mois  de  sep- 
tembre 1719,  et  quelques  années  après,  il  fut  nommé 
curé  d'office  de  Ville-Marie,  charge  qu'il  occupa  depuis 
le  12  août  1725  jusqu'au  11  février  1730.  Il  mourut,  le 
7  février  1733,  à  44  ans.  "  Il  fut  un  grand  homme  et  un 
"  saint,  regardé  comme  tel  par  l'opinion  populaire  qui  a 
souvent  honoré  son  tombeau."  (1) 


VII. 


M.  Du  Lescoat  fut  remplacé  par  M.  Charles  De  la  Gou. 
dalie,  prêtre  de  Saint-Sulpice. 

M.  De  la  Goudalie  arriva  au  Canada,  le  27  août  1707. 
Après  avoir  été  missionnaire  à  l'Ile-Dupas  pendant  dix 
ans,  de  1708  à  1718,  il  desservit  la  Pointe-aux-Trembles 
depuis  le  21  septembre  1719  jusqu'au  12  février  1727,  et 
partit,  cette  môme  année,  1727,  pour  l'Acadie.  "  En  1748, 
"  il  passa  en  France,  pour  revenir  en  Acadie  en  1750.* 
(2)  M.  De  la  Goudalie  était  vicaire-général. 

Le  tabernacle  du  grand  autel  a  été  fait  en  1725,  scu? 
M.  De  la  Goudalie,  par  le  sieur  François  le  Vasseur.  Il 
est  en  bois  doré^  d'ordre  corinthien  et  a  coûté  cent  mi- 
notg.  de  bled  et  quatre  cents  francs  en  argent,  ($66.67) 

Le  12  mars  1727,  M.  Maurice  Courtois,  prêtre  de  Saint- 
Sulpice,  successeur  de  M  Delà  Goudalie,  vint  à  la  Pointe- 
aux-Trembles, où  il  demeura  douze  ans,  jusqu'au  29  juin 
1739. 


(1)  Ta.igiiay,  Bép.  Gén.  p.  88. 

(2)  Idem.,  liêp.  Gén.  p,  78. 


224 


■•(  1 


M.  Courtois  était  né  le  8  septembre  1682,  dans  le 
diocèse  de  Clermont  et  arriva  au  Canada,  le  27  août 
1707.  Quelques  mois  après  son  arrivée,  il  avait  été  char- 
gé de  la  cure  de  Repentigny,qu'il  desservit  pendant  trois 
ans,  depuis  le  4  mars  1708  jusqu'au  3  mars  1711.  Il  mou- 
rut, à  Montréal,  le  7  avril  1755,  âgé  de  72  ans  et  7  mois 
moins  un  jour. 

Depuis  le  29  juin  1739  jusqu'au  15  octobre,  môme 
année,  les  actes  de  baptêmes,  mariages  et  sépultures  sont 
signés  par  MM.  Joseph  Hourdé,  François  Doinet,  et 
Pierre  Thomas-Ruffin  (de  la  Maraudière),  prêtres  de 
Saint-Sulpice. 

M.  Doinet  s'intitule  faisant  les  fonctions  curiales. 

virr. 

M.  Joseph  Dargeut,  prêtre  de  Saint-Sulpice,  desservit 
la  paroisse  de  la  Pointe-aux-Tremble,  durant  sept  ans  et 
quatre  mois,  depuis  le  15  octobre  1739  jusqu'au  22  fé- 
vrier 1747. 

M.  Dargent  né,  le  4  juillet  1712,  dans  le  diocèse  de 
Nantes,  fut  ordonné  en  mars  1737  et  vint  au  Canada  le 
24  juillet  de  la  môme  année.  "  Il  était  un  excellent  ar- 
t*  chitecte.  11  avait  commencé  les  ouvrages  du  rétable  de 
*'  l'église  de  la  Pointc-aux-Tremble,  lorsque  la  mort  l'en- 
leva." (I) 

M.  Dargent  mourut,  à  la  Pointe-aux  Tremble  le  22  fé- 
'  vrier  1747,  à  l'âge  de  34  ans,  7  mois  et  18  jours,  et  fut 
inhumé  le  lendemain,  le  23,  dans  le  sanctuaire,  sous  la 
lampe,  par  M.  Louis  Norman t  du  Faradon,  vicaire-géné- 
ral et  supérieur  du  séminaire  de  Saint  Sulpice  de  Ville- 


Ci)  Tanguay,  Rèp.  Gén.  p.  100, 


225 


Doinet,  et 


Marie,  assisté  de  MM.  Alexis-Gilbert  Favart  et  Mathieu 
Falcoz,  prêtres  de  Saint-Sulpice. 

Ce  fut  M.  Dargent  qui  fit  construire,  en  174!,  le 
chœur  et  les  chapelles  latérales  ;  les  ouvriers  qu'on  em- 
ploya lurent  Jean-Baptiste  Deguire  dit  Larose,  maçon, 
Joseph  Dufaux,  charpentier,  Jean-Baptiste  Couturier, 
menuisier  et  Antoine  Cirier,  sculpteur. 

L'égUse,  ainsi  complétée,  a  cent  douze  pieds  de  longueur 
sur  trente-sept  et  demi  de  largeur. 

Durant  les  années  1869  et  1870,  il  fut  fait  diverses  ré- 
parations et  changements  dans  l'intérieur  de  l'église  :  le 
chœur  fut  réduit  à  sa  dimension  actuelle,  le  jubé  agran- 
di, la  voûte  et  les  bancs  peints  à  neuf. 

J/ancienne  sacristie  qui  subsiste  encore  au  chevet  de 
l'église  (rond  point),  qui  avait  vingt-deux  pieds  de  lon- 
gueur sur  vingt-neuf  de  largeur,  a  été  remplacée,  en 
l'année  1802,  sous  M.  Girouard,  par  la  sacristie  actuelle. 
Agrandie,  en  1803,  sous  M.  Porlier,  elle  a  aujourd'hui 
trente-deux  pieds  de  longueur  sur  vingt-neuf  et  demi  de 
largeur. 

Quant  au  presbytère,  on  a  vu  plus  haut  qu'il  avait  été 
arrêté,  dans  une  assemblée  des  paroissiens,  en  1679,  que 
la  maison  bâtie  sur  l'habitation  que  l'on  achetait  de  Jean 
Raynau,  servirait  de  presbytère;  depuis  on  l'a  augmenté 
de  deux  autres  parties  dont  la  dernière,  construite  par  M. 
Raimbault,  sert  actuellement  de  salle  publique.  Le  pres- 
bytère, y  compris  celte  salle,  a  soixante-trois  pieds  de 
longueur  sur  trente-et-un  de  largeur.  Il  est  en  pierre,  à 
un  étage  et  est  couvert  en  bardeaux.) 

Des  réparations  considérables  et  jugées  absolument  né- 
cessaires y  ont  été  faites,  en  1858,  sous  M.  Porlier,  ainsi 
qu'aux  autres  bâtisses  qui  en  dépendent. 

5 


226 


.  > 


h  ' 


IX. 

M.  Clément  Pages,  prêtre  de  Saint-Sulpice,  successeur 
(le  M.  Dargent,  était  né  le  2  novembre  1715,  dans  le 
diocèse  de  Viviers,  et  arriva  au  Canada  le  17  août  1741. 
Environ  deux  mois  après  son  arrivée,  il  fut  chargé  de  la 
cure  de  la  Longue-Pointe,  où  il  demeura  deux  ans,  du  15 
octobre  1741  au  3  novembre  1743  ;  et,  le  11  mars  1747,  il 
fut  nommé  curé  de  la  paroisse  de  la  Pointe-aux-Trembles, 
qu'il  desservit  durant  vingt-et-un  ans  et  sept  mois,  jus- 
qu'au 28  septembre  1768. 

M.  Pages  disparut  le  3  mai  1 769  et  fut  trouvé  noyé  à 
Verchères,  où  il  fut  inhumé  le  23  du  mùme  mois  dans 
l'église  de  cette  paroisse.  Il  était  âgé  de  54  ans  et  6  mois. 

Le  retable  de  l'église  de  la  Pointe-aux-Trembles  fut 
recommencé,  en  1 749,  sous  M.  Pages,  et  continué  sous 
MM.  Robert  et  Huet  de  la  Valinière  et  entièrement  ter- 
miné sous  M.  Durocher.  Ce  retable  a  été  fait,  dit-on,  sur 
les  desseins  qu'en  avait  laissés  M.  Dargent. 

Sous  M.  Durocher  aussi,  on  orna  la  voûte  et  on  fitfaire 
la  chaire  et  le  banc-d'œuvre  actuel,  en  1809. 

X, 

Le  5  octobre  1768,  M.  Jean-de-Dieu-François  Robert, 
prêtre  de  Saint-Sulpice,  arriva  à  la  Pointe-aux-Trembles 
et  y  demeura  cinq  ans,  jusqu'au  8  octobre  1773.  Né,  le 
20  avril  1724,  au  diocèse  de  Limoges,  il  arriva  au  Cana- 
da le  3  septembre  1753,  et  mourut  à  Montréal  le  23  avril  " 
1784,  âgé  de  60  ans  et  3  jours.  -  i 

XL  - 

M.  Robert  fut  remplacé  par  M.  Pierre  Huet  de  la  Vali- 
nière, prêtre  de  Saint-Sulpice,  natif  du  diocèse  de  Nantes 
Celui-ci  arriva  sous-diacre,  en  1754  et  fut  ordonné  le  IS 


227  « 

juin  1755.  Après  avoir  desservi  la  paroisse  de  laPointe' 
aux-Trembles  environ  une  année,  du  11  octobre  1 773  ati  5 
novembre  1774,  il  allaj  le  19  novembre  de  la  môme  an- 
née, remplacer  M.  Jacques  Degeay,  à  l'Assomption,  qn'il 
quitta  le  31  janvier  1777,  pour  prendre  charge  delà  cnre 
de  Saint-Roch-des-Aulnets,  et,  en  1778,  de  celle  de  Sainte- 
Anne  de  la  Pocatière.  "  Il  passa  dans  le  diocèse  de  Balti- 
"  more,  en  1779,  par  ordre  du  gouvernement  d'alors  et 
"  revint  en  Canada  en  1792."  (1) 

M,  Huet  de  la  Valinière  fut  tué,  en  revenant  de  L'As- 
somption,  dans  une  chute  de  voiture,  le  29  juin  1806,  ûgé 
d'environ  75  ans,  et  à  51  ans  de  prêtrise.  Il  fut  inhumé  » 
Saint-Sulpice  le  1"  juillet  180C. 

XII. 


Après  le  départ  de  M.  Huet  de  la  Valinière,  M,  Fran- 
çois-Xavier  Noiseux,  prêtre,  vint  prendre  la  charge  de  I» 
cure  de  la  Pointe-aux-Trembles,  où  il  ne  resta  que  onze 
mois,  du  15  novembre  1774  au  15  octobre  1775.  Il  desser- 
vit en  même  temps  la  paroisse  de  la  Longue-Poinle,  du 
15  décembre  1774  au  3  octobre  1775. 

M.  Noiseux  était  né  à  Québec,  le  17  novembre  1748,  dc' 
François  Noiseux  et  de  Marie-Anne  Guilbeau.  Ordonné? 
le  18  mai  1774,  il  fut  nommé  vicaire  de  Saint-Pierre,  Ile* 
d'Orléans,  qu'il  quitta  quelques  mois  après  pour  venir  à 
la  Pointe-aux-Trembles,  d'où  il  partit  pour  Belœil,  qu'il 
desservit  environ  vingt-et-un  ans,  jusqu'au  1er  octobre 
1796. 11  desservit  en  même  temps  Saint-Hyacinthe,  du  14 
décembre  1777  au  19  août  1783.  De  Belœil,  il  se  rendit 
aux  Trois-Rivières,  d'où  il  fut  curé  jusqu'à  sa  mort,  arr^ 


(1)  Tanguay,  Rép.  Gén.  p.  117. 


!•  ,    •  .J 


X' 


228 

véfi  le  18  novembre  1834,  à  l'Age  de  80  ans  et  un  mois. 
Il  était  doyen  d'Age  du  clergé  t'ai!adien,  avait  GO  ans  et 
demi  de  prêtrise  et  31)  ans  de  vicariat-général.  (1) 

XIII. 

