Vincentio Saviolo
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(en cours de rédaction 12/9/2017)
Vincentio Saviolo (?-1598/99) est un maître d'armes italien ainsi qu'un homme d'armes du XVIe siècle qui a terminé sa vie à Londres où il a publié un traité d'escrime, Vincentio Saviolo: His Practice in Two Bookes[1] en 1595.
Biographie
[modifier | modifier le code]Vincentio Saviolo est un homme dont on sait peu de choses sur le début de sa vie, hormis quelques références qu'il fait lui-même dans son ouvrage His Practice.
On trouve une mention de Saviolo dans un recensement de 1593[2] à Londres, mentionnant qu'il était arrivé en Angleterre six ans auparavant, et qu'il est né à Venise, ayant alors une servante et un domestique anglais mais n'ayant pas d'employés.
On a d'autres détails sur Saviolo par John Florio dans un guide de conversation publié en 1591, Second Frutes[3] (chapitre 7). Cette référence donne une indication du lieu où Saviolo résidait, ainsi que sa ville d'origine, Padoue, alors sous domination de Venise ; elle mentionne également que Saviolo était doué à la danse. En effet, Florio écrivait dans les termes suivants :
« G. Mais pour revenir de nouveau à notre propos, de qui apprenez-vous à jouer de vos armes ?
E. De maître V.S.
G. Qui, cet italien qui ressemble à Mars en personne ?
E. Celui-là même.
G. Où habite-t-il?
E. Dans la petite rue, où se trouve le puits.
G. Hélas, le chemin est encore long jusque-là bas.
E. Pardonnez-moi, monsieur, cela est très près au contraire.
G. Sous quelle enseigne est-il établi ?
E. A l'enseigne du Lion Rouge.
[...]
G. Où en Italie est-il né ?
E. Je le tiens pour être de Padoue.
[...]
E. De plus il est bon danseur, il danse très bien, aussi bien les gaillardes que les pavanes, il tourne avec agilité et fait de superbes gambades. »
— Les Seconds Fruits de John Florio, chapitre 7, page 117[4]
On trouve bien mention d'une famille Saviolo/Saviola/Saviolla dans la région de Padoue, de la petite noblesse, ayant le droit d'avoir des armoiries[5].
Saviolo indique dans son traité His Practice le nom d'un maître d'armes, en réalité le seul même qu'il nomme : Maestro Angelo d'Alezza, qui enseignait à Padoue. C'est peut-être chez lui que Saviolo a appris son art durant sa jeunesse[5]. Puis Saviolo a mené une vie d'aventures en tant que soldat, racontant dans son ouvrage de nombreuses anecdotes datant de la Quatrième Guerre vénéto-ottomane, notamment la bataille de Lépante à laquelle Saviolo a participé. À titre anecdotique, notons que l'auteur espagnol Miguel de Cervantes a perdu l'usage de sa main gauche dans la même bataille, puisque les états italiens et les espagnols étaient alliés au sein de la Sainte Ligue ; mais rien n'indique que Cervantes et Saviolo se sont rencontrés.
Le traité
[modifier | modifier le code]Le traité de Saviolo, dont le titre exact est His Practice in Two Bookes, the first intreating of the use of the Rapier and Dagger, the second, of Honor and honorable Quarrels, a été publié en 1595. Le livre a peut-être traduit de l'italien par John Florio. L'ouvrage est dédié à Robert Dudley, membre du conseil privé de la reine Élisabeth Ire. L'ouvrage se compose de deux parties, la première dédiée au maniement des armes (rapière seule, et rapière accompagnée de la dague), et le second est un code régissant le duel, qui a une grande parenté avec un ouvrage antérieur[6], Il Duello, de Girolamo Muzio.
L'ouvrage semble avoir eu une certaine renommée à l'époque. On retrouve une référence à Saviolo dans diverses pièces de théâtre de l'époque. Par exemple, William Shakespeare fait une parodie de Saviolo dans Comme il vous plaira (1599, acte V sc. v) où deux personnages, Jacques et Pierre de Touche discutent sur les causes possibles d'un duel, en enumérant de plus en plus de détails sur les causes pouvant provoquer un tel duel, en reprenant exactement la typologie de Saviolo dans la seconde partie de son ouvrage, mais en donnant des exemples comiques[7]. On trouve également des références à Saviolo dans Roméo et Juliette[8], avec des références explicites aux techniques enseignées par Saviolo comme le passado, punto reverse et la stoccata. On trouve également une mention de Saviolo dans The Scourge of Villainy, iii. 1 1. 54 de John Marston (1598)[9].
Références
[modifier | modifier le code]- (en) Vincentio Saviolo, Vincentio Saviolo : His Practice in Two Bookes, the first intreating of the use of the Rapier and Dagger, the second, of Honor and honorable Quarrels, Londres, John Wolff, , 153 p. (lire en ligne)
- "929. Saviola, Vincenzia, 1; Italian, born in Venice; no occupation; no children; no stranger maid servant; dwelt in England 6 years; no denizen; of the Italian Church; keeps one English man servant and one maid servant; sets no English person to work.", cité dans Stranger 929, a brief biography of Vincentio Saviolo, Chris Chatfield, 2010, [1]
- (it) John Florio, Second Frvtes, To be gathered of twelue Trees, of diuers but delightsome tastes to the tongues of Italians and Englishmen, To which is annexed his Gardine of Recreation yeelding six thousand Italian Proverbs, Londres, Thomas Woodcock, , 218 p. (lire en ligne)
- "G. But to come to our purpose againe, of whome doo you learne to plaie at your weapons? E. Of master V.S. G. Who, that Italian that lookes like Mars himselfe. E. The verie same. G. Where dwells he? E. In the little streate, where the well is. G. Alas we have a great waie thether yet. E. Pardon me sir, it is but hard by. G. At what signe dwells he? E. At the signe of the Red lyon. [...] G. What place in Italie was he borne in? E. I take him to be a Padoan. [...] E. Moreover, hee is a good dancer, hee danceth verie well, both galiards, and pavins, hee vaultes most nimblie, and capers most loftily. "
- Chatfield 2010, op. cit.
- (en) Markku Peltonen, The Duel in Early Modern England : Civility, Politeness and Honour, Cambridge University Press, , 374 p. (ISBN 978-0-521-82062-2), p. 51
- (en) Jared Kirby, A Gentleman’s Guide to Duelling : Vincentio Saviolo’s Of Honour & Honourable Quarrels, Frontline Books, London, , 256 p. (ISBN 978-1-84832-527-2), p. 33
- (en) Joan Hozark Olmer, « "Draw, if you be men", Saviolo's Significance for Romeo and Juliet », Shakespeare Quaterly, Vol. 45 no. 2, , p. 163-189 (lire en ligne)
- Voici la citation, telle que fournie par Egerton Castle en 1885 dans son ouvrage "Schools and Masters of Fence: From the Middle Ages to the Eighteenth Century" dans son passage dédié à Saviolo: "Oh come not within distance ! Martius speaks, Who ne’er discourseth but of fencing feats Of counter times, finctures, sly passatas, Stramazones, resolute stoccatas, Of the quick change with wiping mandritta, The carricada, with the embrocata, "Oh by Jesu, sir !" methinks I hear him cry, "The honorable fencing mystery Who doth not honour ?" Then falls he in again, Jading our ears, and somewhat must be sain Of blades and rapier-hilts, of surest guard, Of Vincentio, and the Burgonian’s ward."