M.  Noiseux  eut  pour  successeur  M.  Joseph  Racine, 
prêtre,  qui  fut  curé  de  la  Pointeaux  Trembles  durant 
quinze  ans,  depuis  le  25  octobre  1775  jusqu'au  20  octobre 
1790.  il  desservit  en  même  temps  la  Longue-Pointe,  du  3 
octobre  1775  au  27  septembre  1790. 

M.  Racine,  né  le  26  décembre  1743,  de  François  Ra-' 
cine  etd'EIizabeth  Lecomte,  fut  ordonné  le  même  jour 
que  son  prédécesseur,  M.  Noiseux,  le  18  mai  1774.  Il 
mourut,  à  Montréal,  le  0  mars  1791,  à  47  ans,  2  mois  et 
8  jours. 

XIV. 

Le  12  novembre  1790,  M.  Antoine  Girouard  vint  rem- 
placer M.  Racine,  comme  curé  de  la  Pointe-aux-Tembles, 
et  y  demeura  jusqu'au  28  septembre  1805  ;  il  continua  en 
môme  temps  à  desservir  la  Longue-Pointe  du  27  sep- 
tembre 1790  au  30  septembre  1796.  M.  Girouard  était 
né  à  Boucherville,  le  7  octobre  1762,  d'Antoine  Girou 
ard  et  de  Marguerite  Chaperon,  et  a  été  ordonné  le  23 
octobre  1785.   Il  fut  d'abord  missionnaire  à  la  Baie  des 


(1)  On  avait,  do  M.  Noiseux,  à  rarchovêché  de  Québec,  un  ma- 
nuscrit intitulé,  "  Abrégé  Chronologique  et  Hislorique  de  tous  les 
prêtres,  tant  séguliers  que  réguliers,  qui  ont  desservi  le  Canada  et 
ensuite  le  diocèse  de  Québec,  depuis  sa  découverte  jusqu'à  nos  jours." 
Cet  ouvrage,  en  deux  parties,  commence  en  1611  et  finit  en  1823. 
C'est  do  ce  manuscrit  qu'est  extraite  la  Liste  Chronologique  des 
Evêques  et  Prêtres,  etc.,  imprimée  à  Québec,  en  1834.  Ce  manuscrit 
a  péri  dans  l'incendie  de  l'évêchée  de  Montréal  le  8  juillet  1852. 


2-29 


L-ii  «leurs.  Après  avoir  demeuré  cnvirou  I.")  aus  à  la 
Pointe-aux-Trembles,  il  se  reutlit  à  Saiut-Hyacintlie 
où  il  fut  curé  près  Je  27  aus,  depuis  le  5  octobre  1805 
jusqu'au  3  août  1832.  Ce  futduraut  sou  séjour  daus  cette 
paroisse  qu'il  y  fouda,  eu  1811,  le  collé.^e  de  Saiut-Hya- 
cinthe,  et  dota  la  ville  de  Saiut-IIyaciullie,  eu  18IG,  d'uu 
pensiouuat  pour  les  jeuues  lllles  scus  la  direction  des 
sœurs  de  la  Cougrégatiou. 

M.  Girouard  mourvit,  élaut  arcliiprètre,  à  Vareuues, 
(et  uon  à  Saiut-liyacinthe),  le  3  août  1832,  à  09  aus  et  10 
mois,  et  fut  inhumé  à  Saint-IIyacinlhe  le  4  du  même 
mois.  "  Sa  vie,  a  dit  M.  De  la  Bruére,  fut  une  vie  tout  de 
sacrifice  et  de  dévouement;  et  sou  cœur  ne  respira  qu'a- 
mour et  patriotisme.  (I) 

Après  le  départ  de  M.  Girouard,  M.  Jean  Raimbault  ne 
fut  chargé  de  la  desserte  de  la  Pointeaux-Trembles  que 
durant  une  année,  depuis  le  20  octobre  1805  jusqu'au  5 
octobre  1800. 

M.  Raimbault  était  né  le '5  février  1770.  Après  avoir 
terminé  son  cours  d'études  avec  un  succès  distingué,  il 
se  consacra  au  service  de  l'église,  dans  son  propre  diocèse, 
celui  d'Orléans,  où  il  fut  tonsuré  le  31  mai  1789  par  M- 
de  Jarento,  alors  coadjuteur. 

Il  n'y  avait  que  quelques  mois  que  ce  digne  ecclésias- 
tiques étudiait  la  théologie,  lorsque  îa  révolution,  écla- 
tant tout  à-coup,  le  força  d'abandonner  le  séminaire. 

Ce  fut  au  mois  d'octobre  ii 93,  lors  de  la  réquisition 
forcée  faite  par  la  convention  nationale,  que  M.  Rai  m- 

(1)  Lecture  donnée  par  M.  P.  B.  Do  la  Bruère,  fils,  à  la  premiôre 
séance  publique  du  Cercle  cV  Union,  de  Saint-IIyacinlhc,  le  3  juillet 
1859. 


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;»  ■  » 


lui 


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\ 


230 

l)ault  sortit  d'Orléans,  mais  il  ne  laissa  définitivement  la 
France  qu'au  mois  de  janvier  suivant  ;  passant  par  Phi- 
lippe-viîle,  il  arriva  à  Bruxelles  le  17 janvier  1794.  Après 
quelques  mois  de  séjour  dans  cette  ville,  il  en  partit,  le 
28  juin,  pour  se  rendre  en  Angleterre,  passa  par  Anvers 
et  le  12  juillet  il  était  sur  la  terre  hospitalière,  à  Londres 
mCme. 

Ce  ne  fut  qu'au  bout  d'une  année  que,  désirant  spé- 
cialement suivre  sa  vocation,  il  se  décida  à  venir  en  Ca- 
nada ;  embarqué  à  Portsmouth,  le  1  juin  1705,  il  arriva 
heureusenrieni  :'*  Québec  le  6  juillet. 

Dès  le  19  du  môme  mois,  il  fut  admis  aux  ordres  mi- 
neurs et  au  sous-diaconat,  et  le  diman  ^he  suivant,  le  26, 
^u  diaconat  et  à  la  prêtrise. 

Après  avoir  été  professeur  de  philosophie  au  collège  de 
Québec  il  fut,  en  novembre  1797,  i.ommé  curé  de  l'Ange- 
■Gardien.  Après  y  avoir  exercé  le  saint  ministère,  pen- 
dant huit  ans,  avec  un  zèle  dont  les  habitants  du  lieu 
n'ont  point  perdu  le  souvenir  et  que  le  legs  généreux  que 
le  défunt  fit  aux  pauvres  de  cette  paroisse  n'a  pu  que 
prolonger,  M.  Raimbault  fut  transféré  à  la  cure  de  la 
Pointeaux-Trembles,  de  Montréal;  mais, dès  Tannée 
fiuivante,  1806,  l'illustre  évéque  Plessis,  qui  venait  de 
prendre  sous  sa  protection  spéciale  l'intéressant  établis- 
sement dont  le  vénérable  M.  Brassard,  avait  en  mourant, 
doté  la  paroisse  de  Nicolet,  icomm^'  nous  le  mentionne- 
rons à  la  page  232)  l'appela  à  cette  cure  et  le  nomma  en 
même  temps  ^^upérieur  du  nouveau  collège.  Ce  fut  dans 
cette  place  importante  que  M.  Raimbault  passa  35  ans  à 
travailler  au  salut  des  âmes,  encourageant  constamment 
l'éducation  et  la  favorisant  de  tous  ses  moyens. 

M.  Raimbault  mourut,  à  Nicolet,  le  16  février  1841, 
ilgè  de  71   ans  et  11  jours.  Les  restes  de  ce  vertueux 


231 

prêtre  furent  déposés  dans  le  sanctuaire  de  la  chapelle 
saint  Louis. 

"  Il  eut  pour  élèves  en  mathématiques,  au  collège  de 
"  Québec,  puis  au  presbytère  de  l'Ange-Gardien,  le  fon- 
**  dateur  du  collège  Sainte-Anne  (l)et  Henry  Hardings, 
**  devenu  depuis  Viconte,  field-marshal  et  commandant 
"  des  forces  en  Angleterre.  Il  composa  pour  eux  des  tral- 
**  tés  d'algèbre  et  de  géom.ètrie."  (2) 

XVI. 

M.  Raimbault  eut  pour  successeur  M.  Alexis  Durocher, 
prêtre,  qui  fut  curé  de  la  Pointe-aux-Trembles  durant 
vingt-huit  ans  et  huit  mois,  depuis  le  11  octobre  1806 
jusqu'au  30  juin  1835. 

M.  Durocher,  (3)  né  à  l'Assomption,  le  l^rjuin  1767,  fut 


(1)  M.  Gh.  Frs,  Painchaud,  curé  de  Sainto-Anne  de  la  Pocatière, 

(2)  Tanguay,  Rcp.  Gén.  p.  147. 

(3)  M.  Alexis  Durocher  était  fils  de  M.  Jean-Baptiste  Durocher, 
négociant,  et  de  M"*  Marguerite  Boucher-Denois. 

Un  de  ses  frères,  M.  Paul-Siméon-Hypolite  Durocher,  propriétaire 
de  la  rue  Durocher,  à  Montréal,  avait  épousé  M"«  Marie-Julie  Fore- 
tier,  sœur  de  Mesdames  D.  B.  Viger,  L.  G.  Foucher,  (jujje),  Henri 
Baron  et  Hugues  Hcney. 

Une  de  ses  sœurs,  "♦î"'"  Louise-Charlotte-Gharles-Adélaïde  Duro- 
cher, épousa  M.  Paul  Troltier  sieur  de  Beaubien,  seigneur  de  file 
Moras,  à  Nicolet,  aieul  de  l'épouse  de  l'auteur  de  V Annuaire  de 
Ville-Marie.  M.  le  curé  Durocher  était  ainsi  grand-oncle  maternel  de 
cette  dernière,  ot  de  plus  son  parrain. 

Une  autre  de  ses  sœurs,  M"*  Marie-Marguorile  Durocher,  épousa 
M.  Alexis  Guay-Trotlier  de  Beaubien,  frère  du  précédent,  et  père 
des  quatre  religieuses  suivantes  : 

1°  Sœur  Marguerilo-Dorothée  Beaubien,  dite  Sœur  Beaubien,  su- 
périeure des  Sœurs-Grises  de  Ville-Marie,  du  4  septembre  1833  au  28 
septembre  1843,  morte,  le  11  août  1848,  à  50  aus. 

2"  Sœur  Marie-Hélène  Boaubien,  dite  Sœur  Youvillo,  de  la  même 
communauté.  Aujourd'hui  à  la  maison-mère. 

3»  Sœur  Marie-Zoé  Beaubien,  dite  Sœur  Normant,  de  la  môme 
communauté.  Aujourd'hui  à  Sainttfean  Dôrchesler. 

4"  Sœur  Marguerite  Beaubien,  dite  Sœur  Saint-Alexis,  de  la  Con- 
grégatiui:  de  Notre-Daaie.  Aujourd'hui  supérieure  à  Bourbonnais, 
Illinois,  Etatw  ^Tnis. 


):' 


232 

ordonné  prêtre  le  9  avril  '791.  Après  avoir  (  xercé  le  mi- 
nistère à  Montréal,  en  qualité  de  vicaire,  il  fut  chargé  de 
la  cure  de  Nicolet,  dont  il  eut  soin  pendant  dix  ans.  Il 
prit  une  part  très  active  dans  l'établissement  du  collège 
de  Nicolet.  M.  Charles- Joseph  Brassard  donna  par  testa- 
ment à  M.  Durocher,  son  successeur  dans  la  cure  de 
Nicolet,  la  terre  où  se  trouve  le  collège,  à  la  condition  de 
fonder  une  école  pour  la  paroisse.  Quelque  temps  après 
cependant,  M.  Brassard  révoqua  son  testament.  M.  Pierre- 
Louis  Deschenaux,  alors  juge  aux  Trois-Rivières,  con- 
seilla à  M.  Brassard  de  faire  son  testament  en  faveur  de 
la  fabrique  de  la  paroisse  aux  mêmes  charges  et  condi- 
tions. Lorsqu'il  mourut,  le  9  juillet  1801,  [on  découvrit 
que  le  testament  était  nul.  En  conséquence,  M.  Durocher, 
exécuteur  ï<^stamen taire,  alla  trouver  le  frère  de  M. 
Brassard  et  lui  annonça  oue,  vîi  la  nullité  de  ce  testa^ 
ment,  il  héritait  de  tous  les  biens  du  défunt.  Mais  ce 
brave  homme  refusa  de  prendre  des  propriétés  destinées, 
dans  la  pensée  de  son  frère,  à  un  autr^  usage  et  en  fit  ca- 
deau à  Mgr.  Denaut,  alors  évêque  de  Québec.  M.  Duro- 
cher fut  lui-môme,  pendant  plusieurs  années,  un  des  pro- 
fesseurs du  collège,  bien  qu'il  fût  en  même  terns  curé  de 
Nicolet  et  de  Saint-Grégoire. 

En  1806,  Mgr.  de  Québec  le  nomma  curé  de  la  Pointe 
aux-Trembles.  Il  desservit  aussi,  alternativement  pendant 
plusieurs  années,  les  paioieses  de  Longue  x^ointe  et  Ri- 
vière-des-Piairies  ;  la  Rivière-des-Prairies,  depuis  le  1" 
octobre  1806 jusqu'au  mois  de  juinl810;  Lo.igue-Pointe, 
depuis  le  16  septembre  1810  jusqu'au  6  novembre  1817.. 
M.  Durocher  avait  une  grande  bonté  de  cœur  et  il  dé- 
ploya beaucoup  de  zèle  pour  l'embellissement  de  son 
église.  Il  mourut  le  30  juin  1835  à  l'Age  de  68  ans  et  uji 


xercé  le  mi- 
ut  chargé  de 
t  dix  ans.  Il 
du  collège 
na  par  testa- 
la  cure  de 
condition  de 
temps  après 
dt.  M.  Pierrè- 
ivières,  con- 
în  faveur  de 
jes  et  condi- 
m  découvrit 
.1.  Du  rocher, 
frère  de  M. 
de  ce  testa- 
int.  Mais  ce 
es  destinées, 
I  et  en  fit  ca- 
c.  M.  Duro- 
,  un  despro- 
ems  curé  de 

e  la  Pointe 
lent  pendant 
*ointe  et  Ri- 
depuis  le  1" 
giie-Pointe, 
?mbre  1817.. 
ur  et  il  dé- 
ent  de  son 
(8  ans  et  un 


233 

mois  et  dans  sa  45^0  année  de  prêtrise.  Son  corps  fut 

inhumé  dans  la  nef  de  l'église  do  la  Pointe-aux  Trembles, 
près  de  la  balustre,  en  avant  du  banc  seigneurial,  près 
la  chapelle  St.  Joseph,  le  2  juillet  suivant,  par  M,  An- 
toine Manseau,  curé  de  Longueuil,  en  présence  de  treize 
autres  prêtres  et  d'un  grand  concours  tant  des  parois- 
siens que  des  habitants  des  paroisses  circonvoisines.  (t) 

Le  10  mai  1818,  sous  M„  Durocher,  les  marguilliers 
chargèrent  le  sieur  Thomas  Though,  négociant  de  Mon- 
tréal, de  faire  venir  d'Angleterre  trois  cloches  pour  rem- 
placer l'ancienne  brisée  en  1817.  Ces  cloches  étant  arri- 
vées le  31  août  de  la  même  année,  1818,  furent  bénites 
solennellement,  le  29  septembre  suivant,  en  présence 
d'un  nombreux  clergé  et  d'un  grand  concours.  La  pre- 
mière, du  poids  de  cinq  cent  huit  livres,  fut  nommée 
Pierre-Marie-Joseph  et  présentée  par  Sieur  Pierre  Babin- 
Lacroix  et  Mn»e  Marie-Josephte  Ghristin,  épouse  de  Sieur 
Charles  Laporte.  La  seconde  du  poids  de  quatre  cent 
quatre  livres,  fut  nommée  Marie-Louise  et  présentée  par 
le  Sieur  Louis  Langlois-Lachapelle  et  M™e  Marie-Louise 
Archambauit,  épouse  de  Joseph  Brouillet  dit  Bernard- 
La  troisième,  du  poids  de  deux  cent  soixante-quatorze 
livres,  fut  nommée  Joseph-Octave  par  Sieur  Louis 
Reeves  et  M™^  Joseph  Beaudry  épouse  de  Sieur  Gabriel 


(l)"Le  deux  juillet  mil  huit  cent  trente  cinq,  nous  prêtre  soussigné, 
curé  de  Longueuil,  avons  inhumé  dans  régliso  de  celle  paroisse  ; 
dans  la  chapelle  St  Joseph,  le  corps  de  Messire  Alexis  Durocher, 
prêtre,  curé  de  cette  paroisse  depuis  vingt  neuf  ans,  décédé  la.  sur- 
veille à  l'âge  de  soixante  et  huit  ans  et  un  mois.  Présens  à  l'inliuma- 
tion  un  grand  nombre  de  Messieurs  du  clergé  soussignés.  Th.  Pépin, 
Ptre.,  Eus.  Durocher  Pire.  J.  01.  Archambault.Ptre.  L.  Nie.  Jacijuei 
Ptre.  Pch.  Brunet.  [tre.  frs.  P.  Porlier  ptre.  L^nard  pire.  Jos. 
Marcoux,  ptre.  J.  G.  Prince  Ptre.  Ml.  Morin  ptre.  F.  M.  Turcotte 
Ptre.  P.  Burke  ptre.  Lafrance  .  arc.  Prêtre,  Ant.  Manseau  Ptre." 


234 

Biais.  Le  prix  total  de  ces  cloches  était  de  $638.50  ;  mais 
M.  le  curé  Alexis  Durocher  ayant  offert  le  prix  de  la 
•commission  et  ayant  de  plus  souscrit  avec  cinquante-huit 
habitants  de  la  paroisse  la  somme  de  $302.80.  la  fabrique  ^ 
n'eut  à  débourser  que  la  somme  de  $335.70. 

En  1822,  le  portail  de  l'église,  qui  menaçait  ruine,  fut 
refait  ainsi  qu'un  clocher  à  deux  lanternes.  En  1823  on 
fit  le  jubé  et  de  nouveaux  bancs,  on  répara  et  on  orna  la 
voûte. 


XVIL 

Après  le  décès  de  M.  Durocher,  M.  François-Louis  lie- 
febvre  de  Bellefeuille,  prêtre,  desservit  la  paroisse  pen- 
dant l'espace  de  troi.  mois,  depuis  le  13  juillet  1835  jus- 
qu'au 1 6  octobre  de  la  môme  année.  M.  Patrice  Burke, 
prêtre,  succéda  à  M.  de  Bellefeuille. 

M.  Patrice  Burke,  né  le  24  novembre  1804,  fils  de 
Jacques  Burke  et  de  Sara  Monin,  fut  ordonné  le  27  sep- 
tembre 1829.  Avant  de  venir  à  la  Pointe  aux-Trembles, 
il  avait  été  vicaire  à  Saint-Roch  de  l'Achigan,  et  en  1830, 
professeur  d'écriture-sainte,  au  séminaire  de  Québec  ;  en 
183l,vicaire  à  Saint-Antoine  de  Tilly;  en  1832,  à  Kamou- 
raska.  Il  fut  curé  de  la  Pointe-aux-Trembles  depuis  le  19 
octobre  1835  jusqu'au  9  août  183b.  Il  desservit  en  même 
temps  la  paroisse  de  la  Longue-Pointe,  depuis  le  17  dé- 
cembre 1835  jusqu'au  4  octobre  1837  ;  il  avait  aussi  des- 
servi cette  dernière  paroisse  avant  de  venir  à  'a  Pointe" 
jaux-Trembles,  depuis  le  2  octobre  1834  au  23  octobre 
1835. 

Quelque  tempç  après  avoir  quitté  la  Pointe-aux-Trem- 
bles, il  fut  nommé  professeur  do  rhétorique  au  collège  de 
Chambly,  et  en  1839,  vicaire  à  Varennes.  Il  mourut,  re- 


'.50  ;  mais 
)rix  de  la 
uante-hiiit 
i  fabrique 

ruine,  fut 
1  1823  on 
on  orna  la 


Louis  liC- 
)isse  pen- 
1 1835  jus- 
ce  Burke, 

04,  fils  de 
le  27  sep- 
Irembles, 
t  en  1830, 
lébec  ;  en 
i  Kaniou- 
puis  le  19 
en  môme 
le  17  dé- 
lussi  des- 
a  Pointe" 
octobre 

ux-Trem- 

oUége  de 

urut,  re- 


235 

tiré,  au  Gôteau-du-Lac,  le  15  mai  1861,  à  l'âge  de  50  ans, 
3  mois  et  21  jours. 

XVIII. 

M.  Edouard  Labelle  remplaça  M.  Burke,  et  fut  curé  de 
la  paroisse  de  la  Pointe-aux-Trembles  depuis  le  l*^""*  oc- 
tobre 1838  jusqu'au  29  septembre  1849. 

M.  Labelle,  né  le  22  mai  1799,  à  la  Pointe-Glaire,  de 
François  Labelle  et  de  Françoise  Biron,  fut  ordonné  le 
13  octobre  1822.  Avant  de  prendre  la  desserte  de  la 
Pointe-aux-Trembles,  il  avait  été  vicaire  à  Sainte-Gene- 
viève de  Montréal  ;  en  1824,  missionnaire  de  Bonaven- 
ture  et  de  Paspebiac  ;  curé  de  Sainte-Elizabeth  depuis  le 
l«r  ocrobre  1827  jusqu'au  28  septembre  1829  ;  de  Saint- 
Polycarpe  depuis  le  28  septembre  1829  jusqu'au  29  mai 
1831,  de  sainte-Rose  de  Lima  depuis  le  7  juin  1831  jus- 
qu'au 4  juin  1833;  en  1836,  directeur  du  collège  de 
l'Assomption. 

Les  infirmités  et  l'affaiblissement  de  sa  santé  l'obligè- 
rent en  1849  à  se  retirer  chez  son  frère,  M.  François  La- 
belle, curé  de  Repcntigny.  Il  emporta  avec  lui  le  respecît 
■et  les  regrets  justement  mérités  de  tous  ses  paroissiens. 

Malgré  les  exhaussements  successifs  qu'on  y  avait  pra- 
tiqués, le  cimetière  qui  entoure  l'église  et  qui  était  en 
usage  depuis  près  d'un  siècle  et  demi,  ne  pouvait  plus 
servir  décemment  aux  sépultures.  On  se  détermina  donc, 
dans  une  assemblée  des  marguilliers  tenue  à  cet  effet, 
sous  M.  Edouard  Labelle,  le  4  juin  1843,  d'en  établir  un 
nouveau  sur  le  terrain  de  la  fabrique  qui  se  trouve  entre 
le  jardin  du  curé  et  le  chemin  p?  blic.  La  première  inhu- 
mation qui  eut  lieu  dans  cr  cimetière  fut  celle  de 
Jacques  Châtelain,  hôtellier,  décédé  le  17  décembre  1843 


236 


i!  •   t. 


L'ancien  cimetière  est  néanmoins  resté  intact  et  aucune 
exhumation  n'en  a  été  faite. 

XIX, 

Après  le  départ  de  M.  Labelle  pour  Repentigny,  M 
François-Paschal  Porlier  fut  nommé  curé  de  la  paroisse 
de  la  Pointe-aux-Trembles,  qu'il  desservit  pendant  près  de 
vingt  ans,  depuis  le  28  septembre  1849  jusqu'au  28  jan- 
vier 1869. 

M.  Porlier  naquit  à  Contrecœur,  le  17  avril  1802,  de 
Joseph  Porlier,  alors  négociant  en  cette  paroisse  et  de 
Marguerite  Badeaux,  de  la  ville  des  Trois-Rivières.  Il 
fut  baptisé  le  19  avril,  dans  l'église  de  Contrecœur,  par 
M.  Laurent  Aubry,  curé  du  lieu  ;  il  eut  pour  parrain  son 
grand  oncle  M.  François  Malhiot,  négociant  de  Verchères; 
et  pour  marraine  M'^e  Louise  Porlier,  sa  tante. 

A  l'âge  de  huit  ans,  ayant  eu  le  malheur  de  perdre  sa 
mère,  son  père,  qui  venait  de  s'établir  à  Saint-Hyacinthe, 
le  confia  à  ses  respectables  tantes  qui  résidaient  à  Ver- 
chères,  lesquelles  se  chargèrent  bien  volontiers  de  l'édu- 
cation de  leur  neveu.  De  ce  moment,  il  regarda  Ver- 
chères  comme  sa  propre  paroisse. 

Il  eut  le  bonheur  de  faire  sa  première  communion,  le 
23  juillet  1812  ;  docile  aux  instructions  de  son  curé,  M^ 
Thomas  Kember,  il  évitait  tout  ce  q'ui  pouvait  le  porter 
au  mal,'et  tout  son  plaisir  était  de  visiter  l'église  de  sa  pa- 
roisse, entre  sesheures  d'école,  et  de  servir  la  sainte  messe 
tous  les  matins.  Cette  conduite  lui  gagna  les  bonnes 
grâces  de  son  curé,  qui  engagea  et  aida  ses  bonnes  tantes 
à  le  mettre  au  petit  séminaire  de  Montréal,  pour  y  faire 
son  cours  d'études.  Il  eut  pour  directeur  M.  Jacques- 
Guillaume  Roque  et  pour  professeurs  MM.  Antoine 
Houdet,  Claude  Rivière,  McDonald,  Toussaint  Lagarde^, 


;t  et  aucune 


pentigny,  M 
3  la  paroisse 
dant  près  de 
l'au  28jan- 

ril  1802,  de 
•oisse  et  de 
livières.  Il 
recoeur,  par 
parrain  son 
3  Verchères 

B. 

le  perdre  sa 
-Hyacinthe, 
ient  à  Ver- 
s  de  l'édu- 
garda  Ver- 

munion,  le 
m  curé,  M^ 
it  le  porter 
se  de  sa  pa- 
lin  te  messe 
es  bonnes 
mes  tantes 
•ur  y  faire 
Jacques- 
Antoine 
Lagarde^ 


237 

Poirier  et  Michel  Dufresne.  Il  rerut  la  confirmation, 
dans  le  cours  de  ses  études,  dans  la  chapelle  du  petit  sé- 
minaire, de  Mgr.  Bernard-Claude  Panet,  alors  coadjuteur 
de  Mgr.  l'évoque  de  Québec. 

Ayant  terminé  ses  études  au  mois  d'avril  1821,  il  se 
décida  à  entrer  dans  l'état  ecclésiastique,  auquel  il  était 
porté  depuis  son  enfance,  par  les  avis  charitables  et  les 
exemples  de  vertu  de  son  respectable  curé,  qui  avait 
bien  voulu  être  l'ami  do  son  jeune  âge.  Il  reçut  la  ton- 
sure, le  1er  octobre  1821,  de  Mgr.  Jean-Jacques  Lartigue, 
évêque  de  Telmesse,  dans  l'église  de  l'Hôtel-Dieu  de 
Montréal,  et  alla  de  suite  au  séminaire  de  Nicolet,  où  il 
étudia  sa^théologie  et  fit  la  classe  pendant  trois  ans.  Il 
reçut  les  ordres  mineurs  de  Mgr.  Joseph  Plessis.  dans 
l'église  de  Nicolet,  le  11  mai  1823.  Il  eut  le  bonheur 
d'être  un  des  premiers  qui  firent  partie  de  la  congréga- 
tion de  la  sainte  .Vierge,  qui  venait  d'être  étabUe  canoni- 
quement  dans  le  séminaire,  qui  avait  alors  pour  directeur 
M.  Joseph-Onésime  Leprohon. 

Au  mois  de  mars  1824,  Mgr.  Plessis  le  fit  descendre  à 
Québec  pour  y  recevoir  le  ous-diaconat.  Cette  cérémo- 
nie eut  lien  à  la  cathédrale  de  Québec,  le  3  avril  1824. 
Après  son  ordination,  il  revint  à  Nicolet  terminer  son 
séminaire.  Mgr.  l'évêque  de  Telmesse  lui  donna  le  dia- 
conat le  18  septembre  1824,  dans  l'église  de  l'Hôtel- 
Dieu  de  Montréal.  Au  mois  d'octobre  il  alla  au  grand  sé- 
minaire de  Québec  pour  se  préparer  à  son  ordination. 
Ce  fut  le  21  novembre  1824,  fête  de  la  Pr(^senlation  de 
la  sainte  Vierge  Marie,  qu'il  eut  le  bonheur  de  recevoir, 
de  Mgr.  Plessis,  évêque  de  Québec,  dans  l'église  des  reli- 
gieuses Ursulines,  l'ordre  sacré  de  la  prêtrise.  Le  lende 
main,  fête  de  sainte  Cécile,  il  célébra  sa  première  messe 


y 


238 


;^ 


dans  la  chapelle  du  séminaire.  Quelques  jours  après,  il 
fut  nommé  vicaire  de  Sorel  où  il  demeura  jusqu'au  mois 
de  septembre  1825.  Il  fut  alors  appelé  à  Montréal  où  il 
exerça  le  ministère  en  qualité  de  chapelain  de  la  nou- 
velle église  Saint- Jacques,  mais  "il  n'eut  pas  le  bonheur 
de  demeurer  longtemps  auprès  de  Mgr.  Lartigue.  Au 
mois  d'avril  1826,  il  fut  envoyé  à  Varennes  pour  être  vi- 
caire de  M.  Joseph-Frs.  Déguise,  vicaire  général,  et  curé 
de  Varennes. 

Avant  de  se  rendre  à  son  poste,  il  alla  passer  quelques 
semaines  à  la  Pointe-aux-Trembles,  qu'il  devait  plus  tard 
desservir,  chez  M.  le  curé  Alexis  Durocher,  qui  était 
alors  indisposé.  Au  mois  de  septembre  1829,  il  fut  nom- 
mé curé  de  Terrebonne.  A  l'imitation  de  son  vénérable 
protecteur,  M.  Kember,  il  contribua,  pendant  son  séjour 
à  Terrebonne,  à  l'éducation  de  plusieurs  jeunes  gens  en 
qui  il  avait  découvert  de  grands  talents,  unis  à  de  bonnes 
dispositions. 

Il  laissa  Terrebonne  au  mois  de  septembre  1846.  Il  oc- 
cupa ensuite  successivement  les  paroisses  de  Saint-Phi- 
lippe, de  Blairfindie  (Acadie)  et  de  Soulanges.  Le  29  sep- 
tembre 1849,  il  prit  possession  de  la  cure  de  la  Pointe-  - 
aux-Trembles.    Il  s'occupa  de  l'établissement  des  frères  " 
Josephites,  pour  lesquels  il  fit  des  sacrifices  considéra- 
bles, fit  séparer  le  presbytère  et  aggrandir  la  sacristie.  Il  - 
continua,  comme  à  Terrebonne,  à  aider  à  l'éducation  de 
plusieurs  jeunes  gens,  au  collège  de  l'Assomption,  au-  \ 
tant  que  ses  moyens  le  lui  permirent. 

M.  Porlier  mourut  le  28  janvier  1869,  âgé  de  66  ans  9 


239 

moisei  9  jours,  et  fut  inhumé  dans  le  chœur  de  l'église 
du  côté  de  l'épilre,  le  premier  février  suivant.  (1  ) 

XX. 

M.  Médard  Caisse  succéda  à  M.  Porlier,  et  dessert  la 
Pointe-aux-T  rem  blés  depuis  lemoisde  mars  1869. 

M.  Caisse,  né  le  26  mars  1827,  à  la  Conversion  de 
Saint-Paul,  de  Joseph  Caisse  et  de  Pélagie  Hervieux,  fut 
ordonné  à  Montréal  le  3  décembre  1854. 

XXI. 


de  66  ans  9 


La  paroisse  de  la  Pointe-aux-Trembles  compte  parmi 
ses  enfants  les  prêtres  suivants  : 

lo  M.  André-Joseph  Montenon  de  la  Rue,  fils  de  Sieur 
Joseph  de  Montenon  et  d'Elizabeth  Charly  dit  Saint- 
Ange,  né  le  9  octobre  1685,  ordonné  prêtre,  à  Québec,  le 
27  août  1713.  Il  desservit  la  Pointe-Lévis  jusqu'à  sa 
mort,  arrivée  le  11  juin  1739,  âgé  de 53  ans  et  8  mois  ; 
son  corps  répose  dans  l'église  de  Saint-Joseph  de  Lévis. 
Il  signait  "  Joseph  Larue." 

2»  M.  Pierre-Victor  Archambault,  fils  de  Pierre  Ar- 
chambault  et  de  Marie-Joseph  Roy,  (et  non  Chalifour), 


(l)  M.  Porlier  descend  d'une  ancienne  famille  du  pays.  Son  bi- 
saïeul était  notaire  et  grefiier  de  la  jL.isdiction  de  Montréal,  Son 
ayeul  avait  épousé  Damoiselle  Marie  Lacroix-Gamelin,  fille  do  M. 
Ignace  Gamelin,  négociant  de  Montréal  et  de  Demoiselle  Louise 
Dufrost  de  Lajemmerais,  sœur  do  M"'^  Youville.  Ainsi,  M.  Porlier  se 
trouve  arrière  petit  neveu  de  la  vénérable  fondatrice  des  Sœurs- 
Grises,  et  allié  à  la  famille  Bouclier  de  Labroquerie,  dont  une  sœur 
de  M""»  Youville  avait  épousé  M.  Boucher  de  Labroquerie,  et  enfin  à 
Mgr.  A.  Taché,  évoque  do  Saint-Boniface. 

Nous  sommes  redevable  à  M.  le  curé  Porlier  et  à  M.  Marc  Camp- 
bell de  la  plupart  des  renseignements  contenus  dans  l'histoire  de 
cette  paroisse. 


240 


lit 


né  le  22  juillet  1750,  ordonné  prêtre  le  IG  août  1778  et 
décédé  à  la  Baie-du-Febvre,  dont  il  était  curé,  le  19  dé- 
cembre 1796,  âgé  de  46  ans  et  5  mois. 

3«  M.  Jean-Baptiste  Deguire,  fils  de  Nicolas  Deguire 
Larose  et  de  Marie-Anne  Baudry,  né  le  13  mars  1744, 
ordonné  prôtre  le  24  octobre  1779.  (Il  était  alors  veuf  de 
Marie-Anne  Senécal.)  Après  son  ordination,  il  fut  nom- 
mé, en  1779,  curé  de  Sainte-Annc-la-Pocaticre  ;  en  1789, 
curé  de  Vaudreuil  jusqu'A  sa  mort,  arrivée  le  14  décem- 
bre 1815,  âgé  de  71  ans  9  mois  et  16  jours.  Il  était  ar- 
chiprôtre.  Il  eut  pendant  sept  ans  et  demi  pour  vicaire,, 
à  Vaudreuil,  son  fils,  M.  Joseph  Deguire. 

4»  M.  Charles  Brouillet,  fils  de  Charles-Alexis  Brouillet 
et  de  Marie  Jannot,  né  le  4  mai  1768,  ordonné  prôtre 
le  21  septembre  1800.  Après  avoir  été  [quelques  an- 
nées vicaire  de  Saint-Denis,  Chambly,  il  fut  nommé^ 
en  1805,  curé  de  Saint-François  des  Abénaquis  ;  en  1817,, 
vicaire  de  Saint-Philippe,  en  1825,  de  Sainte-Marie  de 
Monnoir,  où  il  décéda  le  20_novembre  1829,  âgé  de  61 
ans  6  mois  et  16  jours. 

5o  M.  Joseph  Deguire,  fils  de  Jean-Baptiste  Deguire  et 
de  Marie-Anne  Senécal,  sus-nommés,  né  le  27  août  1773, 
ordonné  prêtre  le  8  mars  1797.  Il  fut,  en  1798,  vicaire  de 
Vaudreuil,  dont  le  curé  était  M.  Jean-Baptiste  Deguire^ 
son  père;  depuis  le  7  octobre  1804  jusqu'au  22 avril  1813; 
curé  de  LaValterie,  (1)  où  il  décéda,  le  26  avril  1813,  à 
39  ans,  8  mois  et  16  jours. 

6»  M.  François  Bricaut,  fils  de  Nicolas  Bricaut  dit  La- 
niarche  et  de  Marie-Charles  Baudry,  né  le  8  janvier 
1827,  ordonné  prôtre  aux  Etats-Unis  et  décédé  à  Balti. 


(I)  M.  Deguire  desservit  en  même  temps  la  paroisse  de  La  Noraie. 


241 

more,  le  23  avril  1858,  iV,'é  de  31  ans  et  trois  mois  et 
demi. 

>  M.  George' Jeannot,  fils  d'Antoine  Jeannot  dit  La- 
chapelle  et  d'Angélique  Dufresne,  no  le  18  septembres 
1832,  ordonné  prêtre  à  Montréal,  le  2G  août  18G0.  Après 
son  ordination,  il  fut  nommé  vicaire  à  Ghateanguay,  en 
1862,  il  était  à  l'IIôtel-Dieu  ;  en  18G3,  vicaire  à  Gliam- 
plain. 

8o  M.  Jean-Baptiste  I  anglois,  fils  d'\ndré  Langlois  et 
de  Théophile  Biais,  né  le  17  février  1837,  ordonné  prêtre 
à  la  Pointe-anx-Trembles,  le  16  octobre  1859.  Après  avoir 
été  professeur  au  collège  de  l'Assomption,  il  fut  nom- 
mé, le  8  octobre  1867,  curé  de  Saint-Vincentde-Paul, 
ville  de  Montréal.  Aujourd'hui  curé  de  St.  Hubert. 

9»  M.  Joseph-Achille  Langlois,  frère  du  précédent,  né 
le  23  juin  1841,  ordonné  prêtre  à  Montréal  le  11  août 
1867.  Après  son  ordination  il  fut  nommé  vicaire  àSainte- 
Rose-de-Lima  ;  et  en  18G8  il  alla  à  Ogdensburg,  Etat  de 
New-York.  (1) 

xxn. 


e  de  La  Noraie. 


DIVERS  RENSEIGNEMENTS. 

L'école  des  garçons  est  sous  la  direction  des  frères  Jo- 
séphites  de  laGongrégation  de  Sainte-Groix.  Gette  maison, 
située  sur  la  terre  de  l'église,  a  été  construite,  en  1855, 

(1)  M.  Toussaint-Victor  Papinoau,  ancion  oiirô  <lo  Saint-Barlliù- 
lemy  et  d'autres  lieux,  mourut  au  presbytère  de  la  Pointe  aux- 
Trembles  le  10  décembre  1869,  et  fut  inhumé  dans  le  chœur  de 
l'église  du  lien,  côté  de  l'évangile,  le  13  du  même  mois.  Il  était  dgé 
de  71  ans,  8  mois  et  10  Jours. 

M.  Papineau  était  fils  de  Joseph  Papineau  et  de  Rosalie  Cherrier, 
et  petit-fils  de  M.  Joseph  Papineau,  marié  à  Molle  Mario-Joseph 
Baudry,  fille  de  M.  Jacques  Baudry  et  de  Angélique  Archambault, 
de  la  Pointe-aux-Trembles. 


s.  'S 


i     ) 


l'.: 


1 


I; 


242 

■en  partie  avec  les  deniers  de  la  fabrique  et  en  partie  avec 
ceux  que  Ton  a  obtenus  du  Gouvernement.  Elle  a  qua- 
rante-quatre pieds  de  longueur  et  trente-neuf  de  lar- 
geur; elle  esta  deux  étages  en  pierre  et  couverte  en 
bardeaux.  Elle  a  coûté  82,500  et  a  été  bâtie  par  Isidore 
Larose,  entrepreneur,  de  la  paroisse  de  Repentigny.  Les 
écoles  furent  ouvertes  le  7  novembre  1855  par  les  frères 
Flavien  et  Diogéne. 

Le  30  décembre  suivant,  Mgr.  Joseph  Larocque,  évo- 
que de  Gydonia,  cbadjuteur  de  l'éveque  de  Montréal  et 
administrateur  du  diocèse,  assisté  de  M.  J.  0.  Paré,  cha- 
noine, primicier  de  la  cathédrale  et  de  M.  Poulin,  prêtre, 
de  l'évôché,  [fit  la  bénédiction  de  rétabliisement  ainsi 
que  d'une  cloche,  du  poids  de  soixante-six  livres,  desti- 
née à  cette  maison.  Cette  cloche,  don  du  curé  de  la  pa- 
roisse et  qu'on  nomma  Marie-Joseph,  fut  présentée  par 
M.  le  cur{  et  M™e  DesAnges  Messier,  épouse  de  Sieur 
Joseph  Laporte,  député  au  Parlement  Provincial  pour  le 
comté  d'Hochelaga,  par  le  dit  Sieur  Joseph  Laporte  et 
Mme  Angélique  Archambault,  épouse  de  M.  Timothée 
Saint-Julien  et  par  François  Baudry,  maire  de  la  pa- 
roisse et  Mrac  Julie  Lorion,  épouse  de  Sieur  Joseph 
Brodeur. 

Sujet  des  tableaux  dans  l'église  de  la  Pointe-aux- 
Trembles. 

C  La  naissance  de  N.  S.  Jésus-Christ. . 
Dans  le  chœur.        •<  L'Adoration  des  Mages. 

(^  La  Présentation  de  Jésus  au  Temple. 

r,  „    1       ,       ,,       (La  sainte  Vierge  en  prière. 
Dans  les  chapelles.  {  sai„t-Joseph  en  Egypte. 


:i  a 


i  Pointe-aux- 


Dans  la  nef. 


243 

'La  sainte  Vierge  donnant  le  chape- 
let à  saint  Dominiqne. 
La  sainte  Vierge  donnant   le   Sca- 
j      pulaire  au  bienheureux    Simon 
"i      ètock. 
La  descente  de  la  Croix,  (copie  do 

Rubens). 
^  La  Pentecôte,  (copie  do  Lebruni. 

La  bibliothèque  paroissiale,  établie  par  M.  E.  Labelle, 
contient  présentement  plus  de  trois  cents  volumes. 
La  première  communion  a  lieu  chaque  année  à  la  fin 

de  juin. 

Dans  sa  dernière  visite,  faite  le  0  juillet  1864,  Mgr. 
Bourget,  évoque  !de  Montréal,  confirma  soixante-dix- 
neuf  personnes  dont  trente-six  garçons  et  quarante-trois 
filles. 

Le  premier  baptême  y  fut  fait  le  30  octobre  1674  : 
Paul,  fils  de  Paul  Perot  et  de  Marie  Grétien. 

Le  premier  mariage,  le  12  novembre  de  la  môme  an- 
née, 1674,  entre  Jean  Verger  et  Anne  Poiteron. 

Il  ne  s'y  trouve  pas  d'acte  de  sépulture  avant  le  4  juil- 
let 1677.  C'est  celle  de  Noël  Sommereux,  âgé  de  28  ans, 
noyé  par  accident. 

La  première  assemblée  de  paroissiens  pour  l'élection  de 
marguilliers  a  eu  lieu  le  18  novembre  1674  et  MM.  Fran- 
çois Bau  et  Laurent  Archambault  furent  nommés. 

XXIIL 


DÉVOTIONS,  CONFRÉRIES,  ETC. 

La  dévotion  des  quarante  heures  a  été  établie,  dès  le 
commencement  de  la  paroisse,  par  M.  Seguenot. 

Les  confréries  du  Rosaire  et  du  Scapulaire  datent  aussi 
de  l'établissement  de  la  paroisse,  mais  comme  on  ne  pou- 


244 


!  I 


vait  trouver  les  actes  d'érection  de  ces  confréries,  Mgr 
Ignace  Bourget,  évoque  de  Montréal,  les  a  érigées  de 
nouveau,  la  confrérie  du  Rosaire  par  un  mandement  en 
date  du  11  septembre  1840,  et  1 1  confrérie  du  Scapulaire 
par  un  décret  en  date  du  3  juillet  1846.  Le  curé  est  cha- 
pelain de  ces  confréries.  Il  y  a  procession  de  la  sainte 
Vierge,  les  1er  et  2«ie  dimanches  du  mois. 

Le  Chemin  delà  Croix  a  été  établi  le  16  mai  1839,  par 
un  décret  de  Mgr.  Lartigue  ;  et  Mgr.  Bourget,  alors 
évoque  de  Telmesse  et  coadjuteur,  en  a  fait  l'érection  le 
7  juin  1839.  On  le  fait  publiquement  pendant  le  carême- 

La  confrérie  de  la  sainte  Famille  a  été  érigée  le  16juin 
1857,  par  Mgr.  Bourget.  L'élection  annuelle  des  offi- 
ciers a  lieu  le  jour  de  la  fête  de  la  sainte  Famille.  Il  y 
a  réunion,  le  l^r  dimanche  de  chaque  mois,  à  l'église 
après  la  sainte  messe. 

L'œuvre  de  la  Propagation  de  la  Foi.  Distribution  des 
Annales  plusieurs  fois  l'année. 

L'œuvre  de  la  sainte  Enfance.  On  distribue  les  An- 
naleSj  le  dernier  jour  de  mai  et  le  2  octobre,  fête  des 
Saints-Anges-Gardiens. 

Le  Mois  de  Marie.  On  le  fait  publiquement  à  l'église, 
à  sept  heures  du  soir. 

Neuvaines  en  l'honneur  de  la  sainte  Vierge. 

Carnaval  sanctifié  par  le  pieux  souvenir  des  douleurs 
de  Marie.  11  se  fait  régulièrement  au  couvent  des  sœurs 
de  la  Congrégation. 

L'Archiconfrérie  du  saint  cœur  de  Marie,  les  troisième 
et  quatrième  dimanches  du  mois,  à  sept  heurep  en  été  et 
a^)rès  vêpres  en  hiver. 

L'Association  de  la  Couronne  d'Or. 

L'Apotolat  de  la  J)rière   et  la  dévotion  aux  âmes  du 


s. 


245 


Distribution  des 


lient  à  l'église, 


aux  âmes  du 


purgatoire  sont  encore  des  dévotions  en  usage  dans  la. 
paroisse  de  la  Pointe-aux-Trembles. 

En  1850,  la  paroisse  fit  un  pèlerinage  à  N.  D.  de  Bon- 
secours,  à  Montréal.  M.  le  curé  célébra  la  sainte^messeet 
Mgr.  Prince,  évéque  de  Martyropolis  donna  le  sermon, 
après  lequel  le  curé  fit,  au  nom  de  sa  paroisse,  la  consé- 
cration à  la  sainte  Vierge  et  l'offrande  d'un  cœur  d'ar 
gent  qui  fut  placé  près  de  la  statue  do  N.  D.  de  Bonse- 
cours,  comme  monument  de  la  uevotion  et  de  la  con- 
fiance de  la  paroisse  à  la  très  sainte  Mère  de  Dieu. 

Un  Triduum  solennel,  en  l'honneur  de  la  définition 
dogmatique  de  l'Immaculée  Conception  de  la  sainte. 
Vierge  eut  lieu  les  4,  5  et  6  octobre  1855.  Les  offices  de  , 
ce  Triduum  furent  célébrés  au  milieu  d'un  concours  con- , 
sidérable  de  fidèles,  avides  de  profiter  des  grâces  accor- , 
dées  dans  ces  solennités.  , 

Les  exercices  du  Jubilé  de  1865  3e  sont  faits  dans  le  - 
mois  de  juin.  Les  prêtres  suivants  assistaient  M.  le  curé  : 
R.  P.  Schneider,  S.  J.,  (1  )  directeur  et  prédicateur  des 
exercices.  MM.  A.  Toupin,  curé  de  la  Rivière  des-Prai- 
ries,  Tréflé  Gaudet,  directeur  du  Lycée  de  Varennes. 


XXIV. 


.-i^ 


Le  dimanche  16  octobre  1859,  l'antique  et  vénérable 
église  de  la  Pointe-aux-Trembles  fut  témoin,  pour  la 
première  fois,  d'une  imposante  cérémonie.  Mgr.  l'évèque  ^ 
de  Montréal  y  conférait  l'ordre  sacré  de  la  prêtrise  à  M. 
Jean-Baptiste  Langlois,  fils  aine  de  Sieur  André  Lau- 
glois,  un  des  respectables  citoyens  de  la  paroisse.  L'éclat 
de  cette  solennité  était  réhaussé  par  la  présence   de  plu- 


(!)  Le  R.  P.  Schneider  est  mort,  à  l'Hôtel-Dieu  de  Montréal,  le  l'j 
octobre  1868,  à  61  ans,  il  fut  inhumé  au  Sault-au-Récollet. 


246 


hi 


sieurs  membres  du  clergé  et  d'une  nombreuse  assis, 
tance.  M.  Plamondon,  chanoine  de  la  cathédrale,  faisait 
l'office  d'archidiacre,  M.  Porlier,  curé,  et  M.  A.  Dupuis, 
directeur  du  collège  de  l'Assomption,  diacres  d'honneur, 
et  Messieurs  Damase  Laporte  et  George  Laporte,  prêtres 
du  même  collège,  diacre  et  sous-diacre  d'office.  M. 
Edouard  Labelle,  ancien  curé  de  la  paroisse,  assistait  le 
nouveau  prêtre  et  M.  Edmond  Moreau,  prêtr*^  de  l'évê- 
cîié,  agisssait  comme  maître  des  cérémonies. 

Une  autre  fête  non  moins  intéressante  avait  également 
lieu  dans  la  même  église,  le  lundi  12  août  1867  :  M. 
Achille  Langlois,  frère  du  précédent  et  ordonné  prêtre  la 
veille  à  Montréal,  y  célébrait  solennellement  sa  première 
messe  avec  diacre  et  sous-diacre,  en  présence  de  plu- 
sieurs de  ses  confrères,  des  membres  de  sa  famille  et 
d'un  grand  concours  des  paroissiens.  Le  vénérable  M. 
Porlier,  curé,  assistait  le  nouveau  prêtre  et  M.  Fabre^ 
chanoine,  fit  le  sermon  de  circonstance. 


XXV. 


,'il-  il 


'!'■■ 


Lors  du  recensement,  fait  en  1861,  le  chiffre  de  la  po- 
pulation de  cette  paroisse  s'élevait  à  treize  cent  soixante- 
deux  âmes.  . 

Le  tableau  suivant  indique  le  chiffre  des  baptêmes, 
des  mariages  ei  des  sépultures  depuis  1785,  tiré  des  re- 
gistres de  la  paroisse,  déposés  au  greffe  de  Montréal. 

Années.  Baptêmes.      Mariages.       Sépultures. 


1681 


2(1) 


0 


(l)  Les  lacunes  suivantes  des  registres  se  trouvent  au  greffe  de 
Montréal  : 
1°  Du  mois  d'octobre  1674  au  19  octobre  1681  :  sept  années  ; 
2»  Du  30  octobre  1687  au  1er  janvier  1689  :  une  année  et  un  mois"; 


247 


iffre  de  la  po- 
cent  solxante- 

les  baptêmes,, 
S,  tiré  des   re- 
Vlontréa], 


3nt  au  greffe  de 

pt  années  ; 
anée  et  un  mois"; 


Années. 

Baptêmes. 

Mariages. 

Sépultures. 

1682 

17 

i 

0 

1683 

24 

i 

<  6 

1684 

26 

% 

n 

1685 

22 

•3 

a 

1686 

f    24 

7  ' 

3 

1687 

18 

3 

17 

1689 

"*i*9  ** 

••"3- 

*"iï"' 

1690 

14 

3 

5 

"l69*4* 

""23'"* 

........ 

'"is"* 

1695 

20 

2 

•  %  -*-.  " 

1696 

21 

1 

i  • 

1697 

23 

4 

4 

1698 

39 

9 

22 

1699 

38 

8 

22 

1700 

34 

4 

19 

1701 

27 

5 

-'â; 

1702 

29 

2 

f 

1703 

19 

3 

16 

1704 

25 

4 

%■ 

1705 

21 

3 

'|f 

1706 

20 

4 

1707 

32 

3 

12 

1708 

17 

5 

7 

ÏIÏÔ' 

'"27  " 

*6*" 

........ 

1711 

28 

7 

10 

1712 

27 

4 

7 

1713 

21 

4 

10 

1714 

29 

5 

25 

"Ï7Ï8" 

""29* 

""s" 

••••j^"* 

1719 

36 

9 

10 

1720 

21 

2 

5 

1721 

33 

2 

.   33 

,*■  (*J 


3«  Du  14  mars  169'.  au  24  janvior  1694  :  deux  annôes  et  dix  mois  ; 

40  Du  12  décembre  1708  au  2  janvier  1810.  une  année  etc.,  ; 

5<>  Du  14  décembre  1714  au  3  janvier  1718  :  trois  années,  etc. 

6°  Du  12  décembre  1724  au  6  janvier  1747  :  vingt-deux  années, 
etc.  Total  :  trente-sept  années  de  lacunes  de  registres  au  greffe  de 
Montréal. 

La  paroisse  de  la  Pointe-aux-Trembles  a  l'avantage  de  posséder 
tous  ses  registres  depuis  1674,  mais  il  nous  a  été  impossible  do  nous 
procurer  aucun  des  renseignements  que  nous  désirions. 


m 


248 


Années. 

Bcpt'mes. 

Mariages. 

Sépultures 

1722 

35 

9 

18 

1723 

31 

10 

17 

1724 

41 

6 

19 

"1747" 

""38" 

........ 

'■'30'" 

1748 

30 

7 

17 

1749 

35 

11 

32 

1750 

36 

7 

31 

1751 

36 

8 

34 

1752 

34 

8 

21 

1753 

32 

5 

18 

1754 

47 

12 

30 

1755 

41 

9 

37 

1756 

40 

8 

24 

1757 

33 

10 

29 

1758 

45 

10 

35 

1759 

38 

7 

26 

1760 

34 

9 

35 

1761 

41 

13 

34 

1762 

34 

18 

27 

1763 

42 

6 

23 

1764 

41 

10 

23 

1765 

40 

3 

35 

1766 

40 

9 

26 

1767 

42 

3 

25 

1768 

46 

10 

26 

1769 

42 

4 

43 

1770 

46 

13 

47 

1771 

42 

6 

20 

1772 

41 

3 

40 

1773 

'45 

11 

23 

1774 

54 

17 

36 

1775 

42 

6 

21 

1776 

39 

7 

29 

1777 

53 

9 

49 

1778 

39 

5 

15 

1779 

45 

8 

23 

1780 

35 

6 

18 

1781 

42 

12 

21 

1782 

.   52 

9 

25 

1783 

40 

7 

25 

1784 

44 

8 

60 

1785 

48 

13 

21 

1786 

5-2 

7 

30 

1787 

43 

8 

16 

1788 

35 

6 

22 

U9 


Années. 


1789 

46 

1790 

32 

1791 

62 

1792 

51 

1793 

45 

1794 

23 

1795 

49 

179G 

30 

1797 

45 

1798 

39 

1799 

37 

1800 

39 

1801 

37 

1802 

48 

1803 

38 

1804 

48 

1805 

^^3 

180G 

37 

1807 

38 

1808 

48 

1809 

38 

18  iO 

43 

1811 

46 

1812 

50 

1813 

56 

1814 

63 

1815 

48 

18IG 

55 

1817 

50 

1818 

59 

1819 

45 

1820 

64 

1821 

35 

1822 

41 

1823 

28 

1824 

40 

1825 

47 

1826 

20 

1827 

45 

1828 

30 

1829 

48 

1830 

33 

1831 

51 

Baptêmes.      Mariages.       Sépultures. 


6 
5 
12 
16 
8 
2 
8 
U 
6 
8 
8 
6 
8 
9 
6 
6 
9 

12 
9 
7 
6 

7 

13 

12 

14 

7 

7 

16 

10 

4 

8 

4 

8 

n 
11 

7 
13 

7 
10 

8 
11 
12 

0 


19 

20 

22 

17 

18 

18 

18 

18 

22 

22 

22 

24 

28 

20 

Î6 

21 

11 

20 

30 

22 

19 

41 

U 

21 

19 

33 

22 

10 

17 

16 

20 

24 

27 

23 

22 

20 

20 

17 

29 

19 

19 

15 

17 


0) 


;i)  De  ue  nombre,  huit  ont  été, tués  par  les  Iroquois. 


250 
Années.  Baptêmes.      Mariages.       Sépultures. 


I 

■11' 


1832 

1833 

1834 

1835 

1836 

1837 

1838 

1839 

1840 

1841 

1842 

1343 

1844 

1845 

1846 

1847 

1848 

1849 

1850 

1851 

1852 

1853 

1854 

1855 

1856 

1857 

1858 

1859 

1860 

1861 

1862 

1863 

1864 

1865 

1866 

1867 

1868 

1869 

1870 


5^ 
47 
66 

47 
57 
34 
44 
52 
52 
48 
49 
60 
51 
47 
59 
57 
49 
62 
41 
53 
^38 


15 

9 

9 

9 
12 

7 

6 
10 

10 

9 

4 

16 

11 
4 

11 

11 
9 

10 

11 
6 

15 
8 
6 

10 
8 
S 
9 
4 

10 
3 
6 

10 
8 
6 
7 
3 
2 

12 


54 

26 

40 

13 

10 

13 

17 

38 

31 

31 

44 

23 

23 

32 

18 

24 

20 

44 

34 

22 

34 

41 

40 

29 

40 

23 

27 

31 

25 

32 

30 

32 

53 

28 

31 

40 

34 

30 

48 


XXVI. 


11  conviendrait  peu  de  clore  cette  notice  sans  faire  une 
mention  particulière  et  l'éloge  des  vertus  civiques  et  re- 
ligieuses des  premiers  habitants  de  cette  paroisse.  Go 


251 


qu'on  a  dit  de  la  valeur  et  de  la  piété  des  'premiers  co. 
Ions  de  Ville-Marie  peut  s'appliquer  également  à  ceux 
de  la  Pointe-aux-Trembles  qui,  pour  la  plupart,  avaient 
habité  auparavant  Ville-Marie.  Et  quand  on  songe  aux 
difficultés  de  leur  nouvelle  situation  dans  un  pays  aussi 
inhospitalier  que  l'était  alors  le  Canada,  et  les  effroya- 
bles dangers  qu'ils  courraient  à  chaque  inc*aot  de  la 
part  des  cruels  Iroquois,  on  est  saisi  d'admiration 
pour  ces  intrépides  pionniers  de  la  Foi  et  de  la  Civilisa- 
tion, dont  la  valeur  eut  tous  les  caractères  de  l'héroïsme 
et  d'un  dévouement  sans  Viornes  envers  leur  patrie  d'a- 
doption. 

Etant  enfin  parvenus,  à  force  de  courage  et  de  persé- 
vérance, à  fonder  solidement  cette  paroisse,  et  le  danger 
des  ennemis  une  fois  passé,  c'est  alors  que  fleurirent  les 
vertus  paisibles  de  ces  familles  patriarcales  qui  se  sont 
pour  la  plupart  perpétuées  jusqu'à  nos  jours  et  dont  les 
descendants  devinrent  presque  tous  de  riches  cultiva 
teurs.  De  fait  la  paroisse  de  la  Pointeaux-Trembles, 
quoique  de  peu  d'étendue,  était  réputée  autrefois  une 
des  plus  opulentes  de  la  Province,  et  ce  qui  s'en  voit  pré- 
sentement fait  croire  que  cette  réputation  n'était  nulle 
ment  exagérée.  Si  plusieurs  circonstances  l'ont  fait  quel- 
que peu  décroître  de  son  ancienne  splendeur,  espérons 
néanmoins  que  la  génération  actuelle  comprendra,  au 
moyen  de  l'éducation  qu'elle  reçoit,  qu'il  est  de  son  de 
voir  et  qu'il'y  va  de  son  honneur  et  de  ses  plus  chers  in- 
térêts de  suivre  les  nobles  exemples  de  simplicité,  d'hon- 
nêteté, et  de  patriotisme  que  lui  ont  légués  ses  ancêtres, 
et  d'ajouter,  à  leur  industrie  si  persévérante, une  culture 
améliorée  qui  puisse  suppléer  aux  élémens  de  fertilité 
*3nlevés  au  sol  par  tant  de  récoltes  répétées  et  qui  puisse 
même  doubler  les  produits  nouveaux  et  variés  de  ses 
terres. 


252 
APPENDICE. 


t  .. 


LISTE  DES  CURÉS  ET  DESSEHVANTS  DE  LA  PAROISSE  DE  1.'eNFA.NT-.IÉsUS 
DE    LA    POINTE-AUX-TREMULES, 

1" — M.François  Seguenot,  sulpicien, —  Du  mois  d'octobre  1674' 
au  14  novembre  1694. — Mort,  à  Montréal,  le  8  août  1727,  à  83 
ans.  (I) (No.  173  de  la  Liste}, 

1" — M.  Claude  le  Breton,  sulpicien,  —  Du  17  novembre  1694 
au  30  de  septembre  1699.  —  Parti  pour  la  France,  on 
1703.. (No.  278). 

3» — M.  Léonard  Cliaigneau,  sulpicien,  —  Du  mois  de  septembre 
1699,  au  21  (juillet  1702,  —  Inhumé,  à  JMontréal,  le  24  décem- 
bre  171  l,à  49  ans (No.  266). 

4" — M.  Benoit  Roche,  sulpicien,  —  Du  17  août  1702  au  14  juin 
1715, — Inhumé,  à  Montréal,  le  3  juillet  1715,à  40ans..(No.  348). 

5» — M.  François  Seguenot,  sulpicien, — Du  27  juin  1715  au  mois  de 
juillet  1718 (FtV/eN»  l,  supra). 

6» — M.  Jean.  Gadl.  Marie  Le  Pape  du  Lescoat,  sulpicien, — Du  24 
juillet  1718,  au  12  septembre  1719.  —Mort,  à  Montréal,  le  7 
février  1733,  à  44  ans (N»  448) 

7»  M.  dis.  de  la  Goudalie,  sulpicien, —  Du  21  septembre  1719  au 
2  mars  1727,— Parti  pour  r\cadie  en  1727 (N»  361). 

8»-— M.  Maurice  Courtois,  sulpicien, — Du  12  mars  1727,  au  29  juin 
1739, — Mort,  à  Montréal,  le  7  avril    1755,  à  72  ans  et  7  mois 

moins  un  jour (N»  371). 

— M.  Joseph  ïlovRDÉ,  sulpicien,  Çl)  f 

— M.  Pierre-Thomas  Ruffin  (de  la  Marau-J  Du  29  jvin  au  15 

dièrc)  sulpicien.  (3)  |  octobre  1739. 

— M.  François  Doinet,  sulpicien  (4)  [ 

9» — M.  losEPH  Dahgent,  sulpicien,  —  Du  15  octobre  1739,  au  22 
février  1747, — Mort,  à  la  Pointe-aux-Trembies,  le  22  février  1747," 

à  34  ans,  7  mois  et  18  jours (N"  56'i). 

10" — M.  Clément  Pages,  sulpicien, —  Du  11  mars  1747  au  28  septem- 
bre 176S. —  Disparu  le  3  mai  17G9,  et  trouvé  noyé  à  Verchères 
où  il  a  été  inhumé  le  23  mai. — Il  était  âgé  do  57  ans  et  6 

mois , (No.  588). 

11" — M.  Jn,  de  Dieu  Frs.  Robert,  sulpicien,  —  Du  5  octobre  1768 
au  8  octobre  1773. — Mort,  à  Montréal,  le  23  avril  1784,  à  60  ans 
et  3  jours (No.  712). 

(1)  M.  Michel  Barthélémy,  sulpicien,  desservant  Repentigny,  fit 
quelques  actes  entre  le  30  octobre  1674  et  le  10  janvier  1677  ;  inhu- 
mé, à  Montréal,  le  12  avril  1706. 

(2)  M.  Hourdé,  mort,  à  Montréal,  le  10  mai  1760,  à  72  ans. 

(3)  M.  Ruffin  parti  pour  la  France  le  15  octobre  1741. 

(4)  M.  Doinet,  mort,  à  Montréal,  le  9  juillet  1742,  à  53  ans.        *  ^  '■  ' 


253 


l'enfanï-.iésl's 


12» — M.  Pierre  Huet  de  L\  Valimèhe,  sulpicien,  —  Du  II  octobre 
1773  au  5  novembre  177i. — Tuc',  on  revenant  de  l' Assomption, 
dans  une  chu!e  de  voiture,  le  29  juin  1806,  à  environ  75  ans, 
et  inhumé  à  Saint-Sulpice,  le  l"  juillet (No.  730). 

13" — M.  François-Xavieu  Noiskijx,  pire., — Du  15  novembre  1774  au 
lôoctobr.)  1775. —  Mort,  vicaire-gt'nérai,  aux  Trois-Rivières,  le 
18  novembre  183i,à  80  ans  et  un  mois (No.  77!)). 

14" — M.  Joseph  Racine,  ;)/re., — Du  25  octobre  1775  au  20  octobre 
1790. — Mort,  à  Montréal,  le  G  mai'S  1791,  à  47  ans  2  mois  et  8 
jours , (No.  780). 

15" — M.  Antoine  Giiouard,  pire., — Du  12  novembre  1790  au  28  sej)- 
lembre  1805. — Mort,  archiprètro,  à  Varenn-^s,  le  3  août  1832  à 
00  ans  et  10  mois,  et  inhumé  à  Saint-IIyaciiahe  le  4.  —  Fonda- 
teur du  collège  de  Saint-Hyacinthe  (No.  801). 

10° — M.  Jean  Raimbault,  jj/re., — Du  20  octobre  1805  au  5  octobre 
1800.— Mort,  à  Nicolet,  le  10  février  1841,  à  71  ans (No.  9i5). 

17» — M.  Alexis  DuROciiER,  p/re., — Du  11  octobre  1806  au  30  juin 
1835, — Mort,  àla^Pointe-aux-Trembles,  le  30  juin  1835,  à  08  ans 
et  un  mois  (1)!..*. (No.  918). 

17» — M.  François  Lefeuvhe  De  Bei.i.ekeuillk,  pire.. — Desservant  du 
13  juilletau  10  octobre  1835. — Mort,  à  Saint-Roch.  le  5  septem- 
bre 1830,  à  38  ans  et  9  mois,  et  inhumé  à  Saint-Euslache, 
le  8 (No.  1115). 

18»— M.  Patrice  BuRKE,p/re.,—  Du  19  octobre  1835  au  9  août  1838. 
Mort,  retiré,  au  Coteau  du  Lac,  le  15  mai  1801,  à  50  ans  3  mois 
et  21  jours (No,  1220). 

19» — M.  Edouard  Lauelle,  pire.,  —  Du  1"  octobre  1838  au  29  sep- 
tembre 1849.  —  Aujourd'hui,  retiré  chez  son  frère  à  Repen- 
tigny ." (No.  1127). 

20» — M.  M.  François  Paschal  porlier,  pire., — Du  29seplenil)re  1849 
au  28  janvier  1809. — Mort,  à  la  Pointe-aux-Trembles,  le  28  jan- 
vier 1809,  à  00  ans  9  mois  et  9  jours.  (2) (No.  1 155). 

21» — M.  Médard  Caisse,  pire., — Depuis  le  mois  de  mars  1809. —  Curé 
actuel. 


NOM  DES    PRETRES  QUI  ONT    PARTICIPE    AVEC  LES  CURES  A  LA  DESSERTE  DE 
LA  PAROISSE  DE  LA  POINTE-AUX-TREMULES,  EN  QUALITÉ  DE  VICAIRES. 

1» — M.  Garriel-Léandre  Arsenault, — Du  mois  d'octobre  1827,  au 
mois  de  septembre  1829, — Mort,  à  St.  Hyacinthe,  le  27  octobre 
1838,  à  77  ans,  8  mois  et  5  jours. 

2» — M.  Louis  Naud, — Du  IT  janvier  au  10  février  1831, — Parti  pour 
les  Etats-Unis,  en  183G. 

3" — M,  François-Joseph  L'Heuueux, — Du  mois  de  novembre    1831, 


(1)  Vide,  page  231. 

(2)  Fide,page  236. 


y. 


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1 


il*: 


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ir' 


254 

au  mois  d'octobro  1832, — Mort,  à  Controcœur,  dont  il  était  curé, 
le  15  octobro  I86i,  A.  58  ans,  2  mois  et  25  lours. 

3« — M.  JosEPH-TuKFKLÉ  G.vuDET. — Du  24  dôcoiibro  18G2,  au  mois  do 
septembre  1863, — Aujourd'hui,  directeur  du  collège  do  l'As- 
somption. 

4" — M.  Lorjis-JuLES  Piciuî,  —  Du  26  septembre  1863,  au  mois  do 
mars  1869, — Aujourd'hui  ù  Saint-Isidoro. 

LISTE  DES  MARGUILMEUS  DE  LA    PAROISSE  DE  LA    POINTE-AUX-TREMDLES, 

DEPUIS  167i. 


En  charge  pour        MM. 

.p-.,,..  (  ...François  Ban, 

...  \  ...Laurent  Aichnmbault 

1678 Jean  Raynau  dit 

Planchard, 

1670 Toupsaint  Baudry, 

1680 Guillaume  Uichar  dit 

Lafleur, 

1681 Pierre  Perthuis  dit 

Lalime, 

1682 Joseph  de  Monlenon, 

160^3 Antoine  Bazinet,  dit 

Tourblanche, 

1684 Jean  Déroche, 

K>85 Pierre  Peyet  dit  vSt. 

Amour, 

1686 Jean  Dnpuis, 

1687 Frs.  Fortin, 

16H8 Nicolas  Déroche, 

1689 Nicolas  Millet, 

1690 Honoré  Langlois, 

1691 Jean  Bricau  dit  La- 
marche, 

1692 André  Trajet, 

1603  Jean  Beaucliant, 

1694 Jean  Roy, 

1695 Joseph  Loisel, 

1696 Nicolas  Seni'V, 

1697 Pierre  Jannot, 

1698 Pierre  Iléiiaux, 

1690 Nicolas  Gervais,  f 

1700 Nicolas  Perthuis, 

1701 Toussaint  Baudry, 

1702 Robert  Jannot, 

1703  , François  Vaudry, 

1704 Jacques  Arcihambault, 

1705 Jacques  Aubuchon, 

1706 Louis  Lefebvre, 


MM. 

1707 Lonis  Baudry, 

,  nos André  Foran, 

1709 André  Archambault, 

...  r  ...Jacques  Chapron, 
...  I  ...Philippe  Vinct  dit 
I^.Q...  I  ...Préville,  élu  en  juillet, 
...  1  ...en    remplacement  do 
...  I  ...Ja>.(pies  Chapron,  dé- 
...  {  ...céd':  le  30  juin  1710, 

171! Giles  Brouillet, 

1712 Fran<^-ois  Blau, 

1713 Giles"  Brouillet,   (pour 

la  2ème  fois), 
1714......  Jean  Archambault, 

1715 Pierre  Richard, 

1716 Jean  Raynau  dit  Plan- 

cliar,  fils, 

1717 Biaise  Juliet, 

1718 Jean  Mersan. 

1719 liles  Brouillrt, 

Les  susdits  Philippe  Vinot  et 
Giles     Brouillet     ont  continué 
comme  marguillers   pour  les  an- 
nées 1720  et  1721, 

1722 Joseph  Loisel, 

1723 François  Vaudry. 

1724 François  Mersan, 

1725 Pierre  Brien  dit  Des- 
rochers, 

1726 Joseph  Basinet, 

1727   Jean-Bpte.  Demers, 

1728 Jean-Bpte.  Goiteux, 

1729 Jacques  Beaudry, 

1730 Giles  Brouillet, 

1731 Jean-Bpte.  Beaudry, 

1732 André    Langlois,    dit 

Lachapelle,         • 


255 


Dut  il  était  curé, 


53,  au  mois  do 


AUX-TREMDLES, 


1733 Urbain  Desrochers, 

1734 Jacques  Senet, 

1735 Jn.  JannotLachapello. 

173G Gorniiun  Toin, 

1737 lean-Bple.  Galipeau, 

1738 Toussaint  Beaudry, 

1739 Jean-Bpte.  Loiselle, 

17'»0 A.ntoin(3  Basinol, 

1 74 1 .Joseplj  Bricaut  dit  La- 

mirolie, 

.-,/:)....  f  ...Jacques  B  jau  Iry, 

'  **....  \  ....Joseph  Broiiillot,, 

1743 Jacques  Chapron, 

1844  Nicjlas  Gervais,  fds, 

1845 Gilos  Brouiliet, 

'....Jacques  Boninr dit  La- 

....planle;  Jean  Millet  élu 

174G...  -I  ....le  IG  octobr.3  en  rom- 

....placement    d(!     Giles 

....Brouiliet,  décéd('. 

1747 Jean-Baptiste  Bricaut 

dit  Lamarcho, 

1748 Jacques  Ghalifoux, 

1749 Gabriel  Biais, 

1750 Jean  Venue, 

1751 Joseph  Vaudry, 

1752 Joseph  Bricaul  dit  La- 
marche, 

17j3 Pierre  Bricaut  dit  La- 

Lamarcho, 

1754 Charles  Brouiliet, 

1755 Louis  Biais. 

1756 Antoine  Beaudry, 

1757 Jacques  Forandjl 

....Dominique  Robert 
Chartier, 

Gervais 
?ph  Arcliambault, 

17GI Gabriel  Biais, 

1762 Pierre  Venne, 

1763 Jn.  Jannot  LachapUe, 

1764 Joseph  Chapron, 

...Joseph     Chartier,  en 
...  remplacement  de  Jo- 
1765.... -1  ....  seph  Chapron, 

..Jean-Bte.  Langlois  dit 
..  Lachapelle. 
4766,.. ......Nicolas  Miliet, 


1  ioi tiacquus 

....  C  ....Domini^ 

1759...  .h...  Charl 
....  (  ....Joseph 

1760 Joseph 


r 


1777-"^ 


17G7 François  Bricaut    dit 

Lamarcho, 

1768 Nicolas     Bricaut    dii 

Lamarcho, 

17G!) Joseph  Janot, 

1770 Pierre  Duclos, 

1771 Isidore  Janot, 

1772 lean-Baptiste  Brouiliet 

dit  Bernard, 

1773 Louis  Germain, 

1774 P.o.TO  Lamirchft, 

1775 Jein-Btc.   Deguire  dit 

Larose, 

177G Louis  Biais,   (pourl'i 

2éme  fois), 

..Liurent  Galipeau,  en 
..remplacement de  Jean 
....Bte.  Deguire,  enlr.' 
....dans  l'état  ecclésias- 
....tique. 
...Pierre  Beauchamp, 

1778 Dominique  Robert 

(pour  la  2ème  fois). 

1779 Toussaint  Brion, 

1780 Pascal  Beauchamp, 

"....Dominique  Janot  dit 
...Lachapelle, 
....Raphaël  Brouiliet  dit 
....Bernard,  élu  le  9  juin 
....  1 78 1  ,en  remplecement 
....de  Toussaint  Brion, 
....décédé  le  3. 
...Jean-Bte.  Milard, 

1784 Antoine  Chartier, 

1785 Louis  Lorion, 

1786 Toussaint  Beaudry, 

1787 Joseph  Dcsrochers, 

17t8 Alexis  Galipeau, 

....  f  ....Raphaël  Duclos, 
....  I  ....Nicolas  Gervais,  élu  le 
1789.... -j  ....8  mars,  en  remplace- 
....  f  ....mont   du  dit  Raj)liaël 
....  {^....Duclos, 

1790 Gabriel  Biais, 

1791 Joseph  Archambault, 

179"2 Etienne  Beauchamp, 

1793 Louis  Biais, 

1794 Charles  Rainaud, 


1781--- 


1783, 


23G 


1795 .It'ftn-lU*;.  Vcnne, 

ITiiC) Josf'pli  Lf'pitK', 

Î7l)7 Pifjrro  Arcluinibault, 

17ys Nicolas  Arcliainbault, 

17'.)!) PietTti  Boiirjj;uif,'uon, 

IHOI) Miiurict'  V'iiudiy, 

I.SOI Jraii-L(tuis  Ttiiiiiiit, 

1.S()'2 lost'i)li  liriciiiildil  I^a- 

marclic, 

1S():{ Maurice  Basincl, 

\H{)\ rit'.  Habiii  (lit  Lacroix, 

iSOf) IJasiln    Janol  dil  La- 

chaiii'Ilo, 
lM)n loscith    Broiiill.'t    dil 

Bcrnai'd, 

1S()7 losepli  MfM'cicr, 

1«(I8 foseph  Dt'sroclKM's, 

IHOiJ BonavcnturoBrouillct, 

l.SlO Ican-Bto.  BricauL  dit 

L.'iiiiaiflio, 

1811 IcariBlt'.  Chaudillon, 

18l'2 Ainbroisi!  Morand, 

ISI.'J lean-Bte.  Langlois, 

ISl-i (labriol  Biais, 

lSI."j Louis     Langlois    La- 
ci  lapollo, 

1810 Frîincûis  Bmudiy, 

1817 Louis  Bliiis, 

1818 Etienne  Fissiaull, 

1819 Nicolas  Gervais, 

18'i0 François  Mon(.'t, 

1 8'2 1 PitTro  Régnier, 

i8'22 Louis  Ueeves, 

18'2.'5 Antoine  Cliartier, 

1824 Ambroise  Morand,  fils, 

]'.V2't Raiiliaëi  Beauclianip, 

18-2(; lo^epii  Biais, 

18"27 Jacques  Lorion, 

18-28 Pierre  Dubreuii. 

18-29 Antoine  Janot  <iit  L;i- 

cliapelii', 
1830 Louis  Langlois 

Lacliaj)elie,  Dis, 

181]  1 Louis-Pascal  Brouillot 

1832 Jean  iJavnaud, 

18.33 Jean-Bte".  Brouillet, 

1834 Michel  Beaudry, 

ISJ.J Joseph  Biais,  lils, 


183G Charles  Basinet, 

1837 Louis  Beauchamp, 

1838 Laurent  Brien  Desro- 
chers, 

1839 lo.seph  Vaudry, 

1840 François  B.  audry. 

1841 Maurice    Bncaul    dit 

La  marche, 

1842 Michel  Chalilou.x, 

1.S43 Casimir  Tenant 

1844 loseph  Charlier", 

IS'â.-) Alexis     Basile    Cali- 

peau,  élu  le  10 février, 
en  remplacement  de 
Nicolas  Vaudry,  pré- 
cédiMument  ehi,  ma. s 
non  (jualilié, 

18'iG llypolite  Beaudry, 

1847 Josei)h  Tessier  dit  La- 
vigne, 

1848 Alexis   Laurent  (iali- 

peau, 

1849 Louis  Ueevos.fds. 

1 8.J0 lean-Louis  Brien  Oes- 

rochers, 

18.')1 Hubert  Prévost. 

18.")2 Jose])h  Lapoi'te, 

18.')3 Jean-Bte.  David, 

18.')i François  Galipeau, 

18,").') Joseph  Déroche, 

I8.'>0 François  Monet,  lils, 

'><')7 Jacques  Beaudry, 

i.-<t)8  Edouard  Marion, 

18J9 Louis     Brien     Desro- 
chers, 

1800 Léon  Laporle, 

18'»  1 Magloire  Dul)reuil, 

1802 Pascal  McNeil, 

1863 François-Xavier  Lnn- 

giois," 

I80i Jus"ph  Janot, 

1805 Léon  Marion, 

1800 Frs.  Brien  Desrocher?, 

1807 Jacques  Léonard, 

1808 Pierre    (Honoré)    Ar- 

ciiambanlt, 

1809 Edouard  Janot, 

1870 Louiïs  Gervais, 


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HISTOIRE  îm  PAHOpBS  ET  DES  CURÉS 

DU    dAHAOA 

SO)|MAIRE  bE  LA  SECONDE  LIVRAISON 

Page». 

J|*  SAtirr<Eff«fACHB>  R<viiRB  iw  GaÉHB .^  .^  ^^ 

Histoire  de^là  ftwcisse  et  des  curés. •  ii9  I  998 

M.  Frs.  Petit,  R.  P.  F.  Berey •  • .  •  •  • 

M.  J .  P.  Davaux-Besson  de  la  Ckurde,  R .  P.  A.  Oordan 

IIM .  A.  Pinet,  G.  F.  Parrault,  B.  N.  Maillou. 

R.  F.  LJHius,  l.  B.  Gatiea,  J.  B.  Bregaier*St.  Pierre. . . . . . . 

*    J.  PaAttia,  Cbs,  diamponXt  H.  Mdreau  .......  ^. ..... . . . 

RR.  PP.  F.  E.  H.  Pelletier,  L.  A.  Desprès,  J.  P.aa8tineaïi. , . . 

M.L.  J.  GuyoB,. ,.. ''*'''"""tl' 

Combat  de  Saint-Eustache,  1887 «  •  *«* 

Baptêmes,  Mariages  et  Sépultures,^  1770  à  i«70 . . . .  *»8 

Liste  dtes  curés  et  4e$8ervants,  de  1768  à  1878. .. . .  ♦ .  104 

Noms  des  vicairM,  de  1800  à  1878  ^ ............ . . .  *  IHI8 

Liste  des  marguilîiers,  de  1178  à  1870 ......... 407 

«»  Saiht  Ekfant  Jtscs  DE ij^  Poiîr«-ABX-t»ippi«  ......*.....♦..  i0& 

Histoire  de  la  paroisse  et  des  eum.  .....>.....  StO*  ;ft  S86 

MM,  F,  Seguenot,  M.  Barthclem^,  G*  Le  B«etOn. , . . . .  ; . . . . 

L.  Chaigneau,  B.  Roche,  J.  6.  Lejaiw  du  LescoSt ....... 

Ghs.  de  la  Goudalîo,  M.  Goaitois,  J.  Hourdé 

P.  T.  Ruffiu,  F.Doirwt,  J.  Daraéim,  G.  Pages. . . ...... . . . 

J.  de  Dieu  F.  Robert,  P.  Huet  m  ]$  Valini^re , . .......... 

F.  X.  Noîseux,  Jf.  Racine.  A.  aiïoward,J.Raimb»iat ..... 

A.  Durocfaser,  F.  Lef.  de  BeUèMUe*  F.  Burt»  ..... . . . ... . 

Ed.  Labelïe,  F. P.  |*Orlier, M.  Glissé.. .... .*>...,. ... . -. • 

Baptêmes,  Mariages  et  Sépultures  d«t«ftàiW.-..  «« 
Noms  des  prêtres  que  la^r^sse  cofnpt0faw«<e8^^ 
fants. .'.  .....rf. ...•.....» .  -  ...»  ♦ . .  »  » . .  »  •  • .  •  •  *  •  •  ■•* 

Liste  des  curés  et  desserTauts,  de  1874  ft  11^8^ ...  .;^ .  IW 

Noms  des  vicaires,  ô&  1817  à  18t0  . .....;....... .  .>  W8 

Liste  des  marguilîiers,  de  1874  à  1870 .......... .4^ . .  »84 

L'a^ieur  de  VAnnmirê  de  FrtA^Ar»rir  a  H*te«^  de  pu»^  un 
supplémoni  à  l'édition  de  1884,  sur  tas  institutions  catboll<itt«8  <»« 
Montréal..  '.'■■''''': 

Ce  «upplément,  du  fowiwt  *b  Ki<WM««6rir  |^  par  tiwaisoM  de 
84  pages. 

La  pre  nière  livraison  est  sous  presse. 


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